WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Prévention des conflits liés aux droits des ayants causes

( Télécharger le fichier original )
par Koffi Aristide Tougba
Institut national de formation sociale - Educateur spécialisé 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE 1:

CONSIDERATIONS THEORIQUES

Ce chapitre permet, d'abord, d'identifier le problème à l'étude et de tenter d'en cerner les contours (problématique). Ensuite, ce problème est inscrit dans une théorie appropriée (cadre théorique). Ce chapitre, enfin, permet d'explorer les travaux antérieurs (revue des travaux) et de dégager les hypothèses de recherche.

1.1. PROBLEMATIQUE

La loi ivoirienne N°95-695 du 7 septembre 1995 portant statut général des militaires et le régime général des pensions militaires dispose en son article 165 que : « les droits acquis par un militaire en matière de pension font l'objet d'une réversion à ses ayants cause. Si le défunt était marié légalement, ses ayants cause sont la veuve et les enfants mineurs c'est-à-dire en dessous de 21 ans, ou le cas échéant, les ascendants au premier degré (le père et la mère). Par contre, s'il vivait en concubinage notoire, les ayants cause sont alors les enfants du de cujus (le défunt) conformément aux dispositions de l'article 167 de la loi susmentionnée.

Quant au droit relatif au capital décès, il est fondé sur l'arrêté de l'A.O.F N°4428 F du 15 juin 1954, portant réglementation des secours. Cet arrêté présente le capital décès comme une allocation pécuniaire accordée aux ayants cause (les mêmes que dans le cadre de la pension de réversion) d'un fonctionnaire ou agent de l'Etat décédé en activité. Ces dispositions permettent à chaque membre de la famille de connaître sa position dans la perception des droits après la perte d'un proche fonctionnaire et partant de préserver la cohésion familiale.

Mais, l'application de ces dispositions susmentionnées n'est pas toujours aisée. En effet, en Côte d'Ivoire, face à la pauvreté et à l'influence considérable des traditions, toutes ces dispositions sont foulées aux pieds. La mort d'un fonctionnaire en général et d'un policier en particulier, autour duquel était bâti certainement tous les projets de développement constitue un choc terrible pour les membres de la famille. Dès lors, tous les conflits autrefois latents ou manifestes se révèlent dans toutes leurs contradictions et prennent le pas sur la nécessité de préserver l'unité qui existait.

Grawitz M. (1999) définit le conflit comme une opposition, une incompatibilité entre les composantes structurées d'un comportement, des rapports interindividuels et de groupe. La conduite d'un individu est en interaction constante avec son milieu socioculturel, interaction qui peut connaître des ruptures dans ses mécanismes habituels.

Selon Sillamy N. (1985), il faut entendre par conflit, une lutte de tendance, d'intérêts, une situation dans laquelle se trouve un individu qui est soumis à des forces de direction opposées et de puissances à peu près égales.

On retient de ces définitions que le conflit correspond à l'interaction de personnes indépendantes qui perçoivent des oppositions de but.

En nous référant aux usagers du service Assistance Sociale de la Police Nationale, on peut avancer que les conflits dont il est question sont des oppositions entre les membres de la famille élargie du défunt, et de sa famille nucléaire dont chacun s'arroge du statut d'ayant cause.

Un ayant cause est une personne physique à qui les droits et les obligations d'une autre personne sont transmis.

Dans le cadre de la pension de réversion et du capital décès en bénéficient dans l'ordre, la veuve, les enfants mineurs et le cas échéant les ascendants au premier degré que sont le père et la mère. Quant aux droits des ayants cause, ils concernent la succession relative aux biens matériels laissés par le défunt. La pension de réversion qui est la partie de la pension dont bénéficiait ou aurait bénéficié le fonctionnaire qui est reversée au conjoint survivant et aux orphelins. Le capital décès, lui est un secours de l'Etat à la famille du défunt reparti à hauteur de deux tiers aux enfants et de un tiers à la conjointe, etc.

De ces définitions, on peut retenir que les conflits liés aux droits des ayants cause dans les familles des policiers décédés sont des désaccords, des conflits d'intérêts. En effet, certains membres de la famille du de cujus s'engagent dans une lutte de tendance d'intérêts afin de s'approprier les biens (dans le cadre de notre étude, ses biens et droits concernent essentiellement le capital décès et la pension de réversion car se sont les droits traités au service Pension-Retraite) légalement échus aux enfants et au conjoint survivant.

Ces pratiques se font généralement au mépris, d'une part, de la loi N°95-695 du 7 Septembre 1995 portant statut général des militaires et le régime général des pensions militaires et d'autre part, de l'arrêté n°4428 F du 15 juin 1954, portant réglementation des secours qui désignent les conditions de perception des droits des ayants cause d'un fonctionnaire de Police.

Ces dissensions sont dues à la méconnaissance ou à une mauvaise interprétation du code de la famille relatif aux droits des ayants cause et sont sujets à bon nombre d'ennuis au sein de la famille du de cujus. Elles se manifestent généralement soit par la répudiation de la veuve (souvent traitée de sorcière donc à la base du décès de leur fils) et des enfants du défunt, soit par la confiscation des pièces administratives du disparu et/ou par le choix du ou des bénéficiaires de la pension selon la coutume.

Le dénouement de ces litiges peut prendre plusieurs années et va entraîner ainsi la forclusion des dossiers relatifs au capital décès et à la pension de réversion. Ce qui prive parfois la veuve et les enfants de ressources pour subvenir à leurs besoins. Il en est de même quand les règles coutumières arrivent à s'imposer. Femme et enfants sont dépouillés de leurs droits sans pour autant que les bénéficiaires de la pension assument les responsabilités que leur impose la tradition : s'occuper de la veuve et des enfants.

