SECTION 1 : LE FINANCEMENT PAR LES INVESTISSEMENTS
PRIVES
L'investissement privé caractérise le placement
de fonds qui ne dépend pas de l'Etat. En d'autre terme c'est l'emploi
des capitaux par des individu, ou des entreprises à caractère
individuel ou privé49. Il présente l'acquisition de
machines et de moyens de production par les particuliers nécessaires aux
activités productives. On distingue l'investissement privé
interne et l'investissement privé externe.
1.1 Les investissements privés
internes
1.1.1 Le poids de secteur privé
Le secteur est en régression constatée depuis
les années 1990, conséquence des difficultés
énormes de tous genres. Son poids diminue progressivement au profit du
secteur informel. Certains entrepreneurs accusent l'Etat d'être le
principal responsable de la situation actuelle. En effet, les procédures
de création des entreprises, les lourdeurs administratives, le poids de
la fiscalité sont autant d'entraves au système privé
moderne.
49 GUERRIEN Bernard « Dictionnaire d'analyse
économique » 2002.
47
Par ailleurs, les chefs d'entreprises dénoncent
l'absence d'une politique volontariste de promotion du secteur privé et
le climat d'insécurité et d'incertitude née des troubles
politico-militaires qui se font sentir sur tous les cieux découragent
l'initiative privée et les investisseurs. En effet, les
évènements politico-militaires qui ont jalonnés la vie du
pays depuis 1990 l'ont considérablement affaiblie. En 1996, la RCA a
vécu plusieurs crises socioéconomiques dont les
conséquences sur le secteur privé n'ont pas été
prises en compte.
Le rôle du secteur privé dans la création
des richesses et de l'emploi par les
investissements, n'a pas suffisamment été
intégré dans les différents programmes d'ajustement dont
l'essentiel était l'assainissement des financements publics.
1.1.2 Evolution de la demande globale et des
investissements privés 1996 à 2009
Notons que depuis les dernières crises qu'a connu le
pays de 1996 à 2002, le
tissu économique s'est détérioré
et a régressé. Certaines entreprises ont connu des
difficultés de tous genres.
Au cours du premier semestre 2005, l'évolution de la
demande globale a été caractérisée par une
progression de la demande intérieure endossée à
l'augmentation des consommations publiques et privées et à la
poursuite, bien que faible, des investissements privés. En revanche, la
demande extérieure nette a eu un apport négatif sur
l'évolution de la richesse nationale.
Tableau n° 15: Evolution de la
demande intérieure brute et investissement (en % du PIB) de 1996
à 2009.
|
96
|
97
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
06
|
07
|
08
|
09
|
Demandes intérieures brutes
|
- 5,0
|
4,4
|
8,2
|
4,3
|
-1,9
|
2,3
|
- 2,4
|
-4,2
|
5,2
|
6,1
|
-0,4
|
5,1
|
3,1
|
1,8
|
Consommation
|
-0,4
|
1,8
|
6,5
|
3,8
|
-1,4
|
3,0
|
-3,0
|
-2,6
|
4,6
|
3,7
|
1,3
|
5,3
|
2,0
|
0,7
|
Publique
|
- 0,9
|
1,2
|
- 0,6
|
0,5
|
0,2
|
0,1
|
0,9
|
- 0,2
|
1,1
|
0,5
|
-1,9
|
-0,3
|
0,4
|
0,1
|
Privée
|
0,5
|
0,6
|
7,1
|
3,3
|
-1,6
|
2,6
|
-3,9
|
- 44
|
3,6
|
3,3
|
3,2
|
5,6
|
1,6
|
0,5
|
Investissements Bruts
|
- 4,6
|
2,5
|
1,8
|
0,5
|
-0,5
|
-0,7
|
0,6
|
-1,7
|
0,5
|
2,4
|
-1,8
|
-0,2
|
1,1
|
1,2
|
Publics
|
-2,7
|
3,2
|
0,4
|
0,1
|
- 44
|
-1,2
|
0,9
|
-1,6
|
-0,1
|
1,5
|
-0,8
|
-0,5
|
0,3
|
0,2
|
Privés
|
-1,9
|
0,3
|
0,6
|
0,3
|
1,5
|
0,2
|
0,4
|
-0,2
|
-0,4
|
0,9
|
-1,0
|
0,2
|
0,8
|
1,0
|
Source : BEAC.
