CERTIFICATION DE GESTION DURABLE DES FORETS
ET EFFICACITE SOCIOECONOMIQUE DES ENTREPRISES DU SECTEUR DANS
LE BASSIN DU CONGO : cas du Cameroun
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect1.png)
NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE EN
ECONOMIE (N.P.T.C.I.)
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect2.png)
Mémoire présenté publiquement en vue de
l'obtention d'un Diplôme d'Etudes Approfondies/MASTER II (DEA/MA II) en
Sciences Economiques
SPECIALITE : ECONOMIE INDUSTRIELLE
OPTION : Economie de l'Environnement et des Ressources Naturelles
Année académique 2008-2009
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect3.png)
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion
B.P. 1365 Yaoundé
Tél.: (237) 22 21 34 41
www.univ-yaounde2.org
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
Faculty of Economics
And Management
PO.BOX 1365 Yaoundé
Fax: (237) 22 23 79 12
fseg@univ-yde2.org
Sous la Direction de :
Pr. Claude NJOMGANG
Agrégé des Facultés des Sciences
Economiques et de Gestion
Présenté par :
Jonas NGOUHOUO POUFOUN
Maître' es Sciences
économiques
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect4.png)
Sommaire
Avertissement
ii
Dédicace
iii
Remerciements
iv
Résumé
vi
Abstract
vii
Liste des sigles et abréviations
viii
Liste des figures :
ix
Liste des tableaux
ix
Liste des annexes
x
Introduction générale
1
Partie I : Certification forestière
et performances socio économiques des entreprises du secteur : une
approche théorique
10
Introduction Partie I
10
Chapitre I : Instruments de gestion durable
des forêts au Cameroun
11
Introduction
12
Section I : Reformes et initiatives de gestion
durable des forets
13
Section II : Certification forestière
au Cameroun
25
Conclusion
34
Chapitre II : Justification théorique
et relations entre certification forestière et performances socio
économiques
36
Introduction
37
Section I : Justification théorique de
la certification
37
Section II: Relations entre certification
forestière et performances socioéconomiques des entreprises
44
Conclusion
57
Conclusion Partie I
58
Partie II : Evaluation de l'impact de la
certification sur les performances socio économiques des entreprises
forestières camerounaises
59
Chapitre III : contours méthodologiques
et description des données
60
Introduction
61
Section I : Cadre opératoire et
collecte d'information
61
Section II : Méthodes de traitement et
analyse descriptive des données
71
Conclusion
83
Chapitre VI : évaluation de l'impact de
la certification forestière sur le bien être des employés
du secteur au Cameroun
85
Introduction
86
Section I : Spécification du
modèle économétrique
86
Section II : Estimation de l'impact de la
certification sur le bien être des employés du secteur forestier
au Cameroun
98
Conclusion
105
Conclusion Partie II
105
Conclusion générale et
recommandations
106
Bibliographie
111
Annexes
118
Table des Matières
Erreur ! Signet non
défini.
Avertissement
« L'université de Yaoundé II
n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions contenues dans
ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme
étant propres à l'auteur »
Dédicace
A mon feu père...
...POUFOUN Moïse
Remerciements
Nous rendons Gloire à Dieu qui nous comble tous les
jours de force, santé, intelligence...
Nous tenons à remercier tous ceux qui de
près ou de loin ont contribué à la réalisation de
ce travail.
De façon particulière, nos remerciements
s'adressent tout d'abord au Professeur Claude NJOMGANG, qui a mis toute son
expertise pour l'encadrement de ce travail de recherche.
Ensuite au professeur Georges KOBOU, Doyen de la
Faculté de Sciences Economiques et de Gestion de l'Université de
Yaoundé II-Soa, pour ses conseils et sa motivation à la
recherche.
Et au Professeur Désiré AVOM, Directeur
national du Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire
(NPTCI), qui a suivi avec rigueur toute la première promotion
(NPTCI).
Nos remerciements vont ensuite à l'endroit du
(NPTCI) qui s'est engagé à nous accompagner dans nos
études terminales.
Nous exprimons une profonde reconnaissance aux
professeurs François KAMAJOU, Bernadette KAMGNIA DIA, Mamy RAVELOMANANA,
Willy DELVINGT, Patrick POINT, Roger NGOUFO, pour leurs orientations et leur
attention bienveillante.
Toujours pour leurs orientations et leur attention, nous
remercions les Docteurs Jean Paul KOMON, Jean pierre TCHANOU, Henry NGOA TABI,
ESSOMBE, Mireille ETOGO.
Nous renouvelons nos remerciements à l'endroit de
M. S. EBIA, M. H. BOURGUIGNON, M. J. DUPANLOUP, Mme B. L'Or OUOGUIA, Mme C.
BLANCHARD, M. Henri TADJUIDJE, M. J.HULEUX, M. A. TCHOKOMENI, Mme J. DJUISSI,
M. O. ABAKAR, M. WANJA et M. Séraphin. La réalisation de la phase
du terrain n'aurait pas pu être possible sans leur assistance.
Pour leur appui à la documentation et à la
collecte d'information, nous remercions M. Christoph WIEDMER, M. DIKUMAGENGE,
M. HAKIZUMWAMI et M. BIGOMBE M. Roberto WAACK et M. FOE
Pour leur disponibilité à la relecture et
suggestion d'idées, nous remercions les Docteurs Alain KARSENTY, NGO
NONGA, Christian EMINI, Marie MBOLLO, B. FOMBA, Paolo O. CERUTTI, Guillaume
LESCUYER, Marion KARMANN, GORDIAN Fanso ainsi que M. KUZONG et M. BASTIN
Nous remercions également les doctorants Richard
FETEKE, SOH, MIGNAMISSI, LIMI, DONFOUET, TIMBA, BELLECK, NTSAMA, MANGUELLE,
KOUAM et MOUAFO DJONTOU qui nous ont accordé leur soutien pour certains
et leur disponibilité pour la relecture de ce travail pour
d'autres.
Nous remercions aussi toute la famille ; en
particulier, nos parrains Pierre MFOMBAM et Jules KUNGHETYOU, maman Julienne
MFANGAM, Papa Olivier NJIEMOUN POUFOUN, maman Marthe TIENJOMGNIGNI, enfin,
MOUNCHILI, MOULIOM, YOUAPE, MAPIEMFOU, MFANGAM. La réalisation de ce
travail n'aurait pas pu être possible sans leur assistance.
Nous disons merci à Mlle Françoise
Léocadie NNEME pour son soutien en période difficile.
Nous remercions A. KENMOE, R. NGAMEN, et grande soeur
NANGA pour leur hospitalité à Douala, et à Bertoua. Ainsi
qu'à GELIAGO Romaric et Serge pour la maintenance de notre outil
informatique.
Enfin, nous tenons à remercier d'avance les membres
du jury de soutenance, dont les pertinentes observations nous permettront, sans
nul doute, d'améliorer considérablement nos travaux futurs.
« Nous sommes entrés de plein pied dans
la phase inaugurale d'une destruction massive au cours de laquelle la
moitié au moins de toutes les espèces de la terre pourrait
disparaître... Nous allons, en outre, perdre des milieux naturels
stratégiques -les forêts tropicales et les zones humides- qui
furent, jadis, ...les principales sources de nouvelles
espèces...
Nous pourrions transformer un problème très
grave en chance magnifique. Loin de simplement sauver un tigre ici, un gorille
là et un panda plus loin, nous pourrions sauver des milliers
d'espèces. Mais le temps est une ressource extrêmement rare.
Dépêchons nous de surmonter le problème de l'extinction de
masse avant qu'il n'échappe à notre contrôle ».
NORMAN MYERS,
Chercheur en environnement à Green College,
Université d'Oxford et lauréat du prix
Planète bleue 2001.
Résumé
L'ampleur et la croissance de la déforestation des
années 80 ont généré de nombreuses
inquiétudes quant-au danger que courent les générations
futures en cas de disparition des ressources forestières et de ses
différentes fonctions régulatrice, productrice, d'habitat naturel
et d'information.
La certification forestière est l'une des mesures
prises par la communauté internationale pour assurer une gestion durable
de ces ressources. « La demande (de produits certifiés) est en
pleine explosion, et il n'y a pas encore assez de forêts
certifiées», (LEVEAU, 2007)1(*). Malgré les avantages, les exigences, ainsi que
de multiples campagnes de la communauté internationale au sujet de la
certification, les acteurs du secteur forestier tardent à
l'intégrer dans leurs modes de gestion.
Le but de ce travail était de déterminer
l'impact de la certification sur les performances socioéconomiques des
opérateurs du secteur forestier en se basant sur l'expérience de
quelques entreprises exerçant au Cameroun. Il a été
question de déterminer l'incidence de la certification du Forest
Stewardship Council (FSC), d'une part, sur la responsabilité sociale, et
d'autre part, sur les performances économiques des entreprises
forestières.
Les résultats de l'analyse statistique des
données d'enquête menée auprès des employés
et des populations exhibent une amélioration de la responsabilité
sociale des opérateurs. Il résulte du modèle PROBIT
estimé qu'avec un risque de se tromper inférieur à 1%
(P>|z|= 0.001 < 1%), la certification forestière a un effet
positif sur l'efficacité sociale des entreprises du secteur au Cameroun.
Les résultats de l'analyse statistique et documentaire des
données obtenues sur les entreprises et le marché de bois
certifié traduisent une amélioration des performances
économiques des exploitations forestières certifiées au
Cameroun. De manière globale, ces résultats débouchent sur
de vives recommandations de politiques socioéconomique et
forestière dans le sens de la promotion d'une gestion responsable des
ressources impliquant plusieurs parties prenantes.
Mots clés :
Certification forestière, gestion durable, Forest
Stewardship Council (FSC), efficacité sociale, performances
économiques.
Abstract
The increase rates of deforestation since the 80s have led
to concerns within the wider international community. This amongst other
reasons is because of the danger posed to future generations in case of loss of
forest resources and its various eco-system functions like regulatory
functions, natural habitat and scientific research functions.
Forest certification is one of the measures accepted and
advocated by the international community to ensure sustainable management of
the forest and its resources. The demand for certified products is booming
despite the insufficient supply in the market (LEVEAU, 2007)2(*). Notwithstanding the benefits
and many campaigns of the international community advocating forest
certification, the timber industry is still slow to integrate certification
concept in management.
The aim of this study is to determine the impact of forest
certification on the socio-economic performance of forest operators in
Cameroon. In order to pursue this target, firstly, we determined the influence
of Forest Stewardship Council (FSC) certification scheme on the Corporate
Social Responsibility, and secondly, on their economic performance.
The results of the statistical analysis with forest
employees show an improvement in social responsibility of operators. The model
used is the PROBIT model. It estimated with a margin of error less than 1%
(P> | z | = 0.001 <1%) that, forest certification has a positive impact
on the social conditions of forest workers in Cameroon. Statistical and
documented data on business and marketing of certified timber reflect improved
economic performance of certified forest.
Generally, these findings argue for strong recommendations
of linking socio-economic and forest policy together with the promotion of
responsible resource management that involve multiple stakeholders.
Keys words:
Forest certification, sustainable management, Forest
Stewardship Council (FSC), social corporate responsibility, economic corporate
efficiency
Liste des sigles et abréviations
|
|
AEB
|
Autorisation d'Enlèvement de Bois
|
ISO,
|
International Organisation for Standardisation
|
AESB
|
Autorisation d'Enlèvement spécial de
Bois
|
MDP
|
Mécanismes pour un Développement
Propre
|
AFLEG
|
Africa Forest Law Enforcement and Governance Initiative,
Application de la réglementation forestière et gouvernance en
Afrique
|
MINEF
|
Ministère de l'Environnement et des
Forêts
|
APV
|
Accords de Partenariat Volontaires
|
MINEP
|
Ministère de l'Environnement et de la
Protection de la Nature
|
ARB
|
Autorisation de Récupération de
Bois
|
MINFOF
|
Ministère des Forêts et de la Faune,
Cameroun.
|
ATIBT
|
Association Technique Internationale des Bois
Tropicaux
|
OAB
|
Organisation Africaine de Bois
|
BVQI
|
Bureau Veritas
|
OI
|
Organisations Internationales
|
CARPE
|
Programme Régional de l'Afrique
Centrale pour l'Environnement
|
OIBT
|
International Tropical Timber Organization /Organisation
internationale des bois tropicaux
|
CATFN
|
Central African Forest Trade Network
|
OLB
|
Origine Légale du Bois
|
CED
|
Centre pour l'Environnement et le
Développement
|
ONADEF
|
Office National Des Forêts
|
CEEAC
|
Communauté Economique des Etats de L'afrique
Centrale
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
CIFOR
|
Center for International Forestry
Research
|
ONGI
|
Organisations Non Gouvernementales Internationales
|
CIRAD
|
Centre de Coopération Internationale en Recherche
Agronomique pour le Développement
|
PAFC,
|
Pan African Forest Certification
|
CITES
|
Convention on International Trade in Endangered Species of
Wild Flora and Fauna
|
PCI
|
Principes Critères Iindicateurs
|
CNPS
|
Caisse Nationale de Prévoyance sociale
|
PEFC,
|
Program for the Endorsement of Forest Certification
Schemes
|
CNUED
|
Convention des Nations Unies pour l'Environnement et le
Développement
|
PFL
|
Produits Forestiers Ligneux
|
COMIFAC
|
Commission des Ministres en charge des Forêts
d'Afrique Centrale
|
PFNL
|
Produits forestiers Non Ligneux
|
CPF
|
Comité Paysan Forêt
|
PIB
|
Produit Intérieur Brut
|
CSA,
|
Canadian Standards Association ; Association
canadienne de normalisation
|
PNUE
|
Programme des Nations Unies pour l'Environnement
|
DME
|
Diamètre Minimum d'Exploitabilité
|
PSFE
|
Programme Sectoriel Forêts et Environnement
|
FAO
|
Food and Agriculture Organisation of the United Nations ;
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
|
SIGIF
|
Système Informatique de Gestion de l'Information
Forestière, MINFOF, Cameroun
|
FLEGT
|
Forest Law Enforcement and Governance ; Application de la
réglementation forestière et gouvernance
|
S-C-P
|
Structure - Comportement - Performance
|
FMI
|
Fonds monétaire international
|
TFT
|
Tropical Forest Trust
|
FORCOMS
|
Forest Concession Monitoring System in Central Africa ;
Système d'observation des concessions forestières en Afrique
centrale
|
TLTV
|
Timber Legality and Traceability Verification (par BVQI -
Eurocertifor)
|
FSC,
|
Forest Stewardship Council ; Conseil de gestion
responsable des forêts
|
UE
|
Union Européenne
|
GDF
|
Gestion Durable des Forêts
|
UFA
|
Unité Forestière d'Aménagement
|
GFBC
|
Groupement de la Filière Bois du Cameroun
|
UICN,
|
Union Mondiale pour la Conservation de la
nature
|
GFTN
|
Global Forest Trade Network
|
WRI,
|
World Resources Institute
|
GFW
|
Global Forest Watch
|
WRM
|
world Rainforest Movement
|
IFIA
|
Inter-African Forest Industries Association
|
WWF
|
World Wild life Funds
|
Liste des figures :
Fig. 0.1 :
|
Composition du massif forestier camerounais
.........................................................
|
4
|
Fig. 0.2 :
|
illustration de la négligeable Surface
certifiée des forêts tropicales : état en 2007 et
2009.
|
7
|
Fig. 1.1 :
|
Schéma de certification FSC
..........................................................................................
|
28
|
Fig. 2.1 :
|
Relations d'agence et conflits existants
.......................................................................
|
46
|
Fig. 2.2 :
|
Certification forestière, solution aux
problèmes d'asymétrie d'information et d'agence......
|
48
|
Fig. 2.3 :
|
Modèle
« structure-comportement-performance »...................................................
|
53
|
Fig. 2.4
|
Modèle S-C-P augmenté de la
certification..................................................................
|
55
|
Fig. 3.1 :
|
Localisation de la zone d'étude et parcours du
chercheur.........................................
|
70
|
Fig. 3.2 :
|
Evolution de la sécurité sociale des
employés.........................................................
|
77
|
Fig. 3.3 :
|
Usage des équipements de protection
individuelle : Evolution et comparaison .....
|
78
|
Fig. 3.4 :
|
Mode de négociation salariale et existence d'un
contrat de travail...........................
|
79
|
Fig. 3.5 :
|
Variation des flux réels et de la capacité
de production des entreprises..................
|
83
|
Fig.4.1:
|
Ajustement Linéaire de la Variable Dichotomique
Bienêtre (de notre étude) .....
|
98
|
Liste des tableaux
Tableau1.1 :
|
Fonctions rendues par la forêt au Cameroun et
à l'humanité............................
|
12
|
Tableau 1.2 :
|
Quelques types de certificats
délivrés................................................................
|
26
|
Tableau 1.3 :
|
Démarche de certification forestière au
Cameroun........................................
|
32
|
Tableau 1.4 :
|
Etat actuel de la certification forestière au
Cameroun....................................
|
32
|
Tableau 1.5 :
|
Situation de la certification forestière dans le
Bassin du Congo.......................
|
33
|
Tableau 2.1 :
|
valeur économique totale de la
forêt................................................................
|
41
|
Tableau 2.2 :
|
Présentation des intérêts
des parties prenantes...............................................
|
45
|
Tableau 3.1 :
|
Structure de l'échantillon
d'employés..............................................................
|
68
|
Tableau 4.1 :
|
Consentement à payer et consentement à
recevoir.........................................
|
96
|
Tableau 4.2 :
|
Construction de la variable composite « bien
être »........................................
|
97
|
Tableau 4.3 :
|
Description des variables explicatives et des signes
attendus.........................
|
97
|
Tableau 4.4 :
|
Résultats de l'estimation du modèle
PROBIT...................................................
|
102
|
Tableau 4.5 :
|
Evaluation de la prédiction du
PROBIT.............................................................
|
103
|
Tableau 4.6 :
|
Les effets
marginaux................................................................................................
|
104
|
Liste des annexes
Annexe I :
|
Domaine Forestier
National.........................................................................
|
118
|
Annexe II :
|
Catégories de
titres.......................................................................................
|
118
|
Annexe III :
|
Certification en Afrique centrale pendant l'absence du
FSC......................
|
118
|
Annexe IV :
|
Distribution des UFA attribuées par compagnie ou
par groupe................
|
119
|
Annexe V :
|
L'auteur en plein entretien sur le
terrain...................................................
|
119
|
Annexe VI :
|
Réalisations
sociales......................................................................................
|
120
|
Annexe VII :
|
Pygmées Baka
intégrés.................................................................................
|
120
|
Annexe VIII:
|
Evolution de l'acquisition des équipements de
protection individuelle (Firmes E1 et E2)
|
120
|
Annexe IX:
|
port des équipements de sécurité
avant et après certification..................
|
121
|
Annexe X :
|
Avant certification : Exposition ; Après
certification : Protection.............
|
121
|
Annexe XI :
|
Un débardeur protégé en
action..................................................................
|
121
|
Annexe XII :
|
Transport confortable des
employés.........................................................
|
121
|
Annexe XIII :
|
Employé d'une société certifiée
sans casque, ni chaussure de sécurité ...
|
121
|
Annexe XIV :
|
Un abatteur équipé sans sa tenue de travail
dans une société certifiée...
|
121
|
Annexe XV :
|
Classement des catégories suivant les
différentes fonctions.....................
|
122
|
Annexe XVI :
|
Conservation du facteur
travail...................................................................
|
122
|
Annexe XVII :
|
Raisons de la certification obtenue des vendeurs
finaux...........................
|
122
|
Annexe XVIII :
|
Bénéfice et importance de la certification
pour les entreprises................
|
123
|
Annexe XIX :
|
Demande des produits certifiés FSC et
Révélation des Gains ...................
|
123
|
Annexe XX :
|
Equipement acquis des exigences de la certification
.................................
|
123
|
Annexe XXI
|
questionnaire administré aux
employés.....................................................
|
124
|
Introduction
générale
Au début des années 80, l'exploitation non
contrôlée des forêts à des fins utilitaristes dans le
cadre du commerce de biodiversité constituait une des causes majeures de
la disparition de 12 millions d'Hectares en moyenne de forêts humides et
claires des régions tropicales (MYERS, 1993). L'ampleur et la croissance
de cette déforestation a généré de nombreuses
inquiétudes quant-au danger que courent les générations
futures si jamais on assistait à la disparition de la ressource et de
ses différentes fonctions notamment la participation au maintien du
climax et d'autres grands équilibres climatiques, la fixation du carbone
et la régulation de l'effet de serre, l'alimentation des recettes
budgétaires des Etats, sans oublier la forte contribution à
l'amélioration du bien être des populations riveraines. Entre
autre, ces massifs forestiers constituent un abri et un gisement de ressources
dotées à près de 1,1 milliards de personnes vivant
aujourd'hui dans l'extrême pauvreté.
Le massif forestier constituant avant les océans le
plus grand habitat naturel, cette situation a poussé la
communauté internationale à entreprendre de nombreuses
initiatives afin de pérenniser ces ressources qui désormais
constituent un bien collectif mondial. Quelques instruments majeurs de
Gestion Durable des Forêts (GDF) en découlent :
- le mouvement de
« Boycott »prôné par les Organisations Non
Gouvernementales (ONG) en 1988. Ce mouvement consistait à saboter et
interdire la commercialisation des produits forestiers ligneux issus des zones
tropicales. Cette initiative a connu un échec du fait de la reconversion
des terres forestières à des fins agricoles qui est devenue la
principale cause de la déforestation des forêts tropicales
(BARBIER et al, 1993) ;
- l'élaboration des premières normes de bonne
gestion forestière par les Organisations Gouvernementales (OG) soutenues
par les bailleurs de fonds et l'Organisation Internationale des Bois Tropicaux
(OIBT) dans les années 90. Cet instrument qui débouche sur
l'élaboration des lois forestières et l'aménagement des
forêts reste impuissant jusqu'à nos jours du fait du laxisme et de
la myopie dont font montre les gouvernements ;
- l'adoption, toujours sur le plan institutionnel, de
plusieurs conventions par les Nations Unies (CNUED) et l'Union Mondiale pour la
Nature (UICN). On peut citer à ce titre la convention sur le commerce
international des espèces de faune et de flore sauvages (CITES), la
convention contre la désertification avec le programme
« Action 21»3(*), l'amélioration de la productivité des
terres et la convention sur la diversité biologique à Rio4(*) (NAUSSBAUM et al, 2005).
« Les insuffisances
révélées au plan de l'application des législations
forestières et au plan de l'observation des règles de bonne
gouvernance dans le secteur forestier sont devenues ces dernières
années une préoccupation majeure. Le préjudice
causé par l'exploitation illicite des ressources forestières est
grave tant sur le plan écologique que sur le plan économique et
social. Les activités forestières illégales contribuent
à renforcer le contexte de vulnérabilité dans lequel
vivent les populations locales et par conséquent, elles ne favorisent
pas la création des conditions propices à la
sécurité alimentaire et au développement des
stratégies de moyens d'existence durables » (SOME,
2008).
La persistance des défaillances institutionnelles a
inspiré les « amis de la terre », d'autres ONG ainsi
que le gouvernement des Royaumes Unis5(*) et l'OIBT à adopter
l'éco-certification6(*) comme nouvelle solution de lutte contre la
désertification et de mise en place d'un système d'exploitation
durable des forêts tropicales sous l'impulsion du sommet de la
terre7(*).
De manière générale, la
certification forestière peut être définie comme
un instrument de marché qui vise à promouvoir
l'aménagement durable des forêts en fonction des facteurs
environnementaux, économiques et sociaux. C'est un système de
labellisation qui témoigne que le produit forestier provient d'une
forêt gérée de façon durable. Ce
système encourage une gestion forestière écologiquement
appropriée, socialement bénéfique et économiquement
viable. Il ajoute plus de valeurs aux produits forestiers issus des
forêts bien gérées.
Les concessions forestières ont pour principaux
débouchés le Nord. Avec la prise de conscience grandissante des
consommateurs qui deviennent de plus en plus exigeants pour les questions
environnementales, la demande de produits verts (bois légal) va
croissant, tout comme la sollicitation dont jouissent les entreprises qui en
fournissent. Les labels écologiques et les programmes de certification
des systèmes de gestion de l'environnement sont utiles dans la mesure
où ils procurent aux consommateurs l'information nécessaire pour
décider d'acheter écologique (IIDD, PNUE, 2001)8(*).
La certification rassure ainsi le client du secteur
de sa responsabilité dans la consommation par une chaîne de
traçabilité. Ce dernier est ainsi fier de se rendre
compte qu'en consommant ces produits, il contribue par là même au
bien être social des populations riveraines et des employés et
à la conservation des fonctions écologiques des ressources
forestières. Cette chaîne constitue un ensemble des processus
d'identification /transport/ conditionnement mis en oeuvre par l'entreprise et
par lesquels le bois passe de la forêt jusqu'à son utilisateur
final (PERTHUISOT, 2007)
Le bassin du Congo est une vaste région
forestière compacte d'environ 180 millions d'hectares, qui constitue,
après l'Amazonie, le deuxième ensemble boisé de la
planète. Il représente environ 6 % de la surface
forestière mondiale. Le Cameroun, avec environ 22.8 millions d'hectares
de forêts denses humides (44% de la superficie du territoire), dispose du
deuxième massif forestier de ce bassin après la
RDC. Les forêts camerounaises sont subdivisées en
sept grandes parties avec les pourcentages très variés (OMF,
2000) comme l'indique la figure 0.1
Fig. 0.1 : Composition du massif forestier
camerounais ![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect5.png)
Source: construit par l'auteur à partir
de World Conservation Monitoring Centre.
L'espace forestier national est constitué d'un domaine
forestier permanent (forêts domaniales, forêts communales,...) et
d'un domaine forestier non permanent (forêts communautaires ;
forêts du domaine national ; forêts des particuliers) (MINEF,
1994). Les Unités Forestières d'Aménagement (UFA)
constituent une partie des forêts de production. On les retrouve dans les
forêts domaniales (Confère, Annexe I). Elles font l'objet
de notre étude.
Cinquante pour cent des régions du Cameroun accueillent
le massif forestier camerounais. Il s'agit des régions de l'Est, du
Centre, du Sud, du Littoral et du Sud-ouest. La région de l'Est doit
être considérée comme forestière par excellence
puisqu'elle participe à hauteur de 60% à la production
forestière nationale de grume. Un cadre indicatif d'utilisation des
terres (appelé plan de zonage) de cette partie du pays a
été élaboré sur une superficie de 14 millions
d'hectares et sert de base à l'exploitation/aménagement de
l'espace forestier (GFW, 2006).
Avec un potentiel floristique assez riche et
diversifié de plus de 600 espèces dont 300 commercialisables sous
forme de bois d'oeuvre et dont une soixantaine d'entre elles seulement est
exploitée actuellement (FAO, 2005), le Cameroun recouvre
également l'une des faunes les plus riches et variées du
continent nantie de 409 espèces de mammifères ; 183
espèces de reptiles ; 849 espèces d'oiseaux ; 190 espèces
d'amphibiens et se classe ainsi au 5ème rang du point de vue de la
diversité biologique en Afrique. (GFW, 2006).
Le Cameroun tire de ses forêts un ensemble significatif
d'avantages économiques, sociaux et environnementaux. Depuis un peu plus
de deux décennies, ce secteur est l'un des plus importants en termes
d'emplois, de recettes d'exportation et de contribution au Produit
Intérieur Brut (PIB). En effet, il représente 30% des
exportations hors pétrole, 8,35% des recettes publiques via la
fiscalité (TOUNA MAMA, 2008), 20% des contributions en devises et 11%
du PIB occupant ainsi le deuxième rang après le pétrole
(MINFOF, 2005). Le nombre d'emplois dans le secteur formel et informel est en
augmentation constante depuis quelques années même si le volume
des exportations de bois a baissé au cours de la même
période. Ainsi, le secteur formel emploie directement 45 000
personnes9(*).
Ce secteur contribue au désenclavement du pays
à travers la construction des routes, la fourniture des bois comme
source d'énergie pour les populations rurales, le ravitaillement des
menuiseries dont la main d'oeuvre est estimée à plus de
20 000 personnes, les transactions bancaires ainsi que l'exploitation des
autres produits forestiers non ligneux (plantes médicinales,
écorces, feuilles, racines, fruits dits sauvages, et la faune) (EBA'ATY,
2006). Il fournit aussi des écoles, des centres de santé ainsi
que des services environnementaux importants...
Le paysage forestier camerounais a connu un déboisement
important à un rythme croissant à la fin du
19ème siècle et au début du
20ème siècle, à savoir 330 000 hectares/an
en 1993 (FAO, 1994) 415 000 hectares/an (CIFOR, 2005)10(*). Aujourd'hui, le Cameroun perd
sa place de deuxième couvert forestier du Bassin du Congo au profit du
Gabon. Il est passé de 22,8 millions d'hectare en 2006 à 19,6
millions aujourd'hui. (HAKIZUMWAMI, 2009). Ce rythme prédisait une
disparition des forêts primaires subsistant au Cameroun. L'abattage
industriel en cours depuis un peu plus de trois décennies ainsi que
l'exploitation illégale régulièrement
décriée ont milité pour une destruction continue des
espaces boisés (VERBELEN, 1999). La nécessité de mettre en
place un cadre qui permette de gérer et de contrôler le commerce
du bois, la préservation de la grande réserve de carbone pour
réguler le climat et sauver l'équilibre écologique tel que
développé par les Mécanismes de Développement
Propre (MDP) dans le cadre du protocole de Kyoto ont amené le Cameroun
dès 1982 à entreprendre une campagne d'inventaire de ressources.
Au lendemain de la conférence de Rio, le gouvernement camerounais s'est
décidé de créer un cadre institutionnel favorable à
la gestion durable des ressources forestières. Il a ainsi entrepris de
profondes réformes du secteur forestier. La certification
forestière constitue un instrument supplémentaire qui vient
appuyer ces reformes.
Des systèmes de certification en vogue
aujourd'hui, (PEFC, PAFC, ISO, FSC, Keurhout, CSA, SFI, ATFS, ...), le FSC
reste tel qu'il visait à l'origine le système adapté pour
la protection des zones forestières des pays en développement
où les législations et préoccupations environnementales
sont défaillantes. Toutefois, son application tarde à
décoller dans le bassin du Congo en général et au Cameroun
en particulier.
La certification fait face à plusieurs contraintes et
les exploitants s'attellent plutôt à l'élaboration des
plans de gestion qui leur permettraient d'être assurés de pouvoir
conserver leurs concessions. Seuls quelques concessionnaires parmi les plus
importants ont participé activement au processus de
certification en intégrant ses objectifs dans leurs plans de
gestion (Banque Mondiale / WWF 2002-2003). Le Cameroun est passé d'une
UFA certifiée FSC11(*) en 2005 à huit en 200812(*). Et malgré
l'entame du processus de certification par d'autres entreprises telles
que SFIL (Delconvenaere), la SFID, l'ALPICAM (qui sollicite l'OLB), ce
progrès de la certification au Cameroun peut tout de même
être jugé de faible (DELVINGT 2008), car elle ne couvre que 8 UFA
sur les 90 attribuées. Et en termes de superficie, seulement
878 896 ha sur les 12 000 000 de forêts de production
(HAKIZUMWAMI, 2009), soit environ 7.3%.
Les difficultés et les contraintes de la
certification forestière en Afrique centrale pourraient amener
les acteurs de la filière bois de cette région à se
détourner de la certification pour s'engouffrer dans la
brèche des nouvelles initiatives internationales (AFLEG, FLEGT, OLB)
mettant l'accent non pas sur la durabilité de la gestion
forestière, mais sur la légalité du bois et des produits
dérivés. L'un des dangers de ces initiatives est qu'elles
promeuvent une traçabilité de type
documentaire, (actuellement fonctionnelle au MINFOF). Il s'agit d'une base de
données unique dans laquelle tous les documents officiels
déclarés (DF10, Lettres de voiture, Feuillet entrée usine)
sont encodés et mis en relation (SIGIF) (KOUNA ELOUNDOU et al, 2008). La
falsification de ces documents constitue l'un des aspects
d'illégalité dans l'exploitation.
Jusqu'à nos jours, la certification forestière
demeure faible dans les forêts tropicales et plus particulièrement
dans le bassin du Congo et au Cameroun. Pourtant, d'après la
théorie, elle conférerait plusieurs avantages aux entreprises
engagées dans le processus. La figure 0.2 illustre un faible
niveau de certification de GDF dans les forêts tropicales. Pourtant,
cette dernière regorge d'un niveau de richesses très
élevé.
Fig. 0.2 : illustration de la
négligeable Surface certifiée des forêts tropicales :
état en 2007 et 2009
|
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Sources: FSC, PEFC.,2007
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En effet, alors que le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) et
l'IFIA13(*) se fixent
respectivement un objectif de 7 et 10 millions d'hectares à l'horizon
2012 (HAKIZUMWAMI, 2008, DELVINGT et BOURGUIGNON, 2009 et MBOLO, 2009),
seulement 3 millions d'hectares de forêts sont certifiées sur
environ 180 millions dans le bassin du Congo entre 2005 et 2009. Ce niveau de
certification reste faible,bien qu'au moins 11 millions d'hectares de
forêts soient aujourd'hui sous plan d'aménagement (DELVINGT et
BOURGUIGNON 2009).
Il est opportun vu l'actualité du sujet, d'envisager
une étude qui promeuve la certification auprès des
sociétés forestières réticentes en leur montrant
l'intérêt pour une exploitation forestière d'être
certifiée. C'est ce qui justifie ce travail sur la certification
forestière et la performance socioéconomique des entreprises du
secteur au Cameroun.
Plusieurs faits stylisés ont été
observés au sujet du traitement de la certification forestière,
nous pouvons citer :
· la faible intervention du gouvernement dans la
création des mesures incitatives ;
· l'exploitation abusive qui perdure malgré de
multiples campagnes menées par la communauté internationale
(IFIA, ATIBT, WWF, WRI, FSC, PNUE, l'UICN...) autour des enjeux de conservation
de la biodiversité ;
· l'avancement de la certification reste lent dans le
Bassin du Congo. Alors que la certification forestière, favorisant
l'accès aux marchés publics et privés offrirait des
avantages dont l'amélioration des possibilités de
commercialisation, l'amélioration de l'image de marque, l'accès
aux nouvelles sources de capitaux et aux nouveaux marchés pour les
écoproduits forestiers. « La demande (de produits
certifiés) est en pleine explosion, et il n'y a pas encore assez de
forêts certifiées », (LEVEAU, 2007).
De ce qui précède, nous pouvons constater que
Malgré les avantages, les exigences, ainsi que de multiples
campagnes de la communauté internationale au sujet de la certification,
les acteurs du secteur forestier tardent à l'intégrer dans leurs
modes de gestion.
Cette problématique suscite un certain nombre de
questions dont : Qu'est ce qui explique l'avancement lent de la
certification au Cameroun ? La loi forestière seule assure-t-elle
une exploitation qui garantisse les trois piliers du développement
durable ? La certification ne garantit-t-elle pas effectivement
l'intérêt des entreprises engagées?... Plusieurs autres
questions peuvent naître de ce constat. Mais la question qui nous
accroche dans le cadre de notre étude est celle de savoir,
quel est l'impact de la certification forestière sur
l'efficacité socioéconomique des gestionnaires des forêts
au Cameroun?
Les études empiriques portant sur la certification se
sont intéressées, pour la plupart, à la disposition des
consommateurs à acheter les produits certifiés. Toutefois, peu de
recherches empiriques ont analysé la certification
forestière du point de vue des investisseurs et en ont
mesuré ses impacts sur le terrain (BOUSLAH, 2006). Dans cette
perspective, la présente étude a pour objectif de
déterminer les bienfaits socioéconomiques de la
certification des forêts dans le bassin du Congo et au Cameroun en
particulier.
De manière plus spécifique, il sera
question :
- d'évaluer l'apport de la certification
forestière sur l'efficacité sociale des entreprises
forestières, pour amener l'Etat à créer les conditions
favorables à son essor ;
- de présenter les avantages de la certification
forestière du point de vue des performances des entreprises
certifiées, pour lever la réticence des
entreprises vis-à-vis de cet instrument
En réponse à la question spécifique de
recherche, les hypothèses suivantes peuvent être formulées:
H1 : La certification a un effet positif
sur l'efficacité sociale des entreprises du secteur forestier.
H2 : La certification améliore les
performances économiques des entreprises du secteur forestier
Pour opérationnaliser la première
hypothèse, cette étude s'effectuera à deux
niveaux :
- tout d'abord, nous nous attarderons sur l'ensemble des
relations qui lient les gestionnaires forestiers aux autres parties prenantes
à l'activité de gestion (précisément, les
populations et les employés). L'idée ici est de voir si la
certification forestière a suscité une amélioration
progressive de relations. Pour y parvenir, nous procèderons à des
entretiens à base d'un guide auprès des aménagistes, de
quelques représentants des populations à la rive des forêts
certifiées et non certifiées et de l'administration
forestière ;
- ensuite, nous reverrons les relations qui lient les
entreprises forestières aux employés à partir d'un
questionnaire appliqué sur un échantillon d'employés. Ce
questionnaire est basé sur les critères 2 et 3 du principe 4 du
référentiel FSC, des conventions fondamentales de l'OIT du code
du travail appliqué au Cameroun et de la convention collective en
vigueur dans le secteur. Les données seront traitées et
décrites par les méthodes statistiques puis, nous ferons recours
à l'outil économétrique pour l'analyse empirique.
Pour opérationnaliser la seconde hypothèse, nous
appliquerons un formulaire d'enquêtes pour entreprises. Ce questionnaire
permettra de voir si la certification affecte les performances des entreprises,
et surtout dans quelles mesures. Nous ferons aussi recours aux données
secondaires. Ces données seront traitées par des méthodes
statistiques.
La problématique de cette étude revêt pour
le Bassin du Congo, et le Cameroun particulièrement, un
intérêt à trois niveaux :
- sur le plan théorique, Il rentre dans le cadre de la
microéconomie appliquée. Son intérêt est d'une part,
l'application de la théorie de l'agence développée par
JENSEN et MECKLING, (1976) et FAMA (1980), à l'exploitation
forestière pour une bonne compréhension des
phénomènes sociaux et d'autre part, la construction d'un
« modèle S-C-P augmenté de la
certification », pour mieux spécifier
méthodiquement les performances des entreprises,
- sur le plan sociétal, il s'agit de contribuer
à la mise en conformité du commerce de biodiversité. De
façon plus précise, les résultats concluants de cette
étude participeront à une meilleure prise en compte du
bénéfice social et environnemental,
- sur le plan pratique, il s'agit de dégager les
avantages effectifs liés à la certification pour inciter les
opérateurs réticents à la solliciter.
Cette étude sera organisée en deux parties
La première sera consacrée à effectuer
un encrage doctrinal approprié à la certification, puis à
construire un cadre de référence pour la compréhension de
l'influence des bonnes pratiques de gestion sur des intérêts
socioéconomiques des parties prenantes.
La deuxième partie quant-à elle sera
consacrée à l'opérationnalisation du cadre
théorique énuméré et aux tests
d'hypothèses.
Partie I :
Certification forestière et performances socio économiques des
entreprises du secteur : une approche théorique
Introduction Partie I
S'il est vrai que la certification forestière n'est pas
un phénomène nouveau, il n'en demeure pas moins que certains pays
dont ceux des zones tropicales accusent un retard dans sa compréhension
et son intégration dans leur comportement de gestion.
