UNIVERSITE DE BOUAKE
ANNEE ACADEMIQUE
2011-2012
UFR : COMMUNICATION
MILIEU ET SOCIETE
DEPARTEMENT D'HISTOIRE
L'HISTOIRE D'UNE SOCIETE RIZICOLE
EN COTE D'IVOIRE :
LE CAS DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEME
DE LA RIZICULTURE (SODERIZ)
1970 - 1977
SOUS LA DIRECTION DE
:
Dr Tanoh Raphael BEKOIN
Maitre -
Assistant
PRESENTE PAR:
YEO Lassina Songfolo
Etudiant
1
2
L'HISTOIRE D'UNE SOCIETE RIZICO
EN COTE D'IVOIRE
:
LE CAS DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEM
DE LA RIZICULTURE (SODERIZ)
1970 - 19
3
Dédicace
4
A mon père YEO Adama et à ma mère COULIBALY
Tenin
5
REMERCIEMENTS
Ce mémoire est le fruit de plusieurs mois
d'investigation. Nous tenons à nous incliner, pour chaleureusement
rendre gloire à DIEU qui dans son infini sagesse et miséricorde,
nous a accordé la santé, le maintient physique et moral durant
tout ce travail.
Ce travail n'aurait jamais pu aboutir, sans les apports
extérieurs. Nous avons eu besoin de la contribution de plusieurs
personnes, dont il serait difficile d'énumérer. Néanmoins
nous voudrions exprimer notre gratitude au Docteur BEKOIN Tanoh Raphaël
qui n'a toujours ménagé aucun effort pour nous entendre et nous
prodiguer de très utiles conseils et critiques, qui ont
été déterminant dans l'achèvement de ce travail.
Veuillez recevoir ici cher Maître nos remerciements les plus pressants et
les plus sincères.
Nous n'oublierons pas de rendre un vibrant hommage au
professeur Jean Michel Egue LATTE, le Directeur Scientifique pour ses actions
au sein du département d'Histoire, au Docteur BRINDOUMI Atta
Kouamé Jacob et a tous les enseignants du Département d'Histoire
sans oublier le Docteur AGOH Florentine qui a guidé nos premiers pas
dans la recherche.
Aussi, il faut ajouter la contribution des agents des archives
nationales de Côte d'Ivoire, de l'IRD, de la Chambre de l'agriculture, du
CERAP et de l'ONDR notamment celle de Monsieur Asseu Mathias pour leur
disponibilité et leur parole encourageante. Tout le long de
l'élaboration de ce mémoire nous avons bien entendu
bénéficié des prières, du soutien moral et
financier de nos parents. Toutefois l'aide et les encouragements de nos amis
particulièrement ceux de Mademoiselle OUATTARA Yah Fatim et de TUO
Siriki ont été capitales.
En définitive tous ceux qui ont porté d'une
manière ou d'une autre, la part du fardeau de la réalisation de
ce travail en reçoivent la grâce et nos remerciements.
SOMMAIRE
|
|
INTRODUCTION GENERALE
4
|
|
PREMIERE PARTIE : NAISSANCE D'UNE
SOCIETE RIZICOLE : DE LA PERIODE COLONIALE A
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1974
|
21
|
CHAPITRE I : LES ETAPES DE LA CREATION
DE LA SODERIZ
21
|
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I-
|
LA POLITIQUE RIZICOLE AVANT 1970
|
23
|
II-
|
L'ACTION PARTICULIERE DU PRESIDENT FELIX HOUPHOUËT BOIGNY
EN FAVEUR DE
|
|
LA RIZICULTURE
|
33
|
III-
|
LES RAISONS DE CREATION DE LA SODERIZ
|
38
|
|
CHAPITRE II : LA CREATION DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEMENT
ET SES PREMIERES
ACTIONS 1970 - 1974 45
I- FORME ET FONCTIONNEMENT DE LA SODERIZ 45
II- LES MISSIONS DE LA SODERIZ 49
III- LES DEBUTS D'INTERVENTION DE LA SODERIZ 53
DEUXIEME PARTIE : INITIATIVES ET IMPACT
DE L'ACTION DE LASODERIZ 1972 - 1974 64
CHAPITRE III : LES INITIATIVES AMBITIEUSES DE LA SODERIZ
POUR LA PRODUCTION ET LA
COMMERCIALISATION DU RIZ ....66
I- LA POLITIQUE DE PRODUCTION DU PADDY 66
II- L'USINAGE DU PADDY 74
III- MISE EN PLACE DES STRUCTURES POUR LA COMMERCIALISATION ET
LA
DISTRIBUTION DU RIZ 81
CHAPITRE IV : L'IMPACT SOCIO ECONOMIQUE
DE LA SODERIZ 88
I- LES RETOMBEES SOCIALES DES ACTIONS DE LA SODERIZ 88
II- L'IMPACT ECONOMIQUE DES ACTIONS DE LA SODERIZ 93
III- LA CÔTE D'IVOIRE AUTO SUFFISANTE EN RIZ 1974 -1976
97
TROISIEME PARTIE : DES DIFFICULTES DE
FONCTIONNEMENT AU
DECLIN DE L'INSTITUTION 1976 - 1977 102
CHAPITRE V : LA FAILLITE DU SECTEUR
INDUSTRIEL 104
I- LA POLITIQUE DES PRIX NON MAITRISEE 104
II- LA MAUVAISE POLITIQUE D'USINAGE 108
III- DYSFONCTIONNEMENT LIE AU STOCKAGE 112
CHAPITRE VI : LA DEFAILLANCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION
ET L'ACTION DE
L'ETAT
|
...117
|
I- UN CIRCUIT PARALLELE, PUISSANT CONCURRENT DE LA SODERIZ
|
117
|
II- LA DEFAILLANCE DU CIRCUIT DE DISTRIBUTION OFFICIEL
|
123
|
III- LE DECLIN DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEMENT
|
127
|
|
CONCLUSION GENERALE
|
131
|
|
6
|
INTRODUCTION GENERALE
7
8
I-JUSTIFICATION ET INTERET DU SUJET
1- Réflexion générale
L'histoire économique de la Côte d'Ivoire
constitue un vaste champ d'étude qui mérite d'être
permanemment exploré. En effet, les activités économiques
ont toujours eu pour but de satisfaire les besoins vitaux de l'homme. Or, avec
l'agriculture, l'homme assure sa survie quotidienne en exprimant le besoin de
pratiquer toutes sortes de cultures notamment les cultures vivrières que
sont les tubercules, les légumes et les céréales
particulièrement le riz.
La Côte d'Ivoire est généralement
présentée comme un grand pays agricole, regorgeant
d'énormes potentialités agricoles. En montrant la volonté
manifeste pour l'agriculture en 1960, les autorités Ivoiriennes
voulaient faire d'elle la pierre angulaire du développement
économique du pays. L'accent fut mis sur les cultures d'exportations qui
ont permit au pays de réaliser d'énormes progrès et de
consolider sa place de leader mondial pour le cacao qui représentait
63,2% des valeurs d'exportations pendant cette année soit 2/3 des
exportations du pays1.
Malgré ces résultats spectaculaires, le pays
restait déficitaire sur le plan des vivriers notamment le riz.
D'énormes devises sont pour cela allouées à l'importation
du riz dans la première décennie de l'indépendance. En
1965, un programme rizicole a été lancé
dénommé « opération riz ». L'Etat
investit à cet effet 5 milliards de francs Cfa pour le
développement de la culture du riz. Cette action de l'Etat est
restée sans effet escompté, entrainant une augmentation des
importations et une croissance du taux de consommation du riz importé
à 34% en 19702. Alors, cette dernière composante des
céréales est devenue au bout de
1 S, CONDE : 1981, « Agriculture
d'exportation et agriculture vivrière dans le développement
économique de la Côte d'Ivoire » in Annales de
l'université d'Abidjan, série K, Science Economique, tome IV,
Abidjan, p8
2 S Y, AFFOU : 1990, La relève paysanne en
Côte d'Ivoire, Karthala, Orstom, p 19
9
quelques années, une priorité pour l'Etat de
Côte d'Ivoire, dans le cadre du développement de l'agriculture
vivrière. Cette expérience a permis aux autorités
d'envisager la création d'une société d'encadrement
spécialisée dans la riziculture.
En 1970, l'Etat décide de relancer la culture du riz,
avec la mise en place d'une société d'Etat
spécialisée pour la riziculture. Il fallait donc mettre en place
une société rizicole, qui devait développer la culture du
riz, et au-delà l'agriculture vivrière ivoirienne. Elle devait
aussi encadrer les paysans en leur garantissant de nouvelles méthodes
culturales assorties de techniques de productions. Il importe de souligner que
le développement des cultures vivrières, particulièrement
la riziculture passe par la gestion des ressources, l'organisation de la
production de la transformation, la commercialisation et surtout par la
politique agricole étatique. C'est en ce sens que par le décret
n°70 - 564 du 23 septembre 1970, il est crée une
société d'Etat dénommée, Société pour
le développement de la riziculture avec pour sigle « SODERIZ
» 3.
2- Les motivations du sujet
À travers ce thème nous comptons étudier
un pan de l'histoire économique de notre pays et surtout le passé
de la première société d'Etat en charge de la culture du
riz.
Ce sujet sur l'histoire de la Soderiz est intéressant
car il aborde la politique vivrière notamment la politique rizicole.
Aucun peuple en Côte d'Ivoire n'a de l'aversion pour ce produit qui est
devenu stratégique par son importance pour l'alimentation des
populations. Ce thème retrace dans son entièreté
l'histoire économique de la Côte d'Ivoire en montrant l'importance
du riz dans l'économie agricole. Autrement dit, la place du riz dans la
société Ivoirienne.
3 Journal Officiel de Côte d'Ivoire (JOCI) :
1970, décret portant création de la Soderiz p 1631
10
C'est dans cet intérêt que s'inscrit cette
étude sur l'histoire de la Soderiz 1970 - 1977.
Plusieurs motivations nous ont amené à choisir
ce thème au nombre desquelles on a les motivations subjectives et les
motivations objectives. Comme motivation subjective, il faut retenir que
pendant notre jeune âge, nous avons grandi dans une zone industrielle
où nous avons vu et entendu parler de la société Soderiz
qui a laissé son nom sur les infrastructures construites. On a vu les
locaux et la rizerie délaisser par la Soderiz. Nous n'avons jamais
compris pourquoi cette unité industrielle était fermée.
Ces incompréhensions nous ont amené à interroger nos
parents sur ce que fait cette usine et pourquoi continue ton de l'appeler
Soderiz alors qu'en réalité ce n'était plus le cas. Mais
nos interrogations et notre curiosité furent loin d'être
dissipée. A travers ce thème, nous avons voulu réaliser un
objectif d'enfance à savoir étudier la première
société d'Etat en charge de la culture du riz.
Au delà de ce rêve d'enfant, notre
intérêt pour cette étude est lié à d'autres
motivations.
La crise alimentaire qu'a connut notre pays en 2008, suivie de
l'augmentation du prix du riz, nous a amené à nous interroger sur
les raisons pour lesquelles la Côte d'Ivoire, malgré ses
potentialités agricoles n'arrivait pas à satisfaire la population
en produisant localement le riz. En effet, lorsqu'on parcourt les ouvrages et
documents divers sur la Côte d'Ivoire particulièrement sur
l'agriculture vivrière, l'on s'aperçoit que l'histoire de la
première société rizicole n'est pas connut du monde
même si son nom ne laisse personne indifférente. Telles sont les
motivations objectives.
3- Délimitation du cadre géographique du
sujet
Le champ de notre étude est la Côte d'Ivoire. Ce
pays est par la force de la nature un pays agricole. Il a une économie
essentiellement rurale. La Côte
11
d'Ivoire a une superficie de 322463 Km2, dont plus
de 70% des terres sont arables. Sa pluviométrie est l'une des plus
abondantes de la sous région ouest africaine, avec 1800 mm dans la zone
forestière et 900 mm dans la zone savanicole4. Elle dispose
aussi d'un important réseau hydrographique, dont les principaux sont :
Cavally, Bandama, Comoé, Sassandra.
Au niveau de son climat, il est de type tropical humide
caractérisé par des températures comprises entre 21°
et 32° C au sud et entre 24° et 39° C au centre et au nord. Ses
différents climats sont propices à l'agriculture. Son milieu
naturel est composé en majorité de forêts, de plaines et de
bas fonds qui sont des zones de prédilection pour la culture du riz.
4- Définition des bornes chronologique
L'étude que nous menons sur l'histoire de la Soderiz
part de 1970 à 1977. L'année 1970 est la date de création
de la Soderiz, première société chargée
véritablement du développement de la riziculture.
En ce qui concerne l'année 1977, cette dernière
date de notre étude correspond à la dissolution de la Soderiz,
sept ans seulement après sa création. Cette date marque
l'échec des politiques rizicoles initiées par l'Etat.
II- ETAT DE LA QUESTION
La filière riz en Côte d'Ivoire, a fait l'objet
de plusieurs études. Ouvrages et articles de revues
abondent5. Cependant, concernant la Soderiz, cette institution n'a
pas fait l'objet d'une étude spécifique assez poussée.
Cependant dans le cadre de cette étude nous avons eu recours a des
ouvrages qui sans être spécialisés font
référence sur certains points à la Soderiz.
4 I, N'DABALISHYE : 1995, Agriculture
vivrière ouest Africaine : cas de la Côte d'Ivoire,
monographie, Bouaké Idessa, p 56
5 Ces différents articles de revues et ouvrages
ont été écrites par des Historiens, des Sociologues, des
Economistes des Géographes, des Botanistes et des Agronomes (cf.
bibliographie).
12
A ce titre nous pouvons citer le mémoire de fin de
cycle de Koffi Kouassi6 dans lequel il fait une analyse approfondie
sur les projets réalisés par la Soderiz. Ce document nous expose
l'exécution du projet Yabra, une expérience tentée par la
Soderiz afin de motiver les jeunes à pratiquer la riziculture. Dans ce
travail de recherche l'auteur fait la lumière sur les aspects techniques
de l'exécution du programme Soderiz. Il évoque dans ce sens la
mise en valeur des espaces pour la riziculture. Il présente dans ce
même ordre d'idée, l'aspect social du programme Soderiz à
travers l'installation des jeunes paysans modernes dans les villages Soderiz et
aussi la promotion du paysan avec un revenu élevé. Mais aucun
lien n'est établi entre ces aspects techniques, sociaux et la
transformation du paddy par la Soderiz.
Dans le cadre du volet socio économique de l'action de
la Soderiz nous pouvons citer l'étude de Jean Pierre Dozon «
Impasses et contradictions d'une société de
développement : exemple de l'opération riziculture
irriguée en côte d'ivoire »7. Dans cette
étude, il met l'accent sur la création de nouveaux milieux
sociaux ruraux et les rapports sociologiques créés lors de
l'exécution du programme Soderiz. Il montre le
désintéressement des populations autochtones détenteurs
originelles du patrimoine foncier, notamment les bas fonds, à participer
à la riziculture. Et cela contrairement au allochtones qui
étaient disposés à mettre en valeur les bas fonds
aménagés par la Soderiz. Cette situation de l'indifférence
autochtone posait un problème de distribution massive de parcelle
rizicole qui conduisait immanquablement à de futurs conflits entre les
groupes. En un mot les rapports sociaux créés entre allochtone et
autochtone lors de l'exécution du programme Soderiz, dans le centre
ouest ivoirien constituent la préoccupation majeure de cet auteur.
Malheureusement il ne produit aucune série statistique concernant la
production rizicole de la
6 K, KOFFI : 1977, Installation des jeunes
paysans modernes dans le projet Yabra, mémoire de fin de cycle de
l'INSET, 48p
7 J, P DOZON : 1979, « Impasses et
contradictions d'une société de développement : l'exemple
de l'opération riziculture irriguée en Côte d'Ivoire
» cahiers ORSTOM, série sciences Humaines, volume 16,
n°1- 2, p 37 - 58
13
Soderiz. En plus de cet article de Jean Pierre Dozon, notre
choix s'est porté également sur (R D) Hirsch, qui dans son
étude « le riz et les politiques rizicoles en Côte
d'Ivoire 1960-1993 » 8, fait un bilan plus complet sur la
politique rizicole adoptée par la Côte d'Ivoire depuis son
accession à l'indépendance. Il met à nu les
incohérences de la politique rizicole de l'Etat et ouvre une perspective
pour les années à venir d'une libéralisation de la
filière. Il analyse la gestion des sociétés qui ont eu
à intervenir dans la filière riz notamment la Soderiz depuis 1960
à 1993. Son document comporte plusieurs tableaux, d'analyses,
d'interprétations pertinente. Mais il parait trop sévère
dans ses critiques ou du moins partisan. Quant à Kanvaly Diomandé
dans son article, « Dévaluation et auto suffisance alimentaire
: Le cas de la filière riz en Côte d'Ivoire
»9, il relate l'impact de la dévaluation sur la
politique rizicole ivoirienne. Il révèle que la Côte
d'Ivoire a connu trois phases de politique rizicole. De 1960 à 1970 avec
la Satmaci, de 1970 à 1977 avec la Soderiz et la période
après la Soderiz. Cet article ne mentionne ni la politique rizicole
coloniale ni la commercialisation du riz, produit par la Soderiz ; encore moins
l'évolution de la production du paddy.
Concernant la transformation et la commercialisation du riz de
la Soderiz, nous avons eu recours à Dominique Harre10. Elle
met en lumière à travers sa thèse la méthode de
transformation du riz par la Soderiz à travers les différentes
rizeries mises en place. Elle fait mention dans son étude de la
politique d'importation et l'organisation de la collecte du paddy dans le pays.
Quand à Yayat D'Alepé Hubert dans son étude, «
L'économie coloniale de transition de la Côte d'Ivoire, de
1893 à 1919 »11, il consacre un chapitre à
la question du riz
8 R.D HIRSCH : 1993, le riz et les politiques
rizicoles en Côte d'Ivoire 1960- 1993, Paris, caisse
française de développement, p 72
9K, DIOMANDE : 1995, Dévaluation et auto
suffisance alimentaire : Le cas de la filière riz en Côte
d'Ivoire, extrait d'Afrika Spectrum n°32, CIRES, 77p.
10 D, HARRE : 1987, le système de
commercialisation de riz en Côte d'Ivoire: le marché interne des
produits agricoles support de la politique alimentaire, Thèse de
Doctorat de 3è cycle, Paris I, 356p
11 Hubert Yayat D'ALEPE : 1973, Economie coloniale
de transition de la Côte d'Ivoire, de 1893 à 1919,
Thèse de Doctorat de 3e cycle, Paris, Université de
Paris VII, 557 p
14
pendant la colonisation. Il révèle ainsi que la
culture du riz dans cette colonie a été diversifiée
à partir de 1908. Le riz était commercialisé dans la
colonie et le surplus était exporté vers la France. Le riz
servait à nourrir les employés sur les chantiers de construction
de la voie ferrée. Cette thèse montre que pendant l'ère
coloniale, le riz demeurait une préoccupation du pouvoir colonial. Ce
travail est bien de la période coloniale et ne concerne en aucun cas, la
période 1970 ni n'aborde le sujet de la Soderiz. Brindoumi Atta
Kouamé Jacob, dans son Mémoire de Maitrise « La
production et le commerce des céréales de la Côte d'Ivoire
de 1963 à 1995 », traite en général les
céréales de la production à la
commercialisation12. Ce document de 230 pages est divisé en
trois parties. La première partie expose les facteurs de
développement de la production et de la commercialisation. Brindoumi
Atta Kouamé Jacob présente ensuite les grandes zones de
production céréalières et les étapes franchies par
cette filière entre 1963 et 1995. Dans la seconde partie, il
étudie en profondeur le mode de commercialisation des
céréales dans le pays. Du commerce extérieur des
céréales à la commercialisation locale, il aborde la
question des prix en insistant sur l'évolution de ceux-ci et les acteurs
intervenant dans l'organisation de ce commerce. La troisième partie de
son étude porte sur l'impact socio économique de la
filière céréalière, sur les acteurs avant de
montrer les bouleversements sociaux engendrés par cette activité.
Cette étude est riche en information et nous fournit des tableaux et des
cartes bien commentés. Mais elle reste étendue à toutes
les céréales et ne traite spécifiquement du riz encore
moins la Soderiz. D'où la généralisation des informations.
Quant à Louis Berger, dans son rapport sur « la filière
riz »13, il fait une analyse complète et
générale de la filière riz en Côte d'Ivoire, de la
production à la commercialisation. Il met un accent sur les atouts et
les contraintes de la riziculture en faisant une perspective pour le
développement de cette culture. Dans cet ouvrage, il consacre une partie
à
12 A K J, BRINDOUMI : 2003, La production et le
commerce des céréales de la Côte d'Ivoire de 1963 à
1995, Mémoire de Maitrise Histoire, Université de
Bouaké, 230p
13 L, BERGER : 1988, Rapport final Etude de la
filière riz, Abidjan, 194p
15
l'étude économique de la filière riz en
insistant sur la transformation du riz dans les rizeries. De tout ce qui
précède l'étude de Louis Berger est d'une grande
importance, mais elle est limitée dans le temps, dans la mesure
où cette étude est beaucoup axée sur la période
après la Soderiz, et n'étudie pas spécialement la
Soderiz.
Au niveau du type de culture de riz et de l'espace
privilégié pour cette culture, Nous avons eu recours au
mémoire de maitrise d'Aude Meunier « La riziculture
irriguée dans la zone dense de Korhogo (Nord de la Côte d'Ivoire)
»14. Elle explique que la Soderiz avait
opté pour un type de riziculture celle de la riziculture
irriguée. Elle fait une analyse sur les avantages et l'impact de la
riziculture irriguée sur le développement pendant la
période Soderiz. Dans la même perspective N'Dabalishye, dans son
ouvrage « Agriculture vivrière ouest Africaine à travers
le cas de la Côte d'Ivoire » 15, met l'accent
particulier sur le milieu physique privilégié par la Soderiz pour
la réalisation de sa mission. Il nous informe que les dépressions
humides sont très propices à la riziculture irriguée,
espaces privilégié par la Soderiz pour son programme rizicole.
Mais l'historique de la Soderiz ne figure nulle part dans ces
différentes analyses. Toutes ces insuffisances observées dans ces
différents articles et ouvrages, nous ont amené à pencher
notre analyse sur des aspects non encore élucidé pour aborder
dans le temps la question relative à la Soderiz et à la
production du riz.
III- PROBLEMATIQUE
La Soderiz, en tant qu'institution de développement de
la riziculture a suscité un grand espoir dès sa création.
Cette société s'est vue confiée la politique de production
du riz, qui est un aliment de grande consommation des Ivoiriens. Elle a
joué un rôle capital dans le développement
économique du pays avant de connaître un échec. La
production du riz à grande échelle a vu le jour
14A, MEUNIER : 1991; La riziculture
irriguée dans la zone dense de Korhogo (Nord de la Côte d'Ivoire),
Mémoire de Maîtrise de Géographie,
Université de Rouen Haute - Normandie, 203p
15I, N'DABALISHYE op.cit, 383p
16
avec la Soderiz. La filière rizicole a
été mise au devant des céréales par les
autorités, faisant de ce produit, un produit stratégique à
partir de 1970. La période de fonctionnement de la Soderiz est apparue
comme la seule période où des efforts considérables ont
été faits pour la production du riz, permettant au pays
d'exporter le riz.
Malgré cela, la Soderiz connut des difficultés
après une brève période d'autosuffisance en riz. Quelles
sont les actions qu'elle a posé et quelles difficultés a t- elle
due rencontrer dans son fonctionnement pour le développement de
l'agriculture vivrière notamment la riziculture ?
A travers cette période d'évolution de la
production et la volonté affirmée des décideurs à
maintenir le cap pour le riz, on peut se demander comment avec toutes ces
potentialités rizicoles et des performances réalisées, la
Soderiz n'a pas pu survécu ?
L'ensemble de ces interrogations nous amène à
réfléchir et à ressortir le rôle joué par la
Soderiz société créée pour le développement
rizicole, dans la production du riz en Côte d'Ivoire, tout en indiquant
les difficultés auxquelles elle a été exposée dans
la réalisation de ses missions.
1. objectif général
L'objectif général de notre étude est de
montrer comment la Soderiz a participé en Côte d'Ivoire dès
sa création jusqu'à sa dissolution au développement
rizicole. Cet objectif ne peut être atteint sans que nous ne
dégagions les objectifs spécifiques.
2. Objectifs spécifiques
Ils se résument en trois principaux objectifs :
- Montrer les raisons de la création de la Soderiz.
-Dégager les initiatives prises par la Soderiz et l'impact
de ses actions
17
-Exposer les difficultés de fonctionnement, ayant
abouti a la dissolution de l'institution
3- Les hypothèses de travail
Pour atteindre ces objectifs spécifiques, nous comptons
mener notre réflexion en nous appuyant sur ces hypothèses :
- La Soderiz est créée du besoin de l'Etat de
favoriser le développement rizicole en Côte d'Ivoire.
- L'action de la Soderiz a eu un impact productif à
cause du milieu physique et du type de riziculture choisi.
- La performance réalisée par la Soderiz a
amélioré la situation sociale des paysans.
- L'impact productif de la société rizicole a eu
des répercutions sur son chiffre d'affaire.
- La politique des prix non maîtrisée à
favoriser la chute de la Soderiz
IV- METHODOLOGIE
Cette étude sur l'histoire de la Soderiz s'inscrit dans
le domaine de l'histoire économique. Elle s'intéresse au
commerce, aux entreprises, aux fluctuations des prix des denrées ou
marchandises et à l'agriculture.
L'étude sur la Soderiz fait apparaître plusieurs
aspects, notamment la production, la commercialisation du paddy et
l'organisation du secteur agricole. Ces éléments concernent plus
le domaine économique, où à travers les différentes
statistiques agricoles l'on a pu se faire une idée de la portée
économique de la Soderiz.
Mais s'en tenir à l'aspect économique aurait
porté un handicap à notre étude. En effet, si la Soderiz a
été une société d'Etat chargée de la
production et de la Commercialisation du paddy, elle a entretenu
également des rapports divers avec le monde paysans, qui ne porte pas
sur l'aspect économique. C'est
18
pourquoi il nous est apparu important dans notre
démarche méthodologique, d'analyser aussi cette étude sous
d'autres perspectives. Ainsi, cette étude sur l'histoire de la Soderiz
est en rapport avec plusieurs domaines à savoir, l'économie, la
politique, la sécurité alimentaire, les problèmes sociaux
et la botanique. En ce qui concerne la politique, l'histoire de la Soderiz a
montré comment les décisions politiques et le choix des
dirigeants de la société se faisait. La sécurité
alimentaire et les problèmes sociaux constatés nous ont permit de
savoir à quel point les produits alimentaires notamment le riz contribue
à la paix sociale. Avec les ouvrages concernant la botanique, on a pu
constater les différentes espèces végétales de riz.
A travers cette étude nous avons tenté de faire une histoire
globale de la Soderiz, par ces différentes approches.
L'intérêt de cette démarche est qu'elle permet de mieux
cerner la création, le fonctionnement de cette société et
l'impact de ses actions sur le développement de la riziculture en
Côte d'Ivoire de 1970 à 1977.
Dans le souci de mieux conduire notre étude, nous avons
axés notre réflexion sur la méthode d'analyse
essentiellement historique. Cette méthode a consisté pour nous de
faire la collecte documentaire à partir de diverses sources. On a les
sources écrites et les sources orales.
Au niveau des sources écrites, les premières
consultées furent les archives du Ministère de l'agriculture.
Dans ce local nous avons pu trouver quelques rapports d'activité annuels
de la Soderiz notamment ceux de 1973, 1974 et 1976. Les rapports
d'activités dressent le bilan d'activité de la
société et ouvre les perspectives pour les années à
venir. Outre ces rapports, on a pu accéder aux statistiques agricoles.
Ce sont des documents agricoles publiés par le Ministère de
l'agriculture. Ces documents présentent l'évolution de la
production du riz en Côte d'Ivoire. Le Ministère de l'agriculture
ne prenait en compte que la production du riz encadrée par les
structures mise en place par l'Etat. Ce qui rend difficile la maîtrise et
l'établissement de véritable statistique. Les services
19
du ministère ont ignoré la production non
encadrée. Cette situation faisait qu'il y avait une différence
entre les chiffres produit par la Soderiz et ceux du ministère de
l'agriculture.
Les secondes sources écrites consultées furent
les archives de la Chambre de l'agriculture. Cette Chambre consulaire a mis
à notre disposition les archives de la Soderiz. On a pu trouver dans ces
archives quelques procès verbaux du conseil d'administration de la
Soderiz et quelques documents imprimés la concernant. Ces sources ont
permit de mettre en relief les actions menées par la Soderiz et ses
rapports avec les autres structures intervenant dans la filière riz.
Ensuite, comme sources d'archives consultées on a les
archives nationales de Côte d'Ivoire. Cette Maison nous a fourni les
journaux officiels de la période d'après indépendance,
ainsi que les dossiers des séries RR qui concernent l'agriculture et les
séries QQ qui appartiennent aux affaires économiques de la
période coloniale. Concernant la série RR, les documents
dépouillés dans le cadre de notre étude appartiennent
à la sous série 1RR. Cette sous série nous a permit
d'avoir une idée nette sur la situation rizicole de la colonie de
Côte d'Ivoire pendant la période coloniale, qui se rapporte aux
correspondances relatives aux cultures vivrières notamment le riz dans
la colonie. Ces documents nous renseignent aussi sur les correspondances du
gouverneur de la Côte d'Ivoire adressée au gouverneur de l'AOF en
réponse de la lettre relative à la réquisition du riz des
indigènes à des prix très bas en 1922. Ces documents font
ressortir les notions de la botanique et de l'agronomie. Ils mettent en relief
le type de riziculture privilégié par les colons au cours de la
colonisation. Cette sous série montre également les sols de
prédilection pour la culture du riz.
Pour la série QQ, les dossiers consultés
appartiennent tous à la sous série 1QQ, qui se rapporte aux
activités économiques, surtout commerciales du riz. La sous
série 1QQ révèle la politique rizicole mise en place par
le colonat. Elle indique également le rôle économique du
riz. Cette sous série concerne les
20
correspondances échangées entre le gouverneur
général et le gouverneur de la Côte d'Ivoire au sujet de la
fourniture du riz des différents cercles aux travailleurs du chemin de
fer. Elle nous renseigne aussi à travers les services de douanes, sur
les exportations et les importations de riz de 1899 à 1913 et de 1919
à 1921. Ce dossier présente les chiffres officiels des volumes de
riz importé et celui exporté. Les chiffres établis par les
services douaniers sont souvent différents de ceux établis par le
ministère du ravitaillement et des différentes statistiques
établies.
Enfin, on a consulté les archives de Fraternité
Matin. L'essentiel des documents consultés sont des revues telles que
Fraternité Matin, Fraternité Matin spéciale
indépendance. La consultation de ces journaux nous a
éclairés sur la politique agricole du pays depuis
l'indépendance et sur les différentes actions de la Soderiz et de
bien d'autres structures travaillant en collaboration avec la Soderiz.
Fraternité Matin qui est un organe de presse, était au service de
l'Etat et l'aidait à diffuser sa politique notamment, celle de la
riziculture à travers les informations officielles qu'il fournissait.
La plupart de ces documents d'Archives sont dans un
état de délabrement considérable. Les dossiers sont
souvent vides et très mal classés. Les différents rapports
annuels de la Soderiz ont le plus souvent des parties déchirées,
rendant ainsi difficile la compréhension des rapports. Cependant ces
documents nous ont permis d'obtenir les références contenues dans
les notes de bas de page du Mémoire et ont également
contribué à l'élaboration des sources d'Archives.
Dans le cadre de cette étude, nous avons
privilégié d'autres sources en particulier les sources orales.
L'objectif que nous visons en procédant à une enquête orale
est de chercher à vérifier certaines informations recueillies
à travers les archives et les ouvrages consultés pendant nos
investigations et de compléter les insuffisances et les omissions.
21
Au niveau des sources orales, nous avons
répertorié deux catégories de personnes. Il y'a d'abord
les responsables de la Soderiz. Ces derniers dans le cadre de leur travail, ont
eu à connaitre le fonctionnement de cette entreprise et à
collaborer avec les responsables des autres institutions rattachées
à la Soderiz. Ces responsables de la Soderiz sont quasiment à la
retraite et d'autres introuvables. C'est le cas du Directeur
Général en service de 1970 à 1977 qui ne vit plus. A vrai
dire il à été difficile de rencontrer les fonctionnaires
ayant servi a la Soderiz de 1970 à 1977 et qui seraient des
témoins privilégiés de l'histoire de cette institution.
Cela est due au faite que la société a été dissoute
il y'a 34 ans.
Mais nous avons eu l'honneur de rencontrer certains qui vivent
encore. Il s'agit de Messieurs N'Dri Brou Benoît, directeur technique de
la Soderiz 1974 - 1977, Ahmed Timité, Roger Diallo, Gérard Yao et
Hema Namboin Augustin. Les enregistrements ont été
réalisés à l'aide d'un magnétoscope. Les
discussions avec les personnes enquêtées ont porté sur le
fonctionnement de la Soderiz, la politique rizicole conduite par la
société et les rapports de la Soderiz avec l'Etat ainsi qu'avec
les autres structures intervenant dans le domaine rizicole. Les échanges
ont aussi portées sur les raisons de la dissolution de la Soderiz. Pour
rendre plus efficace la collecte des informations nous avons utilisés
les trois types d'entretiens à savoir l'entretien directif, l'entretien
semi directif et l'entretien non directif. Cela a permit a nos informateurs de
dire tout ce qu'ils savent sur les points bien précis de notre sujet.
L'utilisation d'un type d'entretien peut entrainer la pauvreté des
informations recueillies. Pour éviter cette situation, nous avons
varié l'utilisation des différents types d'entretien.
Après avoir recueillies ses informations, nous les avons soumis à
une confrontation avec celles déjà obtenues. C'est après
cette confrontation et la critique interne que nous avons validé
certaines informations.
L'autre catégorie de personnes interviewée
concerne les acteurs des circuits traditionnels et les paysans. A ce niveau il
faut souligner que beaucoup semblent
22
ne pas exercer le commerce du riz, pendant la période
Soderiz. D'autres par contre ont des connaissances relativement faibles sur
l'existence de la Soderiz.
Les témoignages de nos interlocuteurs ont
été très édifiants et déterminants dans
notre travail.
V- PLAN
Pour mieux exposer les résultats de notre recherche sur
l'histoire de la Soderiz de 1970 à 1977, nous avons orienté notre
étude en trois grands centres d'intérêts. La
première partie composée de deux chapitres, tout en
présentant sommairement les étapes de la création de la
Soderiz, fait un point sur l'avènement de la société de
développement et ses premières actions.
Depuis la période coloniale, plusieurs politiques ont
été élaborées par l'administration coloniale afin
de développer la culture du riz. Après l'indépendance, les
nouvelles autorités dans le cadre du développement de
l'agriculture vont axer la politique de l'autosuffisance sur la riziculture
à travers la Satmaci. Cette société, ne s'occupant
exclusivement de la culture du riz, en 1970, l'Etat décide de
créer la Soderiz, qui posera ses premières actions dans le milieu
rizicole. Cependant les actions posées par la Soderiz ne
restèrent sans résultats. Les impacts de l'action Soderiz
méritent d'être présentés.
La deuxième partie se penche sur les initiatives et
impacts de la Soderiz de 1972 à 1976. Elle s'inscrit donc dans le cadre
de la maîtrise de la production et de la commercialisation du riz par la
Soderiz. Elle révèle la politique de production, de
commercialisation du riz par la société sans oublier l'usinage du
paddy. A partir de 1972, la Soderiz a institué une technique de
production axée sur le choix de la riziculture irriguée. Cette
initiative permettra de produire plus de paddy qui alimenteront les rizeries de
la société. Le riz blanchi sera donc mis à la disposition
des structures de distribution. Cette deuxième partie fait
également le bilan socio économique des actions de la Soderiz.
Les différentes
23
performances réalisées par la Soderiz ont
contribué au développement socio économique du pays
à travers l'atteinte de l'autosuffisance en riz et l'augmentation du
chiffre d'affaires de la société suivie de la création
d'emploi.
Enfin, la troisième partie traite des
difficultés de fonctionnement qui ont conduit l'institution au
déclin en 1977. La faillite du volet industriel de la
société, elle-même orchestrée par l'augmentation
brutale du prix du paddy a affecté toute la chaine de production de la
Soderiz jusqu'au réseau de distribution. Cette partie
révèle les dysfonctionnements constatés au sein de
l'institution avec le regard complice de l'Etat qui l'a conduit au
déclin.