48
Les investissements bruts ont eu un impact important positif
sur la relance de l'activité économique soutenue par un
investissement sécuritaire nationale. Les investissements privés
ont repris mais à un rythme moins soutenu.
En 2006, la demande globale continuerait d'être soutenue
par la demande intérieure en liaison avec le dynamisme de la
consommation et des investissements privés à la croissance
économique a été de l'ordre de 0,5 point contre 0,2 point
en 2005, soutenu par l'acquisition de production par les entreprises
forestières, agro-industrielles, minières et de services ainsi
que par l'extension des activités de la téléphonie
mobile.
En 2008, la demande intérieure resterait toujours le
principal moteur de cette croissance moins vigoureuse, avec une contribution de
8 points contre 3,5 points plus tôt. Cette tendance serait imputable au
raffermissement de la consommation et au dynamisme des investissements
privés.
La croissance économique projetée pour 2008 est
essentiellement imputable aux investissements de l'ordre de 2,0 points contre
0,2 point en 2007. Cette vigueur des dépenses d'épuisement du
secteur privé serait attribuable à la construction d'une agence
de la SOCACIG à Bambari, à la poursuite des travaux des stations
de services par les sociétés pétrolières et
à l'extension des réseaux de téléphonie mobile en
provinces. De même la société forestière, SEFCA
MBAERE a installé une 3ème scierie. En ce qui concerne les
transports, il a été enregistré la création de 3
nouvelles sociétés de transports urbain et international (TODA
Africain Express, Centrafrique Logistique S.A et Société
Nationale de Transport Urbain (SONATU).
1.1.2.1 Evolution de l'épargne
nationale
Le consensus de Monterrey, établi lors de la
conférence internationale sur le financement du développement
tenu à Monterrey au Mexique en mars 200250, donne les
orientations sur la manière d'aborder les questions de mobilisation des
ressources. Ce consensus se fonde sur la nécessité de mettre
à contribution toutes les sources de financements possibles, mais en
partant du principe que les pays en développement doivent donner la
primeur aux internes.
La source de financement interne découle principalement
de l'épargne car dans la théorie macroéconomique
l'épargne est en fonction du taux d'intérêt et de revenu et
en équilibre l'épargne est égale à l'investissement
(E = I)51.
50 AHO Gilbert « Pour une stratégie de croissance
pro-pauvre au service du développement humain : contrainte et
défis pour la RCA ». PUND 2006.
51 NGARASSO Evariste «Cours de macroéconomie »
2e année des Sciences Economiques UB 2007.
49
Tableau n° 16: Epargne nationale 1997-2000
(en F CFA et en %).
|
97
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
Epargne Nationale Totale (F
CFA).
|
38,8
|
46,5
|
75,1
|
68,0
|
50,2
|
45,7
|
25,0
|
10,3
|
Secteur Public (FCFA)
|
31,5
|
72,1
|
72,1
|
47,1
|
28,2
|
32,7
|
- 2,2
|
17,3
|
Secteur Privé (FCFA)
|
7,3
|
-25,6
|
3,0
|
20,9
|
22,0
|
13,0
|
27,0
|
- 7,0
|
Epargne Nationale Totale (%)
|
7,0
|
7,6
|
11,7
|
9,9
|
7,0
|
6,4
|
3,6
|
1,5
|
Secteur Public (%)
|
5,7
|
11,9
|
11,3
|
6,9
|
3,9
|
4,6
|
- 0,3
|
2,5
|
Secteur Privé (%)
|
1,3
|
- 4,2
|
0,5
|
3,0
|
3,0
|
1,8
|
3,9
|
- 1,0
|
Source : BEAC.
