Annexe n°13 : Superficie de production de riz en
Côte d'Ivoire 1965 - 1976
Années
|
Surface riz pluvial en hectare
|
Surface riz irrigué
en hectare
|
Surface riz
inondé en hectare
|
Surface totale en hectare
|
1968
|
315 600
|
6 850
|
4 600
|
327 050
|
1969
|
317 000
|
8 450
|
5 250
|
330 700
|
1970
|
229 800
|
12 000
|
4 450
|
246 250
|
1971
|
318 000
|
13 000
|
5 500
|
336 500
|
1972
|
14 350
|
295 000
|
6 020
|
315 370
|
1973
|
16 600
|
319 400
|
6 400
|
342 400
|
1974
|
18 000
|
335 000
|
6 500
|
359 500
|
1975
|
19 200
|
373 500
|
7 300
|
400 000
|
1976
|
20 000
|
392 500
|
7 500
|
420 000
|
totale
|
1 268 550
|
1 755 700
|
53 520
|
3 077 770
|
Sources : Archive de la Soderiz, rapport annuel 1972,
1973, 1976 Archive de la Soderiz, Soderiz 6 ans déjà
Annexe n°14 : Décret n°73-316 du 3
Juillet 1973 fixant les prix d'achats du paddy
155
Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture
Annexe n°15 Décret n°73-316 du 3Juillet 1973
fixant les prix d'achats du paddy
156
Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture
Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture
157
rce : Archive de
Annexe n°16 Décret n°73-316 du 3Juillet 1973
fixant les prix d'achats du paddy
158
Annexe n°17 Témoignages oraux
réalisés
? Mr N'DRI Brou Benoit
Thème abordé : les raisons de création de la
Soderiz, la Politique d'usinage.
Entretien réalisé le 9 décembre 2011
à Abidjan.
Caractère de l'entretien : entretien semi directif
En 1958 avec la création de la Satmaci, l'Etat
décide de créer un certains nombre de société pour
booster le développement agricole. Les premières
opérations riz étaient logées au sein de la Satmaci en
1964. A un moment donner le gouvernement a décidé d'amplifier les
actions en faveur de la riziculture. Alors il a décidé de
créer la Soderiz. La création de la Soderiz entrait dans le cadre
de la promotion de la culture du riz.
? Quelles ont été les raisons de la création
de la Soderiz?
La raison de création de la Soderiz était de
booster la production du riz. On a aussi les raisons politiques qui
étaient d'améliorer les revenus des paysans. Pour le
président Houphouët Boigny la création de la Soderiz
répondait à un besoin de développement rural. Cela
rentrait dans les objectifs de développement économique, social
et culturel, qui avait pour axe important le développement avec
l'aménagement du territoire.
? Comment était organisé le secteur d'usinage.
On avait divisé le pays en 10 zones, avec dans chaque
zone des usines. On avait 5 usines construite du temps de la Satmaci.
C'était des usines d'une époque lointaine, dans les années
1967, qui étaient les usines de ce temps là, qui ont
été construite à une époque. Je dis en 1971 le
litre de super coûtait 65francs aux USA. Le galion, les 4 litres de
carburant coûtaient un demi-dollar. C'est-à-dire 125f CFA.
L'énergie était moins chère à cette
époque.
159
Dans les années 1971 ces usines qui avaient pour
certaines près de 8 ans d'activités, étaient
dépassés. Donc une usine des années 1960 et ses
capacités, au bout de 10 ans, les pannes apparaissent, la consommation
de ces usines n'est plus la même. Souvent même on ne trouve plus
certaines pièces de rechange. Donc notre situation dans l'usinage c'est
que Les usines n'avaient plus la performance.
? Pourquoi la Soderiz n'a pas anticipé sur les
problèmes d'usinages constaté en 1976.
Mais, on a fait un dossier, une année j'ai dis au
directeur, comme je suis Directeur Technique, je pense qu'il faut qu'on pense
à mettre en place des usines en augmentant la capacité de
production des usines existantes. Il dit mais demander l'argent à l'Etat
ce n'est pas possible. J'ai dis non, moi je pense que là ou j'ai
étudié on m'a appris a anticipé. Et brusquement on est
arrivé à l'autosuffisance en 1975. Du jour au lendemain on avait
du riz sur nos mains. Même le remboursement de paddy seulement pouvait
faire fonctionner une usine. Les capacités d'usinage ont donc
été dépassées, donc rapidement on a fait u dossier.
