2.4. Facteurs de l'érosion hydrique
L'intensité de l'érosion hydrique dépend
à la fois des conditions climatiques et des caractéristiques de
la surface du terrain sur laquelle elle s'exerce (Musy et
al., 2007).
Wishmeier et Smith (1979) ont mis en évidence l'action
des différents facteurs qui jouent un rôle dans l'érosion
par la formule qu'ils ont proposée : l'Equation Universelle de Perte des
Sols.
A = R.K.S.L.C.P
A = Pertes exprimés en tonnes par ha et par an.
R = facteur climatique : érosivité des pluies
K = sensibilité du sol à l'érosion :
érodibilité du sol
SL = facteur pente, S = inclinaison, L = longueur
ininterrompue de la pente.
C = utilisation du sol et mode de culture
P = mesures de protection éventuellement mises en oeuvre.
2.4.1. Erosivité des pluies-facteur climatique : R
L'agressivité des pluies dépend principalement
de leur énergie cinétique, qui résulte elle-même de
la distribution du diamètre des gouttes et de leur vitesse d'impact,
grandeurs qui sont étroitement corrélées à
l'intensité de la précipitation (Musy et
al., 2007). Les pluies sont d'autant plus
érosives qu'elles sont plus violentes. Les pluies fines, même de
longue durée sont peu érosives (Duchaufour, 1997).
29
L'érosivité est donc fonction des
caractéristiques physiques de l'averse et des intensités qui la
composent (Mutiviti, 2004) mais aussi la fréquence. Le fait que les
pluies sont rapprochées influe sur le degré de saturation du sol
et donc sur la détachabilité des particules (Latrille, 1979).
Ainsi les pluies peu intenses en elles-mêmes pourront avoir une action
aussi érosive que les plus intenses, si le sol est déjà
passablement bien imbibé d'eau.
Dans le cas d'un sol présentant une stabilité
structurale élevée et une bonne capacité d'infiltration,
une première averse peut être absorbée sans
générer le ruissellement. Inversement une averse sur un sol
à faible stabilité structurale peut provoquer une forte
érosion par dépassement de la capacité d'infiltration
(Musy et al., 2007).
2.4.2. Erodibilité des sols-facteur
pédologique : K
L'érodibilité des sols, soit leur
sensibilité intrinsèque aux processus d'érosion,
résulte à la fois de leur capacité à absorber les
précipitations sans produire de ruissellement et de la résistance
qu'ils offrent aux agents de détachement soit l'impact des gouttes de
pluie et les forces de cisaillement exercées par l'écoulement
superficiel (Musy et al., 2007).
L'érodibilité dépend ainsi d'une part du
mode d'organisation des particules constitutives du sol (structure,
capacité d'infiltration) et d'autre part de l'intensité des
forces qui lient ces éléments entre eux (stabilité
structurale et cohésion) (Mutiviti, 2004). Ces deux aspects sont
étroitement liés : une faible stabilité structurale peut
par exemple être cause d'une rapide dégradation de la
capacité d'infiltration lors d'une averse (Latrille, 1979).
La structure et la stabilité sont grandement
conditionnées par la texture du sol ainsi que sa teneur en
matière organique. Ainsi l'érodibilité d'un sol diminue
globalement avec l'augmentation de la teneur en matière organique (Musy
et al., 2007). L'érosion se produit surtout sur des sols
limoneux ou sableux fins rarement sur les sols argileux ou sableux
30
grossiers ; ces derniers résistant mieux du fait de la
taille de leurs particules (Mutiviti, 2004).
L'érodibilité du sol est susceptible de se
modifier au cours du temps, notamment par la minéralisation de sa
matière organique par les apports externes de substances diverses ou par
les conditions mécaniques qu'il subit (Musy et al., 2007).
|