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L'histoire d'une société rizicole en Côte d'Ivoire: le cas de la société de développement de la riziculture ( soderiz ) 1970 - 1977

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par Lassina Songfolo YEO
Université Alassane Ouattara de Bouake - Côte d'Ivoire - Maà®trise d'histoire 2012
  

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Annexe n°13 : Superficie de production de riz en Côte d'Ivoire 1965 - 1976

Années

Surface riz pluvial en hectare

Surface riz irrigué

en hectare

Surface riz

inondé en hectare

Surface totale en hectare

1968

315 600

6 850

4 600

327 050

1969

317 000

8 450

5 250

330 700

1970

229 800

12 000

4 450

246 250

1971

318 000

13 000

5 500

336 500

1972

14 350

295 000

6 020

315 370

1973

16 600

319 400

6 400

342 400

1974

18 000

335 000

6 500

359 500

1975

19 200

373 500

7 300

400 000

1976

20 000

392 500

7 500

420 000

totale

1 268 550

1 755 700

53 520

3 077 770

Sources : Archive de la Soderiz, rapport annuel 1972, 1973, 1976 Archive de la Soderiz, Soderiz 6 ans déjà

Annexe n°14 : Décret n°73-316 du 3 Juillet 1973 fixant les prix d'achats du paddy

155

Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture

Annexe n°15 Décret n°73-316 du 3Juillet 1973 fixant les prix d'achats du paddy

156

Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture

Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture

157

rce : Archive de

Annexe n°16 Décret n°73-316 du 3Juillet 1973 fixant les prix d'achats du paddy

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Annexe n°17 Témoignages oraux réalisés

? Mr N'DRI Brou Benoit

Thème abordé : les raisons de création de la Soderiz, la Politique d'usinage.

Entretien réalisé le 9 décembre 2011 à Abidjan.

Caractère de l'entretien : entretien semi directif

En 1958 avec la création de la Satmaci, l'Etat décide de créer un certains nombre de société pour booster le développement agricole. Les premières opérations riz étaient logées au sein de la Satmaci en 1964. A un moment donner le gouvernement a décidé d'amplifier les actions en faveur de la riziculture. Alors il a décidé de créer la Soderiz. La création de la Soderiz entrait dans le cadre de la promotion de la culture du riz.

? Quelles ont été les raisons de la création de la Soderiz?

La raison de création de la Soderiz était de booster la production du riz. On a aussi les raisons politiques qui étaient d'améliorer les revenus des paysans. Pour le président Houphouët Boigny la création de la Soderiz répondait à un besoin de développement rural. Cela rentrait dans les objectifs de développement économique, social et culturel, qui avait pour axe important le développement avec l'aménagement du territoire.

? Comment était organisé le secteur d'usinage.

On avait divisé le pays en 10 zones, avec dans chaque zone des usines. On avait 5 usines construite du temps de la Satmaci. C'était des usines d'une époque lointaine, dans les années 1967, qui étaient les usines de ce temps là, qui ont été construite à une époque. Je dis en 1971 le litre de super coûtait 65francs aux USA. Le galion, les 4 litres de carburant coûtaient un demi-dollar. C'est-à-dire 125f CFA. L'énergie était moins chère à cette époque.

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Dans les années 1971 ces usines qui avaient pour certaines près de 8 ans d'activités, étaient dépassés. Donc une usine des années 1960 et ses capacités, au bout de 10 ans, les pannes apparaissent, la consommation de ces usines n'est plus la même. Souvent même on ne trouve plus certaines pièces de rechange. Donc notre situation dans l'usinage c'est que Les usines n'avaient plus la performance.

? Pourquoi la Soderiz n'a pas anticipé sur les problèmes d'usinages constaté en 1976.

Mais, on a fait un dossier, une année j'ai dis au directeur, comme je suis Directeur Technique, je pense qu'il faut qu'on pense à mettre en place des usines en augmentant la capacité de production des usines existantes. Il dit mais demander l'argent à l'Etat ce n'est pas possible. J'ai dis non, moi je pense que là ou j'ai étudié on m'a appris a anticipé. Et brusquement on est arrivé à l'autosuffisance en 1975. Du jour au lendemain on avait du riz sur nos mains. Même le remboursement de paddy seulement pouvait faire fonctionner une usine. Les capacités d'usinage ont donc été dépassées, donc rapidement on a fait u dossier. Il était prévu faire 10 nouvelles usines, on n'a pas eu le temps de faire les usines. Plusieurs silos ont été construits dans le pays.

