2.2.5 Quelques modèles d'estimation de
durabilité de la chasse
2.2.5.1. Modèles bioéconomiques
Les modèles bioéconomiques prennent en compte
les processus socioéconomiques ignorés par les modèles
biologiques, mais qui influencent la durabilité de la chasse. Damiana
et al., (2005) ont étudié l'impact des politiques
économiques sur la durabilité de la chasse en prenant en compte 3
scénarii différents. Ils ont conclu que la hausse des prix des
produits agricoles a un effet ambiguë sur le comportement des chasseurs
suivant l'équilibre entre incitations à l'investissement en
agriculture et augmentation de la consommation de viande de brousse si les
revenus augmentent. La hausse des prix de la viande de brousse peut induire un
changement dans les techniques de chasse (passage du piégeage vers le
fusil, plus efficace) avec une incidence sur les espèces
vulnérables. Le recours aux modèles bioéconomiques est
justifié par divers arguments :
Les modèles biologiques considèrent la chasse
comme une variable constante et ne permettent pas de prédire l'impact de
changements socio-économiques sur la durabilité biologique de la
chasse.
Les modèles bioéconomiques considèrent de
façon explicite le rôle de la viande de brousse dans
l'économie des foyers.
La chasse exercée dans des espaces de libre
accès, représente un système dynamique dans lequel les
chasseurs répondent à des changements dans les variables du
système, comme par exemple, le coût de la chasse ou le revenu
obtenu grâce à la vente des produits de chasse.
2.2.5.2. Les modèles individus centrés et
les systèmes multi agents
Les modèles individus centrés ou modèles
basés sur les individus (Individual based models) ont
été développés par des écologues
modélisateurs (van Vliet, 2007). Les individus pouvant être des
plantes, des animaux, des machines ou même des humains en fonction de la
discipline. Les systèmes multi agents (MAS) dérivent des sciences
informatiques, particulièrement du domaine du «Distributed
Artificial Intelligence» et ont été appliqués
à diverses disciplines parmi lesquelles la gestion des ressources
naturelles (Le Page et al, 2004). Les MAS génèrent
environnement artificiel à partir d'une collection
d'éléments appelés «agents». Un agent
étant une entité anonyme stimulée et capable de
réagir suite à des stimuli
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environnementaux ou d'interagir avec d'autres agents (Le Page
et al, 2004). Dans cet environnement, les interactions entre les
individus sont régies par des règles (mouvement, reproduction...)
et des paramètres (âge, sexe, espèces) qui
caractérisent leur comportement.
Les caractéristiques de chaque individu se
déroulent à chaque pas de temps et la situation globale de la
population est évaluée sur la base de l'interaction entre les
individus (Grimm 1999). Les MAS se distinguent des systèmes biologiques
classiques par leurs nombreux avantages :
-Ils prennent en compte la nature réelle des agents du
système comme éléments dynamiques et non comme
éléments statiques.
-Ils tiennent compte des interactions entre agents et entre
les agents et leur environnement. Ainsi, un stimulus de la part d'un agent
induit une réponse (ou adaptation) de la part d'un autre agent.
-Ils permettent non seulement d'analyser la durabilité
de la chasse à un instant précis t, mais également
d'imaginer des scénarios et de les stimuler à l'échelle
temporelle de la durabilité des écosystèmes.
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