Il était prévu faire 10 nouvelles usines, on n'a pas eu le temps
de faire les usines. Plusieurs silos ont été construits dans le
pays.
? Mr Ahmed Timité
Thème abordé : Les premières actions de
la Soderiz, les activités sociales de la Soderiz La dissolution de la
Soderiz.
Entretien réalisé le 13 décembre 2011
à Abidjan Caractère de l'entretien : entretien non directif
Pendant les premières années,
précisément 1970-1971, au début la commercialisation du
paddy était timide. Les paysans s'étaient plaint à
Félix
160
Houphouët Boigny, que la Satmaci est partie et que la
Soderiz n'achète pas le riz. Catastrophe Félix Houphouët
Boigny nous a convoqué et a la suite de l'entretien on a n'a
mobilisé 100 millions pour qu'on puisse acheter le riz des paysans.
C'est ce qu'on a fait. Cette opération a duré 2 mois. Bien avant,
la Soderiz a procédée à la construction de barrages. Les
premiers barrages ont été faits au nord. On avait le barrage de
Sologo, le barrage de Napié, le barrage de Dekokaha etc. C'est
grâce a ces barrages que l'opération rizicole a marché. Il
faut saluer le courage de nos braves paysans surtout ceux du nord, qui se sont
mis au travail. Les Akans disaient que si tu travailles dans la boue tu deviens
impuissant. Il fallait se trouver devant ces chefs de village et de cantons
pour expliquer et faire comprendre aux paysans qu'il n'en était rien de
tout cela. Comme stratégie mise en place par la Soderiz, il faut retenir
que l'ivoirien en général et nos parents du Nord en particulier
n'aiment pas les crédits. Or ils voulaient faire de la riziculture. Pour
les intrants il fallait voir ce qui se passait. En analysant on s'est
aperçu que les parents ne prenaient pas l'engrais, parce qu'ils ne
voulaient pas, mais du fait du crédit. C'est là que moi en tant
que Directeur de la production de la Soderiz chargé aussi de
l'encadrement, j'ai réfléchi et proposé avec Mr ROSSIN,
une stratégie. « On n'exporte pas une révolution car les
conditions ne sont pas les mêmes ».
Alors nous avons dit aux paysans, s'ils cultivent le riz,
s'ils utilisent l'eau et surtout l'engrais, s'ils sarclent bien, ils auront au
moins trois (3) tonnes et demie de paddy. Donc ils ont cru. Nous avons pris un
pari avec les paysans. On a pris un échantillon, nos paysans sont
pauvres. Cette stratégie d'incitation concernait le riz irriguée.
La première année tous ceux qui ont pris leurs intrants et
engrais ont remboursé par les 350kg de paddy. C'est la deuxième
année où on a généralisé dans tout le pays
en 1976. Cela a été une réussite totale. Cette
stratégie nous permettait de rentrer en possession de nos fonds,
même si la moitié des paysans ne remboursaient pas. En 1976, avec
cette stratégie, on a couvert tout les besoins des populations
Ivoirienne en riz.
161
Il y avait tellement de paddy que les magasins ne suffisaient
plus on a mis le riz sous bâche. On louait les bâches. Au bout d'un
moment j'ai calculé ce qu'on a payé en location de bâche.
Ca faisait trois fois le prix des nouvelles bâches de certaines
sociétés.
La Soderiz dans sa stratégie a axée sa politique
sur le développement rural. La Soderiz a posée des actions de
portée sociale. Les premières maisons témoins ont
été faites à Natio-Kobadara, quant on quitte Korhogo sur
la route juste à la sortie de la route à 20 mètre sur la
gauche. Ces maisons étaient financées par la KFW. En 1972 il y a
eu une dévaluation du Deutchmark. Cela a permis de donner un reliquat,
nous même à la Soderiz, avons construit un barrage. C'est le
barrage de Nombolo, premier barrage rizicole en Côte d'Ivoire. Si la
réalisation de ce barrage avec les maigres moyens, a épaté
tout le monde. L'argent a suffi au grand étonnement des allemands. Cet
encouragement, ce sérieux et cette chance, sous le guide de Monsieur
STIMER, nous a permis de demander d'autres fonds. Les actions sociales de la
Soderiz rentraient dans le cadre du développement rural. Le gouvernement
avait demandé a la Soderiz de participer a la modernisation de
l'agriculture notamment celui du secteur rizicole. Il a été
demandé à la Soderiz d'installer des agriculteurs Modernes au
Yabra, à San Pedro et à Korhogo etc.
