§2. NOTION DE CONFLITS
I.2.1. Définition
Le mot « conflit » vient du latin « confligere
» qui se traduit par heurter, et signifie par-là antagonisme,
opposition matérielle ou morale. Cependant, tout conflit a comme origine
un intérêt quelconque.
Il est résolu lorsque chaque partie en conflit trouve
son intérêt.20 Selon Madeleine GRAWITZ, des conflits
naissent et opposent des groupes aux intérêts
contradictoires.21 A en croire Jacques S. OMAR, « Le conflit a
plus ou moins trente synonymes : mésentente, désunion,
malentendu, inimitié, rupture, rivalité, brouille, division,
antagonisme,... disons que le conflit n'est pas assimilable à la
compétition, même à la concurrence, il se distingue de la
dialectique, il est différent des crises bien que celle-ci soient
porteuse de conflits ».22
Et selon M.GRAWITZ, le conflit est une opposition ou
affrontement aigu ou violent entre deux ou plusieurs parties. Il peut s'agir
des groupes, des personnes, des classes ou encore de tendance, des aspirations,
de motifs à l'intérieur d'un même groupe.23 A
l'opposé des fonctionnalistes, les marxistes considèrent les
conflits comme liés au mode de production et se manifestant dans la
lutte des classes pour marquer toute l'histoire du monde.
Pour expliquer l'origine des conflits, GRAUD distingue trois
niveaux d'analyse :
- Les logiques objectives des situations : l'appartenance
à une classe
sociale conditionne objectivement l'intérêt ou le
maintien de l'ordre. Il y a conflit parce que chaque individu, chaque groupe
social, chaque structure de la population a sous un certain rapport, des
intérêts spécifiques, donc non convergents, voire
incompatibles avec ceux d'autres acteurs.
- La construction sociale des attentes : l'antagonisme et le
conflit d'intérêts demeurent latents, aucune prise de conscience
collective ne
20 P. BRAUD, Sociologue politique,
5e éd LC, DL, Paris 2000, p. 277-288.
21 M. GRAWITZ, Méthodes de sciences
sociales, 9e éd. p.20.
22 A. OMAR, L'impact du multipartisme sur la
question des conflits interethniques, TFC, inédit, 2003-2004.
23 M. GRAWITZ, Lexique des sciences sociales,
éd. DALLOZ, 7e éd, Paris, 2000, p.85.
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s'opère concernant la réalité des
intérêts spécifiques d'un groupe face à ceux
d'autres groupes.
- La politisation des antagonismes et des exigences :
antagonisme et conflit d'intérêt ne sont constitutifs d'enjeux
politiques qu'à condition d'être portés sur la scène
politique.24
Un conflit peut être la manifestation d'une
différence, d'un antagonisme. Dans ce cas, il est néfaste et
génère des graves perturbations dans la société en
général. Le conflit auquel il faut s'attèle à
résoudre est une opposition d'intérêt, des sentiments car
:
- Si l'opposition s'effectue dans la
complémentarité, la situation est statique, sinon positivement
dynamique car chacun assume et renforce sa différence. C'est une douce
et saine bataille qui pousse l'un et l'autre à se surpasser sans
entraver les manoeuvres de quiconque.
- Si l'opposition constitue plutôt une confrontation
inéluctable, le conflit est imminent et nécessaire d'être
traité.
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