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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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Section 2. Question de l'historicisme comme prise de conscience exceptionnelle de valeurs démographiques chez Mutuza dans les poèmes dynastiques

§1. Raison ambiante et milieu ambiant

Nous avions vu au deuxième chapitre, section 3, § 4 que s'il existe un lien entre la philosophie politique et du développement chez Mutuza et ses conceptions de la société et de la politique, c'est bien son rejet de l'historicisme. Il est alors claire de dire que Mutuza n'est pas un homme d'opinion mais un meneur d'opinion et un critique de l'influence diffusionniste et fonctionnaliste. Pour de nombreux auteurs, les éléments exogènes qui influent sur les comportements des individus ne seraient pas fondamentalement les conditions sociales, en tant que créations humaines mais ces conditions seraient surtout le résultat de l'influence du milieu géographique. La « terre » façonne les hommes, soit positivement par l'influence directe du milieu ambiant (selon la thèse du matérialisme dialectique), soit négativement par le triage de la sélection naturelle (thèse des néo-darwinistes).

En réalité, ces conceptions, qui sont certainement justes à l'échelle de la vie animale ou primitive, sont, en ce qui concerne le genre humain, fortement mises en cause par la fonction créatrice de la société(590(*)). L'action de la société sur le milieu dépasse souvent de beaucoup celle du milieu sur la société et constitue un facteur de civilisation qui, par rapport au règne animal, donne au biologique humain une autre dimension qui lui est exclusive.

Il est moins intéressant pour le généticien d'observer les personnes récemment parvenues dans leur nouvelle patrie d'adaptation et l'on sait que, de toute manière, un sujet aura d'autant plus de mal à s'assimiler à un milieu étranger qu'il est plus avancé en âge en raison de son histoire.

Cependant c'est connu que chez Mutuza l'histoire occupe une place de choix dans l'analyse de son La problématique du Mythe Hima-Tutsi. Il affirme que « Ce qui s'est passé au Ruanda en 1994 et qui s'y passe encore aujourd'hui, et qui finit par déborder au Congo trouve son sens et sa signification dans le mythe hima-tutsi. Celui-ci est en effet, un sentiment de complexe de supériorité qui anime le peuple pasteur tutsi habitant la région des Grands lacs. Il nait de l'exigence de la survie pour ce peuple pasteur que les troupeaux condamnent au nomadisme, en condition normale, et à l'expansionnisme »(591(*)).

La manière avec laquelle Mutuza aborde le problème donne la condition de possibilité de l'existence d'une fonction. C'est donc le domaine de définition qui s'explique par l'asymétrie des relations des groupes sociaux : le Roi et la population, dans le système Hima-Tutsi. On sait bien que la théorie des fonctionnalistes est fort combattue, mais elle nous laisse dans l'analogie dont se servent les politiciens pour maintenir la société. Ici, nous ne trouvons aucune trace d'organicisme. Mutuza cherche, nous donnant le domaine de définition, la condition de possibilité de la cohabitation des Tutsi d'avec les Hutu. En mathématiques, cette condition de possibilité de l'existence est la correspondance entre un ensemble A et un ensemble B, qui à tout élément de A associent au plus un élément de B.

Par exemple, la relation qui à tout entier associe son carré est une fonction de dans . Par extension, on peut également définir des fonctions de plusieurs variables, telles que la relation qui au triplet de réels (x, y, z) associe le produit xyz. Quant à ce qui nous concerne, on ne s'intéressera qu'aux fonctions structurelles de l'appartenance sociale.

Le terme de fonction est utilisé pour la première fois en 1637 par Descartes pour désigner une puissance xn d'une variable x. Puis, en 1694, Leibniz applique ce terme à différentes caractéristiques d'une courbe. Mais c'est Dirichlet qui a le premier énoncé le concept de fonction dans son sens moderne de correspondance. Il conçoit une fonction y comme une variable dépendante, dont les valeurs sont fixées ou définies par les valeurs assignées à la variable indépendante x ou à plusieurs variables indépendantes x1, x2, ..., xn. Enfin, au XIXe siècle, l'apparition de la théorie des ensembles élargit la notion de fonction et l'étend vers celle d'application.

L'étude des poèmes dynastiques nous a révélé, selon la recherche des conditions des possibilités données par Mutuza, l'existence d'un système social. Mais, malheureusement, Mutuza n'a pas su nous dire comment chez les Hima-Tutsi la fonction n'existe pas mais plutôt une application.