? Mr Ahmed Timité

Thème abordé : Les premières actions de la Soderiz, les activités sociales de la Soderiz La dissolution de la Soderiz.

Entretien réalisé le 13 décembre 2011 à Abidjan Caractère de l'entretien : entretien non directif

Pendant les premières années, précisément 1970-1971, au début la commercialisation du paddy était timide. Les paysans s'étaient plaint à Félix

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Houphouët Boigny, que la Satmaci est partie et que la Soderiz n'achète pas le riz. Catastrophe Félix Houphouët Boigny nous a convoqué et a la suite de l'entretien on a n'a mobilisé 100 millions pour qu'on puisse acheter le riz des paysans. C'est ce qu'on a fait. Cette opération a duré 2 mois. Bien avant, la Soderiz a procédée à la construction de barrages. Les premiers barrages ont été faits au nord. On avait le barrage de Sologo, le barrage de Napié, le barrage de Dekokaha etc. C'est grâce a ces barrages que l'opération rizicole a marché. Il faut saluer le courage de nos braves paysans surtout ceux du nord, qui se sont mis au travail. Les Akans disaient que si tu travailles dans la boue tu deviens impuissant. Il fallait se trouver devant ces chefs de village et de cantons pour expliquer et faire comprendre aux paysans qu'il n'en était rien de tout cela. Comme stratégie mise en place par la Soderiz, il faut retenir que l'ivoirien en général et nos parents du Nord en particulier n'aiment pas les crédits. Or ils voulaient faire de la riziculture. Pour les intrants il fallait voir ce qui se passait. En analysant on s'est aperçu que les parents ne prenaient pas l'engrais, parce qu'ils ne voulaient pas, mais du fait du crédit. C'est là que moi en tant que Directeur de la production de la Soderiz chargé aussi de l'encadrement, j'ai réfléchi et proposé avec Mr ROSSIN, une stratégie. « On n'exporte pas une révolution car les conditions ne sont pas les mêmes ».

Alors nous avons dit aux paysans, s'ils cultivent le riz, s'ils utilisent l'eau et surtout l'engrais, s'ils sarclent bien, ils auront au moins trois (3) tonnes et demie de paddy. Donc ils ont cru. Nous avons pris un pari avec les paysans. On a pris un échantillon, nos paysans sont pauvres. Cette stratégie d'incitation concernait le riz irriguée. La première année tous ceux qui ont pris leurs intrants et engrais ont remboursé par les 350kg de paddy. C'est la deuxième année où on a généralisé dans tout le pays en 1976. Cela a été une réussite totale. Cette stratégie nous permettait de rentrer en possession de nos fonds, même si la moitié des paysans ne remboursaient pas. En 1976, avec cette stratégie, on a couvert tout les besoins des populations Ivoirienne en riz.

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Il y avait tellement de paddy que les magasins ne suffisaient plus on a mis le riz sous bâche. On louait les bâches. Au bout d'un moment j'ai calculé ce qu'on a payé en location de bâche. Ca faisait trois fois le prix des nouvelles bâches de certaines sociétés.

La Soderiz dans sa stratégie a axée sa politique sur le développement rural. La Soderiz a posée des actions de portée sociale. Les premières maisons témoins ont été faites à Natio-Kobadara, quant on quitte Korhogo sur la route juste à la sortie de la route à 20 mètre sur la gauche. Ces maisons étaient financées par la KFW. En 1972 il y a eu une dévaluation du Deutchmark. Cela a permis de donner un reliquat, nous même à la Soderiz, avons construit un barrage. C'est le barrage de Nombolo, premier barrage rizicole en Côte d'Ivoire. Si la réalisation de ce barrage avec les maigres moyens, a épaté tout le monde. L'argent a suffi au grand étonnement des allemands. Cet encouragement, ce sérieux et cette chance, sous le guide de Monsieur STIMER, nous a permis de demander d'autres fonds. Les actions sociales de la Soderiz rentraient dans le cadre du développement rural. Le gouvernement avait demandé a la Soderiz de participer a la modernisation de l'agriculture notamment celui du secteur rizicole. Il a été demandé à la Soderiz d'installer des agriculteurs Modernes au Yabra, à San Pedro et à Korhogo etc.