La Sous Direction de l'Assistance Sociale et de la Pension (S/DASP), de par sa compétence est maintes fois sollicitée pour le règlement des litiges familiaux. Ainsi, des dix (10) personnes qui constituent notre groupe de travail, il ressort que le dossier n'est pas encore traité. La cause c'est que l'une des parties s'approprie des dossiers, ce qui pourrait dégénérer en conflit, si on y prend garde. A ce titre, les statistiques qu'elle a établies montrent que durant ces dix (10) dernières années, pour plus de la moitié des policiers décédés, soit 53.81%, les ayants cause n'ont pas encore entamé la procédure de liquidation des droits à pension et de recouvrement du capital décès, et 40% des conflits enregistrés, sont relatifs à la perception des droits après le décès du fonctionnaire de police. Ces désaccords sont constatés d'une part, entre la famille nucléaire (femme et enfants) et la famille étendue du défunt ; et d'autre part, ils sont observés entre les ex-concubines du défunt du fait des enfants qu'elles ont chacune de lui.

Dans la tentative de prévenir ce phénomène, plusieurs auteurs ont proposés des solutions.

Birama S. (2008) dans ses actions visant à prévenir les conflits dans la société traditionnelle malienne, préconise la parenté à plaisanterie entre groupes interethniques tirée des traditions culturelles.

Offoumou K. (1998) quant à elle, dans sa quête perpétuelle de protection de la gent féminine, fait remarquer qu'elles sont non seulement spoliées de ce qui leur revient de droit, mais très souvent ces dernières sont livrées à elles-mêmes, à l'indifférence des parents du défunt. Par conséquent, elle préconise l'application stricte de la loi 64-379 du 7 Octobre 1964 dans le règlement des conflits familiaux se rapportant à la succession. Cette loi dispose que « si le défunt est marié, les héritiers sont dans l'ordre les enfants, la veuves, les parents et les collatéraux. S'il vit en concubinage, les héritiers sont les descendants, les ascendants et les collatéraux ».

La S/DASP, dans sa politique de prévention de ce phénomène a initié des rencontres de sensibilisation dans les cités policières sur la question des droits de succession. Cette action visait à alerter les fonctionnaires de police et leurs familles sur les conséquences liées aux litiges dans la perception des droits.

A ce jour, toutes ces stratégies n'ont pu donner les résultats escomptés, parce que le problème demeure. Dès lors, certaines solutions comme les activités psycho éducatives ne pourraient-elles pas être des approches dans la prévention des conflits ?

A étudier ces situations que vivent les familles dans le cadre de la perception des droits, la prévention s'avère indispensable. Elle permettrait d'éviter bon nombre de désagréments. Ainsi, nous semble-t-il opportun de prévenir ces conflits qui dégradent la cohésion familiale voire sociale par des activités psycho éducatives.

Widermann et Coll. cité par Lincoln (2007), définissent l'activité psycho éducative comme une intervention didactique et psychothérapeutique conçue pour les patients et leurs familles à propos d'une maladie, de son traitement, de son évolution, de ses causes, de ces conséquences et des mesures pour faire face à la maladie.

Amangoua A. (2007), quant à elle définit l'activité psycho éducative comme toute action d'intervention, la mise en oeuvre de moyens sur l'écoute, la communication, les conseils et l'accompagnement pour secourir les usagers. Il s'agit de leur donner un appui indispensable en terme d'aide, de capacité à résoudre leurs conflits personnels et ceux avec leurs prochains.

Nous retenons à la suite de ces définitions que, l'activité psycho éducative est un ensemble de diligences à mener pour aider les usagers au moyen d'écoute, d'échanges, des micro-enseignements afin de les rendre plus responsables pour un changement de comportement durable.

Dans le cadre de notre projet, l'activité psycho éducative consiste, dans un premier temps, à donner un micro-enseignement aux usagers sur les droits des ayants cause du fonctionnaire de Police décédé, en nous appuyant sur les lois et textes élaborées par les pouvoirs publics.

Dans un deuxième temps, il est question de sensibiliser les deux parties en les informant des conséquences des querelles sur les dossiers et par ricochet sur les enfants laissés par le défunt. En effet, bon nombre de familles méconnaissant ces textes, ignorent qu'à cause des litiges le capital décès alloué par l'Etat peut être perdu si les dossiers exigés ne sont pas fournis à temps (3 ans). Il en est de même pour la pension de réversion, pour lequel le délai de forclusion est de cinq ans. Une action d'éducation des familles des policiers s'avère nécessaire pour la prévention des conflits liés aux droits des ayants cause.

Cette étude revêt plusieurs intérêts

Sur le plan social, ce sont de nombreuses dislocations de famille qui seraient réduites avec l'avantage de voir s'amoindrir les `'déchets sociaux'' issus de ces conflits. Les enfants et les veuves, souvent les grands perdants, réussiraient mieux leur maintien dans le tissu familial et social.

Au niveau juridique, les lois relatives à la pension de réversion et au capital décès qui, du fait d'une mauvaise interprétation de la tradition sont constamment foulées aux pieds, seraient mieux comprises et respectées.

Au plan institutionnel, ce projet est une contribution aux initiatives du Service Assistance Sociale de la Police Nationale. En effet, le personnel pourra s'en inspirer pour mieux faire face aux conflits entre les familles des policiers décédés.

L'objectif visé par ce projet est de prévenir le problème récurrent des conflits liés à la pension de réversion et au capital décès à la Police Nationale.

Pour y parvenir, il convient de déterminer le cadre théorique dans lequel s'inscrivent les stratégies.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon