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La "vie de nuit " dans la ville de Ngaoundéré au Cameroun de 1952 à 2009( Télécharger le fichier original )par Nicolas OWONA NDOUNDA Université de Ngaoundéré Cameroun - Master en histoire 2009 |
IX.3. Méthode d'analyse des donnéesTout au long de notre recherche, nous nous sommes fondé sur la technique d'analyse de contenu. L'analyse de contenu, autre méthode qualitative utilisée dans les sciences sociales, consiste en un examen systématique et méthodique de documents textuels ou visuels. Dans une analyse de contenu le chercheur tente de minimiser les éventuels biais cognitifs et culturels en s'assurant de l'objectivité de sa recherche. Pour Mucchieli, il s'agit d'«un examen objectif, exhaustif, méthodique et si possible quantitatif, d'un texte ou d'un ensemble d'informations en vue d'en tirer ce qu'il contient de significatif par rapport aux objectifs de la recherche.46(*)» L'analyse de contenu renvoie donc à un ensemble de techniques d'analyse des communications visant à obtenir des indicateurs quantifiables ou non, par des procédures systématiques et objectives de description du contenu des messages, permettant l'inférence des connaissances relatives aux conditions de production ou de ces messages. IX.4. Difficultés rencontréesDans notre travail sur la vie de nuit, nous avons été confrontés à plusieurs problèmes. Tout d'abord, il faut noter que certains de nos informateurs étaient analphabètes et donc, ne pouvaient s'exprimer qu'en fulfulde. Or, il se trouve que c'est une langue que nous maîtrisons mal sinon très peu. Nous avons donc fait appel à des interprètes malgré ce que cela représente comme risques en termes de fiabilité de l'information et de confiance entre l'interviewer et l'interviewé, et au Vocabulaire français-foulfoulde de Werner Kammler. D'autre part, faire une étude sur la nuit et ses acteurs, c'est se confronter à l'hostilité et à la méfiance des uns et des autres. En effet, la plupart des acteurs de la nuit vivent de nuit justement pour ne pas être vus. Profitant de l'obscurité de cet espace de temps, ils peuvent laisser libre cours à tous les instincts. Faire une étude sur eux ou les photographier, c'est violer leur intimité. Les prostitués par exemple, considèrent comme du voyeurisme le fait de sillonner autour de ce qu'elles appellent leurs « bureaux », sans rien « acheter ». Ainsi, pour mieux les connaître il faut, soit devenir client, soit monnayer leurs informations. Mais, lorsque s'est déjà établie une certaine confiance entre l'observateur et l'une d'entre elle, tout devient plus facile. Les propriétaires de circuits dans lesquels Venus et Bacchus font ménage, par crainte de la concurrence et des impôts, préfèrent quant à eux n'accorder aucune interview, et sont très discrètes. Cette méfiance se lit aussi chez les vendeurs de stupéfiants, qui ne servent que sur la base du faciès et de l'apparence. Nous avons donc utilisé un intermédiaire qui s'est chargé de nous procurer quelques unes des informations nécessaires pour notre travail. Client fidèle, il lui était plus facile de les obtenir. Il faut ajouter au nombre de ces problèmes, les risques d'agression pendant les observations de nuit. Pour y remédier, nous nous sommes allié à des patrouilles policières et de temps en temps nous nous faisions accompagner d'un ami ou deux quand c'était risqué, par exemple pour observer la vie de nuit à la gare et dans ses environs (quartier Sabongari-gare entre autres).
* 46 Mucchieli, R., 1991, L'analyse de contenu des documents et des commentaires, Collection Formation permanente en science humaine, Paris/France, p.123 |
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