1.2 Définition des concepts
Pour mieux cerner notre sujet d'étude, il est
nécessaire de définir les principaux concepts qu'il porte. Il ne
s'agit pas d'une simple définition mais une construction afin de rendre
intelligible le phénomène étudié (QUIVY R. et
CAMPENHOUDT L.V. 2000). En effet, les concepts ci-après sont retenus :
Etiquetage, Handicap, Identité, Interactions, Prise en charge,
Stigmate, Stigmatisation, et Tare.
1.2.1 Etiquetage
Le comportement déviant est ce que les gens
étiquettent comme tel ; le déviant est celui à qui on a
réussi à coller cette étiquette. Pour BECKER, H.S (1985:
33) « La déviance n'est pas une qualité de l'acte
commis, mais plutôt une conséquence de l'application, par les
autres, de normes et de sanctions à un «transgresseur». Le
déviant est celui auquel cette étiquette a été
appliquée avec succès et le comportement déviant est celui
auquel la collectivité attache cette étiquette ».
BECKER, H. S. (1985) résume la théorie de
l'étiquetage à travers son célèbre ouvrage
«Outsiders». Il définit cette
théorie comme « Toutes les représentations de la
réalité sont socialement construites et que, dès lors,
toute interaction humaine est déterminée par les
représentations mutuelles des interactants », d'où le
terme d' « interactionnisme symbolique » auquel se rattache
la théorie de l'étiquetage.
Selon, l'auteur « Un outsider désigne dans
une première acception un individu supposé avoir
transgressé une norme, et donc considéré comme
étranger au groupe social dans lequel cette norme est
véhiculée. Cependant, l'individu étiqueté comme
étranger peut ne pas accepter la norme selon laquelle on le juge. Il en
découle un
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second sens du terme : le transgresseur peut estimer que
ses juges sont étrangers à son monde et sont donc eux-mêmes
des outsiders». La déviance doit être
appréhendée ici au sens que lui donne PARSONS. Pour cet auteur la
maladie peut être perçue comme une forme de déviance en ce
sens que son orientation fait de la santé une norme sociale, et de la
maladie un écart vis-à-vis de cette norme.
Par ailleurs, CUSSON (1992: 397) « La
déviance n'est pas une construction sociale tout à fait
fantaisiste. La plupart du temps, les jugements créateurs de
déviance sont des réactions à des actes qui victimisent
autrui, qui perturbent sérieusement les proches du déviant ou qui
affectent gravement le déviant lui-même. Il existe bel et bien une
«donnée» antérieure ou «construite»
».
En d'autres termes, établir les conditions de
l'existence de normes sociales et les effets de la marginalisation ou de la
stigmatisation d'une pratique comme déviante, ce n'est pas dire que cet
étiquetage crée la pratique. En cela, l'analyse des
phénomènes d'étiquetage n'est pas une théorie mais
un point de vue, une perspective destinée à apporter un nouvel
éclairage sur des phénomènes sociaux encore obscurs. Cet
usage social de la théorie de l'étiquetage est un fait social en
lui-même (CUSSON, Ibid.).
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