L'objectif de cette partie étant de présenter
une approche théorique de la certification forestière et des
performances socioéconomiques des entreprises du secteur, il serait
important de présenter, dans un premier temps, les instruments de
gestion durable des forêts dont la certification (Chapitre I) et, dans un
second temps, une justification théorique de la certification
forestière ainsi que ses relations théoriques avec les
performances socioéconomiques des entreprises du secteur (Chapitre
II).
Chapitre I :
Instruments de gestion durable des forêts au Cameroun
Introduction
La superficie totale des forêts du Cameroun qui
était de 46.5 millions d'hectares avant les années 90 (FAO,
1990), ne s'étant aujourd'hui qu'entre 22.5 millions d'hectares
environ 14(*) et 19.5
million15(*). Près
de la moitié de la région forestière historique du
Cameroun a été défrichée du fait des
activités humaines telles que l'agriculture, l'élevage,
l'exploitation forestière, le feu de brousse (BERGONZINI et al, 2004) et
la récolte du bois de feu, la croissance de la population à un
rythme plus élevé que celle des ressources (MALTHUS, 1798 et
DELVINGT, 1994). Les pratiques telles le débardage, les feux de brousse,
l'urbanisation, la construction de routes, la réalisation des barrages
hydroélectriques, l'exploitation minière et
pétrolière ont aussi causé d'innombrables
dégâts sur les forêts du Cameroun.
La promotion des exportations des grumes depuis la
période coloniale, l'expansion rapide et progressive du secteur bois
à partir des années 90 avec les pressions non négligeables
des politiques d'ajustement structurelle (PAS) et l'objectif du Cameroun de
passer de la position de 3ème exportateur africain de bois en
1995 à la 1ère en 2002 expliqueraient une hausse de
100% d'abattage, puis une hausse de 400% du taux de déboisement en 2004
(DUDLEY et al, 1995). Cette politique a contribué à une rotation
sous-optimale avec des conséquences énormes. Nous pouvons citer
la difficulté de contrôle de l'activité, le non respect des
règles et le non versement des impôts. En plus de ces
conséquences, la perte des différentes fonctions rendues par les
ressources forestières (voir tableau 1.1), ont depuis longtemps
suscité un engagement du gouvernement à lutter contre
l'illégalité et à promouvoir une gestion durable des
forêts (GDF) qui garantisse une équité sociale inter et
intra générationnelle.
Tableau 1.1 : Fonctions rendues par la
forêt au Cameroun et à l'humanité
|
La forêt régule : le climat, l'eau, l'effet
de serres, la matière organique et les déchets humains,
entretient la biodiversité, et protège contre l'érosion
des sols
|
La forêt produit les ressources de base telles
que : le matériau de construction (bois, lianes,...),
l'énergie (bois de feu, ...) les ressources alimentaires,
médicales et génétiques (PFNL)
|
La forêt fournit l'espace et le substrat
nécessaires pour l'habitat, l'agriculture, les expériences
récréatives, les aires protégés...
|
Forêt est un support d'information artistique,
culturelle, historique, spirituelle, scientifique et éducationnelle.
|
Source : construit par l'auteur à
partir de LESCUYER, KARSENTY et EBA'A ATYI, (2008)
|
L'objectif de ce chapitre est de ressortir l'essentiel des
instruments utilisés au Cameroun pour garantir la durabilité et
la légalité dans la gestion forestière, afin de conserver
toutes ses fonctions.
Nous voulons tout d'abord présenter les efforts du
gouvernement en matière de réformes et initiatives
internationales dans le secteur ainsi que leur portée sur
l'activité d'exploitation forestière (SECTION I). S'il est vrai
que ces reformes et initiatives ont eu un impact positif considérable
sur la gestion des forêts, il n'en demeure pas moins qu'elles restent
impuissantes en matière de suivie et de monitoring, pour une gestion
qualitative et responsable de ce patrimoine naturel. La certification
forestière que nous présenterons ensuite, serait un instrument
complémentaire aux mesures du gouvernement (SECTION II).
Section I : Reformes
et initiatives de gestion durable des forets
Cette section revient tout d'abord sur l'essentiel de
l'ensemble de réformes et initiatives du gouvernement du Cameroun (I.1),
ensuite, elle en ressort le contenu majeur et dresse le bilan à nos
jours (I.2).
I.1 Inventaire des réformes et des initiatives du
secteur forestier au Cameroun
La forêt et ses ressources constituent le
troisième poumon économique au Cameroun. Conscient de son
importance dans la dynamique de développement socio-économique et
durable, le gouvernement camerounais, depuis l'époque colonial
jusqu'à nos jours, fournit des efforts permanents en matière de
textes et lois dans l'optique de réglementer et de pérenniser la
gestion des ressources forestières. Ces efforts se ressentent sur le
plan national, international et régional.
I.1.1: Cadre réglementaire et historique des
réformes forestières
Trois grandes périodes ont marqué
l'implémentation des réformes sur le plan national : la
période coloniale, l'après indépendance et l'après
Kyoto (1992).
Les premiers textes officiels régissant la gestion des
forêts datent de la période coloniale. Ils étaient
orientés vers l'approvisionnement des grandes métropoles en
matières (grumes) au détriment de la pérennité de
la ressource. Ces textes étaient très influencés par les
intérêts de ces puissances qui avaient une emprise forte sur les
Pays En Développement (PED) colonisés. Dans la vague des premiers
textes, on peut citer : le décret du 5 septembre 1921 qui, plus
tard, est refondu avec plusieurs autres pour en faire trois principaux dont les
décrets du 4 juillet 1935, du 5 février 1938 et du 20 mai 1946
fixant respectivement régime forestier en Afrique occidentale
française (AOF), au Togo et en Afrique équatoriale
française (AEF). Le Cameroun oriental français définissait
une législation basée sur le système français.
« ... toute les terres vacantes et sans maître
étaient d'office considérées comme tout à fait
inaptes à la propriété privée, donc
propriété de l'Etat ; toutefois, les droits d'usage
coutumiers des populations locales étaient scrupuleusement
respectés » (OUMBA, 2007). Le Cameroun occidental
considérait déjà la forêt comme
propriété des populations indigènes avant
l'indépendance, et l'ordonnance de 1938 insistait sur la
préservation et le contrôle des forêts qui va rester en
vigueur jusqu'après l'accession du pays à l'indépendance
en 1960.
C'est après l'indépendance que l'Etat
fédéré du Cameroun oriental a intégré la
conservation des ressources forestières, sources de devises
étrangères. Ceci, dans le cadre de la loi n°68-1 du 11
juillet 1968 remplacée par la loi n°69-LW-du 12 septembre 1969,
modifiée par celle n°71-4- COR du 21 juillet 1971 fixant le
régime des forêts. La plus value réalisée dans cette
phase d'après indépendance est l'harmonisation des
systèmes de politique forestière nationale des deux Etats
fédérés et la consolidation de l'intégration
nationale ; cet apport est matérialisé par un nouveau
régime forestier constitué par l'ordonnance n°73-18 du 22
mai 1973 et son décret d'application n°74-357 du 17 avril 1974
adopté après l'unification. Cette ordonnance fut modifiée
par la loi 81-13 du 27 novembre 1981 pour prendre en compte les
propriétés coutumières (collectivités
coutumières), les règles d'aménagement concertées
impliquant plusieurs acteurs. La loi de 1981 disposait d'un certain nombre de
dispositions conservatoires des ressources forestières telles que le
diamètre minimum d'exploitabilité administratif et la protection
des semenciers qui ont permis la préservation de la plupart des essences
nobles de différents types des forêts. L'inventaire forestier de
reconnaissance est lancé à partir de 1982 sur près de 30
millions d'hectares de forêts. En 1988, un séminaire national sur
la désertification recommandait l'élaboration d'un Plan d'Action
National de Lutte Contre la Désertification (PALCD). L'Office National
Des Forêts (ONADEF), créé en 1990, a succédé
à l'Office National de Régénération des
Forêts (ONAREF) et au Centre National de Développement Forestier
(CENADEFOR) (OUMBA, 2007).
La gestion des ressources forestières était
autrefois caractérisée par une dispersion des centres de
décision. La gestion de la forêt relevait du Ministère de
l'Agriculture alors que celle de la faune dépendait de la
Délégation du Tourisme. En 1992, au lendemain de la
conférence de Rio, le Ministère de l'Environnement et des
forêts (MINEF) est crée pour mieux organiser la gestion de la
forêt et de la faune. En 1993 le Cameroun a adopté une politique
forestière et environnementale codifiée par la loi 94-01 du 20
janvier 1994 portant Régime des Forêts et de la Faune. Cette
politique contient des éléments novateurs: un zonage de
l'ensemble du domaine forestier, l'attribution concurrentielle des concessions
d'exploitation, politique de taxation, seuil obligatoire (forêts
communales et forêts communautaires).
La nécessité de renforcer les capacités
de l'administration forestière dans la lutte contre
l'illégalité qui perdure malgré tout ce qui est fait sur
le plan législatif amène les pouvoirs publics à poursuivre
les réformes. On peut citer la création en 1996 d'un Groupe
National de Travail (GNT) constitué des représentants du
gouvernement, des ONG, des sociétés forestières, des
communautés locales, scientifiques et universitaires pour
l'élaboration des principes, critères et Indicateurs de GDF
nationales sur la base, des directives de l'OIBT et des principes et
critères de l'OAB ; en avril 1998 un manuel des procédures
d'attribution et des normes de gestion des forêts communautaires a
été élaboré dans le but de renforcer les textes
juridiques en vigueur ; on peut encore citer l'adoption de l'Unité
Centrale de Contrôle placée sous l'autorité directe du
ministre et chargée de faire respecter la législation
forestière avec l'appui de Global Witness16(*) depuis mai 2001, et d'un
observateur indépendant contre le braconnage, la corruption et d'autres
cas d'exploitation illégale.
Depuis 1999 le Gouvernement du Cameroun s'est aussi
résolu de créer le Programme Sectoriel Forêts et
Environnement (PSFE), pour (i) contribuer à la mise en oeuvre de sa
politique de gestion durable et participative, (ii) stimuler, prioriser et
coordonner des investissements publics et privés dans la gestion
pérenne des écosystèmes forestiers, (iii) en y
intégrant les besoins et les intérêts des différents
acteurs. Ce programme devait aussi assurer le dynamisme et le potentiel
économique du secteur privé et jouer le rôle
régulateur de l'administration. Vers la fin de 2004, fut crée le
Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature,
très rapidement remplacé en 2005 par décret
présidentiel. La réforme de l'ancien Ministère de
l'Environnement et des forêts (MINEF) l'a ensuite éclaté en
deux ministères résultant sur un Ministère des
Forêts et de la Faune (MINFOF) chargés de manière globale
de la coordination et du suivi de l'exécution de la politique nationale
forestière et faunique et un Ministère de l'Environnement et de
la Protection de la Nature (MINEP).
A côté des toutes ces actions gouvernementales,
il est important de citer l'action des ONG nationales à l'instar du
Centre pour Environnemental et le Développement (CED) qui ne passe pas
inaperçu dans l'observation et le suivi de l'exploitation
forestière.
I.1.2 : Reformes et initiatives sur le plan
international
Le Cameroun a ratifié plusieurs conventions
internationales, notamment : la convention de l'UNESCO17(*) à Paris le 13 novembre
1972 pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel ; la
convention de Washington le 3 mars 1973 sur le commerce international des
espèces de faune et de flore sauvage menacées d'extinction
(CITES) ; la convention de Vienne le 22 mars 1985 sur la protection de la
couche d'ozone et son protocole de Montréal sur le control des
«chlorofluorocarbones» (CFCs) le 16 avril 1987; la Convention des
Nations Unies sur la Diversité Biologique (CDB) de Rio le 14 juin 1992
et son protocole de Cartagena sur la prévention des risques
biotechnologiques ; la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques (CCNUCC) de Rio toujours le 14 juin 1992, la convention sur la
désertification d'octobre 1994, le protocole de Kyoto de 1997 sur la
réduction des émissions de six gaz à effet de serre.
Le Cameroun souscrit et adhère à plusieurs
ONGI18(*) qui font dans la
conservation de la biodiversité, la régulation du commerce de
biodiversité, l'observation de l'activité d'exploitation,...
Malgré d'innombrables conventions ratifiées et d'actions
engagées sur le plan international, la tendance des exportations du bois
illégal vers l'UE est presque maintenue. Ceci suscite un
intérêt du MINEF pour le processus Forest Law Enforcement,
Governance and Trade (FLEGT) dans le cadre des Accords de Partenariat
Volontaires (APV) en 2004 ; intérêt réaffirmé
par le MINFOF en 2005 et poursuivi dans le cadre des rounds de
négociation dont le dernier date d'avril 2009.
Le gouvernement camerounais et ceux des autres pays de la sous
région ont estimé que la solution à la protection des
écosystèmes forestiers du bassin du Congo réside en
priorité dans l'harmonisation des politiques forestières des
Etats de la sous-region (NDIKUMAGENGE). A cet effet, les pays d'Afrique
centrale ont, au cours des vingt dernières années, mis en place
plusieurs initiatives et exercices sous régionaux de planification et de
gestion de leurs ressources forestières. Il s'agit en particulier
de :
· l'Organisation africaine du bois (OAB) :
créée en 1976, ses activités tournent autour du secteur de
l'exploitation industrielle du bois d'oeuvre. Constituée de 13 pays
membres, elle est un des piliers de la GDF en Afrique avec la définition
des principes, critères et indicateurs de gestion forestière.
Elle Coordonne et harmonise les politiques d'industrialisation, de reboisement,
d'aménagement forestier et d'environnement des pays membres, encourage
l'élaboration des politiques nationales de conservation et d'utilisation
durable de leurs écosystèmes forestiers tout en assurant un
échange continu d'information aux pays membres et à toute la
communauté forestière mondiale ;
· la Conférence sur les écosystèmes
forestiers denses et humides d'Afrique centrale (CEFDHAC) : appelée
aussi Processus de Brazzaville, la CEFDHAC a été
créée à Brazzaville en mai 1996 ; elle constitue un
cadre de concertation et de réflexion entre tous les intervenants du
secteur forestier (gouvernements, parlementaires, secteur privé, ONG,
etc.) sur toutes les questions relatives à la gestion durable des
écosystèmes forestiers d'Afrique centrale. Tous les pays de la
CEEAC en sont membres19(*). Elle abrite les décisions prises par des
autorités politiques impliquées dans les questions
environnementales et forestières en Afrique centrale et constitue
un forum de concertation et d'échange d'expériences ouvert
à tous les intervenants du secteur forestier en vue d'une gestion
équitable et durable des écosystèmes forestiers d'Afrique
centrale ;
· la déclaration de Yaoundé et la
Conférence des Ministres chargés des Forêts d'Afrique
Centrale (COMIFAC) mises sur pied en mars 1999 à la suite du sommet de
six Chefs d'Etat d'Afrique centrale tenu à Yaoundé dans le but de
discuter des problèmes relatifs à la conservation et la gestion
durable des ressources forestières du bassin du Congo, La COMIFAC
travaille en étroite collaboration avec les autres institutions
régionales ou africaines et a pour missions : l'harmonisation des
politiques forestières et fiscales, la connaissance de la ressource,
l'aménagement des écosystèmes, la conservation de la
diversité biologique, la valorisation durable des ressources
forestières, la lutte contre la pauvreté, le développement
socioéconomique, le contrôle, filière bois, marché
sous-régional du bois, le renforcement des capacités, la
participation des acteurs, le développement de mécanismes de
financement... ;
· le Partenariat forestier dans le bassin du Congo
(PFBC) : créé à l'issue de la Conférence des
Nations Unies sur l'environnement tenue en septembre 2002 à
Johannesburg, la PFBC est une association de 29 organisations gouvernementales
et non gouvernementales oeuvrant pour l'amélioration de la communication
et la coordination des programmes, projet et politiques en vue de la gestion
durable des écosystèmes forestiers dans le Bassin du Congo.
En ce qui concerne les réseaux sous-régionaux
les plus représentatifs de gestion durable des forêts du bassin du
Congo, il y a entre autres : Le Programme pour la conservation et
l'utilisation rationnelle des écosystèmes forestiers en Afrique
centrale (ECOFAC) ; le Programme Régional de l'Afrique Centrale
pour l'Environnement (CARPE), lancé en 1995 avec pour objectif global de
réduire la déforestation des forêts tropicales du bassin du
Congo ; le Programme de Capitalisation et de transfert des
résultats des recherches menées dans les forêts denses et
humides d'Afrique (FORAFRI), lancé en 1996 ; le Centre de
Coopération Internationale en Recherche agronomique pour le
Développement (CIRAD) ; le Centre International pour la recherche
forestière (CIFOR) ; le Projet Régional de Gestion de
l'Information Environnementale (PRGIE), lancé en 1996 à
l'initiative de la Banque mondiale, il vise la promotion de la
coopération en matière de production, d'échange, de
diffusion et d'usage des informations environnementales entre six pays
d'Afrique centrale : Cameroun, les deux Congo, Gabon, Centrafrique et
Guinée Equatoriale. Il est mis en oeuvre par l'association pour le
développement environnemental (ADIE), issue d'un protocole d'accord de
coopération entre les pays membres en vue d'honorer leur engagement
vis-à-vis de la Convention sur la diversité biologique.
Pour ce qui concerne les réseaux régionaux, on
peut citer : le Réseau de Politiques Forestières du Bassin
du Congo (REPOFBAC) né en 1999; le Réseau des Institutions de
Formation Forestière et Environnementale d'Afrique Centrale (RIFFEAC),
créé en 2001, au Gabon; le Réseau des Femmes Africaines
pour le Développement Durable (REFADD), créé lors de la
2e conférence sur les écosystèmes de
forêts denses et humides d'Afrique Centrale tenue à Bata, en
Guinée Equatoriale en juin 1998 ; le Réseau Africain
d'Action Forestière (RAAF). Le Réseau des Parlementaires
d'Afrique Centrale dont la mise en place a été
recommandée par la 3e session de la CEFDHAC organisée
en juin 2000 à Bujumbura au Burundi. Les objectifs du réseau sont
axés sur le partage des expériences nationales sur les processus
de formulation et de mise en oeuvre des lois, la réflexion sur les
thèmes transfrontaliers communs et partagés, la prise en compte
des communautés locales dans l'élaboration des textes
législatifs en matière de forêt et d'environnement et, la
sensibilisation des Etats pour qu'ils mettent en oeuvre les Conventions
internationales. Ces institutions sont relayées sur le plan national par
des institutions dont les rôles sont tous aussi fondamentaux. (OUMBA,
2007). Comme autres conventions continentales et sous régionales, nous
pouvons citer: la Convention sur la Conservation des Ressources Naturelles et
Culturelles (Alger, 1968); Convention de Bamako sur l'Importation des
Déchets en Afrique et la Gestion des Déchets Toxiques, l'Accord
créant la commission du Bassin du Lac Tchad en 1964, Accord sur les
règlements conjoints de la faune et de la flore au sein du Lac Tchad
(ENUGU, Décembre 1977), la Convention sur la coopération
relative à la protection et au développement de l'environnement
marin et les zones côtières de l'Afrique centrale et de l'ouest
(Abidjan, 16 mars 1981), l' Accord sur la coopération et la concertation
entre les Etats de l'Afrique centrale relatif à la conservation de la
faune et de la flore (Libreville, 16 Avril 1983) (MEWONDO)20(*).
I.2 : Contenu majeur, et bilan des reformes
forestières au Cameroun
Dans cette sous section, il est question de présenter
le contenu majeur des réformes du secteur forestier, puis, faire
ressortir en guise de bilan un certain nombre d'avantages, de succès et
de limites.
I.2.1 : Contenu majeurs
Le contenu majeur des reformes forestières peut
être apprécié sur le plan national avec la lOI N°
94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et
de la pêche, ainsi qu'au niveau international et régional avec la
définition des Principes Critères et Indicateurs (PCI)
nationaux de gestion durable des forêts à partir de la grille de
l'AOB/ OIBT.
Depuis 1994, le Cameroun enregistre des progrès sur sa
politique d'aménagement durable à travers sa stratégie
forestière notamment pour ce qui concerne l'adoption des textes
légaux et réglementaires sur l'exploitation et
l'aménagement, le zonage et la définition des surfaces à
attribuer pour l'exploitation, l'attribution de ces surfaces, la
rédaction des plans d'aménagement par les sociétés
forestières. La nouvelle politique forestière du Cameroun
s'articule en effet autour de 4 grandes orientations à savoir :
· l'obligation d'aménagement des forêts de
production.
L'aménagement forestier comporte trois phases :
- tout d'abord, un inventaire complet des ressources qui
revient à recenser les ressources de flore et de faune. Il ressort d'une
part, les volumes de bois exploitables immédiatement, les volumes et
valeurs de bois exploitables dans le futur, ainsi que la valeur des
PFNL ;
- ensuite, un
plan d'aménagement forestier ; ce plan précède toute
exploitation. Il fixe les règles de culture de divers étages du
peuplement et des normes d'exploitation. Dans
le plan d'aménagement, l'Unité Forestière
d'Aménagement (UFA) est diviséé en 6 blocs appelés
Unités Forestières d'Exploitation (UFE) et chaque bloc est
divisé en cinq parcelles appelées Assiettes Annuelles de Coupe
(AAC). Le concessionnaire doit rédiger un plan de gestion quinquennal
pour les UFE et des plans annuels d'opération pour les AAC. Ce
découpage constitue une contrainte spatiale inédite
puisqu'auparavant les chantiers se déplaçaient librement dans les
permis revenant sur les parcelles exploitées pour prélever des
essences laissées sur pied. Avec l'aménagement, les exploitants
peuvent couper illégalement du bois dans leurs propres concessions s'ils
sont en avance sur le plan de d'exploitation ou s'ils reviennent sur des
parcelles fermées après la période légale de coupe
(KARSENTY)21(*) ;
- enfin, la sylviculture et la reforestation qui garantissent
le renouvellement et la régénération de la ressource en
vue de pérenniser le potentiel. La réalisation des
infrastructures (articles 23 et 63).
Cependant, il comporte aussi un volet social, basé sur
des enquêtes socio-économiques avec pour objet la
préservation les droits d'usage traditionnels, l'amélioration des
conditions de vie des populations et la mise en place des mécanismes de
concertation entre acteurs locaux ;
· la promotion de la transformation locale des produits
forestiers.
L'interdiction partielle et ensuite totale de l'exportation
des grumes pour promouvoir le développement de l'industrie locale,
assurer la protection des espèces de bois menacées d'extinction
et la préservation de la biodiversité. Pour cela, la loi
forestière du 20 janvier 1994 complétée par l'Ordonnance
n° 99/001 du 31 août1999, dispose en son article 71 (1) (nouveau)
que les grumes sont transformées à hauteur de 70 % de leur
production par l'industrie locale pendant une période transitoire de
cinq (5) ans à compter de la date de promulgation de la présente
loi. Passé ce délai, l'exportation des grumes est interdite et la
totalité de la production nationale est transformée par les
industries locales. Sauf dans le cadre de la promotion de certaines
essences par conséquent surtaxées (Présidence de la
république, 1999) ;
· la décentralisation de la gestion
forestière.
Elle témoigne l'engagement du gouvernement camerounais
à impliquer la société civile, et en particulier les
communautés villageoises dans les activités de gestion
forestière. L'article 7 de cette loi souligne à ce titre
que : l'Etat, les communes, les communautés villageoises, et les
particuliers exercent sur leurs forêts et leurs établissements
aquacoles, tous les droits résultant de la propriété, sous
réserve des restrictions prévues par les législations
foncière et domaniale et par la présente loi. L'article 36
quant-à lui reconnait les droits d'usage des populations riveraines dans
les conditions fixées par décret. Ces articles sont
renforcés par la politique forestière de 1995, et son
décret d'application. Les populations rurales peuvent donc exercer une
certaine souveraineté sur les ressources de leurs terroirs à
travers la foresterie communautaire, communale et la Redevance
Forestière Annuelle (RFA) ;
· la contribution aux performances
macroéconomiques du Cameroun.
Cette loi sous-tend une gestion forestière
répondant à l'objectif de développement
socio-économique assigné aux forêts tout en
préservant leurs fonctions écologiques. Elle assure une mise en
valeur des ressources forestières en vue d'augmenter la part de la
production du secteur dans le produit intérieur brut. La contribution de
ce secteur est aussi bien captée par les dispositions financières
et fiscales clarifiées au chapitre V de ladite loi.
La politique forestière actuelle du Cameroun
intègre les défis régionaux ainsi que les
préoccupations de la communauté internationale vis à vis
de la conservation de la nature et de nouveaux concepts établis à
l'échelle mondiale en matière de développement et de
l'environnement. A ce titre, il est important de noter d'une part en 1999, la
volonté du gouvernement camerounais à faire de la certification
forestière un instrument de gestion durable des forêts.
L'illustration est faite par l'engagement des chefs d'Etats de l'Afrique
centrale à « adopter les politiques nationales
harmonisées en matière de forêt, et à
accélérer la mise en place des instruments d'aménagement,
notamment les systèmes de certification harmonisés, reconnus
internationalement, agréées par les Etats d'Afrique centrale, et
développer leurs ressources humaines pour leur mise en
oeuvre » dans la déclaration de Yaoundé ; et
d'autre part les efforts du Groupe National de Travail qui ont
débouché sur la mise sur pied d'un référentiel de
PCI de GDF en 2004 inspiré des PCI AOB/OIBT22(*) suite à la
20ème conférence d'octobre 2002 des ministres en
charge des forêts des pays membres de l'OAB. Ce référentiel
est adapté aux spécificités du contexte national de
gestion des ressources forestières au contexte camerounais. Il est
bâti autour de quatre principes notamment :
- la priorité à l'utilisation durable de la
forêt et au maintien de ses multiples fonctions ;
- l'assurance d'une gestion durable à des fins de
production des Biens et services ;
- la préservation de la fonction
écologique ;
- l'assurance d'un gain économique et social aux
populations locales et aux employés.
I.2.2. Bilan des réformes
Les réformes forestières
présentées ci-dessus ont abouti à quelques effets
attendus. Cependant, on en retiendra aussi quelques limites.
a) les résultats positifs
Les actions menées par l'Etat en matière de GDF
ont généré quelques résultats louables en
matière de contrôle et de sanctions, d'industrialisation, de
gestion participative et de reboisement. Nous pouvons citer à ce
titre :
· le démantèlement des infractions et
sanctions dans le « sommier des infractions du secteur des
forêts » telles que régi par les articles 154-165. Pour
le dernier trimestre de l'année 2007, le MINFOF révèle un
peu plus de 20 milliards de FCFA de pénalités, suspend entre
autre 27 opérateurs du secteur accusés de fraude et sanctionne
régulièrement les exploitations des essences non
autorisées conformément aux conventions signées en
matière de conservation de la biodiversité. Tout ceci est
réalisé avec la contribution des brigadiers nationaux de
contrôle forestier et des observateurs indépendants
agréés23(*) ; qui ont pu juger de l'incapacité des
opérateurs à produire l'origine de leurs bois suivant la loi et
les conventions passées avec les partenaires qui exigent de
démontrer l'origine du produit exporté ;
· de 1992 à 2008 les recettes forestières
sont passées de 4 milliards à plus de 40 milliards (MINFOF,
2008). La stratégie forestière suivie par le gouvernement a
favorisé une politique d'industrialisation, notamment entre 1994 et
1998, en partie due à l'arrêt partiel des exportations de grumes
ainsi que l'adoption progressive par les exploitants forestiers et les
transformateurs des normes associées à l'aménagement
durable. Cette capacité de transformation est de l'ordre 2,2 millions de
mètre cube (m3) en 2007. Elle est initialement tournée
vers la première transformation, sciage principalement, s'est
stabilisée tout en améliorant la création d'emplois. Ces
dernières années, on observe également le
développement d'une transformation plus poussée des bois en
produits à valeurs ajoutés (transformations secondaire et
tertiaire) chez bon nombre d'exploitants forestiers en conformité avec
l'article 71 de la loi forestière. En effet, ces derniers
possèdent 55% des capacités installées de transformation,
disposent de 54% des superficies attribuées en concession propre et de
74% en partenariat ou affermage ;
· aujourd'hui, plus de 150 forêts communales et
communautaires ont été créées dont 50 fonctionnent
normalement. Dix d'entre elles détiennent un plan simple de gestion.
Près de 50 milliards de FCFA sont distribuées aux communes et
communautés forestières depuis 2000 (MINFOF, 2008) au titre le
Redevance Forestière Annuelle (RFA) ;
· le Cameroun a lancé un programme national de
reboisement en 2007 qui intègre toutes les parties prenantes
concernées et des actions sont menées pour reboiser les zones
urbaines et rurales. ces activités pour l'année 2008 ont
consisté en la signature de14 conventions de collaboration avec les
Communautés Urbaines, les communes, les exploitants forestiers et les
privés avec le soutien d'Agence nationale d'appui au
développement forestier (ANAFOR). Actuellement, 2.332.706 arbres ont
été plantés pour une superficie de 7.776 hectares ; sur
une prévision de 1.176.473 arbres équivalents à une
superficie de 2.941 hectares ; soit un taux de réalisation de 198 %
réparti ainsi qu'il suit :
ü privés : 1.736.790 arbres plantés,
équivalents à 5.789 hectares ;
ü collectivités décentralisées :
492.372 arbres plantés, équivalents à 1.641 hectares ;
ü institutions scolaires et universitaires : 65.123
arbres plantés, équivalents à 218 hectares
ü exploitants forestiers : 38421 arbres plantés,
équivalents à 128 hectares (EBIA DONGO, 2009).
Toutefois, il est important de revenir sur quelques Limites et
défaillances de ces reformes.
b) les résultats négatifs
L'exploitation frauduleuse du bois au Cameroun reste
alimentée par certaines formes de corruption largement répandues
qui entravent l'évolution vers une foresterie durable (DINGA, 2005).
Certains concessionnaires bénéficiant de couvertures politiques
ne payent pas les amendes, ce qui non seulement, n'assure pas une bonne
gouvernance forestière (KARSENTY, 2007), mais aussi, compromet
sérieusement les efforts des pouvoirs publics et cause un
préjudice de près de 80 milliard de Francs CFA à l'Etat
contre 3 milliards seulement de pénalité payée au
trésor en 2003 (Global Witness)24(*). Entre 1999 et 2004, 50% de l'exploitation
forestière était illégale. Le gouvernement estime
d'ailleurs à 100 millions de dollars le coût de cette exploitation
illégale au Cameroun (GREENPEACE, 2008).
Les plans sont approuvés et mis en oeuvre, mais
n'assurent pas un minimum de durabilité dans la gestion
forestière. En 2006, 68% du bois produit ne respectaient pas les
règles de gestion existantes, à cet effet, l'importance du nombre
de plans d'aménagement existant (plus de 49) ne peut tenir lieu
d'indicateur de gestion durable. Au Cameroun, cette dernière
nécessiterait d'instruments plus performants que les plans
d'aménagement approuvés (CERUTTI et al, 2008). Il est par exemple
parfaitement légal de ne pas prévoir de mesures de gestion
spécifiques concernant un certain nombre d'essences clés de la
concession. Les niveaux de récolte sont souvent basés sur des
inventaires périmés. Pour de nombreuses essences
exploitées commercialement, les taux de reconstitution ne sont que de
50% (VANDENHAUTE et HEUSE, 2006) et même lorsque ces plans sont
respectés, de nombreuses essences sont surexploitées et la
forêt se dégrade (Greenpeace, 2007). Une étude
récente effectuée à la demande de l'agence de
développent allemande (GTZ) recommande que tous les plans
d'aménagement soient revus afin de garantir une vraie durabilité
(VANDENHAUTE et HEUSE, 2006).
Plusieurs exploitants continuent à exercer de
façon illégale. De nos jours, le « sommier des
infractions » répertorie encore pratiquement les mêmes
infractions que dans les années 2000, à l'instar des coupes
incontrôlées, hors concessions, hors limites des Assiettes
Annuelles de Coupe (AAC), sous-diamètre, des sous-traitances non
autorisées, l'exploitation sans titres25(*), ... ceci serait du à un dispositif de
sanction peu contraignant et peu apprenant.
Selon Forest Monitor (2002), la production de grumes est
estimée entre 4,5 et 5,1 millions de m3 pourtant, les
estimations officielles, donnent 3,5 millions de m3 par an. Ces
chiffres sont différents et traduisent une pratique étendue de
l'exploitation. La GDF est sérieusement compromise au Cameroun du fait
de la pratique permanente du braconnage et du commerce du gibier. La pression
du braconnage est tellement forte que si elle est maintenue au niveau actuel,
cette activité aura des conséquences désastreuses sur la
biodiversité de la forêt tropicale. Le 9 mai dernier, la brigade
forestière venait encore de saisir près de 250 gibiers issus des
forêts camerounaises.
Dans le cadre de la décentralisation de la
législation camerounaise, il est important de noter que la
convention d'aménagement d'une forêt communautaire ne
confère à la communauté, ni des droits de
propriétés sur le domaine, ni quelques titres de
propriété sur la forêt elle-même. Dans les deux cas,
les droits de propriétés sur le domaine foncier et sur la
forêt demeurent ceux de l'Etat. Toutefois, les avantages dont
bénéficie la communauté sont définis dans le cadre
du plan simple de gestion concédé ; encore que
« le plan de zonage provisoire des régions forestières
de 1993 a été établi sans la participation [des
populations] » (CERUTTI et TACCONI, 2006). Il est donc difficile de
parler de gestion participative de la biodiversité en
général et des forêts en particulier, à moins que
l'Etat ne repense une redéfinition des conventions d'attribution des
forêts communautaires et des concessions en offrant une place de choix
aux populations locales (autochtones et allogènes) pour une bonne prise
en compte de leurs intérêts et de leurs « droits de
copropriété » du patrimoine forestier national.
L'état ne remplit pas entièrement ses
obligations envers les populations. Par exemple si la RFA était
convenablement reversée et bien gérée, les paysans
exerceraient moins de pressions et poseraient moins de problèmes
(HULEUX, 2007)26(*).
La politique de gestion forestière durable du Cameroun,
basée principalement sur la loi 20 janvier 1994 est complète.
Elle peut à elle seule garantir l'aménagement durable des
forêts, la préservation des intérêts des parties
prenantes dans l'exploitation; bref, au regard du contenu de la loi
forestière, elle peut garantir à peu près à 70 %
une gestion responsable du massif forestier camerounais. Cependant, l'Etat
rencontre de grandes difficultés pour financer le fonctionnement de son
administration forestière, cette dernière est défaillante
et ne peut veiller à l'application de cette loi, les agents,
insuffisants, sont mal formés, moins rémunérés,
corrompus pour certains, et se tiennent trop souvent éloignés du
terrain (BERGONZINI, 2000). Malgré de multitudes reformes et conventions
ratifiées par le gouvernement, l'illégalité et l'anarchie
dans la gestion perdurent, les forêts camerounaises font encore l'objet
de pillage systématique de la part des entreprises forestières
(FAO, 2005). Il existe encore deux grandes catégories d'activités
illégales notamment (i) les coupes illégales (les coupes hors
limites de la zone d'exploitation autorisée, les coupes sans
autorisation, les sous-traitances de l'exploitation de coupe, les coupes
d'arbres aux diamètres inférieurs aux DME, le non respect des
restrictions locales (ex. coupe de moabis dans un rayon de 5 km d'un village))
et (ii) les fausses déclarations (le volume de bois non
déclaré a été récemment estimé
à 1/3 de la production totale27(*)...)
Cette persistance de l'illégalité entretient des
conséquences graves telles que la déforestation et la
dégradation environnementale, la rareté de revenus financiers
dans les services publics, les conflits entre acteurs et la disparition des
fonctions sociales dont bénéficient les populations riveraines et
les employés. Il serait important de repenser un mécanisme
correctif plus contraignant pouvant créer des nouveaux marchés
pour assurer la conservation de la biodiversité. La certification
forestière répondrait à ces exigences, non seulement, en
conservant à la fois une dimension locale (garantie des
intérêts des parties prenantes et de la pérennité
des ressources pour les générations futures), et une dimension
globale (fonctions écologiques contre le réchauffement
planétaire et le maintien du climax), mais aussi, en assurant une
viabilité économique des entreprises.
Section II :
Certification forestière au Cameroun
Les limites des lois et règlements cités
ci-dessus peuvent justifier le fondement de la certification forestière
au Cameroun. Dans cette section Nous abordons en tout d'abord son cadre
conceptuel (II.1.), et ensuite, son évolution au Cameroun (II.2)
II.1. : cadre conceptuel de la certification
La compréhension du cadre conceptuel de la
certification forestière nécessite de passer en revue son origine
et quelques définitions importantes, d'en présenter quelques
systèmes, tout en insistant sur le système adapté au
Bassin du Congo.
II.1.1. Origine, définitions et systèmes
de certification forestière
a) Origine
La raison historique de l'éco-certification est la
réaction à la dégradation des forêts tropicales.
Sous l'impulsion du sommet de la terre en 1992, la certification
prononcée pour la première fois par l'UICN28(*), naît pour être
une alternative constructive au mouvement de boycott des bois tropicaux
prôné par certaines ONG environnementalistes (Greenpeace,
Rainforest Alliance, les Amis de la Terre et certaines antennes nationales du
WWF) au début des années 90 avec pour objectif d'interdire
l'acquisition des produits forestiers provenant du Sud. L'impact de ce boycott
sur l'évolution de la ressource forestière ayant
été faible et jugé incertain, voire contre-productif par
ses promoteurs du fait de la reconversion de terres pour de nouvelles
activités entre autre agriculteurs, éleveurs, mineurs, etc.
(KARSENTY et BUTTOUD, 2001), il fut abandonné au profit de la
certification dans un but d'apporter un avantage commercial au bois provenant
de forêts gérées de façon durable et soutenir par
là même la consommation de ces produits.
b) Définitions de la certification
De façon générale, la certification peut
être définie comme un processus partant d'une vérification
indépendante et neutre jusqu'à la délivrance d'un label ou
certificat de bonne pratique qui atteste qu'un produit ou un service est
conforme à une référence pouvant être soit une
norme, un agrément, un règlement particulier ou un standard de
qualité donnée. Aujourd'hui, il existe quatre types de
certificats en rapport avec la gestion forestière qui sont :
les certificats de légalité, les certificats de
traçabilité, l'attestation de conformité et les
certificats de gestion forestière.
i) Les certificats de légalité.
Ce sont des certificats qui visent le respect de la loi,
ainsi, tout produit bénéficiant de ce certificat, est
attesté conforme à toutes les lois et réglementations en
vigueur depuis l'obtention de la forêt jusqu'à l'exportation en
passant par l'exploitation, les transformations et le transport. Ils attestent
de l'origine légale du bois. De nos jours, ces certificats sont
délivrés par trois structures (voir tableau 1.2)
Tableau 1.2 : Quelques types de certificats
délivrés
|
Structures
|
certificats
|
Le Bureau Veritas (BVQI-Eurocertifor)
|
OLB (Origine Légale du Bois)
|
La SGS (Société Générale de
Surveillance
|
TLTV
|
Gouvernements nationaux-UE
|
FLEGT
|
Source : construit par l'auteur
|
|
ii) Les certificats de la chaîne de
traçabilité.
Selon l'International Standard Organisation (ISO), la
traçabilité se définit comme « l'aptitude
à retrouver l'historique, l'utilisation, ou la localisation d'un article
ou d'une activité au moyen d'une identification enregistrée. Elle
permet de suivre et donc de retrouver un produit depuis sa création
jusqu'à sa destruction ». Ce typr de certificat est important
après certification d'une forêt. Il permet ainsi de
vérifier la filière des produits issus des forêts
certifiés pour prouver qu'ils n'ont pas été
mêlés aux produits d'autres origines. Il est délivré
par le FSC.
iii) Les attestations de conformité.