La Soderiz était dirigée par un groupe d'amis, tous sortis de l'école du génie rural de Paris. Ils étaient passionnés du travail. Ils ont cru qu'on leur avait demandé de produire du riz. Alors ils se sont mis à produire du riz. C'est cela leur seule faute. Ils ont produit au détriment de l'usinage et de la commercialisation. Or on leur avait demandé peut être de faire semblant de produire du riz. Dans les systèmes actuels, quand vous abordez, quelque soit la filière, vous devez traiter globalement le système de production. Si un des segments du système de production vous échappe, votre système ne marchera

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pas. Tous les segments sont liés. La solidité de la chaîne dépend du maillon le plus faible. La Soderiz ne maîtrisait pas la commercialisation, car cela dépendait d'une autre structure. On ne peut pas parler de la Soderiz sans parler des politiques de développement du gouvernement. C'est l'Etat qui dirige la politique du pays. C'est lui qui ne l'a pas fait. Voilà pourquoi la Soderiz a été dissoute. Il existe trois dimensions à ce sujet : une dimension économique et une dimension politique et humaine.

A partir de 1976-1977, la Soderiz devenait un gouffre financier que le gouvernement n'arrivait plus à supporter. Il y avait aussi l'inconséquence de la politique de prix du gouvernement, les différentes subventions de riz à la consommation et à l'achat. A un moment, le gouvernement s'est rendu compte que la Soderiz ne pouvait plus garantir la paix sociale. La Soderiz était un instrument de l'aspect socio-économique du pays. L'aspect humain de la dissolution était le fait que les ivoiriens notamment les travailleurs n'étaient pas contents de la Soderiz et de son Directeur. Je pense qu'il y a eu des erreurs dans certaines appréciations. Monsieur Oulaï, le directeur général a mal géré les ressources humaines. Les agents de la Soderiz étaient mal payés et n'avaient pas d'indemnités. Le directeur général Mr Jean Oulaï lui-même se payait à 350.000 FCFA quand ses amis directeurs étaient payés à 1.000.000 FCFA. Parce que les blancs lui avaient fichu ça dans la tête. Je ne sais pas, il voulait épater le ministre ou le président, je n'en sais rien. Personne ne comprend rien. Ensuite, il y a eu un fauteuil blanc. Il parait que quelqu'un a téléphoné pour dire à Oulaï que ce n'est pas possible tu payes mal les ingénieurs ivoiriens alors que les blancs sont payés à 2.000.000 FCFA. Je ne sais pas, il a répondu qu'il préfère payer des compétents à 2.000.000 FCFA qu'un incompétent. La nuit les gens ce sont téléphonés qu'ils vont marcher sur la Soderiz. Cette marche devrait être conduite par Samba Coulibaly. Apprenant la nouvelle, le président Félix Houphouët Boigny a appelé le ministre Sawadogo de faire tout possible d'éloigner Oulaï de la Côte d'Ivoire au plutôt le matin. Le matin, il est parti pour le Nigeria où il a

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fait un bout de temps. Il a dit que les ingénieurs ivoiriens sont incompétents, c'est là les gens ont dit qu'ils marchent sur la Soderiz soit ils cassent la Soderiz ou bien Houphouët Boigny remplace Oulaï.

La troisième dimension, c'est l'aspect politique. En 1977, les gens sont arrêtés et ont déclaré que la Soderiz était mal gérée. Juillet 1977, le ministre de l'agriculture monsieur Sawadogo Abdoulaye a été remplacé par Mr Denis Bra Kanon qui dans sa première communication en conseil des ministres a dit que la Soderiz était mal gérée. Il n'a jamais voulu qu'on lui retire l'opération riz de la Satmaci. Il en a profité de se venger en dissolvant la Soderiz.

