Ière PARTIE:
UNE HISTOIRE CONTROVERSEE, DES LOIS POUR L' ECLAIRECIR ?
Si un statut juridique est donné à l'histoire au
sein des démocraties européennes
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c'est que, qu'on la prenne comme savoir scientifique ou comme
savoir mémoriel, l'histoire ne fait jamais l'unanimité et est au
centre d'enjeux politiques et sociaux rendent sa protection
nécessaire.
On commencera par étudier les risques qu'encourt
l'histoire et qui vont alimenter la réflexion sur sa place dans la
démocratie à travers l'analyse de ses détournements.
A) Les détournements de l'histoire
Une histoire « détournée »
signifie-elle qu'il existe une histoire « réelle », qui
coulerait comme un flot continu et loin de laquelle nous emmèneraient
les manipulations de toutes sortes?
Ce serait revenir à une définition de l'histoire
qui comme on l'a vu en introduction à en partie été
écartée par l'évolution historiographique: aucune histoire
scientifique ne prétend à la vérité absolue et il
est évident que l'histoire même comme science est en partie une
construction de l'historien.
Mais si l'histoire reste un « mixte indissoluble du sujet
et de l'objet » selon l'expression d'H.I. Marrou33, elle peut
aussi prétendre à une approche de la vérité: «
à défaut de l'atteindre »34 elle « a pour
norme la vérité »35 et doit s'éloigner le
plus possible du mythe et de la projection personnelle, pour appuyer ses
analyses sur des vérités matérielles. Comme l'écrit
parfaitement Pierre Vidal Naquet : « Que l'historien ait perdu son
innocence, qu'il se laisse prendre comme objet, qu'il se prenne lui-même
comme objet, qui le regrettera? Reste que si le discours historique ne se
rattachait pas, par autant d'intermédiaires qu'on le voudra, à ce
que l'on appellera, faute de mieux, le réel, nous serions toujours dans
le discours, mais ce discours cesserait d`être
historique.»36
C'est pourquoi un « détournement » est
non-seulement possible mais courant dès lors que la démarche de
l'analyse historique ne se fonde pas sur des sources matérielles
33 cité par L. Wirth, « Face aux détournements
de l'histoire », op.cit., p. 31
34 Ibid., p. 31
35 J. le Goff cité par L. Wirth, Ibid., p. 31
36 Pierre Vidal Naquet, « Les assassins de la
mémoire », essai publié dans le recueil Les assassins de
la mémoire, La Découverte, 1987, p. 148
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sûres ou qu'il y a confusion entre les
différentes sphères du concept « histoire »: science,
mémoire ou fiction ; cette confusion peut, on le verra, être
involontaire ou volontaire.
Les détournements de l'histoire ont été
et sont principalement visibles dans les régimes autoritaires et
totalitaires où le savoir historique est soumis à une doctrine
idéologique clairement établie et où la volonté de
constituer une mémoire commune pousse la prétendue histoire vers
le domaine du mythe.
« Se rendre maître du passé est une des
conditions essentielles pour régner sur le présent
»37 si l'on en croit Jacques Julliard, et plus un régime
politique a la prétention de créer un homme nouveau et pour cela
de contrôler la « totalité » des aspects de sa vie et de
sa pensée, plus la manipulation de l'histoire est un outil
précieux.
Que ce soit une histoire communiste redessinée à
la lumière de la « lutte des classes » , une histoire nazie
guidée par la « lutte des races » ou une histoire fasciste
nationalo-centrée, l'histoire totalitaire n'a plus de la science qu'une
tentative de déguisement tristement comique au même titre que les
représentations d'Hitler en chevalier teutonique ou de Mussolini en
César romain.
Mais les détournements de l'histoire ne se limitent pas
aux seuls Etats totalitaires ou autoritaires, « tout le monde peut
détourner l'histoire » déclarait en juin 1999 le ministre
norvégien de l'Education en ouverture du symposium « Face aux
détournement de l'histoire » organisé à Oslo par le
Conseil de l'Europe, et chaque démocratie peut être sujette
à divers types de détournements que nous allons analyser
maintenant, en étudiant à part le négationnisme du fait de
ses spécificités et de son importance pour le sujet en
général.
