Dette publique et développement rural durable à Madagascar: approche par la capabilité( Télécharger le fichier original )par Olinantenaina Miharisoa RAKOTOARINOSY Université d'Antananarivo - 2011 |
II- RESULTATSCette étude, grâce à ces différentes méthodologies, a conduit à deux résultats. III.1) Résultat 01 : Les capacités dont peut se servir l'Etat pour aboutir au développement rural durableTout d'abord, nombreuses définitions sont apportées par différents auteurs en ce qui concerne le « développement durable » (traduction de Sustainable développement), une nouvelle conception de l'intérêt public, appliqué à la croissance économique et reconsidéré à l'échelle mondiale, afin de prendre en compte les aspects écologiques généraux d'une planète globalisée. Mais, ce que nous propose Brundtland (1987) « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Ainsi, pour arriver à ce développement, quatre (04) piliers d'action intégrées sont à prendre en compte ; à savoir(Brundtland) v Le social, l'humain, c'est « la finalité » ; v L'environnement, c'est « l'exigence écologique » ; v L'économique, c'est « l'efficacité de l'instrument économique » ; v La gouvernance, c'est « la méthode, le nouveau mode de faire ». De ce fait, dans l'application de la dette publique dans le développement rural durable, ces quatre dimensions seront également considérées. Par ailleurs, « pour une personne donnée dans une société donnée, à un moment donné, avoir plus de ressources améliore sa capacité d'utilisation, tout en tenant en compte la variabilité des pouvoirs de transformations des ressources en fonctionnements pour la capacité d'utilisation » (Sen, 2000).Ainsi, pareillement, pour un Etat, avoir plus de ressources (financière, humaines, écologiques, etc.) lui permet d'améliorer sa capacité d'utilisation et de transformation ; ceci, tout en considérant ses pouvoirs de transformation.En ramenant ces théories à la notion de financement des différents projets de développement rural, la dette publique constitue les ressources extérieures. Celle-ci a pour but de financier les activités des collectivités publiques et les organismes qui en dépendent directement (certaines entreprises publiques, les organismes de sécurité sociale, etc.).Alors, pour viser un réel développement rural durable, la dette publique doit « répondre aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Brundtland). Et même, Dubois, Mathieu et Poussard [2000] définissent le concept de développement socialement durable comme la transmission « intergénérationnelle » d'un stock de capabilités ; à laquelle Sen ajoute la transmission « intragénerationnelle » des capabilités.Concrètement, les générations présentes devront tirer profit des dettes publiques (par le biais d'un développement rural effectif),en même temps que les générations futures (par le biais d'un développement rural durable effectif); au lieu de laisser des dettes « lourdes », « impayables » à ces dernières. Par ailleurs, quant aux ressources internes dont Madagascar peut mobiliser,il s'agit des capacités internes permettant à l'Etat d'exercer une certaine capabilité, dans mesure où cet exercice n'est pas entravé (Martha Nussbaum).Ces ressources internes se rapportent aux quatre (04) piliers d'action intégrée pour un développement durable (Brundtland) citées précédemment. Ainsi, Le milieu rural malgache possède diverses richesses sociales et humaines considérables. Le « Fihavanana » et le « Firaisankina », par exemple, y constituent des valeurs tant respectées, permettantd'assurer la bonne relation et l'entraide ; et, ceci en vue du bien-être de la société. Ces valeurs forment une des fonctions d'utilisation citées par Sen ; en ce sens qu'elles représentent des opportunités sociales qui entourent l'individu, définissant sa position au sein de sa communauté, les règles en usage dans le groupe, son environnement social, et ayant des influences sur lescapabilités de bases des ruraux .Le respect et la préservation de ces valeurs, en effet, a beaucoup contribué dans l'harmonisation de la société malgache depuis longtemps ; et , par conséquent, de chacun aussi. Un autre exemple qui illustre les ressources internes humaines, dontMadagascar dispose, réside dans sa population qualifiée de population jeune. Cette dernière caractérise des capacités offrant un grand nombre de population active pouvant être mobilisée en tant que fonction d'utilisation. Sur le plan écologique et environnementalMadagascar est doté d'un environnement écologique très généreux, souvent caractéristiques en monde rural. En ne citant que quelques exemples, le payspossède des biodiversités endémiques tant en faune qu'en flore qui attirent de nombreux touristes et chercheurs. Ces biodiversités représentent des dotations qui peuvent générer des revenus au pays. Pour un développement durable,des« exigences écologiques», notammentconcrétisées par « la conservation des écosystèmes et la gestion maîtrisée des ressources » (Brundtland) sont, toutefois, requises. De même, Madagascar possède de vaste surface de terrains encore non-exploitée et non-valoriséereparti dans toute l'île ; bien que ce soient des dotations (Sen). |
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