1-2-1-2- l'approche cybernétique : le
modèle de Norbert Wiener (1948)
Norbert Wiener, un autre Américain (1894-1964)
complète le modèle de Shannon en introduisant la réaction
du destinataire en termes de retour d'information (feed-back). Ce professeur de
mathématiques au Massachussetts Institute of Technology propose un
modèle non plus linéaire, transmission (simple du message) mais
circulaire (interaction avec échange d'informations). Le feed-back
permet une régulation de la communication.
Les idées qui sous-tendent ce modèle
sont :
- L'information est transmise de manière circulaire,
- Tout système tend vers l'équilibre,
- L'information se conçoit dans un système
ouvert (dans un système fermé les liaisons sont
déterminées et donc tout est prévisible).
La démarche de Wiener est à replacer dans le
contexte post-traumatique des années de la guerre, marqué par la
crainte très réelle que nos sociétés ne retournent
au chaos c'est-à-dire à l'entropie. La seule façon de
faire reculer le chaos est de créer, localement, des îlots d'ordre
ou de néguentropie, par l'intermédiaire de l'information.
Les principes fondamentaux de cette nouvelle approche sont
:
- vivre, c'est communiquer ou échanger,
- le réel peut tout entier s'interpréter en
termes de messages.
Pour Wiener le signal est important ; lorsqu'il est bon
tout devrait aller bien. Pour le courant cybernétique, est performant
celui qui produit de l'information. Mais cela n'est pas suffisant. On verra
plus tard qu'il faut penser à la qualité. De plus si
l'information est trop riche cela entraîne des effets pervers. Il faut
donc contrôler la connaissance. L'autre limite tient du fait qu'on se
préoccupe davantage de l'échange quantitatif d'information que du
sens.
1-2-1-3- l'approche systémique :
l'école de Palo Alto
L'approche systémique de la communication qui est
née avec l'école de Palo Alto était l'explication des
communications interpersonnelles pour des finalités quasi
thérapeutiques. Cette approche est conçue sous le
modèle de l'orchestre de jazz band où, au-delà de la
partition, se joue une relation entre les musiciens, non pas dans le cadre
d'une simple transmission d'information, comme dans le modèle
télégraphique, mais dans une véritable situation de
communication. Cet orchestre forme un ensemble musical sans chef d'orchestre
où chacun joue sa partition en se réglant sur l'autre. Par des
regards, des postures physiques, chacun sait s'il faut accélérer
ou si le morceau se termine. Cependant des règles et des normes existent
et régissent les rapports entre les musiciens pour que l'ensemble puisse
fonctionner. Ce modèle propose une vision plus complexe de la
communication avec une mise en relation de tous les éléments au
sein d'un ensemble, reprenant ainsi les caractéristiques d'un
système.
Ses théoriciens, Watzlawick, Helmick-Beavin, Jackson,
définissent les axiomes fondateurs de la cybernétique comme suit
:
Axiome 1 : « on ne peut pas
ne pas communiquer », car chaque individu se comporte, on ne
peut pas ne pas se comporter, ne rien faire, ne rien dire, sont des formes de
comportements. Comme le comportement a valeur de message, on ne peut pas ne pas
communiquer. Ici, la communication est prise
au sens large où tout comportement est communication puisqu'il contient
toujours un message. La façon d'être habillé, de serrer la
main, le fait de croiser les bras, de sourire ou non, de dire « il
fait chaud ! » ou de ne rien dire...
Dans une approche pragmatique, l'école de Palo Alto
étudie donc les comportements comme actes de communication ; elle
s'intéresse à l'effet produit par ces actes et aux
réactions comportementales qu'ils engendrent. Ceci rejoint une autre
théorie, l'ethnométhodologie que nous convoquerons plus loin.
Axiome 2 : Toute communication
présente deux aspects, le contenu et la relation, le second englobant le
premier. En effet, dans une communication il y a un message et un contexte de
circulation de ce message. Par exemple, si l'heure, la date et le contenu d'une
réunion constituent le message, la qualité de l'émetteur,
ainsi que l'adjonction d'un terme comme « impératif »
constitue des informations sur la relation entre l'émetteur et le
récepteur.
Ainsi dans le cadre de la communication sur le cholera, les
messages contextuels ne sont efficaces que s'ils tiennent compte du contexte de
la relation : qui est celui à qui je m'adresse ?
Axiome 3: La nature de la relation
dépend de la ponctuation des séquences de
communication entre les partenaires. Le découpage de la
situation par les interlocuteurs peut différer et entrainer une analyse
opposée de la situation.
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