Cette attestation informe sur la conformité
réglementaire et administrative des activités des
sociétés d'exploitation forestières en Afrique centrale
ainsi que leur degré d'engagement dans le processus de GDF qui leurs
sont concédées. Le projet FORCOMS (Forest Concession Monitory
System for Central Africa) tient lieu de cette attestation. Il est mis sur pied
par une initiative conjointe IFIA-UICN-WRI et est présenté comme
outil fédérateur des autres initiatives qui attestent la
conformité.
iv) Le certificat de gestion forestière
La certification forestière, comme les variantes
citées ci-dessus est un instrument de marché (volontaire aux
entreprises et exigé uniquement par les clients). Elle vise à
promouvoir un aménagement forestier durable en fonction des facteurs
environnementaux, économiques et sociaux. Ce mécanisme a pour
objectif, d'assurer aux acheteurs de produits à base de bois que ce
dernier est issu de forêts gérées selon le principe de
«durabilité» et donc que leur achat ne contribue ni à
la dégradation ou à la destruction des écosystèmes
forestiers, ni à une éviction des intérêts
socioéconomiques des populations à la rive de forêts et des
employés.
C'est un instrument qui est destiné à garantir
une gestion durable des forêts, une gestion qui soit compatible aux six
critères adoptés à la conférence de Helsinki en
199329(*) notamment le
maintient des capacités de production biologique, le maintien du bon
état sanitaire, la satisfaction de la fonction de production du bois, le
respect de la diversité biologique, la protection du sol et des eaux et
le maintien des autres fonctions de la forêt (expériences
récréatives, paysage, ...). Il repose sur l'hypothèse de
l'existence d'une liaison entre le commerce des produits à base de bois
et l'état d'un écosystème forestier. Ce lien peut se
décomposer en trois éléments notamment : une
sensibilité des consommateurs aux conditions de l'exploitation
forestière, une interaction entre l'exploitation forestière et
l'état de l'écosystème, des règles de droit
adéquates dans les mécanismes commerciaux. Notre étude est
focalisée sur cette dernière variante.
c) Les principaux systèmes crédibles de
certification forestière
Plusieurs systèmes de certification se sont
établis dans le monde selon la réalité de
différents modes de gestion et de nos jours il est important de
s'attarder sur les systèmes qui répondent à un certain
nombre de critères de crédibilité qui peuvent
être l'existence des normes régionales,
l'indépendance, la transparence, la fiabilité et la
neutralité dans la vérification et la certification, la prise en
compte de la chaîne de traçabilité, une reconnaissance
internationale et un certain nombre d'exigences et performances remarquables. A
ce titre, nous pouvons citer :
- le FSC entendu Forest Stewardship Council30(*), (INTERNATIONAL);
|
|
- le SFI entendu Sustainable Forest Initiative31(*), (USA) ;
|
|
- le PEFC entendu Program for Endorsement of Forest
Certification Schemes32(*), (EUROPE);
|
|
- le CSA entendu Canadian Standard Association33(*), (CANADA) ;
|
|
- la ATFS American Tree Farm System34(*), (USA);
|
|
- le PAFC, entendu Pan African Forest Certification35(*), (AFRIQUE) ;
|
|
- l'ISO : International Organisation for
Standardization36(*),
(INTERNATIONAL) ;
|
|
- la Keurhout : Fondation Keurhout, (PAYS BAS) ;
|
|
- la LEI, Lembaga Ekolabel Indonesia (INDONESIE);
|
|
- la MTCC Malaysian Timber Certification Council,
(MALAISIE) ;
|
|
II.1.2. Schéma de certification
forestière adoptés dans le Bassin du Congo
De tous les systèmes cités au paragraphe
précédent, seul le FSC, le PAFC, et la ISO sont adoptés
dans le bassin du Congo37(*).
Cependant, le système FSC est actuellement le leader de la certification
avec plus de surfaces certifiées. Au Cameroun, le seul système
qui certifie les forêts est le FSC avec un peu plus de 800 000
hectares de forêts certifiées contre zéro pour les autres
systèmes.
a) Le système de certification adopté au
Cameroun : le FSC
Le Forest Stewardship Council (FSC, Conseil de gestion
responsable des forêts) fut le premier système international de
certification forestière à être mis en pratique. Il est
fondé en 1993 sous l'impulsion du WWF appuyé par Greenpeace et
les Amis de la Terre. Il est domicilié à Oaxaca au Mexique et
regroupe des membres qui représentent diverses catégories
socioprofessionnelles : représentants de 25 pays, forestiers, peuples
indigènes, des organismes certificateurs, opérateurs
économiques (industries et commerce du bois), ONG de défense de
l'environnement et des droits de l'Homme, organisations syndicales, etc. Afin
de permettre une évaluation objective de la gestion forestière,
le FSC a édité une série de normes (10 principes, 60
critères et des indicateurs) portant sur le respect des lois, le
régime foncier, les droits des populations autochtones, les incidences
environnementales, le plan d'aménagement, etc....
La démarche de certification FSC comporte plusieurs
étapes :
Fig. 1.1 : Schéma de certification FSC
|
|
Source : construit par l'auteur.
|
Sous la pression du marché (clients), l'entreprise
sollicite un système de certification tel que le FSC ;
le FSC à son tour accrédite un organisme
certificateur qui fait un pré-audit pour connaître le niveau de
l'entreprise par rapport au référentiel ;
ensuite, il y a un audit intermédiaire ou final suivant
qu'il y a encore des anomalies ou pas ;
ensuite, le certificateur peut délivrer le certificat
au cas où tous les PCI sont respectés. Si non, l'entreprise
reçoit une demande d'action corrective DAC qui peut être mineure
pour des infractions à faible impact, majeure pour des incorrections
à fort impact ;
Enfin, il ya une évaluation de la chaîne de
traçabilité pour veiller au contrôle et au suivi des
produits certifiés jusqu'au client final.
1
2
3
4
5
b) Caractéristiques principales du système de
certification FSC
Le système de certification FSC exige l'existence d'un
cahier des charges, qui fixe une norme de gestion et de critères
d'évaluation des performances ; et dans lequel les organes
certificateurs accrédités reposent en plus des audits, pour
assurer la vérification de la conformité. Le FSC est
communément qualifié de performant du fait des exigences de sa
norme consignée dans un document appelé référentiel
de gestion forestière adapté pour le Cameroun.
La norme du FSC repose sur 10 principes, qui sont ensuite
déclinés par des initiatives nationales en standards
nationaux/locaux de performance. Ces structures nationales, comme
l'organisation internationale, sont composées de trois chambres
représentant les intérêts économiques,
environnementaux et sociaux de l'aménagement forestier. Aujourd'hui, le
Cameroun abrite la chambre sociale. La norme FSC prend en compte la loi N°
94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et
de la pêche ainsi que les PCI nationaux de GDF définis à
partir des PCI OAB/OIBT. La rigueur méthodologique de ce système
et la complexité des PCI permettraient de garantir une exploitation
responsable des forêts, qui respecte des droits des peuples autochtones
et des employés en préservant une bonne qualité de
l'environnement. Les 10 Principes du FSC sont les suivants :
1- Respect des lois et des principes du FSC.
|
6- Incidence environnementale
|
2- Droits de propriété et d'usage et
responsabilités.
|
7- Plan d'aménagement.
|
3- Droits des populations autochtones.
|
8- Suivi et évaluation.
|
4- Relations communautaires et droits des travailleurs.
|
9- Protection des forêts remarquables.
|
5- Avantages offerts par la forêt.
|
10- Plantations.
|
La Certification est donnée par un tiers
indépendant accrédité. Actuellement, ils sont au nombre de
4. Nous pouvons citer le Bureau Veritas, l'ICILIA, SGS et Smartwood. Seuls
ICILIA et Bureau Veritas ont aujourd'hui délivré des certificats
au Cameroun. SGS a tout de même délivré des certificats de
légalité. Et Smartwood a réalisé déjà
l'audit de certification courant Avril-Mai 2009 chez la compagnie
« SFIL » Groupe Delconvenaere Cameroun (GDC). Le certificat
dès qu'obtenu, est valable pour 5ans et les audits de
vérification pour le maintien sont effectués chaque année.
Ce système exigeant bénéficie de la mise en place de
réseaux et de lobbies d'acheteurs
II.2. : Evolution de la certification
forestière au Cameroun
Si la certification forestière a connus une application
difficile dans le Bassin du Congo et au Cameroun en particulier, cela serait du
à un certain nombre de contraintes spécifiques. Aujourd'hui, il y
existe tout de même un niveau de certification.
II.2.1 : Application difficile de la certification
forestière
Le groupe national de travail au Cameroun comme
partout dans le Bassin du Congo a beaucoup contribué aux
premières expériences de la certification (a). Ce qui a
été une opération très difficile du fait de
l'existence de certaines contraintes liées à la
spécificité des pays du Bassin du Congo (b).
a) Le Groupe National de Travail (GNT) et les
premières expériences de la certification
Suite à la réticence des sociétés
forestières depuis la fin des années, la certification de la
durabilité forestière se fait ressentir dans le bassin du Congo
en 1996 avec une bataille accentuée de plusieurs organismes comme l'OAB,
l'OIBT, le WWF ou le CIFOR qui en ont fait un enjeu stratégique. La
stratégie a consisté de mettre sur pied des Groupes Nationaux de
Travail (GNT). Le GNT est un comité constitué des
représentants du gouvernement, des ONG, des sociétés
forestières, des communautés locales, scientifiques et
universitaires. Ce GNT marque le début de la certification
forestière au Cameroun en1996 avec pour missions de sensibiliser les
acteurs de la gestion forestière sur la problématique de la
gestion durable, de mettre en place des normes de mesure de gestion durable
adaptées au contexte camerounais et de réaliser des
pré-audits de certification. Un projet de normes nationales
constituées sur la base d'une combinaison des principes et
critères de GDF, des directives de l'OIBT et des principes et
critères de l'OAB ont effectivement été
élaborés. Des tests ont été effectués sur le
terrain sous la houlette du CIFOR et ces normes ont été
adaptées bien qu'il y ait eu des critiques et des remises en question
quant-à l'adaptabilité de ces PCI aux réalités
nationales. Un atelier s'est tenu en fin février 2002 pour valider le
projet de normes nationales de certification par rapport aux critères
GDF et OAB/OIBT. Certains aspects des normes nationales ont été
modifiés pour les rendre compatibles avec celles de GDF et OAB/OIBT
Les réalités de la certification
diffèrent suivant que l'on se trouve en Afrique, en Europe et en
Amérique du Sud du fait de dissemblances des réglementations
nationales. Les contraintes sont aussi propres à chaque
sous-région.
b) Les contraintes majeures liées à la mise en
oeuvre de la certification
- Comme première contrainte, nous pouvons citer un
coût élevé lié à l'aménagement
forestier détaillé suivant les codes forestiers tels que
instaurés dans l'ensemble des pays du bassin du Congo dans les
années 1990-2000 comparativement à l'aménagement dans
d'autres pays (Brésil) qui se fait par superficie, ce coût
explique aussi la réticence des entreprises qui préfèrent
rester dans le système rentier de gestion forestière peu
respectueux des exigences sociales et environnementales, insuffisance
d'informations sur le processus de certification, non-assurance sur la valeur
ajoutée de la certification forestière (KOUNA ELOUNDOU,
2006 ;DELVINGT et BOURGUIGNON, 2009)38(*) ;
- comme autre contrainte, il y a le problème
d'adaptation des normes du moment où les audits ne sont possibles que
sur la base de référentiels développés
spécifiquement par les bureaux accrédités à partir
de référentiels internationaux ou sous-régionaux. Cela
complique le travail d'audit et entraîne, pour les sociétés
forestières auditées, la crainte de se voir jaugées selon
des normes peu claires et variables d'un bureau accrédité
à l'autre.
- En théorie, comme en pratique, la déconnexion
est donc réelle entre les Critères et Indicateurs établis
par les grandes institutions et les besoins des populations rurales. Il en
résulte un impact très marginal des forêts
certifiées sur le développement local (EBA'A ATYI et SIMULA,
2002). Et, réciproquement, la faible implication des communautés
dans la gestion;
- le secteur privé marque peu d'intérêt
pour la certification. Les concessionnaires s'attellent plutôt à
l'élaboration des plans de gestion qui leur permettraient d'être
assurés de pouvoir conserver leurs concessions. Et la
société civile a de la peine à intégrer ce
concept ;
- un climat de désinformation, d'incompétence,
de méfiance voire de résistance avec pour principale raison :
l'échec de la première expérience de certification en 1996
au Gabon
II.2.2 : Etat des lieux des entités
forestières certifiées
Les premières démarches en vue de la
certification forestière au Cameroun ont démarré
effectivement en 2005, date où une entreprise (la néerlandaise
Wijma) a obtenu le tout premier certificat FSC de gestion forestière
durable pour l'une de ses unités forestières d'aménagement
(UFA) dans le bassin du Congo. Durant la période d'absence du FSC en
Afrique centrale, d'autres systèmes de certification (ISO 14001,
Keurhout hollandais) ont essayé d'investir le terrain et ont pu
délivrer des certificats attestant de la qualité de la gestion
environnementale des entreprises ainsi que de la durabilité de la
gestion forestière et de l'origine légale du bois produits par
ces entreprises. Ainsi, le système hollandais Keurhout a
été appliqué au Gabon et au Congo entre 2001 et 2002 par 4
sociétés d'exploitation forestière (CEB Thanry, CIB, Leroy
Gabon, Rougier). Le choix de ce système hollandais semble
justifié par la flexibilité de ses procédures et les
débouchés offerts par le marché hollandais (VANDENHATE et
HEUSE, 2006). La fondation Keurhout a été restructurée
après 2001 et fonctionne depuis 2004 sous les auspices de la
Fédération Hollandaise du Commerce du Bois (VVNH), sans
l'administration hollandaise qui s'en est retirée. Ces changements ont
entrainé l'affaiblissement du système Keurhout et ont conduit
à sa remise en cause par les 4 sociétés qui avaient obtenu
son certificat en Afrique centrale. Les trois sociétés
(françaises) implantées au Gabon sollicitaient le certificat ISO
tandis que la société CIB implantée au Congo
quant-à elle, demandait le certificat FSC (KOUNA ELOUNDOU et al
2008).
Tableau 1.3 : Démarches de
certification forestière au Cameroun
|
Compagnies/Groupes
|
|
Années
|
Systèmes
|
Delconvenaere
|
|
2005
|
Pré-audit FSC
|
OLB
|
Pallisco
|
|
2005
|
Pré-audit FSC (Février)
|
Audit FSC (novembre 27)
|
SEFAC
|
|
2006
|
Pré-audit FSC
|
OLB
|
Transformation reef Cameroon
|
|
2005
|
Pré-audit FSC
|
OLB
|
Wijma (UFA 09 021)
|
|
2005
|
Certificat FSC
|
Source : VANDERHAUTE et HEUSE (2006),
MINEFEPPN-Gabon (2006)
|
L'obtention du certificat FSC par la Wijma en 2005 marque les
premiers pas effectifs de la normalisation du secteur forestier camerounais
(Voir tableau 1.3). Avant la fin de cette année, la
démarche de certification aura essayé d'avancer.
De l'année 2005 jusqu'en 2008, il est important de
marquer l'engagement d'un certain nombre d'entreprises à la gestion
responsable des forêts (GRF) la Wijma étend ses surfaces
certifiées d'une UFA en 2007. Elle est suivie dans cette lancée
par la SEFAC qui parvient à certifier 314655 Hectares de forêt
équivalente à quatre UFA sur cinq dont elle est
concessionnaire ; ensuite, la TRC qui parvient à certifier une de
ses quatre UFA située en zone montagneuse et très critique. Ce
vent de changement de culture d'entreprise vers une gestion forestière
« plus verte » est enfin marqué par un engagement
louable de la société PALLISCO (le groupe PASQUET) qui est
parvenu à certifier la totalité de ces UFA ainsi que celles de
tous ses partenaires (ASSEMBE NKOU et SODETRACAM).
Tableau 1.4 : Etat actuel de la certification
forestière au Cameroun
|
Entreprises
|
WIJMA
|
WIJMA
|
SEFAC
|
TRC
|
PALLISCO
|
|
UFA
|
aire
(en ha)
|
UFA
|
aire
(en ha)
|
UFA
|
aire
(en ha)
|
UFA
|
aire
(en ha)
|
UFA
|
aire
(en ha)
|
|
09 021
|
41 965
|
09 024
|
55 078
|
10 009
|
88 796
|
10 004
|
125 490
|
10 030
|
76 850
|
|
|
|
|
|
10 008
|
60 053
|
|
|
10 031
|
41 202
|
|
|
|
|
|
10 010
|
61 760
|
|
|
10 039
|
47 585
|
|
|
|
|
|
10 064
|
104 046
|
|
|
10 041
|
64 961
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10 042
|
44 249
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10 044
|
66 861
|
aire hectare
|
97 043
|
314 655
|
125 490
|
341 708
|
Nbre d'UFA
|
2/8
|
4/5
|
1/4
|
6/6
|
Dates
|
08-02-2005
|
03-07-2007
|
20-09-2007
|
12-02-2008
|
09-10-2008
|
Source : construit par l'auteur,
séminaire « réflexions sur la certification dans le
BC », Douala, 27/02/2009.
|
Ce qui fait un total de six UFA sur six pour cette entreprise
couvrant une superficie totale de 341.708 Hectares suivant le tableau
1.4. Toutefois, il est important de rappeler la bataille de plusieurs
autres entreprises pour passer du statut de « coupeurs de bois
à celui de gestionnaires forestiers responsables ». A ce juste
titre, nous pouvons citer le groupe Alpi (ALPICAM, et GRUMCAM), qui a presque
obtenu l'OLB, le groupe Rougier Cameroun, le Groupe Delconvenaere Cameroun
(GDC), qui actuellement a reçu avec beaucoup de succès son audit
de certification dans la période du 20 au 30 avril 2009.
Avec ces chiffres, le Cameroun occupe la troisième
position dans la certification forestière FSC dans le Bassin du Congo
avec plus de sociétés engagées, plus d'UFA et plus de
surfaces certifiées après le Congo et le Gabon (voir tableau
1.5)
Tableau 1.5 : situation de la certification
forestière dans le Bassin du Congo
|
PAYS
|
ENTREPRISES
|
Nombre d'UFA
|
surface certifiée (Ha)
|
Gabon
|
CEB (2 UFA), Rougier Gabon (3 UFA)
|
5
|
1 304 900
|
Cameroun
|
Wijma (2 UFA), TRC (1 UFA), SEFAC (4 UFA), PALLISCO (6 UFA)
|
13
|
878 896
|
Congo
|
CIB/DLH (2 UFA)
|
2
|
1 908 843
|
Source : construit par l'auteur,
séminaire « réflexions sur la certification dans le
BC », Douala, 27/02/2009
|
La situation ainsi présentée traduit une
avancée de la certification dans le bassin du Congo et au Cameroun en
particulier. Cependant, cette avancée peut tout de même être
qualifiée de faible. Seulement 4 sociétés sur une
trentaine environ sont parvenues à la certification pour un total de 13
UFA sur un peu plus de 90 attribuées. En termes de superficie, ça
fait seulement 880 000 ha sur un peu plus de 12 000 000 d'ha de
forêts de production. Globalement, on obtient près de
3 000 000 d'Ha sur plus de 180 000 000 (HAKIZUMWAMI, 2009)
d'ha dans le bassin du Congo.
La certification forestière, en se répandant
comme une norme de qualité attestant de la gestion durable des
forêts reste d'un intérêt notable pour les forêts
tropicales et le bassin du Congo en particulier. Les producteurs,
transformateurs et vendeurs de bois sont de plus en plus appelés
à se conformer à la certification afin de mieux commercialiser
leurs produits sur les marchés internationaux. Les gouvernements sont
aussi appelés à la promouvoir pour plusieurs raisons dont la
création des facilités en matière de respect de la loi
forestière et de toutes les autres initiatives réglementaires
nationales ou régionales, la reconquête des parts de
marchés et de l'image de marque du pays lui même perdues depuis le
mouvement de boycott écologique des années 80. Elle contribuerait
aussi fortement à la réduction de la pression de
l'activité de l'homme sur le stock de capital naturelle, en interpelant
la communauté internationale pour plus de combat. Cependant, elle
connait beaucoup de contraintes liées à la fois au contexte mais
aussi communes au caractère exigent du FSC, qui d'ailleurs participe
à forger sont caractère performant. Toutefois, la
nécessité de mettre en oeuvre une gestion des forêts qui
assure une responsabilité sociale dans une logique intra et inter
générationnelle, une adéquation environnementale ainsi
que la viabilité commerciale devraient être une raison dominante
pour la promotion de cet instrument qui, suivant qu'il est bâti, va
au-delà des règles nationales de gestion forestière. Dans
une optique de parfaire ses objectifs, le système de certification FSC
présente quelques nouveaux défis pour les prochaines batailles.
Nous pouvons citer la problématique des peuples dits `'autochtones'' et
le défi de leur plus grande accessibilité aux ressources et
retombées de la certification ; les aspects de
crédibilité de la certification qui impliquent la revue et
l'amélioration des standards, notamment ceux concernant le bassin du
Congo ; l'importance à accorder davantage aux réseaux et
Initiatives Nationales (IN) au sein de l'organisation FSC, notamment avec plus
de places dans le Conseil d'Administration, la création de
marchés nationaux des produits certifiés. Ainsi que la revue du
coût de la certification (WAACK S. R., 2009)39(*).
Conclusion
L'objectif de ce chapitre était de présenter les
instruments de gestion durable des forêts au Cameroun. Pour y parvenir,
il a été important d'une part, de revenir sur l'ensemble des
réformes nationales ainsi que les initiatives internationales auxquelles
le Cameroun a pris part. D'autre part, il a été nécessaire
de présenter la certification et sa mise en place au Cameroun.
Pour ce qui est des reformes, la loi N° 94/01 du 20
janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la
pêche constitue le pilier essentiel de la politique de gestion
forestière durable du Cameroun. Cette loi peut à elle seule
garantir l'aménagement durable des forêts, la préservation
des intérêts des parties prenantes dans l'exploitation. Au vu de
son contenu, elle constitue «un outil juridique remarquable pour limiter
l'exploitation anarchique du bois » capable d'atténuer
« les effets des politiques libérales du Fonds
monétaire international (FMI) et de la banque mondiales qui ont conduits
à force de privatisation à déposséder l'Etat
Camerounais de toute emprise sur son patrimoine forestier » (ANONYME,
2003)40(*). Ces reformes
ont eu un apport remarquable en matière d'aménagement,
d'industrialisation du secteur et décentralisation pour une inclusion
des populations pour une gestion participative des ressources. Cependant,
L'Etat rencontre de grandes difficultés pour financer le fonctionnement
de son administration forestière, cette dernière est
défaillante et ne peut veiller à l'application de cette loi, les
agents, dont l'effectif est insuffisant, n'ont pas toujours une formation
complete, ne sont bas assez motivés, corrompus pour certains, et se
tiennent ou sont tenus, trop souvent éloignés du terrain
(BERGONZINI, 2000) ; ce qui annihile voire supprime le pouvoir de
monitoring de l'activité d'exploitation forestière. La
perpétuité des pratiques illicites, irresponsables et non
durables des forêts malgré de multitudes efforts du gouvernement a
montré les limites des plans d'aménagement approuvés et
révèle une nécessiter de recourir à la
certification forestière qui est un instrument complémentaire.
Pour ce qui est de la certification entendue comme instrument
de marché pour une gestion durable des forêts, son application en
Afrique centrale et au Cameroun en particulier reste laborieuse (KOUNA ELOUNDOU
et al, 2008) du fait de la spécificité du Bassin du Congo et de
ses exigences liées à sa performance, toutefois, on note une
progression bien que jugeable de faible par rapport aux surfaces totales
certifiées.
Chapitre II :
Justification théorique et relations entre certification
forestière et performances socio économiques
Introduction
L'objectif majeur de la certification forestière est de
garantir une conformité entre les activités d'exploitation
forestière et la préservation de l'équité sociale,
des fonctions environnementales, écologiques et la conservation de la
biodiversité.
Dans ce travail de recherche, nous examinerons l'impact de la
certification forestière sur les performances socioéconomiques
des entreprises du secteur au Cameroun. Ce chapitre se fixe pour objectif de
donner une justification théorique à la certification
forestière et de construire les relations théoriques entre cette
certification et les performances socio-économiques.
Pour y parvenir, il sera tout d'abord question de revenir sur
les débats traditionnels d'une part entre utilitaristes et
conversationnistes et d'autre part une approche commerciale et une approche
institutionnelle (SECTION I) ; et ensuite, de présenter les
relations théoriques entre certification forestière et
performance socio économique à partir de la théorie de
l'agence (Pour l'aspect socio économique) et le Modèle S-C-P
(Pour l'aspect performances économiques).
Section I :
Justification théorique de la certification
La problématique de conservations et de valorisation
in situ41(*) et
ex situ42(*) de
la biodiversité génère de vifs débats entre d'une
part les tenants de la théorie du commerce international de RICARDO
(l'école néoclassique et classique (EC)) qui ont une approche
utilitariste et éconocentriste et d'autre part ceux du mythe de
« l'or vert » ou encore les conversationnistes qui
matérialisent la montée en force des mouvements environnementaux
(avec l'adoption de multiples Conventions internationales). Il peut aussi
laisser voir une opposition d'une approche commerciale à une approche
institutionnelle autour des «...trois dimensions de la
soutenabilité (environnementale, économique et sociale) dans une
dialectique qui constitue l'essentiel des débats actuels sur l'impact
des activités humaines sur l'habitat naturel et social »
(NJOMGANG, 2005).
I.1: L'école néoclassique et
classique (EC): Soutenabilité faible et approche commerciale
L'attitude de cette école est dominée par
l'efficience économique. Le marché est l'instrument
régulateur de l'exploitation des ressources. Il laisse ainsi le champ
libre à une exploitation des ressources naturelles et de l'environnement
sans souci de préserver une équité intra et inter
générationnelle. Cette exploitation est fortement soutenue par
les théories du commerce international de RICARDO.
I.1.1 : Soutenabilité faible ou
économique : une dominance de l'approche utilitariste
La soutenabilité faible est le paradigme de
l'école néoclassique et classique (EC). Elle stipule que le stock
de capital soit constant, indépendamment du capital naturel. Ainsi, on
n'accorde aux biens naturels que la valeur des services qu'ils rendent et non
une valeur d'existence. Les produits forestiers ligneux sont ainsi
évalués à leur valeur d'usage (valeur d'échange).
Cette valeur intègre l'ensemble des coûts de production, de
transactions, ainsi que la marge bénéficiaire de l'exploitant (le
prix de vente). Econocentriste ou utilitariste restent essentiels et
incontournables dans cette étude. La valeur économique des
plantes est beaucoup plus évaluée au plan quantitatif. Cette
valeur est assimilable à la fonction utilitaire attribuée
à la biodiversité (METRICK et WEITZMAN, 1998). Nous rapprochons
ces usances à la première loi de la thermodynamique basée
sur l'équation quantitative d'Einstein selon laquelle, la
quantité d'énergie (fournie directement ou indirectement par le
Soleil) présente dans l'univers est constante. L'énergie n'est
donc ni créée ni détruite ; elle est seulement
transformée en une forme ou en une autre (chaleur, lumière ou
énergie mécanique), et donc intégralement conservée
à travers tout le processus de transformation (principe de la balance
matière). C'est la loi de la conservation de la matière (masse et
énergie) de LAVOISIER. Ce rapprochement détermine le comportement
de tout exploitant forestier qui privilégie sa rentabilité au
prix d'une exploitation sans discrimination des ressources. Le capitalisme et
l'utilitarisme purs priment sur des préoccupations sociétales.
Cette approche reste fortement compatible avec la théorie de
libéralisation des échanges de RICARDO.
1.1.2 : Théories du commerce international
de RICARDO et stock de capital naturel
Cette théorie a été appliquée par
les instances internationales notamment la Banque Mondiale et le Fonds
monétaire international (FMI) pour prôner la
nécessité de valoriser les ressources naturelles dans les pays en
voie développement. Et d'ailleurs, ces instances ont même
conditionné leurs prêts envers les pays du Sud à
l'acceptation de ce mode de développement : « croissance
économique centrée sur l'exploitation des ressources naturelles
et la domination de la nature par la technologie » (BONTEMS et
ROTILLON, 2003). La théorie de RICARDO stipule que chaque pays a
intérêt à se spécialiser dans les activités
qui lui procurent un avantage comparatif. Les pays du Sud détiennent un
avantage en termes de ressources forestières et conformément
à cette théorie, ils devront donc plutôt exporter les
grumes vers les pays du Nord. En effet, la perception des économistes en
matière de commerce international est qu'il existe des gains de
l'échange et cela signifie que lorsque des pays échangent des
biens et services, c'est pour leur bénéfice mutuel (KRUGMAN et
OBSTFELD, 2001). Les pays du Sud doivent donc commercialiser leurs ressources
naturelles avec d'autres pays, notamment les pays industrialisés, pour
pouvoir réaliser des gains. En d'autres termes, la Banque Mondiale
préconisait que « les pays en développement devraient se
spécialiser dans l'exportation de leurs ressources naturelles et/ou des
produits incorporant de la main d'oeuvre, tandis que les pays
industrialisés leur fourniraient de la technologie et des biens
incorporant beaucoup de capital » (BONTEMS et ROTILLON, 2003).
L'OCDE (1994) distingue plusieurs types d'effets du commerce
extérieur sur l'environnement par le biais de la croissance et de la
libéralisation des échanges.
· Les effets d'échelle
Ces effets se réfèrent au niveau
macroéconomique, à l'accroissement de l'activité
économique qui à son tour accroît les pressions sur
l'environnement du fait de l'utilisation accrue des ressources naturelles. Ces
effets d'échelles sont à leur tour renforcés par
l'accroissement de la démographie.
· Les effets de composition
Ces effets sont associés au niveau
microéconomique et structurel par une réaffectation des
ressources productives. Ces effets font référence à la
théorie du commerce international de DAVID Ricardo
développée un peu plus haut. (NORDSTROM et VAUGHAN, 2001). Les
effets concrets de la libéralisation des échanges sur
l'environnement dépendent de la complémentarité ou non
des objectifs du commerce et de la protection de l'environnement. Des
résultats positifs exigent que soient mises en place des politiques
appropriées en faveur du commerce et de l'environnement. (IIDD et PNUE,
2001)
· Les effets technologiques
Ces effets sont liés à la modification des
processus de production du fait du transfert de technologies, avec un danger
de diffusion de technologies polluantes. Ces effets tendent à avoir
moins d'importance dans le bassin du Congo. Ceci s'explique par la faible
industrialisation du secteur bois au Cameroun par rapport aux exportations.
I.2 : l'école de Londres, approche institutionnelle
et conformité du commerce de biodiversité
L'exploitation à des fins utilitaristes et sans
discrimination des ressources forestières telle que prônée
par les courants précédents ne va pas sans laisser des
conséquences même si elle respectait la règle de
compensation de HARTWICK43(*). Le niveau de déforestation alarmant
de la forêt pouvant entraîner une extinction des forêts
tropicales de 1 000 à 10 000 fois élevé que le
taux naturel (COB, 1998) en constitue une des conséquences. Cette menace
touche environ ¼ de la diversité biologique entre 1990 et 2020
(BARDE, 1992) et surtout la fonction écologique qui est primordiale pour
la survie de l'homme. L'attitude de l'école de Londres et de l'approche
institutionnelle est favorable à un souci de conservation d'une base de
ressources naturelles qui puisse éloigner toute idée
d'irréversibilité, la considération éthique intra
et inter générationnelle est prise en compte de manière
équilibrée. La certification forestière dans ses objectifs
de durabilité et de légalité pour une gestion durable des
forêts peut rentrer dans ce deuxième groupe de pensées.
1.2.1 : Soutenabilité forte et valeur
économique totale de la forêt du Bassin du Congo
Loin d'être edenistes et naturaliste dure suivant
l'approche de la transition écologique qui vise une conservation au sens
stricte des ressources naturelles ainsi que le courant de la
« Deap Ecology », David PEARCE du courant
conversationniste de l'école keynésienne énonce une
critique de la soutenabilité faible. Les forêts tropicales et le
capital naturel en général restent un actif spécifique du
fait de la notion d'irréversibilité et de l'instabilité du
système naturel. Il importe de préserver certains
équilibres au non du principe de précaution et garantir
les raisons utilitaristes à long terme. Le marché n'accorde
aucune reconnaissance à la biodiversité et le fait qu'elle
représente une ressource publique difficilement privatisable explique
pourquoi sa conservation tarde autant à faire sa place au sein de notre
société et sous-tendent le conflit perçu entre la
conservation de la biodiversité et le développement
économique (LOREAU et al, 2006). Il faut à ce titre,
penser à une « [...] utilisation des éléments
constitutifs de la diversité biologique d'une manière et à
un rythme qui n'entraînent pas leur appauvrissement à long
terme ». Cette soutenabilité forte, sous-tendue par La seconde
loi de la thermodynamique (loi d'entropie), popularisée en
économie par GEORGESCU-ROEGEN («The Entropy Law and the Economic
Process»)44(*)
rejette l'hypothèse de substituabilité parfaite entre capital
naturel et capital créé par l'homme au profit d'une mise en
conformité du commerce de produits forestiers et de
biodiversité en général. Par conséquent, les
gestionnaires forestiers doivent adopter une rotation forestière
optimale qui assure une reproduction du système suivant la loi de
freinage logistique de VERHULST et sauvegardant ainsi son potentiel
pour satisfaire les besoins et les aspirations des générations
présentes et futures» (CDB, 1998) dans une logique
d'équité intergénérationnelle tout en gardant une
adéquation écologique. Ce paradigme intègre la valeur
intrinsèque de la diversité biologique, la valeur de la
diversité de ses éléments constitutifs sur les plans
environnemental, génétique, social, économique,
scientifique, éducatif, culturel, récréatif et
esthétique
La valorisation de la biodiversité est une question
centrale quand on parle de développement durable. Elle prône
à la fois protection et utilisation durable de l'environnement ; mais
suppose également implications des populations locales dans ces
processus. Valoriser la biodiversité est, entre autres, l'un des
objectifs majeurs de la CDB.
Contrairement à l'école classique et
néoclassique, qui limitent les fonctions des produits des forêts
tropicales à l'équivalent monétaire et aux terres
forestières allouées à l'agriculture, l'école de
Londres étend cette valeur au-delà de la valeur d'usage directe
pour considérer une valeur économique totale pour plusieurs
raisons dont :
· les forêts tropicales sont un abri pour
près de la moitié des espèces existantes (WILSON, 1992),
ainsi que pour plusieurs peuples indigents (PEARCE, 1993) ;
· la perte croissante des forêts due aux
activités humaines a un impact négatif sur la survie de la
diversité des espèces (PEARCE et al, 2001) ;
· toutes les fonctions des forêts tropicales
(environnementales, génétiques, sociales, économiques,
scientifiques, éducatives, culturelles, récréatives,
esthétiques...) restent des fonctions économiques pures car elles
contribuent tôt ou tard, directement ou indirectement à
l'amélioration du bien être des générations
présentes et futures (PEARCE, 1993).
De ces raisons, la valeur économique totale des
forêts tropicales se décompose en une valeur d'usage et en une
valeur de non usage.
Tableau 2.1 : valeur économique
totale
|
Valeur économique
totale
|
Valeur d'usage
(VU)
|
VU (actif direct)
|
Consommation directe (ex meuble), recréation, PFNL,
médecine, habitat, éducation, génétique
|
VU (actif indirect)
|
Facteur de production ex. Pate à papier
|
VU (indirect)
|
Régulation des grands équilibres (fixation du
carbone), micro climat protection des eaux (fonction écologique)
|
Valeur de non
usage ou de
préservation
|
Valeur d'option
|
Valeur d'usage future (directe+indirecte)
|
Valeur de quasi-option
|
|
Valeur d'existence
|
Valeur de legs (espèces symboles menacées),
héritage, pour les générations futures...
|
Valeur intrinsèque (espèces symboles
menacées), pour les générations futures
|
Disponibilité pour les contemporains
|
Source : Monté par l'auteur à
partir de D. PEARCE (1993), P. POINT 2002, FAUCHEUX, (1995)
|
La valeur d'option est une des composantes importantes de la
valeur économique totale telle que définie dans le tableau
2.1. Elle correspond à la valeur d'opportunité. Cette valeur
existe du fait de l'arbitrage entre conservation et conversion des terres
forestières. Cet arbitrage est fondé sur la comparaison entre les
bénéfices de la conservation et son coût
d'opportunité. Le bénéfice de conservation est
généralement inférieur et peu intéressant. Il se
limite généralement au bois de feu et aux PFNL, et à
quelques meubles. Etant donné que certains bénéfices tels
que l'information génétique et la fixation du carbone, la
préservation des sols et des ressources en eau, les effets
microclimatiques et les fonctions de pollinisation, constituent des biens
publics disponibles et accessibles à tous (PANAYOTOU, 1995).
I.2.2 : approches institutionnelles et mise en
conformité du commerce de biodiversité
Traiter de l'approche institutionnelle reviendra à
porter un intérêt à la philosophie de quelques conventions
en faveur de la mise en conformité du commerce de
biodiversité : notamment, la convention sur la diversité
biologique et la convention internationale sur le commerce des espèces
menacées.
a) Convention sur la diversité biologique
(CDB)
La rédaction de la première version de la
Convention sur la diversité biologique a largement été
inspirée par les stratégies mondiales de la conservation de
la biodiversité. Et plus précisément celui de la
régulation du commerce de biodiversité. La
diversité biologique, ou biodiversité, englobe toutes les
espèces vivantes à tous les niveaux, terrestre, marin et
aquatique, et peut être appréhendée d'un point de vue
planétaire, continental, régional ou d'un
écosystème ou de tout milieu naturel en général
(LEGER, 2008). On distingue la diversité des espèces, la
diversité des écosystèmes et la diversité des
gènes. La biodiversité soutient les sociétés
humaines sur les plans écologique, économique, culturel et
spirituel. Cependant, l'activité humaine effectue une pression accrue
sur les milieux naturels, ce qui entraîne la destruction des habitats, la
perte de biodiversité sans précédent (HEYWOOD et IRIONDO,
2003) ainsi que la détérioration accélérée
des écosystèmes. La Convention sur la diversité
biologique est un instrument majeur capable de favoriser et d'orienter les
efforts pour conserver la biodiversité et pour utiliser de façon
durable les ressources biologiques. Depuis le Sommet de la Terre tenu à
Rio de Janeiro, en 1992, plus de 176 États ont ratifié cette
convention internationale, qui vise des objectifs fondamentaux qui
déterminent les trois dimensions du développement durable (la
dimension environnementale - maintenir l'intégrité de
l'environnement; la dimension économique - améliorer
l'efficacité économique; et la dimension sociale - rehausser
l'équité sociale). Ces objectifs sont:
ï la conservation de la diversité biologique, soit
la variété et la variabilité des gènes, des
espèces et des écosystèmes ;
· l'utilisation durable des éléments
constitutifs de la diversité biologique et
ï le partage juste et équitable des avantages
découlant de l'utilisation des ressources génétiques.
(PRESCOTT et al, 2000).
La Convention constitue un véritable levier de mise en
oeuvre du développement durable. Ainsi, les pays signataires acceptent
de poursuivre « un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs »
dans le cadre de la Commission mondiale sur l'environnement et le
développement (Gro Harlem Brundtland, 1987)45(*). La protection des
écosystèmes forestiers n'est donc plus considérée
comme un obstacle au développement, mais au contraire comme une
condition nécessaire à un développement durable. Elle est
basée sur le principe de la souveraineté nationale et invite les
Etats à définir les conditions d'accès et d'usage de
« leurs ressources». Elle reconnaît l'apport des
communautés locales et autochtones en matière de
préservation et d'utilisation durable de la biodiversité.
b) Convention sur le commerce international des
espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction
(CITES)
Créé en 1973, et ratifié en
1975, le CITES est un accord international ayant pour objet la
réglementation et le contrôle du commerce de plus de
30 000 espèces menacées ou des produits que l'on en
tire, dans le but d'en assurer la sauvegarde. À l'occasion de la
Convention de Washington du Programme des Nations Unies pour l'Environnement
(PNUE), elle concerne aujourd'hui quelque 5 000 espèces
animales et 25 000 espèces végétales. Elle est
consacrée aux marchés internationaux des ressources biologiques
(. Distinguer des marchés des bénéfices internationaux
générés par la conservation locale). Son rôle est de
réduire l'incidence du commerce sur la survie d'espèces rares et
menac.es.
Il classe les animaux et les plantes
menacés dont le commerce est interdit ou réglementé en
trois catégories : les Annexes I (l'exploitation
conduirait à la disparition), II (menacées ou non, pour
lesquelles une réglementation stricte de l'exploitation est
indispensable pour assurer leur survie) et III (l'exploitation est
déjà réglementée à l'échelle
nationale dans certains pays membres, et dont la protection demande une
collaboration de toutes les parties de la convention). Le mécanisme de
régulation utilisé par le traité est le système
de permis CITES. Ce système comporte trois dispositions de
base :
o les espèces répertoriées dans l'annexe
I de la convention doivent obtenir un permis d'exportation des autorités
compétentes du pays d'origine, certifiant que l'exportation ne sera pas
préjudiciable à l'espèce
considérée ;
o le pays importateur de son côté a l'obligation
de veiller à ce que chaque spécimen soit accompagné de ce
permis, et de certifier par un permis d'importation que l'espèce ne
servira pas à des fins marchandes ;
o le permis d'importer tient lieu de certification qui vise
à reconstituer la traçabilité de l'espèce
considérée. La certification doit répondre
à trois critères de flexibilité, notamment,
l'éligibilité, la conformité, et
l'efficacité.
En définitive, la certification émerge de
multiples débats autour des modes d'utilisation des ressources
naturelles et des préjudices conséquents. Elle cadre avec le
courant conversationniste et l'école keynésienne de la
« deap ecology » de David PEARCE en garantissant
une valorisation des ressources forestières au delà de la valeur
monétaire et de la valeur d'usage. La certification internalise les
dommages potentiels d'une exploitation forestière suivant l'approche
utilitariste, garantit un minimum de valeurs sociales et environnementales.
Section II: Relation entre
certification forestière et performances socioéconomiques des
entreprises
Pour parvenir à ressortir les relations qui existent
entre la certification et la performance socioéconomique des entreprises
du secteur, il est plus aisé d'aborder tout d'abord le lien entre
certification et efficacité sociale (II.1), et ensuite, le lien entre
certification et performance financière (II.2). Pour se faire, nous
avons fait recours à la théorie de l'agence pour le premier lien,
et ensuite au Modèle S-C-P (Structure-Comportement-Performance) pour le
second lien.
II.1. : Certification forestière et
efficacité sociale des entreprises : le modèle d'agence
La principale question que nous soulevons ici concerne
l'amélioration de l'intérêt social dans ce secteur avec
l'avènement de la certification forestière. Afin de mieux aborder
la responsabilité sociale des gestionnaires forestiers, une option est
de présenter d'abord les parties prenantes dans l'activité
d'exploitation forestière ainsi que leurs intérêts. Les
parties prenantes constituent l'ensemble des agents qui affectent de loin ou de
prêt l'activité d'exploitation forestière. Ils ont des
droits ou des intérêts dans le secteur. La théorie des
parties prenantes (Stakeholders theory) évoque les relations
économiques, environnementales et sociales/sociétales que
l'entreprise entretient avec le reste des acteurs46(*)
II.1.1: Intérêts socioéconomiques
des Stakeholders et Problèmes d'agence
La forêt produit un certain nombre de fonctions qui
tiennent lieu des intérêts des parties prenantes. Cependant, ces
intérêts ne sont pas toujours accessibles aux ayants droits.
a) Intérêts des parties prenantes
La forêt tropicale est, par excellence, multi-usage et
multi -acteur. (LESCUYER, KARSENTY, EBA'A ATYI, 2008). La gestion durable doit
prendre en compte les intérêts de ces acteurs en interaction dont
les employés, les populations allogènes et autochtones, l'Etat,
les consultants, les ONG, la communauté internationale, les
religieux,... Dans le cadre de notre étude, nous feront une restriction
à quelques parties prenantes dont, les gestionnaires, les
employés, les populations riveraines, l'Etat et les clients. Dans une
perspective économique, le problème forestier au Cameroun
rapproche trois groupes d'intérêts sur lesquels nous insisterons
davantage: les exploitants, les employés et les communautés
villageoises. L'Etat et les bailleurs de fonds interviennent dans ce rapport
à travers la mise en place d'un régime susceptible de garantir
une jouissance à long terme de ce patrimoine naturel (MBOUS, 2003). Dans
cette étude, nous considérons la population comme
« copropriétaires de la forêt » avec
l'Etat, ce qui est acceptable du point de vue sociologique et non acceptable du
point de vue du droit positif. Dans le tableau 2.2, nous
présentons quelques parties prenantes et leurs intérêts.
Tableau 2.2 : Présentation des
intérêts des parties prenantes
|
Parties Prenantes
|
Intérêts
|
Caractéristiques et circonstances
|
Les Gestionnaires de forêts
|
· Maximisation du profit, plus value
absolue,
|
· pouvoir financier, Comportement opportuniste.
Compétences,
· informations clés,
· Influences élevées sur
l'intérêt des autres acteurs
· savoir particuliers
|
Les Employés
|
· Emploi
· Sécurité de l'emploi
· Salaire et condition du travail,
· Santé,
· Sécurité sociale
· Formation
· Epanouissement
|
· Faible pouvoir à garantir ses
intérêts
· Toutefois, peuvent jouer sur la
productivité de l'entreprise
|
L'Etat
|
· Intérêts de la nation,
pérennité de la ressource pour les Générations
présentes et futures.
· . Contribution à la croissance
économique (PIB)
· Garant de création de richesses, du
bien être des populations, et de création d emplois
|
· Dispositifs réglementaires
potentiellement performants pour assurer ses intérêts, mais
· Contraintes opérationnelles, de fois
liées aux individus égocentriques.
· Mécanismes de sanction
|
Les Populations allogènes et
autochtones
|
· Base d'existence et de subsistance
· Emploi, Revenus
· Biens et services (chasse, cueillette,
agriculture, autre PFNL)
· Habitat et abri pour les populations
· Sites d'intérêts
économique, culturelles, religieux
· Ressources clés, sacrées
· Lutte contre la pauvreté et
Développement local
· Pérennité de la ressource
|
· Faible pouvoir à garantir ses
intérêts,
· Défavorablement,
vulnérables
· Minorités
· Moyens presque inexistants (impuissance)
|
Les Clients
|
Responsabilité, qualité dans la
consommation
|
· Au départ, faible pouvoir
à garantir ses intérêts, et pas d'assurance.
· Pourtant, peuvent imposer une donne
à l'entreprise
|
Les ONG environnementales
La Communauté internationale
|
· Mécanismes pour un
développement propre et responsable (« vert »),
· Conservation de la biodiversité
· Commerce équitable
|
· Faible influence sur la qualité
de la gestion et faible pouvoir à garantir les intérêts
environnementaux
· Mécanismes de répression
|
Source : construit par l'auteur
|
b) Relations d'agence et conflits
d'intérêts
- Relations d'agence
Les interactions entre les parties prenantes supposent un
certain nombre de « relations d'agence » qui touchent
immédiatement aux intérêts des uns et des autres acteurs du
jeu. JENSEN et MECKLING (1976), en s'appuyant sur la théorie des droits
de propriété d'ACHIAN et DEMZET (1972) se sont
intéressés au modèle d'agence, qui traduit l'ensemble des
relations qui peuvent lier une ou plusieurs personnes dans l'exécution
d'une tâche quelconque qui implique la délégation d'un
certain pouvoir de décision à un agent (Gestionnaire de
forêt) par un principal (Actionnaires, Propriétaires (Etat et
populations), ...).
L'entreprise forestière dans son activité
d'exploitation devrait, à cet effet, garantir une
soutenabilité sociale. Elle implique :
· de remplir les besoins d'amélioration du
bien être social, économique et culturel des employés et
des communautés, affectées par l'initiative
d'exploitation ;
· de veiller au respect de leurs
intérêts tels qu'énumérés dans le tableau
2.2 ;
En contrepartie,
· les employés doivent contribuer
fidèlement à la productivité et à la
rentabilité par leur force de travail ;
· les populations quant- à elles, devraient
accueillir les gestionnaires de façon hospitalière, créer
les conditions favorables à l'exploitation et même à la
prise en compte de leurs intérêts.
La validité de ce modèle d'agence dans les
relations liant le gestionnaire forestier aux autres parties prenantes nous
amène à considérer le secteur forestier comme
« un noeud de contrats ». C'est-à-dire un
mode d'organisation dans lequel les parties prenantes devraient être
liées entre elles par des successions de contrats plus ou moins
formels.
Fig. 2.1 : Relations d'agence et conflits
existants
|
EMPLOYERS DU GESTIONNAIRE
CLIENTS
POPULATIONS RIVERAINES
(Générations présentes et
futures)
ETAT OU GOUVERNEMENT
Insécurité sociale
insécurité au travail, Travaux forcé, sur-utilisation de
main oeuvre, sous payement...
EXPLOITANTS FORESTIERS
Exclusion, discrimination,
|
Source : construit par l'auteur
|
- Conflits d'intérêt
Dans leur étude du processus de politique
forestière en Papouasie Nouvelle-Guinée, FILER et SEKHRAN (1998)
arrivent à la conclusion selon laquelle il existe un « bras de
fer entre les parties prenantes » ; ce qui ne garantirait pas
les intérêts des acteurs autre que les gestionnaires. Dans leurs
interactions stratégiques, les acteurs n'ont pas un même niveau
d'information ; ce qui nourrit une divergence des intérêts
qui profite aux exploitants forestiers qui détiennent l'information
clé ou privilégiée et des savoirs particuliers.
L'opportunisme des ces derniers débouche aux problèmes de risque
moral et de sélection adverse du fait de cette
« asymétrie d'information » (AKERLOF, 1972). Ce qui
donne naissance aux conflits d'intérêts. L'exploitant peut donc
réduire l'effort à fournir pour assurer l'intérêt
des employés et des populations pour son profit personnel, et accentuer
une exploitation illégale et illégitime. Pourtant, lors des
procédures d'adjudication des concessions, et même de l'obtention
de certificats, ces concessionnaires s'engagent formellement dans une gestion
responsable des forêts tout en gardant dans leur mémoire une
promesse d'illégalité pour assurer leurs chiffres. C'est de la
sélection adverse. L'aléa de moralité quant-à lui
représente ici l'ensemble des actions illégales cachées ou
inobservables dès l'acquisition des UFA, incompatibles avec les accords.
Cette théorie de l'asymétrie d'information est très
nécessaire dans un contexte ou le gouvernement est non seulement
impliqué « en partie » dans cette exploitation
illégale (les Amis de la Terre, 2008), mais aussi ne parvient pas
à contrôler une bonne partie de l'activité.
Les entreprises ont ainsi, le plus souvent,
privilégié leur rentabilité au prix de
l'insécurité au travail, de l'insécurité sociale,
de l'organisation et de l'épanouissement des employés d'une
part ; et de l'exclusion des populations, de la discrimination, et
même au pillage de leur base d'existence et de subsistance d'autre
part.
Les pratiques illégales évoquées
créent une nécessité de nouvelles transactions à de
fin de contrôle de l'activité par les propriétaires qui
génèrent des coûts supplémentaires (WILLIAMSON,
1937). Or, l'Etat a l'obligation de sauvegarder les intérêts
des « minorités ». Cependant, il ne dispose
pas toujours des compétences nécessaires lui permettant de savoir
si une transaction sert ses propres intérêts et les
intérêts des populations ainsi que des employés ou non.
Puisque ces derniers n'ont pas de voix. Les coûts de surveillance
(d'agence) ne peuvent donc être internalisés par l'Etat qui manque
de pouvoir, de moyens financiers et ne peut mener une action efficace contre
l'opportunisme des agents. Il est nécessaire de recourir à
d'autres mesures plus regardantes, incitatives et contraignantes (M. JENSEN et
W. MECKLING, 1976 ; E. FAMA, 1980) pouvant amener les exploitants à
sauvegarder les intérêts et à améliorer le bien
être des populations et des employés.
II.1.2 : Certification forestière et
résolution du problème d'agence
La certification forestière constitue à la fois
un mécanisme d'incitation et une contrainte pour le gestionnaire
à sauvegarder, et à améliorer le bien être social,
voire même, « à dépasser les exigences
légales » (Bureau Veritas, 2007) vis-à-vis des
populations riveraines et des employés.
a) Certification forestière : mécanisme
d'incitation, et effet de signalisation
- Mécanisme d'incitation
Dans Le processus de certification forestière, la
vérification indépendante et neutre constitue une phase
importante pour l'assurance et la sauvegarde des intérêts des
parties prenantes, ainsi que le contrôle de gestion. La certification est
considérée comme un mécanisme d'incitation dans la mesure
où elle génère non seulement une prime à
l'entreprise, mais aussi, elle constitue progressivement une contrainte pour
cette dernière.
Fig. 2.2 : Certification forestière,
solution aux problèmes d'asymétrie d'information et
d'agence
|
POPULATIONS RIVERAINES
(Générations présentes et
futures)
ETAT
EMPLOYERS DU GESTIONNAIRE
MECANISME D'INCITATION
CERTIFICATION FORESTIERE OU NORMALISATION
EFFET DE SIGNALISATION
GESTIONNAIRES FORESTIERS
CLIENTS
|
Source : Montée par l'auteur.
|
Les flèches grises descendantes de la figure
2.2 illustrent les incitations de l'entreprise à une gestion
« plus verte », la littérature47(*) évoque un grand nombre
de bénéfices lié à la certification tels que de
nouvelles possibilités de commercialisation, l'accroissement des parts
de marché, l'élargissement du segment constitué
d'acheteurs publics, et même une prime verte qui marque la fierté
du client de savoir que sa consommation garantit le bénéfice
social des populations, tout en préservant la bonne qualité de
l'environnement. M. MARCIL Antony48(*), président et chef de la direction du FSC
Canada souligne que la demande pour des produits certifiés FSC est
à la hausse. « Que ce soit pour les produits du papier ou du bois,
la demande pour des produits certifiés selon le programme FSC est
significative et représente des opportunités d'affaires pour les
fabricants du bois. Le programme de certification du FSC assure que la
matière ligneuse utilisée pour fabriquer les produits
certifiés FSC provient de forêts gérées selon de
saines pratiques forestières. » L'entreprise recherchant aussi des
ventes élevées, de nouvelles sources de financement, ainsi que
l'image de marque et la réputation auprès de la communauté
internationale qui à son tour les assiste, sera ainsi incitée
à adopter une gestion responsable des ressources forestières qui
prenne en compte, préserve et garantisse les intérêts des
populations riveraines et des employés dans un cadre
réglementaire bien respecté.
La certification garantit une convention définitive au
gestionnaire, égaye l'employé (qui coopère davantage),
réaménage, favorise et ravive de bonnes relations avec les
populations. Davantage incitée par la certification, pour assurer son
bien être, l'entreprise est amenée à réduire son
opportunisme et à améliorer le bien être socio
économique des populations et des employés.
En ce qui concerne la contrainte, la certification est certes
définie comme un mécanisme volontaire. Il faut tout de même
rappeler les limites de ce volontariat dues au fait que la plupart des
entreprises qui la sollicitent le font sous la demande et la pression des
clients. Elles sont de ce fait appelées à y recourir pour tout
d'abord conserver les acquis avant de reconquérir d'autres segments de
la demande. « Certaines usines perdent un marché parce
qu'elles ne sont pas certifiées FSC. » (BERUBE A., 2007)49(*).
- Effet de signalisation
La certification en elle-même constituant un processus
dont la pierre angulaire est une succession d'audits, de demande d'action
correctives pour palier les irrégularités, peut être
considérée comme un réducteur d'opportunisme de quelques
Exploitants.
« En adoptant, un système de certification,
l'entreprise signale à ses parties prenantes son engagement dans une
gestion durable des forêts qu'elle détient ou
gère » (BOUSLAH, 2008). Elle suppose l'abandon de
l'hypothèse d'asymétrie d'information en jouant le rôle de
lanterne, de transparence dans la gestion étant donné que
dès lors qu'une entreprise l'a obtenue, elle doit recevoir
régulièrement d'autres audits déterminant le maintien du
certificat. En surveillant permanemment la gestion, elle constitue une solution
acceptable aux problèmes d'agence. L'obtention et le maintien du
certificat par toute entreprise sont donc un signal, une source d'information
tout autour de l'entreprise.
b) Certification forestière comme assurance de
l'efficacité sociale
Comme nous l'avons vue à la deuxième section du
chapitre I, l'obtention du certificat de gestion forestière suppose que
l'entreprise a observé avec succès l'ensemble des règles
consignées dans un référentiel de gestion durable. Sous
forme de Principes Critères Indicateurs que nous avons
déjà énumérés plus haut. Pour ce qui est de
l'efficacité sociale représentée par les flèches de
couleurs Rose et Bleue, nous évoquerons les principes 1, 2, 3, et 4
ci-dessous.
P.1) Conformité avec les lois et les
principes du FSC : La gestion forestière doit respecter toutes les
lois en vigueurs dans le pays où elle est pratiquée ainsi que les
traités et les accords internationaux dont le pays est signataire et
être en conformité avec tous les Principes et Critères du
FSC
P.2) Droits fonciers, Droits d'usage et
Responsabilités : Les droits fonciers et les droits d'usage
à long terme de la terre et des ressources forestières doivent
être clairement définis, documentés et légalement
établis.
P.3) Droits des Peuples Autochtones :
Les droits légaux et coutumiers des peuples autochtones à la
propriété à l'usage et à la gestion de leurs
terres, territoires et ressources doivent être reconnus et
respectés. (équiv. Partielle PCI-GDF-Caml 4 et 4.1, Equiv.
PCI-GDF-Cam 4.1.1)
La flèche de couleur Rose ( )
traduit les avantages dont bénéficient les populations de toute
entreprise certifiée. Ce gain est garanti par les principes 1, 2, 3, et
une partie du principe 4. Ces principes concernent le respect des droits
fonciers, des droits d'usage (2.2), des droits à la
propriété, des droits coutumiers, droits d'usufruit et au
contrôle de l'activité d'exploitation par les populations
autochtones (3.1), des droits à la terre et aux ressources (3.2). Ils
assurent aussi l'identification et la protection des lieux à valeurs
socioculturelles, économiques, écologiques (3.3), ainsi que la
valorisation du savoir traditionnel (3.4) et des opportunités en
matière d'emploi, formation ou services aux populations riveraines
(4.1).
La flèche bleue ( ) traduit des avantages
que garantit la certification forestière aux employés du secteur.
Les principes 1 et 4 s'attardent sur cet aspect. La certification
forestière assure l'application de la réglementation nationale en
matière de travail, la prévention de toutes les formes de
discrimination et promeut l'égalité des chances, entre les hommes
et les femmes, et en faveur des catégories vulnérables notamment
les handicapés, l'interdiction du recours au travail des enfants de
moins de 15 ans (1.1.3.1). La certification garantit le respect des obligations
légales relatives à la santé, à la
sécurité et à la protection sociale, aux conditions
d'hygiène, ainsi qu'aux législations sur les accidents de travail
et les maladies professionnelles (4.2), le respect de la liberté
d'association et l'exercice du droit syndical, la promotion de la
négociation collective, la prévention des rivalités du
travail et les résolutions pacifiques. Elle bannit le recours abusif aux
contrats atypiques ou précaires (4.3).
P.4) Relations Communautaires et Droits des
Travailleurs : Les opérations de gestion forestière doivent
maintenir ou améliorer le bien être social et économiques
à long terme des travailleurs forestiers et des communautés
locales. (équiv. Partielle PCI-GDF-Cam 4 et 4.1)
D'après les relations théoriques qui
abordées dans la sous-section ci dessus, la certification
forestière a un impact positif sur l'efficacité sociale des
entreprises. Elle constitue un mécanisme d'incitation des entreprises
ainsi qu'un effet de signal. Elle met les principaux en confiance,
résout
les conflits d'intérêts tels que observés
dans le modèle d'agence évoqué tout en assurant le respect
les Droits Humains des populations autochtones et locales ainsi que des
employés, et en améliorant en continu les conditions d'emploi, de
travail des relations professionnelles et des relations avec les paysans. Elle
garantit la participation des populations à la prise des
décisions sur la gestion de leur propriété et contribue au
développement local à travers la réalisation des oeuvres
sociales (adductions d'eau, construction et entretien des routes,
écoles, cases-santé, médicaments, projets, etc.), bref,
elle assure une« foresterie sociale » (BIGOMBE)50(*). Cependant, la certification
forestière génère d'énormes coûts (les
coûts d'engagement ou d'aménagement, d'audit et surveillance,...)
pour les concessionnaires qui oeuvrent dans le bassin du Congo. Ceci constitue
d'ailleurs une des limites évoquées par la Banque Mondiale et le
WWF(2003). Suivant que ces coûts sont de plus en plus énormes pour
certaines entreprises, leur contrainte de participation à la
certification ainsi que le niveau d'effort à fournir le sont aussi et
les conditions de participation s'alourdissent.
Le modèle d'agence tel que spécifié dans
le cadre de notre étude est un peu différent du modèle de
base et admet quelques complications. Car nous définissons dans une
même relation plusieurs principaux, et ces derniers ne sont pas
forcément en situation de contrat direct ou formel. C'est le cas des
relations entre exploitants forestiers et populations. Ces dernières ne
sont non plus considérées du point de vu du droit positif comme
copropriétaires. Ce qui rend davantage imprévisibles l'ensemble
des événements susceptibles de se produire dans le futur. Et
renforce davantage l'incomplétude des contrats. Cependant, pour
POSNER51(*), quelle que
soit la situation, toutes ces complications apportées à la
théorie de l'agence ne remettent pas en cause sa validité. Elles
rendent simplement plus complexe la mise en place du contrat optimal.
II.2 : certification forestière : un outil
d'organisation industrielle et de performance
Dans l'approche traditionnelle du comportement des firmes en
général et de celle du secteur forestier en particulier, il a
toujours été difficile de poursuivre simultanément les
objectifs de compétitivité économique et d'efficience
sociale ; le premier ayant toujours dominé le second. Dans la
sous-section précédente, nous avons élaboré les
relations théoriques entre la certification et l'efficacité(ou la
responsabilité) sociale des entreprises forestières
certifiées. Dans cette section, nous élaborerons les liens entre
certification et performances financières des entreprises
engagées dans le processus tout en présentant la certification
comme un instrument qui permet de concilier performance financière et
valeurs sociales. Le paradigme S-C-P (Structure-Comportement-Performance)
(II.2.1) constitue un cadre pertinent pour comprendre cette logique de
compatibilité que suscite la certification. Pour parvenir à ces
relations, il convient de construire un modèle S-C-P augmenté de
la certification ou de la normalisation (II.2.2)
II.2.1 : paradigme S-C-P traditionnel
L'analyse du fonctionnement du marché de bois et des
produits forestiers en général, suivant la triptyque S-C-P
nécessite un certains nombre d'éléments fondamentaux tels
que les conditions de base (soit l'environnement physique, légal et
économique dans lequel le marché fonctionne), les variables de
structure du marché (nombre de vendeurs et d'acheteurs, les
différentes destinations du bois tropical, la différentiation du
produit bois qui marque une distinction entre le bois légal et le bois
illégal, les barrières à l'entrée, la structure des
coûts...), de comportement stratégique des gestionnaires
forestiers, et les variables d'efficience.
Généralement, la structure du marché
influence la nature de la compétition et la formation du prix à
l'intérieur du marché; le comportement du marché se trouve
dans les modèles de comportement utilisés par les entreprises
afin de s'adapter au marché. Le paradigme Structures - Comportement -
Performances a fait l'objet d'une controverse articulée autour de deux
courants de la pensée économique.
· D'une part, le "courant structuraliste",
construit par MASON et J. BAIN. MASON postule, à la fin des
années 30, que les structures de marché déterminent le
comportement des firmes et J. BAIN quand à lui, explique que, dans tous
les secteurs, (y compris le secteur forestier), ce sont les conditions de
concurrence, analysées à partir des barrières à
l'entrée des secteurs qui expliquent le comportement des firmes qui
à leur tour, expliquent les performances. Plus tard, MASON formule
l'hypothèse centrale du modèle. Pour lui, les performances des
firmes sont le résultat d'une chaîne causale univoque partant des
structures pour arriver aux performances par l'intermédiaire des
comportements suivant le chaîne StructuresComportementPerformance. La
performance est ainsi le résultat économique de la structure et
du comportement de l'entreprise (GOOSSENS, 1994; LUTZ, 1994). La performance
réalisée par les gestionnaires forestiers d'après ce
courant structurel, relève de la structure de l'industrie
forestière et de leur comportement.
· D'autre part, le "courant comportementaliste"
ou les behavioristes présenté par F. Scherer, D.
HAY, D. MORRIS, W. ADAMS, J. B. DIRLAM qui, ne mettant pas en cause l'effet des
structures sur les performances, préfèrent insister davantage sur
l'effet des choix stratégiques sur la détermination des niveaux
de performances et sur les possibilités de modification des structures
de l'industrie.
Ce second courant s'est construit sous la base des critiques
faites au premier, Notamment, l'univocité de la relation causale
Structure-Comportement-Performance (relation unidirectionnelle et
déterministe). Selon la Nouvelle Economie Industrielle (TIROLE, 1993),
la Structure n'est plus une donnée, ce sont les stratégies
(Comportement) de firmes rationnelles qui "construisent" les structures de
marché. Suivant cette école, les entreprises du secteur forestier
et celles des autres secteurs, dans leur comportement stratégique,
cherchent à modifier les structures de marché (exclusion des
firmes rivales, dissuasion à l'entrée, etc.) pour acquérir
un pouvoir de marché plus accru. L'école de Chicago (DEMSETZ,
1973) estime pour sa part que la relation entre structure et performance doit
être inversée. Grâce à un comportement plus
efficient, certaines firmes obtiennent des meilleures performances et croissent
au détriment de leurs concurrents ayant fait des choix technologiques,
managériaux, ou encore organisationnels, moins pertinents. Une
sélection naturelle élimine donc les firmes les moins efficaces
et concoure à un mouvement de concentration du secteur. Il convient donc
d'accepter une relation à double sens liant la structure, le
comportement et la performance (SCHERER, 1951) suivant la figure
2.3
Fig. 2.3 :°
« structure-comportement-performance »
|
|
Source : SCHERER F.M., ROSS D. (1990)
|
Le secteur forestier constitue un exemple type de
marché imparfait et déséquilibré. Il est difficile
d'établir des liens entre les éléments de la structure, du
comportement et de la performance suivant l'optique traditionnelle pour
plusieurs raisons dont :
- non seulement, l'incertitude et l'imperfection de
l'information n'ont pas été prises en compte, le modèle
étant d'une inspiration néoclassique et donc basé sur
certaines hypothèses de concurrence parfaite ;
- mais aussi, l'incidence de la performance (efficacité
supérieure) sur la structure de marché suivant le second courant
est traduite par la concentration des entreprises. Pourtant, l'attribution des
concessions est faite par les pouvoirs publiques qui, copropriétaires
des forêts (avec les populations locales), restent hostiles aux
politiques et pratiques anticoncurrentielles.
La certification forestière vient lever cette
équivoque. Elle constitue désormais telle que
démontré dans la sous-section précédente un outil
d'information, de perfection de marché, et surtout un instrument
d'organisation industrielle génératrice d'une plus grande
performance pour les entreprises du secteur.
II.2.2 : Certification et performances
économique: une illustration via le modèle «S-C-P
augmenté»
Le modèle de synthèse S - C - P traditionnel des
courants de Chicago et de Harvard établit une double causalité
(non plus une relation univoque) entre les composantes du modèle. La
certification (normalisation) suppose l'existence d'une triple
responsabilité supplémentaire. Notamment, la
responsabilité sociale, environnementale, et la viabilité
économique. En plus du fait que chacun de ces éléments
renforce les composantes du modèle de synthèse traditionnel et
donc les relations traditionnelles (flèches bleues de la figure 2.4
ci dessous), ces éléments constituent chacun une source
d'indicateurs de performance pour l'entreprise (Voir flèches vertes)
PESQUEUX et MARTOLY (1995), perçoivent la performance
financière d'une entreprise sous l'angle de la productivité comme
l'aptitude de l'entreprise à créer plus de richesses tout en
utilisant proportionnellement moins de facteurs de production. Pour de nombreux
auteurs, la performance des entreprises s'appuie souvent sur des
critères de taux de croissance du chiffre d'affaires, de taux de
rentabilité économique, l'excédent brut d'exploitation sur
chiffre d'affaires et le taux de rentabilité financière, tous
fondés sur des informations comptables (BARDCH, 1997). SCHERER (1980),
HARRISON et al. (1975), et SCARBOROUGH et KYDD (1992) classifient les
critères de performance en critères économiques
(efficacité dans la formation du prix et allocation des ressources) et
non-économiques. L'efficacité économique correspond
à l'efficacité technique, l'efficacité
opérationnelle et l'efficacité d'échange. Les
critères de performance non-économique se réfèrent
au contexte du développement durable, à l'efficacité
sociétale qui met en commun l'environnemental et le sociale. La
performance ne se réduit plus à l'impératif de
«produire plus, plus vite et à moindre coût » (Inconnu,
1990)52(*) La
normalisation en générale et la certification forestière
en particulier viennent, confirmer cette assertion en à travers ces
dimensions sociétales (sociale environnementale).
Fig. 2.4 : Modèle S-C-P augmenté
de la certification
CONDITIONS DE BASE (OFFRE ET DEMANDE)
OFFRE : Main d'oeuvre, capitaux, technologies, Produit de
qualité aux charges fixes importantes composées principalement
des coûts salariaux et de certification; Structure des coûts
(économies d'envergure), Cadre législatif et réglementaire
(Fiscalité favorable ou non à l'investissement en foresterie).
DEMANDE : déterminants socio-économiques, Conditions de
commercialisation (qualité de produits, ...), circuit de distribution,
sensibilité des clients...
CERTIFICATION FORESTIERE
1) Responsabilité, efficacité sociale Up-grading
des employés
2) responsabilité environnementale et écologique,
Durabilité
3) Viabilité économique R & D, Changement de
technologie
PERFORMANCES, rentabilité,
4- Production Qualité, croissance des parts du
marché, Premium, Notoriété, Rentabilité
Productivité, recettes, Profit et Croissance externe (Efficience de la
production ; coopération)
3-Rendements marginaux croissants du facteur capital, Economie
de dimension, Progrès technique, compétitivité,
efficacité d'échelles, efficacité technique.
2-Pérennité des ressources,
pérennité de l'exploitation
1-Efficacité marginal du facteur travail en hausse,
efficacité allocative, division du travail
STRUCTURE DE MARCHE
· Nombre de vendeurs et d'acheteurs
· Outil de différenciation du produit Bois
légal, Barrière à l'entrée, structure de
coûts
· Nouveaux marchés, Nouvelles possibilité
de commercialisation, (fidélisation de la clientèle)
· Responsabilité des clients Incitations
Disposition à payer croissante
COMPORTEMENT DE L'ENTREPRISE
· Mode d'organisation, Outil de gestion interne
· Une véritable culture d'entreprise
· Stratégies de production
Légitimité organisationnelle, prix,
· manière de produire et de vendre
Source : construit par l'auteur à
partir de SCHERER F.M., ROSS D. (1990)
a) Dimensions sociétales de la certification,
nouvelle sources d'indicateurs de performance
Les efforts de gestion durable des forêts menés
par les entreprises supposent en plus de la viabilité économique,
une sécurité sociale ainsi qu'une durabilité
environnementale écologique et « biologique ».
Généralement, le concept sécurité
sociale garantit aux travailleurs et à leurs familles des prestations
sociales en cas de maladie, d'accident du travail, de décès, de
maternité, d'invalidité, et un revenu de remplacement, ainsi que
des formations d'accompagnement et de perfectionnement qui viennent les mettre
en confiance. Les différentes formations viennent développer les
compétences et prendre en compte leur opinion tout en leur donnant le
pouvoir d'agir avec autorité. L'employé peut désormais
s'impliquer de plus en plus aux décisions et aux activités de
l'entreprise, se fixer des objectifs professionnels et se donner des moyens
pour les atteindre. Il ressent un certain « Up-grading »
qui l'amène à se considérer comme l'employé le plus
à l'aise. De plus en plus engagé, il se sent davantage
responsable et trouve sa satisfaction dans un travail de qualité.
En assurant une division du travail, la certification
forestière améliore les pratiques de gestion (redéfinit
les tâches, clarifie les objectifs ...). Non seulement, l'utilisation de
la main d'oeuvre devient de plus en plus rationnelle, mais elle est à
son tour davantage disposée à travailler. La certification
affecte ainsi l'efficacité marginale du facteur travail à la
hausse et par là même les performances de l'entreprise.
La responsabilité environnementale et écologique
et « biologique » quant-à elle, est
matérialisée par une pratique de gestion à faible impact
environnemental ; qui assure la conservation de la bonne qualité de
l'environnement, la conservation de la diversité biologique, la
pérennité ou la durabilité. Cette pérennité
garantit par conséquent une pérennité de l'exploitation et
donc une performance à long terme.
Pour ce qui est de la responsabilité
économique, la certification exige l'abandon des équipements
(Machines) désuet(e)s pour de nouveaux. Ce changement de technologie en
se faisant dans l'optique de renforcer la sécurité des
employés induit par là même une croissance des rendements
marginaux du facteur capital (efficacité technique). L'entreprise
connait désormais des économies de dimensions (efficacité
d'échelles). Elle observe par conséquent un déplacement
de sa frontière d'efficience productive vers le haut ainsi qu'un regain
de compétitivité.
De ce qui précède, nous pouvons conclure sans
nous tromper que la responsabilité sociétale garantie par la
certification (normalisation) de l'entreprise forestière est source
d'indicateurs de performance.
b) Liens entre certification et les composantes du
modèle S-C-P
La certification forestière a des vertus qui renforcent
directement la structure de marché du bois, le comportement des
entreprises qui à leurs tours, agissent sur la performance suivant les
relations traditionnelles du modèle.
ü Elle affecte la structure et la taille de marché
à travers plusieurs fonctions.
En effet, elle permet de distinguer le bois légal du
bois illégal, constitue une motivation de fierté et de bien
être du client qui désormais se sent de plus en plus responsable
dans sa consommation. Ainsi, à prix égal, le bois légal
l'emporte sur le bois illégal; et le client pourrait même
débourser un peu plus pour le produit certifié. Elle constitue un
Instrument de différenciation du produit. Elle sécurise
les parts de marché des entreprises « citoyennes »,
crée de nouveaux segments de la demande (marchés
publics/marchés sensibles). Elle constitue une barrière à
l'entrée et influence la concurrence interentreprises. Elle
réduit voire abroge progressivement l'accès à un grand
nombre de marchés aux entreprises réticentes à la
certification et accroît les possibilités de commercialisation
ainsi que la compétitivité des entreprises citoyennes.
ü Elle affecte le comportement de l'entreprise
La certification forestière constitue une
véritable culture d'entreprise, un mode d'organisation et un outil de
gestion interne. Etant donné qu'elle suppose des responsabilités
supplémentaires à assumer quotidiennement, elle peut être
considérée comme un phénomène au coeur du
comportement des entreprises. En plus d'une légitimité
organisationnelle, elle amène l'entreprise à définir de
nouveaux couples (Quantités, prix). Et devient désormais une
nouvelle manière de produire et de vendre.
L'obtention et la conservation du certificat par une
entreprise, en informant sur la qualité des biens et services produits,
lui garantit (et défend) une (son) image de marque, accroît le
taux de pénétration dans la zone de chalandise et
génère un « premium ». La certification
renforce par conséquent la performance commerciale. Telle que vue dans
la sous-section précédente, la certification est une source
d'information pour le marché. Elle explique une efficacité du
système de marché en réduisant les imperfections de la
concurrence. Elle garantit une réaction de plus en plus rationnelle aux
paramètres de marché. La certification forestière
constitue au final un outil de management stratégique qui stimule
l'engagement des salariés (levier d'effort) (
Marion
Marchal, 2006), crée et renforce les indicateurs de performance.
Toutefois, il convient de préciser que le bénéfice de la
certification en matière de compétitivité et de
« prémium » sera d'autant plus considérable
que le marché restera imparfait. Les premiers
bénéficiaires seront clairement les premiers à
s'être engagés sur ce créneau. L'imperfection dans ce
contexte convenant à une situation où seulement une
poignée d'entreprises accède à la certification, dans un
marché parfait, la certification n'expliquera les performances
qu'à travers la variation des rendements des facteurs de production
(capital et travail) et la durabilité de la gestion.
Conclusion
L'objectif de ce chapitre était de donner une
justification théorique à la certification forestière et
de définir des relations théoriques entre certification et
performance socio économique des entreprises du secteur.
Pour sa justification théorique, il ressort une
adéquation avec le courant conversationniste et l'école
keynésienne de la « deap ecology »
menée par David PEARCE qui garantisse une valorisation des ressources
forestières au delà de la valeur monétaire et de la valeur
d'usage. La certification internalise les dommages potentiels d'une
exploitation forestière suivant l'approche utilitariste et garantit un
minimum de valeurs sociales et environnementales.
Pour ce qui est des relations théoriques avec la
performance socio économique des entreprises, à travers le
modèle d'agence, nous sommes parvenus à ressortir la
certification comme à la fois une contrainte, un signal (information) et
un mécanisme d'incitation des entreprises à l'observation des
règles de gestion qui garantissent les intérêts socio
économiques des employés, des populations riveraines et du reste
des parties prenantes ainsi que la pérennité des ressources.
A travers le modèle S-C-P, la certification à
partir de ses trois dimensions, a constitué un gisement d'indicateurs de
compétitivité et de performance économique pour
l'entreprise et a permis par là même de concilier valeurs
sociétales et performance financière.
En somme, la certification forestière constitue un gage
pour une marche vers un équilibre général qui assure une
allocation socialement optimale (Pareto optimale) des ressources
forestières.
Conclusion Partie I
L'objectif de cette partie était de présenter
une approche théorique de la certification forestière et des
performances socioéconomiques des entreprises du secteur. Etant
donnée une intégration et une compréhension lente de la
certification, il a été indispensable de revenir tout d'abord sur
les instruments de gestion durables des forêts au Cameroun, avant de
donner une justification théorique à la certification et de
présenter enfin ses relations théoriques avec les performances
socioéconomiques.
De cette partie, il ressort du premier point que, les reformes
législatives et administratives ainsi que les initiatives nationales ont
eu un apport remarquable en matière d'aménagement,
d'industrialisation du secteur et décentralisation pour une inclusion
des populations pour une gestion participative des ressources. Cependant,
L'Etat rencontre de grandes difficultés financières et techniques
pour assurer le monitoring de l'activité d'exploitation
forestière et veiller à l'application les lois existantes. La
perpétuité des pratiques illicites, irresponsables et non
durables des forêts a révélé une
nécessité de recourir à la certification forestière
qui est un instrument complémentaire de l'action gouvernementale.
Cependant, elle progresse faiblement et lentement dans le Bassin du Congo et en
particulier au Cameroun.
Pour ce qui est du second point, la certification cadre avec
le courant conversationniste de l'école keynésienne menée
par PEARCE D. Elle constitue une solution aux conflits d'intérêts
dus aux comportements opportunistes des gestionnaires forestiers qui
découchent sur les problèmes d'asymétrie d'information et
d'agence. Et enfin, elle constitue un instrument de management
stratégique qui génère davantage des indicateurs de
performance financiers et non financiers.
Partie II : Evaluation
de l'impact de la certification sur les performances socio économiques
des entreprises forestières camerounaises
Conformément aux hypothèses postulées en
réponse à la question principale de recherche qui était de
savoir quelle est l'impact de la certification forestière sur
l'efficacité socioéconomique des entreprises du secteur, la
partie précédente présente la certification comme une
réponse théorique qui garantit les intérêts sociales
des populations à la rive des forêts, et des employés des
sociétés certifiées, tout en générant de
nouvelles sources de rentabilité aux entreprises.
Dans cette deuxième partie, il sera question de
vérifier ce postulat.
Une descente sur le terrain était nécessaire, au
regard de la nature microéconomique de l'étude, pour mieux
apprécier le comportement des parties concernées par
l'étude.
De ce fait, nous présenterons tout d'abord la
méthodologie de collecte et de traitement ainsi que l'analyse
descriptive des données (Chapitre III), et ensuite, nous
procéderons à une évaluation de l'impact de la
certification sur les performances socioéconomiques des entreprises
forestières au Cameroun (ChapitreIV).
Chapitre III :
contours méthodologiques et description des données
Introduction
En réponse anticipée à notre question
principale de recherche qui est de savoir quel est l'impact de la certification
forestière sur l'efficacité socioéconomiques des
entreprises du secteur dans le Bassin du Congo et au Cameroun en
particulier?, nous avons dans l'introduction générale de notre
étude formulé deux hypothèses principales
complémentaires. La première dispose que la certification
forestière garantit une efficacité sociale des exploitants
forestiers. La seconde quant-à elle dispose que la certification
améliore la performance économique des exploitations
forestières certifiées au Cameroun. Dans la partie empirique de
notre travail, nous désirons tester ces hypothèses qui jusqu'ici,
ne sont fondées que sur des relations théoriques. Cependant, il
s'avère que les concepts théoriques de garantie de
l'efficacité sociale, d'amélioration des performances
économiques, et de certification elle-même restent encore trop
abstraits pour faire l'objet d'une recherche empirique. Il convient de les
transformer en concepts opératoires, qui sont à la fois des sous
concepts plus concrets et des référents empiriques aux relations
hypothétiques.
Ce chapitre a pour objectif de construire un cadre
opératoire, de présenter la collecte et la description des
données.
Section I : Cadre
opératoire et collecte d'informations
Cette étape est déterminante pour la
vérification empirique des hypothèses théoriques. Elle
suppose la construction des référents empiriques qui permettent
d'approcher, de qualifier, de quantifier, voire de capter l'information
empirique qui valide les relations théoriques. Elle sera abordée
en deux temps : tout d'abord la construction du cadre opératoire
lui-même, et ensuite, la collecte d'informations à analyser.
I.1 : Construction du cadre opératoire
Dans cette sous-section, il sera question pour nous, de
pouvoir partir des hypothèses et des différentes relations
théoriques entre certification forestière et performance
socioéconomique qui en découlent pour isoler concrètement
les faits observables pour l'analyse. Nous l'aborderons en deux temps. Il nous
reviendra de passer des hypothèses aux indicateurs, puis, à la
collecte des informations à analyser.
I.1.1 : Passage des hypothèses aux
indicateurs
Pour mieux comprendre les dimensions du
phénomène étudié afin de choisir les instruments de
précision et de mesure des variables, il convient, avant de
présenter la traduction des hypothèses en indicateurs, de
définir tout d'abord les unités d'analyse.
a) Unités d'analyse
Les unités d'analyse correspondent aux personnes et
objets qui font l'objet d'observation. Dans cette étude, nous porterons
un intérêt sur quelques parties prenantes dans les
activités d'exploitation forestière. Une étude sur
l'impact de la certification forestière sur les performances socio
économiques suppose d'observer d'une part les entreprises, les
populations, les employés et l'Etat pour ce qui est de l'aspect social.
D'autre part, les entreprises, le marché de bois certifiés et non
et une fois de plus les employés pour ce qui est des performances
économiques.
Observer les entreprises suivant l'aspect social reviendra
à observer la mouvance comportementale de ces dernières suivant
qu'elles sont certifiées ou non, ou alors, suivant qu'on se situe
à la période avant certification ou après vis-à-vis
des populations locales et des employés.
Observer les populations suivant cet aspect social reviendra
à observer les modifications survenues avec la certification pour
sauvegarder, voire, consolider les intérêts de celles qui sont
riveraines aux forêts.
Pour ce qui concerne les employés, nous nous
intéresserons à leur sécurité sociale, ainsi que
des conditions de travail dans les sociétés dont le comportement
sera étudié.
En ce qui concerne les performances économiques, nous
observerons beaucoup plus les entreprises, les paramètres de
marché et des employés dans l'otique des intérêts
des entreprises
b) Des concepts aux indicateurs passant par les
variables
Pour opérationnaliser la première
hypothèse qui affirme que la certification forestière
a un effet positif sur l'efficacité sociale des entreprises
certifiées, il a été question de
procéder par une recherche pré-test qui a consisté
à établir un questionnaire et à appliquer aux
unités d'analyse définies plus haut afin d'évaluer cette
incidence. L'efficacité sociale peut être abordée sous
l'angle externe comme sous l'angle interne suivant qu'il s'agisse de tout
ce qui relève des droits et du traitement des employés, ou des
rapports avec les populations à la rive des forêts. Le concept
d'efficacité (responsabilité) sociale a été traduit
en variables, puis en indicateurs par le truchement des huit conventions
fondamentales de l'OIT, de la convention collective, d'un certain nombre de
Principes critères et indicateurs de gestion durable des forêts
du référentiel du Forest Stewardship Council telle qu'une partie
du principe I liée au respect de lois nationales et des normes FSC, le
Principe III qui traite du droit des populations autochtones et une partie du
principe 4. Ces conventions et principes prennent en compte tout ce qui est
relatif aux droits et devoirs des travailleurs (droit syndical, salaires,
santé et sécurité des employés, logement,
organisation, négociation libre avec leurs employeurs).Le passage de
l'hypothèse aux variables a consisté à donner des
attributs et des niveaux précis à chacun des concepts
opératoires.
1.1.2 : Présentation des variables et des
indicateurs
La variable dépendante pour cette première
hypothèse est le bien être social des populations et des
employés. En l'évoquant, nous ferons référence
à l'efficacité sociale des entreprises. Pour mieux aborder les
indicateurs de cette variable, il a été plus fin de
générer des variables intermédiaires propres aux
populations et celles propres aux employés.
Pour ce qui est des populations, le bien être sera
abordé en termes de respect des droits d'usage culturel,
écologique, économique, religieux... de leurs terres et
ressources, en termes de respect des droits de gestion de ces ressources et
terres (Principe III du FSC) et en termes de contribution au
développement local. Les indicateurs ici, pourront être :
o le respect ou non des lieux à valeurs culturelles,
économiques, écologiques, religieuses ; l'autorisation
d'accès à ces lieux en référence à quelques
indicateurs du critère 3.3 du FSC (pour ce qui est du droit
d'usage) ;
o la participation à la surveillance et à
l'évaluation des ressources naturelles, le consentement libre et
informé des populations des activités forestières qui
touchent à leurs intérêts (Pour ce qui est du respect du
droit de gestion de leurs ressources) en référence à
quelques indicateurs des critères 3.1 et 3.2 du FSC ;
o la réalisation des infrastructures sociales et
économiques au profit des populations, la valorisation du savoir
traditionnel des autochtones utilisé à des fins
économiques et commerciales en référence au 3.4 du
FSC ; ainsi que l'emploi des communautés habitant dans ou à
proximité des concessions (pour ce qui est de la contribution au
développement local).
Pour ce qui est des employés, les variables
intermédiaires au bien être seront l'amélioration des
conditions sanitaires, l'assurance de la protection individuelle, la
sécurité de l'emploi et conditions de travail, liberté
d'organisation et droit de négociation des employés. Les
indicateurs qui en découlent sont :
v Indicateurs liés à la santé de
l'employé
o l'existence d'une infirmerie au sein de l'entreprise et
l'autorisation d'accès aux employés avec leurs
familles ;
o l'existence d'un système d'évacuation en cas
d'urgence opérationnelle au sein de l'entreprise,
o la couverture totale des maladies professionnelles par
l'entreprise ;
o la sensibilisation et la prévention des MST/SIDA,
l'existence d'un comité d'hygiène, santé,
salubrité ;
o le logement confortable des employés et
l'accès à l'eau potable.
Ces indicateurs gardent une certaine cohérence avec
quelques indicateurs du critère 4.2 du FSC, les articles 49 et 50(-
alinéa 1) de la convention collective relatifs à l'hygiène
et santé des employés, Convention n° 12 sur la
réparation des
accidents du
travail (agriculture), 1921 ; Convention n° 42
(révisée) des maladies professionnelles, la Convention n°
155 sur la sécurité et la santé des travailleurs
v indicateurs liés à la sécurité
de l'employé :
o la disponibilité et le renouvellement des
équipements de protection individuelle,
o l'existence d'un programme de formation du personnel aux
premiers secours et à la sécurité incendie au sein de
l'entreprise,
o l'identification des zones à risque et des substances
dangereuses par l'entreprise et leur connaissance par les employés,
o l'existence d'un moyen de déplacement confortable
pour la forêt et la prise en charge totale et la minimisation des
accidents de travail.
Ces vérificateurs sont choisis en
référence aux indicateurs du critère 4.2, et aux articles
50 (alinéas 2 et 3) et 52 de la convention collective en matière
de sécurité et protection individuelle de l'employé.
v Les indicateurs liés aux conditions de travail et
à la liberté de négociation :
o La distribution des catégories suivant les fonctions
exercées,
o les différents modes de détermination du
salaire,
o le temps total journalier consacré à
l'activité par,
o les heures supplémentaires
o l'existence ou non d'un contrat de travail, le type de
contrat existant,
o Les différentes formations possibles.
Ces indicateurs sont définis à partir des
conventions (n° 98) sur le droit d'organisation et de négociation
collective (
1949), (n° 100) sur
l'égalité de rémunération (
1951) et (n° 105) sur
l'abolition du travail forcé (
1957) ; l'alinéa 2,
de l'article 62 du chapitre 1 du titre4 du code du travail, et des indicateurs
du 4.3 du FSC sur la sécurité de l'emploi, les conditions de
travail, la liberté d'organisation et droit de négociation des
employés.
La principale variable Indépendante pour cette
hypothèse sera la certification. Sa prise en compte sera faite par
l'intermédiaire du statut de la firme. Pour ce qui est de cet axe sur le
bien être social, suivant qu'on se trouve dans la période avant
le début les audits de certification ou la période après,
le niveau de bien être des individus (Populations et employés)
serait différent. Cependant, il conviendra de définir un certain
nombre de variables qui peuvent influencer le bien être d'une
manière ou d'une autre. C'est le cas des variables
sociodémographiques (situation matrimoniale, âge, taille du
ménage, sexe, région d'origine, catégorie
socioprofessionnelle, dernier diplôme obtenu). Nous reviendrons sur la
spécification proprement dite de ces variables au prochain chapitre dans
le cadre des estimations et des tests d'hypothèse.
Pour opérationnaliser la seconde hypothèse qui
suppose que la certification FSC améliore la performance
économique des exploitations forestières certifiées au
Cameroun, nous avons ciblé un certain nombre d'indicateurs de
performance en référence avec le modèle Structure -
comportement - performance « augmenté » tel que
construit au chapitre précédent.
La variable dépendante pour cette seconde
hypothèse est la performance des entreprises. Cette variable reste
encore plus abstraite ; mais cependant, elle peut tout de même
être indiquée par plusieurs sous variables qui, toutes peuvent
donc être expliquées par des indicateurs. Pour de nombreux
auteurs, la performance des entreprises s'appuie souvent sur des
critères de taux de croissance du chiffre d'affaires, de taux de
rentabilité économique, l'excédent brut d'exploitation sur
chiffre d'affaires et le taux de rentabilité financière, tous
fondés sur des informations comptables (BARDCH, 1997). Ces
critères étant tous des critères financiers. La
certification forestière est une opportunité qui éclate la
notion de performance pour la nourrir non seulement en indicateurs financiers
et surtout en indicateurs non financiers dont le rôle est de plus en plus
croissant comme instruments de management stratégique et donc la
vérification est aussi bien faisable.
On prendra parmi ces variables certaines comme la
notoriété, la croissance des parts du marché, la
croissance, la qualité et la coopération. A ces variables, nous
pourrions ajouter, la rentabilité, la productivité (Efficience
productive) , les recettes, le premium... les variables non financières
citées tout d'abord pourront renforcer les secondes (financières)
en agissant sur les rendements marginaux croissants du facteur capital, les
économies de dimension, le Progrès technique, la
compétitivité, efficacité d'échelles,
efficacité technique. Tout en assurant à la fois une
pérennité des ressources, et donc une pérennité de
l'exploitation, ainsi qu'une efficacité marginale du facteur travail
croissante.
La variable explicative quant à elle sera la
certification forestière. Son influence sur les indicateurs de
performance cités ci-dessus passera par ses différentes
dimensions. Alors, montrer l'impact de la certification forestière sur
les performances des entreprises revient à lier la responsabilité
sociale de l'entreprise vis-à-vis des employés et des populations
locales, la responsabilité environnementale (écologique et
biologique), la durabilité, ainsi que la viabilité
économique aux indicateurs financiers et non financiers.
I.2 : Collecte des données
La collecte et l'analyse des données dépendent
fortement de la nature desdites données. Dans cette sous-section, nous
présenterons entre autre, la méthode et les moyens de collecte
d'informations, ainsi que l'univers d'étude.
I.2.1: Nature et sources des données et
Méthodes d'échantillonnage
a) Nature et sources des données
Comme dans la plupart des études en
microéconomie appliquée, les données de premières
mains (primaire) sont les plus adaptées pour ce travail du fait de leur
caractère original. Elles seront tout de même
complétées par des données secondaires.
La nécessité de recourir aux données
primaires est due au fait de la spécificité du secteur
d'étude, du phénomène étudié ainsi que des
unités d'analyse. Le phénomène étudié est
directement lié aux préférences des individus pourtant,
d'après le principe de souveraineté du consommateur,
· Chaque individu est mieux informé sur ce qui est
bon pour lui, il est le meilleur juge de ses propres intérêts.
· Seules les préférences individuelles
comptent.
En plus de ces arguments précédents,
l'instabilité des préférences ou du bien être des
individus constitue une justification fondamentale au recours aux
données de premières mains.
Les données primaires ont pour principale source le
terrain, elles sont issues des enquêtes sur questionnaires, menées
à l'occasion de cette étude et sont principalement utiles pour le
premier axe de l'étude qui porte sur l'efficacité sociale.
Les données secondaires et comptables ont
été sollicitées dans le but d'analyser l'impact de la
certification sur les performances des entreprises forestières. Pour en
obtenir quelques, nous avons fait recours à l'IFIA, au GFBC, au MINFOF,
et au CIFOR.
b) Méthode d'échantillonnage
La collecte d'information pour une étude relative
à une population peut se faire sur une base exhaustive ou sur une
fraction de la population suivant que la population est regroupée et de
petite taille ou non. Du fait des superficies de plus en plus grandes des
forêts, des distances très grandes d'une concession à
l'autre, et surtout de la taille importante des entreprises, il a
été plus réaliste de procéder à
l'échantillonnage avant l'administration du questionnaire. Au
départ Le choix de l'échantillon, ayant été
inspiré de la théorie statistique de l'échantillonnage, il
convient tout d'abords de revenir sommairement sur cette théorie.
Les méthodes empiriques de désignation des
échantillons font appel au choix raisonné de façon
à constituer une image aussi fidèle que possible de la population
(GRAIS, 2003). Généralement, il existe deux techniques de
désignation. Les techniques aléatoires et les techniques non
aléatoires. Dans le cadre de notre travail, nous avons
procédé par des techniques aléatoires. Cette technique a
plusieurs variantes dont : l'échantillonnage aléatoire
simple, l'échantillonnage aléatoire stratifié,
l'échantillonnage par grappe, l'échantillonnage
systématique probabiliste, et l'échantillonnage à
plusieurs degrés.
En partant de la liste des entreprises présente dans
l'atlas forestier le plus recent (voir annexe IV), et étant
donné un regroupement des entreprises par zones53(*), nous nous sommes
proposés d'opérer un échantillonnage à deux
degrés.
v Le premier degré a consisté à choisir
les entreprises suivant qu'elles appartiennent à la zone 1, zone 2,
à la zone 3 ou à la zone 4. Le choix fait porte sur trois zones,
car la quatrième zone est très pauvre en ressources et moins
intéressante.
Nous avons en premier lieu choisi toutes les entreprises ayant
des UFA certifiées au Cameroun qui sont au nombre de 4 notamment, WIJMA,
REEF, SEFAC et PALLISCO. Ensuite, nous avons procédé au choix
d'entreprises non certifiées. Nous avons porté un choix sur 4
entreprises ne disposant d'aucune UFA certifiées situées à
proximité des quatre premières pour un souci d'équilibre
de poids et d'internalisation des coûts de couverture de l'enquête.
Il s'agissait de la SFIL du Groupe Delconvenaere Cameroun qui est proche de
PALLISCO, de CUF proche de la WIJMA, de ALPICAM proche de la SEFAC, et enfin,
MMG de la compagnie Danzer. Malheureusement, notre demande a été
infructueuse chez la plupart des entreprises sollicitées pour notre
étude (bien que nous ayons multiplié les demandes vers d'autres
entreprises notamment, Thanry, SFID (Rougier Cameroun,), SIM et Panajotis
Marelis), pour des raisons de conjoncture défavorable pour les unes, des
périodes d'audit pour les autres. La mère de toutes les raisons
ayant été la grande sensibilité du secteur qui a
débouché sur un sentiment de méfiance face à une
étude, menée non pas par une ONG reconnue, non plus
parrainée par un groupement du secteur mais juste un simple
étudiant.
Toutefois, avec la persévérance et quelques
soutiens méritoires de l'IFIA, de l'ATIBT, du GFBC, et quelques membres
de la direction des forêts, nous sommes parvenus à accéder
à deux entreprises qui ont des UFA certifiées et à une qui
n'en a pas. Ces entreprises gardent tout de même le critère de
représentative des zones (une d'elle est située entre la zone 1
et la zone 2, la deuxième dans la zone 3, et la non certifiée
dans zone trois aussi). S'il est vrai que cette taille est limitée pour
la généralisation des résultats de notre étude au
Cameroun, il reste tout de même une évidence. C'est qu'elle nous
permet de poursuivre une étude multivariée qui ressorte une
vision intra entreprise qui suppose une dimension évolutive suivant
qu'on se situe dans la période avant ou après la
certification pour les deux entreprises ayant des UFA
certifiées ; et une vision inter entreprise, qui suppose une
dimension comparative des pratiques de gestion d'une part, entre les
entreprises ayant des UFA certifiées, et d'autre part, entre les
entreprises ayant des UFA certifiées et l'entreprise ayant sans UFA
certifiées. Les UFA certifiées des entreprises
enquêtées couvrent au total une superficie de 440145 hectares sur
un total de 878 896 hectares environ de superficie certifiée voire
un peu plus de la moitié. L'UFA non certifiée parcourue
quant-à elle couvre une superficie de 103.500 hectares.
La fragilisation de ce premier degré
d'échantillonnage a par là même fragilisé le retour
du questionnaire entreprise qui, sollicitant des informations comptables,
devait renforcer les données secondaires pour le traitement de l'impact
de la certification forestière sur les performances financières
des entreprises certifiées.
v Pour ce qui est du second degré, il concerne le choix
des employés enquêtés pour le traitement de
l'hypothèse portant sur l'impact de la certification sur
l'efficacité sociale des entreprises du secteur. Pour y parvenir, nous
avons tout d'abord répertorié les différentes fonctions
qu'on retrouve dans les sites forestiers des entreprises
enquêtées. Et avec la participation des responsables des sites,
nous avons opéré un tirage aléatoire simple avec remise de
quelques fiches des employés suivant toutes les fonctions. Les
employés dont les fiches ont été tirées ont
été suivis dans leurs différents postes de travail dans la
forêt. Les remises réalisées concernent les fiches non
pertinentes (employés récemment embauchés n'ayant pas
passé assez
Tableau 3.1 : Structure de
l'échantillon d'employés
|
|
FIRME
|
Total
|
E1
|
E2
|
E3
|
Total
|
F
O
N
C
T
I
O
N
S
|
abatteur
|
Effectif
|
7
|
8
|
4
|
19
|
% Firme
|
23
|
27
|
27
|
25
|
Fonction d'inventaire
/identification/traçabilité
|
Effectif
|
4
|
4
|
5
|
13
|
% Firme
|
13
|
13
|
33
|
17
|
Fonction de transport
|
Effectif
|
7
|
1
|
1
|
9
|
% Firme
|
23
|
3
|
7
|
12
|
ingénieur/délégué du
personnel/chef de site
|
Effectif
|
5
|
5
|
1
|
11
|
% Firme
|
17
|
17
|
7
|
15
|
Scieur/soudeur/ entretien
/gardien
|
Effectif
|
7
|
5
|
2
|
14
|
% Firme
|
23
|
17
|
13
|
19
|
débardeur
|
Effectif
|
-
|
7
|
2
|
9
|
% Firme
|
0
|
23
|
13
|
12
|
Total
|
Effectif
|
30
|
30
|
15
|
75
|
% Firme
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source : données d'enquête,
auteur
|
|
|
|
|
|
de temps pour pouvoir observer les changements dus à la
certification). Cette opération nous a permis de corriger davantage
notre échantillon. En effet, nous avons tiré 50 fiches pour
chacune des deux unités dont la taille des populations tourne entre 600
et 800 employés.
La population d'employés interrogés est
constituée d'agents de sécurité ou gardiens, scieurs,
soudeurs, agents d'entretien, d'abatteurs, de débardeurs et
déligneurs, de prospecteurs et systématiciens, du service de
traçabilité, d'ingénieurs, de
délégués de personnels, et chef de site. Pour faciliter
l'analyse, nous avons fusionné ces employés par groupe tel
présenté dans l'échantillonnage au tableau 3.1.
Le choix de l'échantillon dans la firme à l'UFA
non certifiée ne respecte aucune des méthodes citées
ci-dessus. La firme étant fortement touchée par la crise, nous
avons fait une enquête exhaustive sur tous les employés que nous
avons trouvés sur place (15 employés sur 107 habituels avant la
crise financière).
Par contre, pour les firmes à UFA certifiées
nous avons effectivement enquêté moins du nombre de fiches
tirées, tel que présenté par le tableau suivant pour des
raisons de saturation de l'enquête. La saturation étant atteinte
lorsqu'on se rend compte de la répétitivité des
données récoltées (DEPELTEAU, 2000) ; nous nous
sommes rendus compte que les réponses recueillies dès la
23ème trame d'enquête étaient
répétitives. Nous avions fort probablement atteint la
saturation ; et nous avons tout de même complété
l'échantillon à 30 individus pour chacune de ces entreprises pour
des raisons statistiques.
Cette seconde hypothèse concerne aussi les populations
riveraines. Leur prise en considération n'a pas fait l'objet
d'échantillonnage aléatoire. Nous nous sommes orientés
directement vers les Comités-Paysans-Forêt (CPF) en charges de
tout ce qui concerne les relations entre les populations et les gestionnaires
forestiers. Ce comité constitue entre autre un cadre de dialogue
permanent et de résolution des conflits.
I.2.2 : Administration du questionnaire, limites et
validation des données
Etant donné que notre étude nécessite des
informations qui n'existaient nulle part ailleurs, et qu'elle suppose aussi
l'expression des préférences individuelles, le sondage des sujets
par l'entrevue (l'entretien) au moyen d'un guide (pour les populations
riveraines) et de questionnaires structurés administrés avec
quelques questions d'évaluation contingente (Pour les employés)
constitue le moyen le pus adéquat (voir annexe V). Ce mode
d'investigation cadre avec la démarche scientifique
hypothético-déductive et falsificationiste que nous adoptons dans
cette étude. Nous avons opté pour une technique d'administration
au face à face avec des questions ouvertes et fermées,
entremêlée de causeries et anecdotes pour éliminer toute
pression, afin d'avoir un taux de réponses crédibles
élevé.
La limite majeure de notre échantillonnage, loin
d'être liée aux contraintes budgétaires, est plutôt
liée aux contraintes techniques ne dépendant aucunement de notre
volonté du fait de la méfiance et de la sensibilité du
secteur forestier telle que évoquée plus haut au paragraphe
ii). La réalisation de l'échantillonnage de premier
degré fixé dès le départ et l'accès aux
données comptables sollicitées nous auraient conduits à
une analyse beaucoup plus robuste. Cependant, la nature des unités
effectivement étudiées s'étend à toute la structure
du domaine. (Entreprises certifiées, entreprises non
certifiées ; zone 1, zone2, zone 3).
La validation de l'enquête permet de se rassurer d'une
collection rationnelle des données en fidélité avec la
perception et le vécu des faits et des événements par les
acteurs. Nous avons procédé dans notre étude par une
observation méthodique et directe. Nous avons à cet effet eu
l'occasion d'assister à une assise des membres du CPF du village au
terme de laquelle nous nous sommes présentés, et avons eu un
rendez-vous pour l'entretien avec les représentants des populations.
Dès notre arrivée dans une des entreprises, nous avons
assisté à la réunion habituelle du mercredi portant
respect des mesures d'hygiène, de santé et de
sécurité au travail dans le cadre de son comité où
nous avons d'ailleurs posé des questions qui allaient de
l'intérêt des employés au sujet de l'accessibilité
limitée aux trousses médicales par tous les employés.
L'ensemble des entrevues et enquêtes a
été couvert entièrement par l'auteur qui a joué
tour à tour le rôle de participant, de participant-observateur,
d'observateur participant, et enfin d'observateur ; pour réaliser
de manière objective en même temps et mieux la collecte des
données. Pour aller dans le même sens, les questionnaires n'ont
pas été distribués aux employés. Le remplissage de
toutes les trames d'enquête a été effectué par
l'auteur en présence des enquêtés pour garantir la
fiabilité des données.
v Univers de l'étude
La phase de terrain a été effectuée dans
trois sites différents et très distants comme le présente
la figure ci-dessous. N'ayant pu avoir l'accord que dans ces sites
coloriés en vert, nous avons ressenti la nécessité de les
couvrir tous.
Si nous avons manifestement ajourné des
précisions sur l'univers d'étude et les entreprises
visitées, c'est parce que, la condition d'étude proposée
et acceptée unanimement était l'anonymat pour une assurance de la
confidentialité.
Les organismes sollicités n'ont accordé aucun
financement pour cette étude du fait de son caractère
délicat, puisqu'elle constitue en elle-même un audit presque
complet, pourtant il existe les tierces parties pour cela. Compte tenu de
l'enjeu, que nous estimons considérable, du rapprochement
théorique conséquent de cette étude ; ainsi que la
validité de notre question de recherche, nous avons tout de même
recouru au financement familial à hauteur d'un peu plus de mille cent
dollars (1 100 $), complété par l'allocation du programme
qui s'élève à un peu moins de deux cent dollars (200$).
Pour notre sécurité, nous nous sommes dotés d'une paire de
botte et nous avons bénéficié d'un casque à
l'entrée des UFA certifiées.
Cette phase de terrain a duré un mois et une semaine
(près de 40 jours). Ce nombre de jours élevé est
justifié d'une part par les distances énormes qui séparent
les sites d'étude (Voir figure 3.1), et d'autre part par
l'enclavement de tous ces sites. Ce qui suppose près de 12 jours de
routes au total et 28 jours d'observation et d'entretien.
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect14.png)
Cette section nous a permis de construire un cadre
opératoire nécessaire pour la validation empirique des
rapprochements théoriques que nous avons effectués au chapitre
deuxième. Il reste pour ce chapitre de décrire les données
collectées ; mais il convient au préalable de
présenter les méthodes de traitement de ces données
Section II :
Méthodes de traitement et analyse descriptive des données
Dans la section précédente, nous
élaborions encore le schéma complet qui nous a permis de passer
des hypothèses aux indicateurs afin de palper l'information subtile pour
la poursuite de notre démarche hypothético-déductive.
Avant de passer au test empirique des hypothèses à partir de ces
données, nous ne pouvons nous dispenser d'opérer une description
des données obtenues ; et ceci après avoir
présenté les méthodes et programmes utilisés pour
le traitement de ces données.
II.1 : Méthodes de traitement des
données
Dans cette rubrique, nous ferrons une brève revue
théorique des méthodes et programmes, puis, nous
présenterons ceux que nous avons utilisés pour notre travail.
II.1.1 : Revue des méthodes
utilisées
Aujourd'hui, alors que plusieurs études s'orientent sur
la prise en compte du social dans les pratiques de gestions forestières
dans les zones tropicales, l'aspect des performances quant à lui, est
peu exploré. Nous présenterons la méthode utilisée
dans deux travaux que nous jugeons fondamentaux, et qui, d'une certaine
manière, ressortent respectivement les deux aspects de notre
étude. Notamment l'aspect responsabilité sociale des entreprises
et l'aspect performance financière.
Pour ce qui est de l'aspect responsabilité sociale,
nous citerons une fois de plus les travaux de MARTINET (2008), qui fait une
évaluation de la mise en oeuvre des aspects sociaux des principes,
critères et indicateurs de la certification du Forest Stewardship
Council dans le cas des aménagements forestiers au Cameroun. Dans cette
étude, elle se limite à la responsabilité externe des
entreprises, et donc, elle traite de tout ce qui concerne les rapports entre
l'entreprise et les riverains. Après avoir procédé
à la collecte des données par des enquêtes sous formes
d'entretiens retranscrits par prise de note avec les populations, les
entreprises, et quelques membres de l'administration forestière, Elle
les a traitées et analysées « de manière
simplifiée avec un tableau Excel ».
Pour ce qui est de la mesure des performances
financières, La théorie économique regorge d'une panoplie
d'instruments. Nous pouvons citer les méthodes paramétriques et
des méthodes non paramétriques, l'indice de LERNER... Nous
revenons sur les travaux de BOUSLAH K. (2008). Il utilise la certification
forestière comme un indicateur de mesure de la performance
environnementale et examine la relation entre la performance environnementale
et performance financière le contexte canadien et américain. Dans
son étude, il se pose comme question principale : le marché
financier accorde t-il une «prime verte» pour les entreprises ayant
adopté une telle initiative normative ? Pour répondre
à cette question, il utilise une méthodologie
événementielle qui permet de mesurer l'impact d'un
événement, tel celui de l'adoption de la certification, sur la
performance financière telle que mesurée par les rendements
anormaux cumulés (RAC). Il utilise un échantillon de
contrôle sélectionné en fonction de l'industrie (code SIC
à 2 «digits») et de la taille (capitalisation
boursière) comme référence pour les entreprises
certifiées. Pour parvenir à mesurer cet impact de la
certification sur les performances des entreprises, BOUSLAH fait du
« Benchmarking » qui consiste à attribuer des scores
(« benchmark ») aux entreprises pour les classer par ordre
d'importance. Puis, il procède par études
événementielles à deux étapes successives
(MACKINLAY, 1997). La première consiste à estimer le
modèle de marché financier pour chaque firme de
l'échantillon. Le modèle de marché est décrit par
l'équation suivante:
Où Rit est le rendement du titre de la firme i
à la date t, Rmt est le rendement du portefeuille de
marché à la date t, åjt est le terme
d'erreur du modèle. Et Et á et â sont les
paramètres estimés du modèle de marché
La deuxième étape consiste à calculer les
rendements anormaux qui sont supposés refléter la réaction
du marché suite à l'arrivée de la nouvelle information. Le
rendement anormal est égal à la différence entre le
rendement estimé et le rendement observé. Le rendement
estimé représente le rendement qu'aurait du réaliser la
firme si l'événement ne s'était pas produit. Il mesure les
rendements anormaux en tant qu'erreurs résiduelles ou plutôt les
erreurs prévues du modèle de marché.
II.1.2 Méthodes utilisées
Les données collectées pour cette étude
ont été de natures différentes. Par conséquent, les
méthodes de traitement et d'analyse diffèrent. Les informations
collectées traitant de la responsabilité sociale ont
été traitées différemment suivant qu'elles portent
sur la responsabilité externe ou sur la responsabilité interne.
L'étude de l'aspect externe nécessite une simple
synthèse des entretiens passés avec les populations
représentées par le CPF.
L'aspect interne a fait l'objet de questionnaires individuels
administrés à un échantillon de 80 employés (75
réponses valides). En anticipant sur les formes des réponses
(Mots, Phrases), il a été important de recourir aux
méthodes d'échelles nominales pour quantifier les informations
qualitatives à recueillir. A cet effet, nous avons effectué une
codification des réponses fermées attendues. Les réponses
ouvertes ont à leur tour été codifiées après
le terrain. Pour constituer une base de données, nous avons entré
les codes par le logiciel CS PRO qui a un avantage qu'il permet de
contrôler systématiquement la saisie et le respect des sauts de
questionnaires. Pour une bonne classification des données en groupe il a
été nécessaire d'exporter les données vers le
logiciel SPSS 14 pour une analyse descriptive uni variée et bi
variée. Microsoft Office Excel 2007 a été utilisé
pour les graphiques. Le test de l'hypothèse a été
effectué après une estimation logistique binomial faite à
base du logiciel STATA 9. La spécification de ce modèle
sera plus détaillée dans le chapitre IV.
Nous comptions partir des trois familles de critère qui
captent bien la performance sous trois éclairages
complémentaires telles que définies par COLSON et MAKUNZA
(2000). Notamment les critères de rendement (le taux de profit, le taux
de rentabilité...), les critères de productivité ou
maîtrise des charges fixes et variables (la productivité des
facteurs capital et travail et des matières premières, les
critères de croissance (le taux de croissance annuelle des ventes, le
taux de croissance annuelle des effectifs du personnel, le taux de croissance
annuelle des immobilisations corporelles brutes). Nous comptions aussi ajouter
une quatrième famille de critères commerciaux (l'évolution
du porte feuille clients de l'entreprise, l'évolution du volume d'achat
par client, l'évolution des sous-traitances) du fait de l'exigence des
clients des produits forestiers éco labellisés. Au finish, nous
n'avons pas pu accéder aux données comptables sollicitées
sur les variables clés. Cette deuxième hypothèse a tout de
même été conservée du fait des nouveaux
repères théoriques que nous avons du moins
élaborés, sinon essayé de bâtir et dont la
confirmation empirique ne pourra cependant être approchée que par
quelques analyses descriptives.
II.2 : Analyse descriptive de l'impact de la
Certification forestière sur l'efficacité
socioéconomique
D'après la présentation des parties prenantes
à la gestion forestière telle que faite en section II.1 du
chapitre précédent, La forêt constitue un centre
d'intérêts économiques à un ensemble de groupes qui
sont influencés d'une manière ou d'une autre à
l'activité l'exploitation, parmi lesquels, les populations, les
employés, et les entreprises elles même. Jusqu'ici, nous avons
construit un cadre qui va des relations théoriques jusqu'à la
classification des données qui nous permettront d'opérer une
validation empirique. Nous nous proposons dans cette sous-section de faire une
analyse descriptive des données collectées. S'il est vrai que
cette analyse reste insuffisante pour la validation des hypothèses
émises, nous ne disconvenons pas qu'elle nous permette de juger de
l'existence ou non d'une présomption des liens de causalité
traduite par hypothèses. Nous nous attarderons certes sur l'aspect
social interne qui a fait l'objet d'enquêtes. Mais nous
ébaucherons au préalable l'aspect externe. Ces deux points sont
réalisés en référence à la théorie de
l'agence évoquée plus haut ; pour terminer avec
l'efficacité économique des entreprises qui quant -à
elle, est en référence avec la relation SCP augmentée de
la certification.
II.2.1 certification forestière et
responsabilité sociale des entreprises
Nous décrirons tout d'abord l'évolution de la
responsabilité externe des entreprises (relations avec les populations),
ensuite, la responsabilité externe. Cette responsabilité sera
présentée au moyen des scénarii. Nous en prévoyons
3. La situation avant l'arrimage à la certification, la situation
après, et enfin, un point de vue critique. Nous garderons un effort
minimum de comparaison.
a) Responsabilité externe des entreprises
o Scénario n°1 : rapports
entreprises-populations avant la certification:
La forêt a longtemps été une base
d'existence et de subsistance pour les populations autochtones et autres
allogènes. Elle est une base d'existence en ce qu'elle leur offre un
habitat, un abri. Elle constitue en elle-même une culture pour ces
populations dont chacun des rites et des activités, lui est
lié(e). Elle est une base de subsistance en ce qu'elle est un gisement
principal des ressources clés (PFNL), des biens et services
récoltés aux moyen de la chasse, de la cueillette, de
l'agriculture. Les populations étant copropriétaires de la
forêt (bien qu'au sens sociologique), son exploitation devait les
cheminer d'une situation d'enclavement et de pauvreté vers un
développement local appréciable.
Cependant, les habitudes de
gestion observées avant la certification et même dans certaines
entités forestières encore non certifiées aujourd'hui
gérèrent un effet d'éviction des intérêts de
ces populations au profit des leurs. L'exploitation illégale
décriée et encore observée encourage le braconnage et
précipite le stock de toutes les ressources vers l'isolat mettant en
danger la fonction de base de subsistance et d'existence dont jouissent les
riverains au profit des intérêts capitalistiques des exploitants.
Dans l'exploitation non certifiée que nous avons eu l'occasion de
visiter, il n'existe pas de compromis d'exploitation forestière, aucune
infrastructure sociale au service des populations n'a été mis sur
pied, il n'y existe pas de cadre permanent de gestion des conflits et
d'entretien avec les entreprises. Dans la zone exploitée, les PFNL n'ont
presqu'aucune valeur aux yeux de l'exploitant qui n'a d'ailleurs pris aucune
mesure d'inventaire et de sauvegarde ; les sites d'intérêts
économiques, religieux et culturelles n'ont non plus été
identifiés. Les populations n'ont aucun droit à la zone
d'exploitation. Elles restent fermées à elles même, sans
énergie électrique, sans eau potable, bref, dans des conditions
sociales précaires. Dans cette précarité, les populations
sont vulnérables et n'ont pas de pouvoir considérable pour
garantir et défendre leurs intérêts.
Il existe tout de
même un cahier où les populations consignent leurs
doléances. La consultation peu fréquente de ce cahier conduit
tout de même à l'octroi des certains dons aux jeunes et à
la population en général. L'exploitant approvisionne entre autre
les populations en déchets de bois et embauche essentiellement les
jeunes du village. Tel que demande le « 4.1 du FSC »54(*).
o Scénario n°2 : Rapports observés
dans les entités certifiées
Les populations des
entités certifiées ne vivent pas le paradis. Cependant, ils
bénéficient pour la majorité d'un minimum de
prérogatives en compromis à l'activité d'exploitation
forestière depuis l'entame du processus de certification. L'action
sociale des entités certifiées améliore de manière
directe et indirecte la condition des populations riveraines.
v De manière directe, l'obtention de la certification
chez ce type d'entreprise suppose aussi le respect des PCI de certification
qui assure une certaine considération des Us et Coutumes et des cultures
des populations en référence au 3.3 du FSC, la participation
à la gestion, la prise de consentement et la sauvegarde du droit
à la terre et aux ressources en référence au 3.1 et 3.2 du
FSC et enfin, la compensation de leur savoir traditionnel et la contribution
aux infrastructures sociales locales (4.1.4 du FSC).