Mr Bra Kanon a été ancien directeur de la Satmaci. Il faut retenir qu'au sein de la Soderiz elle-même, ça n'allait pas. Autant les agents avaient commencé à écrire au président Félix Houphouët Boigny pour accuser Oulaï de vol. Le président a décidé de régler ça à sa manière. Certainement il y a d'autres choses qui m'échappent. Ces faits là, je les connais. Il faut aussi dire que, comme tous les directeurs généraux s'attendaient tous à être nommés ministre, ils se créaient entre eux les compétitions. Oulaï croyait qu'il allait être nommé ministre, Mangoua Lucien qui était au BNETD pensait qu'il serait nommé ministre, Bra Kanon attendait ça depuis longtemps et bien d'autres que je ne citerai pas. Tout cela a rejailli sur la Soderiz. Je veux dire que la dissolution de la Soderiz n'a pas surpris les personnes avertis. Les gens ont pris ça comme une sanction de passage. Vous savez un politicien à des objectifs et des contraintes. Je dirai des stratégies et une méthodologie. Mais je dis que chacun doit comprendre quelque chose de très pertinente et même de très prudente. L'autorité prend les décisions qui lui règlent le problème pour un temps. Faute de quoi la pagaille s'installe. Le président Félix Houphouët Boigny disait qu'il préfère l'injustice à la pagaille. Parce que quand la pagaille s'installe on ne peut rien faire, or l'injustice, on peut corriger ça après.

La Côte d'Ivoire est le seul pays en Afrique de l'ouest qui peut atteindre l'autosuffisance alimentaire. C'est une étude de la FAO et de la banque mondiale qui l'a démontrée. Voyagez un peu dans le pays, il y a du riz partout, ça veut dire que ce qui a été semé continu de germer.

? Mr Hema Namboin Augustin

Thème abordé : la politique des prix et les difficultés liées à la sacherie. Les rapports de la banque mondiale et la SODERIZ.

Entretien réalisé 28 Août 2011 à Abidjan Cocody Riviera. Caractère de l'entretien : entretien directif

La Côte d'Ivoire a hérité du capitalisme d'Etat, système économique instauré par la France. Cette politique économique a eu un différentiel négatif sur le prix du riz. Quand on produit 1 kg de riz qui coûte 100 francs, on perd 40 francs, parce que le riz qui vient de l'extérieur, le riz importé, est vendu à 60 f alors que le riz était écoulé sur le même marché. C'est ce qui a provoqué les problèmes de stockage car le riz trainait dans les usines. Aussi, on avait le phénomène de rixe et le facteur social. Chaque fois qu'il y avait des flambés de prix sur le marché, le gouvernement prenait des mesures pour avoir des stocks de sécurité. C'était le rôle de la caisse générale de péréquation et des prix (CGPP). Ces stocks de sécurité coûtaient de l'argent à l'Etat pour le stockage et en l'écoutant cela pèse sur la production locale et par ricochet sur la Soderiz. Voilà pourquoi il y a eu des problèmes. Les gens du gouvernement étaient de bonne foi, mais ils ont été dépassés par les évènements. Même en 1964, avec la Satmaci on a eu le même changement de phénomène de prix sur le marché. A chaque fois que les stocks ont été privilégiés que l'offre locale, on a eu des problèmes.

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? A quoi répondait l'augmentation du prix du paddy en 1974 ?

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Le prix se forme par rapport à tout le travail qui rentre en jeux. En plus si le paysan n'est pas intéressé, il ne fait pas. Moi je m'occupe des paysans et j'intéresse le paysan pour qu'il produise plus de riz. Pour ne plus que je dépende de l'extérieur ou les prix sont plus volatiles. Mais bon disait montrer moi un pays au monde où on paye le paddy si peu moins cher que la Côte d'Ivoire. Nous sommes maudits ou nous nous foutons de nos paysans. C'est en fonction de la journée de travail du paysan et de l'intrant que je valorisais et ça donnait un prix au kilo du paddy, qui permettait aux paysans de payer ses engrais, de payer tout et de gagner aussi. Nulle ne commercialise ce qui ne lui rapporte pas. Il faut qu'on paye les produits à la valeur. Que l'Etat gagne un peu dessus, c'est normal mais que le paysan gagne plus. Sinon le prix du paddy à l'époque par rapport au Sénégal, au Mali où on payait à 30 francs, nous payait à 75francs. Mais c'est cela. Ce n'était pas pour attirer le paddy dans les magasins Soderiz. Le paysan en gagnant, peut s'acheter des produits manufacturés, du pétrole qu'il n'a pas. Alors pourquoi le paysan doit être privé de certaines choses. L'une des préoccupations du président Félix Houphouët Boigny était l'augmentation des revenus des paysans.

