IV- METHODOLOGIE
Cette étude sur l'histoire de la Soderiz s'inscrit dans
le domaine de l'histoire économique. Elle s'intéresse au
commerce, aux entreprises, aux fluctuations des prix des denrées ou
marchandises et à l'agriculture.
L'étude sur la Soderiz fait apparaître plusieurs
aspects, notamment la production, la commercialisation du paddy et
l'organisation du secteur agricole. Ces éléments concernent plus
le domaine économique, où à travers les différentes
statistiques agricoles l'on a pu se faire une idée de la portée
économique de la Soderiz.
Mais s'en tenir à l'aspect économique aurait
porté un handicap à notre étude. En effet, si la Soderiz a
été une société d'Etat chargée de la
production et de la Commercialisation du paddy, elle a entretenu
également des rapports divers avec le monde paysans, qui ne porte pas
sur l'aspect économique. C'est
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pourquoi il nous est apparu important dans notre
démarche méthodologique, d'analyser aussi cette étude sous
d'autres perspectives. Ainsi, cette étude sur l'histoire de la Soderiz
est en rapport avec plusieurs domaines à savoir, l'économie, la
politique, la sécurité alimentaire, les problèmes sociaux
et la botanique. En ce qui concerne la politique, l'histoire de la Soderiz a
montré comment les décisions politiques et le choix des
dirigeants de la société se faisait. La sécurité
alimentaire et les problèmes sociaux constatés nous ont permit de
savoir à quel point les produits alimentaires notamment le riz contribue
à la paix sociale. Avec les ouvrages concernant la botanique, on a pu
constater les différentes espèces végétales de riz.
A travers cette étude nous avons tenté de faire une histoire
globale de la Soderiz, par ces différentes approches.
L'intérêt de cette démarche est qu'elle permet de mieux
cerner la création, le fonctionnement de cette société et
l'impact de ses actions sur le développement de la riziculture en
Côte d'Ivoire de 1970 à 1977.
Dans le souci de mieux conduire notre étude, nous avons
axés notre réflexion sur la méthode d'analyse
essentiellement historique. Cette méthode a consisté pour nous de
faire la collecte documentaire à partir de diverses sources. On a les
sources écrites et les sources orales.
Au niveau des sources écrites, les premières
consultées furent les archives du Ministère de l'agriculture.
Dans ce local nous avons pu trouver quelques rapports d'activité annuels
de la Soderiz notamment ceux de 1973, 1974 et 1976. Les rapports
d'activités dressent le bilan d'activité de la
société et ouvre les perspectives pour les années à
venir. Outre ces rapports, on a pu accéder aux statistiques agricoles.
Ce sont des documents agricoles publiés par le Ministère de
l'agriculture. Ces documents présentent l'évolution de la
production du riz en Côte d'Ivoire. Le Ministère de l'agriculture
ne prenait en compte que la production du riz encadrée par les
structures mise en place par l'Etat. Ce qui rend difficile la maîtrise et
l'établissement de véritable statistique. Les services
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du ministère ont ignoré la production non
encadrée. Cette situation faisait qu'il y avait une différence
entre les chiffres produit par la Soderiz et ceux du ministère de
l'agriculture.
Les secondes sources écrites consultées furent
les archives de la Chambre de l'agriculture. Cette Chambre consulaire a mis
à notre disposition les archives de la Soderiz. On a pu trouver dans ces
archives quelques procès verbaux du conseil d'administration de la
Soderiz et quelques documents imprimés la concernant. Ces sources ont
permit de mettre en relief les actions menées par la Soderiz et ses
rapports avec les autres structures intervenant dans la filière riz.
Ensuite, comme sources d'archives consultées on a les
archives nationales de Côte d'Ivoire. Cette Maison nous a fourni les
journaux officiels de la période d'après indépendance,
ainsi que les dossiers des séries RR qui concernent l'agriculture et les
séries QQ qui appartiennent aux affaires économiques de la
période coloniale. Concernant la série RR, les documents
dépouillés dans le cadre de notre étude appartiennent
à la sous série 1RR. Cette sous série nous a permit
d'avoir une idée nette sur la situation rizicole de la colonie de
Côte d'Ivoire pendant la période coloniale, qui se rapporte aux
correspondances relatives aux cultures vivrières notamment le riz dans
la colonie. Ces documents nous renseignent aussi sur les correspondances du
gouverneur de la Côte d'Ivoire adressée au gouverneur de l'AOF en
réponse de la lettre relative à la réquisition du riz des
indigènes à des prix très bas en 1922. Ces documents font
ressortir les notions de la botanique et de l'agronomie. Ils mettent en relief
le type de riziculture privilégié par les colons au cours de la
colonisation. Cette sous série montre également les sols de
prédilection pour la culture du riz.