Actuellement, les
entités certifiées, pour celles que nous avons visitées
n'atteignent pas les 30 mètres des sites identifiés à
valeurs culturelles, religieuses, et coutumières présentes dans
l'AAC. Cet impact direct de la certification peut être palpé par
un certain nombre de réalisations complètement menées par
les gestionnaires. Nous pouvons citer les points d'eau, les écoles, les
hôpitaux, ... (Voir annexe VI).
Dans le même ordre
d'idée, l'entité E155(*) que nous avons enquêtée finance à
près de 20% l'installation électrique56(*) qui est encours pour le compte de toute la localité.
L'entité E2 quant-à elle a réalisé un de ses
engagements en illuminant entièrement la localité à ses
frais. Elle assure entre autre un accès inconditionnel à de l'eau
du forage que certains jugent encore de non potable. Les populations circulent
dans toute la concession pour des motifs précis de chasse de subsistance
et peuvent y camper provisoirement. Elle rémunère le savoir
traditionnel (3.4 du FSC) en embauchant les Pygmées dans les postes et
catégorie appropriés (Voir annexe VII). Le nombre
d'employés Baka aujourd'hui employés s'est accru et approche une
quinzaine. Même comme « ...en période de cueillette, ils
désertent les postes de travail pour retourner à leur
activités culturelles »57(*). Cette intégration croissante respecte la convention
111 de l'OIT sur la Discrimination vis à vis des minorités. Au
sein des entités E1 et E2 comme dans toute société
certifiée, les rapports, (conflictuels ou non), sont gérés
dans le CPF58(*).
v De manière indirecte, la plupart des dispositions
prises pour améliorer la condition sociale des employés est aussi
bien profitable aux populations. Cet aspect sera développé dans
la responsabilité interne des entreprises.
o Scénario 3 : observation critique
Globalement, l'observation
faite sur le terrain montre un décalage dans les pratiques de gestion
forestière suivant que l'entité est certifiée ou non.
Cependant, il convient de revenir sur quelques observations critiques. La
société E1 doit encore fournir des efforts en matière
d'assurance des intérêts des locaux. Sa concession est
fermée à elle seule, elle n'admet aucune flânerie dans la
concession quelque soit le motif. Les populations se plaignent encore au sujet
des droits d'usage et de la restriction d'accès aux ressources. Les
populations n'ont pas accès aux sous-produits. Elles nient avoir
été sollicitées pour donner leur consentement libre au
sujet de la sauvegarde de leurs droits et avouent entretenir une relation
instable et infructueuse avec le gestionnaire en place. Il n'existe pas
d'unité de transformation locale des PFL et PFNL, Ce qui aurait aussi
contribué au développement local.
Les plaintes des
populations sont nourries par la mauvaise utilisation de la RFA. Elle profite
peu aux populations qui manquent d'initiatives de projet de
développement et par conséquent, reste amnésiques aux
efforts du gestionnaire. Elle profite plus aux intérêts
égoïstes des mairies qui préfèrent quelques fois
effectuer des dépenses grossières à l'instar de la
construction d'un monument en bronze à hauteur de 10 000 000
de FCA dans une enclave où il n'ya ni eau, ni électricité,
ni réseau téléphonique. Les populations de la
localité restent xénophobes et hostiles aux changements59(*).
La dernière
observation faite est celle de l'enclavement qui demeure tant dans les
sociétés certifiées que dans les non certifiées. Il
n'existe presque pas de route sauf un espace défriché qui peut
servir de passage pour l'extraction de cet « Or vert ».
Beaucoup de choses restent
à faire sur cet aspect de l'étude. Cependant, on peut tout de
même remarquer que la certification constitue la voix des riverains en
leur garantissant un minimum d'intérêt tout en créant des
mesures favorables pour l'internalisation des préjudices qu'elles
peuvent subir.
b) Responsabilité interne des
entreprises
Les information collectées au sujet de la
responsabilité interne des entreprises certifiées exhibent une
changement de comportement au profit des employés (i). Cependant , elles
laissent voir quelques écarts dans le respect strict des PCI de GDF
(ii)
i) Changements liés à la certification
forestière
Les employés des entités forestières
certifiées ont connu une appréciation de leurs conditions
sociales, que ce soit en matière de santé, de besoins de
première necessité, de sécurité individuelle, de
sécurité de l'emploi et de liberté d'organisation et de
négociation collective. Dans les paragraphes qui suivent, nous
illustrerons ces propos liminaires par quelques graphes et chiffres
commentés tout en gardant un effort minimum de comparaison suivant qu'on
part de la période avant certification à la période
après certification; ou alors d'une zone certifiée vers une non
certifiée.
v sécurité sociale des employés (en
reference au 4.2 du FSC)
Les investissements opérés par les entreprises
qui sollicitent la certification constituent en une partie considérable
des prestations de santé et des dépenses de
sécurité des employés. Le graphique ci desous illustre une
amélioration de la sécurité sociale des employés
dans les entreprises certifiées enquêtées.
En effet, nous observons l'accès à l'infirmerie
facilité à 90% (et à 97%) des familles des employés
de la firme E1 (et E2 ); l'assurance des meilleurs conditions d'hygiène
et salubrité , la sensibilisation et prévention des MST/SIDA et
paludisme à 100% des employers de l'entreprise E1 et E2 ainsi qu'une
amélioration de l'accès à la cautisation sociale de 60%
(et 93%) pour E1 (et E2) à 87% (et 97%).
Fig. 3.2 : Evolution de la
sécurité sociale des employés
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Clé de lecture : la lecture des pourcentages suit
l'ordre des couleurs de la legende et des modalités correspondantes.
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Source : construit par l'auteur à
partir de Excel
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Ces graphiques (Figure 3.2) montrent aussi un
accès à l'electricité et au logement à 90% (73% et
67% respectivement)des employés de E2 (et E1). Dix-sept pourcent (et47%)
des employés de E2 (et E1) acquièrent une ou plusieurs formations
professionnelles. Il est indispensable de préciser qu'en guise de
logement gratuit dans l'entreprise E1, le gestionnaire a opté pour la
construction d'un campement pour employés en pleine zone d'exploitation.
Cette construction est encore en cours et fait l'objet d'achoppement entre les
employés et le gestionnaire.
La figure 3.3 fait une présentation
comparative et évolutive de la disponibilité des
équipements de protection individuelle. Aujourd'hui dans les
sociétés certifiées visitées, les bottes et les
chaussures de sécurité sont accessibles à près de
93% (et 73%) aux employés de E1 (et E2). La tenue et le casque sont
respevtivement accessibles à 93% et 100% (et 93% et 77%) aux
employés de la société E1 (et E2). Le faible niveau de
masque respiratoire, lunettes, et de casque anti-bruit est du au fait qu'ils
desservent une couche particulière d'employés dont abatteurs et
débardeurs (pour les chiffres, voir annexe IX).
Fig. 3.3 : Usage des équipements de
protection individuelle : Evolution et comparaison 60(*)
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Source : constrtruit par l'auteur à
partir de Excel
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Il est utile de noter que la presque totalité des
dotations observées ci-dessus est due à la certification des
entreprises E1 et E2. Les deux graphiques ci-dessus exhibent un changement
d'état dans les sociétés certifiées, d'une
situation de déséquilibre sanitaire et d'insécurité
vers une situation meilleure (Voir annexe X et XI). Les entreprises E1
et E2 ont assuré entre autre un accès à la formation au
premier secours et à la sécurité incendie respectivement
à 60% et 43% de ses employés.
Les obligations de la certification ont aussi conduit les
gestionnaires à mettre sur pied un économat au sein de
l'entreprise pour les biens necessaires de consommation, d'une infirmerie au
service des employés et leurs familles. Durant le processus de
certification, les gestionnaires de E1 et E2 ont doté leur entreprises
d'une ambulance pour l'evacuation rapide en cas de besoin, ainsi q'un moyen de
deplacement adéquat pour la forêt (Voir annexe XII).
Avant la certification, l'usage des équipements de protection et
l'accès aux service vitaux ci-dessus étaient éffectifs
à un niveau rampant. la société non certifiée
quant-à elle, n'a connu aucun changement de nos jours. La condition
sociale reste hautement précaire. Elle n'assure presque pas de service
sanitaire minimum aux employés et ne se soucie guère de leur
sécurité au travail.
v Sécurité de l'emploi, liberté
d'organismtion et de negociation collective (4.3 du FSC )
Les employés des sociétés
certifiées jouissent d'une sécurité de l'emploi.
Aujourd'hui, 80% (et 97%) des employés de la société E1
(et E2) ont un contrat de travail contre 27% seulement dans la
société non certifiée. Pour ce qui est de la nature des
contrats, 60% des employés environ de E1 et E2 ont librement
négocié leur salaire. Et le minimum de leur salaire est
fixé en référence à la convention collective (Voir
Figure 3.4)
Fig. 3.4 : Mode de négociation
salariale et existence d'un contrat de travail
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Clé de lecture : la lecture des pourcentages suit
l'ordre des couleurs de la legende et des modalités correspondantes.
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Source : construit par l'auteur
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Les employés de l'unité E2 s'organisent autour
d'un syndicat pour mieux défendre leurs intérêts. Il
n'existe pas de syndicat chez E1, cependant, les employés s'organisent
autour de leurs délégués qui portent leurs
intérêts et les défendent. Grâce à la
certification, le temps de travail a baissé dans les
sociétés certifiées pour atteindre 8 heures, ils
travaillent désormais 6jours/7 et non plus 7 jours/7. Les heures
supplémentaires observées chez E1 sont entièrement
rémunérées. E2 ne pratique plus d'heures
supplémentaires ; même si ses employés se plaignent de
la perte des avantages y afférant. Les sociétés
certifiées observent une bonne distribution des catégories
socioprofessionnelles en fonction des différentes fonctions
rencontrées (Voir annexe VX)
La crise économique dont les démembrements
arrivent au secteur forestier aujourd'hui n'est pas parvenue à
déstabiliser les employés dans toutes les sociétés
certifiées. Toutes ces 4 entreprises détiennent les taux de
conservation du facteur travail les plus élevés. Il est
égale à 100% pour 2 entreprises, 86% et 84% pour les deux
autres, pourtant dans les entreprises non certifiées, il
décroît jusqu'à 28% (Voir annexe XVI)
La structure non certifiée enquêtée a
octroyé un contrat de travail à seulement 27% de ses
employés, 80 % de ces derniers recoivent comme salaire un montant
fixé au gré de l'employeur. Ce montant est souvent payé
sans support de payement (bulletin de paye).
ii) Observations critiques
A la marge de tous les changements cités dus à
la certification, il convient d'évoquer un certain nombre de manquements
observés dans les sociétés certifiées qui
pourraient conduire vers des demandes d'actions correctives mineures, voire
majeures. Deux aspects majeures retiennent notre attention : Le manque de
rigueur dans le port des équipements et la coissance des accidents de
travail d'une part, et quelques cas de classement des catégories
socioprofessionnelles non adaptées.
v Quelques images collectées (voir annexe XIII et
XIV) illustrent le manque de rigeur dans la conservation et le port des
équipements de protection individuelle. L'employé de gauche ne
dispose plus de casque et de chaussures de sécurité. Et
l'employé de droite quant-à lui a du laissé volontairement
sa tenue verte de travail au départ de la maison. Certains
employés déclarant aussi avoir laissé leurs
équipements, on peut déduire un manque de rigueur chez
l'entreprise E2 qui devrait mettre sur pied un mécanisme de
contrôle strict car, la conservation du certificat et le bien être
de l'entreprise en dépendent.
Tout comme les employés de la firme E2, ceux de la
firme e1 connaissent les zones et substances à risque qui ont
été belles et bien identifiées par l'entreprise.
Cependant, on observe une croissance de la proportion d'employés
accidentés qui passe de 13à près de 30% pour E1.
Même si le dommage majeur n'est que de simples blessures.
v Le deuxième manquement à évoquer
concerne quelques cas de reclassement inadéquats. Une lecture simple du
tableau de distribution des fonctions des employés par rapport aux
catégories (Voir annexe XV) illustre ces
irrégularités. La convention collective dispose que les chefs de
groupes d'ouvriers, et chef d'ateliers dans les filières techniques
devraient être regroupés dans la catégorie des agents de
maîtrise VII et VIII respectivement. En effet, nous observons 20% de
cette qualité d'employés dans la classe des ouvriers chez
E161(*). Ce
problème de reclassement est fortement plaint par tous les
employés interrogés. Et par conséquent, il est important
de mener une étude plus profonde pour en savoir assez. Il conviendra
aussi de revoir le mode de détermination du salaire. Car actuellement,
37% des employés disent avoir adopté le salaire fixé par
l'employeur.
II.2.2 : Certification forestière et
efficacité économique des entreprises
Les entreprises qui s'engagent dans un commerce
équitable et durable opèrent par là même un
management qui attise plus d'un critère financier et non financier de
performance économique. Dans la deuxième sous-section du chapitre
II, nous présentions la certification comme un instrument de management
stratégique qui nourrit la performance tant par le biais de la
composante structure du marché que par la composante
« comportement » du modèle S-C-P. Il a
été très difficile voire impossible d'accéder aux
données recherchées pour la validation empirique de cette
relation théorique. Il s'avère que cette difficulté
réputée dans le domaine (BARBOSA DE LIMA, 2009). Cependant, nous
n'avons accédé qu'à une poignée de données
qui nous permet de considérer le rapprochement théorique
opéré.
a) Performance économique: conséquence
directe du comportement responsable.
Sur le plan de la responsabilité économique, les
entreprises forestières, en garantissant un bien être aux
employés et une durabilité environnementale garantissent par
là même leur performance économique. Durant notre
enquête menée auprès de 60 employés de deux
sociétés certifiées, ces derniers témoignent
presque tous un regain de nouveau souffle du fait des changements liés
à la certification. Alors que 40% (et 23%) des employés de E1 (et
E2) justifient ce second souffle par une plus grande sécurité au
travail, 30% (et 43%) évoque l'assurance de la santé et 30% (33%)
évoquent la valorisation du métier. Ce
« Up-grading » exprimé par les employés,
témoignent une augmentation de la productivité du facteur
travail.
Sur le plan de la durabilité environnementale,
« en absence de la certification, les AAC étaient
gérées de façon anarchique. Il suffisait d'épuiser
les ressources exploitables de l'AAC pour passer à une autre assiette
durant la même année » (Inconnu, 2009)62(*). La certification a
crée des mesures à travers une surveillance accrue et permanente
pour juguler ces comportements et garantir une pérennité de la
ressource pour ses fonctions de régulation de l'effet de serre et de
biodiversité. Elle garantit par là même une
viabilité et une pérennité dans l'exploitation de la
ressource.
Sur le plan de la viabilité économique, la
certification forestière, en exigeant une conformité aux valeurs
sociales et environnementales n'exclue pas la conformité à la
pointe des technologies de production. Les entreprises certifiées sont
supposées retirer du circuit de production les équipements
désuets pour de nouveaux. En effet, l'entreprise E2 s'est dotée
de nouveaux engins de débardage (Voir annexe XX) ce changement,
garantit une amélioration des capacités productives de
l'entreprise, suppose par conséquent un accroissement des rendements
marginaux du facteur capital. Les entreprises certifiées (E1, et E2) ont
considérablement investi dans la recherche et développement
à travers le nombre croissant d'ingénieur qu'ils embauchent. Ces
deux aspects évoqués sont à même de pousser la
frontière de production de ces entreprises vers le haut.
La certification a profusément amélioré
l'organisation et la gestion interne des entreprises E1 et E2. Alors que E1 a
revu à la hausse le nombre d'employés de la cellule
d'aménagement (de 1 à 11 employés), E2 a
créé et a restructuré la sienne en cellule sociale,
cellule environnementale. Cette organisation est synonyme de division du
travail.
b) Action de la certification forestière via les
paramètres de marché.
Plusieurs paramètres de marché ont
été touchés par la certification forestière. Nous
nous attarderons sur la demande des produits certifiés et l'existence
d'une « prime verte ». Il conviendra de revenir
brièvement sur la vulnérabilité des entreprises face
à la crise.
- Demande des produits certifiés
Les clients sont l'élément décisif dans
l'orientation vers la certification des sociétés
forestières. L'entreprise E1 déclare recevoir une forte demande
de bois certifiés. D'après sa cellule d'aménagement,
« ...dans un environnement de crise, nous ne vendons que des produits
certifiés ». Sous l'action des ONGE, on assiste à la
promotion des réseaux de clients « verts » à
l'instar du CAFTN, du GFTN, qui oriente les choix vers les producteurs
responsables63(*). Ces
organismes, pour certains, supportent de fois les audits en partie pour
encourager les entreprises engagées et organisent pour d'autres de
multiples séminaires et formations pouvant reformer les PCI et relancer
la certification. Ils créent des conditions de marché compatibles
avec la conservation des forêts, garantissant un gain économique
plus élevé. Cette promotion agit sur la demande des produits
certifiés. Plusieurs entreprises engagées dans la
commercialisation des produits certifiés témoignent qu'elles y
tirent d'importants gains (Voir annexes XVII, XVIII et XIX). Dans une
enquête menée par le FSC (2009), 67% des producteurs
néerlandais, 56% des producteurs Swazi et 33% des producteurs danois
reconnaissent que leurs clients exigent du bois certifié (FSC)64(*). Au Japon, les gains
économiques de la certification sont perçus autrement. Les
« clients verts », en évitant d'acheter très
cher les produits certifiés, adressent directement aux entreprises
certifiées qui, elles seules, captent la « prime
verte » et non pas aux détaillants (IKUO OTA, 2007).
- Existence de premium
Le premium sur les produits forestiers était
anticipé dès l'origine de la certification (RR, 2008)65(*). Le payement de la
« prime verte » est un des mécanismes puissants de
promotion du bois certifié (KARMANN et al, 2009). « Pour les
bois de l'Afrique centrale, la prime de prix était d'environ 15% (en
moyenne) avant la crise, d'après ce que disent les forestiers. Elle est
nulle aujourd'hui, du fait de la crise, mais les bois certifiés trouvent
néanmoins plus facilement des débouchées et les
entreprises certifiées cotées en bourse observent un
accroissement de leurs cours boursiers. Ainsi, SUMALINDO PT avait vu le
cours de son action s'apprécier de 300% après sa certification
FSC en 2005 » (KARSENTY, 2009)66(*). Une étude menée par
Rainforest alliance (2008) sur 6 ans entre 2001 et 2006 en Pennsylvanie
résulte à un accroissement des recettes de vente d'une valeur de
7.7 million de dollars, ce qui débouche sur une augmentation du revenu
à l'ordre de 10%.
Dans une étude menée en 2007, CONROY M. s'est
intéressé à la question suivante: « Does FSC
certification bring extra economic benefits to certified forest owners and to
producers of products from lumber and paper from those forests? And are these
benefits available to small-scale forest land owners, community forests, or
indigenous forests? ». Il arrive à des conclusions parmi
lesquelles «in 2006, the demand for certified lumber and paper
products was still considerable greater than the supply», «
significant price premiums were being paid, especially to those suppliers who
could provide large quantities to major buyers. It is extremely difficult,
however, to gather systematic data on price premium for the simple reason that
it is not in the interest of either the supplier or the purchaser to admit that
price premiums are being paid», « Sellers of certified
timber prefer not to publicize the availability of a premium because they don't
want to see the premium disappear as more sellers enter the market ».
PURBAWIYATNA et SIMULA (2008) estiment dans certains cas « a 5%
to 8% premium. (...) a premium of 11%-14% has been paid by some buyers for
FSC-certified Brazilian products ». Dans une étude faite
sur Europe, GROSS (2003), arrive à un résultat selon lequel, les
matériels à base de bois certifié ont un prix plus
élevé par rapport aux produits non certifiés de l'ordre de
10% à 50% en Autriche, de 5% à 20% en Swaziland.
Pour ce qui concerne la crise économique, les
entreprises non certifiées semblent plus vulnérables que celles
certifiées. Actuellement au Cameroun, la figure 3.5 montre
globalement une baisse de commande et de la capacité de production de
plus élevée chez les non certifiées.
Fig. 3.5 : Variation des flux réels et
de la capacité de production des entreprises
|
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Source : auteur à partir des
données GFBC, 2009 ; MINFOF, 2009
|
Seule l'entreprise F7 dans ce graphique réalise des
chiffres inattendus. Ceci est du à la fermeture habituelle liée
à la saison pluvieuse. Les entreprises certifiées refusent de
répondre à certaines commandes à cause de la crise qui
déstabilise les prix. C'est ce qui explique les baisses de commande
observées chez elles.
Conclusion
L'objectif de ce chapitre était de faire état
des contours méthodologiques et de présenter une analyse
statistique des données engrangées dans la phase de collecte
portant sur les effets de la certification forestière sur
l'efficacité sociale et les performances économiques des
entreprises. Pour ce qui est de la responsabilité sociale des
entreprises, une lecture approfondie des analyses faites sur la
sécurité sociale montre que chaque société peut
avoir son point d'impulsion vers la certification. En effet, E1 se serait
appuyée sur la sécurité au travail (où il y a plus
de rigueur), alors E2, se serait plutôt appuyée sur l'accès
aux besoins de première nécessité et à la
santé. Les données statistiques exhibent un changement
considérable du statut des populations riveraines et des employés
tant chez E1 que chez E2 comparativement à la période avant la
certification et aux pratiques observées dans l'entreprise non
certifiée. La certification constitue désormais, en plus de sa
fonction de signal une voie pour les populations et les employés dans la
défense de leurs intérêts. Elle incite les entreprises
à une responsabilité sociale. La certification est une
véritable culture d'entreprise qui fait des anciens « coupeurs
d'arbres » de nouveaux « gestionnaires ». Cette
observation corrobore l'hypothèse selon laquelle la certification
forestière améliore l'efficacité sociale des entreprises
au Cameroun.
Pour ce qui est de la performance économique, à
partir de quelques statistiques et d'informations récentes on peut,
dans une certaine mesure, dire que la certification forestière est un
instrument de management stratégique, qui, en différenciant les
produits, offre de nouvelles opportunités de marché et une prime
verte aux entreprises certifiées.
Chapitre VI :
évaluation de l'impact de la certification forestière sur le bien
être des employés du secteur au Cameroun
Introduction
Après avoir opéré un cadre
théorique qui justifie que la certification forestière (FSC) est
un instrument (performant) de bonnes pratiques de gestion forestière qui
garantit d'une part les intérêts socio-économiques des
populations et des employés (modèle d'agence) et d'autres part
ceux des entreprises (modèle S-C-P augmenté de la certification),
une analyse descriptive des données nous a permis de montrer une
amélioration de l'efficacité sociale et économique des
entreprises certifiées. Loin de se limiter à cette analyse
descriptive, une analyse économétrique pourrait certifier cette
amélioration à un degré de confiance très
élevé.
Dans ce chapitre, il sera question de procéder à
un test de significativité de l'impact de la certification
forestière sur l'efficacité socioéconomique des
entreprises du secteur au Cameroun. A partir des données que nous
disposons, nous ne pourrons tester que l'hypothèse 1 qui postule un
effet positif de la certification sur l'efficacité sociale interne des
entreprises. Typiquement, il s'agit d'effectuer une régression qui nous
permet de capter le gain social des employés des sociétés
certifiées et non certifiées, en prenant en compte plusieurs
autres facteurs ou variables. Ce gain social est représenté par
une variable dichotomique « niveau de bien être »,
qui peut être élevé ou faible.
Pour parvenir à cette évaluation, il conviendra
dans un premier temps d'opérer une spécification du modèle
économétrique à utiliser (SECTION I) et dans un second
temps, nous effectuerons une estimation qui débouchera sur l'analyse
proprement dite de l'impact de la certification forestière sur le niveau
de bien être des employés des entreprises du secteur (SECTION
II).
Section I :
Spécification du modèle économétrique
Le but de cette section est de définir de façon
précise les variables nécessaires qui peuvent donner une
explication économétrique du bien être des employés
du secteur forestier. Avant de passer en revue les variables pertinentes prises
en compte dans l'explication du bien être, nous présenterons tout
d'abord une brève revue théorique des modèles de variables
qualitatives.
I.1 : Revue théorique du modèle
Etant donné que dans cette étude, le niveau de
bien être que nous cherchons à expliquer ne peut prendre qu'un
certain nombre de modalités (élevé ou faible),
l'utilisation des méthodes classiques paraît inadéquate du
fait de la violation de certaines hypothèses, telle que la
continuité des observations, la normalité des erreurs,... Ainsi,
l'économétrie des variables qualitatives est plus adéquate
(I.1.1) car elle propose des modèles de régressions
appropriés (I.1.2).
I.1.1 : Point sur l'économétrie des
variables qualitatives
L'objet général de l'économétrie
tel que le définissait la société
d'économétrie de RAGNAR FRICSH était de favoriser les
travaux à caractères quantitatifs en utilisant les approches
quantitatives théoriques et empiriques des problèmes
économiques. Ceci demandait de s'inspirer d'un esprit méthodique
et rigoureux (GREENE, 2005). Dans les années 60 et 70, les bases de
données microéconomiques relatives à des
caractéristiques économiques d'agents individuels (firmes,
employés, consommateurs,...) qui ont pu être constituées
étaient beaucoup plus relatives à des caractères
qualitatifs comme par exemple le dernier diplôme obtenu, d'être
marié ou célibataire, la catégorie socioprofessionnelle,
le type d'études suivies, le fait de travailler ou au contraire
d'être au chômage, l'appartenance ou non à une
région, la détention ou non d'un brevet ou d'un certificat,... La
plupart de ces variables est à caractères dichotomiques (deux
modalités), trichotomiques (Trois modalités) et parfois
polytomiques (plusieurs modalités). Lorsqu'elles sont utilisées
pour expliquer des phénomènes quantitatifs, les méthodes
économétriques traditionnelles d'estimation restent valables. Par
contre, lorsqu' elles constituent les résultats socio-économiques
que l'on cherche à modéliser, le recours aux méthodes de
régression habituellement utilisées pose problèmes au
niveau de la validation des hypothèses. Des méthodes
spécifiques doivent être utilisées tenant compte par
exemple de l'absence de continuité des variables traitées ou de
l'absence d'ordre naturel entre les modalités que peut prendre le
caractère qualitatif (GOURIEROUX, 1989). Historiquement l'étude
des modèles décrivant les modalités prises par une ou
plusieurs variables qualitatives date des années 1940-1950. Les travaux
les plus marquants de cette époque sont sans contestation ceux de
BERKSON (1944, 1951) consacrés notamment aux modèles
dichotomiques simples (modèles LOGIT et PROBIT). Les premières
applications ont alors essentiellement été menées dans le
domaine de la biologie, de la sociologie et de la psychologie. Ainsi, ce n'est
finalement que récemment, que ces modèles ont été
utilisés pour décrire des données économiques avec
notamment les travaux de MacFADDEN (1974) et HECKMAN (1976).
Or, l'application des techniques économétriques
propres aux variables qualitatives à des problématiques
économiques a d'une part largement contribué à
améliorer l'interprétation des modèles simples (comme par
exemple le modèle LOGIT avec les travaux de MacFADDEN), et d'autre part
à identifier des problèmes économiques dont la structure,
si elle n'est pas qualitative au sens propre du terme, est
mathématiquement très proche (c'est par exemple le cas de la
consommation de bien durable avec le modèle de TOBIN, 1958). Ces
développements ont ainsi conduit à introduire un modèle
intermédiaire entre les modèles qualitatifs et le modèle
linéaire habituel (le modèle TOBIT).
La méthode économétrique conventionnelle
n'est possible qu'avec des variables quantitatives. De ce fait, la
faisabilité de l'économétrie des variables quantitatives
suppose une représentation quantitative des « réponses
qualitatives ». Il est question d'associer à un
caractère qualitatif une variable quantitative ou codage.
Considérons une variable qualitative y =
« catégorie socioprofessionnelle » pouvant prendre
six modalités :
« manoeuvre », « ouvrier »,
« ouvrier qualifié », « agent de
maitrise » ; « cadre », « cadre
supérieur ». Plusieurs choix sont possibles pour coder cette
variable qualitative. La première consiste tout simplement à
associer des lettres à une variable quantitative x pouvant prendre six
valeurs réelles distinctes (i, j, k, l, m, n) suivant les
modalités de y. La connaissance de la valeur prise par la variable x
permet alors de connaître la modalité de la variable y et
inversement. Le choix de sextuplé de valeurs (i, j, k, l, m, n) est
alors à priori non contraint : on peut par exemple prendre (0, 1, 2, 3,
4, 5) ou (5, 8, 9, 12, 15, 17) en référence à la
catégorie socioprofessionnelle. Ainsi, on définit par exemple la
variable x de la façon suivante :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect23.png)
Cependant, ces réponses qualitatives auraient pu
être codées autrement à partir des variables dummy ou
muettes. Ce type de codage éclate notre variable catégorie
socioprofessionnelle en composantes binaires. On peut avoir :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect24.png)
L'intérêt principal de cette
représentation quantitative est de pouvoir se ramener à des lois
discrètes dans R ou Rn. Ainsi, si l'on considère
l'exemple précédent la loi de w est une loi multinomiale M (1;
p1, ..., pi, .., pk) où pi désigne la probabilité que la
ième modalité de la variable y se réalise. De
la même façon, la variable w1 suit une loi de Bernoulli B (1, p1).
Il faut toutefois utiliser avec prudence la loi d'une telle
représentation : elle est en effet, par nature, conditionnelle au codage
choisi. Les seules caractéristiques véritablement liées
à la variable qualitative sont celles qui ne dépendent pas de la
représentation choisie, et ne sont autres que les probabilités
p1,..., pK. Ainsi, les moments (moyenne, variance etc..) de la variable
codée ont en général peu de sens. Dans l'exemple
précédent, l'espérance de la variable codée X n'a
pas de signification particulière. En revanche, l'espérance des
variables dummies Wi permet de retrouver les probabilités pi. De plus,
le calcul d'un coefficient de corrélation entre deux variables
codées X et w dépend naturellement des codages retenus, et ne
peut donc être interprété économiquement. En
revanche, la notion d'indépendance entre deux variables codée
reste indépendante du codage retenu.
Dans le prochain paragraphe, nous nous intéresserons au
modèle le plus simple, à savoir le modèle dichotomique,
dans lequel la variable expliquée du modèle ne peut prendre que
deux modalités.
I.1.2 : Les modèles usuels pour les
variables qualitatives.
Les modèles à choix binaires (dichotomiques)
sont utilisés dans les secteurs divers dès lors que la variable
dépendante peut prendre deux modalités. Dans ce paragraphe, il
sera question de passer en revue les trois types de modèles usuels,
l'interprétation des coefficients, pour enfin choisir le modèle
adéquat pour notre estimation.
Hypothèse : On considère un
échantillon de N individus indicés i = 1, ..,N. Pour chaque
individu, on observe si un certain événement s'est
réalisé et l'on note Yi la variable codée associée
à un événement. On pose, i = [1, N] :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect25.png)
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect26.png)
L'inadéquation du modèle linéaire conduit
à modéliser, non pas la variable dépendante
elle-même, mais la probabilité qu'elle prenne la valeur 1 ou 0
(qu'un événement survienne ou pas). On remarque ici le choix du
codage (0, 1) qui est traditionnellement retenu pour les modèles
dichotomiques. En effet, celui-ci permet définir la probabilité
de survenue de l'événement comme l'espérance de la
variable codée Yi, puisque :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect27.png)
La variable Y peut matérialiser le niveau de bien
être. Et donc pour un individu i de notre échantillon, il peut
être élevé ou faible. Elle peut plutôt
matérialiser les équipements de sécurité sociale
qui peuvent être disponibles ou non disponibles pour chaque individu.
Dans un modèle à choix binaire, l'objectif est
la modélisation d'une alternative (Y=1 ou Y=0) et donc à estimer
la probabilité associée à l'événement Y=1.
Etant donné un vecteur X de variables explicatives, le risque d'avoir
des probabilités calculées négatives est
écarté en modélisant la relation X - Y sous la forme :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect28.png)
Où Ö (.) est une application dont les
réalisations s'inscrivent obligatoirement entre 0 et 1. Quoiqu'il
existe, virtuellement, une multitude fonctions répondant à ce
critère, le choix de Ö (.) se porte le plus souvent sur trois types
de fonctions :
o la fonction de répartition de la loi normale
o la fonction de répartition de la loi logistique
o La fonction de répartition de la loi normale
tronquée.
· Cas n° 1 : modèle PROBIT
Ö(.) correspond à la fonction de
répartition de l'erreur åi. Elle est définie
comme il suit :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect29.png)
Il s'agit d'une loi normale centrée réduite
.
Cette hypothèse de travail donne naissance au
modèle PROBIT
· Cas n° 2 : modèle LOGIT
Ö (.) correspond à la fonction de
répartition de la loi logistique
On suppose ici que
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect31.png)
Les propriétés de cette équation sont les
suivantes :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect32.png)
Cette hypothèse de travail donne naissance au
modèle LOGIT.
· Cas n° 3 : modèle à Variable
Dépendante Limitée ou TOBIT
Ces modèles sont intermédiaires aux
modèles à probabilité linéaires et non
linéaires. Ici, la variable dépendante est continue mais n'est
pas observée sur tout l'intervalle. TOBIN (1958) a qualifié ce
modèle de modèle à variables dépendantes
limitées. En effet, ces modèles dérivent des
modèles à variables qualitatives, dans le sens où l'on
doit modéliser la probabilité que la variable dépendante
appartienne à l'intervalle pour lequel elle est observable. La structure
de base ce type est représentée par le modèle TOBIT. Les
modèles TOBIT se réfèrent de façon
générale à des modèles de régressions dans
lesquels le domaine de définition de la variable dépendante est
contraint sous une forme ou une autre. La variable dépendante
était ainsi assujettie à une contrainte de non
négativité. Ce terme a été introduit par GOLDBERGER
(1964) en raison des similarités avec le modèle PROBIT. Les
modèles TOBIT sont des modèles de régression
censurées (censored regression models) ou modèle de
régression tronquée (truncated regression models). Cette
terminologie plus précise permet en effet d'introduire la distinction
entre des échantillons tronqués et des échantillons
censurés :
1. un modèle de régression est dit
tronqué lorsque toutes les observations des variables explicatives et de
la variable dépendante figurant en dehors d'un certain intervalle sont
totalement perdues.
2. un modèle de régression est dit
censuré lorsque l'on dispose au moins des observations des variables
explicatives sur l'ensemble de l'échantillon.
Nous ne développerons pas ce modèle car nos
régressions ne seront ni tronquées, ni censurées.
Quelque soit le type de modèle utilisé des trois
évoquées précédemment, l'interprétation des
coefficients est plus délicate que dans les modèles
linéaires. Ce dernier cas est estimé par la méthode des
Moindres Carrées Ordinaires pour lesquelles les coefficients ont les
interprétations économiques immédiates en termes de
propensions marginales, ou de pentes.
Par contre, l'interprétation des coefficients des
modèles dits à probabilités non linéaires (PROBIT,
TOBIT, LOGIT, ...) ne sont pas directement interprétables. Seuls les
signes des coefficients indiquent si la variable agit positivement ou alors
négativement sur la probabilité pi. Cependant, il est
possible de calculer les effets marginaux afin de connaître l'effet de la
modification d'une variable explicative sur la probabilité
pi.
Puisque,
l'effet marginal d'une variation de Xi sur la
probabilité Pi que Yi soit égal à 1
est : ![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect34.png)
Soit, dans le cas PROBIT : ![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect35.png)
Dans le cas LOGIT : ![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect36.png)
Alors qu'avec le modèle linéaire l'effet
marginal de X sur P est constant quel que soit X (et égal à
â), cet effet marginal de X sur P varie désormais en fonction du
point à partir duquel il est apprécié.
La significativité des coefficients est
appréciée à l'aide des ratios appelés
(z-statistique) car la distribution des rapports du coefficient sur son
écart-type ne suit pas une loi de Student comme dans le modèle
linéaire général, mais une loi normale. Cette statistique
s'interprète de manière classique à partir des
probabilités critiques et permet la tenue de tous les tests de
significativité concernant les coefficients.
Historiquement, les modèles LOGIT ont été
introduits comme des approximations de modèles PROBIT permettant des
calculs plus simples. Dès lors, il n'existe que peu de
différences entre ces deux modèles dichotomiques. Ceci s'explique
par la proximité des familles de lois logistiques et normales. Les deux
fonctions de répartition sont en effet sensiblement proches. Par
conséquent, les modèles PROBIT et LOGIT donnent
généralement des résultats relativement similaires. De
nombreuses études ont d'ailleurs été consacrées
à ce sujet comme par exemple celle de MORIMUNE (1979)67(*) ou de DAVIDSON et MACKINNON
(1984). La conclusion de ces travaux est que, la question du choix entre les
deux modèles ne présente que peu d'importance. Toutefois, il
convient d'être prudent quand à la comparaison directe des deux
modèles. En conclusion de ces travaux, AMEMYA (1981) relève que
les résultats des modèles PROBIT et LOGIT sont
généralement similaires que ce soit en termes de
probabilité ou en termes d'estimation des coefficients â si l'on
tient compte des problèmes de normalisation.
Bien que cette proximité soit valide, il existe
certaines différences entre les modèles PROBIT et LOGIT, comme le
souligne d'ailleurs AMEMYA. Pour cela, il faut être prudent dans
l'utilisation des approximations pour comparer les modèles PROBIT et
LOGIT de toujours raisonner en termes de probabilités pi = F(Xiâ)
et non en termes d'estimation des paramètres â pour comparer ces
résultats. Nous évoquerons ici deux principales
différences :
1. la loi logistique tend à attribuer aux
événements »extrêmes» une probabilité plus
forte que la distribution normale ;
2. le modèle LOGIT facilite l'interprétation des
paramètres â associés aux variables explicatives
Xi
Economiquement, cela implique que le choix d'une fonction
logistique (modèle LOGIT) suppose une plus grande probabilité
attribuée aux événements »extrêmes»,
comparativement au choix d'une loi normale (modèle PROBIT). Pour notre
étude, notre choix portera sur le modèle PROBIT
I.2 : Choix des variables du modèle
La variable dépendante qui porte sur l'impact de la
certification forestière sur l'efficacité sociale des entreprises
est le niveau de bien être. Elle est une variable inobservable. Elle est
nominale binaire ou dichotomique, elle aura deux modalités :
« élevé » ou « faible ».
Les différentes variables indépendantes sont des variables
d'échelles pour certaines (Exemple : l'âge, la taille du
ménage, ...), nominales (telles que le statut de la firme qui peut
être certifiée ou non, la catégorie socioprofessionnelle,
la situation matrimoniale, la fonction de l'employé, le cycle
fréquenté, le dernier diplôme obtenu) pour d'autres. La
relation économétrique est la suivante :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect37.png)
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect38.png)
Notre équation devient :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect39.png)
I.2.1 : Construction de la variable
dépendante
Il est difficile, voire impossible d'observer le niveau de
bien être d'un individu. Par conséquent, il serait difficile
d'expliquer le bien être même lorsque les individus
déclarent par un « oui » ou un
« non » d'en avoir un certain niveau. Cette
difficulté dans l'observation a débouché sur un
problème de définition de la variable dépendante. En nous
inspirant de la littérature qui propose des indices comme des proxies du
bien être, nous nous sommes proposés de construire une variable
composite bienêtre à partir d'un certain nombre
d'indicateurs obtenus lors de notre enquête sur le terrain.
Pour y parvenir, nous nous sommes basés d'une part sur
les travaux d'OSBERG et SHARPE (1998) pour la sélection des indicateurs
traditionnels. Et d'autre part, quelques questions d'évaluation
contingentes nous ont permis, à partir de l'expression par les
employés de leurs préférences, de définir le seuil
pour notre variable composite.
OSBERG a travaillé sur le "bien-être
économique" depuis les années 80. Il suggère en 1985 de
bâtir un indice du bien-être économique sur les groupes
d'indicateurs suivants : consommation, accumulation, inégalité et
insécurité. En 1998, en collaboration avec SHARPE68(*) il a construit des
séries pour le Canada, et en 1999 pour les Etats-Unis (incluant une
comparaison avec le Canada). OSBERG et SHARPE (2000)69(*) définissent le bien
être à partir de ces quatre groupes d'indicateurs.
- les flux effectifs de consommation par habitant, qui
incluent la consommation de biens et services marchands, les flux
effectifs par habitant de biens et services non marchands...
- l'accumulation nette dans la société des
stocks de ressources productives, y compris l'accumulation nette de biens
corporels et de parcs de logements, l'accumulation nette de capital humain et
des investissements en Recherche & Développement (RD).
- la répartition des revenus, sur
l'inégalité, ainsi que l'ampleur et l'impact de la
pauvreté ;
- la sécurité contre le chômage, la
maladie, la précarité des familles monoparentales et des
personnes âgées.
Etant donné que le bien-être recouvre plusieurs
aspects, dont l'appréciation diffère selon les observateurs, les
coefficients de pondération attachés à chacun des quatre
éléments varieront aussi en fonction des valeurs des
différents observateurs70(*). OSBERG (1998) postule que les
préférences pour les questions sociales ou autres sont
dissociables dans leurs composantes (par exemple, que le coefficient de
pondération attribué à la consommation ne dépend
pas de celui accordé à l'inégalité). Si, par
exemple, la perception de l'insécurité est uniquement
motivée par l'aversion pour le risque, dans ce cas, le poids qu'un
individu accorde à l'inégalité et parallèlement le
poids que les observateurs donnent à l'insécurité
dépendront tous deux de la seconde dérivée de leur
fonction d'utilité.
La disponibilité des données et les
problèmes de comparabilité signifient que la construction d'un
indicateur international de bien-être économique est une
tâche plus ardue que celle d'un indicateur national (OSBERG, 1998), qui
l'est à son tour comparativement à la construction d'un
indicateur régional. La seule source de données internationales
pour de tels corpus est l'Italie Income Study (LIS). Actuellement, 14
pays seulement sont répertoriés par la base de données du
LIS (parmi lesquels l'Italie, Australie, Canada, Danemark, Finlande,
Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède). Il s'agit donc du
nombre maximum de pays pour lesquels il est possible de construire un
indicateur du bien-être économique tel que défini par
OSBERG. Toutefois, pour les autres pays (et secteurs), la construction de cet
indice prendrait en compte des proxies existant selon les observateurs et les
spécificités.
L'enquête que nous avons menée auprès des
employés nous a permis de retenir un certain nombre d'indicateurs en
fonction des composantes traditionnelles.
Pour la composante sécurité, nous avons retenu
des indicateurs portant sur la santé, la sécurité au
travail, la sécurité de l'emploi. Ils sont les suivants :
- l'accès par l'employé avec toute sa famille au
centre de santé de l'entreprise (s'il y en a un). Compte tenu de
l'enclavement des zones forestières, cet indicateur est indispensable
pour les employés ;
- l'affiliation de l'employé à la CNPS ;
- la couverture à 100% des maladies professionnelles
par l'entreprise, cet indicateur est justifié par le fait que les
activités en zones forestières qui nécessitent beaucoup
d'effort physique, et par conséquent, l'employé en est
constamment exposé.
- le port des équipements de sécurité. Le
bien être des employés en dépend aussi fortement ;
- la disponibilité d'un moyen de transport pour la
forêt, étant donné que la forêt constitue leur lieu
quotidien de travail.
Pour la composante répartition du revenu suivant
l'indice de Gini, étant donné la difficulté d'accès
aux salaires par les un et les autres, cette composante est abordée dans
notre étude par les indicateurs ci-dessous :
- l'existence d'un contrat de travail ;
- l'adéquation de la catégorie
socioprofessionnelle à la fonction remplie dans l'entreprise ;
- et le mode de détermination du salaire.
Pour la composante richesse, nous nous limiterons à la
composante disponibilité gratuite des logements.
Enfin, pour la composante flux de consommation, il a
été difficile d'estimer le revenu ainsi que le salaire des
employés. Etant donné qu'ils ne les maîtrisent pas eux
même. De ce fait, cette composante a été approchée
par :
- l'existence de (et l'accès à)
l'économat pour l'employé,
- la fourniture gratuite de l'électricité,
- et la fourniture de l'eau potable.
Afin de déterminer le seuil d'indicateurs
nécessaires pour qualifier le niveau de bien être d'un individu de
faible ou d'élevé, nous avons posé quelques questions
d'évaluation contingentes. Suivant qu'une entreprise est
certifiée ou non, il est évident que le niveau d'utilité
de référence soit différent.
Si l'on suppose a priori que la certification
forestière est synonyme d'un état de bien être
élevé pour les employés, étant donné que
l'entreprise pour y parvenir devrait remplir certaines exigences
déclinées dans les PCI du référentiel FSC, la
variation de bien être pourra être une perte dans une entreprise
certifiée. Par conséquent, pour avoir une idée sur la
variation équivalente qui mesure les ajustements nécessaires pour
le maintien du niveau initial de bien être, nous avons posé la
question de savoir : « en quoi la certification est-elle
importante pour vous ? ». A cette question, 64% des
employés enquêtés dans les sites certifiés ont
presque tous insisté sur la sante (1 indicateur : accès
à l'infirmerie avec toute la famille), la sécurité au
travail (2 indicateurs : équipements de protection individuelle,
moyen de déplacement confortable), et la sécurité de
l'emploi (contrat de travail et mode de fixation salariale). A la suite de
cette première question, une seconde était de savoir :
« que seriez-vous près à payer pour maintenir le
certificat en cas de menaces de perte? ». A cette question
qui nous renseigne sur le consentement à payer, 51% des employés
ont estimé qu'ils pouvaient être prêts à doubler
d'effort à salaire constant pour soutenir l'entreprise de peur de perdre
les bienfaits cités ci-dessus.
Si on suppose aussi a priori que toute
société non engagée dans la certification opère
dans l'illégitimité et l'opportunisme avérés, la
variation de bien être pourra être un gain pour les employés
dans une entreprise non certifiée. Pour avoir une idée sur la
variation compensatoire qui mesure l'ajustement nécessaire à
réaliser pour ramener l'employé à un niveau optimal, nous
avons posé la question de savoir : « Que peut faire
votre entreprise pour améliorer votre bien être ?».
A cette question, 87% des employés enquêtés dans le site
non certifié ont cité pratiquement les mêmes indicateurs.
Plus précisément, l'accès gratuit aux soins de
santé, la sécurité au travail et la sécurité
de l'emploi. Etant donné que certains n'ont pas non seulement l'habitude
de voir le bulletin de paye lorsqu'ils perçoivent leurs revenus
mensuels ; mais aussi, ne savent même pas quelle est leur
catégorie socioprofessionnelle. Et à la question suivante qui
était de savoir : « que seriez-vous près
à payer pour que votre entreprise vous garantisse un minimum de bien
être ? », 80% des enquêtés sur le site
non certifié ont répondu à cette question qui permettait
de capter leur consentement à payer. Ils estiment en majorité
(62%) qu'ils seraient prêts à ne recevoir qu'un salaire pouvant
couvrir le minimum vital, si cela était possible pour encourager
l'entreprise vers la certification, puisque, la certification, tel qu'ils
entendent, leur assurerait l'accès aux biens de premières
nécessités cités plus haut en réponse à la
deuxième question.
La variation du bien être telle que exprimée par
les employés peut prendre deux scénarii (voir tableau
4.1).
Tableau 4.1 : Consentement à payer et
consentement à recevoir
|
Scénarii
|
Changement proposé
|
Indicateurs à conservés ou recherchés (7
indicateurs)
|
Mesure
|
Type de variation du surplus
|
n°1
|
perte de bien être
|
1 Accès à l'infirmerie avec toute la
famille
2 Assurance maladies professionnelles
3 Disponibilité des équipements de
sécurité
4 Moyen de déplacement confortable pour la
forêt
5 Disponibilité gratuite des logements
6 Accès à l'eau potable et à
l'électricité
7 L'affiliation à la CNPS
|
Consentement à payer pour maintenir le certificat
|
Variation équivalente,
|
1 (consentement à payer)
|
N°2
|
Gain de bien être
|
Consentement à payer pour s'assurer que le changement
arrive
|
Variation Compensatoire
|
(consentement à payer)
|
Source : Auteur à partir des
données d'enquête
|
En nous servant de la littérature et des données
d'enquête, nous avons retenu 12 indicateurs de bien être en
conformité avec les quatre composantes définies par OSBERG et
SHARPE (1998). A partir des questions d'évaluation contingente, les
employés ont globalement retenu 7 indicateurs (Voir tableau
4.1) qu'ils ont jugés de vitaux. La variable bien être peut
donc être construite ainsi qu'il suit :
Etant donné W*i, le nombre
d'indicateurs parmi les 12 retenus auquel accède un employé
i lors de l'enquête. Les premières valeurs de
W*i (de 1 à 7) sont définies sur les 7
indicateurs révélés par les employés. W*
détermine (à un alea près) la variable latente (ou
sous-jacente) Wi* hélas inobservable qu'on peut
interpréter comme une propension à engendrer un niveau
élevé de bien être (Voir tableau 4.2)Soit la
variable Bienêtre qui traduit le niveau de bien être d'un
individu ;
on aura : ![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect40.png)
Le bien être étant inobservable. Il sera
apprécié à partir de la variable latente construite
notée W*i. On aura :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect41.png)
Tableau 4.2 : Construction de la variable
composite « bien être »
|
Emp
loyé n°
|
Assur Maladie prof
|
CNPS
|
Accès infir
merie
|
Eau potable
|
.
|
.
|
.
|
Protection indivi
duelle
|
.
|
.
|
Mode
fixation
salaire
|
? ou W*
|
Bien être
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
.
|
.
|
.
|
1
|
.
|
.
|
0
|
6
|
0
|
2
|
1
|
1
|
1
|
1
|
.
|
.
|
.
|
1
|
.
|
.
|
0
|
8
|
1
|
3
|
0
|
1
|
1
|
0
|
.
|
.
|
.
|
1
|
.
|
.
|
1
|
6
|
0
|
4
|
0
|
0
|
1
|
0
|
.
|
.
|
.
|
1
|
.
|
.
|
1
|
4
|
0
|
5
|
0
|
1
|
0
|
0
|
.
|
.
|
.
|
1
|
.
|
.
|
0
|
5
|
0
|
6
|
1
|
1
|
1
|
0
|
.
|
.
|
.
|
1
|
.
|
.
|
1
|
7
|
1
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
75
|
1
|
1
|
1
|
0
|
.
|
.
|
.
|
1
|
.
|
.
|
0
|
7
|
1
|
Source : construit par l'auteur à
partir des données d'enquête
|
Le bien être peut donc se définir comme il
suit :
; Où
représente le vecteur des variables explicatives tel
que spécifié plus haut
représente le terme d'erreur.
I.2.2 Présentation des variables
explicatives
Le tableau 4.3 présente de manière
synthétique la description des variables explicatives utilisées
pour estimer le lien entre la certification forestière et
l'efficacité socioéconomique des entreprises du secteur (ici
représentée par la variable Bienêtre qui traduit
le niveau de bien être des employés). Il ressort aussi les signes
attendus des différentes variables
Tableau 4.3 : Description des variables
explicatives et des signes attendus.
|
Variables
|
Description
|
Signes
|
Statut de l'entreprise
|
Il s'agit de l'entreprise dans laquelle l'individu se
retrouve. C'est une variable binaire. elle sera codée 0 si elle est non
certifiée et 1 si elle est certifiée
|
(+)
|
L'âge
|
variable d'échelle ordonnée, classée en
tranche. codée 0 si pour un individu âgé entre [20,30[ans,
1 si l'individu est âgé entre [30,40[ ans, 3 si l'individu est
âgé entre [40,50[ ans et 4 si l'individu est âgé
entre [50 ans et plus[
|
(-)
|
matrimoniale
|
variable binaire. codé 1 si l'individu est marié
et 0 si non
|
(+)
|
Fonction
|
c'est une variable nominale non ordonnée
|
|
Catégorie socio professionnelle
|
variable ordinale : codée 0 si l'individu n'est
pas classé, 1 si l'individu est manoeuvre, 2 s'il est ouvrier, 3 si
l'individu est ouvrier qualifié, 4 s'il est agent de maîtrise, 5
s'il est cadre, et 6 s'il est cadre supérieur.
|
(+)
|
Dernier cycle fréquenté
|
C'est le niveau d'instruction de l'individu. C'est une
variable ordinale. Elle sera codé 0 s'il est au cycle primaire, 1 si
secondaire, 2 si supérieur.
|
(+)
|
Dernier diplôme
|
C'est une variable ordinale : elle prend la valeur 0 si
CEPE, 1si BEPC, 2 si Probatoire, 3 si BAC, 4 licence, 5 si ingénieur ou
Bac + 5.
|
(+)
|
Heuretravail/jour
|
variable binaire, prend la valeur 1 si l'individu travail 8 h
par jour et 0 si non
|
(+)
|
Taille du ménage
|
C'est une variable d'échelle
|
(-)
|
Source : Construit par l'auteur à base
des réponses d'enquête sur le terrain
|
Il a été important de spécifier la
relation économétrique pouvant permettre de capter les
déterminants du bien être et d'en préciser les signes
théoriques. L'analyse peut maintenant être faite en vue de tester
non seulement la relation théorique postulée à
l'hypothèse 1, mais aussi, de vérifier si les signes
prédéfinis sont effectifs.
Section II :
Estimation de l'impact de la certification sur le bien être des
employés du secteur forestier au Cameroun
Dans cette section, il sera question de procéder
à l'estimation proprement dite, ensuite, à l'analyse de
l'influence des coefficients associés aux variables exogènes.
Puisque la valeur des coefficients n'a aucune signification économique,
un examen des effets marginaux pourra suivre pour la complétude de
l'analyse.
II.1 Méthode d'estimation
L'estimation des données qualitatives nécessite
le recours à des méthodes plus appropriées.
II.1.1 : Limites des méthodes
linéaires d'estimation
L'inadéquation de l'estimation des variables par les
méthodes linéaires peut être justifiée par plusieurs
raisons :
premièrement, étant donné que le codage
des réponses qualitatives se fait de façon arbitraire, les
valeurs des coefficients â sont nécessairement différentes
de celles obtenues pour tout autre codage, elles seraient par exemple
áâ si le codage était de type (0, á) par
conséquent, le paramètre â n'est pas
interprétable ;
Deuxièmement, une étude graphique montre que
l'approximation linéaire est peu adaptée au problème
posé. Considérons pour cela le modèle linéaire avec
une seule variable explicative (K = 1), notée X1i ,
et une constante. On pose ç = (ç 0,
ç 1) le bien être s'explique comme le suivant
:
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect45.png)
Nous pouvons constater l'inadéquation de ce
modèle à reproduire correctement la variable endogène
dichotomique Bienêtre i par un ajustement
linéaire.
Fig 4.1: Ajustement Linéaire de la Variable
Dichotomique Bienêtre (de notre étude)
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect46.png)
Source : construit par l'auteur à
partir des données d'enquête via le logiciel STATA 9.
Du fait du statut dichotomique de la variable endogène,
le nuage de points ainsi obtenu se situe soit sur la droite Bienêtre
= 0, soit sur la parallèle Bienêtre = 1. Ainsi,
comme on l'observe sur la figure 4.1, le nuage de points
associés à la variable endogène dichotomique
Bienêtre de notre étude est réparti sur deux
droites parallèles. Il est visiblement impossible d'ajuster ce nuage de
points de façon adéquate, par une seule droite ;
troisièmement, les variables qualitatives, posent un
certain nombre de problèmes mathématiques liés aux
hypothèses traditionnelles. Nous pouvons en retenir trois :
1. la variable Bienêtre ne pouvant prendre que
les valeurs 0 ou 1, la spécification linéaire implique que la
perturbation åi ne peut prendre, elle aussi, que 2 valeurs,
conditionnellement au vecteur Xi :
åi = 1- Xi ç avec
une probabilité de pi = Prob (bienêtre i
= 1) et
åi = - Xi
ç avec une probabilité de 1 - pi.
Ainsi, la perturbation åi du modèle
admet nécessairement une loi discrète, ce qui exclut en
particulier l'hypothèse de normalité des résidus.
2. lorsque l'on suppose que les résidus
åi sont de moyenne nulle, la probabilité pi
associée à l'événement Bienêtre
i = 1 est alors déterminée de façon
unique. En effet, écrivons l'espérance des résidus :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect47.png)
On en déduit immédiatement que : ![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect48.png)
Ainsi la quantité
correspond à une probabilité et doit par
conséquent satisfaire un certain nombre de propriétés et
en particulier appartenir à l'intervalle fermé [0, 1]. Or rien
n'assure que de telles conditions soient satisfaites par l'estimateur des
Moindres Carrés utilisé dans le modèle linéaire. Si
de telles contraintes ne sont pas assurées, le modèle
n'a pas de sens.
3. Enfin, même si l'on parvenait à assurer le
fait que les propriétés évoquées ci-dessus soient
satisfaites par l'estimateur des Moindres Carrés des paramètres
du modèle linéaire, il n'en demeurerait pas moins une
difficulté liée à la présence
d'hétéroscédasticité. En effet, la matrice de
variance covariance des résidus varie entre les individus en fonction de
leurs caractéristiques associées aux exogènes xi
puisque :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect51.png)
Or, de plus ce problème
d'hétéroscédasticité ne peut pas être
résolu par une méthode d'estimation des Moindres Carrés
Généralisés tenant compte de la contrainte liée
à l'intervalle [0, 1] puisque la matrice de variance covariance des
perturbations dépend du vecteur â des paramètres à
estimer dans la spécification linéaire, qui est par nature
supposée inconnue.
Etant donné que les modèles
énumérées ci-dessus sont à probabilité non
linéaire, et que l'estimation par les MCO est problématique, la
méthode alternative la plus usitée lorsque la loi des
perturbations est connue est la méthode du maximum de vraisemblance.
II.1.2 : La méthode du Maximum de
vraisemblance
Pour estimer le modèle PROBIT, on a recours à la
méthode du maximum de vraisemblance. C'est une méthode
d'estimation alternative à la méthode des moindres carrés.
Elle consiste à trouver les valeurs des paramètres qui maximisent
la vraisemblance des données. La vraisemblance en
économétrie est définie comme la probabilité jointe
d'observer un échantillon, étant donné les
paramètres du processus ayant généré les
données.
Dans le cas du modèle dichotomique univarié, la
construction de la vraisemblance est extrêmement simple. En effet,
à l'événement Bienêtre i = 1 est
associée la probabilité
et à l'événement
Bienêtre i = 0 correspond la probabilité
Ceci permet de considérer les valeurs observées
Bienêtre i comme les réalisations d'un processus binomial
avec une probabilité égale à
. La vraisemblance des échantillons associés
à notre modèle dichotomique s'écrit donc comme la
vraisemblance d'échantillons associés à des modèles
binomiaux. La seule particularité étant que les
probabilités pi varient avec l'individu puisqu'elles
dépendent des caractéristiques Xi. Ainsi, la
probabilité jointe d'observer les n variables de
Bienêtre est donnée par la fonction de vraisemblance :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect55.png)
Dès lors, la vraisemblance associée à
l'échantillon de taille N, noté Bienêtre =
(Bienêtre 1, ..,
Bienêtre75) s'écrit de la façon
suivante.
(1.2)
On doit maintenant spécifier la fonction de
distribution Ö(.) pour obtenir la forme fonctionnelle de la
vraisemblance. Elle découle de la distribution des probabilités
d'un événement qui ne peut avoir que deux occurrences: un niveau
de bien être élevé ou bas. Il s'agit de la distribution
binomiale d'une loi normale :
(1.3)
L'estimation des paramètres s'effectue par maximisation
de la log-vraisemblance en fonction du vecteur des paramètres
ç. Cette log-vraisemblance est la suivante :
(1.4)
Etant donné que la variable Bienêtre ne
peut prendre que deux valeurs (1 ou 0), cette fonction devient :
(1.5)
En remplaçant la probabilité
par sa valeur (voir 1.3) dans (1.5), on
obtient :
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect61.png)
L'optimisation numérique se fait par une suite
d'itérations à l'exemple de la méthode d'optimisation de
NEWTON RAPHSON lorsque le critère à maximiser est globalement
concave. Et la nullité simultanée des pentes du modèle
(sauf constante) peut être testée à partir de trois
statistiques asymptotiquement équivalentes et peu fiables sur des
petits échantillons:
- la statistique de Wald,
- la statistique du Score ou de Lagrange,
- le test LRT (Likelihood Ratio Test).
Les hypothèses sont les mêmes pour ces trois
tests:
H0 : C=ç1= ç
2= ç3= ... çk= o
Contre
H1 : Il existe au moins un des coefficients
différent de 0
II.2 : Interprétation des résultats
L'interprétation des résultats revient à
ressortir l'influence des coefficients, et surtout, à préciser
l'effet marginal d'une variable explicative sur la probabilité qu'un
individu ait un bien être ou non.
II.2.1 Influence des coefficients et prédiction
du modèle
Nous avons modélisé la probabilité qu'un
individu embauché dans le secteur forestier ait un bon niveau de bien
être. Cette modélisation nous permet d'avoir quelques indices sur
les éléments influençant leur niveau de bien être.
Le tableau 4.4 présente de façon synthétique les
résultats de l'estimation du lien entre le statut de l'entreprise
à la quelle appartient un individu et son niveau de bien être. Ces
résultats ont été obtenus à l'aide du logiciel
d'économétrie STATA 9 après 7 itérations
seulement. (Plus le nombre d'itération est faible, plus la convergence
du modèle vers le maximum de vraisemblance est rapide. Ceci garantit
indirectement une bonne spécification du modèle).
Tableau 4.4 : Résultats de l'estimation
du modèle économétrique PROBIT.
|
Logpseudolikelihood -15.654921
Number of obs 47
Wald chi2(11) 39.85
|
Prob > chi2 0.0000
Pseudo R² 0.5116
|
bienêtre
|
Coef.
|
Robust
Std. Err.
|
z-stat
|
P>|z|
|
Statut de la firme
|
1.7342***
|
0.5308
|
3.27
|
0.001
|
âge
|
-1.0869***
|
0.2521
|
-4.31
|
0.000
|
Age²
|
0.0142***
|
0.0033
|
4.32
|
0.000
|
Situation matrimoniale
|
-1.8054***
|
0.6662
|
-2.71
|
0.007
|
fonction
|
-0.3470*
|
0.2008
|
-1.73
|
0.084
|
catégorie socio pro
|
0.7054*
|
0.3697
|
1.91
|
0.056
|
Cycle fréquenté
|
-1.0126
|
0.7495
|
-1.35
|
0.177
|
dernier diplôme
|
1.2356***
|
0.4505
|
2.74
|
0.006
|
heure travail/jour
|
0.5211**
|
0 .2141
|
2.43
|
0.015
|
Taille ménage
|
0.7591**
|
0.3513
|
2.16
|
0.031
|
Taille menage²
|
-0.0422**
|
0.0174
|
-2.43
|
0.015
|
_cons
|
11.9418***
|
4.2086
|
2.84
|
0.005
|
*= Significativité à 1% **=
Significativité à 5% ***= Significativité
à 10%
|
Source : Construction de l'auteur à
base des résultats du logiciel d'économétrie STATA
9.
|
Au regard des résultats de la régression, la
statistique de Wald a une valeur égale à 39,85. Elle est
supérieure au quantile à 95% de la loi de ÷2 (11
ddl) i.e. 19.675. à partir de ce test de Wald au seuil de 5%, il y a une
présomption de causalité globale. Nous pouvons rejeter
l'hypothèse de nullité simultanée des coefficients
(H0) et donc, au moins une des variables indépendantes
explique significativement le bien être des employés. De plus, la
p-value vaut 0,0000 et est inférieure à 0,05, ce qui montre que
le modèle est globalement significatif.
Les résultats ressortis dans le tableau 4.4
appellent à plusieurs commentaires :
1- on constate que le coefficient de la variable statut de la
firme, qui est la variable clé de notre modèle, est fortement
significatif (P>|z|= 0.001 < 1%), et le signe positif obtenu est conforme
à notre attente. Ainsi, toute chose étant égale par
ailleurs, la probabilité pour un employé d'avoir un niveau de
bien être élevé est d'autant plus importante qu'il
appartient à une entreprise certifiée ;
2- on remarque que le coefficient de la variable âge est
fortement significatif (P>|z|= 0.000 < 1%), et le signe négatif
obtenu est conforme à nos attentes ; en plus, le coefficient de la
variable âge² est aussi fortement significatif, mais de signe
contraire. On peut par conséquent dire qu'à mesure que
l'âge d'un individu augmente, sont bien être diminue jusqu'à
un certain seuil ;
La valeur numérique du coefficient associé au
statut matrimonial est fortement significative (P>|z|= 0.007 < 1%).
Cependant, nous attendions que le fait qu'un individu soit marié
améliore son bien être. Or, le signe négatif apparent
stipule le contraire. Ceci peut être du au fait que le bien être
puisse se justifier non pas par les responsabilités, mais plus par le
niveau des charges.
3- il ressort aussi de la lecture du tableau des
résultats que, la fonction et la catégorie socio professionnelle
des employés ont une faible influence sur le niveau de bien être
des employés (respectivement, on a (P>|z|= 0.084 < 10% et
P>|z|= 0.056 < 10%) ;
4- le dernier cycle fréquenté n'a aucune
influence sur le niveau de bien être (P>|z|= 0.177> 10%) par
contre, le dernier diplôme influence fortement et positivement la
probabilité pour un employé d'avoir un niveau de bien être
élevé (signe positif et P>|z|= 0.006 < 1%) ;
5- le coefficient associé à la taille du
ménage (tmquant) est significativement différent de
zéro (P>|z|= 0.031 < 5%). Cependant, il est de signe positif
contrairement à nos attentes. De plus, la variable
tmquant² est de signe contraire à la variable tmquant.
Le signe attendu était basé sur l'idée d'une relation
décroissante entre le niveau de bien être et le nombre d'enfant
d'un ménage. Cependant, ces résultats stipulent que le niveau de
bien être d'un employé s'accroit avec le nombre d'enfant
jusqu'à un certains seuil minimum.
Après une analyse de l'influence des coefficients, il
est important d'évaluer la qualité du modèle estimé
à prédire le niveau (élevé ou faible) du bien
être des employés. Traditionnellement, on fixe un seuil arbitraire
de probabilité. Lorsque la probabilité prédite est
supérieure à ce seuil, le niveau de bien être est
élevé ; sinon, il est faible. Ces prédictions sont
ensuite comparées aux vraies valeurs (0 et 1) de la variable
Bienêtre. Le seuil le plus souvent utilisé est
égal à 0.5.
Tableau 4.5 : Evaluation de la
prédiction du PROBIT
|
Classified
|
|
D
|
|
~D
|
|
Total
|
+
|
|
24
|
|
5
|
|
29
|
-
|
|
3
|
|
15
|
|
18
|
Total
|
|
27
|
|
20
|
|
47
|
Sensitivity
Specificity
Positive predictive value
Negative predictive value
|
|
Pr( +| D)
Pr( -|~D)
Pr( D| +)
Pr(~D| -)
|
88.89%
75.00%
82.76%
83.33%
|
False + rate for true ~D
False - rate for true D
False + rate for classified +
False - rate for classified -
|
|
Pr( +| D)
Pr( -|~D)
Pr( D| +)
Pr(~D| -)
|
25.00%
11.11%
17.24%
16.67%
|
Correctly classified
|
82.98%
|
Source : Construction de l'auteur
à base du logiciel d'économétrie STATA 9.
|
Le tableau 4.5 montre que, des employés qui
ont eu un niveau de bien être élevé (Bienêtre=
1), 24 cas sur 29 ont une probabilité estimée de bien
être élevé supérieure à 0,5. Dans 82,76% des
cas, les employés au niveau de bien être élevé sont
correctement prédits. Et pour les employés à faible
niveau de bien être (Bienêtre = 0), 15 cas sur 18 ont une
probabilité estimée de bien être élevé
inférieure à 0,5. Dans 83,33% des cas, les employés qui
ont un faible niveau de bien être sont correctement prédits.
Le taux de prédiction du modèle est donné
par la somme des cas correctement prédits rapportée au nombre
total d'observations prises en compte, soit :
Le taux d'erreur de prédiction du modèle est
donc faible. Il est
.
La limite principale de ces prédictions est que le
niveau de bien être est jugé faible pour toute probabilité
comprise entre 0,0001 et 0.4999 ; ou alors élevé pour toute
probabilité comprise entre 0,5001 et 1.
Les coefficients tels que présentés dans le
tableau 4.4 ne sont pas des impacts comme dans les modèles
traditionnels. L'impact marginal dans le modèle PROBIT varie d'une
observation à une autre et s'analyse différemment.
II.2.2 Analyse des effets marginaux
Les effets marginaux nous permettent d'affiner les
résultats obtenus sur la probabilité pour un individu d'avoir un
niveau de bien être élevé. Puisque la probabilité
est une fonction non linéaire des variables explicatives. Ils sont
donnés par le tableau 4.6.
Tableau 4.6 : Les effets marginaux.
|
variable |
|
dy/dx
|
X
|
Statut de la firme
|
0.6140
|
0.6809
|
âge
|
-0.4150
|
34.2340
|
Age²
|
0.0054
|
1249.0900
|
Situation matrimoniale
|
-0.5563
|
0.6596
|
fonction
|
-0.1325
|
1.8511
|
catégorie socio pro
|
0.2693
|
1.6596
|
Cycle fréquenté
|
-0.3866
|
0.7447
|
dernier diplôme
|
0.4717
|
0.5745
|
heure travail/jour
|
0.1989
|
9.5319
|
Taille ménage
|
0.2898
|
5.3829
|
Taille menage²
|
-0.0162
|
39.0426
|
Source : Construit par l'auteur à base
du logiciel STATA 9.
|
Ils évaluent l'influence de modification des variables
explicatives d'une unité sur les probabilités de choix moyens
estimées. Ainsi, il est possible d'évaluer l'influence du de la
certification sur le bien être des employés.
On peut donc lire dans le tableau 4.6 qu'en passant
d'une entreprise non certifiée à une entreprise certifiée,
la probabilité pour qu'un individu passe d'un niveau de bien être
faible à un niveau élevé augmente de 61,40%.
Conclusion
Ce chapitre avait pour finalité d'évaluer
l'impact de la certification forestière sur le bien être des
employés du secteur au Cameroun. Etant donnée la nature
spécifique (qualitative) des réponses recueillies auprès
des employés, les méthodes traditionnelles d'estimation se sont
avérées problématiques. Il a été
indispensable de passer brièvement en revue les modèles
appropriés les plus usuels, et d'en choisir le modèle PROBIT pour
notre analyse.
L'observation du niveau de bien être d'un individu
restant difficile, voire impossible, il a été judicieux de
construire une variable composite Bienêtre à partir de la
littérature (principalement, les travaux de OSBERG et SHARPE, 1998). Le
seuil de notre variable composite a été défini à
partir des réponses à quelques questions d'évaluation
contingente posées en vue d'avoir une idée sur la perception par
les employés de leurs préférences.
La régression a été possible après
la construction de la variable Bienêtre. Il ressort des
résultats de l'estimation du modèle que, lorsqu'un individu passe
d'une entreprise non certifiée à une certifiée, la
probabilité que son bien être passe à un niveau
élevé s'accroit de 61,64%. En lisant la pvalue
associée à la variable stat_firm, on peut, en outre,
conclure conformément à l'hypothèse d'amélioration
de la responsabilité sociale qu'avec un risque de se tromper
inférieur à 1% (P>|z|= 0.001 < 1%), la certification
forestière a effectivement un effet positif sur l'efficacité
sociale des entreprises du secteur au Cameroun.
Conclusion Partie II
L'objectif de cette partie était de vérifier en
vue de certifier les postulats selon lesquels, d'une part, la certification
forestière a un effet positif sur l'efficacité sociale des
entreprises du secteur dans le Bassin du Congo et au Cameroun en particulier,
et d'autre part, qu'elle améliore leurs performances
socioéconomiques.
Après avoir construit le cadre opératoire des
différentes hypothèses postulées, nous avons
procédé à une analyse descriptive des données
collectées, puis aux tests économétriques possibles.
Pour ce qui est de la responsabilité sociale des
entreprises, la statistique descriptive montre une amélioration
remarquable de la sécurité de l'emploi, des conditions de
travail, des conditions sanitaires et de la protection individuelle des
employés ainsi que la préservation des
intérêts des populations riveraines des forêts. Les
estimations économétriques quant-à elles débouchent
sur une amélioration de la responsabilité sociale des entreprises
du secteur au Cameroun.
Pour ce qui est de l'aspect performance économique, il
a été très difficile d'accéder aux informations
comptables sollicitées. Cet axe n'a tout de même pas
été abandonné du fait du rapprochement théorique
que nous avons élaboré dans le cadre du modèle
« S-C-P augmenté » qui fait de la
certification un instrument de management stratégique et de source
d'indicateurs de performance. Cependant, les informations que nous sommes
parvenus à collecter vont de concert avec l'hypothèse selon
laquelle, la certification forestière améliore la performance
économique des exploitations forestières certifiées au
Cameroun.
Conclusion
générale et recommandations
L'exploitation forestière non contrôlée a
généré, dans les années 80, de nombreuses
inquiétudes quant-à la disparition de ses ressources et de leurs
différentes fonctions économiques, et sociétales.
Après l'échec de plusieurs initiatives entreprises par la
communauté internationale71(*) pour palier les préjudices subis par
l'humanité, l'éco certification a été
adoptée sous l'impulsion du sommet de la terre pour garantir une
exploitation durable des forêts. Dans ses implications, on ne note pas
seulement une rotation optimale des ressources forestières ; mais
aussi, d'importants avantages au profit des entreprises72(*). Cependant, le niveau de
certification forestière au Cameroun connaît une lente
évolution et une proportion très importante d'entreprises a
demeuré réticente quant à l'adoption de cet outil. Ce
constat a suscité une suite de questionnement.
Dans ce travail, nous nous sommes intéressés
à la question de savoir quel est l'impact de la certification
forestière sur l'efficacité socioéconomique des
entreprises qui s'y sont engagées dans le bassin du Congo et au
Cameroun en particulier.
Pour répondre à cette question, ce
mémoire a été élaboré en deux parties,
contenant chacune deux chapitres. La première a été
consacrée à opérer un encrage doctrinal approprié
à la certification, puis à construire un cadre de
référence pour la compréhension de l'influence des bonnes
pratiques de gestion sur des intérêts socioéconomiques des
parties prenantes. La deuxième partie quant-à elle a
été consacrée à la validation empirique des
hypothèses postulées en réponse à la question
principale de recherche ci-dessus.
Dans la première partie, nous avons, tout d'abord,
passé en revue les instruments de gestion durable des forêts
(Chapitre I). On peut en retenir deux principaux : un instrument
interventionniste en occurrence les réformes, et un instrument de
marché en occurrence la certification forestière.
Les réformes ont globalement eu un effet positif sur la
qualité de gestion des ressources forestières au Cameroun.
Cependant, les efforts du gouvernement pour une foresterie durable restent
entravés par certaines formes de corruption largement rependues (DINGA,
2005). Ce comportement réduit les amendes, n'assure pas une bonne
gouvernance forestière (KARSENTY, 2007) et cause un préjudice de
près de 80 milliard de Francs CFA à l'Etat contre 3 milliards
seulement de pénalité payée au trésor en 2003
(Global Witness)73(*). La
persistance de certaines infractions à l'instar des coupes
incontrôlées, hors concessions, hors limites des AAC,
sous-diamètre ; des sous-traitances non autorisées,
l'exploitation sans titres constitue une raison essentielle du recours à
la certification dans l'optique de la complétude des efforts
gouvernementaux.
Le second chapitre de cette partie a constitué une
opportunité pour nous de donner une justification théorique
à la certification forestière, et d'élaborer un cadre
pouvant faciliter la compréhension des phénomènes socio
économiques. La certification rentre en conformité avec les
idéaux de l'école keynésienne de PEARCE et
considère une valeur économique totale de la ressource
forestière étendue aux trois dimensions du développement
durable. Ce chapitre nous a permis d'une part de ramener pour la
première fois les interactions stratégiques en milieu forestier
dans le modèle d'agence pour mieux apprécier la
responsabilité sociale des entreprises. Il ressort de cet aspect que la
certification est à la fois un mécanisme d'incitation et un
signal. Elle minimise ainsi les comportements opportunistes, et constitue la
voix des populations et des employés dans un environnement de contrat
incomplet. D'autre part, ce chapitre nous a permis de construire un
modèle « S-C-P augmenté de la
certification ». Les relations traduites par ce modèle
font de la certification forestière un instrument de management
stratégique, qui améliore les indicateurs financiers et non
financiers de performance.
Dans la deuxième partie, il était question
d'évaluer l'impact de la certification forestière sur
l'efficacité socioéconomique des entreprises du secteur.
En référence au postulat selon lequel la
certification forestière a un impact positif sur l'efficacité
socio économique des entreprises du secteur au Cameroun, l'analyse
descriptive illustre via des graphiques et des photos une amélioration
considérable des intérêts des populations et des
employés tels que définis dans le cadre du modèle
d'agence. Il ressort du test d'hypothèse réalisé à
partir du modèle PROBIT qu'avec un risque de se tromper inférieur
à 1% (P>|z|= 0.001 < 1%), la certification forestière a
effectivement un effet positif sur l'efficacité sociale des entreprises
du secteur au Cameroun.
En référence au postulat lié aux
performances économiques des entreprises, l'analyse descriptive des
données engrangées débouche sur deux types de
bénéfices de la certification. D'abord les gains directs. Ces
gains concernent toute modification directe des paramètres de
marché à l'instar de l'existence révélée
d'une prime verte, des possibilités de commercialisation, de
l'amélioration de l'image de marque, de l'accès aux nouvelles
sources de capitaux et aux nouveaux marchés...
Ensuite les gains indirects ou induits. Il s'agit des gains
non visibles immédiatement. Nous pouvons citer l'amélioration de
la productivité du facteur travail liée à
l'efficacité sociale testée ci-dessus, de la croissance des
rendements marginaux du facteur capital liée au renouvellement des
technologies de production et des investissements en recherche et
développement, de la pérennité de l'exploitation
conséquente des pratiques de gestion durable. Un autre avantage
important induit à ne pas oublier est lié à la position
couverte des entreprises certifiées face aux facteurs exogènes
tels que la crise financière (actuellement vécue). Ces
résultats cadrent avec le modèle « S-C-P
augmenté de la certification » développé
plus haut. Et font de la certification un instrument de management
stratégique qui alimente les indicateurs financiers et non financiers de
performance. Enfin, ils (les résultats) vont de concert avec
l'hypothèse selon laquelle, la certification forestière
améliore les performances économiques des exploitations
forestières certifiées au Cameroun.