Cette augmentation répondait aussi à un besoin, celui du développement rural. Avec la flambée du prix du riz sur le marché mondial, il fallait créer les conditions pour que le riz soit attractif. L'un des paramètres de l'attractivité est le prix. Des Etudes ont été mené pour inciter les paysans à la production. Cela a été l'un des facteurs d'attractivité des paysans.

? Y a-t-il eu un problème de sacherie au sein de la Soderiz ?

Oui, il y a eu des problèmes de sacherie. C'est vrai, c'est des estimations qu'on fait, quand l'argent n'est pas suffisant. On achète tout serré. Quand tu dis à quelqu'un que je vais produire 1.500.000 tonnes de riz et qu'au bout de l'année, tu produis 13.000.000 de tonnes et que tu avais commandé que juste

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pour 1.000.000. Tu vois y a un écart. Le problème de la sacherie s'est posé et était à deux volets :

- D'abord il y a la production qu'on achète le paddy n'a pas besoin de sac de qualité. Jusque pour pouvoir l'amener à l'usine. Mais il ne faut pas non plus prendre des sacs avec la poussière. Pour la collecte du paddy on prend la sacherie de deuxièmes mains dans les magasins « bana bana ». l'achat de ces sacs, si tu ne l'organise pas, ça devient un problème.

- Ensuite pour la sacherie finale, on commande avec une grande marge. La sacherie pour le riz étaient fabriquée par les sociétés FILTISAC et FIBAKO. Elles n'en fabriquaient en quantités industrielles. Elles fabriquaient pour rentrer dans leur sous. A certains moments, quand les sacs manquent, les gens se plaignent. Sinon nous devrions nous occuper que de la sacherie du riz blanchi. Nous étions occupés par l'usinage, souvent la sacherie ne couvrait pas.

? En 1974, pourquoi la banque mondiale a refusé de soutenir la Soderiz ?

A l'époque, la banque mondiale imposait aux pays les crises d'amaigrissement. Elles n'ont pas fait du bien à nos pays respectifs. C'est dans cette conjoncture que la banque mondiale posait trop de conditions. Elle avait déjà foutu en l'air les sociétés rizicoles d'ailleurs a commencé par le Niger avec l'office du Niger. Les gens les ont repoussé à prendre des décisions inadéquates. La banque mondiale même reconnaît. Aujourd'hui, ces politiques qui ont été imposées avec le FMI et la banque mondiale ont fait assez de mal aux pays en voie de développement. C'est sur ça qu'on n'est pas tombé d'accord. C'est pourquoi le président Félix Houphouët Boigny a refusé leur conditions. Et avec 9 Milliards de la coopération française, on a relancé les investissements. La banque mondiale voulait que la Soderiz augmente le prix du riz à la consommation des ivoiriens. Le

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président Houphouët a dit qu'il n'augmentait pas. C'était pour déstabiliser le

pays.

? Mr YAO Gérard

Thème abordé : La pénurie de riz dans les centres urbains, les groupes d'importateurs, les actions du Président Houphouët.

Entretien réalisé à Marcory le 14 octobre 2010 Caractère de l'entretien : entretien directif

? Y'a-t-il eu un problème d'approvisionnement des centres urbains en riz?

C'est à partir de 1977 qu'on eu ce genre de phénomène. Ce que tout le monde ignore, le commerce mondial du riz porte sur 5% de la production mondiale du riz. Les centres où on produit, ce sont les centres où on consomme le plus du riz. Or la production mondiale du riz est liée à la mousson. Les zones qui produisent sont les pays asiatiques. Si la mousson entraine 15 jours de retard, les 15 jours % sont laminés. S'il ya des stocks géants on puise là dedans. Mais à partir de 1976, ceux qui avaient les stocks ont freinés, donc, le riz manquait sur les marchés occasionnant une pénurie de riz. Pour la petite histoire, un bateau chargé de riz en direction de la Côte d'ivoire a été chipe au niveau du Ghana. Ils ont déchargé et le bateau est reparti pour charger. Aussi, un jour revenant de Yamoussoukro par voiture, il a trouvé une longue queue devant des magasins. Il a cru que c'était un tournage de film. Il a demandé à Ouégnin. Qu'es ce qu'il se passe. Il lui répondit que président c'est le riz qui manque. Pendant ce temps nous, on ne pouvait rien faire, car c'est pas nous qui importons. Il faut dire que les importateurs étaient dans le circuit du riz. A un moment leur position nous arrangeait, à un moment notre situation ne les arrangeait plus, puisqu'ils ne