1) Les détournements courants.
Par qui et pourquoi?
Comme le remarque Laurent Wirth, difficile de dissocier ces deux
questions:
37 J. Julliard, op.cit., p82
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« chercher les mobiles du détournement permet d'en
mettre en évidence les responsables »38. Mais si la
responsabilité des détournements est souvent identifiable elle
peut aussi parfois être fortement diluée dans la
société.
La première fonction de la manipulation historique est
bien sûr d'assurer une propagande politique et à ce titre
on peut observer nombre d'exemples dans les pays totalitaires où
l'histoire a pu servir à embrigader la jeunesse et à mobiliser
les masses: souvenir de la gloire romaine pour unir l'Italie fasciste, «
espace vital » nazi appuyé sur le récits de conflits
passés comme la lutte des chevaliers teutonique contre les slaves,
brutalité révolutionnaire communiste toujours justifiée
par l'expérience de la Commune de Paris de 1871 et sa sanglante
répression. Mais la propagande agit aussi en démocratie, et
peut-être d'autant plus que l'appui de la masse y est plus
nécessaire.
Le premier aspect de ce type de détournements est
certainement le développement des nationalismes ; comme le fait
remarquer Georg Iggers dans un discours introductif sur «
L'historiographie au XXème siècle », il y a une «
corrélation entre le développement du nationalisme et
l'étude de l'histoire »39 qui a pu aller jusqu'à
l'invention des nations. La construction d'un mythe national est une des
premières missions, conscientes ou non, que l'histoire s'est vue
attribuer, avec entre autres la création de héros nationaux tel
Vercingétorix et Jeanne d'Arc en France, comme l'a analysé Ch.
Amalvi40 , ou les chefs vikings Olaf Tryggvesson et Olaf Haraldsson
en Norvège comme Ola Svein Stugu le montre dans sa conférence
« Histoire et identité nationale en Norvège
»41, mais aussi la fabrication d'événements
fondateurs comme en Serbie la bataille de Kosovo Polje (« bataille du
champ des merles ») en 1389, symbole nationaliste aussi utilisé
pour affirmer la souveraineté serbe sur l'ancienne province autonome du
Kosovo.
Christina Koulouri, dans une conférence
intitulée « Les Deux faces de la discrimination dans l'enseignement
de l'histoire: discriminants et discriminés à la fois »42
montre autour de l'exemple grec le développement de « couples
opposés » reprenant la problématique de l'affirmation du
même par opposition à l'autre au niveau des
38 L. Wirth, op.cit., p. 33
39 Georg Iggers, « L'historiographie au XXème
siècle », Détournements de l'histoire, op.cit., p.
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40 Ch. Amalvi, De l'art et la manière d'accommoder les
héros de l'histoire de France, 1988
41 Ola Svein Stugu, « Histoire et identité
nationale en Norvège », Détournements de
l'histoire, op.cit., p. 126
42 Christina Koulouri, « Les Deux faces de la discrimination
dans l'enseignement de l'histoire: discriminants et discriminés à
la fois », Détournements de l'histoire, op.cit.
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communautés nationales. Ces couples forment en
général des « réseaux complexes » à
l'intérieur d'une même affirmation identitaire, ainsi l'histoire
de la nation grecque moderne se construit autour d'une lutte à la fois
contre les Slaves et contre les Turcs et plus généralement «
l'Orient » tout en refusant de s'identifier totalement à l'Europe
« occidentale » ; en France on peut observer un jeux de «
couples opposés » vis-à-vis de l'Angleterre, de l'Allemagne
et du catholicisme romain voire même dans l'histoire contemporaine
vis-à-vis des Etats-Unis.
Au-delà de la construction des identités
nationales l'histoire peut aussi servir à promouvoir des valeurs
à l'intérieur d'un régime démocratique, conduisant
parfois comme en France à un véritable « catéchisme
républicain qui a pu amener à confondre démocratie et
République »43, à sous estimer les
expériences démocratiques d'autres pays et à
méconnaitre des atteintes aux droits de l'homme commises par un pays qui
les a vu naître. De même, l'histoire actuelle, souvent encore
fortement guidée en Europe par le libéralisme ou le positivisme,
peut être tentée de survaloriser les progrès scientifiques
ou démocratiques et au contraire d'amoindrir des
phénomènes comme l'augmentation globale des conflits ou des
inégalités. On rajoutera le proverbe bien connu et difficilement
contestable selon lequel se sont toujours les vainqueurs qui écrivent
l'histoire et donc la biaise encore une fois en leur faveur.