PARTIE I : NAISSANCE D'UNE SOCIETE RIZICOLE : DE
LA
PERIODE COLONIALE A 1974
24
25
La mise en place d'une institution chargée
spécialement de la riziculture a été inspirée
depuis la période coloniale. Plusieurs étapes ont
été franchies pour arriver à la création de la
Soderiz. Déjà en 1908, les actions de l'administration coloniale
pour l'intensification de la culture du riz ont été capitales
dans le développement de la culture du riz. Après
l'indépendance, l'Etat ivoirien confie la gestion de la culture du riz
à la société d'Assistance Technique et la Motorisation
Agricole en Côte d'Ivoire (SATMACI). Ainsi en 1970, avec le souci
d'assurer l'autosuffisance en riz, le pays fut doté d'une nouvelle
institution chargé du développement de la riziculture Soderiz.
Elle posera ses premières actions de 1970 à 1974.
26
CHAPITRE I LES ETAPES DE LA CREATION DE LA SODERIZ.
L'avènement de la Soderiz est intervenu après
plusieurs étapes qui ont favorisé la mise en place de
l'institution rizicole. En effet, depuis la période coloniale, les bases
du développement de la culture de riz furent jetées. D'abord, le
grand intérêt accordé au riz par les colons, montre bien
l'importance de cette denrée alimentaire aux yeux du colonisateur.
Ensuite, après la lutte pour l'indépendance, les autorités
ivoiriennes ont cherché à développer la riziculture au
pays. Aussi, un accent particulier fut-il mis sur la culture du riz lors du
plan décennal de 1961-1970.
I- LA POLITIQUE RIZICOLE AVANT 1970
A partir de 1893, avec l'installation coloniale, une nouvelle
vision est donnée à la riziculture. Les autorités
coloniales ont intensifié leurs actions en faveur de la riziculture
jusqu'en 1960. A la veille de l'indépendance, l'Etat ivoirien poursuit
la politique rizicole antérieure en créant la
Société d'Assistance Technique et pour la Motorisation en
Côte d'Ivoire (SATMACI) en 1963.
1. La question du riz pendant la colonisation
Dès le début de la colonisation française
en Côte d'Ivoire, la culture du riz occupait une place marginale dans
l'agriculture. Très tôt, les principes de l'autonomie
financière de chaque territoire et du financement maximal des
coûts de la colonisation par les colonies elles mêmes
orientèrent l'action administrative vers un développement
planifié et une intervention sur les structures de production et de
commercialisation, de manière à limiter les importations de biens
de subsistance par un développement de la production locale. Une
politique d'autosuffisance alimentaire a été donc de ce fait
très rapidement associée à l'action coloniale. Ainsi, pour
prémunir en générale les colonies d'Afrique occidentale
Française et en particulier la Côte d'Ivoire des
27
dangers de la seule exploitation des produits de caoutchouc,
cola et l'acajou, l'administration coloniale s'est préoccupée de
développer les cultures nouvelles notamment la riziculture. Cet
engagement visait à mettre le pays à l'abri d'éventuelle
crise économique. C'est pourquoi s'adressant aux administrateurs,
commandants des cercles, le sous directeur à l'agriculture Bervas disait
« Je crois utile aujourd'hui d'attirer spécialement votre
attention sur le développement de la culture du riz
»16. A cette période, la riziculture était
pour ainsi dire localisée à la région ouest de la colonie
et sur le littoral dans la région de Grand Lahou. Le baoulé nord
en possédait également quelques rizières, mais
éprouvait les plus grandes difficultés à mieux pratiquer
la culture du riz. La production ne suffisait pas à la consommation
locale. La riziculture gagnait progressivement la forêt à partir
des deux foyers du sud et du nord, malgré le refus de certains peuples
à la pratiquer. Ce refus était pour les populations de la colonie
un moyen de marquer leur opposition à l'action coloniale.
La riziculture fut la préoccupation des
autorités coloniales dès 1908. Avec les nombreux essais
effectués dans le jardin botanique de Bingerville, l'administration
coloniale a réussi à hâter la culture du riz dans le pays
notamment dans les cercles du baoulé sud et du baoulé
nord17.
De 1908 à 1912, il s'agissait pour le colonat
d'intensifier la culture du riz et d'augmenter les surfaces cultivées
tout en tenant compte de la qualité et des efforts pour imposer la
culture du riz18. Mais c'est aussi la période des cultures
obligatoires de riz et des réquisitions de paddy. Selon Yayat
d'Alepé Hubert, « avec la diffusion rapide de la culture du
riz, les autorités décidèrent d'en faire une
céréale d'exportation »19 . L'administration
coloniale n'a donc pas hésité à distribuer gratuitement du
paddy pour les semences afin d'accélérer la diffusion
16Archive Nationale de Côte d'Ivoire (ANCI) :
1912, 1RR80, circulaire n°81 à messieurs les administrateurs
commandant des cercles au sujet de la culture du riz irrigué
17 ANCI : 1RR 76, rapport agricole et
économique du troisième trimestre 1905
18 J, P CHAUVEAU : 1985, « l'avenir d'une
illusion, histoire de la production et des politiques vivrières en
Côte d'Ivoire », Etudes rurales Orstom, Paris, n°
99 - 100, pp77 - 123
19 Hubert Yayat D'ALEPE, op. cit p 303
28
et l'adoption de la culture du riz. A cet effet le lieutenant
gouverneur Angoulvant a encouragé par une note circulaire en date du 29
février 1912, le développement de la riziculture notamment celle
du riz irriguée20. Cette note, adressée aux
administrateurs des cercles et des subdivisions recommandait l'installation des
rizières dans les dépressions humides a proximité des
villages. Mais si des progrès sont constatés dans
l'étendue consacrée à la culture du riz ; l'on doit noter
les conditions défectueuses dans lesquelles les peuples ivoiriens
pratiquaient cette culture. Pour Bervas sous inspecteur chargé de
l'agriculture de la colonie de côte d'Ivoire, «
l'indigène ne cultive le riz que sous la forme sèche, dite de
montagne ou non irriguée encore moins inondée
»21. Selon le colonat, ce type de culture ne permettait
pas un progrès rapide. Les rendements étaient faibles. Ils
pouvaient être nuls si les pluies sont insuffisantes car soumis seulement
aux conditions climatiques.
En plus de ces conditions défavorables, la culture
sèche présentait plusieurs inconvénients tels que, le
choix et l'entretien de la zone de production qui rendait difficile le travail
de la culture sèche de riz. En 1911, un essai important concluait que la
culture du riz irriguée est parfaitement réalisable dans la
colonie de Côte d'Ivoire et que son rendement était
supérieur à celui de la culture sèche. Sur 1 hectare de
riz cultivé on avait 2 tonnes dans les rizières irriguées
contre 1,074 tonne en culture sèche22. Cet essai a
été réalisé au poste de Diakpo (Boca N'da) par le
lieutenant Pravaz qui avait fait un long séjour en Indochine où
il avait acquis une connaissance pratique de la culture du riz
irrigué23. Les populations locales témoins de cet
essai ont reconnu l'énorme supériorité de ce
système cultural. A cet effet, les rizières, les
dépressions humides, les sols à consistance forte chargé
de matières organique étaient mis en valeur pour la riziculture
irriguée. Les terrains choisis étaient délimités en
compartiment
20 Journal Officiel de Côte d'Ivoire (JOCI) :
1912, Du 29 février 1912, au sujet de la culture irriguée du
riz.
21 ANCI : 1912, 1RR80, circulaire n°81 à
messieurs les administrateurs commandant des cercles au sujet de la culture du
riz irrigué.
22 H, Y, D'ALEPE, op. Cit, p 305
23 Chef de poste de Diapko (Boca N' da) en 1912
29
destiné à retenir l'eau. Ensuite, des digues
étaient formées, entassées jusqu'à 0,40 à
0,50 mètres de hauteur et sur une largeur un peu plus grande.
Par ailleurs, l'installation de la rizerie de la Compagnie
Générale de l'Afrique Française à Bouaké
pour la transformation du paddy, constituait le couronnement de la campagne de
développement de la production de riz en 1913. Elle marque aussi
l'ouverture d'une nouvelle ère caractérisée par la
volonté de réduire les importations de riz24. Le
fonctionnement de la rizerie permettait de centraliser le décorticage du
paddy de la colonie et facilitait le ravitaillement des services et corps qui
relevaient de l'administration.
Aussi avec l'intensification de la culture du riz, la
métropole fut-elle servie en cette denrée. Comme l'indique le
tableau n°1, plusieurs tonnes de riz produit en Côte d'Ivoire ont pu
être rassemblées puis exportées vers la France par le
Ministère du ravitaillement. Près de 600 tonnes au total de riz
fut exportées vers la France entre 1916 et 1918. Cette action rentrait
dans le cadre du soutien apporté à la métropole qui
était en guerre.
Tableau n°1 : paddy exporté par la Côte
d'Ivoire vers la France 1916 - 1918
Années
|
1916
|
1917
|
1918
|
Quantité en tonnes
|
8
|
540
|
53
|
Source : Yayat Hubert d'ALEPE, op. cit p 301
En outre, en 1922, dans le cade du plan Sarraut25
de mise en valeur méthodique et l'exploitation rationnelle des sols et
sous sols coloniaux, un accent particulier a été mis sur
l'irrigation26. Ce programme de portée économique
préconisa la multiplication des petits barrages, favorisant ainsi
24 H, Y, D'ALEPE, op. Cit, p 297
25 Albert SARRAUT a été ancien
Gouverneur Général de l'Indochine de 1911 à 1914 et de
1915 à 1919. En 1920 il est nommé ministre des colonies. Il,
rédigea et soumit à l'approbation du Parlement Français un
projet de loi qui fixait un programme général de mise en valeur
des colonies.
26 Semi Bi ZAN : 1973, La politique coloniale
des travaux publics en Côte d'Ivoire 1900- 1940, Thèse de
doctorat de 3e cycle, Université Paris VII, p 39
30
l'essor de la production rizicole. Le poste de Yamoussoukro
dans le Baoulé permet de se faire une idée des résultats
de ce programme. Un an après, les marigots du poste furent
défrichés, dessouchés et 800 hectares furent
ensemencés en rizières irriguée dont l'on espérait
récolter 1800 à 2000 tonnes de paddy27. Au cours de
l'exécution du programme du plan Sarraut, l'administration coloniale a
même tenté d'améliorer les techniques de production de
riz.
Plus de 130 tonnes furent produites lors de la campagne
192328. Cette production permettait de ravitailler en vivre les
manoeuvres des chantiers publics et privés tel que le chantier de la
voie ferrée. A cette période, l'on note la tentative de
transformation de vastes régions et les abords de la voie ferrée
en grenier pour le ravitaillement de ces chantiers.
En outre, le riz fournissait les revenus nécessaires
pour payer l'impôt de capitation et faire des achats des produits
manufacturés pour les indigènes29. Malgré le
développement et la prépondérance de la riziculture
jusqu'en 1944, la colonie fut plongé dans une situation de
déficit alimentaire chronique due à une sècheresse qui
sévissait dans presque toutes les régions productrices. Ce
déficit était aussi le fait de l'exportation du riz produit dans
la colonie pour ravitailler les soldats. Durant toute cette période de
diffusion du riz les autorités coloniales continuèrent d'importer
le riz de l'Indochine.
Comme l'indique le tableau n°2 Qp 28), de 1906 à
1920, le total de riz importé furent de 28 068 tonnes pour une
dépense de 10 713 512 de francs. De 1906 à 1910, la
quantité de riz importé oscille entre 2000 et 2800 tonnes. Cela
s'explique par le fait que le riz n'était pas encore entré dans
les habitudes
27 JOCI : 1924, Rapport de tournée dans le
cercle du Baoulé sud du secrétaire du Gouverneur, du 14 janvier
1924, p 5
28 Archive Nationale du Sénégal et
d'Outre Mer (ANSOM) :1925, Rapport n°46 de l'inspecteur Kair de la
31/03/1925 affaire politique carton n° 3047, cité par Hubert Yayat
D'ALEPE, op.cit p390
29 J, L, CHALEARD : 1996, Temps des
villes, temps des vivres l'essor du vivrier marchand en Côte
d'Ivoire, Paris, Karthala, p 89
31
alimentaires des populations. De 1911 à 1914,
l'importation de riz atteint un niveau élevé dont la moyenne est
de 3000 tonnes par an. C'est le résultat de l'intensification de la
riziculture. Pendant cette période la colonie est en chantier, le riz
est consommé aussi bien par les colons que par les ouvriers sur les
chantiers. Entre 1919 et 1920, les importations de riz varient entre 400 et
2000 tonnes, d'où la volonté de faire face aux importations.
Tableau n°2 : Importation de riz par la Côte
d'Ivoire de 1906-192030
Années
|
Quantité en tonnes
|
Valeur en francs
|
1906
|
1 678
|
_
|
1907
|
1 560
|
_
|
1908
|
2 564
|
517 881
|
1909
|
2 186
|
513 597
|
1910
|
2 749
|
669 299
|
1911
|
4 377
|
1 102 913
|
1912
|
3 852
|
1 111 049
|
1913
|
3 814
|
1 222 254
|
1914
|
1996
|
576 519
|
1919
|
471
|
_
|
1920
|
2208
|
_
|
Sources : Archive Nationale de Côte d'Ivoire (ANCI),
1912, 1RR80.
Ministère de l'agriculture et des eaux et forêts,
annuaire rétrospectif de statistiques agricoles et forestières
1900 - 1983, tome 3, p 74
A partir de 1954, lors du deuxième plan quadriennal,
l'administration coloniale s'est fixé comme objectif la suppression des
importations de riz. Ce même objectif fut réaffirmé au
cours du troisième plan quadriennal 1958 -1962, car les importations
avaient dépassé plus de 10 000 tonnes par an en 1953. En outre,
pour faire face à ce déficit, un important investissement est
fait par le
30 Le tableau n°2 a été
modifié car les archives nationales de Côte d'Ivoire(ANCI), 1912,
1RR80 ne nous fournissent pas les valeurs en francs des importations.
32
Fond d'Investissement pour le Développement Economique
et Social de l'Outre Mer (FIDES). Plus de 41% des crédits du FIDES
étaient consacrés au développement de la riziculture soit
près de 750 millions de francs31. Avec ce crédit les
producteurs et commerçants de riz se sont organisés en
coopératives. A cette même occasion, une caisse de
péréquation fut créée en 1955. Elle fut
chargée de rétablir l'équilibre entre le prix du riz local
et celui du riz importé32.
Dans l'ensemble, l'administration coloniale a donné une
place importante au riz, particulièrement à la riziculture
irriguée. Au lendemain de l'indépendance, le bilan de la
production du riz parait moins catastrophique. Les nouvelles autorités
ivoiriennes décidèrent alors de s'en inspirer et de poursuivre la
politique rizicole antérieure, cette fois ci avec la mise en place de
structures spécialisées d'encadrement.
Durant la première guerre mondiale, la colonie de
Côte d'Ivoire a servie de grenier à la France. Elle a
ravitaillé la métropole avec des centaines de tonnes de paddy
dans le but de contribuer à l'effort de guerre.
2. L'action de la Société d'Assistance
Technique et la Modernisation de l'Agriculture (Satmaci) 1963-1970
Après l'indépendance, le nouvel Etat ivoirien
décide de poursuivre la politique rizicole que l'administration
coloniale avait entamée. Il crée en 1959 un ministère de
l'agriculture chargé de faire la promotion de toutes les cultures ; y
compris celle du riz. En 1963, l'Etat confie la gestion de la production et la
commercialisation du paddy à la Satmaci. Une section de la Satmaci
chargée du riz fut créée en remplacement de la direction
de l'agriculture. La Satmaci, dès sa création en 1958 avait pour
rôle principal de promouvoir les cultures du café et
31 K, DIOMANDE, OP. Cit,
p50
32 D, HARRE, op. Cit, p
58
33
du cacao. Le capital de l'entreprise était de 150
milliards, reparti entre l'Etat ivoirien 81,7%, la France 15% et le
Crédit de Côte d'Ivoire 3,3%33.
Avec la création de la section riz, la politique de la
Satmaci s'inscrivait désormais dans la nouvelle politique
étatique de développement de la riziculture. La Satmaci devait
être capable de réduire en quantité et en qualité
les importations. Pour Brindoumi Atta Kouamé Jacob, «
L'entrée de ce premier organisme de l'Etat dans la filière
riz avait pour objet d'élargir les opérations de
commercialisation et de procurer aux producteurs des débouchés
plus sûrs et de stabiliser les prix »34. Son
programme d'action consistait à réhabiliter, à
conditionner et à distribuer les semences sélectionnées et
améliorées aux paysans. Pour mieux exécuter son programme
rizicole, la Satmaci à procédé à l'intensification
de la riziculture, à travers le projet d'association de culture qui
consistait a incité les planteurs de café et de cacao à
pratiquer la riziculture simultanément avec les cultures d'exportations.
La Satmaci mit à la disposition des paysans de l'engrais et les produits
phytosanitaires35. Plusieurs actions furent posées par la
Satmaci, dans le milieu paysan, pour le développement de la culture du
riz. Déjà en 1964, elle mit en place une convention d'encadrement
pour les différents producteurs. Cette convention était
chargée d'assister techniquement les producteurs en leur apportant une
assistance financière, par les crédits d'équipements
agricoles.
Entre 1963 et 1967, les investissements dans la filière
rizicole ont rapidement augmenté de 12% des investissements totaux dans
l'agriculture en 1960 ils atteignirent 47% en 1966. Ces investissements de la
Satmaci dans le secteur rizicole s'élevèrent à plus de 5
milliards de francs CFA36. Ainsi, un développement rapide de
la production du riz fut constaté. La Satmaci avait axé
33 Ministère de l'économie, des finances
et du plan, Perspectives décennales de développement
économique, social et culturel 1960 - 1970, Abidjan, 1963, p 69
34 A K J, BRINDOUMI, op .cit, p 76
35 S, J, NIEMBA: 2000, Politique agricole vivrier
en Afrique base du miracle économique en Côte d'Ivoire,
Paris, Harmattan, p147
36 Rapport annuel Satmaci, 1967, opération
riz p73
34
sa production rizicole sur la culture du riz pluvial. Selon
Niemba Souga Jacques, « Ce type de culture était peu productif
alors que les surfaces irriguées restaient largement sous
utilisées »37. La Satmaci pour
l'amélioration des variétés de riz a
bénéficié du concours de l'Institut de Recherche
Agronomique et Technique (IRAT). Cet institut a mis en place des
procédées d'amélioration des techniques culturales. Pour
cela, dès 1967, la Satmaci décida que chaque encadreur,
réalise là où il réside, « une parcelle de
démonstration »38 afin de créer par ce moyen
un réseau de planteurs qui pourraient réaliser ces mêmes
parcelles sur culture améliorée39. Cette action visait
à améliorer le rendement de la production rizicole. Plusieurs
thèmes essentiels de vulgarisation furent retenus à savoir le
respect du calendrier cultural, l'utilisation de la fumure minérale et
celle de semence convenable. A partir de cette même année,
l'ensemble du pays fut couvert par l'encadrement rizicole de la Satmaci. Ce qui
a permit de porter la production du paddy à 365.400 tonnes en 1968 et
à 303.000 tonnes en 196940. Le tableau n°3 (p32),
mentionne bien l'évolution de la production du paddy de 1963 à
1969. Cela témoigne, des efforts fournis par la Satmaci pour le
développement de la culture du riz.
Par ses actions, la Satmaci alla jusqu'a garantir l'achat du
paddy à un prix fixe. Cela est matérialisé par le
décret du 16 décembre 1965 portant fixation des prix du paddy et
du riz d'origine locale41. Ce prix était de 19 francs en 1968
et 20 francs en 1969. Le paddy acheté était par la suite
transformé dans les cinq rizeries42 qu'elle possédait.
La capacité d'usinage de ses rizeries était comprise entre 0,3
tonne par heure et 4 tonnes par heure. Par ailleurs, plus de 15 000 tonnes de
riz furent produites par la Satmaci en 196843. Mais en 1969, la
37 S, J, NIEMBA, op. Cit, p 86
38 Ces parcelles de démonstrations servaient de
parcelle d'expérience pour les encadreurs. Ils réalisaient toutes
les expériences possibles et guidaient les paysans dans l'application
des techniques culturales.
39 Rapport annuel Satmaci 1967, p 49
40Idem, p 27
41 JOCI 1965, p 1377
42 La Satmaci disposait de cinq rizeries qui
étaient : Bouaké 4 tonnes par heure (t/h), Gagnoa 4t/h, Korhogo
4t/h, Man 2t/h, Bouna 0,3t/h
43 FAO : 1972, Commercialisation du riz, p
129
35
sécheresse a entrainé la chute du volume de
production de paddy à 303 000 tonnes avant de connaitre une hausse pour
atteindre 315 000 tonnes en 1970. Malgré les actions
répétées de la Satmaci à travers l'opération
riz, le pays n'a pas pu arrêter les importations de riz.
En 1963, la Côte d'Ivoire importait 56000
tonnes44. Ces importations prenaient de plus en plus d'ampleur avec
83000 tonnes de riz importées en 1969. Les importations devinrent un
frein à la promotion et au développement de la riziculture. Pour
faire face à ces difficultés, le président Félix
Houphouët Boigny s'est particulièrement impliqué dans cette
question.
Tableau n°3 : La production du paddy par la Satmaci
1963 - 1970
Années
|
1963
|
1964
|
1965
|
1966
|
1967
|
1968
|
1969
|
1970
|
Production en Tonnes
|
219000
|
247000
|
250000
|
274000
|
344600
|
365400
|
303000
|
315000
|
Source : Ministère de l'agriculture,
statistiques agricoles 1972, p 26
Graphique n°1 : Courbe d'évolution de la
production du paddy par la Satmaci 1963 - 1970
400000 350000 300000 250000 200000 150000 100000
50000
0
|
|
|
|
|
Production Année
|
1 2 3 4 5 6 7 8
Source : Ministère de l'agriculture,
statistiques agricoles 1972, p 26
44 Archive De la Soderiz (ADS) : rapport annuel 1972,
p 15
36
II- L'ACTION PARTICULIERE DU PRESIDENT FELIX
HOUPHOUËT BOIGNY EN FAVEUR DE LA RIZICULTURE
Le premier président ivoirien, Félix
Houphouët Boigny a toujours accordé de l'importance aux cultures
vivrières notamment la riziculture. Ainsi au lendemain de
l'indépendance, face à l'évolution démographique,
il encourage la culture du riz à travers plusieurs actions.
1- Un volontarisme politique
Félix Houphouët Boigny était certes un
homme politique mais également un paysan. En 1944, il fut à
l'origine de la création du Syndicat Agricole Africain (SAA). Il n'a
jamais rompu les liens avec l'agriculture. Il avait pour souci le
développement de la riziculture.
Déjà en 1946, à la tête du SAA, il
montre son intérêt pour la culture du riz en recrutant des jeunes
pour la traite du riz dans l'ouest du pays. Ces derniers devaient travailler
dans les rizeries pour la réussite de la campagne rizicole. Signe
évident que les intérêts de l'économie de plantation
n'occultaient nullement ceux de l'économie vivrière pour le
président Houphouët Boigny45.
Au lendemain des indépendances, Houphouët Boigny
lança un programme intérimaire pour le développement de la
riziculture. Ce programme avait pour objectif d'analyser et de renforcer la
politique rizicole à travers des prêts étrangers. Ainsi, de
1960 à 1963, les actions de ce programme ont été
coordonnées par Houphouët Boigny, qui dès 1964 décide
de la création d'une section de riz au sein de la Satmaci avec pour
mission de mécaniser et développer la culture du
riz46. Ce désir devient une réalité quelques
mois plus tard, puisque le 03 octobre 1964 le président Houphouët
au cours d'un meeting du PDCI-RDA au stade Félix Houphouët Boigny
à Abidjan affirmait que « Grâce aux prêts Allemands
de 1,890 milliards de francs Cfa pour la
45 J, P, CHAUVEAU, op.cit p98
46 Jacqueline DUTHEIL de la Rochère : 1976,
l'Etat et le développement économique de la Côte
d'Ivoire, p155
37
riziculture nous allons pouvoir intéresser nos
paysans à de nouvelles cultures en particulier le riz, le coton, la
canne à sucre dont ils obtiendront d'heureux résultats par la
pratique de méthode moderne notamment la mécanisation
»47.
En outre, le président Houphouët prenait souvent
l'initiative de réunir chez lui à Yamoussoukro, les planteurs
pour montrer ce qu'il fait en matière de riziculture. D'ailleurs, comme
le souligne Gérard YAO, ancien directeur régional centre de la
Soderiz, « Le Président Félix Houphouët Boigny
avait ses rizeries à Yamoussoukro, de prés d'une quarantaine
d'hectares. Tous les bas-fonds situées à gauche en partant vers
la basilique étaient occupés pour la riziculture
»48. Il leur expliquait les difficultés
surmontées et les encourageait à l'imiter. Aussi faisait-il
visiter ses réalisations agricoles à ses camarades membres du
PDCI-RDA et aux jeunes cadres, tout en les pressant de l'imiter, afin
d'entrainer l'adhésion de la population à l'opération riz
de 196749. Cette opération consistait à diminuer, si
possible à mettre fin aux importations de riz jusqu'en 1970. Durant
cette période, Félix Houphouët Boigny prit son bâton
de pèlerin en sillonnant tout le pays.
En 1965, revenant d'un voyage officiel en Haute Volta, c'est
à Korhogo qu'il s'arrête pour inviter « les paysans ses
frères» a redoubler d'effort pour que la Côte d'Ivoire
n'importe plus du riz et qu'elle puisse consacrer les devises gagnées
à l'achat d'équipements et non d'aliments50. Ainsi ses
tournées dans le Nord du pays avaient pour but de
rééquilibrer la croissance au profit des zones
déshéritées de savanes. Cela ne serait possible que si les
populations s'impliquaient d'avantage à faire la
riziculture51. Lors de ses tournées, il exhortait les paysans
à produire le riz, qui était considéré comme
l'aliment le
47 Fraternité Matin du 04 octobre 1964 n°
234 p 13
48 G, YAO, ancien directeur régional Centre
Soderiz, 1973- 1977, entretien réalisé le 14 Octobre 2011
à Abidjan Marcory.
49 A, SAWADOGO : 1973, L'agriculture en Côte
d'Ivoire, Paris, PUF, p238
50Idem, p 239
51 B, COMTAMIN, A, Yves FAURE : 1990, La bataille
des entreprises publiques en Côte d'Ivoire 1960 - 1980, Edition
Karthala, Paris, p187
38
plus consommé des Ivoiriens. En outre, il leur
promettait de moderniser la culture du riz. Ainsi à l'occasion du nouvel
an, dans son discours du 31 décembre 1966, Félix Houphouët
Boigny affirmait que : « la mécanisation de la riziculture est
une nécessité impérieuse pour le développement de
notre pays. Nos paysans doivent s'approprier la culture du riz afin
d'éviter un déficit alimentaire au pays
»52.
Dans le cadre de cette politique de développement de la
culture du riz, le président Houphouët Boigny initia un concours
national, qui mettait en compétition les différents producteurs
et les sous préfectures. Cela fut suivi des finales régionales.
Ce concours était organisé dans le cadre de la valorisation de
l'agriculture notamment la riziculture. Les meilleurs riziculteurs
régionaux étaient primés dans le cadre de « la
coupe nationale du progrès »53. C'est le cas de
madame Silué Tchafaga qui a remporté la coupe nationale du
meilleur riziculteur de la région des savanes en 196854. Les
lauréats bénéficiaient d'une somme importante d'argent et
de moyens matériel pour la riziculture. En plus de ces
récompenses en nature et en argent, les différents
lauréats reçoivent une distinction honorifique. Le premier de la
coupe nationale du progrès est décoré des grades
d'officier de l'ordre national et d'officier du mérite agricole. Avec
l'instauration de la coupe nationale du progrès, Félix
Houphouët Boigny amenait les médias à porter un
intérêt aux actions en faveur du monde rural à travers
plusieurs émissions organisées à la radio et à la
télévision nationale. Les émissions étaient
réalisées et diffusées en langues nationales et en
français. Au cours de ces émissions, des spécialistes de
la culture du riz sont invités pour donner des conseils aux paysans sur
les techniques de culture du riz irrigué et du riz pluvial. Aussi la
radio organise des reportages auprès des riziculteurs. Au départ
la coupe nationale était une émission de la radio diffusion
ivoirienne
52 F, H, BOIGNY : 1978, Anthologie des
Discours 1946 - 1978, édition CEDA, tome 2, p 706
53 Elle a été institué par le
président Félix Houphouët Boigny après
l'indépendance afin de sensibiliser et faire participer de façon
active les collectivités rurales et les paysans au développement
global du pays.
54 Fraternité Matin du 10 avril 1968, p 7
39
instituée sur instruction du président
Houphouët Boigny avant d'être par la suite transformée en une
compétition agricole. Comme émission on avait « brave
paysan, en route pour le champ, etc.. »55. Ces
émissions indiquaient le bien fondé de la riziculture pour le
paysan et pour le développement économique du pays. Félix
Houphouët Boigny a marqué sa volonté de développer la
culture du riz, tout en amenant les paysans à conjuguer leurs efforts
pour satisfaire les besoins alimentaires de la population. Toutes ces actions
visaient à faire face à la forte croissance démographique
due à l'augmentation rapide du taux d'urbanisation.
2- L'action face à la pression
démographique
Malgré les efforts faits dans le sens du
développement rizicole en Côte d'Ivoire, le pays restait largement
déficitaire en matière de riz. Au lendemain de
l'indépendance, avec l'évolution économique et sociale
entamée, le pays connaissait une forte croissance urbaine. Ce
phénomène avait fortement agi sur la production rizicole. Cette
explosion urbaine a attiré l'attention du président
Houphouët Boigny. Cela l'a conduit à sensibiliser les paysans sur
le déficit du riz auquel le pays était exposé. Les paysans
devaient consacrer une part croissante de leur production rizicole à
l'alimentation des villes, car pendant cette période la population
urbaine connaissait une forte croissance.
Ainsi, son taux par rapport à la population totale a
connu une hausse passant de 25% en 1965 à 27% en 1970. Selon Affou Yapi
Simplice, l'évolution démographique est passée en moyenne
de 2,9% en 1960 à 4,8% en 1969, entrainant ainsi un accroissement des
besoins alimentaires singulièrement celui du riz qui constituait la base
de l'alimentation sur une bonne partie de la Côte
d'Ivoire56.
55 Fraternité Matin du 10 avril 1968, p 8
56 S Y, AFFOU, op.cit, p 19
40
Comme l'indique le tableau n°4 (p37), alors qu'on
observait une baisse de la population rurale, l'on apercevait que la population
urbaine augmentait. Ainsi le taux de la population urbaine par rapport à
la population totale a connu une hausse passant de 25,5% en 1965 à 27%
en 1970.
Tableau n°4 : Evolution de la population 1965 -
1980
Années
|
1965
|
1970
|
1980
|
Population totale (en million)
|
4 690
|
5 417
|
8 020
|
Population rurale (en million)
|
3 543
|
3 953
|
5 234
|
Pourcentage de la population rurale
|
75,50
|
73,00
|
65,30
|
Population urbaine en million
|
1 150
|
1 464
|
2 786
|
Pourcentage de la population urbaine
|
25,50
|
27,00
|
37,70
|
Population rurale / population urbaine
|
3,8
|
2,7
|
1,88
|
Source : Ministère du plan, statistiques
démographiques de la population 1982,
p 8
Le développement de la production fut aspiré par
le rythme accéléré de l'urbanisation portant le besoin
d'approvisionnement du pays en riz à plus de 40%. Les efforts de
développement rizicole consentis par le président Houphouët
et le gouvernement n'arrivaient pas à suivre la consommation du riz et
le déficit national fut rapidement creusé57. Pour
cela, dans le but d'éviter toute éventualité de disette,
le gouvernement incita les paysans à se pencher sur le secteur rizicole
afin de résorber le déficit observé en riz. En effet,
pendant que les importations de riz s'accumulèrent et atteignirent 10
000 tonnes en197058, la demande de riz qui était de 200 000
tonnes en 1965 se trouvait être à 280 000 tonnes en
196959.
57 A D S : rapport de synthèse Soderiz 1975 -
1978 p 8
58 S, J, NIEMBA, op. Cit p122
59 Idem, p 42
41
Par ailleurs, le président Houphouët Boigny,
animé d'une volonté politique certaine face à cette
évolution démographique, décide alors de mettre en place
un vaste programme vivrier. Ce programme devait permettre à l'ensemble
du pays d'accéder à l'autosuffisance en riz. Pour cela,
dès 1965, l'Etat mena ses interventions dans le cadre des projets
régionaux réalisés afin de faire face à la forte
demande de riz. A travers ces actions, l'Etat envisageait diriger son
intervention sur le doublement de superficie cultivable de riz, de sorte
à résorber le manque alimentaire.
En effet, pendant la première décennie de
l'indépendance, l'évolution démographique a fortement
accentué le déficit rizicole auquel le pays était
confronté depuis la période coloniale. Le président
Félix Houphouët Boigny a avant cette période pesé de
tout son poids pour atténuer ce déficit. Il fut le
véritable artisan de la nouvelle politique rizicole après
l'indépendance. Il s'est engagé à développer la
culture du riz à travers tout le pays. La croissance
démographique a motivé les autorités à mettre en
place une nouvelle société rizicole.
III- RAISON DE LA CREATION DE LA SODERIZ
L'idée de créer une société pour
le développement de la riziculture est la conséquence de
plusieurs faits. En effet, la production du riz ne suffisait plus. L'Etat, dans
le souci d'atteindre l'autosuffisance en riz et endiguer les importations, y
compris l'exploitation rationnelle des potentialités rizicoles,
crée la Soderiz.
1- Atteindre l'autosuffisance alimentaire
Pendant la colonisation, l'objectif de l'autosuffisance
n'avait pas été atteint, car l'administration coloniale comblait
le besoin en riz de la colonie avec le riz importé d'Indochine.
L'autosuffisance fut donc l'une des principaux buts poursuivis par l'Etat car
il apparait primordial pour le développement du pays.
42
La réalisation de l'autosuffisance permettrait à
la Côte d'Ivoire d'investir les énormes devises utilisées
dans le cadre des importations de riz. Pour le président Félix
Houphouët Boigny, « il faut que le pays soit nourri au maximum
par nous même, les denrées nécessaires au marché
national, car notre but doit être de produire sur place tout ce qui est
nécessaire à notre consommation afin de réserver la plus
grande part de nos disponibilités financières à
l'acquisition de bien d'équipement »60. Bien plus,
cela devait passer par la mise en place d'une structure capable d'atteindre ces
objectifs. Le développement de la culture du riz devait aussi dans un
premier temps satisfaire les besoins intérieurs dans la limite des
débouchés existants.
En 1965, à cause de l'évolution
démographique, la Satmaci n'a pas pu couvrir les besoins de consommation
de la population en riz61. Pour les autorités, avec la
Soderiz, la perspective semble être prometteuse. En quelques
années, le pays devait pouvoir accéder à l'autonomie en
riz et pourrait même exporter son surplus de riz vers les autres pays de
la sous région. Ainsi la volonté du gouvernement était de
procéder à la mise sur pied d'une structure performante capable
de relever le défi de la production rizicole.
Tous ces objectifs ne pourraient être atteints sans une
politique gouvernementale efficace. C'est pourquoi, la Soderiz devait
être un organisme de production du riz bénéficiant de
l'appui permanent de l'Etat. Ainsi, la quête de l'autosuffisance allait
freiner les importations massives de riz.
2- Réduire les importations massives du riz
Malgré les nombreuses actions de production de riz,
lancées depuis la colonisation, la production locale n'a pas pu suivre
l'évolution de la consommation. Cela a entrainé un déficit
en riz et un développement considérable des importations de riz,
qui sont passées de 1900 tonnes en 1950 à
60 F, H, BOIGNY, op.cit, p 708
61 ADS : rapport annuel 1972, p 56
43
42 000 tonnes en 1960 et à 60 000 tonnes en
196562. Il ressort de ces données que l'accroissement de la
demande ivoirienne d'importation de riz suit un rythme qui correspond au
doublement soit 6% par an et qu'elle représentait en 1960 environ 40% du
besoin d'approvisionnement du pays63.
La Côte d'Ivoire se trouve donc fortement
dépendante pour son approvisionnement en une denrée
vivrière aussi essentielle. Ainsi, pour réduire ce flux
d'importation de riz, l'Etat décida de lancer l'opération
nationale de production massive de paddy à travers une institution
spécialisée pour la riziculture à savoir la Soderiz. Ainsi
le pays envisagea profiter des importantes potentialités rizicoles du
pays et mettre fin à la dépendance alimentaire. Il faut retenir
que la dépendance alimentaire a entrainé une sortie annuelle
d'environ 21 Milliards de francs CFA entre 1967 et 196964. Selon le
tableau n°5 (p 41), de 1960 à 1963 la Côte d'ivoire a
importé en moyenne 50 000 tonnes de riz par an. A partir de 1964 ce
chiffre atteint une évolution importante avec 104 700 tonnes et 122 000
tonnes en 1966. Un chiffre jamais atteint depuis l'indépendance. Cette
période se caractérise aussi par les premières
années de la section riz de la Satmaci.
De 1967 à 1969, on constate une diminution des
importations de riz en Côte d'Ivoire avec en moyenne 77 000 tonnes par
an. C'est le résultat des efforts consentis par la Satmaci pour
réduire les importations. En 1970, la remarque est pertinente avec la
reprise des importations de riz. C'est le signe des incohérences des
politiques de production de la Satmaci à savoir le mode de production
basé sur la riziculture pluviale suivi du vieillissement des usines. La
Soderiz devait arrêter cet important flux de riz en mettant en valeur les
nombreuses potentialités rizicoles dont regorge le pays.
62Ministère du plan et du
développement, Plan quinquennal de développement
socio-économique et culturel de la Côte
d'Ivoire 1971 - 1975, p 146
63 ADS : rapport de synthèse 1975 - 1978, p9
64 SGBCI : 1973, L'économie
Ivoirienne en 1972 - 1973, p 41
44
De 1960 à 1970, les importations de riz ont
évolué jusqu'à atteindre 107 000 tonnes en 1970. Le
tableau n°5 en témoigne de cette évolution
considérable. Cette croissance des importations s'expliquerait par la
forte démographie et d'urbanisation que connait le pays après
l'indépendance. La Soderiz devait alors arrêter les importations
et permettre une meilleure utilisation dans d'autres domaines, les ressources
allouées à l'importation de riz.
Tableau n°5: Evolution des importations de riz 1960 -
1970
Années
|
Quantité en tonnes
|
Estimation en Millions
|
1960
|
42 400
|
868
|
1961
|
50 500
|
1 008
|
1962
|
47 800
|
1 417
|
1963
|
56 000
|
1 045
|
1964
|
104 700
|
1 950
|
1965
|
98 000
|
2 122
|
1966
|
122 000
|
3 114
|
1967
|
71 000
|
875
|
1968
|
77 000
|
1 871
|
1969
|
83 000
|
1 875
|
1970
|
107 000
|
78 666
|
Source : Ministère du commerce :
statistiques douanières de Côte d'Ivoire 1980, p 50
140000 120000 100000 80000 60000 40000 20000
0
|
|
|
|
|
Importation
Année
|
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
45
Graphique n°2 : Courbe d'évolution des
importations de riz 1960 - 1970
Source : Ministère du commerce : statistiques
douanières de Côte d'Ivoire 1980, p 50
3- Exploiter rationnellement les potentialités
rizicoles du pays.
La Côte d'Ivoire est un pays essentiellement agricole.
Elle regorge d'énormes potentialités rizicoles. Pour faire face
aux problèmes alimentaires constatés en 1965, les
autorités ont décidé de mettre à contribution les
terres, afin de doubler la production rizicole. En effet, il existe en
côte d'Ivoire 17 millions de terres arables représentant 53 % des
terres existantes dont seulement 40% sont annuellement utilisées. Les
facteurs naturels qui permettent la croissance de la production du riz en
Côte d'Ivoire sont la végétation, le sol, l'hydrographie et
le climat. Le pays dispose de terres convenables notamment de bas-fonds qui
sont propices à la riziculture.
Au niveau de l'hydrographie, les conditions étaient
réunies pour le développement de la riziculture. Le pays
possède un important réseau hydrographique qui favorise la mise
en place de barrages pour la riziculture
46
irriguée. La maitrise de l'eau devait être
obtenue par la construction de barrages et l'aménagement d'espaces hydro
agricoles. Cela s'est fait par le captage direct sur les cours d'eaux
saisonniers ou permanents.
Au niveau du relief, la Côte d'Ivoire possède des
plaines alluviales qui sont donc favorables à l'agriculture. Elle a un
relief très adapté à la production du riz. Ses
réseaux de rivières, coulant au deal de l'alignement sud-ouest et
nord-est des monts Tougoukoli vers le delta intérieur du Niger, sont
favorables à la culture du riz65.
En outre, la pluviométrie ivoirienne s'accommode
à la riziculture. Sur toute l'étendue du territoire national les
précipitations se situent entre 900 et 2500 millimètres, avec
environ un taux d'humidité de 60%66. Ses
précipitations sont propices à la riziculture pluviale et
irriguée. Selon Abdoulaye Sawadogo, il n'existait pas de contrainte pour
la mise en valeur de ces espaces. Toutes les Conditions d'exploitation des
potentialités rizicoles étaient donc réunies et se
prêtaient mieux à la culture du riz. De plus, il n'y avait pas de
contrainte foncière pour la plupart des bas fonds, puisque les bas-fonds
étaient inutilisables pour d'autres cultures67. Les
conditions d'exploitations étaient donc réunies et se
prêtaient bien à la culture du riz. Avec une telle richesse du
milieu naturel de la Côte d'Ivoire, Amon d'Aby disait en 1951 qu' «
elle est de tous les pays qui forment la fédération de
l'Afrique Occidentale Française la plus favorisée par la nature
et la plus riche. Cette situation, elle la doit à la nature de sa
végétation et de son sol »68. La Soderiz
devait donc exploiter rationnellement les énormes potentialités
naturelles, particulièrement rizicole dont le pays dispose, à
travers le développement de la riziculture. Toutes ces raisons ont
conduit les autorités ivoiriennes à penser à la mise sur
pied d'une nouvelle institution pour le développement de la
riziculture.
65 A, SAWADOGO, Op .Cit p
142
66 I, N'DABALISHYE,
op.cit, p 72
67A, SAWADOGO, Op .Cit, p
143
68 J, AMON D'ABY :
1951, La Côte d'Ivoire dans la cité
Africaine, Paris, Edition Larousse, p 79
47
Cette institution naît donc dans un contexte où
l'Etat Ivoirien parait être déterminé à maitriser la
filière riz, en y apportant des innovations technologiques.
48
Carte n°1 : végétation et hydrographie
de la Côte d'Ivoire
Source : J, C ARNAUD et G SOURNIA : 1980, «
Les forêts de la Côte d'Ivoire : Essai de synthèse
géographique » in annales de l'Université
d'Abidjan, série G, géographie, Tome IV, Abidjan, p 90
49
CHAPITRE II : LA CREATION DE LA SOCIETE DE
DEVELOPPEMENT ET SES PREMIERES ACTIONS 1970 - 1974
La volonté politique d'une relance de la production du
riz a été affirmée en 1970. Ainsi, il a été
décidé, la création d'une société de
développement consacrée uniquement à la culture du riz.
Cette nouvelle institution vient relayer la Satmaci dans la mission de
développement de la culture du riz.
I. FORME ET FONCTIONNEMENT DE LA SODERIZ
La création de la nouvelle société
s'inscrit dans la logique de la politique sectorielle de développement
agricole en Côte d'Ivoire. Elle devait fonctionner d'une façon
générale comme une société d'Etat, avec un
organigramme bien défini, afin de mettre en oeuvre le programme de
développement rizicole.
1. Statut juridique
L'idée de mettre en place une institution pour le
développement de la riziculture a été nourrie par l'Etat
ivoirien depuis 1965. En effet, une esquisse de projet fut
élaborée pendant la période 1965 - 1966 par le Bureau
d'Etude des Projets Techniques et Agricoles (BEPTA), dénommé
« proposition pour le programme d'action de la Soderiz
»69. Ce document avait définit les objectifs et les
missions de la future société rizicole. Ses objectifs devaient
être à long terme, le développement de la riziculture.
L'objectif immédiat était l'augmentation de la production du
paddy en satisfaisant la demande des populations en riz de sorte à
stopper les importations de riz70. Ainsi, le projet de
création de la Soderiz avait défini la méthode
d'intervention de l'institution, axée sur l'action paysanne.
La société devait être une entreprise
publique, c'est-à-dire une société d'Etat. Pour les
autorités, le choix du régime économique du pays, ne
pouvait
69Ministère de l'agriculture, proposition
de création de la Soderiz 1965 , BETPA, p 112 70 Idem,
p75
50
pas exclure l'intervention de l'Etat. Au début de
l'indépendance le pays a opté pour le libéralisme
économique. C'est donc dans ce contexte de système
économique libéral planifié, que le président
Félix Houphouët Boigny crée la Soderiz par le décret
n°70- 564 du 23 septembre 197071. Selon ce décret, la
nouvelle société rizicole doit être une
société d'Etat doté de la personnalité civile et de
l'autonomie financière. Elle a pour dénomination
Société pour le développement de la riziculture avec pour
sigle « SODERIZ ». De plus, cette société
avait la qualité de commerçante et elle a été
inscrite au règlement du commerce. La Soderiz devait participer à
l'organisation du commerce et à la commercialisation du riz dans le
cadre de la réglementation en vigueur. Cette institution devait avoir
une durée d'existence de 99 ans72. Elle comportait un aspect
de droit public d'une part et d'autre part celui de droit privé.
C'est-à-dire la Soderiz devait être une société
à participation financière publique avec comme véritable
actionnaire l'Etat73. Ce qui permettait de classer cette
société parmi les établissements publics qui
possèdent un caractère industriel et commercial. La Soderiz
devait donc fonctionner sur la base d'une organisation administrative bien
structurée.
Pour Dutheil de la Rochère, il est finalement difficile
de caractériser en termes juridiques le type de relation qui existe
entre les pouvoirs publics et les sociétés d'Etat à
vocation agricole placées sous leurs tutelles notamment la Soderiz. Les
missions de ces sociétés sont diverses mais comportent presque
toujours un aspect économique et social. L'aspect proprement
économique relève de la compétence de la
société. Personne morale autonome, capable d'agir selon les
règles du droit commun. L'aspect social, de promotion de l'agriculture
dans l'intérêt des paysans, est irréalisable sans une aide
publique
71 JOCI 1970 p
72 Idem, p 613
73 H, Du CHASTEL : 1980, Les entreprises
publiques et semi publiques à structure sociétaire en Côte
d'Ivoire depuis l'indépendance la prédominance du droit
privé, Thèse de Doctorat, Université de
Nice, p 67
51
substantielle : elle relève plus naturellement des
perspectives du droit public74. Ainsi, on peut analyser les
conventions cadres passées entre le gouvernement et les
sociétés d'Etat comme des conventions de collaboration à
l'exécution d'une politique de développement de la production
agricole.
2 Fonctionnement et importance de la Soderiz.
Société d'Etat chargé du
développement de la riziculture, la Soderiz était placée
sous la double tutelle technique du ministre de l'agriculture et du ministre de
l'économie et des finances. Elle est chargée de la production, la
transformation industrielle du Paddy et de sa commercialisation. Prestataire de
services pour le compte de l'Etat qui la rémunère, la Soderiz est
dirigé par un conseil d'administration de onze (11)
membres75. Ces membres sont composés des représentants
du ministère de l'agriculture, du commerce, du plan et de la recherche
scientifique. Il y avait les représentants de l'Assemblée
nationale, du Conseil économique et social, des chambres d'agriculture,
du commerce d'industrie et de l'IRAT. Un commissaire du gouvernement et un
contrôleur d'Etat dont les attributions diffèrent de celles des
membres du conseil qui veillent au bon fonctionnement de
l'institution76. De par ses représentants au conseil
d'administration, l'Etat oriente les décisions de la Soderiz.
L'institution est donc liée au pouvoir central par des contrats qui
déterminent les politiques de fonctionnement sur le terrain et les modes
de financement retenus.
Par ailleurs la Soderiz est dirigée par un directeur
général nommé en conseil des ministres sur proposition du
ministre de l'agriculture. En outre, elle comprend une direction technique
composée de trois (03) sous directions. D'abord la sous direction des
investissements. Elle est chargée d'exécuter tous les programmes
d'investissements (barrage, aménagement, construction de piste etc.).
Ensuite, on a la sous direction de la production qui s'occupe de la
74 Jacqueline de la Rochère DUTHEIL, op.cit p
267
75 JOCI du 23 septembre 1970 p 1631
76 ADS : 1976, Soderiz 6ans déjà, p 4
52
production du paddy. Enfin, nous avons la sous direction des
affaires commerciales et industrielles qui est le département de
contrôle de toutes les activités ayant trait aux fonctions
commerciales et aux fonctions de transformation de Soderiz77.
En plus de la direction technique, il existe une direction
administrative et financière qui est chargée du contrôle
budgétaire. Elle est matérialisée par le souci de la
direction générale de prévoir les dépenses futures
et de contrôle des exploitations. L'importance de la Soderiz se situe au
niveau de l'extension de son programme sur tout le territoire. Le programme
Soderiz fut exécuté dans toutes les régions. En zone
savanicole comme en zone forestière. La société a
débuté avec un capital de 75.000.000 FCFA (soixante quinze
millions de francs CFA) 78. Son fonctionnement est basé sur
un mécanisme de financement mis en place.
Pour rendre la Soderiz plus efficace, une convention cadre fut
élaborée définissant, les obligations et les
responsabilités respectives du gouvernement et de l'institution en ce
qui concerne l'ensemble du programme de développement de la riziculture.
Ainsi, on peut analyser les conventions cadres passées entre le
gouvernement et les sociétés d'Etat comme des conventions de
collaboration à l'exécution d'une politique de
développement de la production agricole Des conventions
particulières furent ensuite signées entre les différentes
parties de ce programme. Il s'agit notamment des tranches annuelles de
financement extérieur mis à la disposition de la Côte
d'Ivoire pour l'opération riz par le Fonds Européen de
Développement (FED), la Caisse centrale de coopération et la
République Fédérale d'Allemagne dans le cadre de l'aide
bilatérale.
En dehors de ces aides, l'Etat a été la
véritable source financière de la Soderiz. Mais toutefois la
constitution des financements extérieurs a été
énorme
77 ADS : 1972, rapport annuel, p 97
78 ADS : 1976, Soderiz 6 ans déjà, p
6
53
et a permit le bon fonctionnement de l'institution. La Soderiz
avait diverses missions qui lui furent assignées dès sa
création.
II-LES MISSIONS DE LA SODERIZ
A la naissance de la Soderiz, plusieurs missions lui ont
été assignée notamment celle de faire face a la forte
demande du riz. Par ce constat, la Soderiz, a eu pour mission première
de favoriser l'autosuffisance en riz en promouvant la culture du riz pour
satisfaire, définitivement les nationaux en riz. Ainsi, le challenge de
promotion du riz passait par l'assainissement des milieux de productions et
aussi des conditions de vie des producteurs. Toutes les actions reposaient sur
l'adoption de nouvelles méthodes de production dans le secteur
rizicole.
1. La promotion de la culture du riz
L'Etat ivoirien, en créant la Soderiz, voulait
développer la riziculture. Selon l'article 2 du décret portant sa
création, elle a pour objet d'étudier et de proposer au
gouvernement de Côte d'Ivoire, toute mesure tendant à assurer
l'exécution de la politique de développement de la riziculture et
des industries connexes79. D'après Hirsch, les
autorités voulaient faire de la culture du riz, une culture de rente
à l'image du café et du cacao80. Ainsi, pour suivre
cette logique, la promotion de la riziculture devint l'une des priorités
de la Soderiz. Cette promotion de culture se faisait en collaboration avec les
paysans qui devaient adhérer à la nouvelle politique rizicole. Le
monde rural devient alors l'espace privilégié pour la promotion
de la riziculture.
Société de production, la Soderiz
perpétue une tendance dominante du développement rural ivoirien
par la promotion de la riziculture. Pour cela elle organise la promotion de la
culture du riz à travers l'introduction d'une nouvelle
79 JOCI du 23 septembre 1970,
p 1631
80 R D HIRSCH, op. Cit p
102
54
variété de riz, de type asiatique appelé
oryza sativa. Cette nouvelle variété était très
productive et permettait aux riziculteurs de tirer un énorme profit de
la production rizicole. Le type oryza sativa englobe deux subspécies,
« indica » et « japonica » à caryopse
blanchâtre81. En général, les consommateurs
recherchent les variétés à grains longs et donnant des riz
où après cuisson, chaque grain se sépare bien l'un de
l'autre. Ces variétés appartiennent au subspécies «
indica » effilé long, asymétrique dont la longueur
divisée par la largeur est supérieur à 3
millimètres.
L'espèce oryza glaberima à caryopse brun
était jugé peu productive, mais était résistante
à la sécheresse82. C'est d'ailleurs cette
espèce qui avait été utilisée par la Satmaci et
pendant la période coloniale. L'Etat s'est donc appuyé sur la
région du nord pour relancer à grande échelle la culture
du riz. Les autorités visaient à lutter contre les
disparités régionales, qui existaient entre le nord et le sud.
Ils voulaient faire de la zone savanicole, le grenier du pays, vu les
énormes potentialités agricole qu'elle regorge.
En outre, la Soderiz devait assurer les services de
vulgarisation du secteur riz, dans la logique de promouvoir la culture du riz.
Elle devait fournir des moyens de production et du crédit aux paysans
tout en leur assurant de meilleures conditions sociales. Ensuite elle devait
garantir l'achat du riz paddy à un prix fixé. La production du
riz devrait être soutenue par des mesures de toutes sortes, permettant
aux paysans de tirer des bénéfices. La Côte d'Ivoire
à partir de 1970 a utilisé des incitations portant sur la culture
rizicole pour encourager la croissance de la production.
La Soderiz a donc eu pour mission première de
promouvoir la culture du riz afin d'augmenter la production et combler le
déficit en riz. Cette mission ne saurait se faire sans la modernisation
des pratiques culturales y compris des conditions de vies meilleures pour les
producteurs.
81 J, MAYER ; R, BONNEFOND, 1973 : les
rizicultures paysanales, améliorations possibles,
République Française, secrétariat d'Etat aux affaires
étrangères, p 38
82 A, MEUNIER, op.cit p 58
55
2- Moderniser le secteur rizicole et améliorer les
conditions sociales du Paysan.
La modernisation de la riziculture était inscrite sur
la feuille de route de la Soderiz. Elle se devait de mettre les paysans dans de
meilleures conditions, en améliorant leurs conditions sociales. La
politique de développement rizicole dans la perspective décennale
1970-1980 s'inscrivait dans la logique du quinquennat précédent,
qui était l'innovation dans le secteur rizicole dont la Soderiz assure
la charge. Ainsi, l'institution devait approfondir et vulgariser la culture du
riz.
Par ailleurs, elle devait moderniser la riziculture par la
promotion d'entreprises familiales. Les exploitations familiales devraient
être modernisées et intensifiées. La Soderiz devait rompre
avec les vielles méthodes de culture jusque là utilisées
par les paysans. Il s'agissait de l'utilisation de la daba, de la machette et
celle des débris végétaux comme engrais. La
société rizicole devait prévoir la motorisation de la
riziculture irriguée et pluviale83.
L'orientation vers la modernisation devait permettre d'assurer
une augmentation rapide des revenus monétaires du paysan et contribuer
le plus efficacement possible à la croissance économique du pays,
condition à l'essor de la production. En outre, un objectif social est
lié à l'effort productif du riz. Il s'agit pour la Soderiz de
créer un nouveau paysan moderne. Les autorités nationales
à travers la Soderiz ont opté pour une formule visant non
seulement à favoriser la productivité des rendements des paysans,
mais également à promouvoir un nouveau type de producteur ou
d'exploitant agricole de type «riziculteur»84. Selon Hema
Namboin Augustin, ancien cadre de la Soderiz chargé de la
coopération internationale, « l'Etat visait à
développer le monde rural et permettre aux paysans de s'acheter les
produits manufacturés, en suscitant aux producteurs le gout de la
riziculture par la proposition de prix
83 Ministère de l'économie, des finances
et du plan, Perspectives décennales de développement
économique, social et culturel 1970 - 1980, Abidjan, p 29
84 J, P, DOZON, op.cit, p 75
56
rémunérateur, sans toute fois nier la
certitude de vendre dans de bonnes conditions leurs productions
»85. L'idée d'assurer un revenu au paysan est la
continuité de la politique rizicole des colons, pour qui, les revenus
devraient servir à payer l'impôt.
Globalement, la Soderiz doit créer avec l'appui des
paysans, un capital productif et exploitable d'une façon moderne donc
mécanisée. La riziculture permet cette opportunité
à partir du moment où le périmètre est d'une taille
suffisante pour autoriser la mécanisation avec motoculteurs et
tracteurs. La société d'Etat devrait considérer cette
condition remplie en augmentant le nombre d'engins. La modernisation de la
culture du riz devenait une réalité avec la Soderiz. Lors du
Ve congrès du PDCI RDA de 1970, Félix Houphouët
Boigny avait lancé ces propos : « nos jeunes paysans
abandonnent progressivement le travail de la terre par des instruments
archaïques pour accepter volontiers d'être au volant des tracteurs
d'où pour nous la nécessité impérieuse de
procéder à la mécanisation de la riziculture
»86.
Par ailleurs, l'intensification de la mécanisation du
secteur rizicole était une urgente mission pour la Soderiz afin de
pouvoir atteindre ses objectifs. La vulgarisation a engendré la
modernisation des pratiques culturales qui, dans un premier temps
amélioraient les conditions de vie des paysans et dans un second temps
renforceraient les capacités de production à travers la
motorisation. La Soderiz doit donc se donner les moyens pour relever les
déficits de la production rizicole.
Avec la modernisation et l'amélioration des conditions
de vie des paysans comme mission de la société de
développement rizicole, le temps était à l'intervention
pratique de la Soderiz sur le terrain.
85Hema Namboin Augustin, directeur chargé de
la coopération internationale à la Soderiz 1972- 1977, entretien
réalisé le 28 Août 2011, à Abidjan Riviera
86 F, H, BOIGNY, op. Cit, p 226
57
III- LES DEBUTS D'INTERVENTION DE LA SODERIZ
Lorsqu'en 1971, la Soderiz prenait en main l'opération
riz, antérieurement confiée à la Satmaci,
l'héritage transmis comportait notamment un dispositif d'encadrement non
performant, composé de chef de zone, d'assistants et d'encadreurs; ne
maitrisant pas parfaitement les rouages de la technique rizicole. La Soderiz
avait donc la responsabilité d'intervenir de façon efficace
à encadrer les riziculteurs et même à former les encadreurs
sur les nouvelles Techniques culturales.
1- La mise en valeur des bas-fonds.
Les périmètres rizicoles sont devenus nombreux
dans les débuts d'intervention de la Soderiz, précisément
à partir de 1971. Les premières opérations de
développement de la riziculture irriguée, ont surtout
concerné la zone des savanes notamment la zone Bandama solomougou dans
la région de Korhogo précisément dans la sous
préfecture de Tioroniaradougou, dans laquelle les opérations qui
ne nécessitaient pas de défrichement important semblaient plus
simples à mener.
La Soderiz a élaboré à cet effet un plan
de mise en valeur des bas-fonds. Elle a procédé à
l'implantation de canaux primaires. Outre le plan d'aménagement, la
Soderiz à effectué un levé de bas-fonds et défini
le schéma d'aménagement. Ces espaces servaient aux paysans de
pratiquer l'agriculture. Toute fois, dans le cadre de la mise en valeur des
bas-fonds, le programme de développement agricole 1971 - 1976 avait
concédé 20% du financement au secteur rural de la
riziculture87. C'est surtout à travers ce programme
exécuté par la Soderiz que la riziculture irriguée connu
un essor tout aussi relatif avec la mise en valeur des bas-fonds. Sous
l'impulsion de la Soderiz, les aménagements
87 ADS : Rapport annuel SODERIZ 1973, p55
58
ont essaimé sur l'ensemble du pays. Trois modes
d'irrigation étaient mis en oeuvre, avec toute fois une moindre
importance accordée au pompage car il nécessitait assez de
moyens. Ainsi, les aménagements de la Soderiz ont été
réalisés selon deux types. D'une part, on a la construction d'une
prise, d'un canal d'irrigation, d'un collecteur et de diguettes, d'autre part
la construction de diguette en courbes de niveau. L'institution avait
installé les ouvrages de prises à travers lesquels les paysans
effectuaient des aménagements secondaires et le planage qui consistait
à niveler les espaces88.
L'action de la Soderiz a véritablement porté sur
l'aménagement hydro agricole des périmètres et des
bas-fonds. Cette action de la Soderiz, pour la mise en valeur, a permis en 1972
de porter les surfaces aménagés avec maitrise totale de l'eau,
à 3420 hectares89. Ce résultat a été
possible grâce à la construction de plusieurs barrages, permettant
d'irriguer les cultures. Selon Ahmed Timité, directeur chargé de
la production à la Soderiz (1970 - 1977), « les premiers
barrages ont été faits au Nord. On avait le barrage de Sologo, le
barrage de Napié et le barrage de Dekokaha. C'est grâce à
ces barrages que l'opération rizicole a marché
»90.
Ainsi, entre 1972 et 1973, les superficies
aménagées avec prise au fil de l'eau totalisaient 13725 hectares
dont 30% offraient la possibilité de faire deux cycles de cultures
annuels. Cet ensemble aménagé fournissait à lui seul
près des 2/5e de la production total de paddy91.
De plus, des villageoises volontaires, animés par l'encadrement
choisissaient un bas-fond aménagé prêt à cultiver.
Ce choix donnait lieu à l'établissement d'une fiche de
reconnaissance établie par la Soderiz qui par l'augmentation des espaces
aménagés, son programme a pu prendre un nouvel essor. Elle a
bénéficié de l'appui de la Société pour
le
88 J, MAYER ; R, BONNEFOND, op.cit, p 79
89 Bureau de Développement de la Production
Agricole, ADRAO, Renforcement des capacités rizicoles des
pays membres, décembre 1976, p 32
90 A, TIMITE, ancien directeur chargé de la
production à la Soderiz, entretien réalisé le 13
Décembre 2011 à Abidjan
91 ADS : Rapport annuel SODERIZ 1972, p152
59
Développement de la Motorisation Agricole (MOTORAGRI)
dans l'intervention au niveau des aménagements, lui facilitant la
multiplication des aménagements de bas-fonds.
En 1973, les différents bas-fonds du pays
étaient aménagés selon les normes communes adaptées
éventuellement aux particularités des sites. Ce qui a
donné lieu à des études détaillées
menées par la Soderiz pour mieux intervenir. L'irrigation consiste en de
petits aménagements sur les bas-fonds, exploités auparavant en
riz inondé, afin de rendre possible une maitrise partielle de l'eau et
accroitre les surfaces cultivables. D'une part, l'eau est canalisée le
long de son axe principal de façon à drainer le bas-fond. Pour
les zones qui en sont éloignées, des canaux primaires partant du
canal principal, sont creusés afin d'assurer leur alimentation. Il
s'agit de petits ouvrages au fil de l'eau qui ne permettent pas une culture de
saison sèche. Parallèlement aux travaux de répartition de
l'eau, les parcelles sont ceinturées de diguettes92.
Comme pour les rizières inondées, les sols sont
aplanis. Les nombreux aménagements livrés, comportaient les
ouvrages principaux, c'est-à-dire les prises d'eau, les canaux et les
drains qui favorisent l'arrivée de l'eau dans les
périmètres aménagés. La Soderiz avait
implanté des blocs, affectés à chaque paysans qui devait
en réaliser les diguettes de casier, planer ces casiers, ouvrir les
canaux et drains terminaux et enfin dessoucher plus ou moins complément
les casiers93. Ces opérations représentaient un
travail extrêmement important pour lequel la Soderiz a apporté son
aide aux paysans de façon à leur permettre de mieux s'installer
sur les surfaces aménagées. Tous ces espaces et bas-fonds
aménagés par la Soderiz, devraient permettre une
productivité accélérée du riz grâce à
l'encadrement et la formation technique des paysans.
92 A, MEUNIER, op. Cit p 64
93 ADS : rapport annuel Soderiz 1974 p 8
Carte n°2: Zone d'intervention de la Soderiz
60
Source : ADS Soderiz 6 ans déjà, p 19
61
Photo n°1 : Aménagement traditionnel
réalisé par les paysans
Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p4
Photo n°2 : Réalisation des canaux primaires
par la Soderiz
Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976
62
Photo n°3 : Réalisation de diguettes
Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p 10
Photo n°4 : Aménagement de canal primaire
Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p 13
Photo n° 5 : Planage effectué par les paysans
sous la supervision d'un agent de la Soderiz
Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p 11
Photo n°6 : Aménagement d'espace en zone
forestière
Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p 14
63
64
2- L'encadrement technique et formation des groupements de
coopérative.
La Soderiz en fixant l'objectif de développer la
riziculture à trouver indispensable d'encadrer les paysans en les
regroupant en coopérative. Ce qui rendait plus efficace le travail
rizicole. Apres l'aménagement des périmètres agricoles, la
société a mis le cap sur l'encadrement véritable.
S'agissant de l'encadrement, l'action principale consistait
à adopter de nouvelles méthodes culturales. Les actions de la
Soderiz devaient intéresser en priorité les riziculteurs
appelés à s'installer sur les périmètres de
bas-fonds aménagés. La Soderiz avait deux méthodes de
cultures que les paysans devaient adopter. Il s'agissait du semi en ligne du
riz et du repiquage. Selon Tiorna Coulibaly riziculteur à Korhogo,
« les paysans considéraient le semi en ligne comme plus
profitable. Le semi en ligne avait un rendement plus élevé
»94. Il nécessite moins d'effort et se fait
à la volée dans les allées des parcelles buttées. A
l'aide de la daba, le paysan prélève sur le flanc des buttes une
légère couche de terre juste suffisante pour recouvrir les
grains. Cette opération concernait la culture du riz pluviale. La
méthode du repiquage était beaucoup plus utilisée pour la
culture du riz irriguée. Cette pratique culturale consistait à
créer des pépinières au bord des cours d'eaux. Ces
pépinières sont retirées entre le 30ème
et le 70ème jour après le semi, puis repiquées
dans le nouveau champ préalablement
préparé95.
L'encadrement était basé sur un ensemble de
rapports contractuels qui définissaient les droits et les obligations
des contraignants en l'occurrence les paysans et la Soderiz. En outre, avant de
s'installer sur un périmètre ou un bas fond aménagé
le riziculteur signe un contrat d'apprentissage avec la Soderiz. Avec ce
contrat, il bénéficie de l'encadrement des agents de la
société rizicole. Ce qui a d'ailleurs permit à la Soderiz
de ressentir le besoin de mettre en place
94 Tiorna Coulibaly, riziculteur, entretien
réalisé le 23 novembre 2010 à Korhogo
95 A, K, J BRINDOUMI, op.cit, p 31
65
une Mission d'Appuie Technique (MAT) qui était
directement rattachée à la direction technique de la Soderiz.
Cette mission était constituée de techniciens venus de l'Ile de
Formose et d'Ivoiriens. Elle caractérisait la coopération Sino
Ivoirienne. La MAT avait pour rôle de conduire l'expérimentation
sur les divers thèmes de vulgarisation dans les zones
contrôlées par la société. Comme thèmes il y
avait les méthodes de culture, le semi en ligne, le repiquage, le
sarclage, et le choix du terrain en fonction du type de culture.
Par ailleurs, un effort a été fait par la
Soderiz pour relever le niveau de connaissance et de compétence des
diverses catégories d'agents. Dans son action, les encadreurs de base
occupaient un rôle essentiel car d'eux dépendaient finalement en
grande partie le succès de l'opération de développement et
de diffusion de la technique rizicole en milieu rural96.
De plus, l'efficacité de l'action d'encadrement de la
Soderiz était prolongée par une action d'animation rurale au sein
des familles des riziculteurs. L'animation consistait à diffuser les
soirs les images et des dessins sur les méthodes techniques culturales
recommandés par la Soderiz. L'institution a donc instauré cette
stratégie qui sans elle l'action technique de l'encadrement risquait
d'être diluée lorsqu'elle s'adresserait à des producteurs
qui ne sont pas ouverts aux techniques nouvelles et à la
nécessité d'améliorer leur mode de production. Par
ailleurs, une des finalités de l'animation qui était d'amener les
riziculteurs à constituer de petits groupes, devait se substituer
à l'encadrement concentré à la période de
démarrage.
L'encadrement et l'animation constituaient donc deux phases
complémentaires dans le développement rizicole. L'action de la
Soderiz a aussi porté sur la formation des groupements de
coopératives97. Le groupement
96 J, P DOZON, 1983 : Logique des
développeurs, réalité des développés : bilan
d'une expérience rizicole en Côte d'Ivoire, Paris,
Orstom, p 58
97 Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit p
268
66
constituait le seul interlocuteur de la Soderiz qui sur les
aménagements nouveaux ne travaillait plus avec les paysans
individuels.
A partir de 1972, on voit apparaitre la formule de groupements
de vocation coopérative (GVC). La période la plus faste de
l'encadrement de la riziculture ivoirienne depuis la colonisation a
été la période de la Soderiz 98. L'institution
a révolutionné l'encadrement technique des producteurs faisant de
la Soderiz l'une des meilleures structures d'encadrement du pays des
années 1970.
La Soderiz avait consacré les débuts de son
intervention à l'aménagement des périmètres et des
bas-fonds, tout en privilégiant l'encadrement technique des
riziculteurs. Outre ces actions ont permis à la Soderiz d'atteindre son
emprise sur le monde rizicole. Tout en augmentant les chiffres de
productions.
Photo n°7 : rayonneur avant le semi en ligne du
riz.
Source : Archive De Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p 16
98 RD HIRSCH, op cit,
p19
Photo n°8 semi en ligne du riz
Source : FIRCA, « la filière riz
» in la filière du progrès n°7/
1er trimestre 2011 p 14
Photo n°9 : paysan procédant au repiquage du
riz
67
Source : Archive De Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p 16
PARTIE II INITIATIVES ET IMPACT DE L'ACTION SODERIZ
1972 - 1974
68
69
L'avènement de l'institution rizicole, Soderiz a
entrainé un bouleversement dans les pratiques culturales ivoiriennes. A
partir de 1972, les responsables de la société ont pris certaines
mesures visant à mieux faire fonctionner l'organisme Etatique. Ces
mesures étaient entre autres composées, d'initiatives
qualifiées ambitieuses dans le domaine de la production, de l'usinage et
de la commercialisation du paddy. Cette synergie de la Soderiz dans le
développement de la riziculture a eu des répercussions
considérables en général sur l'économie et sur les
populations ivoiriennes en particulier. L'année 1974 marque l'âge
d'or de la Soderiz avec la croissance de la production de l'organisme.
70
CHAPITRE III : LES INITIATIVES AMBITIEUSES DE LA
SODERIZ POUR LA PRODUCTION ET LA COMMERCIALIISATION
DU RIZ
La Soderiz pour pouvoir satisfaire le besoin du riz dans le
pays, a mis en place une politique de production du paddy. Les bas-fonds et
espaces aménagés étaient privilégiés pour
l'application de cette politique de production qui était une initiative
de la nouvelle société rizicole.
Contrairement à la Satmaci, les mesures idoines prises
par la Soderiz, concernaient toutes les étapes de la filière riz
; à savoir la production, l'usinage et la commercialisation.
L'institution est donc passée d'une structure de production à une
structure commerciale.
I- LA POLITIQUE DE PRODUCTION DU PADDY
L'objectif du gouvernement en créant la structure
rizicole était avant tout l'approvisionnement des centres urbains. Un
riz produit localement, tout en développant la riziculture. La Soderiz
dès 1970 a instauré et valorisé la riziculture
irriguée.
1- La riziculture irriguée : un choix
étatique
En Côte d'Ivoire on distingue trois types de
rizicultures. La riziculture pluviale est celle pratiquée depuis des
années par les paysans. C'est une culture en sec sans maitrise d'eau.
Elle est largement dominante dans le pays avec 26.000 hectares sur les 29.000
hectares cultivés99. Elle relève dans sa
quasi-totalité de pratiques traditionnelles. A coté de cela, les
paysans pratiquent la riziculture inondée avec 16.000 hectares.
Parallèlement à ces deux types de
99 ADS, Rapport annuel Soderiz, 1971 p22
71
rizicultures, celle pour laquelle la Soderiz a opté est
la riziculture irriguée. Elle est pratiquée avec une maitrise
parfaite de l'eau. Ce choix des autorités répondait au souci de
faire des riziculteurs ivoiriens, des paysans modernes. D'introduction
récente par rapport à la riziculture pluviale, la riziculture
irriguée moderne est apparue dans le paysage ivoirien quelques
années avant l'indépendance précisément en 1955.
Elle s'est développée au début des années 1970.
Elle devait assurer une productivité largement supérieure,
malgré les investissements qu'elle demandait notamment
l'aménagement des espaces et la construction des barrages. Elle permet
de réaliser deux saisons de cultures100.
De par la riziculture, l'Etat dans la poursuite de sa
politique d'auto suffisance alimentaire, a donné une priorité
absolue à la riziculture irriguée. Les justifications et les
avantages d'une telle orientation étaient multiples.
D'abord au niveau nutritionnel, le riz irrigué est
riche en éléments nutritifs tels que les protéines
nécessaires à une alimentation équilibrée. Il
contient également des éléments énergétiques
(glucides et lipides), des éléments minéraux (phosphore,
calcium, fer, et sels minéraux) et enfin des vitamines (thiamine,
riboflavine et niacine)101. Ensuite elle permet une forte
productivité développant rapidement la production en accordant
aux paysans une rémunération intéressante.
Du point de vue climatique, la culture du riz irriguée
avait une faible sensibilité aux aléas climatiques, ce qui
favoriserait des provisions satisfaisantes de production et mettrait les
paysans à l' abri de grosses surprises. En plus, cela favoriserait la
mise en valeur des bas-fonds par les groupements de producteurs. Ce type de
culture privilégiée par la Soderiz et soutenue par les dirigeants
Ivoiriens avait un objectif car elle impliquait l'absence de contraintes
foncière dans la plupart des cas ; puisque les bas fonds étaient
inutilisables pour d'autres
100Bureau d'Etude Technique des Projets Agricoles,
Exploitation de la vallée du solomougou, juin
1972, p 56 101 R, CERGHELLI, 1995: Culture tropicale I: plantes
vivrières, paris, Bouillère et Fils, collection Nouvelle
encyclopédie agricole, p 158
72
cultures avec un coût d'aménagement jugé
peu élevé102. Le riz irrigué était donc
perçu en effet comme le seul à pouvoir améliorer de
façon notable, la
productivité du travail agricole. Les orientations
fondamentales en faveur de la riziculture ont consisté à
introduire une innovation agricole à travers le choix du type de
riziculture. Cela entrainerait alors, l'intensification de la production.
Ainsi, depuis 1972, la Soderiz a élaboré une
véritable stratégie de développement de la riziculture
nationale. En effet, la Soderiz a bénéficié de
l'expertise de l'Institut de Recherche Agricole Tropicale (IRAT)
une structure
Française et de l'Association pour le
Développement du Riz en Afrique de l'Ouest (ADRAO)
créée en 1970. Grâce aux différentes recherches
scientifiques
ces structures ont mises en place de nouvelle
variété de riz à cycle végétatif court
variant entre deux à trois mois. Comme variété de riz
introduite, on avait pour la riziculture irriguée le JAYA, IM16,
GAMBIAKA, IRS, Bouaké 189 et le BG 90-2, l'IRAT 104103.
Ce développement reposait sur l'encadrement des
producteurs. La société a offert des conditions d'exploitations
intéressantes aux producteurs en leur
fournissant des intrants, des aides matérielles
à la mécanisation et un suivi technique des opérations.
Ces actions montraient bien que l'Etat ivoirien avait la ferme volonté
de développer un nouveau type de riziculture rompant ainsi avec les
autres types qui existaient.
En effet, l'ancien mode de production pluvial, mobilise 120
jours de travail par an et par hectare alors que la riziculture irriguée
en requiert le double.
L'option irriguée permettait ainsi aux producteurs de
travailler pendant toute l'année soit deux récoltes par an.
Les semis du premier cycle de culture se
faisaient entre le mois de mars et mai. Ceux du second cycle
en juillet avec un cycle végétatif compris entre 125 jours et 140
jours. Ce choix exigeait l'émergence d'un nouveau type de producteur.
102 R D HIRSCH, op.cit p16
103I, N'DABALISHYE,
op.cit, p74
73
Déjà, à partir de 1973, la production de
paddy atteignait 335.000 tonnes grâce a l'action intense de la Soderiz
pour la riziculture irriguée. Cette action a remporté un vif
succès et a hissé la production de 40% entre 1972 et
1974104. La politique de production a permit l'augmentation de la
production du paddy. En effet, les investissements ont permis d'avoir des
rendements élevés. L'option de riziculture irriguée s'est
donc avérée efficace car elle se prêtait à la
culture sur espace réduit mais bien rentable. Bien qu'elle soit
appliquée, la culture du riz a été
généralisée grâce à une nouvelle mode de
production, c'est-à-dire le contrat de culture.
Photo n° 10 : riz sativa oryza en
maturité
Source : Archive De Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p 1
104 FAO : 1974, riz : Certains aspects des politiques de
productions de commercialisation et prix ; p58
74
2- La production du paddy basée sur le contrat de
culture
L'initiative de la Soderiz d'oeuvrer pour un contrat de
culture était ambitieuse. L'introduction de cette stratégie
culturale visait à améliorer la production et à faire la
différence entre les autres systèmes de cultures. Elle
était contraire à celle que la Satmaci avait adoptée,
où La tâche était complexe, avec des faiblesses dans
l'opération de production de riz. La Soderiz a alors bâtit des
stratégies permettant d'atteindre les objectifs sociaux et les objectifs
économiques fixés par l'Etat. A cet effet, il fallait
créer un secteur moderne de production de paddy introduisant un nouveau
système de production qui allait mettre à la disposition des
paysans de nouvelles variétés de riz plus productive et de
l'engrais. Après la récolte la Soderiz s'engage à acheter
tout le paddy des paysans. En retour le paysan se doit de respecter le
calendrier cultural et de vendre en espèce ou en nature toute sa
production à la Soderiz.
»105.
Ce système de culture avait été
instauré par le directeur chargé de la production de la Soderiz,
Ahmed Timité qui disait en ces termes « j'ai
réfléchi et proposer à Monsieur Rossin une
stratégie. Alors on a dit aux paysans s'ils cultivent le riz, s'ils
utilisent l'eau et surtout l'engrais, s'ils sarclent bien, ils auront au moins
3 tonnes et demi de paddy par hectare. La première année tout
ceux qui ont pris leurs intrants et engrais ont remboursé par 350 kg de
paddy
Ce type d'agriculture montrait la volonté de la Soderiz
de professionnaliser la riziculture. Pour cela, la société a
vulgarisé progressivement cette notion de contrat de culture
auprès des paysans. Il s'est agit d'organiser, des relations suivies de
confiance entre l'organisme étatique et les bénéficiaires
de ces prestations, pour améliorer les conditions de culture et la
rentabilité de la culture du riz. C'est ce qui fait dire à
Monsieur Oulai Kemiangnan jean Directeur général de la Soderiz
1970-1977, qu' « en ce qui concerne la rentabilité de
la
105 A, Timité, ancien directeur chargé de la
production à la Soderiz 1970 - 1977, entretien réalisé le
13 Décembre 2011 à Abidjan
75
riziculture, la Soderiz a conçu un contrat de
culture qui est `'un paquet de service» qui entre dans une combinaison
optimum de facteur qui garantissent des rendements élevés et des
revenus suffisants. Par exemple, en riziculture irriguée,
mécanisée pour un rendement de 4000 kg, les charges correspondent
à 1500 kg de paddy106 ». Le contrat de
culture a donc permis aux paysans de recevoir toutes les prestations de base
exigibles pour une bonne campagne de production c'est-à-dire la
fourniture de semence sélectionnée, d'engrais et surtout
l'assurance d'écouler le paddy.
La Soderiz a résolu les problèmes
d'approvisionnement en intrant et de vente du paddy. En 1973, avec le
système de contrat, la Soderiz a largement fait progresser la
production. On pouvait constater que l'agriculture contractuelle faisait gagner
au producteur 20 à 25 % de récolte
supplémentaire107. Dans l'ensemble durant cette
période, la Soderiz a fourni aux paysans un ensemble de facilités
pour garantir l'application du contrat qui les liaient. En effet, les
agriculteurs avaient la possibilité de payer les factures de production
après la récolte tant en espèce qu'en nature. Ils
étaient dispensés de paiement en cas d'échec de la
récolte ou de rendement inferieur à la norme.
Outre le contrat de culture qui liait la Soderiz aux
riziculteurs, il existait dans le cas de la riziculture inondée,
pratiquée dans les plaines alluviales, un contrat entre la
société rizicole et des particuliers propriétaires de
tracteurs qui devaient louer leurs services aux paysans sous la charge de la
Soderiz. Ces deux types de contrat étaient exécutés
simultanément par la Soderiz. Dans le cadre du contrat Soderiz -
tractoriste, le tractoriste s'engage à effectuer les travaux aux dates
et conditions dictées par la Soderiz, au prix de 8.000 francs par
hectare. Il s'engageait à lui verser une avance de 2.000 francs avant
les travaux et 4.000 francs après constatation des travaux. Au cours de
l'exécution de ce contrat, la Soderiz s'est engagée à
former les conducteurs de tracteurs et de leur venir en aide en cas de panne
sur le terrain.
106 ADS, Procès verbal de la réunion du conseil
d'administration Soderiz 1976, p 3
107 ADS, Rapport annuel Soderiz 1973 p 8
76
Par ailleurs, pour s'approprier les espaces devant servir
à la riziculture, la société d'Etat a initié un
contrat de bloc. Il spécifiait que les chefs coutumiers
des villages dans lesquels se trouvaient les
périmètres, attribuent un terrain à la Soderiz sur lequel
elle exerce le contrôle total et les mises en culture successives sur
plusieurs années108. Le contrat était signé par
un administrateur en l'occurrence par le Sous-préfet, permettant de
régler les problèmes fonciers.
Durant la campagne 1972-1973, la Soderiz s'est engagée
à fournir tous les intrants et l'encadrement adéquat aux paysans
en les exhortant à respecter les
normes de culture préconisées par l'encadrement.
Cela rentrait dans le cadre du
contrat individuel de culture avec la structure rizicole. La
méthodologie inaugurée par la Soderiz a propulsé la
production du paddy. Elle a permis de
réaliser un développement très rapide de la
production et des superficies
rizicoles. On a pu constater une évolution des
superficies rizicoles, dans les différentes régions où
était exécuté le programme de la Soderiz. Selon le
tableau
n°6 en 1974, la Soderiz exploitait sur l'ensemble du
territoire 12480 hectares par
cycle. Ce chiffre passe à 27015 hectares par cycle en
1976 et à 27820 hectares par cycle en 1977. Portant ainsi, la
capacité de production à 406.000 tonnes en
1974 contrairement à 315.600 tonnes en 1970109.
L'agriculture contractuelle a
fait ses preuves et a permis de donner un certain dynamisme
à la riziculture ivoirienne à travers la Soderiz. La politique
de production initiée par cette
société rizicole fut fondée sur la
riziculture irriguée et la stratégie de production du riz. Ce
système de production a permis une accélération de la
production nationale de paddy dans les années 1973-1974.
Lorsque nous observons le tableau n°7 (p73) nous remarquons
qu'avec l'introduction du contrat de culture, la production a enregistré
une croissance notable. Pendant les années qui ont
précédé la Soderiz, la production n'a jamais atteint
350000 tonnes. A l'opposé de cette période, en 1974, la Soderiz a
produit 406000 tonnes. Cela résulte évidemment du système
de production adopté par la
108 ADS, Résumé rapport annuel Soderiz 1973 p 11
109 Ministère de l'Agriculture, Statistique
Agricole 1975 p26
77
Soderiz basé sur le contrat de culture. Cela
témoigne aussi de l'adhésion des paysans à ce
système de production. L'instauration de contrats de culture a
été une innovation importante qui a contribué efficacement
à l'accroissement de la production de riz.
Tableau n°6 : Evolution des superficies rizicoles de
la Soderiz 1974 - 1977
Années
|
Région forestière Sud
|
Région centre
|
Région des savanes
|
Total en hectare par cycle
|
1974
|
30 ha / cycle
|
4800
|
7650
|
12480
|
1975
|
80
|
8205
|
15670
|
23955
|
1976
|
580
|
6975
|
19460
|
27015
|
1977
|
1720
|
7800
|
18300
|
27820
|
Source : Ministère de l'agriculture,
statistique agricole 1981, p83
Tableau n°7 : Production du paddy sous contrat et
sans contrat de culture de 1965 à 1974
|
Avant contrat de culture
|
Période contrat de culture
|
Années
|
1965
|
1969
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
Productions
|
250.000
|
303.000
|
315.000
|
388.000
|
320.000
|
335.000
|
406.000
|
Source : Ministère de l'Agriculture,
Statistique Agricole de Côte d'Ivoire 1975, p26
78
Graphique n°3 : Histogramme de la production du paddy
avant et pendant le contrat de culture
450000 400000 350000 300000 250000 200000 150000
100000
50000
0
|
|
|
|
|
production
Année
|
1 2 3 4 5 6 7
Source : Ministère de l'Agriculture,
Statistique Agricole de Côte d'Ivoire 1975, p26
II- L'USINAGE DU PADDY
Des usines ont été créées dans
l'intention de drainer la production de paddy vers le réseau de
transformation de la société rizicole. Pour l'usinage du paddy,
la Soderiz a mis en place un système de collecte de paddy. Après
la collecte elle assurait la transformation puis la distribution du riz blancs
à travers certaines structures.
1- Le système de collecte du paddy
La collecte est la première étape de
commercialisation du paddy après la production. Elle consistait à
approvisionner les usines de décorticages de la Soderiz
installées sur l'ensemble du pays et disséminées dans onze
villes du pays. L'objectif de la Soderiz était de faire de la
riziculture irriguée une culture très rentable à l'image
du café et du cacao. Allant dans ce sens, la société a
79
organisé un système de collecte de paddy devant
servir les usines créées pour la circonstance. Ainsi, la collecte
du paddy dès la première année d'expérimentation de
l'institution en 1971, s'est élevée à 16 000 tonnes dont
70% dans les zones encadrées par la Soderiz110.
Après 1971, la Soderiz ne pouvant plus seule couvrir la
collecte du paddy du faite de l'augmentation de la production a fait appel
à des collecteurs privés composés de commerçants et
de producteurs comme il l'a été en 1966. Ils
bénéficiaient d'un certains nombres d'avantages au niveau du prix
et réalisaient des bénéfices a travers la collecte. Ils
étaient perçus comme des agents d'achat et disposaient des moyens
financiers et matériels nécessaire à la collecte. Ces
collecteurs privés effectuaient la première étape de la
collecte officielle qui consistait à transporter le paddy du paysan de
son champ jusqu'à la campagne. La seconde étape était le
transport du paddy du village à l'usine. Les collecteurs privés
opéraient au moyen de véhicule dont la capacité variait
entre une à cinq tonnes. Ils percevaient une commission de 10% sur le
paddy payé. Un agrément particulier leurs était
délivré par les autorités de la localité telles que
le Préfet et le Sous-préfet. L'introduction du secteur
privé dans la collecte répondait à un objectif celui
d'alimenter les unités industrielles qui étaient sous
utilisées en paddy. Aussi la société avait le souci de
pouvoir acheter le paddy au producteur, car selon le contrat de culture, le
paddy produit par les paysans devrait être acheté par la Soderiz
afin d'approvisionner les rizeries.
A partir de 1973, suite à l'uniformisation du prix
d'achat à la production, les responsables de la société
vont généraliser l'expérience tentée avec
succès en 1972, de l'association des collecteurs privés sur la
base d'un barème leur assurant une marge intéressante de prime
allant de francs à 42 francs par kilogramme en fonction de la
quantité de paddy acheté. Soit une somme compris
110 AGRIPAC : 1974, « Halles et marchés
de Côte d'Ivoire » Tome III, p 67
80
entre 1000 francs et 42000 francs sur la tonne de paddy entre
la collecte bord champ et les magasins de collecte.
Entre la campagne rizicole 1966/1967 et celle de 1977/1978,
les collecteurs privés ont réalisés entre le magasin de
collecte et l'usine un bénéfice allant de 1francs à 47
francs CFA le kilogramme de paddy soit 47000 francs CFA la tonne.
Ce réseau d'achat n'avait pas pour rôle
d'être concurrent de la Soderiz, mais
de jouer le rôle de secteur « privé
témoin » c'est-à-dire un secteur privé au
service de la Soderiz en l'aidant à développer la
riziculture111.
Tableau n°8 : Evolution du bénéfice
des acteurs pendant la collecte de 1966 - 1967 à 1977 - 1978 (en francs
CFA/ KG)
Années
|
Prix à la
production (p0)
|
Prix à l'entrée du magasin
(P1)
|
Bénéfice brut (p1 - p0)
|
Prix à l'entrée de l'usine
(P2)
|
Bénéfice brut (p2 - p1)
|
Bénéfice brut (p2 - p0)
|
66 /67
|
18
|
19
|
1
|
19
|
0
|
1
|
67/68
|
18
|
20
|
2
|
20
|
0
|
2
|
68/69
|
20
|
20
|
0
|
20
|
0
|
0
|
69/70
|
22
|
22
|
0
|
22
|
0
|
0
|
70/71
|
22
|
22
|
0
|
22
|
0
|
0
|
71/72
|
22 /28
|
22/31
|
0/3
|
22/31
|
0
|
0/3
|
72/73
|
23/28
|
31/70
|
8/42
|
31/75
|
0/5
|
8/47
|
73/74
|
23/65
|
31/70
|
8/5
|
31/75
|
0/5
|
8/10
|
74/75
|
65
|
70
|
5
|
75
|
5
|
10
|
75/76
|
65
|
70
|
5
|
75
|
5
|
10
|
76/77
|
65
|
70
|
5
|
75
|
5
|
10
|
77/78
|
65
|
70
|
5
|
75
|
5
|
10
|
Source: HIRSCH RD, op.cit. p56
111Ministère de l'Agriculture et des ressources
animales, Rapport final ; Etude pour la formulation de la politique
rizicole de la Côte d'Ivoire, Février 2002 p24
81
Ce circuit témoin devait effectivement appliquer les
prix officiels fixés par la Soderiz et mettre ainsi les producteurs en
confiance. Les magasins de collecte et d'approvisionnement constituaient autant
de points de contact pour l'achat du paddy entre les paysans et les
collecteurs. L'organisation de ce réseau de collecte et l'insertion de
personnes privées dans le circuit de collecte Soderiz devrait permettre
l'efficacité et apporter un certain dynamisme à la
société.
L'Etat avait fixé un prix d'achat de paddy sur tout le
territoire comme il faisait pour les cultures du café cacao. Au
début de chaque campagne l'Etat fixe le prix d'achat du paddy au
producteur et le prix d'achat à l'entrée de l'usine. En effet, en
1971 par le décret n°71 - 504 du 10 novembre 1971 portant fixation
des prix d'achat à la production du paddy112. L'Etat fixe le
prix en fonction de la qualité du paddy. Le conseil des ministres a
adopté à ce effet le 17 octobre 1972, le décret n°72-
658 qui fixait le prix du paddy au producteur à 25 F /kg113.
Ce prix suivait les normes de la qualité. Selon ces normes le paddy
devait être mur, exempt de poussière de cailloux, le taux
d'impureté devait être inferieure à 18%. Le paddy qui
respectait ces normes était qualifié de qualité
supérieure et celui qui ne répondait pas à ces normes
était dite de qualité inférieure.
En 1973, le prix d'achat était fixé à
25,13 F le kilogramme et 12 687 tonnes avaient été
collectées dont 25 % de cette collecte se sont effectués en
janvier et février114. La Soderiz avait institué trois
formules de ramassage avec prime à la livraison. Elle veillait à
ce que le prix soit respecté, car ce prix de collecte variait selon le
lieu de collecte. Pour la première formule, la collecte de paddy chez le
producteur était achetée à 65F/kg. Si cela s'effectuait au
niveau des magasins de collecte, le paddy était acheté à
70F/kg et enfin à l'usine le paddy était acheté à
75F/kg. Le prix était majoré en fonction de
l'accessibilité de la production. La Soderiz versait ses primes aux
acheteurs ou aux paysans qui se déplaçaient soit à
112 JOCI DU 10 novembre 1971, P 616
113JOCI du 20 octobre 1972, p 1236
114ADS, Résumé Rapport annuel Soderiz
1973, p20
82
l'usine, soit dans les magasins de collecte pour livrer leur
production. Cela visait à compenser les dépenses de transport
fournies et le paiement de la main d'oeuvre pour les chargements.
L'organisation de la collecte du paddy par la Soderiz a bien
fonctionné vu l'évolution de la quantité de paddy
collectée depuis 1971 à 1974. La Soderiz a réussi à
collecter grâce à son système de collecte des milliers de
tonnes de paddy pour alimenter ces usines. On est passé de 16 000 tonnes
de paddy collectées en 1971 à 30 000 tonnes en
1974115.
Selon le tableau n°9 (p79), de 1966 à 1969 le prix
garanti aux producteurs par la Satmaci était compris entre 18 francs et
20 francs. Ce prix d'achat a seulement augmenté de 2 francs durant 4
ans. A partir de 1970 avec la création de la Soderiz on observe une
fluctuation du prix d'achat qui s'élève à 22 francs. Ce
prix d'achat atteint 28 francs en 1973. Cela témoigne de la
volonté de la Soderiz de bien rémunérer les paysans. De
1973 à 1977, le prix garanti d'achat augmente et atteint 70 francs. Cela
résulte de la perturbation des marchés internationaux de
céréale par la crise pétrolière qui ont
été soumis à de très fortes tensions. Cette
situation a permit au cours mondial du riz d'atteindre son record historique.
Par la même occasion les autorités ivoiriennes pour faire face a
cet phénomène ont encouragés la production locale en
associant les collecteurs privés a la collecte du paddy en leur assurant
des primes variables en fonction du lieu de livraison. Pour Brindoumi Atta
Kouamé Jacob, les raisons de cette hausse étaient « la
croyance à la primauté du prix en tant que facteur d'inclinaison
à la production, la nécessité d'un alignement des prix du
riz local sur les prix du riz importé et les pressions de la Soderiz qui
estimait ne pas pouvoir remplir sa mission avec des prix qu'elle jugeait trop
bas »116.
115 Agence Ivoirienne de Presse « Dans cinq ans
avec l'encadrement la Soderiz produira 70 000 tonnes de Paddy
» in Fraternité matin du 31 juillet 1973 p2
116 A, K, J BRINDOUMI, op.cit, p 100
83
Tableau n°9: Evolution du prix d'achat de paddy
garanti au producteur de 1966 à 1978
Campagne d'achat
|
Prix Bord champ producteur en F/KG
|
Prix Magasin de collecte en F/KG
|
Prix Rendu usine ou silo en F/KG
|
1ère
qualité
|
2eme
qualité
|
1ère
qualité
|
2eme
qualité
|
1ère
qualité
|
2eme
qualité
|
1966 - 1967
|
19
|
18
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1967 - 1968
|
18
|
17
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1968 - 1969
|
19
|
18
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1969 - 1970
|
20
|
20
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1970 - 1971
|
22
|
20
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1971 - 1972
|
22
|
20
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1972 - 1973
|
28
|
23
|
31
|
-
|
-
|
-
|
1973 - 1974
|
65
|
28
|
70
|
-
|
75
|
-
|
1974 - 1975
|
65
|
-
|
70
|
-
|
75
|
-
|
1975 - 1976
|
65
|
-
|
70
|
-
|
75
|
-
|
1976 - 1977
|
65
|
-
|
70
|
-
|
75
|
-
|
1977 - 1978
|
65
|
-
|
70
|
-
|
75
|
-
|
Source: Ministère de l'Agriculture Statistique
agricole de Côte d'Ivoire 1981, p 84
2-La transformation du paddy dans les rizeries
Industrialiser le secteur rizicole était l'un des
objectifs des autorités politiques. Il s'agissait pour la Soderiz
d'offrir aux ivoiriens, grâce à ses unités industrielles
une meilleure qualité du riz local, pouvant concurrencer le riz
importé. En 1973, plus de 147 000 tonnes de riz sont venu des Etats Unis
d'Amérique et des pays d'Asie tel que la Chine, la Thaïlande,
l'Inde, le Pakistan, le Vietnam et de la Birmanie qui constituaient les
fournisseurs de la
84
Côte d'Ivoire pour l'importation du riz. Ce riz
était beaucoup prisé par les populations urbaines car il
était qualifié de riz de luxe.
La transformation du paddy paraissait donc fondamentale pour
la société rizicole. En Côte d'Ivoire, il existe trois
modes possibles pour effectuer la transformation du paddy en riz blanchi. On a
la transformation manuelle ou pilonnage, la transformation mécanique
avec décortiqueuse, beaucoup plus utilisée par le circuit dit
traditionnel car la qualité était approximative. Le
troisième mode de transformation est mécanique et se fait avec
des usines de transformation de capacité variant entre 1 et 4 tonnes.
C'est ce mode de transformation que la Soderiz a adopté depuis 1971.
Elle a créé et renforcé près de onze unités
industrielles de transformation de paddy presque dans toutes les
régions117. Ces différentes rizeries ont
été installées par la Soderiz avec l'aide de l'Etat qui
poursuivait, son objectif de développement de certaines zones du pays.
Les critères d'implantation de ces rizeries dans les différentes
zones incluaient les critères de rationalité économique,
des préoccupations de développement et des considérations
géographiques. Les rizeries répondaient aux soucis de
l'institution rizicole de mieux exécuter son programme industriel de
riz. Les grandes unités industrielles devaient donner un rendement
supérieur afin de permettre une valorisation possible et fournir sur le
marché un riz de quantité homogène pouvant concurrencer le
riz importé qualifié de riz de luxe118.
Les unités industrielles étaient parfaitement
adaptées aux conditions d'usinage de la Soderiz. C'est-à-dire des
usines plus ou moins neuves avec des capacités de production pouvant
satisfaire la Soderiz. Le paddy une fois dans les rizeries était
transformé en riz blanc et mis dans des sacs, prêt à
être commercialisé.
Le traitement industriel du paddy a fait fonctionner la
Soderiz et les différentes
117 Ces usines sont les suivantes : usines de Bouaké, Man,
Korhogo, Bouna, Odienné, Daloa, Gagnoa, San Pedro, Bongouanou
118 ADS, Rapport annuel Soderiz 1974, p31
85
rizeries à pleine capacité. La transformation du
paddy en riz blanchi a donc subi une nette progression pendant la
période Soderiz. La capacité de production fut portée
à prés de 35 000 tonnes par an. En 1975, le riz usiné
était de 112 827 tonnes contre 11 500 tonnes, en 1971.
Pour augmenter la capacité de transformation des
usines, une grande attention était portée à la
qualité du paddy réceptionnée. Cela a facilité le
passage du rendement à l'usinage de 57% au début de 1971 à
60% en 1972. L'amélioration du rendement a été possible
grâce à la présence de riziers hautement qualifiés
et expérimentés européens notamment Français et
Allemands à l'usine de Korhogo en 1971119. La présence
de ces coopérants européens était surtout le fruit de la
coopération entre la Côte d'Ivoire et les différents pays
européens. De Korhogo, ils étendirent les actions de formations
et de perfectionnement des techniciens aux usines de Bouaké, Man,
Yamoussoukro et de Bouna en 1972.
Après la collecte et l'usinage, la Soderiz a
décidé d'appliquer la troisième phase du système de
production qui consiste à commercialiser et à distribuer le
riz.
III-LA MISE EN PLACE DE STRUCTURES POUR
LA COMMERCIALISATION ET LA DISTRIBUTION DU RIZ
La Soderiz devait être une entreprise de
commercialisation de riz. En effet, la commercialisation était la
dernière étape de la chaine de production du riz blanchi. Elle se
faisait en liaison avec des structures chargées du commerce du riz
importé à savoir la chambre de commerce et de la Caisse
Générale de Péréquation et des Prix (CGPP).
119 Ministère de l'Agriculture, rapport final ...
op.cit, p18
86
1. La gestion du riz de la Soderiz par la chambre de
commerce
Selon le décret n°70-564 du 23 septembre1970,
portant création de la Soderiz, elle a pour rôle de participer
à l'organisation du commerce et à la commercialisation du riz
dans le cadre de la réglementation en vigueur120. La Soderiz
en succédant à la Satmaci avait pour rôle de poursuivre
également son action commerciale. En effet, au début des
années 60 l'encadrement de la riziculture, la commercialisation du paddy
et la gestion des rizeries furent gérés par la Satmaci. Pendant
cette période la Chambre de Commerce de Côte d'Ivoire intervenait
par le biais d'un cartel. Selon Yao Gérard, ancien directeur
régional centre 1973 - 1977 de la Soderiz, « le
président de la Chambre de Commerce Massieyé était lui
même importateur à titre personnel. Il faisait partir du groupe
Massieyé et Ferras. C'était aussi de grandes boutiques de la
place telles que CFCI, CFAO, SCOA etc.... »121. La Chambre
de Commerce de Côte d'Ivoire a été créé en
1908. Elle avait une mission économique. Dès le début de
l'indépendance le gouvernement lui confie la gestion et la
répartition du riz importé122. Elle était
responsable de l'écoulement, de la distribution et de la
régulation des stocks de riz.
La Soderiz a participé à cette politique de
commercialisation de riz avec la Chambre de Commerce. Le riz après
transformation dans les usines Soderiz était mis en totalité
à la disposition du Ministère du commerce. La Chambre de Commerce
sous la recommandation de son ministère de tutelle, devait se saisir du
stock de riz local mis à sa disposition et elle se chargeait de la
distribution. Cette distribution se faisait à travers les
différents offices commerciaux contrôlés par la Chambre de
Commerce. Cette structure s'occupait de la commercialisation du riz
importé par l'intermédiaire des maisons de
120 JOCI du 25 septembre 1970, p 1632
121 G, YAO, ancien directeur régional centre de la Soderiz
1973 - 1977, entretien réalisé à Abidjan Marcory le 14
octobre 2010
122R, T, BEKOIN : 2006, La Chambre de commerce de
la Côte d'Ivoire de la colonisation à l'après
indépendance : naissance apogée et déclin d'une
institution 1908-1992, Thèse de doctorat, Université de
Cocody, p 508
commerce123
. Cette institution à vocation économique veillait
aussi à ce qu'il n'y
87
ait pas de pénuries de stock de riz. Elle se devait
d'approvisionner régulièrement le marché du riz et
s'assurer que les importateurs ne travaillent pas a perte. Le riz local produit
par la Soderiz était donc commercialisé parallèlement avec
le riz importé. La chambre de commerce était donc le distributeur
du riz local de la Soderiz. La commercialisation était
élevée au rang d'une activité vitale car elle rapportait
d'énormes devises à la société124. Plus
de 120 000 tonnes de paddy étaient commercialisées par la Chambre
de Commerce ce qui représentaient un bénéfice minimum de 9
milliards de Francs CFA qu'aucune activité en particulier l'encadrement
ne mettaient à la portée de la Soderiz125.
Entre 1970 et 1974, la Chambre de Commerce évacuait
toujours les stocks déclarés par la Soderiz. Entre les deux
structures il existait une collaboration parfaite. La Chambre de Commerce
devait tenir compte des cours du marché mondial du riz pour
l'écoulement des stocks qu'elle gérait. A cet effet, dans le cas
du prix de cette denrée à grande consommation et pour d'autres
raisons, l'Etat créa une structure pour la stabilisation du prix du
riz.
2. L'action de la Caisse Générale de
Péréquation et des Prix dans la commercialisation du riz
La Caisse Générale de Péréquation
et des Prix (CGPP), a été créé par le décret
n°71-169 du 25 mars1971126. Elle fait son apparition, sur la
scène rizicole en Côte d'Ivoire, à la même
période que la Soderiz. Elle avait pour rôle principal de
régulariser et stabiliser les prix de vente des produits et marchandises
de grande consommation. Auparavant, il existait une réglementation
particulière de l'importation et la fixation du prix du
riz127. La CGPP exerçait ses activités sous la tutelle
mal définie. En effet elle était rattachée à la
fois au Ministère du
123 ADS : rapport annuel Soderiz 1975, p9
124 A, SAWADOGO op.cit p 53
125 ADS, rapport annuel Soderiz 1975, p45
126 JOCI du 5 avril 1971, p 414
127 Arrêté 10- 549 SEC du 10 décembre 1956
cité par Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit, p 361
88
commerce, au Ministère de l'Economie et des Finances,
au Ministère de l'agriculture pour la coordination de la collecte des
produits agricoles et enfin à la Présidence de la
République. Ce qui faisait penser selon Brindoumi Atta Kouamé
Jacob que sa gestion était plutôt « du politique
» que celle d'un établissement public national
normal128.
Pour Dutheil de la Rochère, la nature juridique de la
CGPP était difficile à déterminer. Dès sa
création elle fut dirigée par le directeur des affaires
économiques et des relations économiques extérieures. Elle
n'avait officiellement ni personnalité juridique ni autonomie
financière129. Elle possédait des antennes à
l'intérieur du pays. Les activités de la caisse de
péréquation portaient sur le riz officiel, c'est-à-dire
produit localement dans les unités industrielles de la Soderiz et riz de
luxe importé.
En créant la CGPP, l'Etat envisageait assurer
l'uniformité des prix fixés à la consommation sur
l'ensemble du territoire. Cette garantie était réalisable
grâce à une subvention du transport du riz. Le circuit de
distribution de la Caisse de péréquation était assujetti
à un agrément délivré par la caisse de
péréquation elle-même. En 1974, des agréments de
grossiste ont été livrés. Environ 450 grossistes
opéraient pour ce circuit.
La logique de l'intervention de la CGPP dans la filière
riz était d'assurer la sécurité alimentaire du pays et
favoriser la transformation industrielle du riz et faciliter aussi son
écoulement. En d'autres termes, c'était d'éviter des
ruptures de stocks dont les conséquences pouvaient s'avérer
préjudiciables. Pour Louis Berger, cela permettait « d'assurer
la permanence des approvisionnements en riz de la population d'environ 90 000
tonnes et d'assurer également, l'écoulement du riz du circuit
officiel tout en maintenant l'uniformité des prix du riz blanc sur
l'ensemble du territoire, national grâce à une
péréquation du
128 A, K, J BRINDOUMI, op.cit, p 55
129 Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit p 361
89
transport »130. Ainsi, la CGPP
réglait la distribution du riz blanc au niveau
national. Elle estimait et rachetait toute la production
locale du riz des unités industrielles de la Soderiz. La caisse de
péréquation du riz utilisait une partie de ses ressources pour le
soutien de la collecte et de l'usinage du paddy local. Les ressources de la
CGPP devaient servir à la régularisation et à la
stabilisation du prix de vente du riz. Environ 60% de ses ressources
étaient versées à la Soderiz comme frais de transport,
d'usinage et pour la redistribution du riz131. Le reste
des ressources étaient versées au Budget
Spécial d'investissement et d'Equipement (BSIE), en vue de leur
affectation à des opérations différentes de la
stabilisation des prix, telles que la mise en valeur des bas-fonds et la
vulgarisation de la culture du riz. Elle a joué un rôle
très capital dans la commercialisation du riz en général
et la production de la Soderiz en particulier. Par ses actions, elle a permit
une accessibilité du riz à toutes les couches sociales.
L'association de la CGPP à la commercialisation marque
l'intervention de l'Etat dans le commerce du riz. Elle intervient dans le
financement du coût de transport du riz. Ce qui permettait aux
commerçants de bénéficier d'un soutien en fonction de la
localisation de son magasin. La caisse de péréquation pratiquait
des prix variant entre 1,10 francs le kilomètre à 4 francs CFA.
Pendant la période 1973 - 1974, la caisse versait 4 francs entre Abidjan
et Man, 2 francs Cfa le kilomètre, Gagnoa - Abidjan, 2 francs Cfa le
kilomètre Bouaké - Korhogo132.
La caisse a régulé près de 100 000 tonnes
de riz en 1973, soit près de 14 % de la consommation totale du
pays133. Elle était une caisse de stabilisation pour
le secteur de la commercialisation et en même temps elle
était perçue comme
130 L, BERGER, op.cit p v-2
131Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit,
p362
132 Ministère du commerce, commercialisation
des produits vivriers en Côte d'Ivoire : analyses et
recommandations, Abidjan, BETPA, 1982, p 53
133 K, DIOMANDE op.cit p 56
une source de revenu pour l'Etat ivoirien, car elle percevait
les taxes sur les importations de riz.
En effet, comme l'indique le tableau n°10 ci-dessous la
caisse de péréquation a réalisé des
bénéfices énormes sur les importations du riz de 1971
à 1977. En 1971, lorsque la caisse de péréquation achetait
97 000 tonnes de riz importé, le prix était 21 000 francs la
tonne. Ensuite elle revendait aux grossistes à 45 000 francs la tonne,
soit un bénéfice brut de 24 000 francs CFA la tonne. L'Etat
réalisait un bénéfice total de 2 340 000 000 francs Cfa.
Entre 1971 et 1973, l'Etat a réalisé un bénéfice de
plus de 5 milliards de francs Cfa. De 1973 à 1974, les chiffres furent
négatifs du fait de la hausse des prix à l'importation et
à la forte production du riz de la Soderiz. A partir de 1975, le pays
réalise d'énormes bénéfices atteignant 2 655 000
000 francs Cfa en 1977. Ces devises ont servi à alimenter le budget
général de l'Etat.
Tableau n°10 : Estimation des revenus bruts de l'Etat sur la
commercialisation
du riz importé de 1971 à 1977
Années
|
Volume importé en Tonne
|
Prix CAF en francs CFA
|
Prix de cession aux grossistes f CFA /T
|
Bénéfice brut en f CFA/T
|
Total du bénéfice milliards FCFA
|
1971
|
97 000
|
21 000
|
45 000
|
24 000
|
2,340
|
1972
|
77 000
|
28 000
|
45 000
|
17 000
|
1,3107
|
1973
|
147 000
|
59 000
|
57 000
|
-2 000
|
-0,294
|
1974
|
72 955
|
112 000
|
107 000
|
-5 000
|
-0,365
|
1975
|
1 636
|
50 000
|
97 000
|
47 000
|
0,0752
|
1976
|
1 300
|
30 000
|
87 000
|
57 000
|
0,1311
|
1977
|
121 708
|
69 000
|
87 000
|
18 000
|
2,655
|
Sources: BRINDOUMI (A K J), op.cit p 12
90
Ministère du Commerce, statistiques
douanières, 1977, p 54
Les circuits de distribution du riz pendant la période
Soderiz étaient très complexes. La vente du riz blanchi a
nécessité la présence de deux structures commerciales,
à savoir la Chambre de Commerce et la CGPP. Ces structures qui ont
fonctionnées simultanément visaient à écouler les
stocks de riz usinés par la Soderiz.
Les succès techniques ont été
indéniables. Ainsi dans des délais très courts, soit en
moins de quatre ans la production de paddy a été
multipliée par 2 tandis que la quantité de paddy collectée
et usinée a été multipliée par 1,5134.
Ce meilleur résultat obtenu grâce à l'action de la Soderiz
aura des effets positifs sur l'économie du pays. Cette synergie a permis
à la Soderiz d'atteindre entre autre l'un de ses objectifs à
partir de 1974.
91
134 S Y, AFFOU, op. Cit p 21
92
CHAPITRE IV : L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE LA
SODERIZ
L'intervention accrue de la Soderiz dans le milieu rizicole a
donné des résultats probants. Ces résultats positifs
s'observent tant au niveau de la production du riz qu'au niveau de
l'économie du pays. Cette évolution consacre l'âge d'or de
la Soderiz de 1974 à 1976.
I- LES RETOMBEES SOCIALES DES ACTIONS DE LA
SODERIZ.
L'action Soderiz a été d'une portée
capitale. En moins de 5 ans d'activités, les fruits de ses actions se
font sentir à travers la création d'emploi et le
développement des villages paysans. Ces actions de portée sociale
de la Soderiz ont permis le développement du pays.
1- La création d'emplois et distribution des
revenus.
Dans le cadre du développement économique, la
Soderiz a posé des actions nombreuses au plan social. Ainsi, l'impact du
projet Soderiz a été très perceptible au niveau des
revenus internes dans les régions où était
exécutée l'opération de la Soderiz.
Dès 1972, la Soderiz a eu pour action d'insérer
les jeunes volontaires paysans dans le tissu social. Pour ces jeunes,
l'agriculture constituait un travail rémunérateur pouvant leur
permettre d'avoir des revenus mensuels de 40.000 francs à 50.000 francs
CFA135. Le but poursuivi par la Soderiz était de lutter
contre l'exode rural et d'offrir aux paysans un meilleur revenu grâce
à leur production. La mise en place du projet Yabra en 1973 constitue
à cet effet un exemple.
Le projet Yabra fut une opération rizicole
initiée par la Soderiz dans le département de Yamoussoukro au
centre du pays où 2000 hectares ont été
135 ADS, Rapport annuel Soderiz 1973 p 243
93
préparés dans la vallée alluviale de la
rivière Yabra après la construction par l'Etat de quatre
barrages. Pour Ahmed Timité ancien cadre de la Soderiz, « le
gouvernement avait demandé à la Soderiz de participer à la
modernisation de l'agriculture notamment celui du secteur rizicole. Il a
été demandé à la Soderiz d'installer des
agriculteurs modernes au Yabra, à San Pedro et à Korhogo etc....
»136.
Par ce projet, la Soderiz voulait donner une chance aux jeunes
ivoiriens qui n'avaient pas terminé leur parcours scolaire de pratiquer
la riziculture en s'inspirant des méthodes culturales
chinoises137. Le projet Yabra a obtenu le soutien du
Président Houphouët Boigny, qui a fait de Yamoussoukro son village
natal, une grande zone productrice de riz. Ainsi, avec la Soderiz
c'était l'ouverture sur un emploi permanent. Après une
période de formation de deux mois, 400 à 600 jeunes volontaires
ont été retenus comme aptes a constituer douze
coopératives pour s'adonner à la culture intensive du
riz138.
A partir de 1974, pour intéresser les jeunes à
la riziculture la Soderiz réalisa une étude. Selon les
résultats de cette étude, les jeunes gens qui la plupart n'ont
jamais eu de revenu et qui du coup se trouvent possesseurs d'une somme d'argent
d'un montant de 200.000 Francs à 400.000 francs CFA ne pouvaient
qu'être satisfaits. Cette étude avait pour objectif de motiver les
jeunes pour la riziculture en leur offrant des emplois. La
société faisait donc employer 2.000 agents en permanence et 2.500
agents temporaires139. Selon les premiers calculs fait par la
société, un paysan qui exploitait au moins deux (2) hectares
pouvait avoir un revenu mensuel de 75.000 Francs voire plus. Ce qui
équivaut à certains revenus de la ville. Cela témoigne
bien de la rentabilité de la culture du riz et l'augmentation des
revenus des paysans avec la Soderiz.
136 A, TIMITE : Ancien Directeur chargé de la production
à la Soderiz de 1971 à 1977 et ancien Ministre de l'Agriculture,
entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan
à son domicile à Cocody II Plateaux
137 K, KOFFI, op.cit, p 7
138 A, K, J BRINDOUMI, 2003, op.cit, p155
139 ADS : Rapport annuel Soderiz 1974 p 184
94
De 1972 à 1974, l'évolution de la
création d'emplois et la distribution de revenus a suivi le rythme du
développement des actions de la Soderiz. Durant ces années, les
régions Nord, Centre, et Ouest ont bénéficié
chacune d'un montant de 3,7 milliards de francs CFA par région du fait
des actions de la Soderiz. Cet apport a permit une croissance du revenu moyen
par paysans à 17%140. Cette augmentation du revenu agricole a
concernée les exploitations touchées par le projet de
développement rizicole de la Soderiz. Cela a eu un impact
considérable sur le développement social du pays et par ricochet
sur le développement de l'économie ivoirienne.
La création d'emploi s'est poursuivit avec
l'installation de jeunes agriculteurs modernes dont l'expérience pilote
a été réalisée sur le Yabra. La Soderiz a
initiée une politique d'installation de jeunes agriculteurs à San
Pedro dans le sud ouest. Ces derniers, après trois stades de formation
progressive, à savoir la formation sur les techniques culturales, la
gestion de l'exploitation et l'organisation en GVC, étaient
installés sur des terres aménagées a cet effet, pour y
pratiquer la riziculture irriguée141. Ce volet d'installation
est un axe majeur de la politique de développement agricole et de la
modernisation rizicole décidées par les autorités à
travers les différentes opérations de la Soderiz.
L'opération Bou Sirasso dans le département de Korhogo, au nord
du pays a eu un effet considérable au niveau régional en 1973 du
point de vue économique. Ce projet a engendré entre 1971 et 1972
plus de 1000 emplois pour la population et près de 10 milliards de
francs CFA de revenu à la région des savanes142.
En effet, la société procédait, pour
l'exécution de son programme, au recrutement des stagiaires pour
l'encadrement des paysans dans la région. Comme critère de
recrutement, il était choisi des jeunes gens actifs et dynamique aimant
le milieu rural, et ayant une compétence technique et des
140 ADS : Rapport annuel Soderiz 1976 p 89
141 ADS : Programme pluri annuel du développement rizicole
1978 - 1980, p 139 142ADS : Rapport annuel Soderiz 1973, p102
95
connaissances essentielles directement
utilisables143. Pour la première année
c'est-à-dire en 1971, le nombre de stagiaires recrutés qui
était de 200 est passé à plus de 1.000 en
1975144. Plusieurs d'entre eux, étaient issus des
écoles pratiques d'agriculture et des centres de formation d'agriculture
de Korhogo. Certains riziculteurs qui avaient une expérience requise
étaient recrutés.
La création des rizeries sur l'ensemble du territoire a
exigé une main d'oeuvre conséquente. Entre 1970 et 1972, plus de
2500 emplois ont été créée avec la mise en place
des usines de transformations de riz. Ce chiffre connait une croissance notable
entre 1973 - 1974 en atteignant 4512 emplois145. Ainsi les jeunes
diplômés étaient recrutés. En ce qui concerne le
mode d'emploi et le recrutement dans les usines, on distinguait deux
catégories : les ouvriers vacataires et les personnes embauchées.
Les ouvriers vacataires appelés communément «manoeuvre«
étaient recrutés par appels d'offre. Pour Brindoumi Atta
Kouamé Jacob, le contrat de travail était déterminé
et était lié à la quantité de paddy
transformé.146 La deuxième catégorie concernait
les personnes embauchées. Elles étaient constituées du
personnel administratif et de quelques rares ouvriers.
La Soderiz, véritable société de
développement, a permis la création de plusieurs centaines
d'emplois et une importante distribution de revenu. Le développement
économique devait donc être effectué à partir des
actions sociales.
2- La réalisation de village Soderiz
Selon le président Félix Houphouët Boigny,
à propos de la Soderiz « l'économie doit supporter le
social et le social doit aider au développement de l'économie car
les deux se secondent mutuellement, la Soderiz au delà de ses
143 Ministère de l'agriculture, proposition op.cit,
p 28
144 Ibid, p31
145 Ministère de l'économie et des finances :
La Côte d'Ivoire en chiffre, annuaire statistique,
édition SEA, 1975, p 130
146 A, K, J BRINDOUMI, 2003, op.cit, p157
96
actions de développement doit participer à
l'action sociale »147. Cette phrase est d'autant plus
vraie qu'on ne peut parler de développement économique sans
penser au social. L'un des soucis qui animaient la Soderiz était de
mettre les paysans dans les conditions adéquates de travail. Les plaines
alluviales étaient situées en pleine brousse loin des campements.
Les paysans étaient obligés d'aller au travail le jour et revenir
dormir en ville et cela tous les jours. Cette situation entrainait deux efforts
: le parcours du trajet et le travail sur le terrain. La Soderiz prit donc la
décision de construire des villages pour les paysans148. Cela
permettait de gagner le temps et d'assurer une présence permanente du
paysan sur le terrain.
A partir de 1973, l'on assiste à une floraison de
villages, créés par la Soderiz. La mise en valeur du
périmètre Yabra ainsi que l'opération rizicole
menées dans la région de San-Pedro ont permis à la mise en
place des villages Soderiz. Pour Ahmed Timité ancien directeur
chargé de la production à la Soderiz 1970 - 1977, la
création de ces villages pour les paysans, rentrait dans le cadre du
développement socio-économique du pays en général
et celui des régions en particulier. Il souligne que « les
premières maisons témoins ont été faites à
Natio-Kobadara à quelques encablures de Korhogo et étaient
financées par la KFW »149. Il s'agissait donc d'y
loger les paysans qui rembourseraient la somme de 840.000 francs à long
terme la Soderiz. Ces villages étaient destinés pour la plupart
aux jeunes paysans. Ils disposaient d'une organisation sociale et
étaient dirigé par un chef et des notables. 150
L'infrastructure sportive n'était pas en reste. Les
salles de jeu et de dispositifs sportifs tels que les terrains de football et
de Maracana, l'installation électrique et le centre de santé
étaient les réalisations sociales les plus
remarquables151.
147 J, YAO, « La Soderiz un instrument de
développement », In Fraternité Matin du
07 mars 1974, p 8
148 K, KOFFI, op.cit p 27
149 A, TIMITE : Ancien Directeur chargé de la production
à la Soderiz de 1971 à 1977 et ancien Ministre de l'Agriculture,
entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan
à son domicile à Cocody II Plateaux
150Ministère de l'agriculture, Rapport final :
étude pour la formulation op.cit, p
21 151ADS : Rapport annuel Soderiz 1975 p 34
97
En 1974, les périmètres Soderiz de Subiakro et
de Yaora ont vu la construction de leur village Soderiz152. La
même année, c'était au tour du village de Sema d'en
bénéficier. De par ces villages, la société
rizicole participait au développement économique et social du
pays.
Par ailleurs la construction des villages Soderiz se situait
dans le cadre des objectifs de la société. Ce qui a d'ailleurs
confirmé le rôle économique et social de la
société de développement. L'action de la Soderiz a
contribué à la modernisation de l'habitat rural. Entre 1971 et
1977, plusieurs paysans ont été réinstallés dans
les villages Soderiz.
Au total plus de 6000 maisons ont été
construites par la Soderiz153. Ces logements réalisés
étaient « en dur ». C'est-à-dire ces maisons
étaient faites avec du ciment et avaient toutes les commodités
pouvant accueillir une famille élargie. Cette expérience de la
Soderiz de réalisation massive de logements ruraux, était sans
précédent et contribuait à l'amélioration des
revenus par l'agriculture. Ces réalisations de villages sociaux
montraient bien la bonne santé de la société au niveau
financier.
II- L'IMPACT ECONOMIQUE DES ACTIONS DE LA SODERIZ
Les chiffres d'affaires de la Soderiz suivent le rythme de
l'évolution des activités de la société. La
croissance du budget de fonctionnement a été possible grâce
à une mobilisation des bailleurs de fonds autour de la Soderiz. Ce
soutien constant de la société est le signe de la performance
économique de l'institution.
1 - La mobilisation des bailleurs de fond.
Pour réussir le programme rizicole, il fallait
consentir un effort pour son financement. Faut-il le noter, à la
différence des autres secteurs productifs
152 Ministère de l'agriculture, Rapport final ... op.cit,
p 14
153 K, KOFFI, op.cit p52
98
auxquels l'Etat a consenti d'énormes investissements,
la riziculture à bénéficier en grandes parties des
ressources extérieures de financement. Ainsi l'opération du riz
conduite par la Soderiz a attiré la confiance des opérateurs
économiques.
Au début du programme en 1970, le principal bailleur de
fond était la Kreditanstt Für Weiderbau (KFW) de la
République Fédérale d'Allemagne (R.F.A) sa part
représentait environ 32% des investissements de la
société. La Soderiz a sollicité l'appui des bailleurs de
fond vu l'ampleur de ses activités. La KFW est intervenu dans le cadre
de l'aide bilatérale accordée à la Côte d'Ivoire. En
1971, elle a financé les opérations de construction de barrages
et de mise en valeur des périmètres rizicoles à Korhogo
à hauteur de 3 milliards de francs CFA. L'ancien directeur chargé
de la production à la Soderiz, Ahmed Timité témoigne
à ce sujet que : « le premier barrage à avoir
bénéficié de cette aide a été le barrage de
Nombolo. Avec les maigres moyens la réalisation de ce barrage a
épaté tout le monde. L'argent a suffi au grand étonnement
des Allemands, ce qui nous a permis de demander d'autres fonds
»154. Au nombre de dix, ces petits barrages en terre
irriguaient les surfaces entre 100 et 250 hectares. En 1972, avec
l'intensification du programme rizicole de la Soderiz, le Fond Européen
de Développement (FED) a inverti 256 200 000 francs CFA, soit 30% des
investissements, pour l'évaluation et la formation des agents
d'encadrement155.
En outre, en1973, dans le cadre du renforcement des
capacités d'usinage, l'organisation internationale de café (OIC)
a fait un prêt de 1 467 700 000 francs CFA à la Soderiz. Ces fonds
devaient servir à la construction de quatre barrages et une station de
pompage.156 La Soderiz a attiré aussi l'attention de d'autres
organismes de financements, ce qui permettait d'élaborer une
véritable stratégie de développement national. L'apport
des bailleurs de fond s'est accru à partir de
154 A, Timité, ancien directeur chargé de la
production à la Soderiz 1970 - 1977, entretien réalisé le
13 Décembre 2011 à Abidjan
155ADS : Soderiz 6 ans déjà 1976, p
23
156 ADS : Rapport annuel Soderiz 1976, p 291
99
1974. En effet, la République Fédérale
d'Allemagne (RFA) a fourni pour les opérations de riziculture
irriguée dans le nord du pays, 1 milliard de francs CFA, pendant que la
Caisse Centrale de Coopération Economique (CCCE) s'est engagée
avec 2 milliards de francs CFA dans la zone forestière. Quant au Fond
Européen de Développement (FED), il engagea un investissement
important de plus de 3 milliards pour la création d'un complexe
mécanisé à Odienné.157
Outre ces financements extérieurs, on notait celui de
l'Etat ivoirien. Pendant la période 1973-1974, le budget spécial
d'investissement et d'équipement (BSIE) a mis à la disposition de
la Soderiz 145 000 000 F CFA, pour la réalisation de ses projets. La
Caisse de Stabilisation et de Soutien des Produits et Prix Agricole (CSSPPA)
n'est pas restée également en marge de cette vague
d'investissement, avec plus de 166 000 000 F pour la stabilisation du prix du
riz158.
Faut-il rappeler que depuis le début de son
intervention, l'année 1974 à été celle qui à
mobiliser plus de bailleurs de fonds. Par ailleurs, l'apport des capitaux
étrangers pour la Soderiz est jugé satisfaisant, car cela a
permis une augmentation sensible des « chiffres d'affaires »
de la société159.
2- Evolution des chiffres d'affaires de la
société
Avec un capital de 175 000 000F CFA en 1970, la
Soderiz a réussi à faire évoluer son chiffre d'affaire et
son capital de quelques centaines de millions.160 Ainsi en 1971, son
chiffre d'affaire qui était de 300 000 000 francs a augmenté de
847 000 000 francs CFA a cause de sa politique de production et
d'encadrement.161
157 J, P, DOZON, op.cit p42
158 ADS : Rapport annuel Soderiz 1974, p45
159 Le chiffre d'affaire c'est le montant des ventes de biens et
services cumulées entre deux bilans
160 ADS : Soderiz 6 ans déjà 1976, p 13
161Idem p 16
100
De plus, l'importance de l'institution se reflétait de
façon significative au niveau de l'évolution de son chiffre
d'affaires qui est passé de 1 622 000 000 F CFA en 1972 à 3 048
000 000 FCFA en 1973162. Eu égard son capital
d'investissement, la Soderiz était une société en pleine
croissance, ce qui a fait dire au Directeur Général Jean
Kemiangnan Oulaï que : « l'évolution vertigineuse du
chiffre d'affaires de la société témoigne bien de la
santé de la Soderiz et d'un véritable effort de
croissance»163. Avec cette évolution de la
société observée en 1973, elle étendit ses actions
sur l'ensemble du territoire y compris la zone forestière.
A cette période, pendant que le chiffre d'affaires
augmentait, le capital d'investissement restait inchangé. Par ailleurs
pour mieux couvrir les activités de production et d'usinage, sur rapport
du commissaire aux comptes, le conseil d'administration de la Soderiz
préconisa que le capital social de la société soit
porté à 180 000 000F CFA, comme le prévoit l'article 4 du
décret portant création de la Soderiz.164. Selon le
conseil d'administration, cette somme devrait être versée en
espèce sur le compte de la Soderiz. Ainsi, le 3 Juillet 1974 sur
proposition du président du conseil d'administration, le conseil a fait
passer le capital social de 75 000 000 F à 300 000 000F.
Après la campagne rizicole de 1974, le chiffre
d'affaires variait entre 6 000 000 000 et 7 000 000 000 Francs165.Ce
chiffre d'affaires connu une véritable croissance jusqu'en 1975
où la Soderiz totalisa 15 000 000 000 francs et prévoyais 20 000
000 000 francs CFA pour l'année 1976.
La performance économique de la société a
permis à celle-ci d'occuper la 10e place en 1973 lors du
classement des entreprises166. Ce classement était
établi par la centrale des bilans de Côte d'Ivoire, qui classait
les sociétés et
162ADS : Rapport annuel Soderiz 1974, p 34
163S, HIEN « il n'est pas nécessaire
d'importer du riz » in Fraternité Matin du 21 janvier
1976, p 3
164 ADS : Procès verbal du 03 juillet 1974 du conseil
d'administration Soderiz, p 5
165 Idem p 7
166ADS : Rapport annuel Soderiz 1974, p 14
101
entreprises ivoiriennes en fonction de la valeur
ajoutée qu'elles créaient. Par conséquent l'augmentation
du capital social a eu un effet considérable, sur le chiffre d'affaires
et a positionné la Soderiz dans le classement de la centrale des bilans
au rang de cinquième société performante de
l'année167.
Ainsi en 1975, les performances réalisées par la
Soderiz étaient d'une importance capitale. L'augmentation du capital de
la société a permit au pays de noter un développement
harmonieux et de penser à une autre étape de la politique
rizicole.
II- LA CÔTE D'IVOIRE AUTO SUFFISANTE EN RIZ DE
1974 - 1976
L'augmentation de la production du riz envisagée par la
Soderiz visait entre autre à satisfaire le besoin de consommation des
ivoiriens en riz et si possible exporter le surplus. De 1974 à 1976 la
Soderiz a pu réaliser cet objectif.
1-la réduction des importations
Pendant que la Côte d'Ivoire développait la
production du riz local, elle continuait toujours à importer.
Après le renforcement des capacités et des techniques de
production, la Soderiz a pu réduire l'importation du riz. Cela
résulte des mesures prises par les autorités au sujet des prix.
En effet, en 1973 la société décida de porter le prix
d'achat du paddy garanti au paysan à 65 francs la première
qualité et 28 francs la deuxième qualité. Par la suite, en
1974 le prix d'achat fut fixé à 75 francs168. Cette
initiative a permit d'augmenter la production du riz de la Soderiz.
En effet les paysans, à cause de l'augmentation du prix
d'achat du paddy ont vendu toute leur production à la
société. A l'inverse, cette politique des prix a fortement
atténués les importations de riz qui étaient en cours
depuis des décennies. En effet, en un an le rythme des importations a
baissé passant de
167 ADS : Rapport annuel Soderiz, 1974 p 112
168 Idem p 115
102
10 000 à 3 000 tonnes par mois alors que les livraisons
à la Soderiz passèrent de 26 000 tonnes en 1974 à 100 000
tonnes en 1975169.
En 1971, la production du riz de la Soderiz était
estimée à 385 000 tonnes alors que les importations
étaient à 100 000 tonnes. De 1972 à 1973 les importations
s'élevaient à plus de 140 000 tonnes et la production Soderiz
à 335 000 tonnes. La variation des importations de 1971 à 1973
semblait être la conséquence de la baisse des cours mondiaux du
riz. En 1973 avec ce phénomène, le cartel des importateurs
décidèrent d'importer plus. La Soderiz quant à elle
continua d'augmenter sa production de sorte à couvrir les besoins
intérieurs. En 1974, sa production était de 406 000 tonnes et
atteignit 460 850 tonnes en 1975, alors que les importations chutèrent
à 72 955 tonnes et passèrent à 1 636 tonnes en
1975170.
Ainsi avec la réduction des importations et
l'augmentation de la production par la Soderiz, le pays a pu économiser
les énormes devises qui étaient destinées à
l'importation du riz, qui s'élevaient à des dizaines de milliards
plus précisément 21 milliards171.
Par ailleurs, les activités des importateurs furent
ralenties de 1974 à 1976. Les quotas qui leur étaient
attribués par la Chambre du Commerce de Côte d'Ivoire,
n'atteignaient plus 20% comme c'était auparavant172. La
Chambre du Commerce avait en son sein dans le cadre de la commission
chargée des importations une sous commission des attributaires de riz.
Elle a pour rôle de s'occuper du riz importé et de la production
du riz local173. Cette sous commission constatant l'augmentation de
la production du riz avait profité de
169 A, SAWADOGO op.cit p 145
170 Ministère de l'Agriculture, Statistiques agricoles
1977, p15
171 SGBCI, L'économie Ivoirienne 1974 - 1975,
décembre 1975, p 34
172ADS : Procès verbal du 24 Mai1975 du conseil
d'administration Soderiz, p 7 173 R, T, BEKOIN op.cit, p507
l'occasion pour écouler sur les marchés le riz
de la Soderiz qui d'ailleurs était en sac de 60 kg et que les ivoiriens
préféraient174.
De 1973 à 1976, pendant que la production de riz
transformé dans les usines de la Soderiz augmentait, on assistait
à une baisse des importations. En somme l'impact de la production de riz
a réduit le volume des importations que le pays n'a jamais connu depuis
l'indépendance. L'autosuffisance réalisée, la
société mis le cap sur l'exportation de son surplus.
Tableau n°11 : Evolution de la production du riz et
variation des importations 1970-1976
Année
|
Production(en tonne)
|
Importation (en tonne)
|
1970
|
315 600
|
78 000
|
1971
|
385 000
|
97 300
|
1972
|
320 000
|
77 000
|
1973
|
335 000
|
147 000
|
1974
|
406 000
|
72 955
|
1975
|
460 850
|
1 636
|
1976
|
425 500
|
1 300
|
Source : Ministère de l'agriculture et du commerce,
statistiques douanières et agricoles 1977, p15
103
174 Ministère de l'agriculture Rapport final ... op.cit,
p28
104
Graphique n°4 : Courbe d'évolution de la
production du riz et variation des importations1970-1976
450000
400000
350000
500000
300000
1 2 3 4 5 6 7
Année Production Importation
200000
150000
100000
50000
0
250000
Source : Ministère de l'agriculture,
statistiques douanières et agricoles 1977
2- La Côte d'Ivoire auto suffisante et exportatrice
de riz 1975-1976
L'exportation du riz blanchi dans les rizières
industrielles de la Soderiz, marque le début d'une troisième
ère dans la politique rizicole du pays. L'exportation du riz avait
été réalisée depuis la période coloniale en
Côte d'Ivoire.
En effet, lors de la Seconde Guerre mondiale, les colonies
françaises dont la Côte d'Ivoire ont exporté du riz pour
soutenir la France. La quantité exportée était seulement
une centaine de tonne de riz175. Depuis cette période, le
pays n'a jamais pu exporter une production rizicole. La Soderiz se devait de
réaliser cet objectif. Avec la chute des exportations, le pays
ambitionna d'exporter son riz. En 1975, le riz blanchi dans les usines Soderiz
atteignait près de 400 000 tonnes alors que la consommation ne
dépassait pas 19% de la production locale.
175G, SAGANOGO : 1979, La situation agricole dans
le N'ZI Comoé 1920 - 1939, Mémoire de Maîtrise,
Université d'Abidjan, p 27
105
La Soderiz décida de réaliser la première
expérience d'exportation du riz. Ainsi en 1975, 22 000 tonnes de riz
blanchi sont sortis des rizeries industrielles de la Soderiz. Cette
expérience fut très bénéfique au plan
économique pour le pays, car elle a permit d'obtenir près d'un
milliard de francs CFA. Le riz de la Soderiz fut retrouvé au-delà
des frontières. Diallo Roger explique d'ailleurs que : « c'est
dans ce cadre que le pays a exporté plus de 200 tonnes de riz de luxe
sur le Zaïre. Le pays aussi a secouru le Sénégal et le
Gabon. Cet acte a été posé par Félix Houphouët
Boigny qui a fait don à ces pays en mettant le riz dans des bateaux en
direction de ces pays. On avait couvert tout les besoins du pays en riz
»176.
Par ailleurs en 1976, avec l'appui de la caisse
générale de péréquation et des prix (CGPP), 32 000
tonnes de riz blanchi ont été exportées et vendues dans
les pays de la sous région. On retrouvait le riz de la Soderiz au Mali,
au Niger notamment en Guinée177. Cette initiative d'exporter
le riz était d'une grande
portée pour la Côte d'Ivoire qui en plus du
café et du cacao venait donc de diversifier ses produits d'exportations.
Cette performance réalisée dans le secteur rizicole
témoigne bien de la bonne santé de la Soderiz. La période
19751976 peut être considérée comme l'âge d'or de la
riziculture en Côte d'Ivoire. Elle ne dura que deux campagnes
successives.
A la suite de la période glorieuse marquée par
le développement socio-économique du pays avec la
réalisation de l'autosuffisance en riz, des dysfonctionnements furent
observé au sein de la société de développement.
176 DIALLO ROGER, ancien agent au service financier de la
Soderiz, entretien réalisé le 29 septembre 2011 à Abidjan
Marcory.
177 K, DIOMANDE, op.cit p52
PARTIE III: DES DIFFICULTES DE FONCTIONNEMENT AU
DECLIN
DE L'INSTITUTION : 1976 -1977
106
107
Le succès remarquable de la Soderiz observé de
1975 à 1976 fut de courte durée. Des problèmes de
fonctionnement apparaissent à partir de 1976. Cette partie de notre
travail dépeint les difficultés auxquelles la
société de développement a été
confronté jusqu'à sa dissolution en 1977.
La Soderiz après son succès de 1975 à
1976 est tombée dans la décadence, suite à une
série de problèmes affectant tout le circuit de production tant
commercial qu'industriel. C'est dans ce contexte de dysfonctionnement de la
société que l'Etat ivoirien prend un décret en Septembre
1977, pour dissoudre la Soderiz.
108
CHAPITRE V : LA FAILLITE DU SECTEUR INDUSTRIEL DE
LA
SODERIZ
Les premières difficultés de la Soderiz
commencèrent au niveau industriel. Les usines, après le
succès constaté à partir de 1975 sont surchargées.
La conséquence de ces problèmes est la mauvaise politique des
prix et d'usinage. De 1976 à 1977, on assiste à la
dégradation de tout le système de production de la
société rizicole.
I- LA POLITIQUE DES PRIX NON MAITRISEE
Le succès de la Soderiz observé en 1975, fait
suite à certaines décisions liées au prix. Les prix furent
déterminants dans la réalisation des objectifs de la
société. Ces prix ont eu des effets pervers sur le fonctionnement
de l'institution à partir de 1976.
1-L'augmentation brutale du prix du paddy à la
production en 1974
La politique de prix de paddy au producteur instaurée
par les autorités étatiques particulièrement par le biais
du Ministère de l'économie et des finances, au début des
années 70 avait pour ambition de faire de la culture du riz une culture
de rente. Ainsi, en 1972 le prix du paddy a été fixé
à 30 francs. Par la suite, en 1973, ce prix fut fixé à 38f
/kg178. Pendant cette période, les usines de la Soderiz
restèrent sous utilisées et la production de riz blanc ne suivit
pas le résultat d'encadrement apporté par la
société. Les paysans préféraient consommer ou
vendre leur production à des prix plus élevés que ceux de
la société, au profit des circuits privés tel que les
libanais179.
Ainsi pour parer à ses problèmes et mettre fin
à la concurrence menée par les circuits privés, la Soderiz
décide en 1974 de mener une politique incitatrice de prix à la
production. Le prix du paddy fut passé de 38 francs à 70
francs
178ADS : Rapport annuel Soderiz 1973 p 63
179 Les circuits privés étaient composé
entre autre de vendeuses Dioula et de libanais qui détournaient la
production du riz destinée à la Soderiz
109
CFA le kilogramme et même à 75f /kg en 1974 le
paddy rendu usine180. En outre, un système de primes
lié au tonnage livré et au lieu de livraison a été
mis en place par la Soderiz. Par ce moyen, les paysans et les
commerçants qui auparavant se détournaient de la
société rizicole pour d'autres circuits, se sont rués de
nouveau vers les usines Soderiz pour livrer la production du paddy. Dès
leurs arrivées, ils bénéficièrent d'un bonus de 10
francs par kilogramme, que la société offrait pour les livraisons
à l'usine. Les commerçants profitèrent de cette hausse
pour augmenter leurs chiffres d'affaires. Pour la seule campagne 19741975, les
commerçants de la région de Gagnoa ont ainsi empochés
plusieurs dizaines de millions de francs CFA181.
Cette ruée du paddy dans les usines de la Soderiz a
permis d'augmenter massivement la production nationale du riz. Cette
expérience incitatrice des prix de la société a
été inspirée du model japonais, qui dans la
décennie 60 a pu accéder à l'auto suffisance grâce
à une pareille politique incitatrice de prix à la
production182. A partir de 1976, grâce à cette
politique les usines Soderiz sont débordées de paddy. On assiste
alors à une surproduction de ses unités. D'ailleurs, cela affecta
pour un temps tout le secteur industriel de la société, car les
usines n'étaient pas aptes à accueillir un tel nombre de
tonnages. De plus, l'achat des milliers de tonnes de paddy a entrainé
une énorme sortie de devise pour l'entreprise. La Soderiz se trouva
fragilisé financièrement avec un déficit de 2 milliards de
francs CFA183. Elle n'a plus les moyens d'acheter le paddy en
1977.
L'augmentation brutale des prix à la production en
réalité ne devrait pas être du ressort de la Soderiz.
Certes la Soderiz estimait ne pas pouvoir remplir sa mission avec des prix
d'achat qu'elle jugeait trop bas. Mais pour la Soderiz les prix ne devraient
pas être triplés de façon brutale. Pour Hirsch,
180 A, SAWADOGO op.cit. p 155
181 J, P, Dozon, op.cit p 92
182 FAO : 1974, riz : certains
aspects...op.cit, p 70 183ADS : Rapport
annuel Soderiz 1975 - 1978 p18
110
l'augmentation émanait des autorités politiques
qui n'ont pas laissé à la Soderiz de prendre des décisions
face au prix spectaculaire dont le contrôle lui échappait
entièrement184.
Ce grave problème de hausse brutale du prix fut
préjudiciable à la société de développement
qui vit le prix du riz à la consommation augmenter.
2- Le prix du riz à la consommation
L'augmentation brutale du prix du paddy a amené les
autorités à procéder à une hausse sensible du prix
du riz à la consommation. Ce prix a suivi l'évolution du prix du
paddy. En 1972, le prix du riz à la consommation était de 50f/kg,
et il est passé à 70 francs en 1973. Selon le tableau n° 12
(p107), entre 1960 et 1968, le prix du riz au détail a varié
passant de 45 francs à 65 francs CFA. En 1971 ce prix rechute et atteint
50 francs.
A partir de 1974 avec le phénomène du prix
à la production, le prix du riz à la consommation fut
portée à 125f/kg soit une augmentation de 79%. D'une part les
prix à la consommation ont permis la stabilisation du prix du riz
importé et de celui produit par la Soderiz. D'autre part, elle a
affaibli le pouvoir d'achat des consommateurs, provoquant une baisse du taux de
consommation du riz.
Au début de la décennie 70 le taux de
consommation du riz était de 34% soit 232 050 tonnes de riz. En 1975,
environ 225 790 tonnes de riz avaient été consommées soit
une baisse de 7% du taux de consommation185. Cette baisse
était négative pour la Soderiz car l'écoulement de son
produit devenait très difficile. Les consommations baissèrent et
le prix restait inchangé en 1976. Durant le mois de juin de cette
même année la consommation du riz de la Soderiz chuta de 10 000
tonnes à 4 000 tonnes par semaine186. Cette situation
184R, D, HIRSCH, p 142
185 J, L, CHALEARD op. Cit. p 39
186ADS : Procès verbal du conseil
d'administration Soderiz du 3 juillet 1974 P 2
111
provoqua un problème financier et de stockage. Aucune
réponse satisfaisante n'a été donnée à la
situation difficile provoquée par la politique des prix.
La politique des prix initiée en 1974 fut l'une des causes
des difficultés du secteur rizicole ivoirien. Toutes ces hausses
brutales des prix ont eu des répercussions sur le système
d'usinage.
Tableau n°12 : Prix du riz au détail à
Abidjan 1960 - 1977
Années
|
Prix en francs par
Kilogramme (F/kg)
|
1960
|
45
|
1961
|
54
|
1962
|
51
|
1963
|
54
|
1964
|
46
|
1965
|
51
|
1966
|
56
|
1967
|
61
|
1968
|
58
|
1969
|
-
|
1970
|
74
|
1971
|
50
|
1972
|
50
|
1973
|
70
|
1974
|
125
|
1975
|
115
|
1976
|
100
|
1977
|
120
|
Source : Ministère de l'agriculture et des eaux
et forêts, annuaire rétrospectif de statistiques agricoles
et forestières 1900 - 1983, tome 3, p 77
112
II- LA MAUVAISE POLITIQUE D'USINAGE
Avec la politique incitatrice du prix du paddy, les usines de
la Soderiz ont été débordées de paddy. Mais les
capacités de production furent insuffisantes et même le stockage
fut mis en difficulté. Cela marque le début du dysfonctionnement
du secteur industriel.
1-L'insuffisance des capacités de production du
riz
En 1970, avec l'objectif de l'auto suffisance, un effort
d'investissement important avait été réalisé pour
les unités industrielles à hauteur de 2 milliards, portant la
capacité nationale de transformation à environ 150 000 tonnes par
an. Avec la ruée du paddy dans les rizeries en 1974, la collecte connue
aussi une hausse importante passant de 315 000 tonnes en 1970 à 406 000
tonnes en
1974187.
Ainsi, la Soderiz qui ne possédait qu'une dizaine de
rizeries, devait faire face à la surproduction de paddy. La
capacité d'usinage de ses usines était comprise entre 0,5 tonnes
par heure et 2 tonnes par heure : c'est-à-dire la transformation du
paddy en riz pendant une heure d'horloge ne dépassait pas 2 tonnes. Ce
qui sous entend que la capacité de paddy a transformer était
grande. La société de développement estimait à 2,5
t/h les rizeries de Bouaké, de Gagnoa et de Korhogo : celle de Bouna
avait une capacité de production de 500 t/h et Man avec 2
t/h188. Ces unités industrielles avaient une capacité
théorique d'usinage de l'ordre de 70 000 tonnes par an, une
capacité très insuffisante pour usiner le paddy
collecté.
Outre la capacité d'usinage, toutes ces usines
couraient des pannes techniques et fonctionnaient à 20%189.
Pour N'Dri Brou Benoit ancien Directeur technique de la Soderiz 1974 - 1977,
« ces usines qui avaient près de 8 ans
187 SGBCI op.cit, p 41
188 R, D HIRSCH, op. cit, p29
189ADS : Rapport annuel Soderiz 1975-1978, p 97
113
d'activités, étaient
dépassées. Les pannes apparaissaient, souvent même on ne
trouvait plus certaines pièces de rechange. Donc les usines n'avaient
plus la performance »190.
En outre, les capacités de transformation des rizeries
restaient limitées et les onze rizeries du pays semblaient être
insuffisantes. Ainsi le dispositif industriel ne répondait plus pour la
production du riz de l'institution. Par ailleurs submergée par les
arrivages massifs de paddy du riz pluvial, les usines de Soderiz étaient
confrontées à des difficultés techniques. Et cela du fait
que ces usines n'étaient pas adaptées au travail du riz pluvial
que les paysans ont acheminé vers les usines, suite à
l'augmentation du prix d'achat du paddy initié par les autorités
en 1974. Ce qui créait toujours d'innombrables pannes.
Ainsi les coûts d'usinage devenaient trois fois plus
supérieurs en 1976, comparativement à 1970. Cette situation
exigeaient de la société une sortie énorme d'argent, car
La Soderiz ne profitait plus du soutien à l'usinage de l'Etat. Face
à ces nombreuses difficultés quelques usines furent
fermées. C'est le cas de l'usine de Man qui a arrêté de
fonctionner pendant trois mois à cause d'une panne technique et qui a
fini par être fermée en 1977191.
Selon le tableau n°13 (p110) entre 1970 et 1971, la
capacité d'usinage était de 5.4% car c'était la
première année d'expérience de la Soderiz. Par contre
entre 1971 et 1974 on remarque une croissance du pourcentage des
capacités d'usinage qui atteint 55.2%, un pourcentage jamais atteint par
la Soderiz. Cela se justifie par la mise en place des rizeries du pays et
l'augmentation des capacités d'usinage. A partir de 1975, le pourcentage
des capacités d'usinage a connu une baisse jusqu'en 1977 avec 9.1%.
Cette diminution du pourcentage de la capacité d'usinage marque le
vieillissement des usines et les nombreuses pannes créées.
190 N'Dri Brou Benoit, ancien Directeur technique de la Soderiz
1976 - 1977, entretien réalisé le 09 décembre 2011
à Cocody
191 R, D HIRSCH op.cit. p 58
114
La politique d'usinage était ainsi placée dans
un engrenage qui a affecté tout le circuit industriel et a porté
un préjudice sur la qualité du riz produit par la
société.
Tableau n°13 : Activité d'usinage de la
Soderiz entre 1970 et 1977
Années
|
Volume de paddy collecté en tonnes
|
Production de riz blanc en tonnes
|
Capacité d'usinage
|
1970-1971
|
76000
|
3800
|
5.4%
|
1971-1972
|
179000
|
6900
|
10.4%
|
1972-1973
|
125000
|
8100
|
16%
|
1973-1974
|
126000
|
17000
|
16%
|
1974-1975
|
298000
|
57100
|
55.2%
|
1975-1976
|
100000
|
81200
|
10%
|
1976-1977
|
200000
|
75200
|
8%
|
1977-1978
|
154000
|
74700
|
9.1%
|
Sources : HARRE Dominique op.cit p18
Ministère de l'Agriculture, Statistique Agricole de
Côte d'Ivoire 1975, p26
2- Le non respect des normes de qualités
Bien que dans le programme d'usinage la qualité
était mise en avant, il n'en demeure pas moins que la surcharge des
usines de paddy en 1974 ait permit toujours de respecter les normes de
qualité. Pendant la campagne 1972/1973 plus de 83% de paddy qui
rentraient dans les usines de la société étaient de
meilleure qualité, c'est-à-dire conforme aux normes d'achat.
Selon la législation qui était en vigueur, le paddy sain loyal et
marchand doit être mûr propre exempt d'odeur de paille, de cailloux
et de poussière et doit aussi avoir un taux
115
d'impureté inférieur à 7%, un taux
d'humidité inférieur à 16% et une
homogénéité égale ou supérieure à
80%192.
A partir de 1975, privilégiant la quantité plus
que la qualité du paddy, la Soderiz fut confronté à un
problème de qualité. Avec le phénomène de
surproduction de 1974, la société dans une logique d'alimenter
les rizeries ; n'a pas tenu compte de la qualité du paddy livré.
Elle achetait toutes sortes de riz qu'on lui présentait.
Accréditant ainsi dans l'esprit des producteurs, l'idée suivant
laquelle elle n'est pas regardante quant à la qualité des
produits qu'elle achète. Cette situation du non respect des normes de
qualité s'est accentuée en 1976. En effet, elle prit des
proportions inquiétantes au cours desquelles des pertes de 10 à
16% du poids du paddy brut furent parfois observés à cause des
impuretés et une humidité excessive. Cela rendait difficile
l'usinage de ce paddy de mauvaise qualité. Durant l'année 1976,
la collecte s'élevé à 148 000 tonnes, et 10% de cette
collecte n'a pu être transformée du fait du non
homogénéité du produit. Ainsi la Soderiz évaluait
ses pertes à plus d'un milliards de francs
CFA193.
En outre, le riz sorti des usines n'était plus
compétitif sur le marché intérieur car le riz de la
société qui jadis était de qualité ne respectait
plus ses normes de qualité. Le riz sorti des rizeries était
presque sans qualité avec un taux de brisure dépassant 60% sans
compter les cailloux qu'on y retrouvait194. Lorsque le paddy n'est
pas récolté et stocké à temps ou qu'il est
séché trop hâtivement, la proportion de brisures est
très élevée à la transformation. Les
infrastructures et les pratiques des paysans font que les bons grains de paddy
se retrouvent mélangés aux grains endommagés, aux graines
d'adventices, aux résidus d'insectes, au sable et aux cailloux. Selon
N'Dri brou benoît ancien directeur technique de la Soderiz, «
ces usines étaient dépassées et ne répondaient
a
192ADS : Procès verbal du conseil
d'administration Soderiz, 1976 du 3 Juillet 1976 p5 193 R, D HIRSCH, op.cit
p76
194R, D HIRSCH, op.cit p 77
116
aucune norme d'usinage »195. Le
manque des normes de qualités rendait les produits de la Soderiz sans
valeur et accentuait les difficultés de fonctionnement de l'institution.
Le programme industriel, particulièrement l'usinage du paddy de la
Soderiz était perçu comme improvisé du fait qu'elle n'a pu
faire face à la crise de surproduction de 1974. Les dysfonctionnements
au niveau de l'usinage ont engendré en amont les difficultés de
stockage de paddy.
Photo n°11 : Usine Soderiz de Korhogo
Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6 ans
déjà, Edivoire, 1976, p 20 III- LE DYSFONCTIONNEMENT
LIE AU STOCKAGE
Le riz produit dans les usines en quantité
énorme rendait les lieux de stockage très exigus. Il était
de même pour le paddy dont la collecte sera
195 N'Dri Brou Benoit, ancien Directeur technique de la Soderiz
1976 - 1977, entretien réalisé le 09 décembre 2011
à Cocody
117
interrompue. Ce problème portait un véritable
frein à la production et à l'écoulement du riz de
Soderiz.
1-Le manque d'infrastructures
Les capacités de stockage de paddy n'ont pas suivi
l'évolution des unités industrielles de la Soderiz. Elles
devenaient de plus en plus importantes dans la mesure où la collecte du
paddy en 1976 était plus élevée que la capacité
d'usinage. Cette dernière ne répondait plus aux normes
légales. On a pu constater ainsi des difficultés de stockage du
riz. Cela constituait l'un des points faibles de la Soderiz.
En 1975, avec 140000 tonnes de paddy ; la collecte a
été prématurément stoppée du fait de
l'insuffisance des moyens de stockage. Durant la période de 1976-1977
plusieurs unités industrielles n'avaient plus d'espace pour accueillir
le paddy collecté ni pour stocker le riz blanchi, avant son
écoulement sur les marchés. C'est le cas de l'usine
d'Odienné qui avait collecté 3457 tonnes de riz, mais 2500 tonnes
sont restées devant l'usine, exposées à la pluie.
Plusieurs autres unités industrielles arrêtèrent de
travailler et furent à la suite fermées. Ce fut le cas de l'usine
de Daloa en 1976196.
La Soderiz n'ayant pas les moyens d'une politique
adéquate de stockage, a décidé de facturer les frais de
stockage du riz à la Chambre de commerce. Cette mesure a
été prise, car selon le Directeur général de la
Soderiz, la Chambre de commerce avait pris un retard dans l'enlèvement
du riz de la Soderiz. Ce retard a provoqué une défaillance du
système de stockage. Le stock de riz disponible devrait être avant
tout déclaré à la Chambre de commerce qui se devait de
l'écouler sur le marché dans un délai d'un mois.
Pour résoudre ce problème de stockage, la
société proposa en 1977, un projet d'extension de la
capacité de stockage de près de 65000 tonnes. Le projet
196 Anonyme « Les usines de la Soderiz en
dangers »in Fraternité Matin du 16
Février 1976 p12
118
d'extension devait être exécuté au cours
de trois ans, soit une capacité effective de stockage de près de
200 000 tonnes par an. Il devait coûter plus de 10 milliards de francs
CFA197. Mais ce programme n'a pas pu être
exécuté à temps. La conséquence de ce retard est
que, les productions de riz blanc s'accumulèrent dans les usines Soderiz
et étaient stockées dans de mauvaises conditions. Cette situation
entraina des pertes énormes à l'institution.
2- la sous capacité de la sacherie.
Les problèmes de la Soderiz se sont
particulièrement accentués au niveau du réseau industriel.
Après la transformation du riz, ce produit devait être mis en
sachet. Or la Soderiz avait opté pour un sachet de 60 kg qui
était d' ailleurs apprécié par les consommateurs. Avec la
production excessive du riz blanc les sachets de la société
furent insuffisants pour la mise en sachet. Même le stock de
réserve de sachets de plus de 1000 tonnes avait été
utilisé. L'insuffisance de la sacherie devint un véritable
problème pour la Soderiz, à partir du troisième trimestre
de l'année 1976. En outre, les sacs Soderiz était
détournés par certains agents de l'institution .Cette situation
accentuait la pénurie de sachets dans les usines.
En effet, 17000 sacs correspondant à une
capacité de sacherie de 1020 tonnes avaient été
frauduleusement vendus à un expert maritime, par des responsables de la
société198. Par ailleurs la situation
financière de la société prolongeait la pénurie de
sachets. Les engagements de la Soderiz n'ayant pas été
honorés vis-à-vis de la société FIBAKO fournisseur
des sacs, celle ci a décidé de rompre le contrat de livraison des
sachets. Ces difficultés observées au niveau de la sacherie
rendaient très incertain le stockage du riz. La production s'accumulait
dans les usines où elle était dans de très mauvaise
qualité
197 ADS : Rapport annuel Soderiz 1975, projet BIRD 1975-1978,
p156
198 Anonyme : « Les sachets : un autre problème
de la Soderiz » In Fraternité Matin du 08
février 1976
119
entrainant de ce fait des pertes énormes
évaluées à quelques millions de francs
CFA199.
Comme l'indique le tableau n°14 (p116), en 1976, du fait
du retard accumulé pour l'enlèvement du riz, plusieurs tonnes de
paddy et de riz sont restées dans les usines. L'usine de Bongouanou
avait dans ses locaux 22501 tonnes de paddy avec 41 tonnes de riz blanchi.
Quant à celle de Séguéla il y avait plus de 1800 tonnes de
riz blanchi. Au total les usines de la Soderiz avaient en leur sein 91021
tonnes de paddy et 5001 tonnes de riz décortiqué. Cette situation
témoigne des difficultés de stockage auxquelles la Soderiz est
confrontée.
Tableau n°14 : Volume de paddy et de
riz stocké dans les usines Soderiz en Février 1976
Usines
|
Tonnage paddy
|
Tonnage riz blanchi
|
Gagnoa
|
12 113
|
48
|
Daloa
|
11 821
|
305
|
Man
|
8 706
|
766
|
Bouaké
|
9 210
|
533
|
Séguéla
|
6 298
|
1 855
|
Bongouanou
|
22 501
|
41
|
Korhogo
|
12 910
|
1 252
|
Odienné
|
3 457
|
161
|
Bouna
|
664
|
-
|
San-Pedro
|
650
|
-
|
Yamoussoukro
|
2 691
|
40
|
Source : Chambre de Commerce, compte rendu n°8 de
la commission riz du mercredi 24 mars 1976
La sacherie était mal maîtrisée et
quasiment inexistante pour la société. Hema Namboin Augustin,
directeur chargé de la coopération internationale 1972- 1977
à la Soderiz, soutien que : « le problème de la sacherie
s'est posé et
199 ADS : Procès verbal du conseil d'administration
Soderiz, 1976 du 16 Juillet 1976 p8
était à deux volets : d'abord il y'a la
production. Pour l'achat du paddy on prend la sacherie de deuxième main
dans les magasins « bana bana ». L'achat de ces sacs si tu ne
l'organise pas, ça devient un problème. Ensuite pour la sacherie
finale, on commande avec une grande marge mais l'argent n'était pas
suffisant. Les sociétés FIBAKO et FILTISAC n'en fabriquaient en
qualité et quantité industrielle. Elles fabriquaient pour rentrer
dans leur sous. A certains moments quand les sacs manquent les gens se
plaignent. Sinon nous devrions nous occuper de la sacherie du riz blanchi. Nous
étions occupé à l'usinage, souvent la sacherie ne couvrait
pas »200.
Le riz blanchi produit devenait encombrant sans sachet, ce riz
ne pouvait pas être commercialisé. La sous-capacité de
sacherie créait en général, un dysfonctionnement au sein
de l'institution et engendrait la pénurie de riz local sorti des usines
sur le marché. Les problèmes de stockage que connurent la
société tant au niveau du paddy qu'au niveau du riz blanchi ont
entrainé l'institution dans la décadence.
La faillite du secteur industriel poumon de la transformation du
paddy a
porté un coup fatal à l'institution. Elle ne
fait qu'entériner les dysfonctionnements antérieurs
consécutifs constatés. Ainsi ces problèmes en amont vont
se répercuter en aval sur la distribution et la commercialisation du
riz.
120
200 H, NAMBOIN AUGUSTIN, Directeur chargé de la
coopération internationale à la Soderiz entretien
réalisé le 28 Août 2011 à Abidjan Cocody Riviera
121
CHAPITRE VI LA DEFAILLANCE DU RESEAU DE
DISTRIBUTION
ET L'ACTION DE L'ETAT
La multiplication des difficultés de la
société a affecté énormément la Soderiz.
Cela à conduit à la fermeture des unités de production.
Ces problèmes de fonctionnement ont eu un effet pervers, pesant sur les
circuits de commercialisation. Ces nombreux problèmes conduiront
à la dissolution de la Soderiz en 1977.
I- LE CIRCUIT PARALLELE : UN PUISSANT CONCURRENT A LA
SODERIZ
A partir de 1976, tout échappe au contrôle de la
société ; même la commercialisation du riz blanchi. Cette
situation difficile que connait la Soderiz est très favorable au circuit
traditionnel de vente de riz. Il coexistait avec le circuit officiel de la
Soderiz depuis 1973 - 1974.
1- le circuit traditionnel.
L'existence de circuits traditionnels ou encore circuit «
dioula »201 dans le paysage commercial du riz en
Côte d'Ivoire, date depuis la période coloniale. Le commerce du
riz a été très tôt dominé par les populations
de la colonie, qui se sont insérés dans les réseaux
commerciaux de produits vivriers notamment celui de riz202.
Pendant la période coloniale il existait un
réseau parallèle de commercialisation du riz. Ce réseau
contrôlé par les noirs, entrait en concurrence avec les structures
commerciales coloniales. Malgré les efforts de l'administration pour
contrôler et orienter la distribution du riz, le dispositif colonial ne
réussit pas à contrôler le circuit dioula qui achetait le
riz à un prix
201 C'est une expression en malinké qui rime avec le
commerce, le marché etc....
202 D, HARRE : 1992, Le riz en Côte d'Ivoire : origine
et performance des secteurs de transformation artisanale et industrielle,
Paris, Solagral, p 75
122
plus élevé que celui de l'administration
coloniale203. Ce même phénomène s'est reproduit
à partir des années 1970 avec la Soderiz. Le circuit dioula
assurant la collecte, la transformation du paddy et même la
commercialisation du riz, faisaient d'énormes bénéfices.
Les dioulas prospectaient les villages et les routes pour acheter les produits
aux paysans.
Parallèlement à la Soderiz, ils
décortiquaient chez des particuliers à partir de
décortiqueuses artisanales. Malgré ce système
dépassé, les dioulas créaient des difficultés au
circuit officiel de la Soderiz. En outre, ils concurrençaient les prix
de collecte de la Soderiz.
En effet, le réseau traditionnel proposait aux paysans
des prix quelques fois semblables à ceux de la Soderiz. Les circuits
privés n'étaient capables d'aucune surenchère, mais
réussissaient à s'approprier la production des
paysans204. Du fait de leurs méthodes les paysans ont
opté pour ce circuit. Cela explique pourquoi une importante proportion
de la production voire plus de la moitié échappait au circuit
Soderiz205.
Déjà en 1973, le circuit traditionnel freinait
l'approvisionnement des usines de la Soderiz. En effet, on a constaté au
cours de cette même année que sur une production estimée
à plus de 800 tonnes, la société n'a vu passer que 200
tonnes dans la rizerie de Séguéla et le reste était
à la portée du réseau parallèle206. Le
succès de ce réseau s'expliquait par les prêts que les
acteurs de ce circuit accordaient aux producteurs lorsque ceux-ci faisaient
face à certaines difficultés financières, entre autres les
frais de scolarités des enfants à la rentrée. Coulibaly
Tiorna, riziculteur à Korhogo souligne a cet effet que : «
quelques fois les femmes dioula venaient acheter notre paddy parce que,
souvent la Soderiz n'achète pas a temps notre paddy. Or nous avons
besoin d'argent surtout pour
203 D, HARRE, op.cit, p 42
204 J, P, DOZON : 1983, Bilan d'une
expérience....op.cit, p 60
205 D, HARRE : 1983, Quelques aspects de la commercialisation
du riz importé en Côte d'Ivoire, Mémoire de DEA,
Institut d'étude du développement économique et social de
Paris, p 45
206 J, P, CHAUVEAU op.cit p147
123
faire les funérailles de nos parents et pour nos
besoins »207. Ces prêts étaient ensuite
remboursés en retour en riz paddy. Ainsi, en 1974, plutôt que de
livrer contre les acteurs du circuit traditionnel une bataille, la
société essaie de les intégrer au circuit officiel par
l'instauration des primes d'excitation à la livraison de paddy. Les
acteurs du circuit dioula profitèrent de cette situation et
dominèrent le circuit de commercialisation du riz. Le marché de
consommation était ainsi inondé de riz sorti des
décortiqueuses artisanales.
Au cours de cette même année la production du riz
blanchi pour l'ensemble des unités industrielles Soderiz était de
406 000 tonnes alors que celle sortie des décortiqueuses artisanales
s'élevait à 324.800 tonnes, une production sensiblement
égale. En 1976, la Soderiz avait produit 425.500 tonnes et le circuit
parallèle produisait 396.800 tonnes208 . Ce réseau
traditionnel par ses activités de transformation du paddy dans les
ateliers artisanaux, était très dynamique au point de
concurrencer les rizeries de la Soderiz qui devenaient de plus en plus
vétustes.
Ce réseau était pour la plupart localisé
dans les zones naturelles de production, notamment dans les régions de
Gagnoa, Korhogo et Bongouanou. Pour faire face a cette menace, l'Etat
décida d'interdire alors l'importation des décortiqueuses. Cette
réglementation de l'Etat n'a pas permis de mettre le circuit
traditionnel en déroute. Au contraire elle a renforcé la
concurrence. Par ailleurs le circuit commercial continuait à
concurrencer la Soderiz au niveau des prix. Les acteurs du circuit
traditionnels décidèrent alors de la diminution du prix à
la consommation. Le riz à la consommation fut vendu à 52f /kg,
soit un prix moins élevé que celui de la Soderiz qui était
fixé a 100F /Kg en 1976209. La société
rizicole, acculée par la concurrence n'arrivait pas à imposer sa
production sur le marché intérieur.
207 Coulibaly Tiorna, riziculteur, entretien
réalisé le 23 novembre 2011 à Korhogo
208 AGRIPAC « Halles et marchés de Côte
d'Ivoire » Tomes III, Juin 1974, p73
209G, COURADE : 1988, Evaluation des habitudes
à la consommation des produits alimentaire en Côte d'Ivoire,
tome 1, Février, Paris Orstom, p 14
124
Selon le tableau n°15 ci-dessous de 1970 à 1974,
on observe une augmentation de la production du riz de la Soderiz. Cette
situation est aussi une réalité pour le circuit traditionnel qui
suit légèrement le rythme de la production de la Soderiz.
En 1975, la Soderiz a produit 460.000 tonnes de riz, un volume
jamais atteint depuis sa création. Cela s'explique par les efforts
fourni par la société pour atteindre l'auto suffisance en riz. A
partir de 1975 jusqu'en 1977, on remarque une diminution du volume de
production de riz, pendant que celui du circuit traditionnel augmente pour
atteindre 396.800 tonnes. Ce constat fait est dû aux nombreux
problèmes techniques que connaissent les usines de la Soderiz et la
concurrence accrue du circuit traditionnel. Cette situation est bien
matérialisé par le graphique n° 5 (p121) qui montrer
l'évolution des productions du riz Soderiz et du circuit
traditionnel.
Lorsque nous observons le tableau nous remarquons que la
production et la commercialisation du riz par le circuit traditionnel
évolue avec celui de la Soderiz. Cette commercialisation se faisait au
même rythme, parfois même avec une tendance à concurrencer
le réseau officiel.
Tableau n°15 : Tableau comparatif de la Production du
riz Soderiz et du Circuit traditionnel
Années
|
Production du circuit officiel En tonne
|
Production circuit traditionnel En tonne
|
1970
|
315
|
600
|
242
|
400
|
1971
|
385
|
000
|
252
|
000
|
1972
|
320
|
000
|
308
|
000
|
1973
|
335
|
000
|
256
|
000
|
1974
|
406
|
000
|
268
|
000
|
1975
|
460
|
000
|
324
|
800
|
1976
|
425
|
000
|
396
|
800
|
1977
|
410
|
000
|
368
|
000
|
Source : Ministère de l'agriculture et du commerce,
statistiques douanières et agricoles 1977, p 96
500000 450000 400000 350000 300000 250000 200000 150000 100000
50000
0
|
|
|
|
|
Année
Production circuit officiel
Production
|
1 2 3 4 5 6 7 8
125
Graphique n°5 : Production du riz Soderiz et
circuit traditionnel 1971 - 1977
Source : Ministère de l'agriculture et du
commerce, statistiques douaniers et agricoles 1977, p 96
2- Le circuit libanais.
La commercialisation du riz semblait ne plus être
l'affaire de la Soderiz, car elle ne détenait plus le monopole de la
production du riz. Le secteur rizicole était intégré et
dominé par des groupes privés parmi lesquels les libanais. A
partir de 1975, plusieurs rizeries privées essaimèrent à
travers le pays notamment à N'Douci, à Bongouanou, à Touba
etc.... 210. Ces rizeries à la différence du circuit officiel
avaient un grand marché de consommation, composé
particulièrement de citadin.
Outre le contrôle du marché de consommation, le
circuit libanais possédait des rizeries privées modernes servant
à décortiquer, avec des capacités de production comparable
à celle de la Soderiz. Ces machines étaient de marque chinoise et
dans la moindre mesure japonaise. Leurs capacités variaient dans
210 On retrouvait des rizeries privés à Man,
Tiassalé, Daloa, Dimbokro et Korhogo
126
une large fourchette entre 2 et 15 tonnes de paddy
décortiqué par jours211. Ce circuit, pour la collecte
disposait souvent «des pisteurs« qui détournaient le paddy
destiné à la Soderiz au profit des micro-rizeries privées.
Les pisteurs sont des hommes chargés d'effectuer la collecte pour le
compte du commerçant libanais. Ce dernier se déplace avec sa
balance pour procéder à la pesée. Coulibaly Tiorna
riziculteur a Korhogo soutient que : « on était obligé
de vendre notre riz au jeunes qui achetaient pour le compte des libanais
»212. Pour la production du riz le circuit libanais tenait
compte des normes de qualité, tout comme le faisait par le passé
la Soderiz. Parfois les pisteurs faisaient des prix spéciaux pour le
paddy de qualité. Ces normes imposées leur permettaient non
seulement d'obtenir un rendement en riz blanc de meilleure qualité, mais
elles leur permettaient aussi de concurrencer le riz blanchi que la Soderiz
mettait sur le marché de consommation. Ainsi, les prix de ce riz
étaient abordables et accessibles à tous.
En 1976, plus de 500 000 tonnes de riz sorti du circuit
libanais ont été écoulées sur le marché,
rendant davantage très difficile l'évacuation du stock de riz de
la société rizicole213. Les prix du riz à la
consommation restèrent sensiblement voisins. La lutte pour le
contrôle de la commercialisation du riz était engagée.
Selon Jean pierre Dozon, à prix égal le réseau d'achat mis
au point par les marchands libanais est infiniment plus efficace que celui de
la Soderiz.214 Le circuit libanais était organisé de
sorte à réduire les actions de la Soderiz.
L'existence des circuits parallèles ont fortement
discrédité et perturbé le système de
commercialisation de la Soderiz. Cette perturbation a eu un impact sur le
réseau de distribution de la société en 1977.
211 A, MEUNIER, op. Cit p 68
212 Coulibaly Tiorna, riziculteur, entretien
réalisé le 23 novembre 2011 à Korhogo
213 L, BECKER, Y, N'GUESSAN, op.cit, p143
214 J, P, DOZON, Op.cit p63
127
II-LA DEFAILLANCE DU CIRCUIT DE DISTRIBUTION
OFFICIEL
Les difficultés d'usinages que connaît la
société depuis quelques années ont affectés le
secteur commercial. La distribution du riz de la Soderiz fut difficile.
L'approvisionnement des consommateurs en fut affecté créant une
pénurie artificielle.
1. Le sabotage de la Chambre de commerce
Le monopole de la commercialisation et de la distribution du
riz produit par la Soderiz était confié à la Chambre de
commerce. Au sein de cette institution, il existait une commission qui
s'occupait de la commercialisation du riz importé et décidait des
importations de riz sur appel d'offre, en fonction de l'analyse hebdomadaire
des besoins, des stocks et de la production de la Soderiz. Les
responsabilités étaient donc partagées entre la Soderiz
qui s'occupait du secteur de la production et la Chambre de commerce qui
contrôlait le secteur de la distribution du riz.
En 1976, alors que la société accumulait dans
ses magasins et ses rizeries des dizaines de milliers de tonnes de riz blanchi,
la Chambre de commerce qui avait en principe la tâche de les lui racheter
afin de les distribuer aux détaillants, bloque totalement la situation
en restant indifférente à l'accumulation du riz. C'est pourquoi
Jean Kemiangna Oulai directeur général de la Soderiz affirmait
que : « Des retards existent non seulement au niveau des services
administratifs mais aussi a la chambre de commerce dans l'enlèvement du
riz blanc et dans le paiement »215. Il semblait que ce
retard dans l'écoulement du riz était dû à un
problème de financement.
215ADS : Procès verbal du conseil
d'administration de la Soderiz du 16 juillet 1976 p 4
128
En réalité le cartel de la chambre de commerce
était composé de grossistes tels que SACI, CFCI, EL NASR, GENERAL
IMPORT216. Ils préféraient écouler le stock de
riz importé au dépend du riz sorti des usines de la Soderiz. Avec
le riz importé les grossistes réalisaient d'énormes
bénéfices substantiels. La chambre de commerce est restée
entièrement soumise aux intérêts et aux stratégies
des groupes privés. Cependant, les importateurs continuaient à
fixer leurs quotas de riz importé.
En 1977, la manoeuvre fut à nouveau
rééditer pour réaliser d'énormes
bénéfices après la baisse des importations en 1975 et la
réalisation de l'auto suffisance en riz. Ce qui fait dire à
Diallo Roger ancien cadre de la Soderiz que : « A la
vérité quand on a fait l'auto suffisance en riz, ceux qui
vivaient des importations se trouvaient au chômage
»217. Alors, on assista au sabotage des stocks de la
Soderiz par la chambre de commerce qui parfois écoulait le riz à
compte goutte218. Le riz local de la Soderiz fut rare sur le
marché, ainsi ce sabotage marque la victoire du secteur privé des
importateurs au dépend de la Soderiz. Cette situation devenant
paradoxale a créée certaines difficultés
d'approvisionnement des différentes villes du pays. Cette situation est
illustrée par le tableau n°16 (p126), qui montre
l'intérêt porté par les grossistes pour le riz
importé. Au cours du mois de février 1976, les grossistes ont
vendu 2640 tonnes de riz importé contre 110 tonnes de riz
Soderiz219. Ces acteurs privés réunis au sein de la
chambre de commerce ont donc réussi à saboter le riz Soderiz,
augmentant ainsi le stock de riz local disponible à plus de 596 tonnes.
Selon le tableau n°16 (p126) le fait de privilégier la vente du riz
importé au dépend du riz local produit par la Soderiz s'est vite
répercutée sur le stockage.
216 Les grossistes qui opéraient à la Chambre de
commerce en 1976 , étaient :SACI, CFCI, GENERAL IMPORT, SIDECO, CHAINE
AVION, CICA, DISTRIPAC, SHAC, AGRIPAC, SIDF, EL NASR, IBERO, CIC, CFCD, SEC
217 Roger DIALLO, ancien agent au service financier de la
Soderiz, entretien réalisé le 29 septembre 2011 à
Marcory
218 J, P, DOZON, OP.cit p 119
219 Selon le tableau n°16 en 1976, au total 2640 tonnes de
riz importé ont été vendu contre 110 tonnes de riz
Soderiz
129
Tableau n°16 : Situation des stocks et de vente de
riz des grossistes fin février 1976
Grossistes
|
Vente au cours du mois de février
|
Stock disponible au 28 février 1976
|
Import
|
Local
|
Import
|
Local
|
SACI
|
417
|
-
|
-
|
157
|
CFCI
|
450
|
-
|
-
|
220
|
GENERAL IMPORT
|
402
|
-
|
-
|
70
|
SIDECO
|
230
|
-
|
-
|
147
|
CHAINE AVION
|
278
|
-
|
-
|
1
|
CICA
|
247
|
-
|
147
|
-
|
DISTRIPAC
|
385
|
-
|
116
|
-
|
SHAC
|
-
|
-
|
6
|
-
|
AGRIPAC
|
51
|
-
|
3
|
-
|
SIDF
|
-
|
-
|
-
|
-
|
EL NASR
|
180
|
4
|
-
|
-
|
IBERO
|
-
|
-
|
-
|
-
|
CIC
|
-
|
66
|
7
|
1
|
CFCD
|
-
|
-
|
-
|
-
|
SEC
|
-
|
40
|
-
|
-
|
Source : Chambre de Commerce, compte rendu n°8 de
la commission riz du mercredi 24 mars 1976
130
En février de la même année, les
grossistes avaient à leur possession comme stock disponible en riz
importé au total 279 tonnes et c'est la CICA qui se tailla la part belle
avec 147 tonnes. Concernant le riz local Soderiz, le stock disponible
s'élevait à 596 tonnes.
Au regard de ce constat, le sabotage du riz de la Soderiz par
la Chambre de commerce apparait comme une réalité. Ce fait a par
la suite entrainé le problème d'approvisionnement des centres
urbains
2. Problème d'approvisionnement des centres
urbains
L'approvisionnement des villes en riz était
contrôlé par le cartel des importateurs. Ils ont continué
à maintenir le sabotage des produits de la Soderiz. Le riz local dont
une partie devrait être vendue par les distributeurs issus du cartel
d'importation a été boycotté. Le circuit de distribution
de la Soderiz était pratiquement inexistant à partir de
1977.220
Ce dysfonctionnement créé de toute pièce
par les distributeurs de riz alliés des groupes privés, engendra
une pénurie de riz dans les grandes agglomérations du pays. Les
stocks de riz dans les villes se dégradèrent et subitement les
prix à la consommation augmentèrent rapidement jusqu'à
atteindre 150 francs le kilogramme au lieu de 100 francs en 1976,
conséquence du rétablissement de la loi du marché. Selon
cette loi, plus la demande est forte, plus le prix grimpe. La situation
était très confuse. Alors qu'il y'a pénurie de riz dans
les villes, d'énormes quantités attendaient dans les magasins et
dans les usines de la Soderiz221. L'artifice est donc à son
comble : à une crise de surproduction succède une pénurie
de riz créé de toute pièce. Plus grave en février
1977, la situation d'approvisionnement des grands centres devient de plus en
plus
220ADS : Rapport annuel Soderiz 1975-1978 p136
221Ministère du plan, Commercialisation des
produits vivrières, étude économique, volume 1
rapport 1972, SEDES, p 34
131
préoccupante. Elle n'atteignait même pas 10%
alors qu'elle devait être de 95%.222 L'approvisionnement fut
momentanément inexistant.
Par ailleurs la coordination des approvisionnements n'a jamais
intégré réellement la production locale de la Soderiz.