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pouvaient plus importer. Cela a été le cas en 1974 avec l'augmentation de la production du riz local.

? Quels étaient les différents groupes d'importations

Monsieur MASSIEYE, président de la chambre de commerce était lui-même importateur a titre personnel. Il faisait parti du groupe MASSIEYE et FERRAS. C'était de grandes boutiques de la place telle que CFCI, CFAO, SCOA, Massieyé FERRAS.

? Quelles ont été les actions posées par le Président Félix Houphouët Boigny pour la riziculture ?

Le Président Houphouët était un homme exceptionnel. Il s'est inspiré de l'agriculture pour développer son pays. Alors dans la mesure où le pays s'urbanisait, il fallait répondre à la demande. Lui-même à donné l'exemple pour la culture du riz, puisqu'il avait lui-même ses champs de riz à Yamoussoukro. En partant a la basilique tout le bas fond qui est là jusque là où il y'a les cocotiers l'appartenait. Sa rizerie était d'une quarantaine d'hectares.

? Cissé Mamadou

Thème abordé : Les circuits parallèles, Le prix du paddy. Entretien réalisé à Abobo le 29 Septembre 2011.

Caractère de l'entretien : entretien non directif

Fonction : Commerçant de riz Paddy.

Il existait de bonne relation. La Soderiz, elle seule ne pouvait pas tout couvrir. Le paddy qu'on achetait était décortiqué, nos femmes vendaient une partie au marché. Le riz que Soderiz produisait fatiguait les femmes,

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lorsqu'elles préparaient. Ce riz à la cuisson quand ça se refroidit, lâche l'eau. Donc nos parents n'aimaient pas le riz de la Soderiz.

Souvent on achète, le paddy avec les paysans. Après décorticage on vend le riz dans tout le pays et même hors des frontières ivoiriennes. En période de pénurie, les commerçants libanais entrent dans le circuit de la vente du riz. Les libanais achètent à Abidjan du riz d'importation à raison de 50 francs le kilo. Nous, on rachète ce riz à 55 francs le kilo et nous le revendons dans les villages et les villes à 60 francs.

Les libanais restaient toujours dans les magasins et ne se déplaçaient pas en brousse. Pour vendre ce riz d'importation. Pour le paddy, ils envoyaient des pisteurs pour acheter le paddy avec les paysans.

? Diallo Roger

Thème abordé : La commercialisation du riz, les rapports entre la chambre de commerce, la CGPP et la Soderiz.

Entretien réalisé le 29 Septembre 2011 à Abidjan Marcory.

Caractère de l'entretien : entretien directif

Fonction : Agent au service financier de la Soderiz

? La Côte d'Ivoire à t-elle atteint l'auto suffisance en riz avec le Soderiz ?

En 1975 avec l'augmentation de la production locale, le pays atteint l'auto-suffisante alimentaire. C'est dans ce cadre que le pays a exporté plus de 200 tonnes de riz de luxe sur le Zaïre. En 1976, le pays a secouru le Mali, le Sénégal et le Gabon. Cet acte a été posé par Félix Houphouët Boigny, qui a payé et mis le riz dans le bateau en direction de ces pays. On avait couvert tous les besoins du pays en riz.

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A la vérité quand on a fait l'auto suffisance en riz, ceux qui vivaient des importations se trouvaient au chômage. Donc les gens ont convaincu le président Félix Houphouët Boigny que comme on a atteint l'autosuffisance, ce n'était plus la peine. Or nous demandions qu'on nous donne 2 milliards tous les ans pour maintenir l'autosuffisance, faire le minimum d'investissement pour tenir compte de l'augmentation de la population.