Pour la série QQ, les dossiers consultés
appartiennent tous à la sous série 1QQ, qui se rapporte aux
activités économiques, surtout commerciales du riz. La sous
série 1QQ révèle la politique rizicole mise en place par
le colonat. Elle indique également le rôle économique du
riz. Cette sous série concerne les
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correspondances échangées entre le gouverneur
général et le gouverneur de la Côte d'Ivoire au sujet de la
fourniture du riz des différents cercles aux travailleurs du chemin de
fer. Elle nous renseigne aussi à travers les services de douanes, sur
les exportations et les importations de riz de 1899 à 1913 et de 1919
à 1921. Ce dossier présente les chiffres officiels des volumes de
riz importé et celui exporté. Les chiffres établis par les
services douaniers sont souvent différents de ceux établis par le
ministère du ravitaillement et des différentes statistiques
établies.
Enfin, on a consulté les archives de Fraternité
Matin. L'essentiel des documents consultés sont des revues telles que
Fraternité Matin, Fraternité Matin spéciale
indépendance. La consultation de ces journaux nous a
éclairés sur la politique agricole du pays depuis
l'indépendance et sur les différentes actions de la Soderiz et de
bien d'autres structures travaillant en collaboration avec la Soderiz.
Fraternité Matin qui est un organe de presse, était au service de
l'Etat et l'aidait à diffuser sa politique notamment, celle de la
riziculture à travers les informations officielles qu'il fournissait.
La plupart de ces documents d'Archives sont dans un
état de délabrement considérable. Les dossiers sont
souvent vides et très mal classés. Les différents rapports
annuels de la Soderiz ont le plus souvent des parties déchirées,
rendant ainsi difficile la compréhension des rapports. Cependant ces
documents nous ont permis d'obtenir les références contenues dans
les notes de bas de page du Mémoire et ont également
contribué à l'élaboration des sources d'Archives.
Dans le cadre de cette étude, nous avons
privilégié d'autres sources en particulier les sources orales.
L'objectif que nous visons en procédant à une enquête orale
est de chercher à vérifier certaines informations recueillies
à travers les archives et les ouvrages consultés pendant nos
investigations et de compléter les insuffisances et les omissions.
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Au niveau des sources orales, nous avons
répertorié deux catégories de personnes. Il y'a d'abord
les responsables de la Soderiz. Ces derniers dans le cadre de leur travail, ont
eu à connaitre le fonctionnement de cette entreprise et à
collaborer avec les responsables des autres institutions rattachées
à la Soderiz. Ces responsables de la Soderiz sont quasiment à la
retraite et d'autres introuvables. C'est le cas du Directeur
Général en service de 1970 à 1977 qui ne vit plus. A vrai
dire il à été difficile de rencontrer les fonctionnaires
ayant servi a la Soderiz de 1970 à 1977 et qui seraient des
témoins privilégiés de l'histoire de cette institution.
Cela est due au faite que la société a été dissoute
il y'a 34 ans.
Mais nous avons eu l'honneur de rencontrer certains qui vivent
encore. Il s'agit de Messieurs N'Dri Brou Benoît, directeur technique de
la Soderiz 1974 - 1977, Ahmed Timité, Roger Diallo, Gérard Yao et
Hema Namboin Augustin. Les enregistrements ont été
réalisés à l'aide d'un magnétoscope. Les
discussions avec les personnes enquêtées ont porté sur le
fonctionnement de la Soderiz, la politique rizicole conduite par la
société et les rapports de la Soderiz avec l'Etat ainsi qu'avec
les autres structures intervenant dans le domaine rizicole. Les échanges
ont aussi portées sur les raisons de la dissolution de la Soderiz. Pour
rendre plus efficace la collecte des informations nous avons utilisés
les trois types d'entretiens à savoir l'entretien directif, l'entretien
semi directif et l'entretien non directif. Cela a permit a nos informateurs de
dire tout ce qu'ils savent sur les points bien précis de notre sujet.
L'utilisation d'un type d'entretien peut entrainer la pauvreté des
informations recueillies. Pour éviter cette situation, nous avons
varié l'utilisation des différents types d'entretien.
Après avoir recueillies ses informations, nous les avons soumis à
une confrontation avec celles déjà obtenues. C'est après
cette confrontation et la critique interne que nous avons validé
certaines informations.
L'autre catégorie de personnes interviewée
concerne les acteurs des circuits traditionnels et les paysans. A ce niveau il
faut souligner que beaucoup semblent
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ne pas exercer le commerce du riz, pendant la période
Soderiz. D'autres par contre ont des connaissances relativement faibles sur
l'existence de la Soderiz.
Les témoignages de nos interlocuteurs ont
été très édifiants et déterminants dans
notre travail.
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