Aujourd'hui, l'économie internationale est
marquée par l'accélération de la concurrence et les
évolutions rapides de la technologie. En effet, les nouveaux moyens de
réalisation des affaires, de distribution des produits et services sont
entrain de transformer le métier des banquiers et d'influencer leur
performance.
Tout au long de ce mémoire, nous avons essayé
d'apporter des réponses, qui restent partielles, à la
problématique déjà mentionnée concernant le
rôle que jouent les innovations financières dans
l'amélioration de la performance des banques.
La Tunisie, comme tous les autres pays, a introduit un
ensemble de réformes financières. Ces réformes visent
essentiellement à encourager et à promouvoir l'innovation
financière. Cette dernière représente le principal souci
de différents pays et elle les aide à atteindre leurs objectifs.
L'innovation financière est de plus en plus considérée
comme une stratégie incontournable pour le maintien ou
l'évolution de la position concurrentielle des banques, compte tenu de
l'évolution de l'environnement. Elle peut être le résultat
d'une décision stratégique de la banque. Par contre, comme elle
accentue le risque des banques à cause de l'incertitude quant à
son dénouement, elle nécessite la mise en place de certaines
pratiques d'affaires particulières. Elle peut se définir comme
l'acte de créer de nouveaux instruments financiers, de nouvelles
technologies financières et même de nouveaux marchés,
Christine (2006).
Du point de vue de Frame et White (2004), l'innovation
financière est considérée comme une solution aux
difficultés rencontrées puisqu'elle permet d'améliorer la
compétitivité des activités de production et de service
ainsi que le développement du secteur financier qui aura des effets
directs sur l'économie. En effet, la création des nouveaux
produits financiers a pour objectif principal d'encourager et d'accroître
l'épargne nationale.
Comme toute institution financière, les banques
tunisiennes ont mis en place une stratégie basée sur l'innovation
financière. Elles ont lancé des nouveaux produits financiers
permettant d'augmenter leurs recettes. Parmi ces produits, on cite les modes de
transfert électronique d'argent (GAB, DAB et TPE), les cartes de retrait
et de paiement (cartes à bande magnétique).
Cette étude tente de faire la lumière sur la
relation entre l'innovation et la performance dans le secteur des services
financiers en tenant compte de facteurs internes et externes de la banque qui
sont susceptibles d'influer sur cette relation. Nous avons étendu la
recherche préalable en
tenant compte de l'effet des deux types d'innovation -
innovation de produit et innovation de processus- sur la performance
bancaire.
Dans le premier chapitre, on a mis le point sur les
théories expliquant le processus de l'innovation financière et on
a présenté son rôle crucial dans l'économie en
indiquant les différents facteurs (internes ou externes)
influençant ce processus.
Nous avons mis l'accent sur l'analyse des facteurs explicatif
de la décision d'innovation des banques. Les déterminants
relatifs à la nature des innovations (produit, service, processus) et
l'importance des innovations ont été examinés. Cela peut
être justifié par le fait que ce mémoire constitue une
première étude économétrique portant sur la
décision d'innover les banques tunisiennes, il est souhaitable
d'approfondir l'analyse par des travaux ultérieurs en se penchant sur
les déterminants de la structure de l'innovation.
En s'appuyant sur l'expérience Tunisienne en
matière d'innovation financière, la Tunisie a
procédé à une révision radicale au sein des
marchés de capitaux par l'introduction de plusieurs réformes et
ceci dans le but d'orienter les entreprises vers le financement direct, la
concurrence ainsi que la diversification des instruments financiers.
Quant au deuxième chapitre, nous avons traité
le concept de performance financière qui est définie comme
étant la capacité de l'entreprise à réaliser ses
objectifs. En effet, les composantes essentielles de la performance des
banques, la qualité des services rendus à la clientèle, la
rentabilité financière sont conditionnées par l'apparition
de nouveaux canaux de distributions issus de l'innovation financière.
Lorsque le système d'évaluation de la
performance repose sur les trois éléments suivantes ; la
qualité des services offerts à la clientèle, l'efficience
et la rentabilité financière, il sera équilibré. Or
cet équilibre permet à la banque de stimuler et modéliser
son activité.
