3.4 Crédit privé et croissance en
Centrafrique
La majorité des théories économiques sont
unanimes à reconnaître les incidences positives du crédit
au secteur privé sur les activités économiques, comme l'on
si bien montré les tenants de l'école du « canal du
crédit » qui ont soutenu l'idée d'une augmentation des
revenus stimulants ainsi la croissance économique. Donc on va essayer de
voir comment l'évolution du crédit au secteur privé a
influencé la croissance pendant la période 2000 à 2009.
En observant le tableau ci-dessous, nous comprenons qu'il n'y
pas de lien de cause à effet entre le crédit bancaire au secteur
privé et la croissance économique dans le cas de
l'économie centrafricaine.
Tableau n° 13: Evolution du taux
de croissance du PIB et taux de croissance du crédit au secteur
privé.
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Taux de croissance du PIB
|
2 ,3
|
0,26
|
- 0,58
|
- 7,6
|
1
|
2,4
|
3,8
|
3,7
|
2,2
|
2,4
|
Taux de croissance du crédit privé
|
4,52
|
4,87
|
5,69
|
6,1
|
7,4
|
6,81
|
6,64
|
6,69
|
6,97
|
6,95
|
Source : Base de donnée de la BM
en 2010.
En somme, cette étude sur l'évolution du
crédit au secteur privé et de son rôle vis-à-vis de
la croissance économique, nous a permis de voir que la distribution du
crédit au secteur privé de 2000 à 2009 n'a pas
été régulière pour diverses raisons
44
tant économiques que politiques. Aussi, cela peut
dépendre de la politique monétaire adoptée et
appliquée dans les situations particulières.
3.5 La problématique du crédit
Le crédit bancaire reste rare, coûteux, et
extrêmement volatile. Le problème du crédit devrait
être ainsi abordé sous quatre angles différents :
l'insuffisance, le coût, l'exclusivité et la qualité.
3.5.1 L'insuffisance du crédit
Selon les données de la BEAC, le crédit au
secteur privé est passé de 30, 903 milliards à 65,860
milliards de francs CFA de 2000 à 2009 et le ratio M2/PIB de 0,8 en 2000
à 2,19 % en 2009. Ceci démontre que les disponibilités de
l'octroi des crédits sont en progressions. Tandis que, le ratio
crédit privé/PIB n'a pas pu atteindre la barre de 5 % avant 2006
avec une moyenne de 2 % de 2000 à 2009. Ce rationnement de crédit
en Centrafrique, n'est pas forcement imputable à la faiblesse de
disponibilités bancaires.
3.5.2 Le coût du crédit
Nous savons qu'un produit rare est généralement
coûteux. Mais il y a une autre considération à faire. En
Centrafrique, on remarque mis à part le problème d'insuffisance
de fonds prêtables, que les institutions de crédits ont tendance
à imposer des conditions draconiennes face à la demande des
agents qui ont besoin du crédit, un ensemble d'exigences qui
protège les banques certes, mais entrave l'activité de
crédit.
Nous reconnaissons certes, le niveau élevé de
risques qui entourent les investissements économiques par rapport
à la fragilité du pays ; mais reste à savoir si les
mesures préventives en terme d'octroi de crédit au secteur
privé correspondent toujours à la réalité du
marché. Voyons le tableau qui suit :
Tableau n ° 14: Evolution du taux
d'intérêt et taux des prêts bancaires.
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Taux d'intérêt réel
|
18,27
|
16,52
|
14,57
|
19,59
|
17,65
|
13,49
|
10,39
|
12,23
|
Taux d'intérêt des prêts bancaires
|
22
|
20,67
|
18
|
18
|
18
|
17,67
|
15,33
|
15
|
Source : Base de donnée de la BM
2010.
Cet écart de taux qui est généralement
inélastique par rapport aux variations des taux directeur de la BEAC
nuit considérablement à la demande de crédit. D'une part,
les potentiels épargnants pourraient être réticents
à faire des dépôts ; d'autre part, ceux qui ont besoin du
crédit seraient de plus en plus désintéressés
à formuler une demande.
45
|