II- ETAT DE LA QUESTION
La filière riz en Côte d'Ivoire, a fait l'objet
de plusieurs études. Ouvrages et articles de revues
abondent5. Cependant, concernant la Soderiz, cette institution n'a
pas fait l'objet d'une étude spécifique assez poussée.
Cependant dans le cadre de cette étude nous avons eu recours a des
ouvrages qui sans être spécialisés font
référence sur certains points à la Soderiz.
4 I, N'DABALISHYE : 1995, Agriculture
vivrière ouest Africaine : cas de la Côte d'Ivoire,
monographie, Bouaké Idessa, p 56
5 Ces différents articles de revues et ouvrages
ont été écrites par des Historiens, des Sociologues, des
Economistes des Géographes, des Botanistes et des Agronomes (cf.
bibliographie).
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A ce titre nous pouvons citer le mémoire de fin de
cycle de Koffi Kouassi6 dans lequel il fait une analyse approfondie
sur les projets réalisés par la Soderiz. Ce document nous expose
l'exécution du projet Yabra, une expérience tentée par la
Soderiz afin de motiver les jeunes à pratiquer la riziculture. Dans ce
travail de recherche l'auteur fait la lumière sur les aspects techniques
de l'exécution du programme Soderiz. Il évoque dans ce sens la
mise en valeur des espaces pour la riziculture. Il présente dans ce
même ordre d'idée, l'aspect social du programme Soderiz à
travers l'installation des jeunes paysans modernes dans les villages Soderiz et
aussi la promotion du paysan avec un revenu élevé. Mais aucun
lien n'est établi entre ces aspects techniques, sociaux et la
transformation du paddy par la Soderiz.
Dans le cadre du volet socio économique de l'action de
la Soderiz nous pouvons citer l'étude de Jean Pierre Dozon «
Impasses et contradictions d'une société de
développement : exemple de l'opération riziculture
irriguée en côte d'ivoire »7. Dans cette
étude, il met l'accent sur la création de nouveaux milieux
sociaux ruraux et les rapports sociologiques créés lors de
l'exécution du programme Soderiz. Il montre le
désintéressement des populations autochtones détenteurs
originelles du patrimoine foncier, notamment les bas fonds, à participer
à la riziculture. Et cela contrairement au allochtones qui
étaient disposés à mettre en valeur les bas fonds
aménagés par la Soderiz. Cette situation de l'indifférence
autochtone posait un problème de distribution massive de parcelle
rizicole qui conduisait immanquablement à de futurs conflits entre les
groupes. En un mot les rapports sociaux créés entre allochtone et
autochtone lors de l'exécution du programme Soderiz, dans le centre
ouest ivoirien constituent la préoccupation majeure de cet auteur.
Malheureusement il ne produit aucune série statistique concernant la
production rizicole de la
6 K, KOFFI : 1977, Installation des jeunes
paysans modernes dans le projet Yabra, mémoire de fin de cycle de
l'INSET, 48p
7 J, P DOZON : 1979, « Impasses et
contradictions d'une société de développement : l'exemple
de l'opération riziculture irriguée en Côte d'Ivoire
» cahiers ORSTOM, série sciences Humaines, volume 16,
n°1- 2, p 37 - 58
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Soderiz. En plus de cet article de Jean Pierre Dozon, notre
choix s'est porté également sur (R D) Hirsch, qui dans son
étude « le riz et les politiques rizicoles en Côte
d'Ivoire 1960-1993 » 8, fait un bilan plus complet sur la
politique rizicole adoptée par la Côte d'Ivoire depuis son
accession à l'indépendance. Il met à nu les
incohérences de la politique rizicole de l'Etat et ouvre une perspective
pour les années à venir d'une libéralisation de la
filière. Il analyse la gestion des sociétés qui ont eu
à intervenir dans la filière riz notamment la Soderiz depuis 1960
à 1993. Son document comporte plusieurs tableaux, d'analyses,
d'interprétations pertinente. Mais il parait trop sévère
dans ses critiques ou du moins partisan. Quant à Kanvaly Diomandé
dans son article, « Dévaluation et auto suffisance alimentaire
: Le cas de la filière riz en Côte d'Ivoire
»9, il relate l'impact de la dévaluation sur la
politique rizicole ivoirienne. Il révèle que la Côte
d'Ivoire a connu trois phases de politique rizicole. De 1960 à 1970 avec
la Satmaci, de 1970 à 1977 avec la Soderiz et la période
après la Soderiz. Cet article ne mentionne ni la politique rizicole
coloniale ni la commercialisation du riz, produit par la Soderiz ; encore moins
l'évolution de la production du paddy.
Concernant la transformation et la commercialisation du riz de
la Soderiz, nous avons eu recours à Dominique Harre10. Elle
met en lumière à travers sa thèse la méthode de
transformation du riz par la Soderiz à travers les différentes
rizeries mises en place. Elle fait mention dans son étude de la
politique d'importation et l'organisation de la collecte du paddy dans le pays.