Dans ces cas, il est évident que si l'intention du
détournement peut relever du pouvoir politique, économique,
médiatique ou de groupes de pression, ce n'est pas toujours le cas et la
responsabilité est souvent très diffuse au sein d'une
catégorie d'acteurs sociaux: groupements politiques divers, cercles
d'intellectuels, communautés scientifiques, corporations enseignantes
entre autres. Car encore plus souvent qu'à une véritable censure
ou qu'à une « histoire d'Etat » la construction intellectuelle
de l'histoire se confronte à de l'autocensure et à des
phénomènes de « mode » qui font par exemple que si la
négation de la collaboration française avec le pouvoir nazi ou de
la gravité des crimes commis par l'armée française en
Algérie ont pu être dénoncés des années 1970
à 1990 comme des exemples flagrants d'une histoire manipulée par
le pouvoir démocratique, ces deux thèmes de recherche n'en sont
pas pour autant devenus des domaines très étudiés et pour
la collaboration , malgré les remarquables travaux qui ont suivi la
« révolution » initiée par
43 L. Wirth, « Face aux détournements de l'histoire
», op.cit., p. 38
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La France de Vichy de l'américain Robert O.
Paxton44, l'intérêt universitaire et médiatique
porté au sujet est resté limité.
On s'approche aussi avec ces exemple d'une autre cause de
détournement de l'histoire très importante, notamment dans les
sociétés de l'information qui sont devenues les notres: l'attrait
intellectuel, médiatique et commercial de l'histoire. En tant que
production intellectuelle et narrative l'histoire révèle chaque
jour un peu plus son importance et son utilité dans la production
générale de savoirs et de divertissements « populaires
» et éventuellement « commercialisables ». Or une
production de savoir historique basée sur « la demande » reste
obligatoirement limitée au niveau des champs auxquels elle
s'intéresse et de l'exigence critique dont fait preuve sa «
vulgarisation ». Comme l'écrit Laurent Wirth : « La recherche
du sensationnel et du scandale peut amener à accepter sans
vérification sérieuse des hypothèses
présentées comme des révélations
»45. Mais au-delà des dangers du « style
journalistique » 46 , il y a aussi un risque dans l'utilisation
commerciale d'images ou de symboles historiques comme par exemple la
récupération de personnages tel que Napoléon Bonaparte ou
Ernesto « Che » Guevara dans de nombreux pays,
récupération qui crée des images totalement
biaisées de personnages qui sont aussi intéressants que
controversés.
Finalement, l'origine des détournement de l'histoire la
plus courante, autant dans la sphère publique que dans la sphère
privée, est certainement la confrontation avec les mémoires des
groupes et des individus, la tentation qu'a chacun de faire passer sa
mémoire pour l'Histoire, la vraie, celle qui a été
vécue et transmise au sein des familles et des communautés et qui
tire de là une légitimité qui la ferait prévaloir
sur des recherches froides et parcellaires d'universitaires poussiéreux,
or on a vu en introduction l'importance de la distinction entre les deux
concepts, tout l'enjeux est pour l'histoire à la fois une prise en
compte et une prise de distance vis-à-vis de la mémoire.
Les détournements de l'histoire peuvent donc être
l'oeuvre de chacun et si les hommes et appareils politiques sont plus que
d'autres soupçonnables de la manipuler, c'est toute la
société à travers ses enjeux économiques,
idéologiques et identitaires ou par de simples « consensus sociaux
»47 qui peut être amenée à faire de
l'histoire un instrument
44 Robert Ower Paxton, La France de Vichy 1940-1944,
Seuil, Points Histoire, 1973
45 L. Wirth, op.cit., p 43
46 Ibid., p 43
47 ibid., p52
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malléable déguisé en savoir
prétendument objectif.
Sans sombrer dans le relativisme, il devient donc
évident que le premier atout pour se prévenir de ces
détournements reste une certaine méfiance. On va maintenant
étudier les formes qu'ils peuvent prendre.
Comment?
On traitera plus loin le cas particulier de la négation
d'évidences historiques qui a donné lieu à la
création du mot « négationnisme » et qui est la source
d'un important travail tant au niveau intellectuel que juridique. On se basera
ici sur la typologie établie lors du symposium d'Oslo sur les
détournements de l'histoire.
Un premier type de détournement, et peut être le
plus évident est la falsification, elle peut concerner des
documents d'archives, des témoignages et plus généralement
toutes les sortes d'informations qui permettent aux travailleurs de l'histoire
de fonder leurs connaissances. La falsification peut consister dans la
fabrication de faux documents ou dans la transformation de documents existants.
Un cas ancien et bien connu est celui de la « Donation de Constantin
», testament de l'empereur Constantin Ier faussement daté du
IVème siècle avant J.-C. qui est devenue au cours du Xème
siècle un document officiel de l'Eglise Catholique justifiant
juridiquement des possessions et des privilèges papaux et dont en 1440
l'humaniste Lorenzo Valla48 démontra qu'il s'agissait d'un
faux, fait que l'Eglise n'a reconnu qu'au XIXème siècle.
Au XXème siècle, les tristement
célèbres « protocoles des sages de Sion » sont venus
alimenter une manipulation antisémite de l'histoire qui a touché
toute l'Europe et qui malheureusement sévit encore largement aujourd'hui
en se basant sur ce même faux qui n'est qu'un médiocre plagiat du
Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu (1864) de Maurice
Joly.
Les faux sont parfois d'époque, on peut penser aux
fausses preuves contre le maréchal soviétique Toukhachevski
fabriquées lors d'une entente pleine de présages entre Staline et
Hitler, et c'est alors à l'historien de faire un travail d'enquête
suffisamment profond pour montrer la fabrication d'une fausse
vérité à partir de laquelle a pu s'amorcer
48 Lorenzo Valla, Sur la donation de Constantin, à
lui faussement attribuée et mensongère. traduction et
commentaire Giard, 1993, éd. Des Belles Lettres.
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une manipulation de l'histoire.
Il faut prendre en compte que le développement
technologique, s'il a pu fournir aux historiens des outils d'expertises pour
vérifier la fiabilité de leurs sources donne aussi de plus
grandes possibilité de falsification, notamment par une capacité
de transformation des images à une époque où les
médias visuels et télévisuels leur donnent un rôle
central.
Un autre élément qui peut servir le
détournement de l'histoire et se rapproche de la falsification est la
destruction de preuve et d'archive parce qu'elle cherche à
ôter toute possibilité de fonder une histoire scientifique et donc
à laisser régner le doute ou le mensonge sur des
événements historiques. Si les nazis ont cherché à
éliminer les traces de leur entreprise d'extermination, des pays comme
la Grèce ont aussi pu voter démocratiquement la destruction de
fichiers de leur résistance dans le but d'éteindre les rancoeurs
et les soupçons au sortir de la Seconde guerre mondiale.
Les détournements par fixation,
peut-être les plus répandus parmi les tentatives de manipulation
politique de l'histoire, cherchent à faire occulter un point de
l'histoire en insistant systématiquement sur un autre. Par exemple tel
que l'a fait l'historiographie soviétique à propos du Pacte
germano-soviétique de 1939 soi-disant justifié par les accords de
Munich et jamais considéré en tant que tel, avec ses clauses
secrètes sur le partage des Pays-Baltes et de la Pologne, d'un
insoutenable impérialisme. De même, « en Autriche, depuis
1945, la tendance à longtemps été de présenter les
Autrichiens comme ayant subi l'occupation nazie sans être
impliqués eux même dans le nazisme »49 . Or,
même si la pression de l'Allemagne était énorme,
l'Anschluss ne rencontra aucune résistance en 1938 et comme l'a
montré E.B. Bukey l'enthousiasme d'une grande partie de la population
autrichienne pour l'unification et même plus largement pour le nazisme
était considérable50.
