S'agissant tout d'abord des ouvrages publiés,
nous nous sommes inspiré d'Alain BEAUVILAIN qui a réalisé
un véritable inventaire des crises qui minent le Nord-Cameroun en
retraçant toutes les famines, les disettes et les
épidémies de 1894 à 1985 (BEAUVILAIN, A : 1989).
Parmi les épidémies qu'il a recensées, figurent la
variole, la rougeole, la méningite cérébro-spinale, le
choléra et la maladie du sommeil. Il aborde de manière laconique
les facteurs épidémiologiques, les conséquences de ces
fléaux et la réaction de l'administration coloniale
française et de l'Etat camerounais. Ce travail pourtant bien
fouillé n'aborde pas cependant la problématique de la gestion des
épidémies sous l'angle de la communication.
Dans un récent ouvrage
intitulé : l'Homme et les
endémo-épidémies dans l'Extrême-Nord, Pierre Fadibo
présente les interrelations entre l'homme de cette région et son
complexe pathogène dans la longue durée. Pour
l'enseignant-chercheur, les maladies font partie des fléaux qui ont
marqué l'histoire des sociétés humaines en
général et celles du Cameroun septentrional en particulier. A
travers cet ouvrage, l'auteur retrace un siècle d'histoire de
l'Extrême-Nord camerounais marqué par les épidémies
et les endémies telles que la variole, la maladie du sommeil
(trypanosomiase humaine africaine), la rougeole, la méningite
cérébrospinale et le choléra qui sévit encore
durement. De manière explicite, cet ouvrage présente les facteurs
épidémiologiques liés à la nature et aux hommes de
l'Extrême-Nord et dresse un tableau historique des
épidémies des maladies citées. Il montre en fait que les
épidémies ne datent pas d'aujourd'hui et que les populations ont
développé un ensemble de savoirs autour de ces maladies soit pour
les expliquer soit pour les enrayer. Ce qui prouve que les efforts des pouvoirs
publics viennent s'ajouter à ce que les populations ont mis sur pied
comme mesures de lutte. La lecture de ce livre permet de couper court aux
supputations sur les causes et les origines de certaines
épidémies. Contrairement à ceux qui ont pensé que
le choléra qui s'est
« épidémisé » dans le septentrion est
une maladie des Nordistes, l'auteur précise que le choléra est
arrivé au Cameroun par la côte et plus précisément
à Douala en février 1970 avant d'arriver à Goulfey
en mai 1971. Il poursuit que l'histoire de cette maladie permet de comprendre
qu'elle était qualifiée de choléra des zones humides ou
des fleuves. Et plus loin dans l'antiquité, c'est une maladie des zones
humides d'Asie d'où son nom « le choléra
asiatique ».
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