Quand à Yayat D'Alepé Hubert dans son étude, «
L'économie coloniale de transition de la Côte d'Ivoire, de
1893 à 1919 »11, il consacre un chapitre à
la question du riz
8 R.D HIRSCH : 1993, le riz et les politiques
rizicoles en Côte d'Ivoire 1960- 1993, Paris, caisse
française de développement, p 72
9K, DIOMANDE : 1995, Dévaluation et auto
suffisance alimentaire : Le cas de la filière riz en Côte
d'Ivoire, extrait d'Afrika Spectrum n°32, CIRES, 77p.
10 D, HARRE : 1987, le système de
commercialisation de riz en Côte d'Ivoire: le marché interne des
produits agricoles support de la politique alimentaire, Thèse de
Doctorat de 3è cycle, Paris I, 356p
11 Hubert Yayat D'ALEPE : 1973, Economie coloniale
de transition de la Côte d'Ivoire, de 1893 à 1919,
Thèse de Doctorat de 3e cycle, Paris, Université de
Paris VII, 557 p
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pendant la colonisation. Il révèle ainsi que la
culture du riz dans cette colonie a été diversifiée
à partir de 1908. Le riz était commercialisé dans la
colonie et le surplus était exporté vers la France. Le riz
servait à nourrir les employés sur les chantiers de construction
de la voie ferrée. Cette thèse montre que pendant l'ère
coloniale, le riz demeurait une préoccupation du pouvoir colonial. Ce
travail est bien de la période coloniale et ne concerne en aucun cas, la
période 1970 ni n'aborde le sujet de la Soderiz. Brindoumi Atta
Kouamé Jacob, dans son Mémoire de Maitrise « La
production et le commerce des céréales de la Côte d'Ivoire
de 1963 à 1995 », traite en général les
céréales de la production à la
commercialisation12. Ce document de 230 pages est divisé en
trois parties. La première partie expose les facteurs de
développement de la production et de la commercialisation. Brindoumi
Atta Kouamé Jacob présente ensuite les grandes zones de
production céréalières et les étapes franchies par
cette filière entre 1963 et 1995. Dans la seconde partie, il
étudie en profondeur le mode de commercialisation des
céréales dans le pays. Du commerce extérieur des
céréales à la commercialisation locale, il aborde la
question des prix en insistant sur l'évolution de ceux-ci et les acteurs
intervenant dans l'organisation de ce commerce. La troisième partie de
son étude porte sur l'impact socio économique de la
filière céréalière, sur les acteurs avant de
montrer les bouleversements sociaux engendrés par cette activité.
Cette étude est riche en information et nous fournit des tableaux et des
cartes bien commentés. Mais elle reste étendue à toutes
les céréales et ne traite spécifiquement du riz encore
moins la Soderiz. D'où la généralisation des informations.
Quant à Louis Berger, dans son rapport sur « la filière
riz »13, il fait une analyse complète et
générale de la filière riz en Côte d'Ivoire, de la
production à la commercialisation. Il met un accent sur les atouts et
les contraintes de la riziculture en faisant une perspective pour le
développement de cette culture. Dans cet ouvrage, il consacre une partie
à
12 A K J, BRINDOUMI : 2003, La production et le
commerce des céréales de la Côte d'Ivoire de 1963 à
1995, Mémoire de Maitrise Histoire, Université de
Bouaké, 230p
13 L, BERGER : 1988, Rapport final Etude de la
filière riz, Abidjan, 194p
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l'étude économique de la filière riz en
insistant sur la transformation du riz dans les rizeries. De tout ce qui
précède l'étude de Louis Berger est d'une grande
importance, mais elle est limitée dans le temps, dans la mesure
où cette étude est beaucoup axée sur la période
après la Soderiz, et n'étudie pas spécialement la
Soderiz.
Au niveau du type de culture de riz et de l'espace
privilégié pour cette culture, Nous avons eu recours au
mémoire de maitrise d'Aude Meunier « La riziculture
irriguée dans la zone dense de Korhogo (Nord de la Côte d'Ivoire)
»14. Elle explique que la Soderiz avait
opté pour un type de riziculture celle de la riziculture
irriguée. Elle fait une analyse sur les avantages et l'impact de la
riziculture irriguée sur le développement pendant la
période Soderiz. Dans la même perspective N'Dabalishye, dans son
ouvrage « Agriculture vivrière ouest Africaine à travers
le cas de la Côte d'Ivoire » 15, met l'accent
particulier sur le milieu physique privilégié par la Soderiz pour
la réalisation de sa mission. Il nous informe que les dépressions
humides sont très propices à la riziculture irriguée,
espaces privilégié par la Soderiz pour son programme rizicole.
Mais l'historique de la Soderiz ne figure nulle part dans ces
différentes analyses. Toutes ces insuffisances observées dans ces
différents articles et ouvrages, nous ont amené à pencher
notre analyse sur des aspects non encore élucidé pour aborder
dans le temps la question relative à la Soderiz et à la
production du riz.
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