1.2.2 Justification
La République du
Bénin appartient aux pays à faibles revenus (PIB inférieur
à 750 dollars américains par habitant) dans lequel 33% des
ménages ruraux vivent en dessous du seuil de pauvreté
(Soudé, 2002).
Cette situation
économique actuelle n'est que l'aboutissement des profonds changements
qu'a connus le pays au cours de la dernière décennie
(Soudé, 2002).
Par ailleurs, depuis 1993,
le contexte économique a été marqué dans le secteur
agricole par la forte production et exportation cotonnière. Et ce
secteur agricole est essentiel dans l'économie du pays. En effet,
l'agriculture contribue pour 37% au PIB, pour plus de 85% des recettes
d'exportation d'origine intérieure avec environ 75% à l'emploi de
la population agricole.
La production est
très variée et permet de subvenir aux besoins de la population en
année normale (Soudé, 2002). Cependant, l'agriculture a de plus
en plus de difficultés à jouer son rôle de secteur moteur
de l'économie.
Le principal frein
réside aujourd'hui dans la capacité à produire et à
diversifier la production pour le marché international.
D'après Soudé
(2002), en dehors du marché du coton, de nombreuses autres
filières, parmi lesquelles l'anacarde, pourraient développer les
exportations si elles étaient mieux structurées.
De plus, la dernière
crise de la filière coton nettement perceptible au Bénin depuis
la campagne 1999-2000 a de nouveau mis à nu la fragilité d'une
économie fondée sur un seul produit agricole d'exportation, le
coton. Elle a également éprouvé une agriculture qui ne
promeut véritablement que la seule culture cotonnière (ONS,
2001).
Heureusement, depuis 1990, les populations du centre et du
Nord se sont lancées dans le processus de vente des noix de cajou.
Ainsi, l'exportation de l'anacarde au Bénin a connu un essor depuis les
années 1990 comme le montre la figure 1.
Source : A partir des
données de Sofreco (2002)
L'analyse de la figure 1 montre qu'en une décennie, les
exportations des noix de cajou sont passées de 4373 à 36714
tonnes environ avec donc un rythme de croissance de 9%. Ceci est dû
à l'entrée en production de nouvelles plantations et à la
faible dem ande locale (JITAP, 2002a).
La figure 2 montre le rythme d'évolution des
exportations de l'anacarde du Bénin au niveau du marché
international.
Figure 2: Rythme d'évolution
des exportations mondiales de noix de cajou brutes non
décortiquées entre principaux acteurs sur la période
1998-2002
Source : Secrétariat de la
CNUCED d'après les données statistiques de l'Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture in Infocomm (2004).
Avec l'évolution de 9% dans sa production, le
Bénin participe au flux mondial pour 1% de tonnage (Gagnon, 1998) et il
dispose d'un marché d'exportation croissant caractérisé
par la multiplication des sociétés exportatrices (on en
dénombre plus d'une dizaine) ravitaillées par des
commerçants et des collecteurs très dynamiques qui animent le
marché de la collecte des noix (JITAP, 2002a).
L'analyse de la figure 3 qui compare l'évolution du
prix au producteur des noix de cajou à celle de certains produits
agricoles d'exportation montre que le prix des noix de cajou n'a cessé
de monter depuis 1990, pendant que le prix du coton est devenu instable depuis
1995. Le prix de l'arachide, bien qu'ayant évolué sensiblement,
est resté nettement inférieur au prix du coton et des noix de
cajou. Quant aux prix du karité et du palmiste, ils n'ont pas
augmenté de façon remarquable. Ainsi, seul le prix des noix de
cajou concurrence le prix du coton au niveau des produits agricoles
exportés au Bénin.
Source: A partir des données de la
DPQC (2004).
Toutefois, les avantages et
le soutien de l'Etat dont bénéficie le produit sont encore
insignifiants. Ainsi, malgré l'engouement particulièrement
marqué vers la fin des années 90 qui s'explique par une forte
augmentation des prix payés aux producteurs, cette activité de
production des noix de cajou, qui représente la deuxième culture
d'exportation après le coton, reste encore très mal connue sur
plusieurs plans (Sofreco, 2002).
En effet, au Bénin,
la totalité des noix de cajou est commercialisée par les
réseaux privés. L'intervention de l'Etat dans l'approvisionnement
des intrants aussi bien que dans la commercialisation est négligeable.
L'Etat n'intervient dans le domaine que pour fixer le prix plancher au
producteur.
Cette situation fait que le
marché des noix de cajou pourrait être sujet à de nombreux
dysfonctionnements qui frappent généralement la plupart des
marchés vivriers d'Afrique en général.
Il s'agira de voir à
travers cette étude si le système de commercialisation des noix
de cajou est frappé par des problèmes et des distorsions et
d'essayer dans la mesure du possible de proposer des solutions pour
l'organisation et l'amélioration du système.
Cette étude est donc
une contribution à l'organisation et au développement de la
filière anacarde au Bénin de façon générale,
et dans les Communes de Bantè et de Savalou en particulier.
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