La notion de fonction est souvent confondue avec celle d'application et Mutuza s'y est bien appliqué en disant que : « Les valeurs positives de la civilisation manquent presque totalement dans la fonction royale. Ce sont les valeurs négatives qui dominent, et c'est sur ces valeurs que se construisent l'existence et la survie de la tribu. Si le roi assied sa réputation divine sur sa capacité de procurer de la pluie, c'est que l'existence physique des hommes est constamment handicapée par l'inclémence de la sécheresse impitoyable. Si la razzia est institutionnalisée comme valeur sociale, c'est que la survivance de tribale est subordonnée, en partie au moins, à la destruction d'autrui »(592(*)).

Nous sommes là en face d'une application plutôt que d'une fonction. Cependant, à la différence d'une application, tous les éléments de l'ensemble de départ d'une fonction n'ont pas forcément d'image dans l'ensemble d'arrivée. Par exemple, la correspondance qui associe à un nombre son carré est une application ; en revanche, celle qui associe à un nombre son inverse n'est pas une application car 0 n'a pas d'image.

Soit f une fonction d'un ensemble A vers un ensemble B. On note alors :

 

Il ne faut pas confondre la fonction f avec la valeur f(x) prise en x par la fonction f.

Le fonctionnalisme systémique tel qu'il est détaillé par Mutuza nous conduit vers un historicisme qui ouvre la problématique du mythe. Avant de comprendre l'historicisme de Mutuza nous sommes appelé à parler de l'historicisme tel que connu dans le monde scientifique afin de saisir par son entropologie la valeur évaluative du mythe dans la vie sociale.

L'Historicisme est le concept associé au développement, vers le milieu du XIXe siècle, en particulier en Allemagne, de la notion de « sens historique », qui admet que le passé est radicalement différent du présent et qu'il ne peut être appréhendé qu'en fonction de son contexte propre. Le terme a d'abord été largement utilisé dans les débats des économistes politiques germanophones : on reprocha à Gustav Schmoller et à son école de présenter une théorie économique trop dépendante de l'histoire économique, ce qui fut qualifié d'Historismus. Le terme « historicisme » prenait ici un sens péjoratif et s'appliquait aussi à la tentative d'introduire l'histoire dans des disciplines où elle n'avait pas sa place. Le philosophe Nietzsche considéra l'historicisme comme une approche désuète et non critique de l'histoire, la réduisant à une simple accumulation de données historiques.

Le philosophe allemand Ernst Troeltsch tenta le premier de qualifier l'historicisme de façon plus objective. Il le définit comme une tendance à considérer les connaissances et les expériences comme perméables au changement historique. Selon lui, l'historicisme était un courant dominant dans la pensée du XIXe siècle, qu'il opposa à l'étude généralisée et quantitative de la nature, ou Naturalismus. L'historicisme fut considéré comme Weltanschauung, une vision du monde fondamentalement différente de la perspective « naturaliste » ou « positiviste » fondée sur le concept de l'existence d'une loi universelle naturelle et constante. Une autre interprétation de l'historicisme mit l'accent sur l'importance qu'il accordait au concret, à l'unique et à l'individuel (Friedrich Meinecke).

Le terme d'historicisme connut un glissement de sens lorsqu'il passa en anglais vers la fin des années 1930. Il prit une acception méthodologique et fut associé aux principes d'explication et d'évaluation. L'historicisme attaqué par F.A. Hayek et surtout Karl Popper était la doctrine du XIXe siècle qui prônait l'existence de certaines lois de développement sur lesquelles on pouvait se fonder pour faire des prédictions scientifiques sur le futur. Cette définition reflétait une tentative de rendre l'histoire « scientifique », sur le modèle des sciences naturelles. Les dimensions idéologique et méthodologique du terme « historicisme » sont bien plus évidentes en allemand, qui distingue Historismus de Historizismus.

Depuis le début des années 1980, un « nouvel historicisme » est apparu en littérature sous la forme d'un genre nouveau de critique historique. L'oeuvre de Michel Foucault a été déterminante pour les nouveaux « historicistes » qui ont tenté d'éradiquer toute distinction entre littérature et histoire.

La pensée philosophique contemporaine assiste à une résurgence de l'historicisme sous forme d'une thèse sur les limites de la recherche fondée sur la compréhension de concepts scientifiques relatifs à une tradition donnée (Robert D'AMICO). C'est dans ce contexte que Mutuza continue à utiliser le paradigme historiciste. Son fonctionnalisme est homologique et non pas méthodologique. Car, pour lui, « une lecture attentive et critique du Programme de l'idéologie politique de l'FDL, amène tout lecteur lucide et sans parti pris à s'interroger sur le projet de société de l'AFDL, ainsi que sur l'intention réelle de ses animateurs»(593(*)). Par cette compréhension, est-il ou non un historiciste ?

* 590 Ce qui sépare l'envie et l'admiration c'est notre attitude à la créativité, notre reconnaissance du Bien et du Beau.

* 591 MUTUZA, Op. Cit. p. 44.

* 592Ibidem, p. 35.

* 593 Ibidem, p. 38.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon