Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe( Télécharger le fichier original )par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012 |
Section 2. Elément culturel de l'identité des Hima-Tutsi§1. Vache : vide social ou désemparement des guerres ?Au sein du monde tutsi où un sécularisme artificiel de sécurité sociale, assurances, aides techniques occidentales, a été conçu théoriquement pour faciliter l'accès en RD Congo qui représente le bonheur des Tutsi, où la paix a régné depuis une génération, où l'expérience de la guerre, chez les voisins Rwandais, n'a pas directement touché des Congolais des provinces de l'Ouest, du Centre et du Sud du pays, comme au Grand-Kivu, surtout à Goma. Fasciné ou écrasé par les risques du mythe de kinyarwanda devenu réalité, de l'atome kihutu au cosmos kinyarwanda, la conscience réagit comme s'il eût eu un envahissement qui d'abord s'amuse pour entropier le système sociale, puis le réduit aux cendres de la haine. Il nous est déjà paru que toute société doit être considérée comme un système dont les diverses parties sont liées entre elles par des liens fonctionnels. L'organisation sociale exprime à travers les groupements d'individus, l'agencement de ces groupements et les manifestations auxquelles ces groupements et leur agencement donnent lieu, cette solidarité de la société. La diversité des types d'organisation sociale rend compte de la diversité des rapports qui unissent les hommes entre eux avec leur milieu. Une vache et un espace géographique (le champ agricole), tels sont les éléments qui différencient deux populations. La vache peut détruire le champ, mais c'est dans le champ que la vache trouve sa survie. Il y a séparation, du moins apparente, entre le monde animal et le monde végétal. Nous avons dit que le monde animal a été divinisé et élevé au-dessus de la valeur humaine. Tel est la conception tutsie de l'animal. Et le champ, terre des ancêtres, a valeur instrumentale pour le Muntu. Deux réalités existent alors comme en Ôñéáò (trias) et au ÐáíãÞò (Pangée)(629(*)). Nous pouvons les chiasmer comme suit : Vache champ Muntu Tutsi Nous avons sans beaucoup de peine à comprendre que le Muntu a l'homme pour la fin et la terre et la vache comme moyen ; tandis que le Tutsi a pour la fin la vache et le champ et l'homme pour moyen. La dépendance de la tribu du gros bétail est tellement grande, que la tribu entière s'adapte à une vie nomadique nécessitée par les mouvements saisonniers vers les régions fournissant des possibilités de subsistance au bétail. Notre chiasme signale de suite que cette dépendance de la tribu n'est pas, pour ainsi dire, directe, puisque le bétail n'est pratiquement jamais sacrifié aux besoins de subsistance de la tribu, malgré le lait constaté par les ethnographes que les tribus pastorales souffrent d'un certain degré de sous-alimentation chronique. Ce n'est que les animaux malades qui sont abattus, ou ceux servant à l'accomplissement de rites cérémoniaux et religieux. La tribu elle-même tire sa subsistance du lit de vache et de ses dérivés, de quelques produits agricoles de base, et, s'il y a lieu, de pêche et de chasse. Nous avons vu que le thème du bétail était le second après celui du roi dans la poésie dynastique. Cette circonstance nous révèle que l'existence des hommes est extricablement liée à celle des bovidés, et tout ce qui affecte la race bovine a une répercussion immédiate sur les hommes. L'amour de bovidés se réduit à un culte auquel sont associés le roi et son peuple. Le plus grand malheur qui pourrait survenir à la nation serait la destruction du bétail : « Nous allions disparaître Sans laisser souche de bovidés et d'hommes ! » (P. 138, p. 82) La prospérité du peuple est, bien sûre, liée à celle des bovidés. Accroître le troupeau, c'est là la vraie richesse : « Alors aux fidèles sujets prédestinés à la richesse, Yuhi ajoute les vache aux anciennement octroyées. (P. 123, p. 81) On ne peut aspirer à la prospérité plus idéale que celle que l'acquisition de bétail confère : « Eh bien, Source du pays, j'ai fait un rêve ! J'ai vu en songe des myriades de bovidés razziés dans Gihunya » (P. 71, p. 62) Parler de la vache comme élément culturel de l'identité des Hima-Tutsi ouvre la voie de la connaissance de la valeur matérielle de cet élément. Mutuza(630(*)) se réfère à Papadopoulos. Celui-ci s'étant permis de formuler quelques considérations sur le problème Watutsi-Bahutu par référence au travail de l'ethnologue Belge J. Maquet qui, pour tant que Papadopoulos sache, fut le premier à abordé l'interprétation du problème de l'inégalité sociale inhérente au système ruandais sur une base pour ainsi dire philosophique dans son ouvrage sur l'organisation sociale ruandaise(631(*)). Mutuza nous donne le Problème de l'inégalité raciale et sociale au Ruanda comme titre de ses réflexions à la page 19 de La Problématique du Mythe Hima-Tutsi. Il est d'accord avec ce que Papadopoulos argumente contre Maquet. * 629 Nous avions dit que les petits royaumes étaient unis en seul et unique Rwanda et les rois monades (Hutu-Tutsi-Twa) et la considération que les Tutsi ont des terres rwandaises comme toute la terre, leur terre. * 630 Problématique du Mythe Hima-Tutsi, pp. 19-24. Ici, Mutuza admire l'analyse de Papadopoulos. Nous sommes étonné de voir que Mutuza ne se soit pas rendu compte du cartésianisme papadopoulosien. Aux pages 87-98 de l'ouvrage de Papadopoulos, Mutuza est un admirateur de ce cartésianisme. * 631 J. MAQUET a intitulé son ouvrage Le système des relations sociales dans le Ruanda ancien. Annales du Musée royal du Congo Belge, Science de l'Homme, Ethnologie, No° 1, 1954. Une traduction anglaise de cet ouvrage a paru sous le titre The Premise of Inequality in Ruanda, 1961. |
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