La Soderiz était dirigée par un groupe d'amis,
tous sortis de l'école du génie rural de Paris. Ils
étaient passionnés du travail. Ils ont cru qu'on leur avait
demandé de produire du riz. Alors ils se sont mis à produire du
riz. C'est cela leur seule faute. Ils ont produit au détriment de
l'usinage et de la commercialisation. Or on leur avait demandé peut
être de faire semblant de produire du riz. Dans les systèmes
actuels, quand vous abordez, quelque soit la filière, vous devez traiter
globalement le système de production. Si un des segments du
système de production vous échappe, votre système ne
marchera
162
pas. Tous les segments sont liés. La solidité de
la chaîne dépend du maillon le plus faible. La Soderiz ne
maîtrisait pas la commercialisation, car cela dépendait d'une
autre structure. On ne peut pas parler de la Soderiz sans parler des politiques
de développement du gouvernement. C'est l'Etat qui dirige la politique
du pays. C'est lui qui ne l'a pas fait. Voilà pourquoi la Soderiz a
été dissoute. Il existe trois dimensions à ce sujet : une
dimension économique et une dimension politique et humaine.
A partir de 1976-1977, la Soderiz devenait un gouffre
financier que le gouvernement n'arrivait plus à supporter. Il y avait
aussi l'inconséquence de la politique de prix du gouvernement, les
différentes subventions de riz à la consommation et à
l'achat. A un moment, le gouvernement s'est rendu compte que la Soderiz ne
pouvait plus garantir la paix sociale. La Soderiz était un instrument de
l'aspect socio-économique du pays. L'aspect humain de la dissolution
était le fait que les ivoiriens notamment les travailleurs
n'étaient pas contents de la Soderiz et de son Directeur. Je pense qu'il
y a eu des erreurs dans certaines appréciations. Monsieur Oulaï, le
directeur général a mal géré les ressources
humaines. Les agents de la Soderiz étaient mal payés et n'avaient
pas d'indemnités. Le directeur général Mr Jean Oulaï
lui-même se payait à 350.000 FCFA quand ses amis directeurs
étaient payés à 1.000.000 FCFA. Parce que les blancs lui
avaient fichu ça dans la tête. Je ne sais pas, il voulait
épater le ministre ou le président, je n'en sais rien. Personne
ne comprend rien. Ensuite, il y a eu un fauteuil blanc. Il parait que quelqu'un
a téléphoné pour dire à Oulaï que ce n'est pas
possible tu payes mal les ingénieurs ivoiriens alors que les blancs sont
payés à 2.000.000 FCFA. Je ne sais pas, il a répondu qu'il
préfère payer des compétents à 2.000.000 FCFA qu'un
incompétent. La nuit les gens ce sont téléphonés
qu'ils vont marcher sur la Soderiz. Cette marche devrait être conduite
par Samba Coulibaly. Apprenant la nouvelle, le président Félix
Houphouët Boigny a appelé le ministre Sawadogo de faire tout
possible d'éloigner Oulaï de la Côte d'Ivoire au plutôt
le matin. Le matin, il est parti pour le Nigeria où il a
163
fait un bout de temps. Il a dit que les ingénieurs
ivoiriens sont incompétents, c'est là les gens ont dit qu'ils
marchent sur la Soderiz soit ils cassent la Soderiz ou bien Houphouët
Boigny remplace Oulaï.
La troisième dimension, c'est l'aspect politique. En
1977, les gens sont arrêtés et ont déclaré que la
Soderiz était mal gérée. Juillet 1977, le ministre de
l'agriculture monsieur Sawadogo Abdoulaye a été remplacé
par Mr Denis Bra Kanon qui dans sa première communication en conseil des
ministres a dit que la Soderiz était mal gérée. Il n'a
jamais voulu qu'on lui retire l'opération riz de la Satmaci. Il en a
profité de se venger en dissolvant la Soderiz.
Mr Bra Kanon a été ancien directeur de la
Satmaci. Il faut retenir qu'au sein de la Soderiz elle-même, ça
n'allait pas. Autant les agents avaient commencé à écrire
au président Félix Houphouët Boigny pour accuser Oulaï
de vol. Le président a décidé de régler ça
à sa manière. Certainement il y a d'autres choses qui
m'échappent. Ces faits là, je les connais. Il faut aussi dire
que, comme tous les directeurs généraux s'attendaient tous
à être nommés ministre, ils se créaient entre eux
les compétitions. Oulaï croyait qu'il allait être
nommé ministre, Mangoua Lucien qui était au BNETD pensait qu'il
serait nommé ministre, Bra Kanon attendait ça depuis longtemps et
bien d'autres que je ne citerai pas. Tout cela a rejailli sur la Soderiz. Je
veux dire que la dissolution de la Soderiz n'a pas surpris les personnes
avertis. Les gens ont pris ça comme une sanction de passage. Vous savez
un politicien à des objectifs et des contraintes. Je dirai des
stratégies et une méthodologie. Mais je dis que chacun doit
comprendre quelque chose de très pertinente et même de très
prudente. L'autorité prend les décisions qui lui règlent
le problème pour un temps. Faute de quoi la pagaille s'installe. Le
président Félix Houphouët Boigny disait qu'il
préfère l'injustice à la pagaille. Parce que quand la
pagaille s'installe on ne peut rien faire, or l'injustice, on peut corriger
ça après.
La Côte d'Ivoire est le seul pays en Afrique de l'ouest
qui peut atteindre l'autosuffisance alimentaire. C'est une étude de la
FAO et de la banque mondiale qui l'a démontrée. Voyagez un peu
dans le pays, il y a du riz partout, ça veut dire que ce qui a
été semé continu de germer.
? Mr Hema Namboin Augustin
Thème abordé : la politique des prix et les
difficultés liées à la sacherie. Les rapports de la banque
mondiale et la SODERIZ.
Entretien réalisé 28 Août 2011 à
Abidjan Cocody Riviera. Caractère de l'entretien : entretien directif
La Côte d'Ivoire a hérité du capitalisme
d'Etat, système économique instauré par la France. Cette
politique économique a eu un différentiel négatif sur le
prix du riz. Quand on produit 1 kg de riz qui coûte 100 francs, on perd
40 francs, parce que le riz qui vient de l'extérieur, le riz
importé, est vendu à 60 f alors que le riz était
écoulé sur le même marché. C'est ce qui a
provoqué les problèmes de stockage car le riz trainait dans les
usines. Aussi, on avait le phénomène de rixe et le facteur
social. Chaque fois qu'il y avait des flambés de prix sur le
marché, le gouvernement prenait des mesures pour avoir des stocks de
sécurité. C'était le rôle de la caisse
générale de péréquation et des prix (CGPP). Ces
stocks de sécurité coûtaient de l'argent à l'Etat
pour le stockage et en l'écoutant cela pèse sur la production
locale et par ricochet sur la Soderiz. Voilà pourquoi il y a eu des
problèmes. Les gens du gouvernement étaient de bonne foi, mais
ils ont été dépassés par les
évènements. Même en 1964, avec la Satmaci on a eu le
même changement de phénomène de prix sur le marché.
A chaque fois que les stocks ont été privilégiés
que l'offre locale, on a eu des problèmes.
164
? A quoi répondait l'augmentation du prix du paddy en
1974 ?
165
Le prix se forme par rapport à tout le travail qui
rentre en jeux. En plus si le paysan n'est pas intéressé, il ne
fait pas. Moi je m'occupe des paysans et j'intéresse le paysan pour
qu'il produise plus de riz. Pour ne plus que je dépende de
l'extérieur ou les prix sont plus volatiles. Mais bon disait montrer moi
un pays au monde où on paye le paddy si peu moins cher que la Côte
d'Ivoire. Nous sommes maudits ou nous nous foutons de nos paysans. C'est en
fonction de la journée de travail du paysan et de l'intrant que je
valorisais et ça donnait un prix au kilo du paddy, qui permettait aux
paysans de payer ses engrais, de payer tout et de gagner aussi. Nulle ne
commercialise ce qui ne lui rapporte pas. Il faut qu'on paye les produits
à la valeur. Que l'Etat gagne un peu dessus, c'est normal mais que le
paysan gagne plus. Sinon le prix du paddy à l'époque par rapport
au Sénégal, au Mali où on payait à 30 francs, nous
payait à 75francs. Mais c'est cela. Ce n'était pas pour attirer
le paddy dans les magasins Soderiz. Le paysan en gagnant, peut s'acheter des
produits manufacturés, du pétrole qu'il n'a pas. Alors pourquoi
le paysan doit être privé de certaines choses. L'une des
préoccupations du président Félix Houphouët Boigny
était l'augmentation des revenus des paysans.
