La "vie de nuit " dans la ville de Ngaoundéré au Cameroun de 1952 à 2009( Télécharger le fichier original )par Nicolas OWONA NDOUNDA Université de Ngaoundéré Cameroun - Master en histoire 2009 |
En dehors des peuples anciennement installés sur le plateau de l'Adamaoua, à savoir les Mboum, les Gbaya, les Dii, soumis par les Foulbé, les premières populations camerounaises qui se sont retrouvées dans la cité de Ngaoundéré étaient pour la plupart des esclaves. En effet, les Lamibé de Ngaoundéré ont bâti leur pouvoir en conquérant les villages environnants, en razziant et en pillant117(*). Nous pouvons ainsi citer les conquêtes de Mohaman Ndjobdi (1830-1838), qui réduisit une partie des Mboum à l'esclavage à la suite de la bataille de deux mois qui l'opposa au Belaka de Ngaoukor. Celles de son successeur Lawan Hamman (1838-1853), qui envoya quelques expéditions contre les Gbaya. Sans oublier Ardo Issa qui repoussa les frontières de Ngaoundéré jusqu'aux frontières de l'actuelle R.C.A. ; Haman Gabdo (1877-1887) qui soumit les villages Dii, Ngaouyanga, Dek et Gonkora118(*). Mais elles se sont arrêtées avec l'arrivée des Allemands en 1901.Il faut noter que l'administration allemande est l'un des moteurs de l'immigration dans la cité de Ngaoundéré. À leur arrivée, ils vont entrer de force dans la ville après plusieurs jours de siège. Le mur de fortification qui entourait la ville sera détruit. Non par les Allemands tels que certains témoignages le relèvent, mais par les populations locales elles-mêmes. En effet, avec l'entrée de ces Européens et leurs coups de feu, les populations dans leur fuite, vont briser certaines parties du mur. Ces dernières ne seront jamais reconstruites et c'est ainsi que le mur va finalement disparaître119(*). Le mur brisé, la ville est donc grande ouverte à toute sorte d'influence et de pénétration étrangère. En plus des commerçants, l'administration allemande fera venir d'autres populations sudistes, pour le besoin de faire asseoir son autorité. Cette méthode sera poursuivie par l'administration française.Les premiers sudistes que l'on retrouve à Ngaoundéré semblent être les Bamiléké120(*). À la fin du XIXe siècle, ceux-ci entretenaient des relations commerciales avec les populations du Nord-Cameroun. Ce commerce était principalement centré sur les kolas121(*). Il faut ajouter à ces produits les boeufs qui sont acheminés vers Dschang et Foumban122(*). Pour Kemfang, en plus de ces produits commerciaux, il ajoute lait, peaux séchées et tissus123(*).Les sudistes seront appelés à Ngaoundéré pour servir principalement dans l'administration, dans l'éducation, la santé et l'agriculture. Même si leur apport à partir de 1952 dans la construction est moins important du fait qu'ils ne s'adonnaient que très peu à ces travaux124(*). On relève surtout comme populations sudistes présentes à Ngaoundéré pour le compte de l'administration, les tendances ethnologiques suivantes : les Béti (Ewondo, Bulu, Eton), les Bafia, les Bamiléké et peu de Douala125(*). Cette présence des travailleurs sudistes dans l'administration coloniale a été rendue possible grâce notamment, au rôle qu'ont joué les écoles missionnaires dans le Sud dès les années 1901. Ces écoles missionnaires avaient la faveur des différentes administrations coloniales en ceci qu'elles étaient de véritables vecteurs de l'idéologie européenne. Il faut ajouter qu'en ce qui concerne l'administration française, c'est le 22 juillet 1922 que le mandat de la Société des Nations (S.D.N.) est accordé à la France. Mais déjà, en 1915, des témoignages relevaient la présence des travailleurs sudistes au compte de la France126(*).6. Les autres vagues migratoires * 117Froelich, J.C., 1954b, "Le commandement et l'organisation sociale chez les Foulbé de l'Adamaoua (Cameroun)" in Études Camerounaises, septembre-décembre 1954, n°45-46, p.6 * 118 Ibid., pp.14-15. * 119 Entretien avec Adji Temba, le 25 avril 2009 à Ngaoundéré. * 120 Kemfang, 1998, p.9 * 121 Lamine, M., 2004, p.26 * 122 Froelich J.C., 1954a, p.25 * 123 Kemfang, H., 1998, p.7 * 124 Pandji Kawe, 2006, "Les travailleurs indigènes et fonctionnaires sudistes à Ngaoundéré sous administration française", mémoire de maîtrise d'histoire, université de Ngaoundéré, p.37. * 125 Ibid., p 37. * 126 Pandji Kawe, 2006, "Les travailleurs indigènes et fonctionnaires sudistes à Ngaoundéré sous administration française", mémoire de maîtrise d'histoire, université de Ngaoundéré, p.23 |
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