§4.Economie
La République démocratique du Congo est l'un des
pays les plus pauvres du monde, avec des inégalités très
marquées malgré ses multiples et diverses richesses. Cette
situation s'explique surtout par les différents conflits aux effets
dévastateurs qu'a connus le pays.
Les violations des droits humains, - résultat des
conflits armés - en particulier des enfants et des femmes, ont eu des
répercussions très profondes au sein des populations. En2002,
80 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté
fixé à 2 dollars par jour. Près de 44 % des
femmes et environ 22 % des hommes n'ont aucun revenu. Les
disparités régionales sont très fortes. Les populations de
l'est du pays vivaient en moyenne avec 32 dollars par an et par habitant
alors que celles du sud disposaient de 138 dollars et celles de la
province de Kinshasa , de 323 dollars, dix fois plus qu'à l'est. La
pauvreté se manifeste par la malnutrition qui touche entre 30 et
50 % des femmes et des enfants. Au total, 16 millions de personnes sont en
situation d'insécurité alimentaire. De
nombreux groupes vulnérables se sont formés
(réfugiés, orphelins, enfants déscolarisés ou
enfants soldats) qui manquent de soins et de nourriture Culture.
Taux de croissance du PIB et volume et de PIB par habitant
L'économie est essentiellement agricole (70 % des
actifs)ou tournée vers l 'exportation. Les minerais sont de grandes
ressources avec cette fois-ci le diamant en tête et non plus les minerais
du Katanga (la revanche kasaienne). L'économie a
été gravement frappée par la corruption et la mauvaise
gestion depuis 1977. Ce qui explique le fort taux de contrebande, d'exportation
illicite et d'activité minière clandestine. Les recettes
gouvernementales et les exportations ont fortement diminué depuis 40
ans. L'économie a été ravagée par la guerre
(1997-2005 5 millions de morts). Le plus gros partenaire commercial est
aujourd'hui la Chine (importation, exportation, crédit).
Depuis la colonisation belge, l'économie est fortement
tournée vers l'exploitation, notamment grâce aux produits miniers.
Aucune industrie de pointe n'a été développée par
les colonisateurs ni par les gouvernements du Congo indépendants. Par
exemple, le cuivre est extrait en grandes quantités, mais il doit
être exporté pour être traité, avant de revenir
importé sous des formes finies (câbles, fils
électriques...). Le tourisme a été ruiné par les
guerres civiles.
La majeure partie de la population reste alors active dans
l'agriculture bien que les terres cultivées ne représentent que
3% du territoire. L'élite politique de Mobutu a détourné
énormément d'argent des caisses de l'État. En effet, tous
les hauts fonctionnaires mobutismes possédaient des avoirs dans presque
tous les pays industrialisés et ont fait du Congo/Zaïre un des pays
les plus endettés d'Afrique.
Dans le détail, la République
Démocratique du Congo possède un important potentiel de
ressources naturelles et minérales. Son économie s'est cependant
drastiquement ralentie depuis le milieu des années 1980 à cause
de détournements de fonds.
L'agriculture reste le principal secteur de
l'économie. Les principales ressources agricoles sont le café, le
bois et le caoutchouc.
La RDC se lance dans la mise en place de zones
économiques spéciales pour encourager la renaissance de son
industrie. La première ZES devrait voir le jour en 2012 dans la commune
kinoise de N'Sélé et sera consacrée aux agro-industries.
Les autorités congolaises prévoient déjà d'en
ouvrir une autre dédiée aux industries minières (dans le
Katanga) et une troisième consacrée aux cimenteries (dans le
Bas-Congo).
Les principales exploitations de cuivre et de cobalt sont
dominées par la Gécamines et de ses partenariats. Le diamant
industriel est extrait par la MIBA . Mais dans un pays ravagé par la
guerre civile, une grande partie de l'exploitation et l'exportation de produits
miniers se fait clandestinement.
Voici une liste des ressources minières par
province :
ü Diamant : Kasaï Oriental, Kasaï Occidental,
Bandundu, Équateur, Province Orientale.
ü Or : Province Orientale, Maniema, Katanga, Bas-Congo,
Nord-Kivu, Sud-Kivu, Équateur.
ü Cuivre: Katanga.
ü Etain : Katanga, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema.
ü Colombo tantalite (colta): Nord-Kivu, Sud-Kivu,
Katanga, Maniema.
ü Bauxite: Bas-Congo.
ü Fer : Banalia, Katanga, Luebo, Kasaï-Oriental.
ü Manganese: Katanga, Bas-Congo.
ü Charbon: Katanga.
ü Pétrole : Bassin côtier de Moanda (en
exploitation), la Cuvette Centrale, Ituri, Bandundu (indices)
ü Gaz methane : Lac Kivu
ü Cobalt: Katanga.
Le pays ne compte pas seulement une industrie minière,
les grandes villes comptent aussi des industries alimentaires, textile,
chimique, de montage (chanimetal) et des chantiers navals. Mais elle ne compte
aucune industries de pointe L'industrie des télécommunications
sans fil était d'abord sous le monopole de la compagnie
télécel. De 1908 à 1960 cette ancienne colonie
était appelée Congo Belge mais aussi
« Congo-Léopoldville » jusqu'en 1966, date du
renommage de la capitale en Kinshasa Avec lazaïrianisation, le pays s'est
appelé zaïre de 1970 à1997. Congo précoloniale. Vers
la fin du moyen-âge , différentes populations, alors
organisées en chefferies, s'édifient en royaumes (luba , kuba ,
lunda , kongo , etc.) qui, pour certains, voient leurs apogées
correspondre avec les premiers contacts avec les européens du XV
eme siècle Cette période est marquée par
différents royaumes marchands, commerçant avec les esclavagistes
sur la côte et entre eux à l'intérieur du continent.
Certains royaumes s'étendent sur plusieurs milliers de kilomètres
et possèdent des réseaux commerciaux par delà leurs
frontières.
Ces populations ne connaissaient pas la
propriété privée, la terre cultivée en groupe ne se
vend pas, les différents royaumes n'ont pas de frontières exactes
(le territoire d'une petite ethnie comprend à peu près
5 000 km²). Beaucoup ne connaissent pas la monnaie et font du
troc, les membres d'une même chefferie s'entraident gratuitement. La
science non écrite se transmet d'une génération à
l'autre, les enfants devant assumer le même métier que leurs
parents. Les rois ou empereurs n'ont pas de véritable pouvoir. Ce sont
plutôt les chefs de villages qui ont de l'autorité. Les royaumes
sont plutôt le résultat d'unions temporaires de différents
regroupements de villages de même langue pour se défendre contre
une ethnie voisine.
La traite des noirs s'étend jusqu'à
l'intérieur du continent et correspond, avec la traite de l'ivoire,
à l'essor économique ou au déclin des différents
royaumes. Elle a eu surtout un impact démographique sur l'est du pays et
a fait pâtir la tradition orale. Les Européens se
limitèrent aux régions côtières jusqu'à la
moitié du XIX eme siècle. À l'est du pays,
aujourd'hui ituri et Kivu, les Arabo-Swahili répandirent l'islam et
pratiquèrent également la traite négriere.
Colonisation du Congo,Etat indépendant du Congo et
Congo belge ces frontières ont été reconnues à
l'issue de la conférence des Berlin, en1885. Le
1eraout,Léopold II de Belgique accepta la souveraineté
sur l'Etat indépendant du Congo. La spécificité de ce
régime colonial résida dans le fait que dans un premier temps le
Congo fut considéré comme une possession personnelle et
privée du roi. En 1908, le souverain fit don à l'État
belge de la colonie, suite notamment à certaines critiques de la presse
anglo-saxonne concernant sa gestion. La Belgique administra la colonie
jusqu'à son indépendance en 1960.
