J-2: Revue des études empiriques récentes:
Les études visent à tester si le commerce
extérieur a un impact négligeable ou non sur les
inégalités de revenus. Selon les auteurs de notre article de
référence (S Aradhyula, T Rahman, K Seenivasan), la plupart des
études qui utilisent une régression entre les pays (cross-country
régression), présentent deux problèmes. Le premier est que
les institutions et les systèmes légaux diffèrent d'un
pays à l'autre ce qui génère donc des données
statistiques qui peuvent être hétérogènes. Il aurait
donc été pertinent d'introduire dans les analyses des effets
fixes. Le second, est qu'il n'est pas possible d'établir une comparaison
internationale des données et des résultats.
Donald J.Robbins (1996): Il a réalisé un
travail écrit destiné au centre de l'OCDE chargé du
développement. Cette étude s'intitule « Evidence of Trade
and wages in developing world ». Le but est de voir l'impact des
échanges sur les salaires de neuf pays en voie de développement.
Ces pays sont situés principalement en Asie et en Amérique
latine. Robbins effectue une analyse microéconomique pour essayer de
répondre à sa problématique. En effet, il part du principe
qu'il est couramment admis que la libéralisation des échanges
réduit la dispersion relative des salaires dans les pays en voie de
développement, alors qu`elle l'accentue dans les pays
développés. Les données sur les pays qu'il analyse lui
montrent cependant que, contrairement au modèle de Leamer, dans les pays
dont les échanges sont diversifiés, tout changement dans la
répartition de l'offre de travail va de pair avec un ajustement des
salaires. Il explique également que la libéralisation a
entrainé une hausse des salaires relatifs et de la demande de main
d'oeuvre et qu'elle a aussi provoqué une augmentation des achats de
matériel, ce qui explique en partie l'accroissement relatif de la
demande qui l'accompagne. Il utilise pour mettre en évidence tout cela
l'analyse du modèle HOS et des différents théorèmes
qui y sont liés tel que celui de Stopler et Samuelson. Il prend
également des données tels que le niveau d'éducation,
l'âge, le sexe, les salaires, les caractéristiques de la force de
travail... Son travail se déroule par la suite en trois étapes :
la création de la série temporelle pour les salaires et l'offre
relatifs ; L'estimation de l'équation du salaire relatif, ciblage des
variations de la demande relative. Il en conclut que les séries
temporelles concernant les variations de la demande relative a montré
ont augmenté après la libéralisation des échanges
pour tous les pays. Il conclut enfin son analyse en s'intéressant aux
théories alternatives sur le commerce et les salaires en distinguant
quatre groupes : HOS assumptions or Factor Diversified Trade (FDT), Identical
Constant Returns Technology. Le troisième groupe examine les iteractions
possibles entre les deux groupes cités précédemment. Le
dernier groupe, pour sa part, traite du problème d'organisation entre
le
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Nord et le Sud concernant l'abondance relative en capital et en
travailleurs qualifiés et non qualifiés.
Calderon et Chong (2001): Ils ont mené une
étude en données de panel dynamique. En voulant tester l'effet de
l'ouverture sur les inégalités, ils prennent en compte plusieurs
variables, qui sont, le contrôle de l'intensité du capital, le
taux de change, le type d'exportation et enfin le volume du commerce. Ils
trouvent que le commerce a un effet inverse sur les inégalités en
fonction du niveau de développement. Concernant les pays
développés, le commerce a un effet positif, c'est-à-dire
qu'il contribue à accroître les inégalités.
Toutefois, il est statistiquement peu significatif. A contrario, il a un effet
négatif et statistiquement significatif dans les PED. A cet effet, on
peut conclure que leurs résultats, sans distinction de l'impact
négligeable ou pas, sont en adéquation avec le modèle
classique 2x2x2 de HOS.
Spilimbergo, Londono et Szekely (1999): Il ont
réalise une étude économetrique en données de
panel. Ils s'intéressent à la relation entre la dotation en
facteur relative, le commerce ainsi que la distribution de revenu des agents
personnels. Ils constatent que, si un pays est abondant en terre et en capital,
la distribution du revenu au sein de ce même pays aura tendance à
être plus égalitaire. Par ailleurs, un pays étant intensif
en travail sera plus inégalitaire. Finalement, ils estiment que l'effet
du commerce sur les inégalités est conditionné par
l'avantage comparatif des pays dans un facteur de production. Ces
résultats relèvent davantage de la théorie de HOS
présentée par Wood (1997) à plusieurs pays et plusieurs
facteurs.
Dollar et Kravay (2001): Ils étudient l'impact de
la mondialisation sur les inégalités et la pauvreté. Ils
remarquent que les pays insérés au commerce international
après les années 1980 ont connu un processus de rattrapage avec
les pays riches, alors que les autres pays, toujours exclus de la
mondialisation, sont en plein décrochage (à l'instar des pays
d'Afrique Subsaharienne). Ils trouvent une forte corrélation entre le
commerce et la croissance économique. Selon eux, une plus forte
croissance économique, rendue possible par le commerce, permet de
baisser la pauvreté à fortiori dans les pays les moins
avancés. De ce fait, le commerce influence indirectement le niveau de
pauvreté. Ils semblent être fidèles à la doctrine
Ricardienne, puisqu'ils voient en la mondialisation, un moyen d'être plus
performant, via la spécialisation du pays dans le facteur qu'il
détient intensivement et par conséquent d'être plus a
même de se développer. Cependant, d'après leurs
résultats, on ne peut rien prédire sur l'évolution des
inégalités, de même que la corrélation entre les
variables inégalités et mondialisation.
