2.2. Helicoverpa armigera
(Hübner) (Lipidoptera: Noctuidae)
2.2.1.
Généralités
L'adulte de cette noctuelle a une envergure qui varie entre
32,5 mm et 38 mm. Les oeufs de H. armigera sont presque
sphérique avec une base aplatie, de couleur blanc-jaunâtre
brillant devenant brun foncé avant l'éclosion. Sur le cotonnier,
on retrouve les oeufs en majorité sur la face supérieure des
feuilles et dans le tiers supérieur des plantes (Reed, 1965). Les
chenilles de cette noctuelle ont un corps orné de minces bandes dorsales
longitudinales foncées, alternées de bandes plus claires
(Toguebaye et Couilloud, 1982). La couleur de fond est fort variable,
verdâtre, jaunâtre ou marron-noirâtre, même parfois
rosâtre. H. armigera est un ravageur cosmopolite
à l'exception du continent américain (Cauquil, 1986). Au
Bénin, ce ravageur est présent sur toute l'étendue du
territoire nationale mais c'est au nord que son niveau d'infestation est
généralement élevé à cause de la culture
cotonnière. H. armigera est un ravageur
extrêmement polyphage. Sur le cotonnier les symptômes consistent
à l'évidage des bourgeons et capsules avec un trou
d'entrée très net (figure 4). La chenille étant en
générale partiellement engagée dans la capsule, elle
rejette à l'extérieur des excréments en abondance.
Cliché: Dr. Alavo, 2007
Figure 4: Chenilles de H.
armigera se nourrissant sur capsule de cotonnier (à gauche) et aspect de
la capsule endommagée (à droite)
2.2.2. Lutte contre Helicoverpa
armigera
La lutte contre H. armigera est
essentiellement basée sur l'utilisation des produits chimiques de
synthèse. Au Bénin ces traitements insecticides sont
appliqués sans tenir compte du seuil de tolérance des ravageurs.
Ils sont constitués de pyréthrinoïdes pour la lutte contre
les vers de la capsule et d'organochlorés contre les autres
espèces de ravageurs ainsi que pour renforcer l'efficacité des
pyréthrinoïdes (Tébgéssou, 2007). Et pourtant il
existe dans les agroécosystèmes ainsi que dans la nature des
moyens de lutte qu'on pourrait exploité pour rendre efficiente la
protection des végétaux. Il s'agit des parasitoïdes et
prédateurs, des organismes pathogènes d'insectes, des extraits de
plantes et autres composés respectueux de l'environnement.
v Parasitoïdes et prédateurs
Des parasitoïdes, des prédateurs et des
microorganismes peuvent réguler les populations de H.
armigera. L'usage des trichogrammes (parasitoïdes) contre
H. armigera à été recommandé aux
cultivateurs aussi bien comme agent de lutte biologique que comme composante de
système de lutte intégrée (Romeis et al., 1998). Les
chrysopides et les fourmis sont les plus importants prédateurs de
H. armigera.
v Organismes Pathogènes d'insectes et les
toxines
Trois organismes pathogènes d'insectes sont connus pour
réguler les populations du ver de la capsule du cotonnier. Il s'agit du
champignon entomopathogène Beauveria bassiana, du
virus de la Polyhedrose Nucléaire de H. armigera
(HaNPV) et de la bactérie du sol Bacillus
thuringiensis (Bt) (Sandhu et al., 1993; Scholz et al., 1998). Ces
organismes peuvent être utilisés pour la lutte biologique
grâce à la sécurité qu'elle offre à
l'environnement et à leur effet sélectif (Blumberg et al., 1997).
v Extraits de Plantes et autres Composés
Respectueux de l'Environnement
Les méthodes alternatives à la lutte chimique,
utilisant des extraits de plantes contre H. armigera ont
été également étudiées. Des études au
laboratoire et au champ ont montré que les limonoïdes du neem tels
que neem-azal et neem-jeevan étaient efficaces contre le ver de la
capsule du cotonnier et peuvent être utilisés comme une
alternative aux insecticides chimiques de synthèse (Rao et al., 1995;
Gupta, 2001). D'autres composés respectueux de l'environnement comme le
lufenuron, un régulateur de croissance d'insectes, et le
méthoxyfénozide ont été testés contre
H. armigera sur le cotonnier (Alavo, 2006).
L'efficacité de méthoxifénozide, contrôlant la mue
chez les lépidoptères, a été testée en
Chine, sur les chenilles de H. armigera au laboratoire et au
champ. Les résultats indiquent qu'il provoquait les mues
prématurées et réduit par conséquent les
populations larvaires. Ce qui permettait d'avoir une réduction des
dégâts causés au cotonnier (Zhao et al., 2003). Le
méthoxyfénozide est un nouveau régulateur de croissance
homologué aux USA.
v Kaolin comme Moyen de Protection des
Végétaux
Le kaolin est un silicate d'aluminium blanc et non abrasif qui
est largement utilisé dans la fabrication de la peinture, des produits
cosmétiques, et pharmaceutiques. Il y a quelques années, des
formulations à base de kaolin ont été
développées aux USA pour être utilisées en
agriculture. Des études ont montré que la formulation
hydrophobique à base de kaolin peut efficacement protéger les
plantes hôtes contre les insectes nuisibles tels que les espèces
de lépidoptères, les insectes piqueurs-suceurs et les acariens.
Saour et Makee (2004) ont montré que l'infestation des olives par les
mouches, Bactrocera oleae (Diptera), est significativement
réduite sur les oliviers traités au kaolin comparativement aux
plantes non traitées. Les effets du kaolin ont été
étudiés sur le cotonnier contre le ver rose de la capsule,
Pectinophora gossypiella (Lepidoptera: Gelecchiidae), la
noctuelle de la betterave, Spodoptera exigua (Lepidoptera:
Noctuidae), les chenilles défoliantes du cotonnier, Spodoptera
littoralis (Lepidoptera: Noctuidae), le charançon de la
capsule, Anthonomus grandis grandis (Coleoptera),
ainsi que les pucerons, Aphis gossypii (El-Aziz sea, 2003;
Sisteron et al., 2003). Les résultats ont indiqué que
les femelles de lépidoptères ont pondu moins d'oeufs sur les
cotonniers couverts de particules de kaolin et que les feuilles traitées
provoquaient une mortalité significative des larves d'insectes. Ces
études ont également révélé que le
mélange de kaolin et d'insecticide chimique (pyréthrinoïde)
était particulièrement efficace. Par conséquent, il a
été conclu que le kaolin pourrait être
particulièrement utile en combinaison avec d'autres moyens de lutte
contre les insectes.
Ces résultats encourageants démontrent
clairement la possibilité d'utiliser la technologie du kaolin, comme
alternative aux insecticides chimiques de synthèse, afin d'éviter
les dommages causés par les insectes ravageurs.
Une revue de littérature internationale relative
à la lutte biologique et intégrée contre H.
armigera a été publiée par Alavo (2006). Cet
auteur a mis l'accent sur les résultats encourageants publiés par
différents auteurs aussi bien sur la technologie du kaolin que sur le
méthoxyfénozide.
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