1. Débat théorique
La question de mesure de performance des banques reste une
question d'intérêt, vue la contribution du secteur bancaire et son
importance que ce soit au niveau de la croissance économique ou au
niveau de la stabilité du système financier.
Sur le plan empirique peu sont les travaux qui ont
essayé de modéliser et mesurer la performance des banques
tunisiennes, néanmoins, nous pouvons citer Sghaier (2004), Ben
Fradj (2004), Ben Naceur (2003) et enfin Mabrouk et Mamoghli
(2010). La plupart des travaux en la matière se résume à
de simples comparaisons de ratios comptables. Cette approche comparative ne
permet pas de déterminer une hiérarchie claire des banques selon
leurs performances, dans la mesure où elle n'offre aucun critère
de la performance bancaire. Dans cette étude empirique portant sur
l'impact des innovations financières sur la performance des banques,
nous allons considérer comme proxy le degré d'efficience bancaire
et la part de marché comme mesures de la performance bancaire. Cette
dernière est définie comme le taux de rentabilité qu'elle
atteint.
Sur le plan empirique plusieurs travaux ont traité
l'impact de certaines variables dites variables de contrôle sur la
performance des banques.
1.1. Les variables mesurant l'innovation
financière
L'étude de l'impact de l'innovation financière
sur la performance des banques est une question empiriquement complexe. Pour
mesurer cet impact les travaux empiriques ont souvent utilisés
différents proxies, parmi les quels on a choisi de se pencher sur deux
proxies qui sont le degré de diversification et la concurrence.
1.1.1. Degré de diversification
Le degré de diversification se mesure
généralement par le ratio résultat hors
intérêts liés aux prêts sur le résultat
opérationnel. Par ailleurs, la relation entre la diversification et la
performance a également été étudiée. Il est
possible de diviser en deux groupes : ceux qui considèrent que la
diversification a un impact positif sur la performance et ceux qui la trouvent
avoir un impact négatif.
1- Commençons par les études relevant du premier
groupe, notamment l'étude de
Dietrich et Wanzenried (2011) conclue à un effet
positif de la diversification sur la performance. D'autres travaux affirment
qu'il existe une forte relation positive entre la diversification et la
performance des banques, Chandler (1997) et Teece (1980). Jensen et Ruback
(1983) ont affirmé que la diversification permet aux banques d'explorer
de nouveaux marchés, de saisir les meilleures opportunités
d'investissement et de créer une synergie entre les différentes
régions et secteurs, augmentant ainsi la valeur de la banque et sa
rentabilité. Dans le même sens, Botte et Schmeits (2000) ont
montré que la volatilité, la probabilité de faillite et le
risque diminuent en recourant à une stratégie de diversification.
Chatti (2010) affirme de son coté, que les risques tendent à
baisser lorsque les banques sont autorisées à mener de nouvelles
activités telles que l'assurance, des opérations sur les produits
financiers
etc., à côté des activités
traditionnelles et par conséquent une meilleure performance sera
réalisée.
2- Le deuxième groupe comprend les études qui
aboutissent au résultat inverse et qui suggèrent que ce mouvement
vers des résultats non liés aux intérêts ne permet
pas d'améliorer le couple risque-rentabilité. Ainsi, Huizinga et
Demirgüç (2000) montrent que les banques dont une grande part de
leurs actifs ne rapporte pas d'intérêts sont moins profitables que
les autres. Ils relient ce résultat à l'impact positif du ratio
prêts/actifs sur la performance.
Dans cette même orientation, d'autres études
empiriques, à l'instar de celles de Barros et al. (2007) trouvent
également que les banques plus diversifiées sont moins
susceptibles d'être performantes et plus susceptibles d'offrir une
piètre performance. De Jonghe (2010) quant à lui, découvre
que la diversification au sein d'une institution n'améliore pas la
stabilité du système bancaire.
En se basant sur ces résultats et compte tenue de
contexte Tunisien, dans ce travail nous allons supposé que la
diversification influence positivement la performance des banques.
Nous nous attendions à une relation positive et
significative entre cette variable et la performance des banques
tunisiennes.
Hypothèse 3 : La diversification affecte
positivement la performance bancaire
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