2- Rôle des sémassi dans la conquête
allemande de l'hinterland
A l'arrivée des Allemands à Tchaoudjo, le
problème du trafic des esclaves fut l'une de leurs préoccupations
majeures. Ainsi, les peuples frères se faisaient la guerre alors que le
colonisateur vint pour occuper la région. Pour supprimer cette pratique
inhumaine en vue de gagner à la fois la confiance des dirigeants et de
leurs sujets, les Allemands assistaient financièrement les cours royales
et les trafiquants d'esclaves. Autrement dit, ils étaient
dévoués pour mettre les chefs locaux dans des conditions
matérielles et financières assez acceptables afin de bannir
progressivement le système de captivité qui enrichissait les
chefs et les commerçants d'esclaves.
Les sémassi furent placés à la
disposition des Allemands. A cet effet, ils firent partie de la force de police
coloniale créée par les Allemands en vue de faciliter la
conquête de l'hinterland.
Ainsi, les sémassi devaient participer aux
diverses expéditions qui furent organisées dans le nord-Togo au
cours de la douloureuse pacification.
2-1. La police coloniale « die Polizeitruppe
»
Cette petite force de police créée le 3
septembre 1885, fut réorganisée par Jesko von Puttkamer pour en
faire une véritable troupe militaire. Elle fut placée sous les
ordres d'un officier et entraînée par un
sous-officier1.
En effet, cette police coloniale avait pour rôle
principal d'assurer la « sécurité militaire du
protectorat»2. Ainsi, cette cavalerie militaire du
Tchaoudjo fut composée selon Barbier3 « de
mercenaires djerma, de Peuls et des notables Kotokoli ». Elle fit
ainsi partie de la force de police coloniale et ceci d'une façon
déterminante.
1 - Gayibor NL (ss la dir), 1997, p19.
2 - Trierenberg (von Georg) cité par
Ouro-Djéri, 1989, p80.
3 - Barbier JC et Klein B, 2001, p13.
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En effet, les bonnes relations établies par les
Allemands entre autres Wolf, Kling, Zech etc. avec les souverains,
leur offraient l'alliance d'un royaume déjà islamisé qui
donna volontiers des contingents de guerriers.
En tout état de cause, les effectifs affectés
aux postes dépendaient donc du degré d'insécurité
qui régnait dans ces régions.
Ainsi, à titre d'exemple, voici la composition
numérique de cette force par poste selon Trierenberg cité par
Ouro-Djéri.
Tableau No1 : Répartition des
soldats dans les postes
POSTES
|
NOMBRE DE SOLDATS
|
Lomé-Land
|
30
|
Anécho
|
40
|
Misahöhe
|
50
|
Atakpamé
|
60
|
Kete-Kratchi
|
30
|
Sokodé-Bassari
|
90
|
Mango-Yendi
|
100
|
Source : Ouro-Djéri, 1989, p85
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Ces soldats organisèrent des expéditions pour
réprimer les soulèvements des autochtones. Pour l'administrateur
français R. Cornevin1, « on compte en quatre
années (1897-1901), trente-cinq tournées de police et plus de
cinquante combats allant de l'escarmouche à la bataille de plusieurs
heures parfois appuyée par une mitrailleuse et faisait plusieurs morts
et blessés ».
Ainsi, toutefois que les Allemands voulaient se servir des
cavaliers du Tchaoudjo, ils s'adressaient à Adam Méatchi à
Kpaza et à Salami des alentours de Bafilo2.
Les sémassi jouèrent un rôle
capital dans les diverses expéditions de répression des peuples
hostiles à l'occupation allemande.
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