II.2. L'évolution de l'inflation de
1980-2008
Le phénomène « inflation » n'est pas
récent ici au Burundi. Le début des années 80 a
été marqué par des taux d'inflation plus
élevés dans bon nombre de pays en voie de développement.
Une telle situation est allée jusqu'à inquiéter les
institutions de Bretton woods. Ces institutions n'ont pas accueilli l'inflation
mains ouvertes. EIles ont de même adressé des recommandations aux
Etats du tiers monde en mettant sur pied les Programmes d'Ajustement Structurel
(PAS). Ces recommandations telles qu'évoquées au début du
second chapitre sont entre autres assainir les finances publiques, promouvoir
le secteur privé, contrôler rigoureusement la masse
monétaire. Les Etats du tiers monde dont le Burundi furent
qualifiés de mauvais gestionnaires et le Fonds Monétaire
International demandait alors à ces pays de mettre en avant la
privatisation d'autant plus que les subventions octroyées par l'Etat aux
entreprises publiques pourraient être affectées ailleurs.
L'inflation a battu le record dans la deuxième
moitié de la décennie 1990 quand les pays partenaires
économiques du Burundi lui ont pris des sanctions économiques.
Dans la présente section, nous allons présenter de façon
descriptive comment le taux d'inflation, le taux de croissance de la masse
monétaire et le taux de change ont évolué de façon
comparative.
II.2.1. Les statistiques des prix
Au Burundi, un indice des prix à la consommation est
obtenu à partir des calculs statistiques ; ces derniers mesurant
l'évolution des prix du très grand nombre de biens et services
qu'achètent les ménages. C'est une mesure du pouvoir d'achat de
la monnaie par rapport à un ensemble fixe de biens et services de
consommation marchands. Les données sur les statistiques des prix sont
établies sur la base des relevés des prix collectés par
l'ISTEEBU aux différents marchés de la capitale de Bujumbura.
58
Le panier de la ménagère est composé des
articles répartis en huit groupes à savoir :
1. Alimentation ;
2. Logement;
3. Habillement ;
4. Articles de ménage ;
5. Services médicaux ;
6. Transport et communication ;
7. Culture, loisir et enseignement ;
8. Autres biens et services.
Cette classification a été adoptée à
l'issu d'une enquête effectuée en 1991. Pour calculer l'IPC, on
emploie la formule de Laspeyres ou celle de Paasche. Le graphique suivant
montre l'évolution du taux d'inflation le long de notre
période d'analyse :
Graphique n°5 : Evolution du taux d'inflation de
1980 à 2008
35
30
25
20
15
10
-5
5
0
Taux d'inflation
Années
Source : Nous-mêmes à partir
des données du tableau n°5 repris en annexes
Il ressort de ce graphique que le taux d'inflation
évolue en forme de dents de scie et le pouvoir d'achat des agents
économiques n'a cessé de se détériorer
énormément ces dernières années.
59
Comme le montre le tableau n°5 en annexes, les taux
d'inflation tournent dans une bande de -1.2% en 2002 et 31.2% en 1997.
En 1980-1981, les conditions climatiques défavorables
sont à l'origine du taux d'inflation de 12.07% observé en 1980.
Le taux d'inflation de 14.4% de 1984 est quant à lui principalement
lié à la décision du gouvernement prise en novembre 1983
de dévaluer le FBU. Par la suite, ce taux a sensiblement ralenti en 1985
où il était de 3.6% grâce à une offre
améliorée des produits vivriers, à la baisse de l'indice
d'habillement et à la stabilité de celui des transports. En 1986,
ce taux est passé à 1.8% à la suite de bonne performance
de la production caféière. En 1987, ce taux est tiré
à 7.1% causé principalement par la chute brutale des cours du
café. Depuis 1993 jusqu'à 1997, on a assisté à une
détérioration continue du pouvoir d'achat de la population
burundaise liée à une accélération du taux
d'inflation qui est indubitablement lié au blocus économique
depuis 1996 et à la crise qui ont paralysé la machine
économique du Burundi. Après la levée de ces sanctions en
1999, ce taux a diminué et le taux d'inflation le plus
élevé de 2000 est liée à la crise persistante
conjuguée à des facteurs exogènes qui ont laissé le
pays dans un marasme économique. Le long de cette année, tous les
secteurs d'activités ont été affaiblis et plus
particulièrement le secteur primaire qui a pâti d'une
sévère sécheresse. Cette dernière a
entraîné des effets néfastes sur la production agricole. En
effet, l'année 2000 a été marquée par le
renchérissement des produits vivriers et du logement ainsi que
l'envolée des huiles minérales.
S'agissant de l'année 2002, la seule à avoir un
taux d'inflation négatif le long de notre période d'étude,
l'économie burundaise a été caractérisée par
des résultats performants avec une abondante production
caféière et le taux d'inflation a passé de 9.3% à
une baisse de 1.3%. Par la suite, ce taux s'est accru de 10.7% en 2003 suite
à l'offre insuffisante des produits de consommation courante liée
à l'insécurité persistante dans certaines régions
du pays et aux mauvaises conditions climatiques.
60
En 2006, le coût de la vie de la population s'est
faiblement renchéri de 2.7% suite à la disponibilité des
produits de première nécessité pendant les neuf premiers
mois de l'année. Le taux d'inflation de 8.7% observé en 2007 est
principalement dû au renchérissement des produits
pétroliers et vivriers ainsi que ceux de la BRARUDI.
En 2008, le pouvoir d'achat des ménages, tel que
mesuré par l'IPC des ménages à Bujumbura, s'est fortement
détérioré de 24.5% contre 8.4% en 2007. Une telle
situation est indubitablement liée à la hausse des prix des
produits alimentaires et hors-alimentaires.
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