La "vie de nuit " dans la ville de Ngaoundéré au Cameroun de 1952 à 2009( Télécharger le fichier original )par Nicolas OWONA NDOUNDA Université de Ngaoundéré Cameroun - Master en histoire 2009 |
Le cadre chronologique de notre étude va de 1952 à 2009. En effet, 1952 représente l'année de reconnaissance officielle du quartier Baïladji comme domaine de l'État. Pour faire notre examen de l'évolution de la vie de nuit dans la ville de Ngaoundéré, nous nous attardons sur le quartier Baladji car aujourd'hui, il s'agit d'un haut lieu d'activités lorsque nous parlons de la vie de nuit. Et surtout, un creuset qui a donné naissance aux autres quartiers influents dans la nuit, notamment Joli-Soir et Baladji II, avec lesquels la limite n'est jamais vraiment nette en termes de découpage territorial. Sa création a marqué une véritable mutation dans les comportements des populations de Ngaoundéré et leur considération de la vie de nuit.Il faut dire que les commerçants bamiléké entretenaient depuis les années 1900 des relations commerciales avec les ressortissants de Ngaoundéré. Et dans leur élan non seulement de découverte mais aussi d'étendre leur secteur d'activité, ils découvrent cette cité décrite comme circulaire par un voyageur25(*) vers les années 194026(*). Ils sont accueillis au quartier Bali dans l'ancienne cité27(*). Mais sont expulsés vers Baïladji par le lamido Mohammadou Abbo (1948-1957).Les raisons de cette expulsion sont à la fois politiques et religieuses. En effet, les français doivent faire face à la rébellion de l'Union des Populations du Cameroun (U.P.C.), qui ne cessait de faire des émules parmi les ressortissants de la région de l'Ouest. D'autre part, il faut signaler le passage de Ruben Um Nyobe, un des leaders de ce mouvement comme fonctionnaire à Ngaoundéré dans les années 194028(*). En plus d'après les témoignages des premiers habitants de Baïladji29(*), les comportements de ces nouveaux habitants ne cadraient pas avec la morale musulmane : consommation d'alcool, de viande de porc, etc.Mais, ne pourrions-nous pas voir à travers cette mise à l'écart des étrangers une spécificité des villes musulmanes ? En effet, plusieurs villes sous forte influence islamique sont bâties selon deux parties : une, qui laisse la place à tout type d'influence, et l'autre, plus conservatrice, qui ne laisse entrer aucune nouvelle culture et se veut le socle même de l'Islam. Entre les deux villes, on retrouve très souvent une scission créée par un cours d'eau. Nous pouvons ainsi citer en exemple les villes de Damas en Syrie et du Caire en Égypte.À Damas, la vieille ville se trouve sur la rive Sud de la rivière Barada. À l'intérieur des remparts se trouvent plusieurs monuments comme la mosquée des Omeyyades, le palais Al Azem ou encore le caravansérail Khan Assad Basha. Des rues ou ruelles couvertes et bordées de boutiques, les souks (souk Al-Hamidiyya, souk Medhatt Basha, souk Bzouriye) pénètrent la vieille cité, principalement à l'ouest de la mosquée des Omeyyades. Pour le sud-est, nord et nord-est, elle est entourée de banlieues. Ces nouveaux quartiers ont été d'abord colonisés par des soldats kurdes et des réfugiés musulmans des régions européennes de l'Empire ottoman, qui avaient été reconquises par les chrétiens. Aussi prirent-ils les noms d'al-Akrad (les Kurdes) et d'al-Muhajirin (les migrants). Ces quartiers se situent à environ deux ou trois kilomètres au nord-ouest de la vieille ville. Dès la fin du XIXe siècle, un moderne centre administratif et commercial a commencé à voir le jour à l'ouest de la vieille ville, autour du Barada, centré sur la zone connue sous le nom de al-Marjah ou la Prairie. Al-Marjah est rapidement devenu le nom de ce qui était initialement la place centrale du Damas moderne, autrement connue sous le nom de place des Martyrs, où a d'ailleurs été édifié l'hôtel de ville. Au XXe siècle, de nouvelles banlieues se sont développées au nord du Barada, et dans une certaine mesure, au sud, envahissant l'oasis de la Ghouta (de l'arabe al-Guta qui signifie oasis)30(*).* 25 Voyageur Allemand, évoqué par Froelich, 1954a, p.6, probablement le Dr. Passarge qui, avec Von Uchtritz, seraient restés 9 jours dans le voisinage de la ville d'après Dermais, 1896, cité par Plumey Y., 1990. * 26 Kemfang, H., 1998, p. 7, d'après lui, ces commerçants viennent dans la localité de Ngaoundéré afin de découvrir les terres des personnes avec lesquelles ils entretiennent des échanges commerciaux depuis plusieurs années. Mais, on peut aussi voir à travers ce déplacement, la volonté de se procurer les produits commercialisés (viande de boeuf, kola entre autres) à la source, sans autres intermédiaires. * 27 Ibid., p. 7 * 28 Pandji Kawe, 2006, « Les travailleurs indigènes et fonctionnaires sudistes à Ngaoundéré sous administration française », mémoire de maîtrise d'Histoire, Université de Ngaoundéré, p. 40 * 29 Entretien avec Djiya le 18 octobre 2009 à Ngaoundéré. * 30 www.wikipedia.fr consulté le 04 novembre 2009. |
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