Au regard d'importantes retombées de la certification
sus évoquées, il est indispensable d'émettre quelques
recommandations de politique socioéconomique et forestière dans
le sens de la promotion d'une gestion responsable des ressources. Ces
recommandations impliquent plusieurs acteurs du secteur forestier.
Premièrement, l'Etat devrait accroître les
efforts favorisant la mise en place continue de la certification de gestion
durable des forêts afin de garantir les avantages accessibles aux
employés et aux populations riveraines. En effet, l'Etat devrait jouer
son rôle régalien en matière :
o d'assurance des biens et services aux riverains et de
développement local. Cette mesure affecterait considérable
à la baisse la charge supportée par les entreprises qui
sollicitent la certification ;
o d'usage approprié et d'acheminement de la Redevance
Forestière Annuelle (RFA) aux ayants droit. Cette mesure affecterait
à la baisse les pressions que subissent les sociétés
vis-à-vis des populations. Elle devient davantage importante du fait de
la baisse de moitié de la RFA suite à la crise;
o de définition et de mise en place des
mécanismes de surveillance et de lutte contre la corruption
vis-à-vis des entreprises et de l'administration forestière.
Cette mesure garantirait l'efficacité attendue de la certification
forestière face à la gestion durable des forêts ;
o de rigueur dans l'octroie des concessions forestières
et dans le suivi de l'aménagement des forêts ;
o d'application de la loi forestière au sujet de
transformation, sanction des infractions (Illégalité, Braconnage,
falsification des documents).
Ces efforts contribueraient absolument à réduire
considérablement le coût encouru par les entreprises qui
sollicitent la certification.
L'Etat devrait améliorer le statut juridique des
populations à la rive des forêts. En effet, il doit :
o ériger les populations sur le plan du droit positif
comme copropriétaires de la forêt ;
o réviser les conventions d'attribution des concessions
forestières pour introduire les populations à travers leurs
représentants comme partie tierce.
Ceci garantirait une gestion participative effective des
écosystèmes forestiers, et donnerait désormais aux
populations une voix pour une meilleure résolution des problèmes
d'agence liés à l'exploitation forestière et donc à
la sauvegarde des leurs intérêts
En fin, l'Etat devrait favoriser la mise en place d'un
marché national des produits certifiés. Ceci encouragerait
l'intégration des bonnes pratiques dans les moeurs et garantirait
l'image de marque du pays.
Deuxièmement, les observations faites sur le terrain
montrent un décalage dans les pratiques de gestion forestière
suivant que l'entité est certifiée ou non. Cependant, les
entreprises certifiées ont tout de même quelques efforts à
fournir en matière d'assurance des intérêts des populations
locales (E1) et de rigueur dans l'usage (le port) des équipements de
protection individuelle (E2). En effet, ces entreprises doivent :
o laisser une libre circulation des populations dans les
concessions pour des motifs de chasse de subsistance (E1) ;
o prendre effectivement le consentement libre et informer au
sujet de la sauvegarde de leurs droits (E1) ;
o mettre en place au moins une unité de transformation
locale des PFL et PFNL telle que soutenue dans la certification et les lois
nationales (E1),
o assurer une rigueur dans le port des équipements de
protection individuelle (qui sont d'aillieurs accessibles) (E2) ;
o revoir scrupuleusement le classement des catégories
socioprofessionnelles qui parraît encore non adapté pour quelques
rares cas. (E1 et E2) 74(*) ;
o étendre la formation au premier secours et à
la sécurité incendie à tous les employés sans
exception et assurer leur accessibilité aux boîtes à
pharmacie dans tous les postes des sites forestiers. (E1et E2) ;
o améliorer le cadre de vie des employés et
allouer des logements en fonction des tailles de leurs ménages ;
o revoir les prix des biens de première
nécessité dans l'économat à la baisse (E2)
Troisièmement, nous appelons les entreprises non
certifiées à solliciter la certification forestière afin
d'accéder à l'ensemble des bienfaits testés ci-dessus et
d'assurer par là même un équilibre socialement optimal au
sens de PARETO.
Quatrièmement, les organes certificateurs et la
communauté internationale devraient :
o accentuer les audits ordinaires et surtout les audits
inopinés pour limiter les comportements de « tire au
flanc » dans certaines exploitations ;
o créer des mesures favorables à la baisse du
coût de certification. Pour y parvenir, il sera question de créer,
de parrainer, et d'encourager les initiatives nationales de formation
d'auditeurs nationaux, et surtout assurer des audits menés conjointement
(par les nationaux et les internationaux) pour une gestion participative au
sens moins étroit.
Enfin, dans le cadre de nos travaux futurs il serait
indispensable de définir des conditions nécessaires pour une
initiative conjointe des autorités gouvernementales locales et de la
communauté internationale visant à adopter une vision de
complémentarité entre les instruments de marché et les
instruments institutionnels dans le cadre d'une politique optimale de gestion
des écosystèmes forestiers.
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Annexes
Annexe I : Domaine Forestier National
|
|
Source : WRI/GFW et MINFOF. 2006. Atlas
forestier interactif du Cameroun: version 2.0.
|
Annexe II : catégorie de titres
|
|
Source : WRI/GFW et MINFOF. 2006. Atlas forestier
interactif du Cameroun: version 2.0.
|
Annexe III : Sociétés en Afrique
centrale ayant obtenu uncertificat pendant l'absence du FSC
|
Sociétés/Groupes
|
Pays
|
Superficies
|
Années
|
système
|
CEB-Thanry
|
Gabon
|
580 490
|
2001
|
Kheurout
|
2004
|
ISO 14001
|
CIB (Kabo)
|
République du Congo
|
|
2001
|
Kheurout
|
Leroy Gabon
|
Gabon
|
576 000
|
2002
|
Kheurout
|
2003
|
ISO 14001
|
Rougier
|
Gabon
|
287 971
|
2001
|
Kheurout
|
2003
|
ISO 14001
|
Source : KOUNA ELOUNDOU et al 2008
|
Annexe IV : Distribution des UFA
attribuées par compagnie ou par groupe
|
|
Source : WRI/GFW et MINFOF. 2006. Atlas
forestier interactif du Cameroun: version 2.0.
|
Annexe V : l'auteur en plein entretien sur le
terrain
|
|
Source : auteur
|
Annexe VI : réalisations sociales.
Source : HAKIZUMWAMI, 2009
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect69.png)
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect70.png)
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect71.png)
Annexe X : Avant certification : Exposition
Après certification : Protection
|
Protection individuelle de
l'employé
|
|
Source : HAKIZUMWAMI, 2009
|
|
Source : Auteur
|
Annexe XI : Un débardeur
protégé en action
|
Annexe XII : Transport confortable des
employés
|
|
|
Source : Auteur
|
Source : Auteur
|
Annexe XIII : Employé d'une
société certifiée sans casque, ni chaussure de
sécurité
|
Annexe XIV : Un abatteur équipé
sans sa tenue de travail dans une société
certifiée
|
|
|
Source : Auteur
|
Source : Auteur
|
![](Certification-de-gestion-durable-des-forts-et-efficacite-socioeconomique-des-entreprises-du-sect78.png)
Annexe XVI : Conservation du facteur
travail
|
|
Source : GFBC
|
Annexe XVII : Raisons de la certification
obtenue des vendeurs finaux
|
|
Source : FSC, Juillet 2009
|
Annexe XVIII : Bénéfice et
importance de la certification pour les entreprises
|
|
Source : enquêtes auprès des
sociétés, FSC, 2009
|
Annexe XIX : Demande des produits
certifiés FSC et Révélation des Gains de la
certification
|
|
|
Source : Rainforest Alliance, 2008
|
Source : FSC, 2009
|
Annexe XX : Equipement acquis des exigences de
la certification
|
|
Source : Auteur
|
Annexe XXI QUESTIONNAIRE EMPLOYES
Ce questionnaire porte sur l'impact de la certification
forestière sur la responsabilité sociale interne des entreprises
forestières au Cameroun. Il est soumis dans un but essentiellement
académique. Les réponses fournies seront mises en commun et
analysées globalement pour la rédaction d'un mémoire de
MASTERII/Recherche. De manière spécifique ce mémoire a
pour but de promouvoir l'image de marque des entreprises certifiées et
par là même la certification pour une gestion durable des
forêts dans le Bassin du Congo et au Cameroun en particulier
STRICTEMENT CONFIDENTIEL ET A BUT NON FISCAL
Les informations collectées au cours de cette
enquête sont strictement confidentielles au terme de la loi N°
91/023 du 16 décembre 1991 sur les Recensements et Enquêtes
Statistiques qui stipule en son article 5 que « les renseignements
individuels d'ordre économique ou financier figurant sur tout
questionnaire d'enquête statistique ne peuvent en aucun cas être
utilisés à des fins de contrôle ou de répression
économique ».
PARTIE 00 INFORMATIONS GENERALES
P01
|
Localisation de l'UFA
|
01=Zone 1, 02= zone 2, 03=zone 3
|__|__|
|
P02
|
Nom de l'entreprise .....................................
|
P03 Nom de
l'UFA....................................
|
P04
|
Enquêté n°
................................................
|
P05 Date de l'interview
|
P06
|
Nom et prénom de
l'enquêteur..................................................................................
|
NB : Pour la fidélité de l'information
requise, le remplissage sera de préférence effectué par
'enquêteur.
PARTIE 0I IDENTIFICATION DE L'ENQUETE
N°
|
QUESTIONS
|
CODES
|
ALLER A
|
101
|
Sexe de l'enquêté
|
01= Masculin 02= Féminin
|__|__|
|
|
102
|
Age (années révolues)
|
|__|__|
|
|
103
|
Quelle est votre situation matrimoniale ?
|
01=Célibataire 02=Marié 03=veuf/veuve
|__|__|
|
|
104
|
Quelle est la taille de votre ménage ?
|
|
|
105
|
Votre région d'origine
|
01=Adamaoua, 02= Centre, 03= Est 04=Extrême nord
|
|
|
|
, 05=Littoral 6=Nord 07=Nord-Ouest, 08=Ouest
|
|
|
|
09=Sud 10=Sud Ouest 11=étranger (afrq)
|__|__| 12=étranger (non Afrique)
|
|
106
|
Quelle est votre fonction au sein de l'entreprise ?
|
................................................
|
|
|
|
01=Manoeuvre, 04=Agent de maîtrise
|
|
108
|
Quelle est votre catégorie ?
|
02=Ouvrier, 05=Cadre
|__|__|
|
|
|
|
03=Ouvrier qualifié, 06=Cadre Supérieur
|
|
109
|
Avez- vous eu un emploi avant celui-ci ?
|
01= Oui 02=Non
|__|__|
|
02 ? 112
|
110
|
Dans quel secteur avez-vous travaillé avant ?
|
01=secteur forestier, 02=Autre secteur
|__|__|
|
02 ? 112
|
111
|
Dans quelle société avez-vous travaillé
avant ?
|
...................................................................................
|
|
112
|
Quel est votre dernier cycle
fréquenté ?
|
01= primaire 03= supérieur 02= secondaire
|__|__|
|
|
113
|
|
01=CEP 02=BEPC, 03=Probatoire, 04=BAC,
|
|
Quel est votre dernier diplôme
|
05=Licence, 06=Maitrise, 07=DEA/Master/Ingénieur
|__|__|
|
|
|
obtenu ?
|
08= Autre (Technique)
|
|
PARTIE 02 Au sujet de la certification
N°
|
QUESTIONS
|
CODES
|
ALLER A
|
|
La certification forestière est une
|
|
|
|
reconnaissance à partir d'un certificat, d'une
|
|
|
201
|
pratique de gestion forestière compatible avec
|
01= Oui 02=Non
|__|__|
|
|
|
la préservation de la bonne qualité de
|
|
|
|
l'environnement, socialement bénéfique
|
|
|
|
et économiquement viable, le saviez-vous?
|
|
|
202
|
La forêt/société que vous gérez
est-elle certifiée?
|
01= Oui 02=Non
|__|__|
|
02 ?208
|
203
|
La certification a-t-elle affecté votre bien
être?
|
01= Oui 02=Non
|__|__|
|
|
204
|
en quoi la certification est-elle importante pour
vous ?
|
|
|
205
|
que seriez-vous prêt à payer pour maintenir
le certificat en cas de menaces de perte?
|
|
|
206
|
Votre entreprise a telle entamé le processus de
|
01= Oui 02=Non
|__|__|
|
02 ?208
|
|
certification ?
|
|
|
|
Ressentez-vous des changements suite à
|
01= Oui 02=Non
|__|__|
|
02301
|
207
|
l'entame du processus de certification ?
|
|
|
208
|
Quels types de changement ressentez-vous ?
|
|
|
209
|
Que peut faire votre entreprise pour améliorer votre
bien être ?
|
|
|
210
|
que seriez-vous prêt à payer pour que l'
entreprise vous garantisse un minimum de bien être ?
|
|
|
PARTIE 03 SANTE ET SECURITE SOCIALE
N°
|
QUESTIONS
|
CODES
|
Avant début certification
|
Après début certificaiton
|
ALLER A
|
301
|
Avez-vous une assurance maladie professionnelle?
|
01= Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
? 304
|
302
|
Quel est le taux de couverture de cette assurance ?
|
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
303
|
Etes-vous affilié à la CNPS?
|
01= Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
305
|
Quel est le pourcentage remboursé?
|
|
|__|__|%
|
|__|__|%
|
|
306
|
Avez-vous souvent des congés maladie?
|
01 = Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
Existe-il une infirmerie au sein de l'entreprise ?
|
01 = Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
Est-elle équipée ?
|
01= très bien 02=oui 03=non
|
|
|
|
307
|
Avez-vous accès avec les membres de votre famille
|
01 =Ou 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
Au centre de santé de l'entreprise ?
|
|
|
|
|
308
|
disposez vous d'un dossier médical dans
l'entreprise ?
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
Avez-vous un numéro de sécurité
sociale ?
|
|
|
|
02?310
|
309
|
Existe-t-il un système d'évacuation pour les
cas d'urgence ?
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
310
|
La société a-t-elle pris des dispositions pour
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
favoriser l'accès aux soins en cas de maladie ?
|
|
|
|
|
311
|
Existe t-il des campagnes de sensibilisation et
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
de prévention des MST/ SIDA et paludisme ?
|
|
|
|
|
312
|
Avez-vous déjà suivi une formation au
premier secours et à la sécurité
incendie ?
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
|
|
|
|
313
|
Avez-vous régulièrement accès à
l'eau potable
|
01= Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
Existe-t-il un économat pour faciliter l'accès
aux services de première nécessité ?
|
01= Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
314
|
Etes-vous confortablement logés avec votre
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
famille ?
|
|
|
|
|
315
|
Disposez-vous d'un moyen de déplacement
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
confortable pour aller en forêt ?
|
|
|
|
|
316
|
Existe t-il un comité d'hygiène
salubrité, santé et
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
sécurité au sein de l'entreprise ?
|
|
|
|
|
317
|
qui en est le responsable ?
|
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
Avez-vous déjà été victime d'un
|
01 =Oui 02=Non
|
|
|
|
318
|
accident de travail?
|
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
319
|
Qu'est ce qui était à l'origine ?
|
|
|
|
|
320
|
Quel dommage avez-vous subit ?
|
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
321
|
Avez-vous été pris en charge ?
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
322
|
Par qui et comment ?
|
|
|
|
|
|
Disposez-vous gratuitement d'équipement
|
01 =Oui 02=Non
|
|
|
|
323
|
de protection individuelle ?
|
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
324
|
Ces équipements sont-ils renouvelés?
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
325
|
Citez les équipements dont vous disposez
|
Avant certification
|
Après certification
|
|
|
gratuitement
|
1 4 9
|
1 4 9
|
|
|
|
2 5 10
|
2 5 10
|
|
|
3 6 11
|
3 6 11
|
|
Partie 04 DROIT SYNDICAL ET DROIT D'ORGANISATION ET DE
NEGOCIATION COLLECTIVE
|
N°
|
QUESTIONS
|
CODES
|
Avant début certification
|
Après début certificaiton
|
ALLER A
|
401
|
Êtes-vous affilié à un syndicat?
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
01?403
|
402
|
Pour quelles raisons n'adhérez-vous
|
01=je n'ai pas d'intérêt
|
|
|
|
|
pas à un syndicat?
|
02=Mon entreprise interdit
|
|__|__|
|
|__|__|
|
?404
|
|
|
03=mon emploi serait menacé
|
|
|
|
|
|
01=pour défendre mon salaire
|
|
|
|
|
Pour quelles raisons adhérez-vous
|
03=Pour garantir ma carrière professionnelle
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
403
|
à un syndicat?
|
04=Améliorer les conditions de travail
|
|
|
|
404
|
Disposez-vous d'un foyer de réunion ?
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
Y a-t-il déjà eu un mouvement
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
02?501
|
405
|
de grève au sein de la société?
|
|
|
|
|
406
|
Y avez-vous participé?
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
|
01=j'ai peur de perdre mon emploi
|
|
|
|
|
|
02=Mon entreprise ne permet pas
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
407
|
Pourquoi?
|
03=je n'ai jamais eu de problème
|
|
|
|
|
|
04=autres
|
|
|
|
|
|
01=des changements sont intervenus
|
|
|
|
|
Quelle était l'issue de la dernière
|
02=rien n'a changé
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
408
|
grève à laquelle vous avez participé?
|
03=certains ont subi une sanction
|
|
|
|
Partie 05 CONTRAT ET CONDITION DU TRAVAIL
|
QUESTIONS
|
CODES
|
Avant début certification
|
Après début certification
|
Aller a
|
501
|
Depuis quand travaillez-vous dans cette entreprise ?
|
|
|
|
|
502
|
Avez-vous signé un contrat de travail à
l'entrée?
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
|
01=contrat à durée indéterminé
|
|
|
|
|
|
02=contrat à durée déterminée
|
|
|
|
503
|
Quel était le type de ce contrat ?
|
03=contrat d'essai
|
|
|
|
|
|
04=je ne sais pas
|
|
|
|
504
|
Quand l'avez-vous signé ?
(Jour/Mois/Année)
|
|
|
|
|
|
Avez-vous déjà reçu une ou
plusieurs formations
|
01=oui, une formation
|
|
|
|
505
|
dans cette entreprise ?
|
02=oui, plusieurs formations
|
|
|
|
|
|
03=non; jamais
|
|
|
|
|
Durant cette (ces) formation(s), perceviez-vous la
|
01 =Oui 02=Non
|
|
|
|
506
|
totalité de votre rémunération?
|
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
|
01=augmenter le salaire
|
|
|
|
|
|
02=augmenter les primes
|
|
|
|
509
|
Que doit faire l'entreprise pour augmenter votre
|
03=accorder une promotion
|
|__|__|
|
|__|__|
|
|
|
rendement?
|
04=améliorer les conditions de travail
|
|
|
|
|
|
05=formation
|
|
|
|
510
|
Combien d'heure travaillez-vous par jour ?
|
|
|__|__|h
|
|__|__|h
|
|
511
|
Combien de jours travaillez-vous par semaine ?
|
|
|__|__|jrs
|
|__|__|jrs
|
|
512
|
Combien d'heures supplémentaires faites-vous par
semaine ?
|
|
|
|
|
513
|
Ces heures sont-elles
rémunérées ?
|
01 =Oui 02=Non
|
|__|__|
|
|__|__|
|
02?515
|
514
|
A combien l'heure supplémentaire est-elle
payée ?
|
|
|
|
|
|
|
01=je l'ai négocié avec mon patron
|
|
515
|
|
02=j'ai adopté ce que mon patron m'a proposé
|
|
|
Quand vous entriez dans cette entreprise, comment
|
03=c'était d'abord le salaire minimum
|
|
|
votre salaire a il été fixé ?
|
04=suivant la convention collective
|__|__|
|
|
|
|
05=autre négociation + convention collective
|
|
516
|
Bénéficiez-vous de certaines
indemnités dans votre entreprise ? dans chaque cas, donnez le
montant si oui et la périodicité
Indemnité
BâchelogementAllocation familialeMatériel de
constructionACPCACPCACPCACPC
Périodicitémontant
|
|
|
|
517
|
Bénéficiez-vous des avantages en nature (biens
et services gratuits)? donnez une estimation
Ac= Avant début certification, pc=
Après début certification,
logementélectricitéeauvéhiculecarburanttransporttéléphoneProduit
d'entrprsautreAcPcAcPcAcPcAcPcAcPcAcPcAcPcAcPcAcPcTypeEquiv monac
|
pc
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Effectuez-vous une activité secondaire (pour arrondir
|
|
|
518
|
vos fins du mois)?
|
01=oui 02=non
|
|
519
|
Combien d'heure consacrez-vous par semaine à cette
activité?
|
|
|
|
Table des Matières
|
Sommaire.............................................................................................................................
|
i
|
Avertissement..........................................................................................................................
|
ii
|
Dédicace...............................................................................................................................
|
iii
|
Remerciements....................................................................................................................
|
iv
|
Résume........................................................................................................................................
|
v
|
Abstract................................................................................................................................
|
vi
|
Liste des abréviations et des
sigles....................................................................................
|
vii
|
Liste de
figures.......................................................................................................................
|
Viii
|
Liste des
tableaux...............................................................................................................
|
ix
|
Liste des
annexes.................................................................................................................
|
x
|
Introduction
générale.......................................................................................................................
|
1
|
Partie I : certification forestière et
performances socioéconomiques des entreprises du secteur : une
approche theorique
..............................................................................................................
|
10
|
Introduction première
partie........................................................................................................
|
10
|
Chapitre I : Instruments de gestion durable des
forets au Cameroun.......................................
|
11
|
Introduction...........................................................................................................................
|
12
|
Section I : reformes et initiatives de gestion
durable des forets..........................................
|
13
|
I.1 : Inventaire des reformes et des
initiatives du secteur forestier au Cameroun ............
|
13
|
I.1.1 : Cadre réglementaire
et historique des reformes
forestières.................................
|
13
|
I.1.2 : Reformes et initiatives
sur le plan international
................................................
|
15
|
I.2 : Contenu majeur, et bilan des
reformes forestières au Cameroun ........................ .....
|
18
|
I.2.1 : Contenu majeurs
..................................................................................................
|
18
|
I.2.2 : Bilan des reformes
..................................................................................................
|
21
|
Section II : Certification forestière
au Cameroun
........................................................................
|
25
|
II.1 : Cadre conceptuel de l'éco
certification
....................................................................
|
25
|
II.1.1 : Origine,
définitions et systèmes de certification forestière
..............................
|
25
|
II.1.2 : Schémas de certification
forestière adoptes dans le Bassin du Congo .........
|
28
|
II.2 : Evolution de la certification
forestière au Cameroun ...........................................
|
29
|
II.2.1 : Application difficile de la
certification forestière...........................................
|
30
|
II.2.2 : Etat des lieux des entités
forestières certifiées
...............................................
|
31
|
Conclusion........................................................................................................................
|
34
|
Chapitre II : justification theorique et relations entre
certification forestiere et performances socio
économiques.......................................................................................................................
|
36
|
Introduction...........................................................................................................................
|
37
|
Section I : Justification theorique de la
certification ............................................................
|
37
|
I.1: Ecole néoclassique et
classique ..................................................................................
|
37
|
I.1.1 :
Soutenabilité faible ou économique : une dominance de
l'approche utilitariste
......................................................................................................
|
38
|
1.1.2 : Théories du
commerce international de Ricardo et stock de capital naturel
|
38
|
I.2 : L'école de Londres,
approche institutionnelle et conformité du commerce de
biodiversité
...........................................................................................................
|
39
|
1.2.1 : Soutenabilité forte et valeur
économique totale de la forêt du Bassin du
Congo..................................................................................................................
|
40
|
I.2.2 : Approches
institutionnelles et mise en conformité du commerce de
biodiversité............................................................................................................
|
42
|
Section II: Relation entre certification et
performance socioéconomique des entreprises du secteur
forestier...........................................................................
|
44
|
II.1. : certification
forestière et efficacité sociale des entreprises : le
modèle d'agence
.................................................................................................................
|
44
|
II.1.1 :
Intérêts socioéconomiques des stakeholders et
problèmes d'agence .......
|
44
|
II.1.2 :
Certification forestière, résolution du problème
d'agence...........................
|
48
|
II.2 : Certification
forestière : outil d'organisation industrielle et de
performance
|
51
|
II.2.1 : Paradigme
s-c-p traditionnel
....................................................................
|
52
|
II.2.2 :
Certification forestière et performances des entreprises du
secteur : une illustration par le Modèle « s - c - p
augmenté » ...... ..........................
|
54
|
Conclusion.......................................................................................................................................
|
57
|
Conclusion Partie
I.................................................................................................................................
|
58
|
Deuxième partie : évaluation de l'impact de
la certification sur les performances socio économiques des entreprises
forestières
camerounaises................................................................................................
|
59
|
Introduction partie II
................................................................................................................................
|
59
|
Chapitre iii contours méthodologiques et
description des
données.....................................................
|
60
|
Introduction......................................................................................................................................
|
61
|
Section I : cadre opératoire et
collecte
d'informations...................................................................
|
61
|
I.1 : construction du cadre
opératoire............................................................................
|
61
|
I.1.1 : Passage des
hypothèses aux
indicateurs..........................................................
|
61
|
1.1.2 : Présentation
des variables et des indicateurs
.................................................
|
63
|
I.2 : collecte des
données
................................................................................................
|
65
|
I.2.1: Nature et sources des
données et méthodes
d'échantillonnage.......................
|
65
|
I.2.2: Administration du
questionnaire, limites et validation des données ............
|
69
|
Section II : Méthodes de
traitement et analyse descriptive des
données...........................
|
71
|
II.1 : Méthodes de
traitement des données
..................................................................
|
71
|
II.1.1 : Revue des
méthodes
utilisées........................................................................
|
71
|
II.1.2 :
Méthodes
utilisées........................................................................................
|
72
|
II.2 : analyse descriptive de l'impact de la
certification forestière sur l'efficacité socioéconomique
des
entreprises..........................................................................
|
73
|
II.2.1 : Certification
forestière et responsabilité sociale des entreprises
.................
|
74
|
II.2.2 : Certification
forestière et efficacité économique des entreprises
...............
|
80
|
Conclusion................................................................................................................................
|
83
|
Chapitre VI : Evaluation de l'impact de la certification
forestière sur le bien être des employés du secteur au
Cameroun
....................................................................... ...
...... ..
|
85
|
Introduction.........................................................................................................................
|
86
|
Section i : spécification du
modèle
économétrique..........................................................
|
86
|
I.1 : Revue théorique
du modèle.......................................
.............................................
|
86
|
I.1.1 : Point sur
l'économétrie des variables
qualitatives........................... .............
|
87
|
I.1.2 : Les
modèles usuels pour les variables
qualitatives......................................
|
89
|
I.2 : Choix des variables du
modèle...............................................................................
|
92
|
I.2.1 : Construction de
la variable
dépendante.......................................................
|
93
|
I.2.2 Présentation des
variables
explicatives..........................................................
|
97
|
Section II : estimation de l'impact de la certification
sur le bien être des employés du secteur forestier au
Cameroun.........
...........................................................
|
98
|
II.1 : Méthode
d'estimation..........................................................................................
|
98
|
II.1.1 : Limites des
méthodes linéaires
d'estimation.............................................
|
98
|
II.1.2 : La
méthode du maximum de
vraisemblance.............................................
|
100
|
II.2 : Interprétation
des résultats...............
................................................................
|
101
|
II.2.1 : Influence des
coefficients et prédiction du
modèle....................................
|
101
|
II.2.2 : Analyse des
effets
marginaux.....................................................................
|
104
|
Conclusion......................................................................................................................
|
105
|
Conclusion partie
ii...............................................................................................................
|
105
|
Conclusion générale et
recommandations.....................................................................................
|
106
|
Bibliographie....................................................................................................................................
|
111
|
Annexes..............................................................................................................................................
|
118
|
* 1 Audrey LEVEAU,
chargée de communication pour PEFC France ; cité par ROUBA
Naaman, (2007) in Bois : la guerre des labels, Noverthic
* 2 Audrey LEVEAU,
chargée de communication pour PEFC France ; cité par ROUBA
Naaman, (2007) in Bois : la guerre des labels, Noverthic
* 3
Action 21 : programme agréé au Sommet de la Terre
pour traiter des problèmes environnementaux et sociaux auxquels
l'humanité se trouve confrontée. Il contient 40 chapitres. Le
chapitre 11 est spécifiquement centré sur le thème de la
déforestation. Ce chapitre est divisé à son tour en quatre
domaines d'activité, le deuxième concernant l'«
Amélioration de la protection, de la gestion écologiquement
viable et de la préservation de toutes les forêts, et [le]
verdissage des zones dégradées par des mesures de
relèvement telles que la remise en état des forêts, le
boisement et le reboisement ».
* 4 Conférence de Rio de
Janeiro, Brésil 1992
* 5 Le Royaume Uni est un
ensemble de pays : la grande Bretagne + l'Irlande du Nord, l'Ecosse et les
Pays de Galles
* 6 Initiée en 1989 par
Rainforest Alliance
* 7 Conférence de Rio de
Janeiro, Brésil 1992
* 8 IIDD= Institut International
pour le Developpement Durable ; PNUE= Programme des nations unis pour
l'environnement
* 9 Bureau Veritas, 2005.
* 10 CIFOR : Centre
International pour la recherche forestière
* 11 WIJMA Douala,
41 965 ha
* 12 L'élargissement
de WIJMA Douala en juillet 2007 à 97 043ha, la SEFAC de superficie 314
655 ha en septembre 2007, Transformation Reef Cameroun(TRC) d'une superficie de
125 490ha en février 2008 ainsi que pallisco de superficie
341 708 ha
* 13 IFIA : Interafrican
Forest Industries Association
* 14 Interview MINFOF, Mai
2009
* 15 HAKIZUMWAMI, 2009
* 16 Global Witness est une
ONG
spécialisée dans la lutte contre le pillage des
ressources
naturelles (
pétrole,
bois,
diamants) des
pays en
développement (
PVD) et la
corruption
politique qui l'accompagne.
* 17 Organisation des Nations
unies pour l'Education, la Science et la Culture
* 18 Le WWF, l'UICN, l'IFIA,
l'ATIBT, le WRM, le WRI...
* 19 Les pays membres de la
CEEAC Burundi, Cameroun, Centrafrique, République du Congo, RDC,
Guinée Equatoriale, Rwanda, Tchad et Sao Tome et Principe
* 20
L'Evolution de la Politique des Ressources Naturelles au Cameroun
article publié à la YALE F&ES BULLETIN par Joseph MEWONDO
MENGANG lorsqu'il était Sous-directeur des Aires
Protégées, Ministère de l'Environnement et des
Forêts, Cameroun
* 21
CIRAD-Forêt,
http://www.cirad.fr
*
22 Il s'agit des Principes,
critères et indicateurs de gestion durable des forêts tropicales
naturelles d'Afrique écrits par l'OAB et l'OIBT
L'Organisation africaine du bois (OAB) est une organisation
intergouvernementale créée en 1976 en vue d'une
coopération sur les questions forestière intéressant ses
14 pays membres, lesquels possèdent plus de 75% des forêts
tropicales naturelles du continent africain. Un des grands objectifs de l'OAB
est de favoriser la production et le commerce des bois africains dans le cadre
de la gestion forestière durable.
L'Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) est
une organisation intergouvernementale qui favorise le développement
durable par la gestion, l'exploitation et la conservation des forêts
tropicales menées sur un mode durable.Elle regroupe 56 gouvernements
membres (et la Communauté européenne) qui ensemble
représentent 90% du commerce mondial des bois tropicaux et environ 80%
des forêts tropicales du monde.
* 23 Forêt : la
fraude se joue de la certification.
http://www.cameroon-info.net/cmi_show_new.php?id=22178
* 24 Global Witness
gestionnaire du respect de la réglementation et du professionnalisme
dans toutes les étapes de l'activité d'exploitation
forestière au Cameroun, in Forêt : la fraude se joue de la
certification.
http://www.cameroon-info.net/cmi_show_new.php?id=22178
* 25 Les titres
attribués sont de plusieurs catégories: voir Annexe II
*
26 Interview, CARPO FOCUS Issue
N° 011 October-December 2007
* 27 Sur base de
l'enquête réalisée par les Amis de la
Terre dans la province de l'est du Cameroun (2008)
* 28 Confère article
anonyme « qu'est ce que certification forestière ?
Origine et concept de la certification forestière,
www.google.com
* 29 PEFC, la forêt au
coeur de développement durable. Communiqué presse 14 janvier
2008-soirée PEFC France
* 30
www.fsc.org,
* 31
www.sfiprogram.org,
* 32
www.pefc.org
* 33
www.csa.ca,
* 34
www.treefarmsystem.org
* 35
www.pafc.org
* 36
www.iso.org International Standard
Organisation
* 37 Il est vrai que pendant
l'absence du FSC dans le Bassin du Congo, quelques sociétés
sollicitaient déjà la certification forestière voir
annexe III
* 38 Atelier animé
sur l'expérience des entreprises forestières dans la
certification forestière FSC, réunion sous-régionale de
réflexions sur la certification forestière crédible dans
le Bassin du Congo, Hôtel Sawa, Douala, février 2009.
* 39 Réunion
sous-régionale de réflexion sur la certification
forestière crédible dans le bassin du Congo rapport de la
rencontre, Cameroun, Douala, Hôtel SAWA, 25 février 2009 ;
Roberto WAAK est présentement le président du conseil
`administration du FSC
* 40
ANONYME, (2003), La forêt au Cameroun. Quand la puissance de
l'argent s'impose aux lois, Afrique XXI, Dossier bois numéro
d'Automne
* 41 Dans le milieu naturel
même ou dans le milieu où se sont développés les
caractères distinctifs de l'espèce
* 42 En dehors de leur milieu
naturel, dans des jardins botaniques ou des banques de semences
* 43 La règle de
compensation HARTWICK stipule le placement d'une partie des revenus issus de
l'exploitation de la ressource même ci celle-ci s'épuise, le
rendement annuel du placement utilisé par les générations
futures reste constant à l'infini
* 44 Selon cette loi, tout
système clos laissé à lui-même (ex situ) en
l'occurrence le Soleil voit diminuer sa capacité à fournir de
l'énergie utile au fur et à mesure qu'il approche de son
état d'équilibre ainsi que sa qualité
* 45 Commission Brundtland
instituée en 1983, Madame Gro Harlem Brundtland présidente
de ladite commission. Définition consignée dans le
« rapport Brundtland » encore appelé
« Notre avenir à tous »
* 46 Définition
adaptée à partir du dictionnaire du développement durable,
Christian BRODHAG, Florent BREUIL, Natacha GONDRAN et François OSSAMA,
AFNOR, 2004
* 47 Confère
http://www.europarl.europa.eu/working
paper/forest/eurfo272_fr.htm,
http://www.europarl.europa.eu/working
paper/forest/eurfo273_fr.htm,
http://www.europarl.europa.eu/working
paper/forest/eurfo274_fr.htm
* 48 Communiqué de
presse du FSC Canada, Une demande concrète de produits du bois
certifiés FSC en Estrie, 2007
* 49 Communiqué de
presse du FSC Canada, Une demande concrète de produits du bois
certifiés FSC en Estrie, 2007
* 50 Les élites et la
gestion décentralisée des forêts au Cameroun. Essai
d'analyse politiste de la gestion néo patrimoniale de la rente
forestière en contexte de décentralisation (Patrice BIGOMBE
LOGO), CERAD-GEPAC-GRAPS/Université de Yaoundé II
* 51 Une explication de la
théorie de l'agence,
http://209.85.229.132/search?q=cache:U4e_9SHHOMUJ:egocognito.over-blog.com/article-5137509.html+posner,+th%C3%A9orie+de+1%27agence,+contrat+optimal,+complications&cd=1&hl=fr&cclnk,
2007
* 52
http://www.bettermanagement.com/topic/subject.aspx?f=11&s=16
* 53 Les zones sont
classées suivant celles où l'exploitation a commencé.
Elles vont de la première à la quatrième.
* 54 Style utilisé pour
désigner le critère 1 du principe 4 de référentiel
FSC (Forest Stewardship Council)
* 55 Nous nommons les
entités visitées par E1, E2, et E3 pour respecter l'engagement
d'anonymat et de confidentialité signé. Cet engagement ayant
été une des conditions à franchir pour le terrain
* 56 Entretien poste forestier
de la localité
* 57 Dévoilait un
aménagiste de E2
* 58 Le CPF est un
comité tripartite formé des représentants des populations,
des membres de l'administration forestière, et des représentants
de l'administration de l'entreprise. Il constitue un care optimal de gestion
des rapports avec les riverains
* 59 Les commentaires de ce
paragraphe ont été nourris par notre entretien avec les
responsables du poste forestier et quelques membres du CPF
* 60 L'annexe VIII
montre l'acquisition des équipements de protection individuelle
pour les deux entreprises certifiées séparément
* 61 Voir Tableau n°....
qui reclassent catégories suivant les différentes fonctions,
annexe n°...
* 62 Un chef de site
Interviewé lors de l'enquête menée par l'auteur
auprès de 3 sociétés
* 63 A l'exemple du WWF, de
l'UICN, de L'ATIBT, de L'IFIA, du GFBC et du TFT.
* 64 Source: FSC IC, FSC US,
FSC UK, FSC Denmark, FSC Switzerland, FSC Netherlands
* 65 Rights and Resources
Initiative (2008): Seeing People Through The Trees: Scaling Up Efforts to
Advance Rights and Address Poverty, Conflict and Climate Change. Washington DC:
RR in KARMANN et SMITH (2009)
* 66 Entretien par mailing avec
KASRSENTY (début juin 2009) CIRAD, Département "Environnements et
Sociétés", UPR 36 ; TA C-36/D, Campus de BAILLARGUET ;
34398 Montpellier Cedex 5,
alain.karsenty@cirad.fr
http://fr.mc262.mail.yahoo.com/mc/showFolder?&&abnumadded=1&abnames=+chistopher++STEWART+&abids=16777370&abgrpup=1&abnuminlist=1&abgrpname=FORESTERIE&abgid=16777342#_pg=compose&&clean&clean&clean&hash=397c0481da68b01e470c2e11eb0a776d&.jsrand=8710604
* 67 Morimune K.
(1979),»Comparisons of Normal and Logistic Models in the Bivariate
Dichotomous Analysis», Econometrica 47, 957-975.
* 68 Center for the Study of
Living Standards, Ottawa,
* 69 Lars OSBERG et Andrew
SHARPE (1998) donnent des exemples de leurs indicateurs, les indicators of
Well-Being, sur des données brutes secondaires
présentées pour quatorze pays dans des tableaux disponibles sur
le site internet www.csls.ca.
* 70 OSBERG et SHARPE
(1998) : Evaluer l'Indice du bien-être économique dans les
pays de l'OCDE
* 71 Nous pouvons citer le
boycott, prôné par les (ONG), l'élaboration des
premières normes de bonne gestion forestière par les
Organisations Gouvernementales (OG), l'adoption et la ratification de plusieurs
conventions.
* 72 L'existence d'une
« prime verte » l'accès aux marchés publics
et privés, l'amélioration des possibilités de
commercialisation, l'amélioration de l'image de marque, l'accès
aux nouvelles sources de capitaux et aux nouveaux marchés pour les
écoproduits forestiers
* 73 Global Witness
gestionnaire du respect de la réglementation et du professionnalisme
dans toutes les étapes de l'activité d'exploitation
forestière au Cameroun, in Forêt : la fraude se joue de la
certification.
http://www.cameroon-info.net/cmi_show_new.php?id=22178
* 74 Voir Annexe n°
XV qui reclassent catégories suivant les différentes
fonctions,