0.2. HYPOTHESE DE L'ETUDE
Le point de départ de cette étude serait de
considérer que la RD Congo en tant qu'un Etat moniste avec
primauté du droit international tel qu'il ressort de sa
constitution12 devrait toujours se conformer et satisfaire ses
obligations internationales dont notamment celles découlant de la
convention contre la torture, l'obligation principale de lutter contre la
torture.
Ainsi, si tel est le cas, les raisons qui font que la torture
continue toujours à être pratiquée en République
Démocratique du Congo seraient d'une part, l'absence des
mécanismes automatiques de contrôle et d'équilibre car il y
a certaines personnes qui sont à la merci des autres et, d'autre part,
l'absence d'une police et d'un personnel de sécurité
convenablement formés, qui connaissent l'ensemble de règles
minima pour le traitement des détenus et le non respect de code de
conduite pour les responsables chargés d'appliquer les lois.
0.3. INTERET DU SUJET
L'intérêt de cette étude est double :
théorique et pratique. Sur le plan théorique, le sujet qui est
développé théorise la notion de la torture telle que
conçue sur le plan international à travers divers instruments
juridiques internationaux y
12 Article 215 de la constitution suscitée
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relatifs afin de mettre à la disposition des futurs
chercheurs sur la même question un instrument de recherche
adéquat.
Sur le plan pratique, cette étude cristallise un
ensemble des recommandations adressées aux autorités congolaises
dans leur façon de se conduire vis-à-vis de la population
congolaise afin de lutter contre la pratique de la torture qui est un grand
fléau qui méconnait la dignité humaine.
0.4. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE
Par méthode, René DESCARTES entend les
règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les
observent exactement ne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et
parviendront, sans se fatiguer en efforts inutiles mais en accroissant
progressivement leur science, à la connaissance vraie de tout ce qu'ils
peuvent atteindre13.
Vu que nous nous spécialisons en droit international et
plus précisément en droit des droits de l'homme et en droit
international humanitaire, le choix d'une ou des méthodes en droit
international nécessite de se pencher vers une ou des sciences du droit
données et ensuite vers un courant théorique
privilégié qui encadre la recherche14.
Selon les sciences du droit, il sera utilisé la
dogmatique juridique15 et la sociologie du droit
16.
La dogmatique juridique a été choisie parce
qu'elle va nous permettre de déterminer et d'interpréter le droit
international tel qu'il est en ce qui concerne la lutte contre la
13 DESCARTES René cité par RUSS
Jacqueline, Dictionnaire de philosophie : les concepts, les philosophes,
1850 citation, Paris, Bordas, 1991, p.178 cité par LUABEYA
Pacifique Hippolyte, La responsabilité de protéger au regard
de la crise libyenne, Mémoire de licence en droit, UNIKIN,
2010-2011, p.6
14 Lire à ce sujet CORTEN Olivier,
Méthodologie du droit international, Bruxelles, Editions de
l'Université de Bruxelles, 2009, pp. 19-20
15 Sur la dogmatique juridique, lire avec
intérêt CORTEN Olivier, Op-cit, pp.23-24
16 Sur la sociologie du droit, Idem,
pp.27-28
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torture en tenant compte de ses sources formelles. La
sociologie du droit, quant à elle, nous permettra d'expliquer les
réalités sociales qui justifient l'émergence de la norme
coutumière d'interdiction de la torture.
Ainsi, il sera fait une étude
interdisciplinaire17 afin d'intégrer ces deux
disciplines (la dogmatique juridique et la sociologie du droit) dans un
schéma intégré et cohérent. Ce qui aura pour
conséquence que la dogmatique juridique sera la discipline
maîtresse qui encadrera l'ensemble de notre raisonnement scientifique, la
sociologie du droit n'étant utilisée que de manière
accessoire.
Le courant théorique vers lequel nous nous sommes
penché est le volontarisme18 dans la mesure
où nos réflexions partent du constat que c'est la seule
volonté des Etats à lutter contre la torture qui pourra, si pas
éliminer, réduire le taux de la pratique de celle-ci sur leur
territoire.
Enfin, les techniques sont vues comme des modes
opératoires (manières de faire, de procéder) précis
et reproductibles19. Ainsi, dans le cadre de cette recherche, il
sera fait usage d'une part de la technique documentaire et,
d'autre part, des entretiens directs avec les victimes de la torture,
les défenseurs des droits de l'homme et quelques autorités de la
police.
La première technique nous permettra d'entrer en
possession de différents documents relatifs à la pratique de la
torture en RD Congo tels les rapports d'ONG de défense des droits de
l'homme afin de les analyser et de connaître l'état de la question
en RD Congo; tandis que la seconde sera usitée pour nous permettre de
connaître les différentes formes, raisons de la pratique de la
torture en RD Congo et connaître ce que fait l'Etat congolais pour
éradiquer cette pratique.
17 Sur l'interdisciplinarité, Ibid.,
pp.39-40
18 Pour plus de détails sur le courant
volontariste, Ibid., pp.46-48 ; TRUYOL Y SERRA Antonio, Doctrine
sur le fondement du droit des gens, Paris, Editions A.Pedone, 2007,
pp.59-75 ; NGUYEN Quoc Dinh, DAILLER Patrick, PELLET Alain, Droit
international public, 7è édition, Paris, L.G.D.J, 2002,
p.98
19 DIMANDJA ELUY'A KONDO, La thèse de
doctorat, Kinshasa, Noraf, pp.64-65
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