2.1.1.2 Approche des
marchés contestables
La notion de marché contestable est due à
Baumol, Panzar et Willing (1982). Un marché contestable est un
marché dont l'accès est parfaitement libre et la sortie sans
coût (Lecaillon, 1993; Lutz, 1994). Les entreprises peuvent aller et
venir sans difficulté car dans ces types de marché, les nouvelles
entreprises supportent les mêmes coûts de structure que celles
déjà présentes et les nouveaux acteurs n'ont pas à
supporter d'éventuelles charges résultant de leur arrivée.
Dans ce type de marché, la concurrence potentielle est plus importante
que la concurrence réelle.
Les caractéristiques des marchés parfaitement
contestables sont les suivantes :
- les nouveaux acteurs peuvent répondre à la
demande du marché et utiliser les mêmes méthodes de
commercialisation que les premiers;
- les nouveaux acteurs évaluent la profitabilité
associée à l'entrée dans le but de satisfaire la demande
du marché;
- les acteurs sont flexibles et les forces de
compétition concourent au respect des prix et aux taux de
rentabilité normaux.
De ces faits, nous pouvons dire à l'instar de Lecaillon
(1993) que les marchés de concurrence parfaite ou monopolistiques sont
donc par définition des marchés contestables.
Les marchés contestables se comportent comme des
marchés concurrentiels, en ce sens que les rentes de monopole tendent
vers zéro. Toutefois, dans la réalité, les marchés
ne sont jamais parfaitement contestables, étant donné que
l'entrée comme la sortie n'est ni sans obstacles, ni sans
coûts.
2.1.1.3 Approche de la nouvelle
économie institutionnelle
La grande partie des pensées récentes sur les
institutions est connue actuellement sous le vocable de nouvelles
économies institutionnelles (New Institutional Economics) (Tripp, 2001).
L'émergence de cette théorie est due aux problèmes
soulevés par l'approche néoclassique qui suppose que les
marchés fonctionnent dans un environnement d'information parfaite.
La nouvelle économie institutionnelle met l'accent sur
la manière dont la qualité, la complexité et
l'adéquation de l'information déterminent la façon dont
les marchés fonctionnent, les affaires sont gérées et les
institutions développées (Tripp, 2001). En effet, en reprenant
North, Tripp (2001) affirme: «Institutions are the rules of the game
in a society or, more formally are the humanly devised constraints that shap
human interaction. In consequence they structure incentives in human exchange,
wether political, social, or economic».
Les institutions contribuent donc à la gestion efficace
des informations. Or, dans n'importe quelle transaction de marché,
l'information sur les prix et sur les caractéristiques techniques des
biens et services en présence est absolument importante.
Une approche comparative montre que la théorie
néoclassique s'intéresse à la minimisation des coûts
et à l'efficience dans un cadre institutionnel donné alors que la
théorie néo institutionnaliste s'attache à la façon
dont les changements institutionnels peuvent conduire à l'efficience
économique et à la minimisation des coûts. La performance
du marché se mesure donc à ce niveau par l'aptitude des agents
à remplir leur fonction à moindre coût.
Partant du fait que les mécanismes du marché
sont insuffisants pour atteindre cette efficacité, les
institutionnalistes proposent des systèmes de
commercialisation à intégration verticale dont la
coordination sera assurée par une administration.
Mais Lutz (1994) constate que l'établissement d'un tel
système conduit à l'établissement du monopole de l'Etat
dont les coûts de transaction sont très élevés.
Par ailleurs, du fait que l'acquisition et
l'interprétation de l'information engendrent de considérables
coûts, le concept de coût de transaction devient un
élément central pour les nouvelles économies
institutionnelles. En effet, selon Williamson (1985 :19) «les
coûts de transaction sont l'équivalence économique de la
friction». Ces coûts sont retrouvés à toutes les
étapes de n'importe quel inter échange économique et
peuvent être divisés en coût de recherche et d'information,
coût de décision, de marchandage, coût de politique et de
renforcement (Dahlman, 1979).
Ces coûts sont la résistance
« perverse » qui fait que l'échange et le commerce
dévient la trajectoire idéale prédite par les
néoclassiques. Nous en parlerons en détail dans la suite du
travail.
Les nouvelles économies institutionnelles
présentent un certain nombre d'insuffisances qu'il importe de
soulever :
- les pays en développement, contrairement aux pays
industrialisés, possèdent peu d'institutions pour
améliorer les problèmes informationnels ; et les
institutions dont ils disposent sont plus inefficaces que les
« institutions homologues » des pays industrialisés
(World Bank, 1998)
- le second problème de l'analyse institutionnelle est
la subjectivité de plusieurs de ses concepts. Par exemple, il est
souvent impossible de quantifier les coûts de transaction. De plus,
l'identification de ce qui constitue un coût de transaction est parfois
confuse et, le terme est imparfaitement appliqué à n'importe
quelle situation où existe l'incertitude ;
On doit dès lors faire très attention en
définissant précisément ce qui constitue un coût de
transaction dans une situation particulière.
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