Dès les années 1940, dans ce qui était
alors le Congo belge, deux tendances indépendantistes importantes se
manifestaient dans la capitale Léopoldville : celle des « gens
d'en bas » (Bas-Congo et Bandundu) parlant le kikongo et celle des
« gens d'en haut » parlant le lingala, venant de l'Equateur
d'abord et finalement de tout l'intérieur du pays. Dans la
première catégorie se forma en 1949 une association d'abord
culturelle et finalement politique, l'alliance des Bakongo (ABAKO), dont
JOSEPH KASAVUBU devint président en1954. Son rêve devint de
rétablir l'ancien royaume kongo de l'époque portugaise, en fait
celui des bakongo. Cette tendance se durcit très vite et réclama
bientôt l'indépendance immédiate tout en demeurant
fédéraliste lorsqu'il s'agit plus tard de discuter le
problème du reste du Congo. Les évolués « d'en
haut », venant des régions plus diversifiées et
séduits par le « plan de 30 ans pour l'émancipation de
l'Afrique » du Professeur Belge Van Bilsen , publié en 1956,
étaient aussi désireux de maintenir le grand Congo unitaire. Leur
manifeste dans ce sens publié le 1er juillet 1956 fut
vigoureusement combattu par l'ABAKO dès son assemblée
générale du 23 août 1956. Le plan de 30 ans est
déclaré utopique : « la nationalisation des
grandes compagnies vivrières et agricoles comme des parastataux est
souhaitable. Puisque l'heure est venue, il faut accorder aujourd'hui même
l'indépendance immédiate ! »
La Belgique, qui croyait à la progressivité de
la transition vers l'indépendance organisa les premières
élections à l'échelon communal, limitées aux
grandes villes en1957. L'ABAKO triompha inévitablement à
Léopoldville et cela impressionna certains unitaristes, tel patrice
Lumumba tetela du Kasaï, intelligent et idéaliste, qui ne tarda
pas à fonder son propre « mouvement national
congolais »MNC- Lumumba, plus revendicatif que celui du MNC-Kalonji ,
Albert Kalonji étant aussi un Kasaï en unitariste. Ces jeunes
rivalités politiques confrontées aux structures tribales
compliquées du Congo allaient former un mélange détonant
qui détruirait au bout de cinq années la première
démocratie parlementaire congolaise. On ne peut que rappeler ici
quelques épisodes saillants :
v Emeutes de Léopoldville (4 - 7 janvier 1959)
provoquées par l'interdiction tardive d'un meeting de l'ABAKO.
Arrestation de Kasavubu le 12 janvier. Il sera libéré le 14
mars.
v Le 13 janvier, déclaration gouvernementale
annonçant l'intention belge de réaliser rapidement
l'indépendance du Congo unitaire. L'ABAKO rejette cette
déclaration deux jours plus tard.
v La suite de l'année 1959 voit d'abord l'autorisation
des partis congolais, suivie d'élections générales sur
l'ensemble du territoire congolais marquées par toutes sortes de
manoeuvres de ces partis dont se dégagent trois pôles : un
Cartel des nationalistes fédéralistes formés de 6 partis
séparatistes ou autonomistes dont l'ABAKO et le MNC-kalonji , le
pôle du MNC-Lumumba et finalement celui de l'homme fort du Katanga, Moise
Tchombe , conscient de la force économique de sa région et de
l'intérêt de s'entendre avec l'Union minière du haut
Katanga (tout comme Kalonji vis-à-vis des exploitations de diamant au
Kasaï). Parmi les partis qui émergent on retrouve le PSA (Parti
Solidaire Africain d'Antoine Gizenga ), le PNP (Parti national du peuple
conduit par Albert Delvaux et Laurent Mbariko) Le LUKA (L'Union kwangolaise)
par André Petipeti Tamata et Pierre Masikita.
v En1960, ce fut la table ronde de Bruxelles (du 20 janvier
au20 février) où représentants congolais et belges
fixèrent les étapes suivantes. En mai eurent lieu les
élections législatives. La première chambre des
députés désigne par tirage au sort André Petipeti
Tamata comme le premier président de chambre des représentants.
Il dirige le bureau provisoire pour valider les mandats des
députés élus et l'élection définitive du
bureau. Les élections législatives et provinciales
marquèrent de nouveaux clivages et alliances (scission de l'ABAKO)
d'où résulta un compromis : JOSEPH KASAVUBU fut élu
Président par le Parlement, Lumumba étant Premier ministre.
v Au moment de l'indépendance du pays, le roi des
belges se rendit en personne à Léopoldville (future Kinshasa)
pour assister aux cérémonies consacrant la fin de l'union
coloniale entre la Belgique et le Congo, et marquant la naissance sur la
scène internationale de ce nouvel État francophone (langue
officielle) d'Afrique.
Le Congo Belge devint indépendant le 30 juin 1960 en
tant que « République du Congo » tandis que
l'ancienne colonie française voisine du moyen-Congo adoptait le titre de
« République du Congo » à son
indépendance, le 15 août 1960. Les deux pays sont
différenciés en fixant leur capitale à leur nom.
Dans l'armée du nouvel État indépendant,
les blancs gardent le pouvoir. La radio accuse alors les anciens colons de
complot contre le nouvel État, ce qui provoque la colère des
soldats bangala et balubas qui se mettent à persécuter la
communauté blanche. La Belgique menace alors d'intervenir
militairement.
Le 11 juillet 1960, les dignitaires du Katanga, sous la
direction de Moús Tshombe et à l'instigation de quelques colons
belges, proclament l'indépendance de l'Etat du Katanga, en état
de sécession depuis juin. Les autorités du Katanga créent
alors leur propre monnaie et leur propre police. L'ONU propose sa
médiation à la place des troupes soviétiques ou belges.