Pour Jean Pierre Dozon, la Soderiz aurait dû contrôler le secteur
de la distribution et le marché de consommation. La
société de développement était donc victime des
grossistes importateurs et des distributeurs qui voulaient
l'éliminer.223
Toutes ces actions de sabotages de la Chambre de commerce et
des importateurs grossistes ont fortement perturbé la Soderiz et l'ont
conduite vers le déclin. Déjà confrontée à
plusieurs difficultés, ces dysfonctionnements furent en partie à
l'origine de la disparition de la société rizicole en 1977.
III- LE DECLIN DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEMENT DE LA
RIZICULTURE
Les difficultés de la Soderiz étaient
liées en partie à l'hémorragie industrielle et
financière dont la société était victime. La lutte
d'intérêt au niveau de l'Etat et la politique de gestion
incertaine de l'institution accélère sa dislocation.
1. La lutte d'intérêt au niveau de l'Etat
La chute de la Soderiz et l'échec de la politique
rizicole observée en 1977 trouve ses raisons aussi au niveau de l'Etat.
En effet, l'Etat pour relancer le secteur agricole s'est impliqué dans
la production du riz. Il était omniprésent, de la production
à la commercialisation en passant par l'usinage. La Soderiz n'ayant pas
bénéficié de tous les moyens de la part de l'Etat pour lui
permettre de mieux contrôler l'ensemble du secteur rizicole, s'est vu
contrariée par le sabotage du secteur privé des importateurs.
C'est ce qui fait dire à Ahmed Timité, ancien directeur
chargé de la production à la Soderiz que : « A partir
de
222 K, DIOMANDE Op.cit p56
223 J, P, DOZON, op.cit, P 128
132
1976- 1977, la Soderiz devenait un gouffre financier que
le gouvernement n'arrivait plus à supporter. A un moment, le
gouvernement s'est rendu compte que la Soderiz ne pouvait plus garantir la paix
sociale »224.
En outre, la Soderiz bien qu'elle soit une
société de développement, était
considérée comme un instrument politique où les
nominations se faisaient sur la base du militantisme politique.225
C'est ce qui fait dire à Ahmed Timité ancien cadre de la Soderiz
qu'au : « sein de la Soderiz, ça n'allait pas. Et que tous les
directeurs généraux s'attendaient tous à être
nommés Ministre. Ils se créaient entre eux des
compétitions. Oulai Jean, Mangoua Lucien, Denis Bra Kanon et bien
d'autres personnes pensaient qu'ils seraient nommés Ministre. Tous cela
a rejailli sur la Soderiz »226. En dehors de cet aspect,
la Soderiz restait une institution où la gabegie et le laisser aller
était récurrent. Ainsi, à partir de 1975, après
avoir atteint l'auto suffisance en riz, la Soderiz a été l'objet
de mauvaise gestion, lié à des détournements de fonds
publics, sans oublier le pillage des réserves de la
société.
Par ailleurs ces actions présageaient la chute de
l'institution. Ainsi en 1977 avec la recrudescence des détournements, la
Soderiz totalisait un découvert bancaire estimé à 26
milliards de francs CFA ; soit un peu plus de 13% du budget de fonctionnement
de l'Etat pour la même année227. Selon Ahmed
Timité : « les agents même de la Soderiz avaient
commencés à écrire au Président Félix
Houphouët Boigny pour accuser le directeur Général Oulai de
vol »228. Les effets conjugués de tous ces
phénomènes ont conduit en octobre 1977, à la dissolution
de la Soderiz.
224 A, TIMITE, directeur chargé de la production
à la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13
Décembre 2011 à Abidjan
225 S, J, NIEMBA, Op.cit p
226 A, TIMITE, directeur chargé de la production
à la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13
Décembre 2011 à Abidjan
227 J, P, CHAUVEAU op.cit, p 316
228 A, TIMITE, directeur chargé de la production
à la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13
Décembre 2011 à Abidjan
133
2. La dissolution de l'institution
La Soderiz face à l'étranglement
financière, et à la mauvaise politique de gestion était
dans une situation de crise. En 1977, tout comme la Soderiz, certaines
sociétés d'Etat étaient en crise. Ainsi des critiques
s'élevèrent partout pour dénoncer la mauvaise politique
des sociétés de développement notamment celle de la
Soderiz.
Par ailleurs, la Banque Mondiale avait décriée
l'augmentation des prix du paddy à la production en 1974. Elle
considérait les politiques de prix et d'usinage comme inopportuns et
malsains. Elle a donc incité les bailleurs de fonds à ne plus
intervenir dans le secteur riz. En 1975, elle s'est retirée du projet de
développement de la riziculture en zone forestière, constituant
ainsi un tournant indéniable dans l'intérêt
manifesté jusqu'alors par les bailleurs de fonds. Elle
préconisait un abaissement de ces prix pour les mettre en harmonie avec
les cours du riz importé, ce qui aurait entre autres permis de
rééquilibrer les comptes de la
société229.
Le 7 octobre 1977, par décret présidentiel, le
président de la République Félix Houphouët Boigny
décide de dissoudre la Soderiz230. Cette dissolution survient
dans un contexte où l'Etat Ivoirien procède à un vaste
mouvement de réforme des sociétés de développement.
D'autres organismes ont été reformés ou supprimés.
C'est le cas de la SOCATCI (Société des Caoutchoucs de Côte
d'Ivoire). Quelques temps avant, la dissolution de la Soderiz, le ministre de
l'Agriculture Abdoulaye Sawadogo fut évincé lors du remaniement
ministériel du 20 juillet 1977 et remplacé par Denis Bra Kanon,
ancien directeur de la Satmaci231. Ahmed Timité, ancien cadre
de la Soderiz souligne que : « Dans sa première communication
en conseil de Ministre Monsieur Bra Kanon a dit que
229 S, J, NIEMBA, op.cit p132
230 JOCI 1977 P1633
231 Denis Bra Kanon a été ancien directeur de la
Satmaci de 1963 à 1977, puis Ministre de l'agriculture de 1977 à
1989.
la Soderiz était mal gérée. Il n'a
jamais voulu qu'on lui retire l'opération riz de la Satmaci. Il en a
profité pour se venger, en dissolvant la Soderiz
»232.
La dissolution de la Soderiz constitue une étape
décisive dans la politique vivrière en particulier et la
politique de développement de l'agriculture de la Côte d'Ivoire en
général. Elle marque l'échec d'une tentative
d'autosuffisance rizicole. Par la suite, les actions de la
société ont été redistribuées entre trois
structures d'encadrements que sont : la Satmaci, la Sodepalm, la CIDT.
Les difficultés de fonctionnements constatées au
niveau de la Soderiz, tant au niveau industriel qu'au niveau de la
commercialisation ont été préjudiciables à la vie
de l'entreprise.
134
232 A, TIMITE, directeur chargé de la production à
la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13 Décembre
2011 à Abidjan.
CONCLUSION GENERALE
135
136
En 1970, quand les autorités ivoiriennes mettaient en
place la Soderiz, la production des cultures vivrières
particulièrement celle du riz était déficitaire. Pendant
ce temps on assistait à une évolution démographique et
à une croissance urbaine auxquelles l'Etat devrait faire face. Ainsi, le
président Félix Houphouët Boigny pour combler ces
déficits alimentaires, décida de créer une entreprise
rizicole. Cette mise en place de la Soderiz est l'aboutissement d'un long
processus entamé depuis la période coloniale. Faut-il le savoir,
le développement de la riziculture a été la
préoccupation de l'administration coloniale depuis 1908, avec
l'intensification de la culture dans les différents cercles. Elle a
engagé des actions pour la diffusion de cette culture dans la colonie de
Côte d'Ivoire.
Après l'indépendance, le président
Félix Houphouët Boigny, à travers la politique agricole
décide de poursuivre l'action coloniale de la culture du riz. Ces
actions se sont traduites par la création d'une section ayant en charge
le développement de la culture du riz, au sein de la Satmaci en 1963.
Poursuivant l'objectif de l'auto suffisance en riz, le gouvernement jugeait
primordiale la naissance d'une société chargée
spécialement du développement de la riziculture.
Dès sa création en 1970, elle fut
organisée en se fixant des objectifs bien précis qu'elle devait
atteindre. Cela marquait ainsi les débuts de son intervention dans le
paysage rizicole. L'entreprise rizicole au début de son intervention,
s'est engagée à mettre en valeur les bas-fonds, et à
participer au développement, à la modernisation de la culture du
riz, à travers l'encadrement technique des paysans. Aussi a-t-elle
incité les paysans à former des groupements de
coopératives, de sorte à rendre son action plus performante. Avec
ce vaste programme de modernisation de la culture du riz, les bas-fonds
devenaient des
137
zones de prédilection pour la Soderiz. Ils ont servi
à l'intensification de la riziculture irriguée, nouvelle culture
vulgarisée par l'institution.
A partir de 1972, grâce des initiatives ambitieuses, la
Soderiz décida d'instaurer une nouvelle politique de production
basée essentiellement sur le contrat de culture. Le contrat consistait
à rassurer les paysans, quant à l'écoulement de leur
production par la société. Aussi avec ce contrat, les paysans
étaient fournis en intrant, permettant une meilleure production de
paddy. Ce qui favorisa d'ailleurs l'augmentation de la production du paddy
à 406 000 tonnes en 1974.
Cette performance réalisée par la Soderiz
était due au fait qu'elle avait opté pour le développement
de la riziculture irriguée. Ce type de culture était jugé
productif par les autorités étatiques car permettant
l'évolution rapide de la production rizicole du pays. La Soderiz pour
ravitailler les ivoiriens en riz blanchi de qualité ; a installé
des rizeries dans les grandes régions où était
exécuté le programme rizicole. L'usinage du paddy par la Soderiz
était perçu comme une innovation et marquait ainsi
l'industrialisation véritable de l'entreprise. Cette activité
industrielle était organisée autour d'un système de
collecte bien défini qui visait à collecter le maximum de paddy
afin d'alimenter les rizeries.
La société proposait des prix d'achat en
fonction de la qualité du paddy fourni et aussi selon le lieu de
livraison du produit. Le prix du paddy livré à l'usine
était majoré de 10 francs. Le bonus de 10 francs servait aux
paysans d'assurer le transport. Le système de collecte mis en place par
la Soderiz a favorisé une augmentation de la quantité du paddy,
qui est passée de 160 000 tonnes en 1971 à 300 000 tonnes en
1974.
La transformation du paddy se faisait à travers les
unités industrielles installées par la Soderiz. Celles-ci avaient
une capacité d'usinage variant entre 1 et 4 tonnes par heure.
L'entreprise rizicole produisait un riz de qualité qui était
138
commercialisé sur les marchés du pays. La
commercialisation et la distribution du riz ont été possibles
grâce à la mise en place de structures s'occupant de la gestion du
riz. La Chambre de Commerce gérait le stock du riz blanchi par la
Soderiz. Elle était chargée de le distribuer aux grossistes qui,
à leur tour le fournissait aux détaillants y compris le riz
importé. En 1973, plus de 120.000 tonnes de riz ont été
commercialisées par la Chambre de Commerce.
Outre l'action de la Chambre de Commerce, un autre organisme,
la Caisse Générale de Péréquation et des Prix
(CGPP) créé en mars 1971, intervenait dans la commercialisation
du riz de la Soderiz. Elle avait pour rôle principal de
régulariser et stabiliser le prix de vente de riz avec celui du riz
importé. La CGPP a joué un rôle capital dans la
commercialisation du riz. Cet appui de la CGPP a permis à la
société rizicole de réaliser des performances notables
surtout au niveau commercial et économique.
Les retombées sociales des actions de la Soderiz ont
été ressenties sur le plan de la création d'emploi et la
distribution de revenus. L'entreprise rizicole a donc eu pour action,
d'insérer les jeunes paysans dans le tissu social. Entre 1971 et 1974,
elle a créé plus de 6000 emplois tout en facilitant
l'amélioration des revenus des paysans. La Soderiz, dans
l'exécution de son programme avait recruté des jeunes stagiaires
qui devaient former et encadrer les paysans.
La réalisation de villages Soderiz venait
démontrer la portée sociale de l'action Soderiz. Plusieurs
villages ont été créés dans les zones où
était présente la Soderiz. Ces villages, avec toutes les
commodités, c'est-à-dire, l'électricité,
l'adduction d'eau et maison « en dur », rentraient dans le
cadre de la mission de développement économique et social du pays
initiée par la Soderiz. Entre 1971 et 1977, l'entreprise a construit
plus de 6000 maisons. Mais les paysans, animés par le souci de faire
d'énormes bénéfices, ont rempli les usines de paddy, avec
un taux d'impureté élevé. La mauvaise qualité de
paddy rendait l'usinage difficile. Ainsi, le riz usiné était de
mauvaises qualités, avec un taux de brisure
139
atteignant 60%. Les difficultés de fonctionnement
furent perçues en amont, pour le stockage. La surcharge des rizeries
suivie du problème d'usinage ne pouvait qu'engendrer un
dysfonctionnement lié au stockage des produits.
A partir de 1976, tous les silos et entrepôts construits
pour recevoir le paddy sont devenus très exigües du fait de la
ruée des paysans vers les usines Soderiz en 1974, avec leurs productions
rizicoles. La Soderiz n'ayant pas prévu cette situation fut
exposée à un manque d'infrastructures. Le paddy était
exposé aux intempéries, tels que la pluie et le soleil, faisant
perdre à la Soderiz plusieurs millions de francs CFA. Outre les
problèmes de stockage, la sacherie faisait défaut. Elle
était, supposée insuffisante. Cette insuffisance de la sacherie,
s'expliquait aussi par le non respect des engagements pris avec la
société FIBAKO qui fournissait la Soderiz en sac. Toutes ces
difficultés constatées dans le secteur industriel de la
société rizicole, vont être ressentis au niveau
commercial.
La responsabilité de produire et vendre le riz,
était une lourde tâche pour la Soderiz car elle était
concurrencée par un circuit parallèle puissant existant depuis la
période coloniale. Le circuit traditionnel composé
essentiellement de « dioula » a profité des moments
sombres de la société pour s'imposer sur le marché
national. Un autre circuit, renforçant la concurrence s'était
affiché. Il s'agissait du circuit libanais qui disposait de
micro-rizeries et d'un réseau de collecte composés de pisteurs
compétents, fournissant les petites rizeries en paddy. Pendant que le
circuit parallèle devenait de plus en plus puissant, le réseau de
distribution de la Soderiz connaissait des défaillances. La Chambre de
commerce qui devrait distribuer le riz produit par la Société, a
privilégié la distribution du riz importé, tout en
protégeant les intérêts des groupes d'importateurs au
détriment de l'intérêt national. L'action de sabotage a
entrainé un problème d'approvisionnement des centres urbains. Les
principales villes furent confrontées à une pénurie de
riz. Cette volonté des structures de
140
distribution du riz de la Soderiz à protéger les
intérêts privés, a fortement affecté la
société rizicole, la conduisant même au déclin en
1977.
La politique conduite par la Soderiz, depuis 1970 fut
éteinte en 1977. A cette époque on assistait à une
mauvaise gestion de l'entreprise suivie d'une légèreté
constatée dans les nominations des responsables et l'exécution
des taches administratives. Toutes ces actions mettaient à mal le
fonctionnement de l'institution rizicole.
L'Etat ivoirien, dans l'objectif de mettre fin à ces
manquements et dysfonctionnements observés au sein des
sociétés d'Etat et particulièrement au sein de la Soderiz,
a décidé de faire une réforme. La Soderiz fut dissoute le
07 octobre 1977, trois ans avant la tenue de cette réforme. Elle fut
remplacée par des structures pour continuer la politique de
développement rizicole.
Aujourd'hui la question du riz demeure et est à la
recherche d'une solution. Avec la mise en place de la Stratégie
Nationale de Développement de la Riziculture (SNDR) en février
2012, les autorités ivoiriennes devraient tirer les leçons de
l'opération rizicole effectuée par la Soderiz, afin que celle de
la SNDR soit une réussite totale.
ANNEXES
141
142
Annexe n°1 : Circulaire à Messieurs les
administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée
du riz.
Source : ANCI, 1RR80
Annexe n°2 : Circulaire à Messieurs les
administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée
du riz.
143
Source : ANCI, 1RR80
144
Annexe n°3 : Circulaire à Messieurs les
administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée
du riz.
Source : ANCI, 1RR80
145
Annexe n°4 : Circulaire à Messieurs les
administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée
du riz.
Source : ANCI, 1RR80
146
Annexe n°5 : Circulaire à Messieurs les
administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée
du riz.
Source : ANCI, 1RR80
Annexe n°6 : Circulaire à Messieurs les
administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée
du riz.
Source : ANCI, 1RR80
147
Annexe n°7 : Circulaire à Messieurs les
administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée
du riz.
148
Source : ANCI, 1RR80
149
Annexe n°8 : Tableau de production de paddy et
d'importation de riz de 1947 - 1978
Années
|
Production de
paddy en tonne
|
Riz décortiqué En tonne
|
Riz Importé en tonne
|
Estimation en
million francs
|
Prix du riz au détail à Abidjan FCFA /kg
|
1947
|
74 000
|
-
|
-
|
12
|
-
|
1948
|
66 000
|
40 900
|
-
|
33
|
-
|
1949
|
75 200
|
36 500
|
-
|
-
|
-
|
1950
|
118 300
|
41 500
|
1 891
|
33
|
-
|
1951
|
105 200
|
65 300
|
7 044
|
220
|
-
|
1952
|
146 600
|
58 100
|
9 096
|
350
|
-
|
1953
|
92 800
|
81 000
|
2 063
|
85
|
-
|
1954
|
98 100
|
51 300
|
8 775
|
276
|
-
|
1955
|
114 200
|
54 200
|
16 668
|
491
|
-
|
1956
|
94 100
|
63 100
|
12 469
|
294
|
-
|
1957
|
137 000
|
52 000
|
28 000
|
687
|
-
|
1958
|
70 500
|
75 700
|
16 000
|
391
|
-
|
1959
|
142 500
|
38 900
|
50 100
|
1090
|
-
|
1960
|
159 900
|
78 700
|
42 400
|
868
|
45
|
1961
|
156 000
|
88 300
|
50 500
|
1008
|
54
|
1962
|
229 000
|
86 200
|
47 800
|
1417
|
51
|
1963
|
219 000
|
126 500
|
33 700
|
1045
|
54
|
1964
|
247 000
|
121 000
|
62 700
|
1950
|
46
|
1965
|
250 000
|
136 500
|
68 800
|
2122
|
51
|
1966
|
274 000
|
138 100
|
86 800
|
3114
|
56
|
1967
|
344 600
|
-
|
24 066
|
875
|
61
|
1968
|
365 400
|
-
|
47 226
|
1871
|
58
|
1969
|
303 000
|
-
|
55 450
|
1875
|
-
|
1970
|
315 600
|
-
|
78 666
|
2026
|
74
|
1971
|
385 000
|
-
|
97 255
|
2204
|
50
|
1972
|
320 000
|
-
|
77 123
|
2199
|
50
|
1973
|
335 000
|
-
|
147 910
|
8611
|
70
|
1974
|
406 000
|
-
|
72 954
|
8243
|
125
|
1975
|
496 000
|
-
|
1 636
|
215
|
110
|
1976
|
460 000
|
-
|
1 300
|
371
|
100
|
1977
|
477 000
|
-
|
121 380
|
8632
|
120
|
1978
|
504 000
|
-
|
125 708
|
9344
|
120
|
Source : Ministère de l'agriculture et des eaux et
forêts, annuaire rétrospectif de statistiques agricoles et
forestières 1900 - 1983, tome 3, p 77
Annexe n°9 : Décret de création de la
Soderiz
150
Source : JOCI 1971, p1631
151
Annexe n° 10 : Décret de création de la
Soderiz
Source : JOCI 1971, p1631
Annexe n°11 : Décret de création de la
Soderiz
152
Source : JOCI 1971, p1118
Annexe n°12 Décret de dissolution de la
SODERIZ
153
Source : JOCI 1977, p 2171
154
Annexe n°13 : Superficie de production de riz en
Côte d'Ivoire 1965 - 1976
Années
|
Surface riz pluvial en hectare
|
Surface riz irrigué
en hectare
|
Surface riz
inondé en hectare
|
Surface totale en hectare
|
1968
|
315 600
|
6 850
|
4 600
|
327 050
|
1969
|
317 000
|
8 450
|
5 250
|
330 700
|
1970
|
229 800
|
12 000
|
4 450
|
246 250
|
1971
|
318 000
|
13 000
|
5 500
|
336 500
|
1972
|
14 350
|
295 000
|
6 020
|
315 370
|
1973
|
16 600
|
319 400
|
6 400
|
342 400
|
1974
|
18 000
|
335 000
|
6 500
|
359 500
|
1975
|
19 200
|
373 500
|
7 300
|
400 000
|
1976
|
20 000
|
392 500
|
7 500
|
420 000
|
totale
|
1 268 550
|
1 755 700
|
53 520
|
3 077 770
|
Sources : Archive de la Soderiz, rapport annuel 1972,
1973, 1976 Archive de la Soderiz, Soderiz 6 ans déjà
Annexe n°14 : Décret n°73-316 du 3
Juillet 1973 fixant les prix d'achats du paddy
155
Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture
Annexe n°15 Décret n°73-316 du 3Juillet 1973
fixant les prix d'achats du paddy
156
Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture
Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture
157
rce : Archive de
Annexe n°16 Décret n°73-316 du 3Juillet 1973
fixant les prix d'achats du paddy
158
Annexe n°17 Témoignages oraux
réalisés
? Mr N'DRI Brou Benoit
Thème abordé : les raisons de création de la
Soderiz, la Politique d'usinage.
Entretien réalisé le 9 décembre 2011
à Abidjan.
Caractère de l'entretien : entretien semi directif
En 1958 avec la création de la Satmaci, l'Etat
décide de créer un certains nombre de société pour
booster le développement agricole. Les premières
opérations riz étaient logées au sein de la Satmaci en
1964. A un moment donner le gouvernement a décidé d'amplifier les
actions en faveur de la riziculture. Alors il a décidé de
créer la Soderiz. La création de la Soderiz entrait dans le cadre
de la promotion de la culture du riz.
? Quelles ont été les raisons de la création
de la Soderiz?
La raison de création de la Soderiz était de
booster la production du riz. On a aussi les raisons politiques qui
étaient d'améliorer les revenus des paysans. Pour le
président Houphouët Boigny la création de la Soderiz
répondait à un besoin de développement rural. Cela
rentrait dans les objectifs de développement économique, social
et culturel, qui avait pour axe important le développement avec
l'aménagement du territoire.
? Comment était organisé le secteur d'usinage.
On avait divisé le pays en 10 zones, avec dans chaque
zone des usines. On avait 5 usines construite du temps de la Satmaci.
C'était des usines d'une époque lointaine, dans les années
1967, qui étaient les usines de ce temps là, qui ont
été construite à une époque. Je dis en 1971 le
litre de super coûtait 65francs aux USA. Le galion, les 4 litres de
carburant coûtaient un demi-dollar. C'est-à-dire 125f CFA.
L'énergie était moins chère à cette
époque.
159
Dans les années 1971 ces usines qui avaient pour
certaines près de 8 ans d'activités, étaient
dépassés. Donc une usine des années 1960 et ses
capacités, au bout de 10 ans, les pannes apparaissent, la consommation
de ces usines n'est plus la même. Souvent même on ne trouve plus
certaines pièces de rechange. Donc notre situation dans l'usinage c'est
que Les usines n'avaient plus la performance.
? Pourquoi la Soderiz n'a pas anticipé sur les
problèmes d'usinages constaté en 1976.
Mais, on a fait un dossier, une année j'ai dis au
directeur, comme je suis Directeur Technique, je pense qu'il faut qu'on pense
à mettre en place des usines en augmentant la capacité de
production des usines existantes. Il dit mais demander l'argent à l'Etat
ce n'est pas possible. J'ai dis non, moi je pense que là ou j'ai
étudié on m'a appris a anticipé. Et brusquement on est
arrivé à l'autosuffisance en 1975. Du jour au lendemain on avait
du riz sur nos mains. Même le remboursement de paddy seulement pouvait
faire fonctionner une usine. Les capacités d'usinage ont donc
été dépassées, donc rapidement on a fait u dossier.
Il était prévu faire 10 nouvelles usines, on n'a pas eu le temps
de faire les usines. Plusieurs silos ont été construits dans le
pays.
? Mr Ahmed Timité
Thème abordé : Les premières actions de
la Soderiz, les activités sociales de la Soderiz La dissolution de la
Soderiz.
Entretien réalisé le 13 décembre 2011
à Abidjan Caractère de l'entretien : entretien non directif
Pendant les premières années,
précisément 1970-1971, au début la commercialisation du
paddy était timide. Les paysans s'étaient plaint à
Félix
160
Houphouët Boigny, que la Satmaci est partie et que la
Soderiz n'achète pas le riz. Catastrophe Félix Houphouët
Boigny nous a convoqué et a la suite de l'entretien on a n'a
mobilisé 100 millions pour qu'on puisse acheter le riz des paysans.
C'est ce qu'on a fait. Cette opération a duré 2 mois. Bien avant,
la Soderiz a procédée à la construction de barrages. Les
premiers barrages ont été faits au nord. On avait le barrage de
Sologo, le barrage de Napié, le barrage de Dekokaha etc. C'est
grâce a ces barrages que l'opération rizicole a marché. Il
faut saluer le courage de nos braves paysans surtout ceux du nord, qui se sont
mis au travail. Les Akans disaient que si tu travailles dans la boue tu deviens
impuissant. Il fallait se trouver devant ces chefs de village et de cantons
pour expliquer et faire comprendre aux paysans qu'il n'en était rien de
tout cela. Comme stratégie mise en place par la Soderiz, il faut retenir
que l'ivoirien en général et nos parents du Nord en particulier
n'aiment pas les crédits. Or ils voulaient faire de la riziculture. Pour
les intrants il fallait voir ce qui se passait. En analysant on s'est
aperçu que les parents ne prenaient pas l'engrais, parce qu'ils ne
voulaient pas, mais du fait du crédit. C'est là que moi en tant
que Directeur de la production de la Soderiz chargé aussi de
l'encadrement, j'ai réfléchi et proposé avec Mr ROSSIN,
une stratégie. « On n'exporte pas une révolution car les
conditions ne sont pas les mêmes ».
Alors nous avons dit aux paysans, s'ils cultivent le riz,
s'ils utilisent l'eau et surtout l'engrais, s'ils sarclent bien, ils auront au
moins trois (3) tonnes et demie de paddy. Donc ils ont cru. Nous avons pris un
pari avec les paysans. On a pris un échantillon, nos paysans sont
pauvres. Cette stratégie d'incitation concernait le riz irriguée.
La première année tous ceux qui ont pris leurs intrants et
engrais ont remboursé par les 350kg de paddy. C'est la deuxième
année où on a généralisé dans tout le pays
en 1976. Cela a été une réussite totale. Cette
stratégie nous permettait de rentrer en possession de nos fonds,
même si la moitié des paysans ne remboursaient pas. En 1976, avec
cette stratégie, on a couvert tout les besoins des populations
Ivoirienne en riz.
161
Il y avait tellement de paddy que les magasins ne suffisaient
plus on a mis le riz sous bâche. On louait les bâches. Au bout d'un
moment j'ai calculé ce qu'on a payé en location de bâche.
Ca faisait trois fois le prix des nouvelles bâches de certaines
sociétés.
La Soderiz dans sa stratégie a axée sa politique
sur le développement rural. La Soderiz a posée des actions de
portée sociale. Les premières maisons témoins ont
été faites à Natio-Kobadara, quant on quitte Korhogo sur
la route juste à la sortie de la route à 20 mètre sur la
gauche. Ces maisons étaient financées par la KFW. En 1972 il y a
eu une dévaluation du Deutchmark. Cela a permis de donner un reliquat,
nous même à la Soderiz, avons construit un barrage. C'est le
barrage de Nombolo, premier barrage rizicole en Côte d'Ivoire. Si la
réalisation de ce barrage avec les maigres moyens, a épaté
tout le monde. L'argent a suffi au grand étonnement des allemands. Cet
encouragement, ce sérieux et cette chance, sous le guide de Monsieur
STIMER, nous a permis de demander d'autres fonds. Les actions sociales de la
Soderiz rentraient dans le cadre du développement rural. Le gouvernement
avait demandé a la Soderiz de participer a la modernisation de
l'agriculture notamment celui du secteur rizicole. Il a été
demandé à la Soderiz d'installer des agriculteurs Modernes au
Yabra, à San Pedro et à Korhogo etc.
La Soderiz était dirigée par un groupe d'amis,
tous sortis de l'école du génie rural de Paris. Ils
étaient passionnés du travail. Ils ont cru qu'on leur avait
demandé de produire du riz. Alors ils se sont mis à produire du
riz. C'est cela leur seule faute. Ils ont produit au détriment de
l'usinage et de la commercialisation. Or on leur avait demandé peut
être de faire semblant de produire du riz. Dans les systèmes
actuels, quand vous abordez, quelque soit la filière, vous devez traiter
globalement le système de production. Si un des segments du
système de production vous échappe, votre système ne
marchera
162
pas. Tous les segments sont liés. La solidité de
la chaîne dépend du maillon le plus faible. La Soderiz ne
maîtrisait pas la commercialisation, car cela dépendait d'une
autre structure. On ne peut pas parler de la Soderiz sans parler des politiques
de développement du gouvernement. C'est l'Etat qui dirige la politique
du pays. C'est lui qui ne l'a pas fait. Voilà pourquoi la Soderiz a
été dissoute. Il existe trois dimensions à ce sujet : une
dimension économique et une dimension politique et humaine.
A partir de 1976-1977, la Soderiz devenait un gouffre
financier que le gouvernement n'arrivait plus à supporter. Il y avait
aussi l'inconséquence de la politique de prix du gouvernement, les
différentes subventions de riz à la consommation et à
l'achat. A un moment, le gouvernement s'est rendu compte que la Soderiz ne
pouvait plus garantir la paix sociale. La Soderiz était un instrument de
l'aspect socio-économique du pays. L'aspect humain de la dissolution
était le fait que les ivoiriens notamment les travailleurs
n'étaient pas contents de la Soderiz et de son Directeur. Je pense qu'il
y a eu des erreurs dans certaines appréciations. Monsieur Oulaï, le
directeur général a mal géré les ressources
humaines. Les agents de la Soderiz étaient mal payés et n'avaient
pas d'indemnités. Le directeur général Mr Jean Oulaï
lui-même se payait à 350.000 FCFA quand ses amis directeurs
étaient payés à 1.000.000 FCFA. Parce que les blancs lui
avaient fichu ça dans la tête. Je ne sais pas, il voulait
épater le ministre ou le président, je n'en sais rien. Personne
ne comprend rien. Ensuite, il y a eu un fauteuil blanc. Il parait que quelqu'un
a téléphoné pour dire à Oulaï que ce n'est pas
possible tu payes mal les ingénieurs ivoiriens alors que les blancs sont
payés à 2.000.000 FCFA. Je ne sais pas, il a répondu qu'il
préfère payer des compétents à 2.000.000 FCFA qu'un
incompétent. La nuit les gens ce sont téléphonés
qu'ils vont marcher sur la Soderiz. Cette marche devrait être conduite
par Samba Coulibaly. Apprenant la nouvelle, le président Félix
Houphouët Boigny a appelé le ministre Sawadogo de faire tout
possible d'éloigner Oulaï de la Côte d'Ivoire au plutôt
le matin. Le matin, il est parti pour le Nigeria où il a
163
fait un bout de temps. Il a dit que les ingénieurs
ivoiriens sont incompétents, c'est là les gens ont dit qu'ils
marchent sur la Soderiz soit ils cassent la Soderiz ou bien Houphouët
Boigny remplace Oulaï.
La troisième dimension, c'est l'aspect politique. En
1977, les gens sont arrêtés et ont déclaré que la
Soderiz était mal gérée. Juillet 1977, le ministre de
l'agriculture monsieur Sawadogo Abdoulaye a été remplacé
par Mr Denis Bra Kanon qui dans sa première communication en conseil des
ministres a dit que la Soderiz était mal gérée. Il n'a
jamais voulu qu'on lui retire l'opération riz de la Satmaci. Il en a
profité de se venger en dissolvant la Soderiz.
Mr Bra Kanon a été ancien directeur de la
Satmaci. Il faut retenir qu'au sein de la Soderiz elle-même, ça
n'allait pas. Autant les agents avaient commencé à écrire
au président Félix Houphouët Boigny pour accuser Oulaï
de vol. Le président a décidé de régler ça
à sa manière. Certainement il y a d'autres choses qui
m'échappent. Ces faits là, je les connais. Il faut aussi dire
que, comme tous les directeurs généraux s'attendaient tous
à être nommés ministre, ils se créaient entre eux
les compétitions. Oulaï croyait qu'il allait être
nommé ministre, Mangoua Lucien qui était au BNETD pensait qu'il
serait nommé ministre, Bra Kanon attendait ça depuis longtemps et
bien d'autres que je ne citerai pas. Tout cela a rejailli sur la Soderiz. Je
veux dire que la dissolution de la Soderiz n'a pas surpris les personnes
avertis. Les gens ont pris ça comme une sanction de passage. Vous savez
un politicien à des objectifs et des contraintes. Je dirai des
stratégies et une méthodologie. Mais je dis que chacun doit
comprendre quelque chose de très pertinente et même de très
prudente. L'autorité prend les décisions qui lui règlent
le problème pour un temps. Faute de quoi la pagaille s'installe. Le
président Félix Houphouët Boigny disait qu'il
préfère l'injustice à la pagaille. Parce que quand la
pagaille s'installe on ne peut rien faire, or l'injustice, on peut corriger
ça après.
La Côte d'Ivoire est le seul pays en Afrique de l'ouest
qui peut atteindre l'autosuffisance alimentaire. C'est une étude de la
FAO et de la banque mondiale qui l'a démontrée. Voyagez un peu
dans le pays, il y a du riz partout, ça veut dire que ce qui a
été semé continu de germer.
? Mr Hema Namboin Augustin
Thème abordé : la politique des prix et les
difficultés liées à la sacherie. Les rapports de la banque
mondiale et la SODERIZ.
Entretien réalisé 28 Août 2011 à
Abidjan Cocody Riviera. Caractère de l'entretien : entretien directif
La Côte d'Ivoire a hérité du capitalisme
d'Etat, système économique instauré par la France. Cette
politique économique a eu un différentiel négatif sur le
prix du riz. Quand on produit 1 kg de riz qui coûte 100 francs, on perd
40 francs, parce que le riz qui vient de l'extérieur, le riz
importé, est vendu à 60 f alors que le riz était
écoulé sur le même marché. C'est ce qui a
provoqué les problèmes de stockage car le riz trainait dans les
usines. Aussi, on avait le phénomène de rixe et le facteur
social. Chaque fois qu'il y avait des flambés de prix sur le
marché, le gouvernement prenait des mesures pour avoir des stocks de
sécurité. C'était le rôle de la caisse
générale de péréquation et des prix (CGPP). Ces
stocks de sécurité coûtaient de l'argent à l'Etat
pour le stockage et en l'écoutant cela pèse sur la production
locale et par ricochet sur la Soderiz. Voilà pourquoi il y a eu des
problèmes. Les gens du gouvernement étaient de bonne foi, mais
ils ont été dépassés par les
évènements. Même en 1964, avec la Satmaci on a eu le
même changement de phénomène de prix sur le marché.
A chaque fois que les stocks ont été privilégiés
que l'offre locale, on a eu des problèmes.
164
? A quoi répondait l'augmentation du prix du paddy en
1974 ?
165
Le prix se forme par rapport à tout le travail qui
rentre en jeux. En plus si le paysan n'est pas intéressé, il ne
fait pas. Moi je m'occupe des paysans et j'intéresse le paysan pour
qu'il produise plus de riz. Pour ne plus que je dépende de
l'extérieur ou les prix sont plus volatiles. Mais bon disait montrer moi
un pays au monde où on paye le paddy si peu moins cher que la Côte
d'Ivoire. Nous sommes maudits ou nous nous foutons de nos paysans. C'est en
fonction de la journée de travail du paysan et de l'intrant que je
valorisais et ça donnait un prix au kilo du paddy, qui permettait aux
paysans de payer ses engrais, de payer tout et de gagner aussi. Nulle ne
commercialise ce qui ne lui rapporte pas. Il faut qu'on paye les produits
à la valeur. Que l'Etat gagne un peu dessus, c'est normal mais que le
paysan gagne plus. Sinon le prix du paddy à l'époque par rapport
au Sénégal, au Mali où on payait à 30 francs, nous
payait à 75francs. Mais c'est cela. Ce n'était pas pour attirer
le paddy dans les magasins Soderiz. Le paysan en gagnant, peut s'acheter des
produits manufacturés, du pétrole qu'il n'a pas. Alors pourquoi
le paysan doit être privé de certaines choses. L'une des
préoccupations du président Félix Houphouët Boigny
était l'augmentation des revenus des paysans.
