Penser la justice dans le monde, une urgence Rawlsienne( Télécharger le fichier original )par Eric Christian BONG NKOT Université de Yaoundé 1 - Mémoire rédigé en vue de l'obtention d'un diplôme d'études approfondies ( DEA ) en philosophie. 2009 |
b- La tolérance : un principe politique.Cette conception humaniste de la politique conduit à lier politique et tolérance dans le processus de formation des sociétés. Que ce soit au niveau national ou international, la coopération ne devient possible que si les différents groupes humains font le choix de la tolérance comme modalité fondamentale du vivre ensemble. Tolérer dans ce contexte politique veut dire respecter non seulement la dignité de l'autre, mais aussi ce qu'il a de différent. Michael Walzer se veut plus explicite à ce sujet : La tolérance n'est pas seulement une notion de philosophie ; elle est aujourd'hui, plus que jamais, un principe de politique. Traiter de la tolérance, c'est analyser la coexistence pacifique, précisément rendue possible par l'exercice de la tolérance des groupes humains qui relèvent d'histoires, de cultures et d'identités différentes.261(*) John Rawls reviendra plus tard sur cette notion, en faisant d'elle un facteur déterminant de la justice cosmopolitique. Ici, tolérer n'équivaut pas seulement à s'empêcher d'exercer des sanctions politiques, militaires, économiques ou diplomatiques pour pousser un peuple à modifier sa conduite. Tolérer signifie également reconnaître que ces sociétés non libérales sont des membres en règle de la société des peuples, égaux aux autres et titulaires de certains droits et obligations, dont le devoir de civilité exigeant qu'ils proposent aux autres peuples, pour justifier leurs actions des raisons publiques appropriées à la société des peuples.262(*) Partant de cette vision, la légitimation d'une action sociale ne peut s'opérationnaliser que si cette action respecte la dignité de l'autre et sa différence. Toute initiative politique ne peut avoir de légitimité sociale que si elle reconnaît la tolérance comme un principe politique. Réciproquement, toute crise sociale ou internationale ne peut qu'être le résultat d'un manque de tolérance entre les différents groupes humains. Pris au pied de la lettre, cet argument conforte la thèse redoutable selon laquelle, la politique sans tolérance conduit inexorablement à l'instabilité sociale. D'un coté, les groupes forts et puissants chercheront à imposer leur volonté sous le manteau de valeur juridique universelle. De l'autre, les faibles se sentant opprimés et laissés pour compte, se tourneront vers le terrorisme comme moyen de revendication et de résistance face à ce qu'ils considèrent comme valeurs étrangère à leur vision du monde. * 261 Michael Walzer, Traité sur la tolérance, Paris Gallimard, 1998, p. 147. * 262 John Rawls, Paix et démocratie, p. 76. |
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