Un peu partout en Europe les enrôlements au
côté des nazis et la participation à des massacres et des
déportations a été mise sur le dos de l'occupant et plus
particulièrement des groupes de SS alors que l'implication des
populations et des forces armées nationales a parfois eu une
spontanéité et une violence incroyables comme l'ont montré
les travaux par exemple de Christopher Browning51 sur l'Allemagne et
le Luxembourg ou en France
49 Laurent Wirth, Ibid, p. 49
50 Evan Burr Bukey, Hitler's Austria, Popular Sentiment in
the Nazi Era, 1938-1945, The University of North Carolina Press, 2000
51 Christopher Browning, Fateful Months: Essays on the
Emergence of the Final Solution, New York, Holmes & Meier, 1985,
and, Ordinary Men: Reserve Police Battalion 101 and the Final Solution
in
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le cas maintenant bien connu de la rafle du Vel'd'Hiv qui
poussa Jacques Chirac le 16 juillet 1995 à marquer sa récente
élection par un discours sur la « faute collective » de la
France. Plus globalement le recours à des boucs émissaires est
une tendance très répandue dans l'utilisation de l'histoire, les
minorités et les nations voisines sont utilisées comme causes
explicatives des périodes de crises dans de nombreuses histoires
nationales pour détourner l'attention des responsabilités
internes réelles.
Enfin un dernier type de fixation provient du fort
européocentrisme qui touche l'histoire et son enseignement encore
aujourd'hui en Europe ; de cette absence de décentrement découle
une histoire partielle et lacunaire notamment parce que les grands changement
qu'à connu l'Europe ont souvent eu des causes extérieures:
Renaissance influencée par les découvertes arabes sur les
grecques, capitalisme et expansionnisme européens initiés par la
copie des techniques chinoises: imprimerie, porcelaine, armes à feu. A
l'Européocentrisme s'ajoutent évidemment toute les dérives
socio et ethnocentristes qui ont pu laisser de côté l'histoire de
certaines minorités, tziganes, lapons, juifs, ou encore des femmes, des
campagnes, des régions et des communautés.
Les fixations sont particulièrement marquées
dans les programmes et manuels scolaires, ces derniers « transmettent une
certaine vision du patrimoine et de la culture moderne d'une nation et
relèvent souvent de ce qui fait l'objet de controverses politiques ou
sociales » dans le pays comme le remarque A. Benavot52.
Les détournements par omission dont
l'intentionnalité est généralement dure à
définir pourraient être considérés comme une forme
extrême de la fixation qui ignore des parts de l'histoire comme c'est le
cas au Japon pour le massacre de Nankin, en France pour la violence de
l'écrasement des soulèvements vendéens pendant la
Révolution ou la sanglante répression de la manifestation
algérienne du 17 octobre 1961, mais aussi en Finlande pour le sort de la
minorité Carélienne.
Enfin un détournement courant et dont les
conséquences ne sont pas négligeables provient de la paresse
et de l'ignorance dont peuvent faire preuve les professeurs, les
journalistes, les hommes politiques voire les historiens eux-mêmes et qui
conduit à des simplifications radicales voire à la construction
de préjugés tel que l'inefficacité de la
Poland, New York, HarperCollins, 1992
52 A. Benavot, Une analyse critique de la recherche
comparée, Perspectives, Genève: Bureau International de
l'Education, 2002, p 71, cité par Josefina Vijil, « Elaboration des
programmes scolaires et pouvoir socio-politique », site internet «
Recherche et Education ».
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IVème République française
associée à l'instabilité des gouvernements ou le «
partage du monde » par les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre
mondiale à Yalta en 1945, là où on devrait plutôt
voire un préliminaire à la création de l'Organisation des
Nations Unies.
Le détournement de l'histoire est donc possible
à partir de nombreux instruments et prend de nombreuses formes.
L'histoire comme savoir nécessite ainsi des protections
démocratiques qu'on s'appliquera à étudier dans la
deuxième partie de ce mémoire. On va maintenant se pencher sur un
aspect très particulier et central du débat mémoriel: le
ou les négationnisme(s).
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