Cette augmentation répondait aussi à un besoin,
celui du développement rural. Avec la flambée du prix du riz sur
le marché mondial, il fallait créer les conditions pour que le
riz soit attractif. L'un des paramètres de l'attractivité est le
prix. Des Etudes ont été mené pour inciter les paysans
à la production. Cela a été l'un des facteurs
d'attractivité des paysans.
? Y a-t-il eu un problème de sacherie au sein de la
Soderiz ?
Oui, il y a eu des problèmes de sacherie. C'est vrai,
c'est des estimations qu'on fait, quand l'argent n'est pas suffisant. On
achète tout serré. Quand tu dis à quelqu'un que je vais
produire 1.500.000 tonnes de riz et qu'au bout de l'année, tu produis
13.000.000 de tonnes et que tu avais commandé que juste
166
pour 1.000.000. Tu vois y a un écart. Le
problème de la sacherie s'est posé et était à deux
volets :
- D'abord il y a la production qu'on achète le paddy
n'a pas besoin de sac de qualité. Jusque pour pouvoir l'amener à
l'usine. Mais il ne faut pas non plus prendre des sacs avec la
poussière. Pour la collecte du paddy on prend la sacherie de
deuxièmes mains dans les magasins « bana bana ».
l'achat de ces sacs, si tu ne l'organise pas, ça devient un
problème.
- Ensuite pour la sacherie finale, on commande avec une grande
marge. La sacherie pour le riz étaient fabriquée par les
sociétés FILTISAC et FIBAKO. Elles n'en fabriquaient en
quantités industrielles. Elles fabriquaient pour rentrer dans leur sous.
A certains moments, quand les sacs manquent, les gens se plaignent. Sinon nous
devrions nous occuper que de la sacherie du riz blanchi. Nous étions
occupés par l'usinage, souvent la sacherie ne couvrait pas.
? En 1974, pourquoi la banque mondiale a refusé de
soutenir la Soderiz ?
A l'époque, la banque mondiale imposait aux pays les
crises d'amaigrissement. Elles n'ont pas fait du bien à nos pays
respectifs. C'est dans cette conjoncture que la banque mondiale posait trop de
conditions. Elle avait déjà foutu en l'air les
sociétés rizicoles d'ailleurs a commencé par le Niger avec
l'office du Niger. Les gens les ont repoussé à prendre des
décisions inadéquates. La banque mondiale même
reconnaît. Aujourd'hui, ces politiques qui ont été
imposées avec le FMI et la banque mondiale ont fait assez de mal aux
pays en voie de développement. C'est sur ça qu'on n'est pas
tombé d'accord. C'est pourquoi le président Félix
Houphouët Boigny a refusé leur conditions. Et avec 9 Milliards de
la coopération française, on a relancé les
investissements. La banque mondiale voulait que la Soderiz augmente le prix du
riz à la consommation des ivoiriens. Le
167
président Houphouët a dit qu'il n'augmentait pas.
C'était pour déstabiliser le
pays.
? Mr YAO Gérard
Thème abordé : La pénurie de riz dans les
centres urbains, les groupes d'importateurs, les actions du Président
Houphouët.
Entretien réalisé à Marcory le 14 octobre
2010 Caractère de l'entretien : entretien directif
? Y'a-t-il eu un problème d'approvisionnement des centres
urbains en riz?
C'est à partir de 1977 qu'on eu ce genre de
phénomène. Ce que tout le monde ignore, le commerce mondial du
riz porte sur 5% de la production mondiale du riz. Les centres où on
produit, ce sont les centres où on consomme le plus du riz. Or la
production mondiale du riz est liée à la mousson. Les zones qui
produisent sont les pays asiatiques. Si la mousson entraine 15 jours de retard,
les 15 jours % sont laminés. S'il ya des stocks géants on puise
là dedans. Mais à partir de 1976, ceux qui avaient les stocks ont
freinés, donc, le riz manquait sur les marchés occasionnant une
pénurie de riz. Pour la petite histoire, un bateau chargé de riz
en direction de la Côte d'ivoire a été chipe au niveau du
Ghana. Ils ont déchargé et le bateau est reparti pour charger.
