III- Enjeux de la filière biocarburant pour le
Burkina Faso
III.1 Analyse sectorielle de la consommation
énergétique du pays
Le Burkina importe environ chaque année de
l'extérieur des produits pétroliers d'une valeur d'environ 80
milliards de FCFA (environ 35 milliards de gasoil par an) pour combler ses
besoins énergétiques qui sont de plus en plus croissants en
moyenne de 15% par an. (Statistiques SONABHY 2005)
En effet jusqu'aujourd'hui 90% des besoins
énergétiques du pays sont satisfaits par le bois et le charbon de
bois qui proviennent essentiellement des formations naturelles de plus en plus
réduites.
Les principaux secteurs consommateurs d'hydrocarbures au Burkina
étant :
· Le transport avec 61% des volumes mis en consommation
;
· La production d'électricité avec 26 %;
· L'éclairage, les applications thermiques et le
transport aérien avec 13%
L'analyse du potentiel biocarburant au Burkina Faso ne
saurait partir d'une opportunité technique aussi innovante soit-elle
mais plutôt de la demande et des besoins que ces techniques permettent de
satisfaire. Il est utile de bien apprécier les besoins
énergétiques actuels et à venir de l'économie et de
la population burkinabé avant d'analyser dans quelles mesures et sous
quelles conditions des produits agricoles peuvent, à l'aide de
procédés disponibles ou facilement accessibles dans le contexte
étudié, se substituer à des sources d'énergie
devenues trop coûteuses et / ou améliorer l'accès à
l'énergie des ménages et des entreprises.
Une analyse récente laisse entrevoir que le secteur de
l'énergie au Burkina Faso se caractérise par :
· la faiblesse de l'utilisation des énergies
modernes (électricité et transport routier) et l'importance de la
valorisation des ressources ligneuses, qui représente la majeure partie
de la consommation nationale et la quasi-totalité de l'énergie
rurale (84% de la totalité des énergies primaires et 82% de la
consommation finale d'énergie).
· un approvisionnement en électricité qui est
assuré à 68% par les centrales thermiques fonctionnant aux fuels
(DDO et gasoil), 15% par les barrages hydroélectriques de Bagré
et de Kompienga, l'importation d'électricité de la Côte
d'Ivoire représente les 17% restants.
· une forte dépendance vis-à-vis des
importations de produits pétroliers, qui, en raison de la flambée
récente du prix du baril, génèrent de fortes pressions sur
l'économie du pays,
· une faible utilisation des importantes ressources
solaires dont le coût d'investissement à grande échelle
reste prohibitif par rapport aux ressources traditionnelles.
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Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatroplia et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
Hormis les ressources ligneuses qui sont quasi exclusivement
utilisées sous forme de bois de chauffe (usages domestiques), les
hydrocarbures sont la première source énergétique
utilisée au Burkina Faso.
Le pays n'étant pas détenteur de
réserves d'hydrocarbures, la totalité des produits
pétroliers sont importés. L'approvisionnement en hydrocarbures
est assuré par une compagnie nationale, la SONABHY, à partir de
Cotonou, Lomé et Abidjan, où cette dernière a ses
dépôts côtiers.
Les hydrocarbures commercialisés sur le marché
national se déclinent en 7 produits principaux dont la
répartition peut être constatée dans le tableau suivant
:
Tableau de répartition de la consommation
des hydrocarbures
Produit pétrolier
|
Part dans hydrocarbures importés (2007)
|
utilisation
|
Gazoil
|
31%
|
94% transport (véhicules
diesel légers et poids lourds)
5% production d'électricité en centrales
thermiques
|
Super
|
30%
|
100% transport (véhicules
légers de type essence)
|
Fuel oil
|
16%
|
100% production électricité dans les centrales
thermiques
|
DDO (Distillate Diesel Oil)
|
11%
|
80% production d'électricité dans les centrales
thermiques
20% transport (train)
|
Petrole lampant
|
5%
|
100% éclairage (1/3 ménages et 2/3 secteur
informel), milieu rural surtout
|
Gaz butane
|
4%
|
Applications thermiques (60% cuisson et 40%
activités économiques :
restauration, séchage, etc)
|
Kérosène Jet A1
|
3%
|
100% transport (aviation)
|
|
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Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatropha et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 7
La consommation d'hydrocarbures au Burkina Faso en 2007
était de 522.364 de Tonnes Equivalent Pétrole (TEP) ou (641.602
m3) pour un montant de 218 milliards de FCFA. Mis à part le
pétrole lampant, le gaz butane et le kérosène, il apparait
que les hydrocarbures importés sont principalement utilisés pour
le transport et la production d'électricité dans des centrales
thermiques.
En outre il faut noter que le secteur électrique du
pays connait des contraintes majeures. En effet l'électrification du
Burkina Faso est caractérisée par la faiblesse de la couverture
du territoire national. Cela se remarque par l'implantation des systèmes
d'exploitation électrique qui sont localisés prioritairement dans
les communes urbaines.
Les communes rurales désavantagées par
l'inexistence d'une demande solvable d'électricité et par une
insuffisante évaluation des besoins sectoriels, se trouvent
privées des atouts du progrès technique se rattachant à ce
bien. Les stratégies d'électrification du pays étaient
jadis exécutées par la SONABEL (Société Nationale
d'Electricité du Burkina) qui avait l'exclusivité de
l'exploitation, mais qui gérait des systèmes d'approvisionnement
aux capacités limitées. Ainsi, pour des raisons évidentes
d'équilibre de gestion, la SONABEL arrivait difficilement à
desservir les communes rurales.
Avec la libéralisation du secteur de la production et
distribution d'électricité engagées par le gouvernement,
la stratégie actuelle guidée par des opportunités
économiques, implique le secteur privé dans la politique de
couverture électrique du territoire national, ce qui favorise de plus en
plus l'électrification des communes rurales.
Ainsi, non seulement l'utilisation d'hydrocarbures pour le
transport et la production d'électricité est dominante mais ces
usages sont en forte augmentation, ce qui place ces
secteurs au tout premier plan des préoccupations
nationales et constituent une cible pour la définition d'une politique
biocarburant.
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