Mobiliser les ressources internes suppose donc des efforts
considérables, d'une part, pour stimuler la formation d'une
épargne conséquente et, d'autre part, pour que se mette en place
une intermédiation financière efficace, capable de canaliser
l'épargne vers le système financier. D'une manière
générale, l'épargne dans un pays est
déterminée par le revenu disponible, monétisation de
l'économie et les paramètres d'intensification financière
dont les plus importants sont le flux de crédit intérieur et le
flux de crédit par rapport au revenu disponible.
De façon générale, la capacité du
secteur privé à dégager une épargne volontaire
dépend essentiellement du niveau et de l'accroissement de leur revenu
disponibles. Une croissance élevée et soutenue, à travers
laquelle le secteur privé anticipe un accroissement de revenu,
accroît la propension à épargner. La propension à
épargner peut également être stimulé par la
fiscalité. Toutefois, les ménages qui ont une capacité de
financement peuvent très bien choisir de détenir leur
épargne sous forme non monétaire. La motivation à
détenir l'épargne sous forme monétaire dans le
système bancaire dépend de la crédibilité des
institutions financières et de la convivialité du système
financier52.
Le tableau nous montre l'insuffisance des investissements
privés (épargne privée) dans l'économie
centrafricaine. En 1997, l'épargne nationale totale en F CFA
était de 38,8 F dont 31,5 F pour le secteur public contre 7,3 F CFA pour
le secteur privé et l'épargne nationale en % du PIB de cette
année était de 7,0 % dont 5,7 % au secteur public et 1,3 % du
secteur privé. C'était en 2003 que dans les 2 cas, le secteur
privé a augmenté à cause de la crise militaro-politique et
que nous avons remarqué une baisse du taux d'épargne nationale
(en F CFA et en % du PIB).
1.1.2.2 Les déterminants de l'épargne en
Centrafrique
En valeur absolue, l'épargne nationale est
constituée d'environ 45 milliards de F CFA dont 34,4 milliards de F CFA
pour le secteur public contre 7,6 milliards pour le secteur privé depuis
le milieu des années 90, avec une tendance à la baisse depuis la
fin des années 90. Elle est passée de 75 milliards de F CFA soit
72,1 milliards de F CFA pour le secteur public contre 3 milliards pour le
secteur privé en 99, à 10,3 milliards de F CFA soit 17,3
milliards pour le secteur public contre - 7 milliards pour le secteur
privé en 2004.
52 Rapport sur les investissements dans le monde CNUCED 2004.
50
Même en valeur relative c'est-à-dire
rapporté au revenu, le niveau de l'épargne est encore très
faible en RCA. L'épargne ne représente que 7 % du PIB dont 5,8 %
pour le secteur public et 1,1 % pour le secteur privé en moyenne par
année depuis le milieu des années 90, pire, le taux
d'épargne est en pleine dégringolade après le pic de
l'année 99, passant de 11,7 % du PIB, soit 11,3 % pour le secteur public
et 0,5 % pour le secteur privé, cette année là à
1,5 % du PIB en 2004. Sur la période 90-03, l'épargne
centrafricaine atteignait 8 % du PIB, ce qui est de loin inférieur
à la moyenne africaine, qui ont atteint respectivement 12 % et 17 % du
PIB.
Ce faible niveau d'épargne explique les faibles
capacités d'investissement dans l'économie nationale. Les taux
d'investissements bruts les plus élevés ont été
atteints en 1986,1987 et 1995, grâce aux investissements publics
eux-mêmes, poussés par l'aide publique au développement
(APD) favorables. Par contre, les niveaux d'investissement les plus bas ont
été atteints pendant les années de crises
militaro-politiques (96, 97,02 et 03) où leur valeur correspond à
peine à la moitié de la moyenne de la période
1986-2004.
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