Aussi, un jour revenant de Yamoussoukro par voiture, il a trouvé une
longue queue devant des magasins. Il a cru que c'était un tournage de
film. Il a demandé à Ouégnin. Qu'es ce qu'il se passe. Il
lui répondit que président c'est le riz qui manque. Pendant ce
temps nous, on ne pouvait rien faire, car c'est pas nous qui importons. Il faut
dire que les importateurs étaient dans le circuit du riz. A un moment
leur position nous arrangeait, à un moment notre situation ne les
arrangeait plus, puisqu'ils ne
168
pouvaient plus importer. Cela a été le cas en
1974 avec l'augmentation de la production du riz local.
? Quels étaient les différents groupes
d'importations
Monsieur MASSIEYE, président de la chambre de commerce
était lui-même importateur a titre personnel. Il faisait parti du
groupe MASSIEYE et FERRAS. C'était de grandes boutiques de la place
telle que CFCI, CFAO, SCOA, Massieyé FERRAS.
? Quelles ont été les actions posées par
le Président Félix Houphouët Boigny pour la riziculture ?
Le Président Houphouët était un homme
exceptionnel. Il s'est inspiré de l'agriculture pour développer
son pays. Alors dans la mesure où le pays s'urbanisait, il fallait
répondre à la demande. Lui-même à donné
l'exemple pour la culture du riz, puisqu'il avait lui-même ses champs de
riz à Yamoussoukro. En partant a la basilique tout le bas fond qui est
là jusque là où il y'a les cocotiers l'appartenait. Sa
rizerie était d'une quarantaine d'hectares.
? Cissé Mamadou
Thème abordé : Les circuits parallèles,
Le prix du paddy. Entretien réalisé à Abobo le 29
Septembre 2011.
Caractère de l'entretien : entretien non directif
Fonction : Commerçant de riz Paddy.
Il existait de bonne relation. La Soderiz, elle seule ne
pouvait pas tout couvrir. Le paddy qu'on achetait était
décortiqué, nos femmes vendaient une partie au marché. Le
riz que Soderiz produisait fatiguait les femmes,
169
lorsqu'elles préparaient. Ce riz à la cuisson
quand ça se refroidit, lâche l'eau. Donc nos parents n'aimaient
pas le riz de la Soderiz.
Souvent on achète, le paddy avec les paysans.
Après décorticage on vend le riz dans tout le pays et même
hors des frontières ivoiriennes. En période de pénurie,
les commerçants libanais entrent dans le circuit de la vente du riz. Les
libanais achètent à Abidjan du riz d'importation à raison
de 50 francs le kilo. Nous, on rachète ce riz à 55 francs le kilo
et nous le revendons dans les villages et les villes à 60 francs.
Les libanais restaient toujours dans les magasins et ne se
déplaçaient pas en brousse. Pour vendre ce riz d'importation.
Pour le paddy, ils envoyaient des pisteurs pour acheter le paddy avec les
paysans.
? Diallo Roger
Thème abordé : La commercialisation du riz, les
rapports entre la chambre de commerce, la CGPP et la Soderiz.
Entretien réalisé le 29 Septembre 2011 à
Abidjan Marcory.
Caractère de l'entretien : entretien directif
Fonction : Agent au service financier de la Soderiz
? La Côte d'Ivoire à t-elle atteint l'auto
suffisance en riz avec le Soderiz ?
En 1975 avec l'augmentation de la production locale, le pays
atteint l'auto-suffisante alimentaire. C'est dans ce cadre que le pays a
exporté plus de 200 tonnes de riz de luxe sur le Zaïre. En 1976, le
pays a secouru le Mali, le Sénégal et le Gabon. Cet acte a
été posé par Félix Houphouët Boigny, qui a
payé et mis le riz dans le bateau en direction de ces pays. On avait
couvert tous les besoins du pays en riz.
170
A la vérité quand on a fait l'auto suffisance en
riz, ceux qui vivaient des importations se trouvaient au chômage. Donc
les gens ont convaincu le président Félix Houphouët Boigny
que comme on a atteint l'autosuffisance, ce n'était plus la peine. Or
nous demandions qu'on nous donne 2 milliards tous les ans pour maintenir
l'autosuffisance, faire le minimum d'investissement pour tenir compte de
l'augmentation de la population.
