La "vie de nuit " dans la ville de Ngaoundéré au Cameroun de 1952 à 2009( Télécharger le fichier original )par Nicolas OWONA NDOUNDA Université de Ngaoundéré Cameroun - Master en histoire 2009 |
Ces premières vagues d'immigrés venant d'Afrique de l'Ouest, ont ouvert la voie à d'autres migrations, cependant plus tardives. En effet, les commerçants eux, avaient continué leurs rotations saisonnières. Mais avec les indépendances, les pays d'Afrique de l'Ouest ont connu un certain nombre de problèmes politique, économique et social. Les Nigériens et les Maliens par exemple fuient les dictatures militaires en vigueur dans leurs pays. La guerre civile (1966-1970) au Nigeria fera augmenter le nombre de ses ressortissants dans la ville. Il faut ajouter aux communautés suscitées, les Burkinabé, les Ghanéens, et les Togolais. Tous ces étrangers, en majorité des hommes au départ, s'installent aux quartiers Tongo, Aoudi, Bali, et Joli-Soir.Les communautés d'Afrique Centrale quant à elles sont depuis très longtemps en contact avec celles de Ngaoundéré. Mais, c'est aussi avec les problèmes post indépendances que leur nombre augmentera dans la ville. Il n'est pas un secret que l'Afrique contemporaine apparaît comme l'un des continents les plus instables de la planète. Depuis les années 60, les conflits n'ont pas cessé d'un bout à l'autre du continent131(*). Parmi les communautés d'Afrique Centrale, nous nous intéresserons aux Centrafricains qui partagent la frontière avec l'Adamaoua, et les Tchadiens qui, faute de littoral font transiter leurs marchandises par le Cameroun via Ngaoundéré. L'instabilité politique de ces deux pays a provoqué dans la population un état de pauvreté qui incitait tout naturellement les habitants à chercher de meilleures conditions de vie.Tout d'abord en ce qui concerne le Tchad, il faut dire que c'est avec les évènements de 1979 et la bataille de N'Djaména, ensuite le retour de Hissène Habré, que le territoire tchadien est devenu le théâtre de plusieurs affrontements. Cette situation en territoire tchadien a même valu à cette communauté le sobriquet de « rescapé » (Dadi-Kartou en fulfulde)132(*). Depuis le déclenchement des hostilités le 12 février 1979, accompagné du clivage Nord-Sud et la multiplication des formations politiques, la stabilité du pays devient précaire. Ce processus de violence commença en 1966 et obligea des milliers de Tchadiens à se déverser dans les pays voisins. Entre février 1979, mars 1980 et juin 1982, plus de deux cent mille réfugiés arrivèrent au Cameroun133(*).La prise du pouvoir par Hissène Habré en 1982, lui-même renversé par Idriss Déby en 1990, la flambée des violences, des exactions et des règlements de compte ont contribué à faire sortir massivement les Tchadiens de leur pays. Aujourd'hui encore, le Tchad est le lieu de rébellions répétées et à intermittence surtout depuis la découverte de la manne pétrolière dans le pays durant la décennie 1990. Sans oublier que sous le règne d'Hissène Habré, les armes circulaient parmi la population assez facilement et favorisaient la chasse aux sorcières134(*).* 131 Fèvre, F., 1983, Les seigneurs du désert, Histoire du Sahara, Presses de la Renaissance, Paris/France, p.275 * 132 Saïbou, Issa, 1997, "L'impact socio-économique du séjour des réfugiés tchadiens à Kousséri", Ngaoundéré-Anthropos, revue de sciences sociales, Université de Ngaoundéré (Cameroun)/Université de Tromsø (Norvège), Vol.2, 1997, p.128. * 133 Ibid., p.128 * 134 Ibid. |
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