Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe( Télécharger le fichier original )par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012 |
v Parole du VerbeL'auteur affirme qu'« au commencement de tout changement il y a toujours un verbe organisateur et coordonnateur. Et c'est ce verbe incarné qui engendre l'action créatrice de la nouvelle vie »(368(*)), sens mythique des « errances et des égarements de toutes sortes (le Zaïre) a besoin aujourd'hui, à défaut d'un prophète incontestable, de groupes d'hommes et de femmes de réflexions disséminés à travers nos régions, nos zones, nos collectivités, nos groupements, nos villes, nos cités et nos villages qui rassemblent pour les unir autour d'un idéal commun de démocratie... »(369(*)). L'exemple qu'il donne consiste à tenter de répondre à la question « comment, en effet, ne pas s'apercevoir que certains des grands problèmes de notre temps relèvent de la différenciation ethnoculturelle très accusée des peuples de la terre, et que l'anthropologie sociale est la discipline indiquée à exercer les fonctions de spécialiste auprès de l'homme malade ? »(370(*)). Nous sommes ici en plein historicisme mutuziste et en introduisant le vocable historicisme nous espérons éviter les équivoques comme nous espérons que personne ne sera tenté de demander si l'un des arguments discutés appartient réellement à l'historicisme, et ce que le mot historicisme signifie réellement, proprement, ou essentiellement. Rien, dans le monde humain, n'est permanent. Le seul élément éternel, c'est « l'impermanence » elle-même, le caractère fluctuant et périssable de toute chose. Il y a un lien entre la fin de la vie et sa signification ultime : s'accoutumer à l'impermanence ou prêter foi en la pérennité de la vie ? La question posée par la mort nous suggère d'un mot, du point de vue humain, fonde la nécessité d'une succession de type mythique. Une pareille succession n'arrive qu'après la mort. Nous nous souscrivons en faux à l'idée caressante d'Alexis Kagame de l'équité dans le partage des durées des règnes des différents successeurs royaux de la dynastie des poèmes dynastiques du Ruanda. Comme si les uns étaient privés de leurs charges royales avant leur mort pour faire ainsi trente ans au pouvoir. C'est d'ailleurs la preuve que les Tutsi ne tiennent pas la mort d'un homme comme un événement et un début d'une autre réalité. Le philosophe qui cherche à comprendre le sens de la poésie dynastique du Ruanda trouvera sans difficulté que l'idée de la mort est difficile à prouver chez Kagame. Or, la succession est l'acte par lequel un homme se donne, en la personne d'un enfant, d'un héritier, d'un collaborateur ou d'un disciple, quelqu'un d'autre que lui qui, après lui, soit encore lui-même(371(*)). A qui verrait dans une telle conduite une obsession hellénistique devant la mort et l'effet d'un désir tout profane d'immortalité, Javierre apporte le contre-témoignage surabondant de la littérature biblique et judaïque. Dans ce cas ci il ne s'agit pas seulement de se survire par ses enfants à défaut de le faire par soi-même(372(*)), il faut au surplus et peut-être avant tout, assurer la pérennité d'un dessein prophétique qui a sa source en Dieu. * 368 MUTUZA, K., Le dialogue inter-congolais, prolégomènes à une culture démocratique, p. 48. * 369 Idem. * 370 PAPADOPOULOS, Th., Poésie dynastique du Ruanda et Epopée Akritique, p. 2. * 371 JAVIERRE, El tema literario de la sucesion, Prolegomena para el estudio de la sucesion apostolica, Zurich, Pas Verlag, 1963, p. 111-162. * 372 Platon restant celui qui a le plus clairement exprimé ce désir dans l'Antiquité, Le Banquet, p. 206-208. Voir dans JAVIERRE, El tema...p. 150-157, la résonance antique d'un tel point de vue. |
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