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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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§2. De la démocratie

Notre pays s'appelle la République Démocratique du Congo. Et des nombreux autres Etats d'Afrique sont dénommé x démocratique. De ce fait, une coutume à repenser conduit les philosophes africains à rechercher si l'on doit démocratiser l'Afrique ou africaniser la démocratie. Mutuza préconise la démocratie comme système politique. Il précise qu'elle est obligatoire si et seulement si sa structure politique et administrative se caractérise par un réel équilibre entre l'exécutif et le législatif, si elle a une action continue et efficace conduisant à la liberté. Nous sommes tous appelés à la libération du coeur, à nous ouvrir aux autres et à découvrir ce qui fait le fond de notre être. Chercherions-nous à définir les mots démocratie et liberté ? Il est intéressant, du point de vue de l'histoire de la philosophie, de rappeler à quel point Mutuza se situe à contre courant, en ce qui concerne l'orientation massive prise au XXème siècle et que l'on a coutume d'appeler de nos jours le «tournant linguistique ». Biface à l'origine, insufflé d'un côté par Nietzsche et Heidegger, de l'autre par Frege et Wittgenstein, lequel tournant qui a dû conserver pendant la majeure partie du siècle deux volets: l'un continental et post-heideggérien, l'autre anglo-saxon, qui s'intitula philosophie analytique puis (bien qu'on ne puisse en toute rigueur assimiler les deux écoles) philosophie du langage ordinaire.

Tandis qu'en Europe(195(*)) se passe des débats sur le langage et la querelle des mots, en Afrique c'est le débat sur l'existence ou la non-existence d'une philosophie authentiquement africaine. Une longue période fut consacrée et consacra un rapprochement de ces tendances, confirmant d'autant plus l'importance et la réalité dudit « tournant linguistique de la philosophie». Le jeu de mots est un exercice que l'on rencontre dans les littératures coloniales. On nie pratiquement tout ce qui est humain au nègre. La démocratie est un luxe pour l'Afrique, disait un homme d'Etat français, il s'agit de J. Chirac! Et Mutuza se dresse contre cette tendance. Pour lui, il faut comprendre la conception et la réalité démocratie plutôt que s'en tenir au mot démocratie.

Nous ne savons pas trop ce que veut dire Mutuza quant à ce qui concerne la démocratie. Nous lisons «-L'industrialisation n'est pas une panacée ; mais il faut noter que l'industrialisation exige un système de gouvernement approprié qui n'est autre que démocratie »(196(*))

La manière dont pour sa part Mutuza emploie le terme démocratie est assise sur deux chaises : le déontique et le conséquencialiste.

En général, il y a deux sens courants de la comprendre. L'un est procédural et déontique. Il se réfère à un ensemble de règles de décision collectives qui, si elles sont respectées, constituent un régime que nous appelons démocratique. L'autre est substantive et conséquencialiste. Elle se réfère à l'ensemble des décisions communes qui, si on les a bien prises, caractérisent un régime démocratique.

Le sens déontique nous obligerait à accepter le verdict des urnes, aussi idiot ou pervers que nous puissions le juger ; c'est la décision démocratique, et nous sommes censés de le respecter. Les démocrates-sociaux (les liberals) américains sont les partisans de cette interprétation, alors que les libéraux classiques seraient entraînés, par des verdicts des urnes déplorables, à mettre en cause les règles, les lois électorales, le droit de vote inconditionnel, le financement des campagnes ou d'autres éléments du processus de choix collectif.

L'interprétation conséquencialiste, en revanche, nous amène à identifier une procédure de décision comme démocratique si elle a donné le bon résultat, antidémocratique si elle a donné le mauvais. Ainsi, il en va pour Rousseau et de ses héritiers comme Robespierre dont A. Mathiez (+ 1932) proclame la grandeur en disant que : « quand les adversaires de la Révolution s'attachent à confondre Robespierre avec la Terreur et à faire retomber sur ce grand démocrate tout le sang qui fut alors versé, ils sont dans leur rôle. Pour atteindre l'idée démocratique, ils visent l'homme qui la personnifia et qui la fit triompher tant qu'il vécut ».

Il n'y a rien dans le conséquencialisme mutuziste qui oblige un conséquencialiste à parler en termes de la lettre au Père Noël, en termes d'un inventaire de ce que devraient réaliser de bonnes institutions. Il est tout à fait autorisé à tourner un peu, et à raisonner plutôt en termes des caractéristiques qu'une institution doit posséder pour être bonne, où le bon demeure un bon conséquencialiste, instrumental, déduit des buts qu'il veut faire servir par l'institution. Une telle démarche ne vient pas naturellement du conséquencialiste. Que citoyen Mutuza lui-même, metteur en scène de l'ingénierie sociale dans la résolution des conflits, la Némésis des énoncés vides de sens déguisés en propositions, produise une liste de ce qu'il entend par institutions bien construites au lieu de nous dire comment, précisément, il faut les concevoir, contribue quelque peu à corroborer cette analyse.

Il existe cependant un cadre où l'on peut décrire la démocratie par les effets que nous souhaiterions lui voir produire sans dresser pour autant contre l'autre des rhétoriques invérifiables. C'est le cadre du consensus politique démocrate-social. On est tenté de croire que l'idée que Mutuza se fait de la démocratie est relative au consensus, et qu'elle est difficilement compréhensible en-dehors. A l'intérieur tout le monde est à peu près d'accord sur ce que veut dire « les gouvernés contrôlent les gouvernants », que « le pouvoir économique de l'Etat ne menace pas la liberté mais la protège »; qu' « aucun citoyen n'est réduit à un esclavage de fait ». Dans le premier cas cela veut dire que le gouvernement est renversé quand il en fait trop ou pas assez ; dans le deuxième cas cela veut dire que le pouvoir est exercé dans un cadre institutionnel et suivant la volonté arbitraire des bureaucrates ;  dans le troisième cas cela veut dire que les économiquement faibles ne sont jamais forcés de se vendre sur le marché du travail.

Quiconque qui n'est pas démocrate-social ne sera pas persuadé que ces termes décrivent un monde reconnaissable. Ils sont réversibles et invérifiables ; ils jugent au lieu de décrire ; ils ne signifient la même chose que pour ceux qui ont la même mentalité.

La même mentalité, contraire à la démocratie et à la paix dont elle est sensé apporter, doit être cultivée. Les opinions démocratiques sont subjectives ; et les intérêts qu'elles sont sensées défendre sont aussi subjectives. Or la Culture est une des notions clés de l'anthropologie, définie en 1871 par Edward Burnet Tylor (+ 1917) comme « un tout complexe qui englobe les connaissances, les croyances, l'art, la morale, la loi, la tradition et toutes autres dispositions et habitudes acquises par l'homme en tant que membre d'une société »(197(*)). La culture est la base de recherche pour Mutuza, du moins en ce qui a trait au concept d'appartenance.

Dans La Problématique du Mythe Hima-Tutsi, l'auteur nous donne de la communauté tutsie une vision idéale. Pour croître vers la maturité humaine et grandir dans la liberté intérieure, pour franchir aussi les barrières de l'individualisme et de l'égocentrisme derrière lesquelles nous nous cachons souvent pour nous protéger, nous avons besoin d'appartenir à quelque chose de plus grand que nous-mêmes. Nous avons besoin d'être liés aux autres.

Le groupe est la manifestation concrète de ce besoin d'appartenance. L'appartenance a ses pièges. Si le groupe nous donne une identité, une sécurité, une protection, un lieu pour nous affirmer, il peut aussi se fermer sur lui-même en cherchant à prouver sa supériorité par rapport à d'autres groupes à travers et la distanciation et le mépris. L'appartenance devient alors source de conflit. Nous accusons souvent la race, la religion et la culture d'être à l'origine des grands conflits de l'humanité. En chacun de nous git une certaine insécurité qui nous incite à prouver que nous sommes meilleurs, plus puissants, plus brillants. Si nous n'utilisons pas la race, la religion ou la culture pour prouver notre supériorité, nous trouverons d'autres armes. Nos actes les plus généreux cachent, eux aussi, un besoin de supériorité sur les autres.

Mutuza rêve d'une structure économique commune à la région des Grand-Lacs africains, source de paix pour ces peuples : « C'est pourquoi pour avoir la paix et la sécurité dans les pays des grands lacs, les peuples de cette région doivent se doter de projets de société industrielle moderne qui les rassemble autour d'un idéal commun de l'industrialisation.

En effet, un projet de société est un ensemble de valeurs, expressions des besoins et des aspirations d'une communauté humaine, valeurs se rapportant à la nature et au fonctionnement de la société, dont les règles de gestion et de gouvernement sont consignées dans leurs constitutions respectives.

De ces projet de société découlent des lois, des normes et des normes auxquelles les membres de la société devront se soumettre pour réaliser l'idéal des sociétés industrielles modernes, qu'ils se seront tracé eux-mêmes. »(198(*))

Lorsqu'il est question d'une démocratie populaire, l'auteur prend ses distances envers ses maîtres politiques. Le capitalisme comme tout autre système politique n'avait jamais existé nulle part ; qu'il est encore à venir, et qu'il était lui-même l''avenir'. Car le lendemain de l'élection de Barack Obama à la présidentielle américaine, G.W Bush a assuré au monde que le capitalisme n'était pas à abolir mais à restructurer(199(*)).

* 195 Europe (mythologie), dans la mythologie grecque puis romaine, belle jeune fille phénicienne, l'une des nombreuses aventures mortelles de Zeus (Jupiter chez les Romains), et dont le nom, qui signifie « au large visage » ou « aux grands yeux », a été donné au continent européen par les Anciens et, à une époque beaucoup plus récente, à l'un des satellites de la planète Jupiter. Europe est fille d'Agénor, roi phénicien de Tyr, et de Théléphassa. Un matin, Zeus l'aperçoit alors qu'elle cueille des fleurs avec des amies au bord de la mer. Il tombe amoureux d'elle et, désireux de se cacher de sa femme Héra dont la jalousie est terrible, prend l'aspect d'un magnifique taureau blanc.

Zeus prend tout d'abord pour épouse l'Océanide Métis, personnification de la Raison et de la Sagesse. Mais, à la suite d'un oracle, il met fin à cette union en avalant la déesse. Il prend ensuite pour épouse la Titanide Thémis, qui incarne la Justice et la Loi divine puis, après quelques autres amours divines (Déméter, Mnémosyne et Léto), il choisit comme reine des dieux Héra, protectrice des femmes mariées. Mais la légende de Zeus est aussi marquée par ses nombreuses aventures amoureuses. Époux volage de la jalouse Héra, il séduit des déesses (telles Éris, déesse de la Discorde et Séléné, la Lune), des nymphes et de nombreuses mortelles. Pour approcher ces dernières, le dieu se métamorphose souvent : en pluie d'or pour s'unir à Danaé, en cygne pour conquérir Léda, en magnifique taureau blanc pour enlever Europe... Il prend aussi l'apparence d'Artémis pour approcher Callisto, l'une des compagnes de cette dernière. Cette fille assise sur le taureau blanc est le symbole qui représente le parlement de l'Union Européenne.

* 196 MUTUZA, K., La problématique du mythe Hima-Tutsi, p. 7.

* 197 TYLOR, E. B, Études sur l'histoire ancienne de l'humanité », p. 40. Voir aussi la Civilisation primitive, p. 13 ; et Anthropology, p. 53.

* 198 MUTUZA, K., La problématique du Mythe Hima-Tutsi, p. 8-9.

* 199 Cfr. Sommet du G8 de 2008. Emission télévisée, Euro News.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway