2- Le peuplement du royaume
En ce qui concerne le peuplement du royaume en
général et plus précisément des premiers occupants,
les versions diffèrent. Les récits écrits tant par les
Européens1 que par les Togolais2 soutiennent
l'ancienneté des groupes lama. Cette thèse est remise en cause
par la tradition orale.
Qui est-ce qui sont les premiers occupants avant
l'arrivée des Mola ? Les Mola, qui sont-ils et d'où viennent-ils
? Quels sont les clans migrants ?
Les réponses à ces trois questions nous
permettront de mieux cerner les réalités qui concourent à
l'occupation de ce site.
2-1- Les premiers occupants avant l'arrivée des
Mola
A propos des premiers occupants, nous avons recueillis des
témoignages de divers auteurs :
JC Froelich3, estime que les plus
anciens des habitants du pays sont des Lama de langue voltaïque et
appartiennent au groupe des « paléonigritiques ».
Capitaine Sicre4 abordant dans le
même sens écrivait : « La race (lama) la plus autochtone
que l'on connaisse a aujourd'hui totalement disparu du cercle de Sokodé,
mais s'est décomposée en deux fractions Lambas et Cabrais dont un
certain nombre de famille ont tendance à venir retrouver Sokodé,
la terre de leurs lointains ancêtres ».
1 - Alexandre P., Cornevin R, Froelich JC, Capitaine
Sicre, Barbier JC etc.
2 -. Ali Napo P, Gayibor NL, Ouro-Djéri etc
3 - Froelich JC, 1947, p23.
4 - Sicre Cap., 1918, p5.
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Ali Napo1 écrit que :
« le royaume tem de Tchaoudjo se partage avec les royaume Bassar,
Dagomba et Tchokossi, la domination sur presque toutes les populations à
l'exception de celles considérées comme autochtones kabyè
et losso de tout le Nord-Togo »
Cependant, la tradition orale révèle que les
véritables autochtones du pays sont les Nawo, les Koli2.
-Les Nawo : ils font partie des clans
autochtones du royaume. Leur ancêtre s'appelait Takam et leur origine est
Lognadè, village situé actuellement sur la route
Sokodé-Tchamba à côté de Kadambara. Ils
détenaient le pouvoir d'électeur du souverain du
Tchaoudjo. Pouvoir qu'ils ont perdu au temps de Ouro Koura de
Birini3.
-Les Koli : Ceux-ci sont
considérés également comme des autochtones. Leur centre de
gravité semble être le village d'Effolo dans la préfecture
d'Assoli. Ils se retrouvent un peu partout à Bassar, à Tchamba,
à Agoulou et en pays kabiyè. Ils sont en majorité à
Bafilo où ils constituent un noyau important jouant à la fois un
rôle capital dans la vie politique de cette localité. En effet, en
cas de vacance du pouvoir, c'est l'un des membres de ce clan qui assume
l'intérim.
Les Koli représentent une entité clanique assez
forte. Ce sont de véritables forgerons et par conséquent des
guerriers avertis.
Certains vont encore plus loin, comme Agodomou
Adam4, jusqu'à affirmer que les Mola n'avaient
retrouvé personne à leur arrivée ni à Tabalo, ni
dans leurs sites actuels.
1 - Ali Napo, 1995, p598
2 - Entretien avec El Hadji Agouda Soulé, garde
du corps du souverain El Hadji Issifou Ayéva, du 11-08-06.
3 - les Nawo ont récupéré de
nos jours ce pouvoir. Ils se trouvent aussi disperser dans les villages tem
comme Agoulou, Kpaza etc
4 - Entretien avec Agodomou Adam, chef du canton de
Wassaradè, du 14-08-06.
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Pour ce qui nous concerne, nous dirons que la thèse de
l'antériorité du groupe lama soutenue par les Européens et
les Togolais mérite une certaine précision. Ainsi, le sens du
groupe lama ne peut se comprendre que sur le plan linguistique. Il
désigne un ensemble de groupes ethniques qui parlent des langues
apparentées comme le cas des Kabiyè, des Tem, des Lamba et des
Logba. De ce fait, il ne désigne pas les seuls Kabiyè et Losso
comme l'ont écrit Ali-Napo et JC Froelich et Sicre.
Ainsi, l'antériorité des Koli et des Nawo
défendue par la tradition orale peut se comprendre d'autant plus qu'ils
sont tous deux des Tem et à plus forte raison parlent la
même langue tem.
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