I.1.3. LES AVANTAGES DE LA FINANCE INFORMELLE
La finance informelle est aussi présente dans les pays
en développement du fait qu'elle résout souvent des
problèmes que la fiance formelle est dans l'incapacité de
résoudre. Adams (1994, P.31) distingue six raisons pour expliquer cet
état de fait :
1. Le type de service rendu : ceux- ci sont
extrêmement variés et montrent donc que même les populations
des pays à bas revenus sont demandeurs d'une large gamme de services
financiers. En effet, les dépôts, les prêts de petits
montants et les prêts de petite durée constituent la
majorité des transactions financières informelles, services qui
sont rarement offerts par les programmes formels de crédit pour
pauvres.
2. Un système fondé sur la discipline : la
finance informelle requiert de la part de ses participants un comportement
discipliné. Les prêteurs informels doivent s'auto- discipliner
pour épargner les fonds qu'ils prêteront et doivent
également faire preuve de plus de discipline pour réunir les
informations suffisantes sur leurs emprunteurs potentiels afin de prêter
cet argent sur base de solvabilité.
3. Epargne : l'échec de la plupart des
systèmes financiers formels à produire des services de
dépôt séduisants n'en est que plus grand lorsque l'on
perçoit des gros montants d'épargne qui font surface dans les
marchés financiers informels et qui indiquent donc une forte tendance
à l'épargne volontaire.
4. La réciprocité : la plupart des formes
de la finance informelle impliquent cette réciprocité. Cette
réciprocité s'applique d'une part, entre emprunts et
dépôt et d'autre part entre l'emprunteur et le prêteur
sachant que ces rôles pourront être inversés dans le futur
si le prêteur en a besoin.
5. Les innovations financières : la finance
informelle entraîne un certain nombre d'innovations financières
qui permettent de réduire les coûts de transaction et notamment
pour les déposants et emprunteurs.
6. Les coûts de transactions : la finance
informelle permet de maintenir des coûts de transaction peu
élevés pour les emprunteurs et les épargnants en apportant
les services financiers aux endroits et aux moments qui conviennent à
ses clients.
I.1.4. LES LIMITES DE LA FINANCE INFORMELLE
On a donc vu que de nombreux points positifs semblaient
caractériser le secteur financier informel cependant, il ne faut pas
croire que celui- ci est sans limites. On distingue en règle
générale trois problèmes auxquelles se heurte le secteur
financier informel :
a. Absence de réelle intermédiation
financière dans le secteur financier informel. On ne peut en effet
comparer le secteur informel aux banques. Il semble que les organisations
informelles ne soient pas en mesure de remplir en même temps les deux
fonctions qui caractérisent un intermédiaire financier,
c'est-à-dire collecter des ressources courtes et transformer celle- ci
en emplois longs pour financer les besoins de financement,
e. La finance informelle ne finance que très peu
l'acquisition des biens d'investissement. Le fait que les prêts fournis
dans le secteur financier informel soient de courte durée et souvent de
faible montant interdit des opérations de long terme,
f. Le caractère usuraire des taux
d'intérêt pratiqué. Le fort taux d'intérêt
pratiqué dans le secteur financier informel proviendrait de ce que le
risque pris par les prêteurs est plus élevé par rapport au
risque pris dans le secteur formel.
En effet, c'est avant tout la souplesse qui caractérise
la finance informelle. Les coûts de transaction du secteur informel sont
également peu élevés et l'accès aux financements
informels est relativement facile en comparaison avec le secteur formel. La
souplesse des conditions et des opérations de crédit qui permet
d'adapter les services financiers à des besoins spécifiques, la
rapidité de traitement des demandes de prêt et surtout la
volonté de traiter les petites sommes qui correspondent aux besoins et
à la capacité de la majorité de la population font que les
mécanismes formels aux besoins du milieu rural et urbain dans lequel ils
opèrent. Ceci explique aussi en partie que le crédit informel
soit plus répandu que le crédit formel malgré son
coût plus élevé.
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