Duncan (2000) : Dans la
même lignée que les précédents, cet auteur note un
lien considérable entre croissance et réduction de la
pauvreté absolue. Les petites économies gagnent largement
à participer au commerce international. Il se rapproche de la
pensée de Baghwati, ardent défenseur du libre échange,
mais qui estime cependant que le commerce extérieur est plus profitable
aux petits pays. A contrario, lorsqu'un grand pays a une
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croissance d`exportation biaisée, ses termes de
l'échange vont se détériorer, alors le commerce devient
nuisible. Cela signifie qu'un grand pays qui subit un choc d'offre positif sur
le bien qu'il exporte va baisser le prix de ce bien à l'échelle
mondiale. Il gagne moins a l'échange car les prix du bien qu'il exporte
diminue relativement a celui qu'il importe. Nous montrerons
ultérieurement dans notre régression, qu'effectivement la
superficie d'un pays influe négativement sur son degré
d'ouverture commerciale.
Cornia (2003) : Selon leur résultat, les
inégalités de manière globale mais aussi entre les pays
n'ont pas fortement varié au cours de la période 1980-2000.
Cependant cette évolution est en partie corrélée aux
règles prises pour leur mesure. Toutefois, elles ont accru au sein
même des pays pour deux tiers des 73 pays. Ils considèrent que
cela est causé par les politiques nationales de
dérégulation et de libéralisation.
Wan, Lu et Chen (2004): Ils ont testé les
inégalités régionales en Chine. Pour cela, ils ont mis en
place une fonction de revenu avec comme variables, le commerce, les IDE, et ont
ensuite utilisé une décomposition technique pour estimer la part
de l'échange extérieur sur les inégalités
régionales de revenu. D'après leur étude, le commerce
influence positivement les inégalités, et son impact sera
grandissant au travers du temps.
Kahai et Simmons (2005): Ils s'axent sur l'indice de Gini
pour étudier la relation entre mondialisation et
inégalité. Les PED ont souffert d'une intensification des
inégalités suite à leur ouverture économique. En
revanche le lien entre ces deux variables est négligeable dans les pays
industrialisés.
Anderson (2005): La mondialisation influence indirectement
les inégalités de revenus dans les PED du fait qu'elle agit
significativement sur les actifs, les inégalités spatiales, de
genres et d'éducation. La plupart des études de séries
chronologiques trouvent qu'un plus grand niveau d'ouverture augmente la demande
pour le travail qualifié. En revanche, les études en coupes
transversales portant sur des pays différents révèlent que
le commerce extérieur influence peu les inégalités. En
réalité, l'effet de l'ouverture sur les inégalités
par le biais de la demande en travail qualifié est compensé par
son effet sur d'autres facteurs qui agissent eux-mêmes sur les
inégalités.
G Perry, M Olarrega(2006): Ils ont étudié
l'impact de la libéralisation économique sur les
inégalités de richesses et la pauvreté en Amérique
Latine. Ils remarquent que suite a leur ouverture commerciale, ces pays ont
connu un accroissement de la prime de qualification et des
inégalités salariales. Ils expliquent cette évolution par
quatre facteurs. Le premier repose sur les dotations en facteurs des pays
latinos. Ils sont pour la plupart relativement fortement dotes en ressources
naturelles, qui est un facteur de production complémentaire a celui du
capital, mais aussi de la qualification. Les pays d'Amérique du Sud ont
en plus une dotation plus abondante en capital que les autres pays en
développement. Les pays en développement, notamment la Chine,
offrent un large réservoir de main d'oeuvre non qualifiée. Le
deuxième facteur est l'effet dynamique de l'échange sur le
progrès technique et la demande en capital. Selon eux, le commerce
stimule le processus de destruction
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créatrice de Schumpeter, et de ce fait accroit la demande
pour le travail qualifie dans les entreprises. Le troisième facteur
repose sur les conditions initiales et des évènements actuels de
ces pays. Par exemple, les politiques de fixation de taux de change. Enfin, le
quatrième facteur est du a l'effet du commerce extérieur sur les
imperfections qui existent sur le marche du travail.
M.Daumal(2010): Dans le cadre de l'Institut de Recherche
pour le Développement , elle a étudié l'impact de
l'ouverture sur les inégalités régionales en Inde et au
Brésil. Elle détecte un lien entre l'évolution des
inégalités régionales dans ces pays et leur
libéralisation. Pour arriver a ces résultats, elle a
réalise des séries temporelles avec des modèles vectoriels
a correction d'erreurs. Elle s'est intéressée a
l'évolution de l'indice de Gini de 1985 a 2004 au Brésil et de
1980 a 2004 en Inde. Elle a ensuite régressé cette variable a
l'ouverture commerciale, les investissements directs étrangers et le PIB
par habitant. Elle trouve que l'ouverture a substantiellement accru les
disparités de niveaux de vie en Inde avec, des régions du nord de
plus en plus pauvres et des régions du sud plus riches. Cela renforce
donc les tensions au sein du pays. En revanche, elle constate que l'ouverture a
permis d'atténuer les inégalités régionales au
Brésil. Les investissements direct étrangers ont quant a eux
contribue a accroitre les disparités régionales dans les deux
pays.
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