CHAP.3. DEVELOPPEMENT DE L'EROSION RAVINANTE AUTOUR DE
L'UNIVERSITE DE KINSHASA
Ce chapitre relate l'historique des érosions dans les
différents sous bassins versants qui entourent l'université de
Kinshasa, les causes de leurs déclenchements ainsi que les techniques de
lutte antiérosives mises en oeuvre. De plus, il illustre quelques cas
d'érosions photographiées sur le site de l'Unikin.
3.1. Le sous bassin-versant de la rivière
Funa
Le sous bassin-versant de la Funa est situé dans la
commune de Lemba, dans l'extrême sud de la ville de Kinshasa. Il
présente une superficie totale d'environ 13,360 km2. Il est
caractérisé par un dénivelé important de 150
mètres. Son altitude mesurée près de la rivière
dans le fond de la vallée est de 320 mètres. La partie Est du
sous bassin est celle qui concerne notre étude. Celle-ci présente
une superficie de 5,680 km2, avec une altitude variant entre 400 et
470 mètres, au niveau de l'un des sommets du bassin localisé
à proximité de l'Université de Kinshasa (Wouters,
2008).
Après la création de l'université en
1954, les ravinements étaient absents sur la partie Est de la Funa et
sur l'ensemble de l'Université. Les premières marques
d'érosions (Figure 5) ont été observées en 1968 par
Van Caillie (1983) à partir d'une analyse diachronique de deux
photographies aériennes de 1958 et de 1968. Ce dernier les associe
à l'asphaltage de la route de Kimwenza (route des cliniques) entre 1967
et 1968. Sa carte imprimée le 30 mars 1970 signale la présence de
9 ravins sur la partie Est de la Funa. Ils ont été causés
par le débordement des eaux des pluies en bordure de la route non
canalisée (Figure 5).
Dans les premiers moyens de lutte mis en oeuvre,
l'Université creusa des bassins de rétention à ciel ouvert
vers 1969 et 1970. Par définition, un bassin de rétention des
eaux pluviales est une zone de stockage temporaire des eaux de ruissellement,
qu'il soit enterré ou à ciel ouvert.
Il répond notamment à une obligation
réglementaire de compenser l'imperméabilisation des sols
résultant des constructions. Ces bassins retardent le retour d'eau dans
le réseau urbain ou dans le milieu naturel, peuvent en outre servir
à récupérer l'eau qui sera réutilisée pour
un usage donné, par exemple un usage de lutte contre l'incendie.
Pour le cas des bassins de rétention creusés sur
le versant Est de la Funa par l'Unikin, jadis Lovanium, ces bassins
étaient non seulement un endroit de stockage des eaux de ruissellement,
mais un moyen de lutte contre l'érosion hydrique. Ils n'ont cependant
pas rempli efficacement ce rôle; ils ont été par la suite
la suite à la base de la création, voire accentuation de
l'érosion. Comment cela a pu arriver?
En effet, le manque d'entretien et de curage des ouvrages a
transformé le rôle premier, de
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protection contre l'érosion, en un agent de
l'érosion. Le fond du bassin étant rempli d'une couche d'argile
et/ ou de limon devient imperméable; l'eau pluviale se stocke à
l'intérieur. La capacité de stockage étant limité,
l'eau finit par déborder et dévale la pente avec une
énergie cinétique importante. Creusant tout au long de son
parcours les bassins de rétention étaient devenus la cause
principale des érosions autour de l'université. Aussitôt,
fut mise en place une autre technique par la construction des collecteurs. La
première série de collecteurs vit le jour vers 1975-1976, date
gravée sur un collecteur construit sur le versant de la Funa.
Certains collecteurs ont stoppé la progression de
l'érosion. D'autres ont favorisé l'activité de
l'érosion. Certaines érosions existent cependant dans l'espace
entre les collecteurs. Les causes ont changé. Le débordement des
eaux n'est plus en cause, mais c'est le manque d'entretien des collecteurs, les
pistes piétonnes à côté du collecteur ou entre les
collecteurs frayées perpendiculaires aux courbes de niveaux (Wouters,
2008) occasionnés par le passage répétitif des
étudiants et autres passants.
Lelo Nzuzi (2008) ajoute une autre cause qui fait
référence aux diverses activités pratiquées par la
population sur la pente du versant. Il s'agit de l'agriculture,
l'élevage, des constructions, de l'extraction de la terre, du
déboisement, etc. Dans le cas de la Funa, les groupes de prière
(Photo 1) ont déboisé et construits sur des espaces pour
organiser leurs cultes. Ces pratiques ont exposé le sol aux effets des
eaux de ruissellement et à l'impact des gouttes de pluies.
Photo7 : Impact des espaces dénudés par les
groupes de prière
L'habitat qui vient d'investir la partie Est du bassin de la Funa
ne pourrait qu'accentuer le phénomène par l'augmentation de la
surface imperméabilisée.
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Figure.8 Localisation de première marque des ravins autour
de l'Unikin avant 1970
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