2.1.3.4 Paradigme
Structure-Conduite-Performance (SCP)
Dans l'étude du commerce des produits agricoles, le
mérite des économistes a été de mettre au point des
méthodes crédibles pour en cerner la complexité.
L'un des modèles les plus utilisés est le
modèle Structure-Conduite-Performance (SCP) inspiré de l'analyse
de l'efficacité du secteur industriel et élaboré par Bain
en 1959 (Houédjoklounon, 2001).
C'est un modèle qui repose à la fois sur la
théorie économique et sur les observations empiriques de
l'expérience organisationnelle.
La méthode SCP comprend trois aspects fondamentaux dans
l'étude des marchés :
- la structure du marché ;
- la conduite du marché ;
- la performance du marché.
La structure du marché désigne l'ensemble des
caractéristiques organisationnelles et économiques qui
déterminent les rapports des protagonistes (acheteurs et vendeurs) entre
eux, qu'ils soient installés ou potentiels. Ces caractéristiques
influencent à leur tour et de façon stratégique, la
concurrence et le processus de détermination de prix à
l'intérieur du marché. Les aspects ci-après sont les
éléments de la structure les plus fréquemment
utilisés :
- la concentration des acheteurs et des vendeurs ;
- la différentiation du produit ;
- la connaissance du marché ;
- la formation et la circulation de l'information.
La conduite du marché se réfère aux
comportements adoptés par les entreprises pour s'adapter ou s'ajuster
aux conditions du marché. La conduite du marché englobe :
- la politique de produit et de prix ;
- la stratégie du produit et de
publicité ;
- la recherche et l'innovation technique ;
- la stratégie institutionnelle ;
- la planification des approvisionnements.
La performance du marché a rapport aux résultats
économiques de la structure et de la conduite enregistrés par les
agents sur tous les marchés où ils interviennent (Harris, 1979).
La performance du système commercial concerne les objectifs poursuivis
par les agents sur n'importe quel marché où ils interviennent.
Selon Fanou Kloubou (1994), la performance du marché s'intéresse
au progrès technologique, à l'orientation de la croissance des
entreprises agricoles et commerciales, à l'efficacité de
l'utilisation des ressources.
Le tableau 3 résume le contenu de chaque volet du
paradigme.
Tableau 3 : Eléments du
paradigme Structure Conduite Performance
Structure
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Conduite
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Performance
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Type de marchés
Type de circuits
Type d'intermédiaires
Unités de mesure
Norme de qualité
Homogénéité des produits
Infrastructures
Réglementation à l'entrée
Organisations existantes
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Caractéristiques des acteurs
Termes des échanges
Formation des prix
Stratégie de vente et d'achat
Comportement face aux diverses fonctions
Information
Liens entre les acteurs
Problèmes et changements observés
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Effectivité de la performance
Efficacité des prix
Efficacité dans l'allocation des ressources
Marges observées.
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Source : Adapté de Lutz
(1994) et Houédjoklounon (2001).
Nombreuses sont les limites reconnues à la
méthode SCP.
Fanou Kloubou (1994) et Houédjoklounon (2001) montrent
que le modèle est basé sur un concept statique et
inapproprié pour analyser les systèmes de commercialisation.
Selon Sherman (1984), le modèle est plus
approprié à l'analyse de l'intégration horizontale dans le
contexte des firmes produisant un même bien et constituant un seul
marché.
Lutz (1994) soutient que l'approche ne se justifie que pour le
cas des marchés en concurrence pure et parfaite, or les marchés
qui satisfont ces conditions sont rares.
La fiabilité des données utilisées pour
l'étude de performance par les divers travaux est douteuse à
cause de leur mode de collecte par les administrations : négligence
des agents, ignorance des variétés et de
l'hétérogénéité des instruments de mesure et
des erreurs de reportage.
Débrah et Anteneh (1992) proposent à partir des
travaux de Kriesberg (1986) un modèle plus adapté aux conditions
des pays en développement. Pour commencer, ils ont fait la distinction
entre l'efficience et l'efficacité de la commercialisation. Selon ces
auteurs, l'efficience de la commercialisation fait référence
à la quantité ou au coût des intrants requis pour obtenir
un niveau donné de résultats. Elle se mesure par des ratios
entrées/sorties ou coûts/bénéfices.
L'efficacité de la commercialisation s'apprécie en revanche
à la lumière des objectifs poursuivis par le système de
commercialisation. Elle se mesure en conséquence en terme d'objectifs et
s'apprécie sur la base de la comparaison des différents circuits
de commercialisation, entreprises, ou même pays,
caractérisés par des conditions similaires de
développement.
Toutefois, Débrah et Anteneh (1992) reconnaissent qu'il
n'y a aucune différence entre les concepts d'efficience et
d'efficacité lorsque les objectifs poursuivis sont les mêmes.
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