Malheureusement le 17 Octobre 1977 après la formation
du gouvernement du 20 Juillet 1977, on a classé le ministre Henry Konan
Bédié, ministre de l'économie et des finances, Mohamed
Diawara, ministre du plan et du développement et Sawadogo Abdoulaye
ministre de l'agriculture du gouvernement, on a dissout la Soderiz, c'est la
société Soderiz qui produisait et commercialisait le riz. Elle le
mettait à la disposition de la CGPP qui vendait le riz aux
commerçants. La chambre de commerce était
représentée au conseil d'Administration de la Soderiz par Maurice
Delafosse.
? Quel rapport existait - elle entre la Soderiz et la Caisse
Générale Péréquation et Prix ?
Nous, notre rapport à nous c'était avec la CGPP,
car c'est elle qui vendait notre riz. Elle ne s'occupait que du riz. La
péréquation veut dire que dans le lot il y'a des secteurs
fragiles. Donc les secteurs qui produisaient le surplus on prend pour fermer ce
trou. L'Etat trouve les moyens pour stabiliser .Pour que la
péréquation joue, c'est la CGPP qui gère cela. Monsieur
Sidia Touré actuellement opposant Guinéen, a été le
directeur de la CGPP jusqu'à sa dissolution en 1994.
? Quel était le rôle de la Chambre de Commerce ?
Le rôle de la chambre de commerce consulaire qui
gère la politique globale, elle conseille l'Etat, elle surveille et
enregistre. On lui a concédé certaines choses. C'est le
surveillant pour le compte de l'Etat en matière de riz
importé.
171
Dans la commercialisation, il ya la mise à disposition
du riz. En Aval de l'usine, il y'a des grossistes partenaires de la
distribution. La structure qui était chargée de la distribution
du riz était la CGPP. Le partenaire opérationnel de CGPP
était la chambre de commerce. Théoriquement les grossistes font
partie de la chambre de commerce. Il y'avait deux volets : La
péréquation sur le transport et la péréquation sur
le prix.
C'est une mutualisation des prix au niveau national tel que
l'ivoirien qui est à Korhogo achète le riz au même prix que
l'ivoirien qui est à Abidjan. C'est une structure qui trouvait la
solution financière.
? Existait-elle une concurrence entre la Soderiz et la chambre
de
commerce ?
Il n'existait pas de concurrence, c'est le gouvernement qui
détermine la politique du riz. Le secteur privé était
inclus dans la politique, il importait pour gagner de l'argent. La Soderiz
devait se mettre face au riz importé dans une situation de
compétitivité. La Soderiz était un instrument de l'Etat
C'est l'Etat qui faisait le prix, il n'y avait pas d'antinomie.
? Coulibaly Tiorna
Thème abordé : l'encadrement des paysans, l'achat
du paddy.
Entretien réalisé à Korhogo, le 23 Novembre
2010
Caractère de l'entretien : entretien directif
Fonction : Paysan
? Comment l'encadrement se faisait au temps de la Soderiz ?
Les encadreurs suivaient les riziculteurs par rapport à
la méthode culturale privilégiée par la
société. Les techniques culturales étaient le repiquage et
le semi en ligne du riz.
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? Parmi ces techniques laquelle était plus rentable.
L'application de ces techniques n'était pas du tout
facile. On considérait le semi en ligne comme plus profitable. Le semi
en ligne avait un rendement plus élevé. Ce rendement était
deux fois plus rentable que le semis en équipage.
? Comment était organisé les groupements pour
l'encadrement ?
La formation des groupements se faisait par secteur. Un
secteur était composé de plusieurs villages. Nous, on a
apprécié les groupements. Aussi le contrat de culture que les
agents de la Soderiz nous ont conseillé nous a permis de produire plus
de riz et de le vendre.
? Comment se faisait l'achat du paddy ?
Ce sont les encadreurs, assisté de leurs assistants qui
s'en chargeaient. La Soderiz leur donnait l'argent et chaque encadreur
s'occupait de l'achat du paddy du secteur qu'il encadre. Ils pouvaient acheter
plus de 10 millions de paddy par semaine. Quelque fois les femmes Dioula
venaient acheter notre paddy. Parce que, des années la Soderiz
n'achète pas à temps notre paddy. Or nous avons besoin d'argent,
surtout pour les funérailles de nos parents. De ce fait on est
obligé de vendre ce riz aux femmes dioula et aux jeunes qui
achètent sur le compte des libanais.
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