Cette augmentation répondait aussi à un besoin,
celui du développement rural. Avec la flambée du prix du riz sur
le marché mondial, il fallait créer les conditions pour que le
riz soit attractif. L'un des paramètres de l'attractivité est le
prix. Des Etudes ont été mené pour inciter les paysans
à la production. Cela a été l'un des facteurs
d'attractivité des paysans.
? Y a-t-il eu un problème de sacherie au sein de la
Soderiz ?
Oui, il y a eu des problèmes de sacherie. C'est vrai,
c'est des estimations qu'on fait, quand l'argent n'est pas suffisant. On
achète tout serré. Quand tu dis à quelqu'un que je vais
produire 1.500.000 tonnes de riz et qu'au bout de l'année, tu produis
13.000.000 de tonnes et que tu avais commandé que juste
166
pour 1.000.000. Tu vois y a un écart. Le
problème de la sacherie s'est posé et était à deux
volets :
- D'abord il y a la production qu'on achète le paddy
n'a pas besoin de sac de qualité. Jusque pour pouvoir l'amener à
l'usine. Mais il ne faut pas non plus prendre des sacs avec la
poussière. Pour la collecte du paddy on prend la sacherie de
deuxièmes mains dans les magasins « bana bana ».
l'achat de ces sacs, si tu ne l'organise pas, ça devient un
problème.
- Ensuite pour la sacherie finale, on commande avec une grande
marge. La sacherie pour le riz étaient fabriquée par les
sociétés FILTISAC et FIBAKO. Elles n'en fabriquaient en
quantités industrielles. Elles fabriquaient pour rentrer dans leur sous.
A certains moments, quand les sacs manquent, les gens se plaignent. Sinon nous
devrions nous occuper que de la sacherie du riz blanchi. Nous étions
occupés par l'usinage, souvent la sacherie ne couvrait pas.
? En 1974, pourquoi la banque mondiale a refusé de
soutenir la Soderiz ?
A l'époque, la banque mondiale imposait aux pays les
crises d'amaigrissement. Elles n'ont pas fait du bien à nos pays
respectifs. C'est dans cette conjoncture que la banque mondiale posait trop de
conditions. Elle avait déjà foutu en l'air les
sociétés rizicoles d'ailleurs a commencé par le Niger avec
l'office du Niger. Les gens les ont repoussé à prendre des
décisions inadéquates. La banque mondiale même
reconnaît. Aujourd'hui, ces politiques qui ont été
imposées avec le FMI et la banque mondiale ont fait assez de mal aux
pays en voie de développement. C'est sur ça qu'on n'est pas
tombé d'accord. C'est pourquoi le président Félix
Houphouët Boigny a refusé leur conditions. Et avec 9 Milliards de
la coopération française, on a relancé les
investissements. La banque mondiale voulait que la Soderiz augmente le prix du
riz à la consommation des ivoiriens. Le
167
président Houphouët a dit qu'il n'augmentait pas.
C'était pour déstabiliser le
pays.
? Mr YAO Gérard
Thème abordé : La pénurie de riz dans les
centres urbains, les groupes d'importateurs, les actions du Président
Houphouët.
Entretien réalisé à Marcory le 14 octobre
2010 Caractère de l'entretien : entretien directif
? Y'a-t-il eu un problème d'approvisionnement des centres
urbains en riz?
C'est à partir de 1977 qu'on eu ce genre de
phénomène. Ce que tout le monde ignore, le commerce mondial du
riz porte sur 5% de la production mondiale du riz. Les centres où on
produit, ce sont les centres où on consomme le plus du riz. Or la
production mondiale du riz est liée à la mousson. Les zones qui
produisent sont les pays asiatiques. Si la mousson entraine 15 jours de retard,
les 15 jours % sont laminés. S'il ya des stocks géants on puise
là dedans. Mais à partir de 1976, ceux qui avaient les stocks ont
freinés, donc, le riz manquait sur les marchés occasionnant une
pénurie de riz. Pour la petite histoire, un bateau chargé de riz
en direction de la Côte d'ivoire a été chipe au niveau du
Ghana. Ils ont déchargé et le bateau est reparti pour charger.
Aussi, un jour revenant de Yamoussoukro par voiture, il a trouvé une
longue queue devant des magasins. Il a cru que c'était un tournage de
film. Il a demandé à Ouégnin. Qu'es ce qu'il se passe. Il
lui répondit que président c'est le riz qui manque. Pendant ce
temps nous, on ne pouvait rien faire, car c'est pas nous qui importons. Il faut
dire que les importateurs étaient dans le circuit du riz. A un moment
leur position nous arrangeait, à un moment notre situation ne les
arrangeait plus, puisqu'ils ne
168
pouvaient plus importer. Cela a été le cas en
1974 avec l'augmentation de la production du riz local.
? Quels étaient les différents groupes
d'importations
Monsieur MASSIEYE, président de la chambre de commerce
était lui-même importateur a titre personnel. Il faisait parti du
groupe MASSIEYE et FERRAS. C'était de grandes boutiques de la place
telle que CFCI, CFAO, SCOA, Massieyé FERRAS.
? Quelles ont été les actions posées par
le Président Félix Houphouët Boigny pour la riziculture ?
Le Président Houphouët était un homme
exceptionnel. Il s'est inspiré de l'agriculture pour développer
son pays. Alors dans la mesure où le pays s'urbanisait, il fallait
répondre à la demande. Lui-même à donné
l'exemple pour la culture du riz, puisqu'il avait lui-même ses champs de
riz à Yamoussoukro. En partant a la basilique tout le bas fond qui est
là jusque là où il y'a les cocotiers l'appartenait. Sa
rizerie était d'une quarantaine d'hectares.
? Cissé Mamadou
Thème abordé : Les circuits parallèles,
Le prix du paddy. Entretien réalisé à Abobo le 29
Septembre 2011.
Caractère de l'entretien : entretien non directif
Fonction : Commerçant de riz Paddy.
Il existait de bonne relation. La Soderiz, elle seule ne
pouvait pas tout couvrir. Le paddy qu'on achetait était
décortiqué, nos femmes vendaient une partie au marché. Le
riz que Soderiz produisait fatiguait les femmes,
169
lorsqu'elles préparaient. Ce riz à la cuisson
quand ça se refroidit, lâche l'eau. Donc nos parents n'aimaient
pas le riz de la Soderiz.
Souvent on achète, le paddy avec les paysans.
Après décorticage on vend le riz dans tout le pays et même
hors des frontières ivoiriennes. En période de pénurie,
les commerçants libanais entrent dans le circuit de la vente du riz. Les
libanais achètent à Abidjan du riz d'importation à raison
de 50 francs le kilo. Nous, on rachète ce riz à 55 francs le kilo
et nous le revendons dans les villages et les villes à 60 francs.
Les libanais restaient toujours dans les magasins et ne se
déplaçaient pas en brousse. Pour vendre ce riz d'importation.
Pour le paddy, ils envoyaient des pisteurs pour acheter le paddy avec les
paysans.
? Diallo Roger
Thème abordé : La commercialisation du riz, les
rapports entre la chambre de commerce, la CGPP et la Soderiz.
Entretien réalisé le 29 Septembre 2011 à
Abidjan Marcory.
Caractère de l'entretien : entretien directif
Fonction : Agent au service financier de la Soderiz
? La Côte d'Ivoire à t-elle atteint l'auto
suffisance en riz avec le Soderiz ?
En 1975 avec l'augmentation de la production locale, le pays
atteint l'auto-suffisante alimentaire. C'est dans ce cadre que le pays a
exporté plus de 200 tonnes de riz de luxe sur le Zaïre. En 1976, le
pays a secouru le Mali, le Sénégal et le Gabon. Cet acte a
été posé par Félix Houphouët Boigny, qui a
payé et mis le riz dans le bateau en direction de ces pays. On avait
couvert tous les besoins du pays en riz.
170
A la vérité quand on a fait l'auto suffisance en
riz, ceux qui vivaient des importations se trouvaient au chômage. Donc
les gens ont convaincu le président Félix Houphouët Boigny
que comme on a atteint l'autosuffisance, ce n'était plus la peine. Or
nous demandions qu'on nous donne 2 milliards tous les ans pour maintenir
l'autosuffisance, faire le minimum d'investissement pour tenir compte de
l'augmentation de la population.
Malheureusement le 17 Octobre 1977 après la formation
du gouvernement du 20 Juillet 1977, on a classé le ministre Henry Konan
Bédié, ministre de l'économie et des finances, Mohamed
Diawara, ministre du plan et du développement et Sawadogo Abdoulaye
ministre de l'agriculture du gouvernement, on a dissout la Soderiz, c'est la
société Soderiz qui produisait et commercialisait le riz. Elle le
mettait à la disposition de la CGPP qui vendait le riz aux
commerçants. La chambre de commerce était
représentée au conseil d'Administration de la Soderiz par Maurice
Delafosse.
? Quel rapport existait - elle entre la Soderiz et la Caisse
Générale Péréquation et Prix ?
Nous, notre rapport à nous c'était avec la CGPP,
car c'est elle qui vendait notre riz. Elle ne s'occupait que du riz. La
péréquation veut dire que dans le lot il y'a des secteurs
fragiles. Donc les secteurs qui produisaient le surplus on prend pour fermer ce
trou. L'Etat trouve les moyens pour stabiliser .Pour que la
péréquation joue, c'est la CGPP qui gère cela. Monsieur
Sidia Touré actuellement opposant Guinéen, a été le
directeur de la CGPP jusqu'à sa dissolution en 1994.
? Quel était le rôle de la Chambre de Commerce ?
Le rôle de la chambre de commerce consulaire qui
gère la politique globale, elle conseille l'Etat, elle surveille et
enregistre. On lui a concédé certaines choses. C'est le
surveillant pour le compte de l'Etat en matière de riz
importé.
171
Dans la commercialisation, il ya la mise à disposition
du riz. En Aval de l'usine, il y'a des grossistes partenaires de la
distribution. La structure qui était chargée de la distribution
du riz était la CGPP. Le partenaire opérationnel de CGPP
était la chambre de commerce. Théoriquement les grossistes font
partie de la chambre de commerce. Il y'avait deux volets : La
péréquation sur le transport et la péréquation sur
le prix.
C'est une mutualisation des prix au niveau national tel que
l'ivoirien qui est à Korhogo achète le riz au même prix que
l'ivoirien qui est à Abidjan. C'est une structure qui trouvait la
solution financière.
? Existait-elle une concurrence entre la Soderiz et la chambre
de
commerce ?
Il n'existait pas de concurrence, c'est le gouvernement qui
détermine la politique du riz. Le secteur privé était
inclus dans la politique, il importait pour gagner de l'argent. La Soderiz
devait se mettre face au riz importé dans une situation de
compétitivité. La Soderiz était un instrument de l'Etat
C'est l'Etat qui faisait le prix, il n'y avait pas d'antinomie.
? Coulibaly Tiorna
Thème abordé : l'encadrement des paysans, l'achat
du paddy.
Entretien réalisé à Korhogo, le 23 Novembre
2010
Caractère de l'entretien : entretien directif
Fonction : Paysan
? Comment l'encadrement se faisait au temps de la Soderiz ?
Les encadreurs suivaient les riziculteurs par rapport à
la méthode culturale privilégiée par la
société. Les techniques culturales étaient le repiquage et
le semi en ligne du riz.
172
? Parmi ces techniques laquelle était plus rentable.
L'application de ces techniques n'était pas du tout
facile. On considérait le semi en ligne comme plus profitable. Le semi
en ligne avait un rendement plus élevé. Ce rendement était
deux fois plus rentable que le semis en équipage.
? Comment était organisé les groupements pour
l'encadrement ?
La formation des groupements se faisait par secteur. Un
secteur était composé de plusieurs villages. Nous, on a
apprécié les groupements. Aussi le contrat de culture que les
agents de la Soderiz nous ont conseillé nous a permis de produire plus
de riz et de le vendre.
? Comment se faisait l'achat du paddy ?
Ce sont les encadreurs, assisté de leurs assistants qui
s'en chargeaient. La Soderiz leur donnait l'argent et chaque encadreur
s'occupait de l'achat du paddy du secteur qu'il encadre. Ils pouvaient acheter
plus de 10 millions de paddy par semaine. Quelque fois les femmes Dioula
venaient acheter notre paddy. Parce que, des années la Soderiz
n'achète pas à temps notre paddy. Or nous avons besoin d'argent,
surtout pour les funérailles de nos parents. De ce fait on est
obligé de vendre ce riz aux femmes dioula et aux jeunes qui
achètent sur le compte des libanais.
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
173
174
I LES SOURCES
A. SOURCES ORALES
? Nom et prénom : N'Dri Brou Benoit
Fonction occupée : Directeur Régional Nord
1973-1975, Directeur Technique Soderiz 1976-1977
Lieu de l'enquête : Cocody II Plateau à Domicile
Date : 09 Décembre 2011
Durée : 30 min
Caractère de l'enquête : Semi directif
Monsieur N'Dri Brou Benoit est entré à la Soderiz
en 1974 en tant Directeur régional Soderiz de Korhogo, puis il a
occupé la fonction de Directeur Technique Soderiz en 1976.
Les échanges ont portés sur les raisons de
création de la Soderiz et la politique d'usinage mis en place pour
blanchir le riz.
? Nom et prénom : TIMITE Ahmed
Fonction occupée : Directeur Chargé de la
Production 1970- 1977
Lieu de l'enquête : Cocody II Plateau à Domicile
Date : 13 Décembre 2011
Durée : 1heure 05 min
Caractère de l'enquête : non directif
175
L'entretien a porté d'abord sur les premières
actions de la Soderiz, ensuite sur les actions sociales posée par la
Soderiz et enfin les raisons de la dissolution de la société.
? Nom et prénom : Hema Namboin Augustin
Fonction occupée : Directeur Chargé de la
coopération internationale 19721977
Lieu de l'enquête : Cocody Riviera à Domicile
Date : 28 Août 2011
Durée : 50 min
Le thème abordé a été la politique
des prix et les difficultés liées à la sacherie.
Caractère de l'enquête : entretien directif
? Nom et prénom : Yao Gérard
Fonction occupée : Directeur régional centre 1973-
1977
Lieu de l'enquête : Bouaké à Domicile
Date : 16 Décembre 2011
Durée : 57 min
L'entretien a porté sur la pénurie de riz dans les
centres urbains.
Caractère de l'entretien : Entretien directif
? Nom et prénom : Cissé Mamadou
Fonction : Commerçant de riz
Lieu de l'enquête : Abobo-marché
Date : 29 Septembre 2011
176
Durée : 35 min
Caractère de l'entretien : entretien Non directif
Les échanges ont portés sur l'existence des
circuits parallèles, le prix du paddy.
? Nom et prénom : Coulibaly Tiorna
Fonction : Riziculteur
Lieu de l'enquête : Korhogo
Date : 03 janvier 2012
Durée : 40 min
Caractère de l'entretien : entretien directif
L'entretien a porté sur l'encadrement des groupements et
l'achat du paddy aux paysans.
? Nom et prénom : Diallo Roger
Fonction : agent au service financier de la Soderiz 1972- 1977
Lieu de l'enquête : Abidjan Marcory
Date : 29 septembre 2011
Durée : 1heure
Caractère de l'entretien : entretien directif
Les thèmes abordés lors de cet entretien sont la
commercialisation du riz, les rapports entre la Chambre de commerce, la Caisse
générale de péréquation des prix et des produits de
grande consommation (CGPP) et la Soderiz.
177
B. SOURCES D'ARCHIVES
? SERIES
1. Séries QQ
ANCI /1QQ 9 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du
gouverneur correspondance échangée entre le gouverneur
Général et le gouverneur de la Côte d'Ivoire au sujet de la
fourniture du riz de baoulé aux travailleurs du chemin de fer.
ANCI/1QQ12 colonie de la Côte d'Ivoire, cabinet du
gouverneur, correspondance relative aux moyens à mettre en oeuvre pour
développer les productions coloniales en vue d'approvisionner la
métropole 1916-1917
ANCI/1QQ17 colonie de Côte d'Ivoire cabinet du
gouverneur correspondance au sujet de l'application de la loi du 15 /4/1919
relative à la création d'un registre de commerce. Exportation et
importation des marchandises 1920.
ANCI/1QQ50 colonie de la Côte d'Ivoire commerce
Général : mouvement des importations et des exportations 1899 -
1913
ANCI/1QQ51 colonie de la Côte d'Ivoire service des
douanes, tableaux des exportations et des importations des principaux produits
1900 - 1909
ANCI/1QQ56 colonie de la Côte d'Ivoire, services des
douanes état des produits crus de la colonie par les différents
ports et les frontières terrestres 1917 - 1927
ANCI/1QQ58 colonie de la Côte d'Ivoire service des
douanes : mouvement commercial de la Côte d'Ivoire : rapport et tableaux
généraux des exportations et des importations 1921
ANCI/1QQ82 colonie de la Côte d'Ivoire, cercle de
Korhogo, rapport d'ensemble économique et agricole 1909, 1912, 1913,
1914
178
ANCI/1QQ83 colonie de la Côte d'Ivoire, cercle du Haut
Sassandra et des pays Gouro, rapport sur la situation économique et
commerciale des postes de Dabou, Issia, Gagnoa, Vavoua en 1915
2. Séries RR
ANCI/1RR3 colonie de la Côte d'Ivoire service de
l'agriculture circulaire au sujet du mouvement commercial 1909 - 1910
ANCI/1RR5 colonie de la Côte d'Ivoire service de
l'agriculture rapports d'ensemble et correspondance relatifs au plan de la
campagne agricole pour l'année 1912
ANCI/1RR12 colonie de la Côte d'Ivoire service de
l'Agriculture arrêtés, décisions, décrets et statuts
du gouverneur au sujet de l'agriculture en Côte d'Ivoire 1908 - 1918
ANCI/ANCI/1RR13 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du
gouverneur statistiques des cultures dans le cercle de Korhogo, rapport sur la
situation agricole et économique du poste de Boundiali 1913 - 1916
ANCI/1RR15 colonie de la Côte d'Ivoire, service agricole
rapport sur la situation agricole indigène 1917-1918
ANCI/1RR18 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du
gouverneur rapport d'ensemble sur la situation agricole économique et
politique de la Côte d'Ivoire 1918
ANCI/1RR20 colonie de la Côte d'Ivoire, service agricole
rapport de la situation économique et agricole de Vavoua 1920
ANCI/1RR25 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du
gouverneur correspondance relative aux missions d'études des productions
agricoles en Côte d'Ivoire et des possibilités de ravitaillement
de la métropole en produit agricole 1912 - 1921
179
ANCI/1RR43 colonie de la Côte d'Ivoire, cercle de Grand
Lahou, rapport sur la situation économique agricole et zootechnique
1916
ANCI/1RR69 Colonie de la Côte d'Ivoire service de
l'Agriculture correspondance relative aux cultures vivrières dans la
colonie, riz banane, igname 1908
ANCI/1RR77 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du
gouverneur circulaire et instruction relatives à la culture
irriguée du riz et du coton en Côte d'Ivoire 1912
ANCI/1RR81 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du
gouverneur note sur le riz de la Côte d'Ivoire
ANCI/1RR97 colonie de la Côte d'Ivoire service de
l'agriculture rapport, correspondance, circulaires relatifs au
développement des produits agricoles : riz et autres dans le cercle du
N'ZI Comoé 1908 - 1911, 1917
ANCI/1RR109 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du
gouverneur General de l'AOF correspondance du gouverneur de la Côte
d'Ivoire adressée au gouverneur de l'AOF en réponse de la lettre
n°333 du 8 juin relative à la réquisition du riz des
indigènes à des prix très bas 1922.
C-SOURCES IMPRIMEES
1- LES JOURNAUX OFFICIELS
JOCI (Journal Officiel de la Côte d'Ivoire) : De 1908
à 1920 JOCI : De 1963 à 1978
2- Archives De la Soderiz (ADS)
ADS : Rapport annuel 1973 de la SODERIZ, 378 p
ADS : Résumé du rapport annuel 1972 de la SODERIZ,
56 p ADS : Résumé du rapport annuel 1973 de la SODERIZ, 122p
180
ADS : Rapport annuel 1974 de la SODERIZ, 219 p
ADS : Rapport annuel Soderiz 1975, projet BIRD1975-1978,
233p
ADS : Rapport annuel 1976 de la SODERIZ, 29 p
ADS : Riz d'hier, riz d'aujourd'hui, 40 p
ADS : 1976, SODERIZ, 6 ans déjà, Edivoire, 23
p
ADS : programme pluriannuel du développement rizicole
1978- 1980, 176p
ADS : Procès verbal de la réunion du conseil
d'administration Soderiz 1976,
15p
II BIBLIOGRAPHIE
1. INSTRUMENTS DE TRAVAIL
- Atlas de la Côte d'Ivoire, 1979, Abidjan
ministère du plan ORSTOM, Université d'Abidjan 46
planches+Notice
- MAYNARD (I J) :1979, Le petit Larousse, Paris,
Librairie Larousse, 1811p.
- ROBERT (P) :2003, Le nouveau Petit Robert : dictionnaire
Alphabétique et analogique de la langue française, Paris,
2467 p.
2. OUVRAGES GENERAUX
- AGRIPAC : 1974, Halles et marché de Côte
d'Ivoire, tome 3, 101p
- AKINDES (F) : 1995, « Dévaluation et
alimentation à Abidjan Côte
d'Ivoire », Les cahiers de la recherche et de
développement, n°40, p24 - 42
- AMON D'ABY (F.J) : 1951, La Côte d'Ivoire dans la
cité Africaine, Paris, Edition Larousse, 112p
- Anonyme, « Economie alimentaire la purge
libérale », Politique Africaine, n°37, mars 1990,
149p
181
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forêts de la Côte d'Ivoire : Essai de synthèse
géographique » in annales de l'Université
d'Abidjan, série G, géographie, Tome IV, Abidjan, pp 89 -
93
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d'Ivoire de la colonisation à l'après indépendance :
naissance apogée et déclin d'une institution 1908-1992,
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1972, Exploitation de la vallée du Solomougou, juin 1972, 345p
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d'Ivoire économie et société, Edition stock 14, Paris,
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vivrières, paris, Bouillère et Fils, collection Nouvelle
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: l'essor du vivrier marchand en Côte d'Ivoire, Paris Kartala, 661
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du riz, histoire d'ignames : le cas de la moyenne Côte d'Ivoire,
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- CONDE (S) : 1981, « Agriculture d'exportation et
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la Côte d'Ivoire » in Annales de l'université
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182
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les agricultures africaines » : cahiers ORSTOM série
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développement : l'exemple de l'opération riziculture
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- DOZON (J.P) :1975, La problématique rizicole dans
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d'Ivoire, Paris, Pedone, 420p
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Lakota, juillet-Août 1969, 96p
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- FAO : 1973, La commercialisation du riz, 145p
- FAO : 1974, Riz : Certains aspects des politiques de
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et de prix, 89p
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filière du progrès n°7/ 1er trimestre 2011,
42 p
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De 1960 à 1980
- GRAH MEL (F) :2005, Rencontre avec Félix
Houphouët Boigny, Frat-Mat
édition, 424p
- GOUROU (P) :1984 ; Riz et civilisation, Paris, Fayard,
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du riz importé en Côte d'Ivoire, Mémoire de DEA,
Institut d'étude du développement économique et social de
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- HARRE (D) :1992, Le riz en Côte d'Ivoire origine et
performance des secteurs de transformation artisanale et industrielle,
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diagnostique et condition
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de coopération française, 86 p. - HOUPHOUET BOIGNY (F) : 1978,
Anthologie des Discours 1946 - 1978,
édition CEDA, tome 2, 809p
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paysanales, améliorations possibles, République
Française, secrétariat d'Etat aux affaires
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zone dense de Korhogo (Nord de la Côte d'Ivoire), Mémoire de
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étude pour la formulation de la politique rizicole de la Côte
d'Ivoire, février 2002, 86p
- Ministère de l'Agriculture, L'agriculture
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3. OUVRAGES SPECIALISES
- ADRAO : 1976, Renforcement des capacités rizicoles
des pays membres, 75p
- Agence Ivoirienne de Presse « Dans cinq ans avec
l'encadrement la Soderiz produira 70 000 tonnes de Paddy » in
Fraternité matin du 31 juillet 1973, 12p
- Anonyme « Les usines de la Soderiz en dangers
»in Fraternité Matin du 16 Février 1976 p12
- Anonyme : « L'inauguration du barrage de SOLOGO :
une nouvelle ère pour la riziculture dans le nord » in
Fraternité Matin n°2405 du 21 novembre 1972
- Anonyme : « Les sachets: un autre problème
de la Soderiz » In Fraternité Matin du 08
février 1976
- BRINDOUMI (A K J), 2003: La production et le
commerce des céréales de la Côte d'Ivoire : 1963 -
1995, Mémoire de Maitrise Histoire, Université de
Bouaké, 230p
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- CHALEARD (J L) :1994, Temps des villes, temps des vivres
: L'essor du vivrier marchands en Côte d'Ivoire, Université de
Paris X - Nanterre, Thèse de Doctorat d'Etat, 1041p
- HARRE (D) :1987, Le système de Commercialisation
du riz en Côte d'Ivoire : Le marché interne des produits
agricoles support de la politique Alimentaire, Thèse Doctorat de
3ème cycle, Paris, 356 p
- HIRSCH (RD) :1993, Le riz et les politiques rizicoles en
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développement, 72 p.
- KOFFI(A), « Fauteuil blanc, la SODERIZ un capital
de production a moindre cout », in Fraternité Matin
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- KOFFI (K) :1977, Installation des jeunes paysans modernes
dans le projet Yabra, Mémoire de fin de cycle INSET, 48p
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de la production
et des politiques vivrières en Côte
d'Ivoire, Paris, ORSTOM, pp 77-123. - DIOMANDE (K) :1995,
Dévaluation et auto suffisance alimentaire : le cas
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société de développement : l'exemple de l'opération
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Côte d'Ivoire, Mémoire d'IEP, Bordeaux, 118p.
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politique d'autosuffisance
alimentaire de la Côte d'Ivoire, cahier des
sciences humaines, pp349-363. - Ministères de l'Agriculture, Satmaci
: monographie des bas-fonds rizicoles
aménagés par l'ex Soderiz dans la zone du
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- Ministères de l'Agriculture, Satmaci : monographie
des bas-fonds rizicoles aménagés par l'ex Soderiz, zone
Satmaci, 1982, 376p
- Ministères de l'Agriculture, proposition de
création de la Soderiz, Bureau d'Etude Technique des Projet Agricole
(BETPA), 1965, 112p
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d'importer du riz » in Fraternité Matin n°18 du 21
janvier 1976, p17
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- YAO (J), « La Soderiz un instrument de
développement », In Fraternité Matin du 07 mars
1974, p 8
189
TABLE DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES
Carte n°1: Végétation et hydrographie de la
Côte d'Ivoire p 44
Carte n°2 : Zones d'intervention de la Soderiz p 56
Tableau n°1 : Quantité de paddy exporté par la
Côte d'Ivoire vers la France
1916 à 1918 p 26
Tableau n°2 : Importation de riz par la Côte d'Ivoire
de 1908 à 1920 p 28
Tableau n°3 : La production du paddy par la Satmaci 1963
à 1970 p 32
Tableau n°4 : Evolution de la population 1965 à 1980
p37
Tableau n°5 : Evolution des importations de riz 1960
à 1970 p 41
Tableau n°6 : Evolution des superficies rizicoles de la
Soderiz 1974 - 1977 p 73
Tableau n°7 : Production du paddy sous contrat et sans
contrat de culture de
1965 à 1974 p 73
Tableau n°8 : Evolution du bénéfice des
acteurs pendant la collecte de 66/67 à 77/78 (en francs CFA/ KG) p 76
Tableau n°9 : Evolution du prix garanti au producteur par la
Soderiz p 79
Tableau n°10 : Estimation des revenus bruts de l'Etat sur la
commercialisation du riz importé p 86
Tableau n°11: Evolution de la production du riz et variation
des importations 1970-1976 p 99
Tableau n°12 : Prix du riz au détail à Abidjan
1960 - 1977 p 107 Tableau n°13 : Activité d'usinage de la Soderiz
entre 1970 et 1977 p 110
190
Tableau n°14 : Volume de paddy et de riz stocké dans
les usines Soderiz en Février 1976 p 115
Tableau n°15 : Tableau comparatif de la Production du riz
Soderiz et du
Circuit traditionnel p 120
Tableau n°16 : Situation des Stocks et de vente de riz des
Grossistes fin février 1976 p125
Graphique n°1 : Courbe d'évolution de la
production du paddy par la Satmaci 1963 - 1970 p 32
Graphique n°2 : Courbe d'évolution des
importations de riz 1960 - 1970 p 42
Graphique n°3 : Histogramme de la production du paddy
avant et pendant le contrat de culture p 74
Graphique n°4 : Courbe d'évolution de la
production du riz et variation des importations 1970-1976 p 100
Graphique n°7 : Production du riz Soderiz et circuit
traditionnel 1971 - 1977 p 121
TABLE DES ILLUSTRATIONS PHOTOGRAPHIQUES
Photographie n° 1 : Aménagement traditionnel
réalisé par les paysans p 57 Photographie n°2 :
Réalisation de canal primaire par la Soderiz p 57 Photographie n°3
: Réalisation de diguettes p 58
Photographie n°4 : Aménagement de canal primaire p
58
Photographie n°5 : Planage effectué par les paysans
sous la supervision d'un agent de la Soderiz p 59
Photographie n°6 : Aménagement d'espace en zone
forestière p 59
191
Photographie n°7 : Rayonneur avant le semi en ligne du
riz p 62 Photographie n°8 : Semi en ligne du riz p 63
Photographie n°9 : Paysan procédant au repiquage de
riz p 63 Photographie n°10 : Riz sativa oryza en maturité p 69
Photographie n°11 : Usine Soderiz de Korhogo p112
192
TABLES DES MATIERES
DEDICACE 1
REMERCIEMENT 2
SOMMAIRE 3
INTRODUCTION GENERALE ..4
PREMIERE PARTIE : NAISSANCE D'UNE SOCIETE RIZICOLE :
DE
LA PERIODE COLONIALE A 1974 21
CHAPITRE I : LES ETAPES DE LA CREATION DE LA
SODERIZ 23
I. LA POLITIQUE RIZICOLE AVANT 1970 23
1. La question du riz pendant la colonisation 23
2. L'action de Société d'Assistance Technique et
la Modernisation de
l'Agriculture (Satmaci) 1963-1970 ...29
II. L'ACTION PARTICULIERE DU PRESIDENT FELIX
HOUPHOUËT BOIGNY EN FAVEUR DE LA
RIZICULTURE 33
1. Un volontarisme politique 33
2. L'action face à la pression démographique 36
III. LES RAISONS DE CREATION DE LA SODERIZ 38
1. Atteinte de l'auto suffisante alimentaire .38
2. Réduire les importations massives du riz 39
3. Exploiter rationnellement les potentialités rizicoles
du pays...42
CHAPITRE II : LA CREATION DE LA SOCIETE DE
DEVELOPPEMENT ET SES PREMIERES ACTIONS 1970 -
1974 45
I- FORME ET FONCTIONNEMENT DE LA SODERIZ .45
1.
193
Statut juridique .45
2. Fonctionnement et importance de la SODERIZ
.47
II- LES MISSIONS DE LA SODERIZ 49
1. La promotion de la culture du riz 49
2. Moderniser le secteur rizicole et améliorer les
conditions
sociales Paysan .51
III- LES DEBUTS D'INTERVENTION DE LA SODERIZ
...53
1. La mise en valeur des bas-fonds 53
2. L'encadrement techniques et formation de groupement des
coopératives .60
DEUXIEME PARTIE : INITIATIVES ET IMPACT DE L'ACTION
DE
LA SODERIZ 1972 - 1974 64
CHAPITRE III : LES INITIATIVES AMBITIEUSES DE LA
SODERIZ
POUR LA PRODUCTION ET LA COMMERCIALISATION DU
RIZ...66
I. LA POLITIQUE DE PRODUCTION DU PADDY .66
1. La riziculture irriguée un choix étatique 66
2. La production du paddy basée sur le contrat de culture
70
II. L'USINAGE DU PADDY ...74
1. Le système de collecte de paddy 74
2. La transformation de paddy dans les rizeries 79
III. MISE EN PLACE DE STRUCTURE POUR LA
COMMERCIALISATION ET LA DISTRIBUTION DU RIZ
..81
1. La gestion du riz de la Soderiz par la chambre de
commerce 82
2. L'action de la CGPP dans la commercialisation du
riz.....83
194
CHAPITRE IV : L'IMPACT SOCIO ECONOMIQUE DE LA
SODERIZ ..88
I. LES RETOMBEES SOCIALES DES ACTIONS DE LA
SODERIZ .88
1. La création d'emploi et distribution des revenus 88
2. La réalisation de village Soderiz 91
II. L'IMPACT ECONOMIQUE DES ACTIONS DE LA
SODERIZ 93
1. La mobilisation des bailleurs de fond .93
2. Evolution des chiffres d'affaires de la société
95
III. LA CÔTE D'IVOIRE
AUTO SUFFISANTE EN RIZ 1974-
1976 97
1. La réduction des importations 97
2. Le pays auto suffisant et exportateur de riz 1975-
1976 100
TROISIEME PARTIE : DES DIFFICULTES DE
FONCTIONNEMENT
AU DECLIN DE L'INSTITUTION 1976 - 1977 .102
CHAPITRE V : LA FAILLITE DU SECTEUR INDUSTRIEL
104
I. LA POLITIQUE DES PRIX 104
1. L'augmentation brutale du prix du paddy à la
production
en 1974 104
2. Le prix du riz à la consommation .106
II. LA MAUVAISE
POLITIQUE D'USINAGE 108
1. L'insuffisance des capacités de production .108
2. Le non respect des normes de qualités 110
III. DYSFONCTIONNEMENT LIE AU STOCKAGE 112
1. Le manque d'infrastructure ...113
195
2. La sous capacité de la sacherie 114
CHAPITRE VI : LA DEFAILLANCE DU RESEAU DE
DISTRIBUTION
ET L'ACTION DE L'ETAT .117
I. UN CIRCUIT PARALLELE, PUISSANT CONCURRENT DE LA
SODERIZ ..117
1. Le circuit traditionnel 117
2. Le circuit libanais 121
II. LA DEFAILLANCE DU CIRCUIT
DE DISTRIBUTION
OFFICIEL ..123
1. Le sabotage de la Chambre de commerce 123
2. Problème d'approvisionnement des centres
urbains...126
|
III. LE DECLIN DE LA SOCIETE DE
DEVELOPPEMENT
|
127
|
1. La lutte d'intérêt au niveau de l'Etat
|
127
|
2. La dissolution de l'institution
|
..129
|
|
CONCLUSION GENERALE
|
131
|
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
|
137
|
ANNEXE
153
|
|
TABLE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
..185
|
|
TABLE DES ILLURTRATIONS PHOTOGRAPHIQUES
|
.186
|
196
Le riz est entré dans les habitudes alimentaires des
populations à l'aube de
de la transformation. Le pays devient exportateur de riz en
1974. Mais cet
exploit a été de courte durée car avec
la baisse des cours mondiaux du riz, le
l'indépendance, augmentant son taux de consommation
et son importation. En
1970, l'Etat montre sa volonté de maîtriser la
politique alimentaire du pays en
mettant en place la société de
développement de la riziculture (SODERIZ).
Entre 1970 et 1976, elle pose des actions tant au niveau de
la production que
La Soderiz ne maîtrisant pas la politique des prix
fut confronté à des difficultés qui ont fini
par occasionner sa dissolution le 07 octobre 1977. Cette
étude sur la Soderiz, traite la politique alimentaire du pays et le
rôle joué par la Soderiz dans le développement
de l'agriculture vivrière en Côte d'Ivoire.
prix du paddy aux paysans connut une augmentation ainsi que
le prix du riz à la
consommation.
Mots- clés : Soderiz -
paddy - riziculture - société de
développement -
politique alimentaire - importation -
exportation - Côte d'Ivoire -
commercialisation - transformation.
|