1.3- REVUE DES TRAVAUX
Bon nombre de travaux se sont penchés sur la question
de prévention des conflits. Dans le cadre de notre étude, nous
nous intéresserons aux travaux abordés selon l'axe, familial,
culturel et juridique.
Bédi A. (2009) expose son projet de recherche
mené au centre social de Port-Bouët. Ces recherches font
état de 429 cas de conflits familiaux en 2008 pour des motifs divers.
Elle a donc travaillé à la prévention de ces conflits au
moyen d'une éducation pour les parents en conflits. Cette
stratégie consiste en des séances de sensibilisation de ceux-ci
axées sur la qualité de la communication dans le foyer et une
éducation à la vie familiale. Ces activités ont permis
à Bédi de restaurer l'harmonie de 4/5 des familles dont- elle
avait la charge.
Pour sa part, Gbaka B. (2008) mène ses travaux de
recherche sur les conflits familiaux. Il dénombre 239 cas de conflits
conjugaux enregistrés au centre social de Koumassi avec pour motif
principal, la garde des enfants après que les deux conjoints se soient
séparés. Il a donc oeuvré à la promotion des droits
des enfants mineurs pour la prévention des conflits conjugaux. Son
action a portée sur la sensibilisation des usagers afin de leur montrer
les répercussions des litiges familiaux sur le développement
intellectuel de l'enfant. L'acteur social de part son action, a pu apporter des
aptitudes à une meilleure attente qu'auparavant dans la relation entre
conjoints.
Ces auteurs ont axé leurs travaux sur les conflits
conjugaux. Leur action est surtout préventive. Ils pensent à
raison qu'il ne faut pas attendre que la plaie ne survienne dans le foyer pour
intervenir. Ce sont des actions utilisées dans le cadre de la
sensibilisation des parents pour l'harmonie dans le couple. Il reste
néanmoins que la vérification de leur efficacité dans la
prévention des conflits liés aux droits des ayants cause est
à venir. D'autres travaux s'intéressent aux axes culturels
abordés pour la prévention des conflits dans nos
sociétés.
Djibril T. (2005), a pratiqué son action sur les
conflits à répétition dans nos sociétés
africaines au sud du Sahara. Mettre fin à ces conflits, instaurer la
bonne gouvernance constituent un défi fondamental. Face à ce
problème aux conséquences dramatiques, il préconise la
parenté à plaisanterie entre groupes interethniques tirée
des traditions culturelles comme moyen de prévention des conflits dans
nos sociétés. La parenté à plaisanterie est un
ensemble de liens conviviaux, privilégiés établis par
l'Ancêtre, activés dans une démarche personnelle
renouvelée et qui fonctionne sur la base de l'humour et la
dérision. Ainsi, dans la guerre fratricide qui opposait le Mali et le
Burkina Faso dans les années 1970, le Président Sékou
Touré invita les Présidents Moussa Traoré et
Sangoulé Lamizana à une conférence à Conakry.
L'illustre griot Sory Kandia Kouyaté dans une belle évocation du
passé rappela le pacte d'amitié entre Samogo et Bambara, clans
des Présidents Lamizana et Moussa Traoré. Le rappel du pacte
ancestral eût le don de calmer le courroux guerrier des deux chefs qui
s'embrassèrent devant la foule médusée. Ainsi fut
enterrée la hache de guerre entre ses deux Etats voisins jusqu'à
présent.
Kouyaté S. (2003) dans le but de prévenir les
conflits dans nos familles et entre les peuples qui fondent nos
sociétés, propose le cousinage à plaisanterie. Cela se
caractérise par des équivalences entre patronymes. Par exemple
N'diaye devient homonyme de Diarra, Diata et Condé ;Diop devient
homonyme de Traoré, Dembelé ; Gueye devient homonyme de
Cissoko, Doumbouya ; Fall devient homonyme de Coulibaly. Dans cette alliance,
il y a, non seulement la raillerie et la plaisanterie, mais on ne doit pas
faire de mal à un cousin à plaisanterie, on ne doit pas verser
son sang, on n'a même pas le droit de lui faire une injection de
piqûre, on doit aider et protéger le cousin à plaisanterie.
Ainsi la convivialité est sous-tendue par un échange de bons
services.
Ces auteurs ont travaillé sur les conflits manifestes
sur le continent et dans les familles. Ils ont utilisé des
stratégies sociales différentes, mais ont abouti à des
résultats probants pour le bien de leur système
bénéficiaire. Toutefois, l'application des ces stratégies
pourrait rencontrer des obstacles, car, toutes les sociétés
contemporaines sont régies par des lois modernes non fondées sur
les alliances interethniques. Ces lois s'imposent de gré ou de force sur
toutes les actions et ont primauté sur les alliances.
C'est ainsi que d'autres travaux envisageant des solutions
juridiques aux conflits ont été menées.
Les travaux de Kesterman. N. (1992) indiquent la voie
judiciaire comme mode de règlement des conflits familiaux. Ainsi, pour
elle, l'arbitrage et la requête conjointe ont en commun de permettre de
préciser le contour du litige, puis d'étudier
l'éventualité de le porter devant un juge arbitral (arbitrage) ou
judiciaire (requête conjointe) et enfin de décider si, pour
trancher le différend, le juge arbitral ou judiciaire doit respecter les
règles de procédure ou s'en détacher. Les
procédures sont longues et coûteuses et peuvent devenir fortement
inquisitoires avec l'entrée en scène des forces de l'ordre, des
acteurs judiciaires (magistrats, huissiers).
Dans le cas des conflits familiaux liés à la
succession, OBLE J. (1984), mentionne que dans la société
traditionnelle patrilinéaire, les héritiers du défunt ne
sont ni les enfants, ni l'épouse légitime, ni même les
ascendants mais son frère. Tout ceci est à la base de nombreux
conflits qui se sont maintes fois terminés tragiquement. Car, il est
inconcevable que sous le fallacieux prétexte de suivre une tradition
obsolète, l'on accepte de voir des enfants et leur mère croupir
dans la misère pendant que les héritiers coutumiers roulent
carrosse. Pour cela, l'auteur milite pour une application stricte de la loi
64-379 du 7 octobre 1964 relative à la succession pour le
règlement des conflits y afférents.
Ces auteurs nous ont éclairés sur la question
des conflits de tribu, de familles et de succession. Ils préconisent la
voie judiciaire comme unique moyen pour le règlement des litiges dans le
foyer.
Toutefois, les décisions judiciaires en matière
de succession faisant toujours grief à une partie, leur application
devient difficile. C'est ce que ODINETZ O. (1992) qualifie de décision
parfois inopérante. En effet, les décisions judiciaires, loin de
constituer des solutions aux conflits familiaux en général et
ceux relatifs aux droits des ayants cause en particulier, se
révèlent parfois être le début de nouveaux conflits.
Ainsi, elles offrent le spectacle de personnes se tournant complètement
le dos ; c'est que les protagonistes sortent très souvent du tribunal plus divisés qu'en y
entrant.
Cependant, il n'apparait guère dans ces travaux,
l'aspect prévention des conflits. C'est pourquoi, nous nous investissons
dans le champ de la prévention des conflits liés aux droits des
ayants cause afin de maintenir voire de préserver un climat paisible et
quiet dans la cellule familiale.
Notre action se démarque de celle menée par
Balet F. (2009) qui a oeuvré avec les veuves dans la prévention
des conflits liés à la succession. Son action a permis de faire
connaître aux veuves leurs droits dans l'héritage. La notre repose
sur la prévention des conflits liés à la pension de
réversion et du capital décès des policiers
décédés. En effet, notre projet s'effectuant dans un
service de l'administration publique, en occurrence la S/DASP, il nous
appartient d'oeuvrer sur la pension de réversion et le capital
décès. Car, ces deux droits demeurent les sources de conflits les
plus récurrentes au service Assistance Sociale. Aussi, semble-il
opportun pour nous de prévenir ces litiges par des activités
psycho éducatives. Ces activités portent sur l'aspect
éducatif basé sur la législation en vigueur pour un
changement de comportement durable chez notre système
bénéficiaire.
Mais, cette contribution ne peut s'entreprendre sans des
hypothèses préalablement définies.
|