1-2 L'impact de la présence allemande à
Tchaoudjo
Les Allemands furent à l'origine de nombreuses
réalisations dans le royaume. Mais ils avaient une part de
responsabilité dans la sédentarisation du pouvoir royal à
Kparatao.
1 - Barbier JC et Klein B, 1995, p32.
2 - Barbier JC et Klein B, 1995, p32
72
Néanmoins, ils jouèrent un rôle de premier
ordre dans la suppression de la traite des esclaves qui a tant ruiné la
région.
Le premier acte des Allemands avait consisté à
entériner une usurpation qui dura presque un demi-siècle. A cet
effet, selon P. Alexandre1, « le Comte von Zech lors de son
passage dans le royaume, avait trouvé le souverain Ouro- Djobo
très vieux et il pensait à le
détrôner».
Cependant, ajoute-t-il qu' « il fut
empêché par la nécessité d'utiliser l'armée
royale pour venir à bout du chef de Kegbafilo qui venait d'arborer le
pavillon français ». Dans ces conditions, un nouveau
traité fut signé en 1897.
Par ce traité, le souverain transféra
sa souveraineté au Kaiser qui garantit en échange de
préserver le droit au pouvoir suprême aux descendants de
Djobo2. Ce qui fut respecté car cinq souverains vont
se succéder dans le compte de Kparatao.
C'est ainsi que tous les souverains qui se sont
succédé à Kparatao eurent l'aval des Allemands.
Par ailleurs, ce sont ces mêmes Allemands qui
élargirent le commandement des souverains du Tchaoudjo en leur
donnant le titre de « chef supérieur des Kotokoli
».
Ce qui leur accordait plus d'autorité et de
légitimité sur tout le pays tem.
Hormis les conséquences politiques, on note
également le déplacement du poste de Kparatao.
Pour des raisons stratégiques, le poste administratif
de Kparatao fut transféré en 1897 à Sokodé par le
Dr Kersting, premier commandant de cercle de Sokodé
(1897-1909)3.
1 - Alexandre P, 1963, p263.
2 - Alexandre P, idem
3 - Barbier JC et Klein B, 1995, p125.
73
Après avoir appris dès son voyage à
Tchaoudjo que le siège du pouvoir suprême changeait à
chaque règne, von Zech réagissait en considérant que ce
n'était pas une bonne pratique. Il aurait voulu qu'on établisse
une capitale du Tchaoudjo et que Kouloundè lui apparaissait une
localité idéale pour l'abriter car, disait-il, Kouloundè
est « située au centre du pays »1
En effet, comme nous l'avons dit précédemment,
le poste de Kparatao se trouvait sur la rive gauche de la rivière Na.
Etant donné que le poste se trouvait à côté de la
rivière, on supposait que ce n'était pas un endroit idéal
à cause des moustiques. De plus, le Blanc pouvait contracter une
fièvre meurtrière.
Voilà pourquoi le poste de Kparatao fut
transféré vers Sokodé2.
Mais au-delà de cette raison, nous pensons pour notre
part que la raison de ce transfert ne peut être que
stratégique.
En effet, il se pourrait que le Docteur Kersting lors de son
passage à Kparatao en 1897 ait eu peut-être peur de
l'hégémonie du Ouro Djobo Tchadjobo et de la force de son
armée qu'il souhaitait utiliser. Pour cela, il préférait
s'éloigner de Kparatao en vue de mieux trouver les voies et moyens pour
y parvenir.
Il se pourrait aussi que Kersting aurait tenu compte du niveau
de développement de Didaouré par rapport à celui de
Kparatao car il était au centre du Tchaoudjo et de ce fait abritait des
commerçants étrangers à l'époque.
Ainsi, les sémassi jouèrent un
rôle capital dans la conquête des territoires de l'hinterland du
Togo.
1 - Barbier JC et Klein B, 1995, p37.
2 - Le poste ainsi transféré se situe
là où se trouvent actuellement les bureaux de la
préfecture et la
résidence du préfet de Tchaoudjo.
74
|