Dans le troisième chapitre, nous avons
élaboré trois modèles permettant d'expliquer la relation
entre les innovations financières et la performance financière
des banques tunisiennes. Nos résultats empiriques montrent que les
banques de dépôts tunisiennes ont engagé des
démarches sérieuses pour l'adoption de nouveaux produits et
services financiers. Ce qui leur accroît leurs capitaux qui constituent
enfin de compte une source de financement en matière de recherche et
développement.
Les résultats suggèrent que les banques
innovantes sont rentables. Nous constatons que d'être innovante
confère à la banque un avantage concurrentiel et une part de
marché plus importante. De plus, l'adoption de l'innovation
financière avec succès permet d'améliorer
l'efficacité financière des banques ce qui leur
facilite l'incorporation de nouvelles technologies.
En outre, les banques qui adoptent les innovations
financières sont susceptibles de contrôler leur risque de
crédit. Nous avons aussi identifié les déterminants de
chaque comportement d'adoption de l'innovation financière. À la
lumière de ces résultats, nous recommandons que les banques
cherchent à améliorer leur rentabilité et leur part de
marché. Or l'adoption de l'innovation financière sera
favorisée par un marché qui est plus compétitif et de plus
grande taille. Par conséquent, les banques tunisiennes doivent
s'efforcer d'atteindre une taille appropriée, par exemple en
considérant les fusions entre les banques nationales dans le
marché.
Nous avons également constaté que la
diversification stimule l'innovation des produits non traditionnels bancaires,
tout en encourageant aussi l'adoption des innovations de processus. Ceci n'est
pas cohérent avec la littérature qui stipule que, d'une part, la
banque universelle est plus encouragés à s'engager dans
l'activité de crédit plutôt que dans l'activité du
marché et, d'autre part, que la création d'une banque universelle
est motivée par l'ampleur de économies. Cette
considération est applicable aux banques tunisiennes, qui ont maintenant
tous été convertis en offrant des services bancaires. De
même, attribuer des sommes importantes de capital à l'innovation
financière ne sera pas seulement permettre de fournir les entrants
nécessaires à l'innovation, mais aussi permettre à la
banque d'absorber les coûts de l'innovation, ainsi que les coûts
découlant de défaillances potentielles et donc la permettra de
transférer ses risques et par conséquent améliorer sa
rentabilité.
Malgré le fait que la part de marché de banques
engagées dans l'innovation des produits est faible, elle est
élevée pour l'adoption rapide des nouvelles technologies. Ainsi,
les banques tunisiennes devraient s'engager davantage dans l'innovation des
processus, car cela est très apprécié par le
marché, jusqu'à ce qu'ils soient capables de maîtriser les
risques.
Bien que nous avons abouti à des résultats
permettant de répondre même partiellement à la
problématique soulevée au début du mémoire, notre
travail présente des limites, la première limite est
portée sur le fait que l'échantillon des banques retenus est
réduit du fait de la non disponibilité des variables liées
à l'innovation financière.
Une autre limite est liée au fait qu'il est
indispensable de s'interroger sur les attentes et le degré de
satisfaction des clients face aux nouveaux produits et services bancaires
offertes.
Au terme de ce travail, nous pouvons dire que les banques
tunisiennes donnent une grande importance au processus d'innovation
financière dans leurs produits et services offerts. Or l'accroissement
de ce processus amènera à des grands bouleversements qui peuvent
affecter la
stabilité du système financier tunisien. Face
à cette réalité inévitable, il ne reste plus
qu'à souhaiter que le gouvernement tunisien demeure vigilant et prenne
les précautions nécessaires en vue de maintenir un système
bancaire sain et libéralisé correspondant aux besoins des
clients.
En définitive on peut considérer que
l'innovation financière en Tunisie est un phénomène
mutationnel de système financier. Ce dernier est l'atout majeur du
système économique tunisien dans un environnement fortement
concurrentiel. Donc l'innovation financière constitue-elle une menace
pour la stabilité du système financier tunisien?