2- L'Iran des mollahs :
Après l'instauration du régime islamique, l'Iran
passera pour le premier ennemi de l'occident. Le soutien apporté par
les occidentaux au shah a intensifié les relations avec le nouveau
régime. La première crise déclenchée était
celle des 52 otages dans le siège de l'ambassade américain
à Téhéran envahi par les étudiants iraniens. Leur
libération nécessitait 444 jours, et les Etats Unis fermeront
toute représentation diplomatique en Iran. Les relations sont
interrompues entre les deux pays. Les services secrets de l'administration
américaine sont passés à l'action. L'Irak déclare
la guerre contre l'Iran. La guerre était fatale pour les deux pays, mais
le régime des mollahs est sorti plus fort à l'issu de cette
épreuve en 1989.
La politique étrangère iranienne adoptait une
ligne révolutionnaire, tiers-mondiste, antisioniste et
antiaméricaine. Les iraniens ont bénéficié d'un
soutien soviétique durant la période de la première guerre
du Golf.
Les donnes vont changer, l'ancien allié de l'occident
se reconvertit en véritable menace. Le président irakien Saddam
Hussein envahit le Koweït en aout 1990 et une coalition mondiale s'est
formée pour mener la deuxième guerre du golf. Le régime
iranien envoya de bons signes à l'occident en prenant une position
neutre. L'ennemi de l'occident se déplaça de
Téhéran à Bagdad. Les orientations occidentales se
focalisaient sur l'Irak et son programme d'armement. Un embargo total perdura
de 1990 à 2004, et il ne sera levé qu'après l'invasion des
troupes américaines du pays et la chute du régime baathiste.
L'Iran adoucit son discours vers l'occident après la
montée de Mohammad Khatami en 1997 au pouvoir. La compagne de
restauration de confiance avec l'extérieur se faisait tout en gardant
les mêmes constants, à savoir pas de relations avec Israël,
pas de subordination aux américains, et priorité de la
coopération avec l'union européenne. Le régime iranien
continua son soutien à son allié Hezbolah au sud du Liban et aux
mouvements de résistance islamiques en Palestine (Hamas et Aljihade).
Les américains et les israéliens ont
soupçonné Téhéran pour son programme
nucléaire depuis les années 90. Voici une petite chronique de ses
accusations entre 1993 et 2000 :
« 24 février 1993 : le directeur de la CIA
James Woolsey affirme que l'Iran était à huit ou dix ans
d'être capable de produire sa propre bombe nucléaire, mais qu'avec
une aide de l'extérieur, elle pourrait devenir une puissance
nucléaire plus tôt. »
« Janvier 1995 : le directeur de l'agence
américaine pour le contrôle des armements et le désarmement
John Holum témoigne que l'Iran pourrait avoir la bombe en
2003. »
« 5 janvier 1995 : le secrétaire à la
défense William Perry affirme que l'Iran pourrait être à
moins de cinq ans de construire une bombe nucléaire, bien que "la
rapidité... dépendra comment ils travaillent pour
l'acquérir" (`how soon...depends how they go about getting
it.') »
« 29 avril 1996 : le premier ministre
israélien Shimon Peres affirme qu'"il croit que d'ici quatre ans, ils
(l'Iran) pourraient avoir des armes nucléaires". »
« 21 octobre 1998 : le général
Anthony Zinni, chef de l'US Central Comand affirme que l'Iran pourrait avoir la
capacité d'envoyer des bombe nucléaires d'ici cinq ans. "Si
j'étais un parieur, je dirais qu'ils seront opérationnels d'ici
cinq ans, qu'ils auront les capacités."
« 17 janvier 2000 : Une nouvelle évaluation
de la CIA sur les capacités nucléaires de l'Iran affirme que la
CIA n'exclut pas la possibilité que l'Iran possède
déjà des armes nucléaires. L'évaluation se fonde
sur la reconnaissance par la CIA qu'elle n'est pas capable de suivre avec
précision les activités nucléaires de l'Iran et ne peut
donc exclure la possibilité que l'Iran ait l'arme
nucléaire. »(2)
Les événements du 11 septembre 2001 serviraient
de prétexte pour intensifier les menaces américaines et
israéliennes contre l'Iran. Pour G W BUSH le monde est divisé en
deux blocs, les pro-occidentaux et les pro-terroristes. L'Iran se positionna
dans l'axe du mal et les occidentaux le prennent pour le foyer du radicalisme
islamique.
Les conséquences de ces événements
étaient bouleversantes. Les Etats Unis envahissaient l'Afghanistan pour
éradiquer les Talibans, et intervenaient en Irak pour faire chuter le
régime de Saddam affaibli par une quatorzaine d'années de
sanctions. L'invasion de ces deux pays voisins de l'Iran le mettra sur l'agenda
comme prochain cible de l'intervention occidental dans les pays hors
contrôle. Le dossier nucléaire investi depuis la direction de
George Bush le père devenait la première priorité de la
direction de George Bush le fils. Cette période est marquée par
une montée des radicaux de la droite ; G.W.Bush aux Etats-Unis,
Tony Blier en Grande Bretagne, José Maria Atehnar en Espagne, Nicolas
Sarkozy en France, Silvio Berlusconi en Italie...De plus les experts de
l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avançaient
dans leurs rapports que les autorités iraniennes ne sont pas en
conformité avec les dispositions du traité de la
non-prolifération des armes nucléaires déjà
ratifié par l'Iran.
La reposte iranienne à cette vague du radicalisme
occidentale se faisait sur la même onde. Le président iranien est
un extrémiste islamique de la révolution. Ahmadi Nejad optait
pour la poursuite du programme remis en question par l'occident. Les radicaux
iraniens affirment l'aspect civil de la technologie nucléaire dont
dispose Téhéran, mais les experts en la matière confirment
que l'Iran avait atteint le pont du non-retour dans son programme militaire.
Malgré toutes les sanctions unilatérales appliquées par
les pays occidentaux ou celles infligées par le conseil de
sécurité, l'Iran se voit confirmé à maitriser la
technologie énergétique nucléaire et continue à
enrichir son uranium. L'économie affiche des signes d'une certaine
autonomie.
Le régime islamique a été remis en cause
suite aux présidentielles de réélection du
président Ahmadi Nejad en juin 2009, mais les conservateurs se sont
illustrés aux législatives du 5 mars 2012 avec 205 sièges
et 19 pour les réformateurs alors que 67 feront objet d'un
deuxième tour. Le principal enjeu était le taux de participation
dans des élections boycottés par les principales formations de
l'opposition. Plus de trente millions d'Iraniens - sur 48 millions
d'électeurs -, selon les autorités, ont participé à
ces législatives.
Dans ce climat de conflit, la solution de cette crise
paraissait très difficile et nécessite des concessions de part et
d'autre.
|