1.2. Puits de carbone
Au sens large, un puits de carbone ou puits CO2 est un
réservoir, naturel, ou artificiel de carbone qui absorbe le carbone de
l'atmosphère et donc contribue à diminuer la quantité de
CO2 atmosphérique.
Selon le GIEC, le puits se définit comme: tout processus
ou mécanisme qui absorbe un GES ou un précurseur de GES
présent dans l'atmosphère. Un réservoir donné peut
être un puits de carbone atmosphérique, et ce durant un certain
laps de temps quand il absorbe plus de carbone qu'il n'en libère Pegoff,
2008)
La séquestration du carbone (ou piégeage, ou
emprisonnement du carbone) désigne les processus extrayant le carbone ou
le CO2 de l'atmosphère et le stockant dans un puits de carbone.
Le concept de puits de carbone s'est diffusé avec le
Protocole de Kyôto créé dans le but de réduire les
concentrations élevées et croissantes de CO2
atmosphériques et ainsi lutter contre le changement climatique. Diverses
voies sont explorées pour améliorer la séquestration
naturelle du carbone, et développer des techniques (naturelles ou
artificielles) de capture et stockage du carbone.
1.2.1. Puits naturels
? Forêts
Les arbres sont, après le plancton océanique et
avec les tourbières, le principal puits de carbone naturel
planétaire, essentiel au cycle du carbone. Ils accumulent
d'énormes quantités de carbone dans leur bois et dans
l'écosystème via la photosynthèse. Ils absorbent le CO2 de
l'atmosphère, stockant une partie du carbone prélevée et
rejetant de l'oxygène dans l'atmosphère.
À maturité, l'absorption est moindre, mais le
carbone représente 20 % de leur poids (en
moyenne, et jusqu'à 50 % et plus pour des bois denses tropicaux). Quand
l'arbre meurt, il est décomposé par des bactéries,
champignons et invertébrés, recyclant son carbone sous forme de
biomasse, nécromasse (cadavres, excrétas et excréments de
ces organismes) et sous forme de gaz (CO2, méthane,
libérés dans l'atmosphère ou l'eau). La forêt et
d'autres écosystèmes continueront à stocker ou recycler ce
carbone via une régénération naturelle.
Les forêts peuvent parfois devenir des « sources
» de CO2 (le contraire d'un puits de carbone), notamment en cas
d'incendie, ou provisoirement après les grands chablis couchés
par de fortes tempêtes ou après les grandes coupes rases.
? Sols
On estime que les sols stockaient à la fin du
XXe siècle environ 2 000 gigatonnes de carbone sous forme de
matière organique. C'est presque trois fois le carbone
atmosphérique, et quatre fois le carbone de la biomasse
végétale. Mais cette fonction se dégrade rapidement et
presque partout, dans les sols agricoles labourés surtout.
L'augmentation des quantités d'humus et
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de matière organique permettraient d'améliorer
la qualité de ces sols et la quantité de carbone
séquestré. Le sous-sol stocke deux fois plus que le sol
très superficiel.
Les prairies accumulent d'énormes quantités de
matières organiques, essentiellement sous forme de racines et
micro-organismes, de manière relativement stable sur de longues
durées. Mais dans le monde, depuis 1850, une grande partie de ces
prairies a été convertie en champs ou urbanisée, perdant
ainsi par oxydation de grandes quantités de carbone. Une utilisation du
sol (sans labour) augmente le carbone stocké dans le sol, et une
conversion en pâturage bien gérée emprisonne encore plus de
carbone. Les mesures de lutte contre l'érosion, le maintien d'une
couverture végétale hivernale et une rotation des cultures
augmentent aussi le taux de carbone des sols.
L'augmentation du CO2 de l'air pourrait ne pas être
compensée par une plus grande séquestration dans les sols. Une
étude a montré qu'il ya déstockage de carbone du sol
lorsque celui-ci est longuement exposé à un doublement du taux de
CO2 atmosphérique, accélère fortement la
dégradation de la matière organique des sols forestiers suite
à l'acidification et la stimulation de l'activité enzymatique des
microorganismes du sol.
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