Lumumba accepte alors la venue des casques bleus. Le sud Kasaï avait
également proclamé son indépendance avant
l'indépendance du reste du Congo, le 14 juin 1960. Ainsi, le
gouvernement central perd ses deux provinces minières. Les troupes de
l'ONU, censées intervenir pour mettre fin à la sécession,
n'agissent pas.
Le Premier ministre Lumumba appelle alors l'Union
soviétique à l'aide, les soldats balubas et bangala
n'étant pas représentés dans le gouvernement, ils
commettent alors un coup d'État en septembre, et renversent le Premier
ministre. Au sein de l'armée, devenue complètement africaine, le
général Mobutu prend les rênes et installe un gouvernement
de commissaires.
Mobutu est bientôt soutenu par les États-Unis,
qui voient d'un mauvais oeil le socialisme de Lumumba. Les médias
occidentaux montrent en effet Lumumba du doigt et salue la sécession
katangaise comme seul rempart de la liberté individuelle contre
l'étatisme.
La première guerre du Congo commence en 1962. Le
gouvernement central s'attèle à reconquérir les provinces
sécessionnistes. L'assassinat de patrice Lumumba en 1961,
déporté par Mobutu au Katanga, et la reprise du Katanga et du
sud-Kasaïmarqueront le début de l'ascension du
général Mobutu SESE Seko.
Une fois Lumumba éliminé, les troupes de l'ONU,
immobiles, passeront soudainement à l'offensive avec les troupes de
Mobutu pour reconquérir les deux provinces rebelles. (C'est ce qu'on
appelle the UN betrayal.)
Le titre « République
démocratique », un nouveau drapeau et une nouvelle devise sont
adoptés en 1964
En 1965 le Congo est pacifié, toutes les
révoltes tribales, ethniques ou des partisans de Lumumba ont
été matées.
La première
République démocratique du Congo sous Mobutu (1965-1971)
Mobutu Sese Seko s'empare définitivement du pouvoir
en1965. La libération de Stanley ville marque le début des
années de guerre qui se poursuivirent jusqu'en 1966. Toute cette
région vit des atrocités qui firent au moins 500 000 morts
civils et militaires. Il faudra l'intervention de troupes
étrangères pour mettre fin à ce carnage. Après les
décrets de 1966, 1967 et 1969, les mines et les plantations sont
nationalisées.
En 1971, commence la politique dite de
l'authenticité, africanisation des noms pour les citoyens, les
villes, les rivières, et le pays lui-même qui devient le
« Zaïre ». Dès lors il n'y aura plus de
confusion avec la « République congolaise » voisine
dont le nom va aussi être modifié en « République
du Congo », mais les deux républiques du Congo étaient
généralement distinguées par leur capitale : on
parlait de Congo -Léopoldville et de Congo Brazzaville.
Dans les années qui suivent la prise du pouvoir par le
général joseph désiré Mobutu ce dernier entame
à partir de 1972 une campagne
d'« authenticité » afin de maintenir sa
popularité. Le pays est renommé République du zaïre
en 1971 d'après un mot local pour rivière, et portera ce
nom jusqu'en1997. De même, le fleuve Congo est rebaptisé
Zaïre et une nouvelle monnaie, le zaïre, divisé en
100 makuta (singulier likuta ), remplace le franc . Les noms des
personnes sont africanisés. Le général Mobutu prend le nom
de Mobutu Sese Seko et oblige tous ses concitoyens à supprimer les
prénoms à connotation occidentale et à rajouter un
« post non ». L'abacost est promulgué, interdisant
le port de costumes occidentaux, et de nombreuses villes sont
rebaptisées.
À partir de 1974, de nombreux biens des
étrangers sont confisqués (zaïrianisation), nombre
d'étrangers commencent à quitter le pays.
L'économie se met à péricliter avec la
hausse du prix du pétrole (double choc pétrolier) et la baisse de
celui du cuivre. La corruption et la mauvaise gestion entrainent une inflation
vertigineuse. La banque centrale de Kinshasa faisant l'objet de ponctions des
dirigeants, le FMI impose en 1978 Erwin Blumenthal à la tête de la
banque centrale pour endiguer les détournements d'argent mais celui-ci
ne peut se maintenir longtemps. Les hauts fonctionnaires zaïrois
investissent l'argent détourné sous forme d'avoir dans des pays
occidentaux.
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