Analyse socioéconomique de la commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et Savalou au Bénin( Télécharger le fichier original )par Oniankitan Grégoire AGAI Université d'Abomey- Calavi, faculté des sciences agronomiques - Diplôme d'ingénieur agronome 2004 |
4.2 RECOMMANDATIONSFace à tous ces problèmes et observations, nous préconisons un certain nombre d'actions qui pourraient contribuer à l'organisation efficace et effective de la commercialisation des noix de cajou non seulement dans les communes de Bantè et de Savalou, mais aussi dans toutes les régions impliquées dans cette activité. La fixation du prix plancher très tôt ainsi que la révision de la période de lancement officiel de la campagne de commercialisation par l'Etat limitera le bradage dont sont victimes les producteurs. En effet, ladite campagne démarre réellement un à deux mois avant son lancement officiel. L'élaboration par l'Etat d'un cadre institutionnel pour réglementer le marché des noix de cajou est la seconde action à envisager. Ce cadre déterminera les conditions d'accès au marché, identifiera et certifiera les balances à utiliser sur le marché. Ce cadre institutionnel doit être accompagné d'un système efficace d'information et de communication non seulement sur les prix, mais aussi sur la situation et l'évolution des marchés mondial, régional et local des noix de cajou. Ceci aidera les producteurs à maîtriser dans une certaine mesure, le marché dans lequel leurs produits sont déversés. Dans ce cas, il s'avère nécessaire d'évaluer l'efficacité des systèmes d'information des marchés actuellement en vigueur. La mise sur pied par l'Etat et les Communes d'organisations professionnelles de producteurs et d'acheteurs permettra l'établissement d'un cadre de concertation pour ajuster l'offre à la demande, créant ainsi des conditions meilleures et durables de détermination des prix plancher. Dans la perspective d'un éventuel projet d'appui aux producteurs des noix de cajou, nous recommandons à l'Etat et aux ONGs, une action centrée principalement sur l'appui à la transformation locale. Il s'agira d'accompagner l'amélioration de la valeur ajoutée et de la qualité des produits par une intervention sur les systèmes de production et générer ainsi une nouvelle concurrence sur le marché de la collecte par la mise en oeuvre d'une commercialisation directe par les associations de producteurs. Le rapprochement des consommateurs directs des noix brutes des producteurs entraînera une réduction des coûts de transaction. Ce qui pourra augmenter la marge dégagée au niveau de chaque acteur. Pour régler le problème lié au bradage des noix de cajou, l'Etat, les Communes et les ONGs peuvent mettre sur pied dans les localités concernées, des systèmes de crédit direct d'appui aux producteurs des noix de cajou spécialement. Ces systèmes peuvent prendre la forme de Crédit Stockage. Dans un tel système, le producteur qui se trouve dans des besoins pressants de liquidité peut s'adresser aux structures de microfinance auprès desquelles il empruntera de l'argent tout en mettant en garantie ses noix de cajou au prix courant du marché. Les structures concernées conserveront alors les noix de cajou et se chargeront de les vendre lorsque les prix seront assez élevés sur le marché. Le surplus dégagé que nous appelons ici plus value sera retourné au producteur, après déduction de la dépréciation, des frais de stockage et de la part qui revient à la structure dans la plus value dégagée. Ce système qui n'est pas nouveau dans la commercialisation des produits agricoles vivriers au Bénin4(*) peut s'adapter à toutes les formes d'organisations de producteurs existant dans la zone, en passant du crédit individuel au crédit collectif. L'élaboration, l'expérimentation puis la validation par l'Etat, les ONGs et les Communes d'un pré- système de mise en marché collective des noix de cajou pourra également aider les producteurs non seulement à se passer des services d'un certain nombre d'acheteurs, mais aussi à augmenter leur propre marge et leurs capacités organisationnelles rendant alors le système de commercialisation plus efficace. Mais quelle que soit l'efficacité du système de commercialisation, le producteur va toujours se plaindre s'il n'insère pas dans sa plantation un mode de gestion plus moderne et mieux amélioré que les systèmes traditionnels existants. Dans cette perspective, il faudra se demander comment le producteur alloue-t-il actuellement les ressources dont il dispose dans le cadre de la conduite des plantations de noix de cajou ? Ainsi, il est nécessaire qu'une recherche soit menée dans ce sens afin d'améliorer les systèmes de production ayant intégré l'anacardier. * 4 Le Promic a expérimenté ce système sous le vocable Crédit Stockage Vivrier. |
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