Malheureusement le 17 Octobre 1977 après la formation du gouvernement du 20 Juillet 1977, on a classé le ministre Henry Konan Bédié, ministre de l'économie et des finances, Mohamed Diawara, ministre du plan et du développement et Sawadogo Abdoulaye ministre de l'agriculture du gouvernement, on a dissout la Soderiz, c'est la société Soderiz qui produisait et commercialisait le riz. Elle le mettait à la disposition de la CGPP qui vendait le riz aux commerçants. La chambre de commerce était représentée au conseil d'Administration de la Soderiz par Maurice Delafosse.

? Quel rapport existait - elle entre la Soderiz et la Caisse Générale Péréquation et Prix ?

Nous, notre rapport à nous c'était avec la CGPP, car c'est elle qui vendait notre riz. Elle ne s'occupait que du riz. La péréquation veut dire que dans le lot il y'a des secteurs fragiles. Donc les secteurs qui produisaient le surplus on prend pour fermer ce trou. L'Etat trouve les moyens pour stabiliser .Pour que la péréquation joue, c'est la CGPP qui gère cela. Monsieur Sidia Touré actuellement opposant Guinéen, a été le directeur de la CGPP jusqu'à sa dissolution en 1994.

? Quel était le rôle de la Chambre de Commerce ?

Le rôle de la chambre de commerce consulaire qui gère la politique globale, elle conseille l'Etat, elle surveille et enregistre. On lui a concédé certaines choses. C'est le surveillant pour le compte de l'Etat en matière de riz importé.

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Dans la commercialisation, il ya la mise à disposition du riz. En Aval de l'usine, il y'a des grossistes partenaires de la distribution. La structure qui était chargée de la distribution du riz était la CGPP. Le partenaire opérationnel de CGPP était la chambre de commerce. Théoriquement les grossistes font partie de la chambre de commerce. Il y'avait deux volets : La péréquation sur le transport et la péréquation sur le prix.

C'est une mutualisation des prix au niveau national tel que l'ivoirien qui est à Korhogo achète le riz au même prix que l'ivoirien qui est à Abidjan. C'est une structure qui trouvait la solution financière.

? Existait-elle une concurrence entre la Soderiz et la chambre de

commerce ?

Il n'existait pas de concurrence, c'est le gouvernement qui détermine la politique du riz. Le secteur privé était inclus dans la politique, il importait pour gagner de l'argent. La Soderiz devait se mettre face au riz importé dans une situation de compétitivité. La Soderiz était un instrument de l'Etat C'est l'Etat qui faisait le prix, il n'y avait pas d'antinomie.

? Coulibaly Tiorna

Thème abordé : l'encadrement des paysans, l'achat du paddy.

Entretien réalisé à Korhogo, le 23 Novembre 2010

Caractère de l'entretien : entretien directif

Fonction : Paysan

? Comment l'encadrement se faisait au temps de la Soderiz ?

Les encadreurs suivaient les riziculteurs par rapport à la méthode culturale privilégiée par la société. Les techniques culturales étaient le repiquage et le semi en ligne du riz.

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? Parmi ces techniques laquelle était plus rentable.

L'application de ces techniques n'était pas du tout facile. On considérait le semi en ligne comme plus profitable. Le semi en ligne avait un rendement plus élevé. Ce rendement était deux fois plus rentable que le semis en équipage.

? Comment était organisé les groupements pour l'encadrement ?

La formation des groupements se faisait par secteur. Un secteur était composé de plusieurs villages. Nous, on a apprécié les groupements. Aussi le contrat de culture que les agents de la Soderiz nous ont conseillé nous a permis de produire plus de riz et de le vendre.

? Comment se faisait l'achat du paddy ?

Ce sont les encadreurs, assisté de leurs assistants qui s'en chargeaient. La Soderiz leur donnait l'argent et chaque encadreur s'occupait de l'achat du paddy du secteur qu'il encadre. Ils pouvaient acheter plus de 10 millions de paddy par semaine. Quelque fois les femmes Dioula venaient acheter notre paddy. Parce que, des années la Soderiz n'achète pas à temps notre paddy. Or nous avons besoin d'argent, surtout pour les funérailles de nos parents. De ce fait on est obligé de vendre ce riz aux femmes dioula et aux jeunes qui achètent sur le compte des libanais.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery