Croissance démographique et développement en Afrique subsaharienne( Télécharger le fichier original )par Yannick ZAMBO ZAMBO Université Paris Dauphine - Master2 Assurance 2012 |
Source : tableau constitué partir des donnéescollectées dans le site http://www.populationdata.net/index2.php?option=palmares&rid=1&nom=idh La suite de notre travail aura pour objectif d'analyser le cas pratique de l'Afrique subsaharienne, sur les probables interactions entre la croissance démographique et le développement de cette région du monde. Un examen des perspectives en la matière sera également fait suivi d'un certain nombre de recommandations. CHAPITRE II : LES INTERACTIONS ENTRE LACROISSANCE DEMOGRAPHIQUE ET LE DEVELOPPEMENTEN AFRIQUE AU SUD DU SAHARADans ce chapitre, il est question de faire une analyse pratique des interactions entre la croissance démographique et le développement dans le cas de l'Afrique subsaharienne. Ces analyses seront faites dans le cadre de système. Les modules dudit système25(*)seront choisis en fonction de leur capacité à mettre en évidence comment les éléments des deux sous-systèmes (démographique et de développement) interagissent entre eux. Afin de mieux rendre compte des différentes situations y relatives, les analyses seront transversales et longitudinales. Elles seront complétées par l'état d'avancement des pays de la région quant à l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à quelques années de l'échéance. Cependant, passer ces interactions au crible d'une étude minutieuse requiert certains préalables. Il s'agit de l'évaluation de la situation de développement et de la croissance de la population en Afrique subsaharienne. A-ETUDE DESCRIPTIVE ET EXPLICATIVE DE LA SITUATION DE DEVELOPPEMENT ET DE LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA L'objectif poursuivi dans cette partie de notre travail est de donner une idée sur le niveau de développement de l'Afrique subsaharienne et sur l'amplitude de sa croissance démographique. En plus des données qui seront présentées, des comparaisons seront faites avec les autres régions du monde pour mieux apprécier la situation. Aussi, un point sera fait sur les facteurs explicatifs des résultats obtenus spécifiquement à cette région du monde. III- La croissance démographique en Afrique subsaharienne I.1- Etude descriptiveL'Afrique subsaharienne est une région du continent africain composé de 50 Etats réparties entre 4 sous-régions dont le découpage est politique ou géographique. Sa superficie d'environ 22 millions de Km2abritait en 2011, une population de 853 231 271 d'habitants soit 13% de la population mondiale. Carte N°1 : L'Afrique subsaharienne et ses pays Source : Démographie et région du monde : Etat et tendance, La démographie de l'Afrique au sud du Sahara des années 1950 aux années 2000, D.TABUTIN, B. SCHOUMAKER La population de l'Afrique subsaharienne croit à un rythme soutenu et régulier depuis plus de 50 ans. En effet, son taux de croissance démographique qui est actuellement le plus élevé de toutes les régions du monde (2,5% en 2011), n'est plus passé sous la barre des 2,4% depuis au moins 1960. Cependant, il est en baisse progressive depuis le pic observé au cours des années 80 où il était de 2,9% pendant 8 années consécutives. Graphique 4: Evolution du taux de croissance démographique de l'Afrique subsaharienne (1960-2010) Ces taux qui sont globalement élevés cachent quelques inégalités entre les quatre principales sous-régions. En effet, c'est l'Afrique de l'Est suivi par l'Afrique Centrale qui sont en tête des taux de croissance démographique élevés, l'Afrique centrale ayant globalement supplanté en moyenne quinquennale l'Afrique orientale depuis 1985-1990. Il faudrait également souligner la baisse continue de l'accroissement de la population en Afrique Australe depuis 1990-1995. Cette sous-région est celle dont l'accroissement de la population est la plus faible avec un taux de croissance démographique de 1% seulement en 2005-2010. Comparativement, ceux des Afrique du Centre, de l'Est et de l'Ouest étaient respectivement de 2,7 ; 2,6 ; 2,5 au cours de la même période. Graphique 5 : Taux de croissance démographique par sous-région en Afrique subsaharienne Source: United Nations, Department of Economy and social affairs, Population Division. I.2- Les facteurs explicatifs de la croissance démographique de l'Afrique subsaharienneLa croissance démographique s'explique généralement par deux facteurs principaux : les migrations et l'accroissement naturel ; Dans le cas de l'Afrique subsaharienne prise comme entité unique, le solde migratoire est négatif depuis au moins 1960 d'après des statistiques de la Division de la population des nations Unis dont les détails sont donnés ci-après. Tableau 3 : évolution du solde migratoire de l'Afrique subsaharienne de 1960 à 2010 (en millier)
Source: United Nations, Department of Economy and Social Affairs, Population Division. Par ricochet, les taux de croissance démographique élevés que connait cette région sont essentiellement dus à l'accroissement naturel qui a deux facteurs clés : la natalité qui peut être cerné à partir de la fécondité, et la mortalité. Expliquer le niveau élevé du taux de croissance démographique revient à expliquer les niveaux de ces deux phénomènes. I.2.1- La féconditéCorrélativement à la croissance démographique, l'Afrique subsaharienne est la région du monde ayant le plus fort indice synthétique de fécondité depuis plus de trente ans. Le nombre moyen d'enfant par femme y est encore supérieur à 3 (4,9 en 2010). Graphique 6 : Evolution comparative des taux de fécondité de l'Afrique subsaharienne et des autres régions du monde (N.B : ANMO = Afrique du Nord et Moyen Orient) Source : généré avec les statistiques de population de la Banque mondiale Cependant, l'indice général ne reflète pas la réalité de tous les pays, une grande disparité des indices de fécondité existant. En 2006, on comptait par exemple 09 pays avec un ISF supérieur ou égale à 6 et un seul pays, l'Afrique du Sud, avec un ISF inférieur à trois. Carte N°2 : L'indice synthétique de fécondité dans le monde Source: «2006 World Population Data Sheet», Population Reference Bureau. En 2011, l'ISF de toute la région était estimé à 4,9 enfants par femme. Beaucoup d'études de populations africaines se sont consacrées à l'explication du niveau de fécondité de l'Afrique subsaharienne qui reste élevé relativement à celui des autres régions. Dans la plupart de ces travaux, les facteurs explicatifs du sous-système démographie qui reviennent le plus souvent sont : la demande d'enfants, l'accès aux moyens contraceptifs, l'âge de mariage et la santé de reproduction. I.2.1.1- La demande d'enfants
Le nombre moyen d'enfants désirés par les ménages dépasse généralement 4 enfants par femme, bien qu'il existe aussi d'importantes disparités entre les pays de ce sous-continent ou même de la même sous-région. Pour l'Afrique Centrale par exemple, la demande d'enfants au Tchad était estimée à plus de six enfants en 2004 alors que celle du Gabon était déjà d'environ 3,5 en 2000. Les déterminants de cette demande dans le cas de l'Afrique subsaharienne sont historiques, culturelles et socio-économiques. Graphique7 : nombre d'enfants désiré en Afrique au sud du Sahara (en millier) Source : L'Afrique face à ses défis démographiques, sous la direction de Benoit Ferry, éd. AFD, CEPED, Karthala, 2007 a) Les causes historiques d'une demande d'enfants forte : la traite négrière Il s'agit principalement des conséquences entrainées par la traite négrière sur la population subsaharienne. Les personnes ciblées étaient parmi les hommes et femmes les plus vigoureux, capables de travailler durement dans les champs ou de faire des travaux domestiques. Il demeure que ce phénomène qui a commencé au 16e siècle pour finir trois siècles plus tard, a ponctionné l'Afrique d'environ 11 millions de personnes stricto sensu, d'après une étude récente de l'historien françaisOlivier Pétré-Grenouilleau26(*). Largo sensu, d'autres sources (le théoricien panafricaniste W.E.B Dubois) indiquent que si l'on compte les victimes collatérales (personnes tuées pour refus de devenir esclave, enfants ou autre personnes mortes car un parent a été vendu, etc), les pertes humaines pour l'Afrique seraient le quadruple de toute estimation stricte soit environ 44 millions de personnes. Ce chiffre est très élevé pour la population africaine à l'époque, sachant que ce n'est qu'au début des années 1900 que l'Afrique franchit le cap des 100 millions d'habitants. La traite négrière explique donc en grande partie le dépeuplement qu'a connu l'Afrique pendant longtemps, continent dont la population est passée de 17% à 7% de la population mondiale entre les années 1500 et 1900. Arguant de cette situation, certains discours estiment que l'Afrique a un retard démographique qu'il faut combler. De tels arguments sont propices à l'encouragement de comportements natalistes auprès des populations pour des besoins de compensation. b) Les causes culturelles Elles concernent l'organisation familiale en Afrique subsaharienne. Celle-ci a longtemps été dominée par le concept de la famille élargie et le statut réservé à ceux ayant déjà procréé. La famille élargie repose sur le fait que les enfants n'appartiennent pas seulement aux parents, mais à une lignée lointaine qu'il faut pérenniser. Cela fait que les enfants qui en sont issus appartiennent aussi à tous les multiples parents vivants, membres de la lignée. Or plus une lignée est lointaine, plus les potentiels tuteurs sont nombreux. En conséquence, les charges liées à l'éducation des enfants sont communes. En effet, la fierté ressentie par tous les membres de la lignée lors de la réussite d'un des leurs fait que le financement des besoins des enfants ait une tendance au communautarisme. Dans un contexte qui, au regard des chiffres présentés plus haut, a longtemps été pro nataliste, les influences des membres de la famille ne faisant pas partie du couple sont évidentes, avec une importance reconnue aux patriarches qui ne peuvent que voir d'un bon oeil l'élargissement du clan. Dans ce type d'organisation et contrairement à certaines théories présentées précédemment sur le sujet, le nombre d'enfants du couple n'obéit à des contraintes économiquesdudit couple que de manière presque marginale. Un exemple illustratif est la forte mobilité familiale qui a longtemps caractérisé le parcours des enfants d'Afrique, qui pouvaient être accueillis dans les villes ou les campagnes par un membre du clan pour les études ou pour toute autre activité. Un autre corollaire de cette vision de la famille est la place de choix que vont donc occuper ceux des membres qui pérennisent le clan. Ils jouissent d'un statut privilégié qui renforce ou crée le désir d'un nombre d'enfants élevé. Cette culture a longtemps été l'un des socles de comportements pro natalistes en Afrique subsaharienne. Mais la forte urbanisation que connait le sous-continent a eu pour conséquence la limitation des moyens pour les habitants des villes, « la modernisation des pensées » qui tend à être antinatalistes et l'éloignement des citadins par rapport aux campagnes où les gardiens des traditions vivent généralement. Les comportements changent donc progressivement. Ceci expliquerait en partie la chute progressive des taux de fécondité en Afrique subsaharienne qui même s'ils restent relativement élevés, sont passé de plus de 7 avant 1960 à 4,9 aujourd'hui avec des pays qui sont déjà passés sous la barre de 3 enfants par femme (cf. Carte N°2 ci-dessus). c) Les causes socio-économiques Elles concernent l'environnement socio-économique qui caractérise la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne. Ces derniers sont marqués par un taux de chômageélevésurtout chez les jeunes et en milieu urbain. Parmi les causes, on peut citer la structure des économies qui sont pour la plupart rentières, et l'afflux massif des demandeurs d'emplois compte tenu de la structure par âge de la population qui est constituée en grande partie de potentiels demandeurs d'emplois (plus de 16 ans au sens du B.I.T). Graphique 8 : Structures par âge de l'Afrique subsaharienne et de l'Europe Afrique subsaharienne Europe Europe Source : United States Census Bureau Au demeurant, en Afrique subsaharienne, aucun pays ne dispose pour le moment d'une couverture sociale universelle. Dans la plupart des cas, seuls les fonctionnaires et les travailleurs de sociétés privées d'une certaine envergure disposent d'une couverture sociale avec quelque fois une extension aux membres de leurs familles. Le chômage combiné à l'absence de la couverture sociale universelle renforce un sentiment général de précarité, d'incertitude et d'insécurité sociale. Dans cet environnement, les concernés se replient vers des communautés affinitaires auprès desquels ils pourront trouver un réconfort affectif ou matériel en cas de sinistre. La famille étant le regroupement affinitaire de base et celui auquel l'on est naturellement plus proche, avoir un nombre d'enfants non négligeable est un gage de sécurité affective et plus tard de sécurité matérielle quand ceux-ci commencent à participer aux dépenses de la famille. Plus loin encore et par anticipation pour certains, les enfants représentent une certaine assurance vieillesse en l'absence de sécurité sociale universelle. En d'autres termes, la réduction du nombre d'enfants ne peut se faire si les couples n'y trouvent aucun intérêt, bien au contraire. J. Coale estimait à ce sujet que « Réduire sa fécondité doit être avantageux. Les circonstances sociales et économiques doivent conduire les couples à juger profitable la réduction de la fécondité »27(*). I.2.1.2- La contraceptionMalgré une amélioration sensible de la prévalence à la contraception (cf. tableau 4 ci-dessous), celle-ci dépasse difficilement le seuil de 40% des femmes mariées dans la plupart des pays à l'exception notabledu Zimbabwe, de l'Afrique du Sud, du Kenya, de la Namibie et de l'Ouganda (Source : L'Afrique face à ses défis démographiques, page 266) Les différentes Enquêtes de Démographie et de Santé citent comme causes majeures : en dehors de la proportion de femmes qui sont nées ou devenues stériles, des raisons religieuses, culturelles, sanitaires (cf. l' exemple du Kenya tiré de la dernière EDS en 2008-2009, au titre A-I.1.1 de ce document) et dans une moindre mesure de sensibilisation, sont évoquées comme freins à l'usage des méthodes contraceptives modernes. Tableau 4 : évolution de la prévalence contraceptive au Sénégal et au Kenya (1978 -2005) Source : L'Afrique face à ses défis démographiques,sous la direction de Benoit Ferry, éd. AFD, CEPED, Karthala, 2007, page 225 L'utilisation encore limitée des méthodes de contraception modernes expliquent en partie l'écart notable qu'il y a entre le nombre d'enfants désirés et celui du nombre effectif d'enfants, généralement plus élevés dans le cas de l'Afrique subsaharienne. Le nombre de pays (8) où le différentiel (ISF - ISF désiré) est positif étant très inférieur à celui des pays où l'ISF effectif est supérieur à l'ISF souhaité (cf. annexe 1 de ce document). I.2.1.3- L'âge de mariage et la santé de la reproductionL'âge nuptial est un déterminant essentiel de la fécondité. En effet, la période de conception par excellence pour les femmes est de 15-49 ans. Le mariage impliquant généralement un besoin immédiat d'enfants, il s'ensuit que plus une femme se marie rapidement, plus elle a beaucoup plus de temps de faire un nombre élevé d'enfants avant ses 49 ans par rapport à celles qui se marient tardivement. Or en Afrique, la précocité du mariage a longtemps été une réalité et le demeure encore dans un nombre non négligeable de pays.Par exemple, jusqu'à une époque récente, la quasi-totalité des pays d'Afrique subsaharienne à l'exception des pays d'Afrique australe, avait un âge médian de mariage inférieur à 20 ans avec des pics en Afrique centrale au Tchad (16 ans en 2004), de l'ouest au Niger (15,1 ans en 1998) et au Burkina (17,7 ans en 2003) et en Afrique de l'Est avec l'Ethiopie (17,2 ans en 2000) ou encore le Mozambique (17,5 ans en 2003). L'âge de mariage ayant un pas de temps relativement élevé, il demeure certainement une préoccupation compte tenu des conséquences physiques et psychologiques qu'entrainent les accouchements précoces qu'il induit. La santé de la reproduction joue également un rôle sur la fécondité si elle est respectée car, afin de préserver la santé de la mère et de l'enfant, elle préconise l'espacement des naissances à au moins deux ans du dernier accouchement. Cela n'est toujours pas très respecté en Afrique subsaharienne par défaut de sensibilisation, de contraception ou encore de facteurs exogènes à la vie du couple dont la décision d'avoir un enfant peut être la résultante d'une multitude de facteurs dont certains ont déjà été évoqués. I.2.2- La mortalité en Afrique subsaharienneEn bénéficiant des dividendes des progrès sanitaires à travers le monde, du respect progressif des règles d'hygiène et de multiples campagnes de lutte contre les épidémies initiées par les différents gouvernements, la mortalité a amorcé en Afrique subsaharienne une phase baissière depuis au moins les années 1960. En effet, le taux de mortalité a décru sans discontinuer au fil du temps, mais avec des amplitudes différentes. L'on note ainsi une décélération de cette tendance globale à partir de la décennie 1990, puis une évolution dont l'accélération est encore plus prononcée au début des années 2000. Graphique 9 : Evolution du taux brut de mortalité de l'Afrique subsaharienne (1960-2010) Hormis la morbidité qui est généralement la principale cause de mortalité dans le monde, la spécificité de l'Afrique subsaharienne en la matière, concerne les pertes en vies humaines dues aux conflits armés qui sont également un facteur important. I.2.2.1- Les conflits armésCette région du monde est parmi celles qui auront connu le plus de guerres depuis 1960, avec des conséquences sur le niveau de mortalité (Près de dix millions de morts depuis 1960, sans compter les pertes humaines collatérales selon Statistiques mondiales). Tableau 5 : principaux conflits et pertes humaines Source : Statistiques mondiales,http://www.statistiques-mondiales.com/afrique_guerres.htm I.2.2.2- La morbiditéLa morbidité en Afrique subsaharienne reste marquée par deux épidémies, qui sont les premières causes de mortalité sur le continent : le paludisme et le VIH/SIDA. a) Le paludisme C'est l'une des premières causes de mortalité et de morbidité en Afrique subsaharienne. Le sous-continent, en étant une région tropicale, abrite les espèces de plasmodium les plus dangereuses. Il s'ensuit donc qu'à travers le monde, d'après les statistiques du programme de l'OMS dénommé « Roll Back Malaria », sur les 247 millions de prévalence annuelle de paludisme à travers le monde, l'Afrique subsaharienne en compte 212 millions de cas, soit 86% de la prévalence totale, devant l'Asie (8,5%), le Moyen Orient (3,3%) et l'Amérique. Concernant la mortalité, la même hiérarchie est respectée pour l'Afrique au sud du Sahara. Les statistiques du même programme indiquent que le paludisme fait en moyenne annuelle environ 881 000 décès par an, dont 801 000 pour la seule Afrique soit 91% de la mortalité mondiale due à la malaria. b) Le VIH SIDA En 2010, la prévalence mondiale du VIH/SIDA était estimée à 34 millions de personnes dont 68% en Afrique subsaharienne, soit 23 120 000 cas. Au demeurant, le sous-continent était à lui seul responsable de 70% de nouvelles infections enregistrées à travers le monde en 2010. Les femmes sont plus touchées que les hommes, avec un taux de prévalence qui est plus que le double du taux masculin. En ce qui concerne la mortalité, le SIDA a été la cause de la mortalité de 1.400 000 personnes en Afrique subsaharienne en 2010, soit la première cause de décès du sous-continent devant le paludisme (801 000 décès en 2010) Tableau 6 : Statistiques du SIDA en Afrique subsaharienne (2010-2011) Source : Infection par le VIH/Sida et tropiques Actualités 2012, Professeur Pierre Aubry Il y a une inégalité de répartition en Afrique subsaharienne dans la prévalence, l'incidence et le nombre de décès causés par cette pandémie. La situation la plus alarmante s'observe en Afrique Australe, avec le Swaziland qui a eu la plus haute prévalence du monde qui était de 29,9% en 2009. En Afrique du Sud, l'incidence reste élevée même s'il y a eu une amélioration car elle est passée de 2,4% à 1,5% entre 2004 et 2009. Mais ce pays compte le plus grand nombre de cas enregistrés dans le monde qui est de 5,6 millions de porteurs de virus en 2009, soit environ 18% de l'ensemble des cas enregistrés dans le monde. En Afrique orientale, l'amplitude du taux de prévalence est moins élevée avec comme maximum 7% en Ouganda et 3% de minimum au Rwanda. L'Afrique occidentale a une prévalence assez faible car dans la plupart des pays, le taux de prévalence est compris entre 1% et 4%, les pays les plus atteints étant la Côte d'Ivoire 3% et le Nigéria (4%). Le nombre cumulé des décès dus au VIH/SIDA en Afrique était de plus de 17 millions en 2005.28(*) I.2.3- Niveau de transition démographiqueGlobalement, il ressort des analyses et descriptions ci-dessus que la natalité et la mortalité sont en net recul malgré les évènements perturbateurs que peuvent être les guerres et les épidémies. La natalité par l'intermédiaire de la baisse de la fécondité a par exemple chuté de en 1960 à en 2010. Il en de même de la mortalité qui a fait l'objet d'analyses dans le paragraphe I.2.2.2 de ce travail. L'on peut donc affirmer que dans son ensemble et malgré le retard pris par rapport à toutes les autres grandes régions du monde, l'Afrique subsaharienne a déjà entamé la deuxième phase de sa transition démographique marquée par une tendance baissière de sa fécondité. Carte N°3 : Transition démographique de l'Afrique subsaharienne par rapport à celle des autres régions du monde (2009)
Source : http://www.blogg.org IV- Le développement en Afrique au sud du Sahara D'un point de vue du développement, l'Afrique subsaharienne est la région du monde la moins avancée. Le sous-continent enregistre depuis belle lurette les records de faiblesse de son indicateur de développement humain (IDH), qu'induit le niveau de ses principales variables intermédiaires que sont l'éducation, la santé et le niveau de vie de ses populations. II.1- Analyse descriptive de l'évolution du développement en Afrique subsaharienneGraphique 10 : évolution comparée IDH En s'en tenant à l'indice de développement humain qui est l'indicateur de bien-être le plus communément utilisé, il ressort que l'Afrique subsaharienne dans son ensemble a un niveau de développement faible. Malgré une amélioration ininterrompue depuis au moins le milieu des années 70, cet indice n'a pas encore franchi le seuil de 0,5 qui fait passer de région à indice faible et donc en voie de développement, à région en développement. Avec in IDH de 0,463 en 2011, l'Afrique subsaharienne est la région la moins avancée en la matière. Cependant, il est à souligner la différence des niveaux d'indice et donc de développement entre les pays faisant partie de cette aire géographique. A tire d'exemple en 2011, il existe aussi bien des pays à indices (36 pays au total) que des pays à indice moyen(13 pays au total). Les indices des Seychelles et de la République démocratique du Congo (resp. 0,773 et 0,286) constituent les deux extrema. Graphique 11 : Disparité entre les IDH des pays subsahariens (année 2011). Source : PNUD II.2- Analyse explicativeLe faible niveau de développement de l'Afrique subsaharienne s'explique en grande partie par le retard accusé par le sous-continent en matières de revenu et donc du niveau de vie, de santé et dans une certaine mesure de l'éducation. II.2.1-La faiblesse des revenusEn 2011, le revenu moyen par habitant de l'Afrique subsaharienne était de 1265 $ selon la méthode Atlas de la Banque mondiale qui permet la classification entre pays selon le niveau du RNB/hab. Ce revenu est moins élevéde plus de 30 points que celui de la région qui précède le sous-continent dans le classement. Il s'agit de l'Asie du Sud dont le RNB/habitant en 2011 était de 1299$. L'Afrique au sud du Sahara et l'Asie du Sud sont ainsi les seules régions classées dans la catégorie des régions à revenus moyens inférieurs (976=RNB = 3876). L'écart est considérable entre ces deux régions et le Moyen Orient qui les précède directement dans le classement avec un RNB/hab de 7097$, soit plus de 5800$ de différentiel ! Malgré l'existence de gaps abyssaux entre les Etats subsahariens eux-mêmes, la faiblesse du revenu est quasi générale, seuls 8 pays sur 48 sont à des catégories plus élevés que celle des revenus moyens inférieurs(supérieurs à 3876 Euros). Graphique 12 : Disparité du RNB/hab. entre les pays subsahariens (année 2011, méthode Atlas) Source : généré à partir des données de la banque mondiale. Les raisons de ce niveau de revenu peu élevé sont entre autres : - La structure économique de ces pays dont la plupart ont longtemps été des économies de rente, sans réelle préoccupation de transformation locale des matières premières. Il s'en est suivi un retard dans le décollage de leurs secteurs industriels respectifs, censés créer la valeur et promouvoir les investissements productifs. - Les difficultés de mobiliser l'épargne pour le financement de l'économie, parmi lesquelles l'insuffisance des garanties sollicitées par les institutions financières. - La faiblesse des revenus qui s'auto entretient par le niveau peu élevé du pouvoir d'achat. Cela ne permet pas, pour les investisseurs nationaux et internationaux, d'augurer un niveau de consommation globale se situant au-delà d'un seuil devant déclencher les effets escomptés (économies d'échelle, création d'un volume de richesses capable de finance les investissements, etc.). - Les différents risques présentés par ces pays qui sont préjudiciables pour les investissements étrangers. Il s'agit des risques politiques (guerres, coups d'Etats récurrents, etc.), le manque d'indépendance de la justice, l'environnement réglementaire dont les textes ne garantissent pas souvent une célérité dans bon nombre de procédures administratives. - Etc. Le niveau de revenu de l'Afrique subsaharienne a pour corollaire un nombre élevé de personnes vivant dans la pauvreté. Ainsi, le pourcentage des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (monétaire) est supérieur ou égale à 41% dans dans la quasi-totalité des pays. Carte N°4 : pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté dans les pays de l'Afrique subsaharienne.
II.2.2- Un système de santé non optimalLes indications données dans le titre I.2.2.2 du présent chapitre, sur la morbidité et la mortalité en Afrique subsaharienne, démontrent la vulnérabilité des populations en matière de santé. En effet, la plupart des systèmes de santé du sous-continent ne répondent pas aux besoins d'une grande partie de la population. Parmi les raisons de cette défaillance, on peut citer : le manque de moyens devant permettre l'extension du réseau de centres de soins pour une couverture optimale des différents territoires, le manque d'équipements performants dans les centres existants, et l'inexistence d'une assurance santé universelle. Alors que la Conférence d'Abuja sur la santé (2001) avait pris comme principale résolution de faire augmenter les dépenses y afférentes par pays à au moins 15% de leurs dépenses publiques totales, seuls 4 pays avaient déjà atteints cet objectif en 2010 (Burkina Faso, Rwanda, Libéria, Malawi). La moitié des pays affectent moins de 10% des ressources à ce secteur et 7 pays y allouentmoins de 5% de leurs recettes budgétaires29(*). Le corolaire de toutes ces difficultés est l'espérance de vie à la naissance qui est la plus basse du monde pour les subsahariens. En 2010, cet indicateur de santé était de 55ans pour le sous-continent alors que la moyenne mondiale était de 72 ans. Graphique13 : Espérance de vie des principales régions du monde Source : généré à partir des données de la Banque Mondiale II.2.3- La scolarisation Pendant longtemps, la croissance du taux de scolarisation a été plombée par l'inégalité des genres au détriment des femmes. L'instruction des filles était reléguée au second plan dans de nombreuses communautés africaines. L'école était alors perçue comme un moyen pour les femmes, dont la soumission face aux hommes était la règle, de s'émanciper et donc d'aspirer à une relative indépendance. Il faut également mentionner l'insuffisance des revenus familiaux qui faisaient que les garçons soient prioritaires pour l'instruction. En effet, les dividendes à tirer de l'investissement dans la scolarisation des filles étaient considérées comme nulles pour leurs familles d'origine, étant entendu que le capital humain formé allait d'abord bénéficier à la famille et plus largement au clan auquel elles allaient appartenir dès qu'elles allaient se marier. A la faveur de l'influence de la modernisation progressive des sociétés, de la sensibilisation continue des populations sur le bien-fondé de l'instruction et de la mise en place de la gratuité de l'école primaire et/ou maternelle dans certains pays (Cameroun, Benin, Kenya, etc.), d'énormes progrès ont été accomplis en Afrique subsaharienne à ces dernières années. A titre illustratif, l'écart du taux de scolarisation des garçons et des filles à l'école primaire était de 8 points en 1999, et se situe en 2010 à 4 points. Cela a également contribué à tirer vers le haut le taux de scolarisation global, celui des garçons ayant continué à croître. Graphique 14 : évolution du taux de scolarisation global et du genre en Afrique subsaharienne.
Source : généré à partir des données de la Banque Mondiale Cette évolution d'ordre quantitative constitue un motif d'espoir pour un développement accru du sous-continent dans les années futures, le capital humain étantune composante essentielle du développement d'une région. C- INTERACTIONS ENTRE LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE ET LE DEVELOPPEMENT AU COURS DES DENIERES DECENNIES Dans cette partie de notre travail, l'objectif est de mettre en exergue s'il y a lieu, les effets réciproques que les indicateurs ou les facteurs de la croissance démographique et ceux du développement ont entretenus entre eux au cours des dernières décennies en Afrique subsaharienne. Notre démarche sera une approche par les modules (sous-systèmes des éléments de la famille de chaque concept pris deux à deux). Ces derniers seront choisis en fonction de la disponibilité des données et autres observations permettant la mise en évidence des effets univoques ou plurivoques entreleurs éléments constitutifs. Mais avant d'aborder cette phase de l'analyse, il serait intéressant de faire une étude statistique sur l'amplitude des liaisons auxquelles on pourrait s'attendre entre les variables prises deux à deux ainsi que sur le sens des variations desdites variables. V- Détermination des matrices de corrélation du système « croissance démographique vs développement » en Afrique subsaharienne : degrés de liaison des variables du système et analyse des causalités Les coefficients de corrélation seront calculés puis analysés d'une manière générale puis détaillée. Le calcul général renvoie à l'interprétation du coefficient de corrélation entre l'indice de développement humain et le taux de croissance démographique en utilisant les valeurs prises par ces deux variables dans le passé. Le calcul détaillé de cette corrélation concernera quant à lui les corrélations croisées entre les variables intermédiaires de cesgrandeurs prises deux à deux. I.1- Etude de la corrélation entre le taux de croissance de la population et l'IDHCette étude comporte deux phases à savoir le calcul du coefficient de corrélation et le test de significativité avec lequel on validera cette première phase en vérifiant que la relation n'est pas due au hasard au cas où elle est pressentie. I.1.1- Calcul et interprétation du coefficient de corrélationLe coefficient de corrélation est généré à travers le logiciel statistique E-views d'où provient le tableau ci-dessous : Interprétation et analyse des résultats Ce coefficient est de -0,66 et traduit deux réalités : - L'existence d'une corrélation assez élevée (amplitude de 0,66/1) entre la croissance démographique et le développement en Afrique au subsaharienne. - Les deux variables (IDH et le taux de croissance de la population) évoluent globalement en sens inverses. I.1.2- Test de significativitéCe test qui permet de vérifier l'existence d'un lien de causalité entre les deux variables, est également réalisé à l'aide du logiciel E-views. In fine, il consiste à interpréter la valeur prise par le coefficient de Fisher (F-Statistique) au seuil de 5%. L'hypothèse nulle H0du test est : « la corrélation n'est pas significative », en d'autres termes « il y a absence d'un lien de causalité de la variable de référence sur la variable explicative ». Si la valeur de F-statistique est élevée, alors la corrélation est significative. Cela revient également à dire que la probabilité de détermination du seuil de l'erreur associée au test est supérieure à 5% (selon le paramétrage de E-views). Les résultats du test se trouvent dans le tableau ci-dessous, généré via le logiciel E-iews:
Interprétation et analyse - Sur l'influence qu'exercerait l'IDH sur le taux de croissance de la population, la probabilité de se tromper en affirmant que cette influence joue un rôle majeur dans le sens et l'amplitude de variation de l'IDH est de 23%. Par rapport au paramétrage du logiciel statistique utilisé, cette probabilité est très élevée car elle est supérieure au seuil de 5% fixée comme seuil de tolérance de la possibilité de se tromper. On accepte donc l'hypothèse nulle H0. En d'autres termes, s'il y a une influence de l'IDH sur les amplitudes et le sens de variation du taux de croissance de la population, cette influence est très minime en Afrique subsaharienne. - Sur l'incidence qu'aurait le taux de croissance de la population sur l'évolution et le niveau de l'IDH, la probabilité de se tromper en affirmant que cette incidence existe est de 3%. Elle est inférieure au seuil de 5% fixée dans le logiciel. On rejette donc l'hypothèse nulle H0 et on conclut que le taux de croissance démographique exerce une influence certaine sur le niveau de développement dans le cas de l'Afrique au sud du Sahara. Il conviendrait, pour ne pas tirer une conclusion partielle, d'affiner l'analyse en étudiant les corrélations entre les facteurs intermédiaires de l'IDH et du taux de croissance démographique. I.2- Interprétation des résultats de la matrice de corrélation des facteurs intermédiairesCi-dessous, les matrices des corrélations et des résultats des tests de causalité : Interprétation des résultats D'un point de vue pratique,nous allons interpréter les chiffres découlant des associations qui nous paraissent pertinentes. Il s'agit des couples « espérance de vie et indice synthétique de fécondité », « revenu par habitant et indice synthétique de fécondité », « espérance de vie et revenu par habitant ». - Espérance de vie et indice synthétique de fécondité : il s'agit de voir si la fécondité baisse avec l'allongement de la vie comme semble le postuler la théorie de la transition démographique. Le coefficient de corrélation est de -0,86, ce qui semble traduire une forte liaison entre les deux grandeurs et des sens de variations inverses comme le postule la théorie.De plus, la probabilité de l'incidence de l'espérance de vie sur la fécondité est inférieure à 5% (0,15%), ce qui traduit aussi causalité assez marquée. - Revenu par habitant et indice synthétique de fécondité : il s'agit de voir si les statistiques de liaison corroborent les observations selon lesquelles les régions les moins aisées sont les plus fécondes et si, comme on le verra dans le cadre de ce travail plus tard, la taille de la famille est un facteur aggravant de pauvreté. Le coefficient de corrélation est de -0,15 et parmi les probabilités du test de causalité, seule celle de l'incidence de l'ISF (0,42%) sur le revenu moyen est confirmée. On conclut donc à un impact relatif de la fécondité sur le niveau de revenu en Afrique subsaharienne. - Espérance de vie et revenu par habitant : il est question de savoir si d'après les données et les calculs effectués, le revenu par habitant conditionne de manière globale la durée de la vie humaine. Si le coefficient de corrélation (0,5) semble traduire une liaison assez forte entre les deux grandeurs, le test de causalité n'est pas concluant (probabilité = 6%). Les conclusions tirées des valeurs prises par les différents indicateurs statistiques calculés précédemment ne constituent pas une base de généralisation déterministe, contraire aux caractéristiques d'un système dynamique. Mais, ces valeurs rendent compte d'une tendance globale de long terme qu'il serait erroné de vouloir systématiquement appliquer à chaque cas de figure. Les conclusions qui ont été tirées ne peuvent servir que de cadre de référence auquel il faudrait adjoindre les spécificités de chaque situation prise dans son contexte spatio-temporel. D'où la nécessité de faire une analyse empirique des interactions qu'il y aurait eu au cours des dernières décennies entre la croissance démographique et le développement en Afrique au sud du Sahara. VI- Interactions entre la croissance démographique et le développement : les résultats empiriques Compte tenu des critères de choix énoncés plus haut (préambule de la partie B- du chapitre II), les modules que nous utiliserons pour nos analyses sont les suivants :« fécondité vs niveau de vie », « croissance démographiquevséducation »,« croissance démographique vs santé ». II.1- Module « fécondité vs niveau de vie économique » et perspectives pour l'atteinte de l'OMD 1Le module « fécondité vs niveau de vie économique », a mis en évidence les interactions entre la croissance démographique et le développement. II.1.1- Incidence de la fécondité sur le niveau de vie des ménages Les effets de la fécondité élevée en Afrique subsaharienne peuvent être traités suivant deux aspects qui sont in fine interdépendant : un aspect macroéconomique et un aspect microéconomique. II.1.1.1- Conséquences macroéconomiques de la fécondité en Afrique subsaharienne et sur l'OMD 1 a) Analyse des données empiriques Les effets d'une fécondité qui demeure élevée en Afrique au sud du Sahara se font ressentir sur le niveau de revenu qui est déjà faible. En effet, après l'Asie du Sud (6,1%) et le moyen Orient (4,4%), l'Afrique subsaharienne est la région du monde qui a enregistré le taux de croissance économique le plus élevé en moyenne annuelle au cours des deux dernières décennies. Cette croissance est d'un peu plus de 3,5%. Cependant, ce résultat est à relativiser si on le compare au taux moyen annuel de croissance de la population au cours de la même période. Celui-ci est de 2,6%, soit le plus élevé au monde. La conséquence est que la croissance démographique actuelle est l'un des principaux facteurs qui plombent la croissance du revenu par habitant. Ce dernier (1265$ en 2011) demeure éloigné du seuil au-delà duquel la région aura un niveau de revenu moyen supérieur (RNB=3876), capable de donner aux différents gouvernements plus de marges pour lutter contre la pauvreté. Ainsi cette forte croissance démographique est en partie responsable du fait que les dividendes tirés de la croissance économique, ne permettent de réduire le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté qu'à un rythme relativement lent. Graphique 15 : b) Les perspectives pour l'atteinte de l'OMD 1 Ce rythme de la réduction de la pauvreté, bien qu'encourageant, est un handicap pour l'atteinte du premier Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD1) qui est de réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim entre 1990 et 2015. Sachant qu'en 1990, 58% de personnes étaient extrêmement pauvres en Afrique subsaharienne, cet objectif envisage donc de porter ce pourcentage à environ 30% au maximum, soit une baisse attendue de quelques 28 points. Un premier bilan d'étape fait constater que le taux de pauvreté (1,25$/jour) est passé de 58 à 51% dans le sous-continent entre 1990 et 200530(*), soit 7 points de moins sur le premier tiers du temps total d'observation. Ce bilan laisse donc planer des doutes quant à l'atteinte de l'OMD 1 d'autant plus que des estimations de taux de croissance économique nécessaire à l'atteinte du résultat escompté ont été faites. En tenant compte, entre autres choses, de la poussée démographique que connait le sous-continent, les organismes de développement avaient fixé à environ 7% la croissance économique annuelle qu'il fallait en Afrique subsaharienne entre 2000 et 2015 pour l'OMD 1. Cette croissance a été de moins de 5% en moyenne entre 2000 et 2011. II.1.1.2- Incidence microéconomique : effets de la fécondité sur le niveau de vie des ménages En Afrique subsaharienne, la taille du ménage est avec le sexe du chef de famille et son niveau d'éducation, l'un des déterminants du niveau de vie des ménages. Plusieurs études découlant d'enquêtes auprès des ménages pour l'évaluation de la pauvreté, ont mis en évidence la corrélation négative entre le nombre de personnes constituant un ménage et le niveau de revenu principalement en zone urbaine. Les familles ayant plus de personnes ont tendance à avoir un niveau de vie inférieur à celles qui en ont moins. Cela est dû pour une part, à un niveau élevé des charges familiales alors que le revenu de financement stagne ou n'est pas assez élevé. Ce phénomène a notamment été observé en Afrique de l'ouest et centrale où les résultats montrent dans le cas de la République Démocratique du Congo, que le taux de pauvreté est d'environ 44% pour les ménages ayant 3 membres et de près de 80% pour ceux qui sont constitués de plus de cinq personnes31(*). Graphique 16 :Niveau de pauvreté en fonction de la taille des ménages en Afrique de l'Ouest (Nigéria, Guinée, Niger) Source : « Profil de pauvreté dans les pays de la CEDEAO, CEDEAO,2008 » La taille de ménage peut donc être un facteur aggravant de pauvreté. En effet, une fécondité élevée au-delà d'un certain seuil, est susceptible de baisser le niveau de vie pour les ménages à revenus modestes, car elle peut aboutir à certaines privations dues à l'augmentation de besoins fondamentaux. Pour des ménages pauvres, une famille qui s'agrandit peut être la source d'un état d'appauvrissement plus prononcé. Cependant, ce rôle que jouerait la fécondité dans les ménages n'est pas mécanique. D'autres études sont arrivées à la conclusion d'une neutralité de la taille du ménage. Pour ces dernières, c'est plutôt le nombre d'enfants en bas âges qui est l'un des facteurs explicatifs du niveau de vie des ménages. Le cas du Burkina Faso est l'un des exemples mis en exergue par une étude sur ce sujet à Ouagadougou. Graphique 17Effets du nombre d'enfants en bas âge sur le niveau de vie des ménages Source : « Pauvreté, structures familiales au Burkina », INS, page 162 II.1.2- L'impact du niveau de vie économique sur la fécondité Sur la base des résultats des Enquêtes de Démographie et de santé (EDS) effectuées dans au moins vingt-cinq (25) pays subsahariens, un constat s'impose empiriquement : le nombre d'enfants par femme varie sensiblement en fonction du niveau de vie des ménages. Dans ces enquêtes, les ménages sont classés selon des quintiles représentant les niveaux de revenus. Il en ressort qu'au fur et à mesure que l'on passe des quintiles représentant les plus démunis à ceux représentant les plus aisés, la fécondité décroit. Cependant, si tous les pays subsahariens effectuent ce mouvement d'ensemble, l'amplitude n'est pas la même partout. Des disparités existent, l'indice de fécondité n'étant pas le même entre ménages d'un même quintile mais de pays différents. Graphique 18 : variations de l'ISF en fonction du niveau de vie économique dans les pays subsahariens Source : « Pauvreté et fécondité en Afrique sub-saharienne : une analyse comparative des EDS », page 25 Ce phénomène s'explique par des déterminants tels que le rôle des enfants comme facteurs potentiels de sécurité financière, matériel ou affective chez les plus démunis [cf. CHAP II, A-, I.2.1.1, c)]. En outre, la pauvreté monétaire chez les plus défavorisés s'accompagne généralement de la pauvreté culturelle. En Afrique subsaharienne, ces deux facteurs conjugués influencent négativement la prévalence contraceptive (et resp. l'âge de mariage) qui est moins élevée (et resp. plus précoce) chez les plus démunis, ce qui contribue à maintenir la fécondité à un niveau élevé. Graphique 19 : incidence du niveau de vie sur la prévalence contraceptive et l'âge nuptial Source : « Pauvreté et fécondité en Afrique sub-saharienne : une analyse comparative des EDS », pp. 26, 27 II.2-Module « Croissance démographique vs éducation » et perspectives pour l'atteinte de l'OMD2L'un des défis de l'Afrique subsaharienne est d'assurer l'éducation pour tous d'ici 2015 c'est-à-dire promouvoir la généralisation de l'instruction. A cet effet, un ensemble de mesures sont prises par les différents gouvernements en ce qui concerne le financement du dispositif éducatif : investissement dans les infrastructures, dépenses de fonctionnement, rémunération des enseignants, etc. L'analyse de l'évolution de la part des dépenses publiques allouées au financement du système éducatif en Afrique subsaharienne traduit une volonté des parties concernées à promouvoir le capital humain. L'on est ainsi passé de 3,5% du PIB en 1999 à 5% en 200832(*). Cela classe l'Afrique subsaharienne parmi les trois premières régions du monde où le budget de l'éducation par rapport au PIB est élevé après les pays de l'Amérique du Nord et ceux de l'Amérique Occidentale. Graphique 20 : classement de l'Afrique subsaharienne par rapport aux dépenses pour l'éducation Source:UNESCO Ces efforts pour l'accès à l'éducation ont abouti à des résultats substantiels : de 1999 à 2008, 46 millions d'enfants supplémentaires ont été scolarisés dans le sous-continent. II.2.1- Effets de la pression démographique sur l'éducationCependant, la forte poussée démographique de l'Afrique subsaharienne n'est pas sans conséquence dans l'atteinte de l'objectif de la généralisation de l'enseignement primaire, de la qualité des cours dispensés et sur le taux de survie jusqu'en dernière année du primaire. II.2.1.1- Conséquence dans l'objectif « Ecole Primaire pour tous »a) Analyse des données empiriques La pyramide des âges de l'Afrique subsaharienne (cf. graphique 8) est encore à base large, traduisant une structure par âge de la population marquée par un fort pourcentage de personnes en âge d'être scolarisées. C'est la conséquence du taux de natalité qui demeure élevé. Compte tenu de l'insuffisance des moyens financiers (cf. II.2.2 du titre A- du présent chapitre), les Etats n'arrivent pas à satisfaire les besoins sociaux des populations dont la croissance numérique globale est encore soutenue. Dans un tel contexte de rareté des ressources financières, le secteur de la scolarisation n'échappe pas aux conséquences des contraintes budgétaires des Etats. En effet, par rapport à la santé où la demande des soins est faite par les malades, le secteur de l'éducation connait une sollicitation non discontinue. Au demeurant, la demande des services de l'éducation primaire est faite pourune population(6-12 ans) dont le taux de croissance est supérieur à celuide la population globale. Pour maintenir un taux brut de scolarisation constant, il faut prévoir la construction et l'extension des infrastructures afin d'accueillir des effectifs qui croissent au rythme de 3% environ chaque année33(*). Les moyens limités des Etats ne permettent pas toujours un accroissement de l'offre pour la hisser au niveau de la demande. Ce manque de structures est l'un des facteurs qui font qu'en Afrique subsaharienne, 31 millions d'enfants en âge d'aller à l'école primaire n'étaient inscrits dans aucune école en 2010, soit 23% d'entre eux.34(*) b) Les perspectives pour l'atteinte de l'OMD2 Afin deréaliser le deuxième des Objectifs de Développement du Millénaire « Ecole Primaire pour Tous », le sous-continent doit avoir les moyens descolariser un supplément de plus de 100 millions d'enfants d'ici 2015 (voir calcul en annexe 2), pour simultanément combler ce gap de 31 millions d'enfants non scolarisés et faire face à la croissance rapide de la tranche de la population concernée (6-12 ans). Cet objectif est difficile à atteindre pour les pays subsahariens en 5 ans (2011-2015), étant entendu que le nombre d'enfants n'ayant pas eu accès à l'école primaire a plutôt augmenté en Afrique subsaharienne entre 2008 (29 millions) et 2010 (31 millions)35(*).L'effet ainsi créé par la croissance rapide de la population en âge d'être scolarisée en Afrique subsaharienne fait apparaitre l'objectif d'Education Primaire pour Tous comme « un mirage qui se déplace au fur et à mesure que l'on croit s'en approcher »36(*).II.2.1.2- Effets de la croissance démographique sur la qualité des enseignementsCes effets sont relatifs au respect des normes de l'Unesco relativement au nombre d'élèves maximum par enseignantet à la qualification des enseignants. S'agissant du nombre d'élèves par enseignant celui-ci s'élevait à 44 pour toute l'Afrique subsaharienne prise globalement. La norme Unesco prévoit un maximum de 15 à 20 élèves par classe. Le différentiel entre cette norme et le ratio effectif (24 élèves) est assez élevé et en s'y référant, l'on peut conclure que beaucoup d'efforts restent à fournir pour assurer une école de qualité optimale. L'objectif est de favoriser la transmission des connaissances dans des conditions propices à la concentration et à l'assimilation des enseignements reçus.Les efforts à fournir concernent la quasi-totalité des pays, le seul pays respectant cette norme étant les Seychelles qui comptaient 14 élèves pour 1 enseignant en 2009, tandis que le pays le plus en marge est la République Centrafricaine avec 1 enseignant pour 95 élèves ! Graphique 21 : nombre d'élève par enseignant dans le primaire dans les pays subsahariens
Source : généré avec les données de la Banque mondiale Il faut ajouter à ces effectifs pléthoriques la qualification des enseignants. Le nombre sans cesse croissant des enfants à l'école provoque dans certains pays une pénurie d'enseignants formés dans des institutions agréées à cet effet. Afin de prendre des mesures conservatoires, les enseignants non formés sont souvent recrutés. Ce phénomène a prisune telle ampleur que dans certains pays comme le Cameroun, le Mali, le Togo, le Tchad ou le Sénégal, l'on dénombre généralement plus d'enseignants non formés que d'enseignants formés. Tableau 7 : Nombre élevé d'enseignants non formés dans les pays francophones subsahariens Source : Rapport suivi modial de l'EPT 2007, Unesco, 2007 II.3.1.3- Effet de la croissance démographique sur le taux de survie jusqu'à la dernière année du primaireD'après les statistiques de l'Unesco, 10 millions d'enfants en moyenne abandonnent l'école primaire chaque année en Afrique subsaharienne. Le rôle joué par la poussée démographique sur ce phénomène est indirect. Il s'opère à travers les effets conjugués de la faiblesse des revenus et du découragement né des mauvais résultats scolaires37(*). Ces résultats sont influencés en grande partie par la qualité des enseignements abordée au titre b) précédent, et l'insuffisance des infrastructuresscolaires. II.3.2- Incidences de l'éducation sur la démographieInversement, l'éducation peut avoir des effets sur les variables démographiques tels que présenté théoriquement selon l'approche des systèmes au précédent chapitre. Dans le cas de l'Afrique subsaharienne, nous examinerons les effets de l'éducation sur la fécondité et la mortalité infantile et maternelle. II.3.2.1- Effets de l'éducation sur la féconditéEn plus de transmettre des connaissances, l'école change les comportements et les croyances au fil du temps.A travers les valeurs qu'elle inculque et qui proviennent plus ou moins de sources similaires, l'école contribue à une certaine modernisation socio culturelle. Cela devient palpable au fur et à mesure que l'on avance tout au long du cycle scolaire. C'est ainsi qu'en Afrique subsaharienne, les études réalisées dans bon nombre de pays, notamment à travers les enquêtes de démographie et de santé (EDS), font état de ce que les nombres d'enfants désiré et effectif sont moins élevés chez les couples scolarisés que chez les couples non scolarisés. C'est un phénomène général dans la quasi-totalité des pays subsahariens. Les pays où la fécondité par femme est plus basse sont en général ceux où le taux d'alphabétisation des femmes est plus élevé, à l'exception notable des pays comme la Guinée Equatoriale ou encore le Kenya. Graphique 22 : effet de l'alphabétisation des femmes sur la fécondité en Afrique subsaharienne (2009) (ISF en ordonné et Taux d'alphabétisation en abscisse) Source : Nos calculs à partir des données de la Banque mondiale Cette différence entre les personnes scolarisées et celles qui ne le sont pas est plus prononcée lorsque les femmes ont atteint le niveau d'études secondaires. Graphique 23 : effet du niveau d'étude des femmes sur la fécondité Source : Défis du développement en Afrique subsaharienne. L'éducation en jeu, page 28. Le rôle joué par l'éducation sur la fécondité a fait l'objet de beaucoup d'analyses de la part de spécialistes. Il en ressort que plusieurs explications concourent à cet état de choses. - Premièrement, avec le caractère universalisant de l'école, les personnes scolarisées entrent indirectement en contact avec d'autres modèles sociaux du monde. Certains modèles sont issus de régions ayant achevé leurs transitions démographiques et où il est souvent prôné une rationalité économique et non sociale (poids des traditions) par rapport au nombre d'enfants à avoir. - Ensuite, l'école repousse l'âge nuptial chez les femmes, ce qui diminue considérablement le nombre de grossesses précoces. Cela s'est observé dans les pays de l'Afrique subsaharienne tout comme dans ceux d'autres régions du monde. - Graphique 24 : Age médian au premier mariage des femmes en fonction du niveau d'étude Source : Défis du développement en Afrique subsaharienne. L'éducation en jeu, page 30. - Au demeurant, l'école développe des aptitudes qui permettent aux femmes subsahariennes scolarisées de mieux connaitre leur physiologie, et de mieux maîtriser les bien-fondés de la santé reproductive en espaçant les naissances et en utilisant les moyens de contraception. Graphique 25: Evolution du pourcentage de personnes vivant en ville Un autre aspect du développement qui conditionne la fécondité en Afrique subsaharienne est les conséquences de la forte mobilité géographique qu'il provoque. En effet, les villes étant généralement mieux loties en infrastructure et étant plus capables d'offrir des opportunités d'emploi, un fort exode rural a longtemps caractérisé les pays subsahariens dont plusieurs ont vu le pourcentage de personnes vivant en ville augmenter de manière considérable. Le fait que les populations vivant en ville soient confrontées à la montée des individualismes et à des charges incompressibles (paiement loyers, transport intra-urbain, ration alimentaire, loisirs des enfants, etc.) inconnues des villageois, pourrait avoir eu des répercussions sur le nombre d'enfants désirés. Les contraintes budgétaires et le fait que la ville est par excellence le lieu le plus propice à la modernisation socio culturelle, justifieraient que le nombre moyen d'enfants par femme soit moins élevés pour celles qui vivent en ville par rapport à celles qui résident dans les zones rurales. Tableau 8 : Indice synthétique de fécondité en fonction du lieu de résidence
Source : généré à partir des données collectées dans « l'Afrique face à ses défis démographiques » II.3- Module « croissance démographique vs santé » et perspectives pour l'atteinte des OMD 4 et 5Pour ce module, il sera mis en évidence l'incidence de l'état de santé des populations subsahariennes sur la croissance démographique d'une part, et les effets de l'expansion démographique du sous-continent sur les institutions sanitaires. II.3.1- Impacts du profil de santé de l'Afrique subsaharienne sur sa croissance démographique Les multiples problèmes de santé que connait l'Afrique subsaharienne (cf. A- II.2.2 du présent chapitre) ont des répercussions sur la croissance démographique. En effet, la santé de la population conditionne inéluctablement le taux de mortalité et l'espérance de vie à la naissance. A titre d'exemple, le paludisme et le VIH/Sida ont été responsables de plus de 2 200 000 décès dans le sous-continent en 2010, soit plus de 20% des causes de mortalitéenregistrées au cours de cette année. Il est évident que cette mortalité contribue à ralentir la croissance démographique. L'impact de la santé de la population est aussi perceptible sur l'allongement de la vie humaine. L'on peut par exemple présager de cette corrélation en observant la chute de l'espérance de vie à la naissance dans les pays d'Afrique australe et de l'est,au fur et à mesure que la prévalence du VIH/SIDA augmentait au cours des années 90 (début 90 pour la Zambie et le Swaziland, milieu 90 pour le Kenya, fin des années 90 pour le Botswana)38(*).Des études plus approfondies effectuées sur le sujet ont conclu que l'espérance de vie en Afrique subsaharienne en 2010 (54 ans),aurait pu atteindre 60 ans si le problème de la pandémie du VIH/SIDA ne se posait pas avec une telle acuité (Sources : « Variables démographiques, éducation et santé en Afrique ou le mirage des OMD », Philippe Hugon). II.3.2- Impact de la croissance démographique sur la santéDans cette partie, c'est la santé vue à travers les institutions en charge de la garantir qui sera analysée face à la croissance démographique de la région concernée. a) Analyse de la situation par les données empiriques En effet, comme dans le domaine de l'éducation, il se pose en Afrique subsaharienne le problème de la performance des systèmes de santé des pays (cf. A- II.2.2 du présent chapitre), compte tenu des ratios d'efficacité définis par les organismes spécialisés. Le respect des normes édictées en la matière vise à promouvoir des services et prestations sanitaires de qualité, dans ce domaine si délicat touchant à la pérennité des vies humaines. Malheureusement la plupart des pays subsahariens sont à la traine vis-à-vis de ces normes. L'une des plus importantes est la densité médicale qui laisse augurer de la prise en charge des malades par les personnels adéquats. La croissance rapide de la population fait qu'il est difficile pour ces pays de suivre cette norme, à cause de moyens limités qui ne leur permettent pas de répondre aux besoins d'une population qui s'accroit plus vite que le capital potentiellement disponible (personnel en service et en formation). Une autre cause de cette pénurie du personnel de santé est la fuite des cerveaux vers les pays développés des médecins formés en Afrique subsaharienne à cause des conditions de travail précaires, un niveau peu élevé des revenus et l'absence du matériel et des ressources pour la recherche. Entre 1990 et 2010, on estimait à20 000 le nombre de médecins subsahariens qui se sont expatriés dans d'autres continents soit environ 1 compétence sur 339(*). Les pays où cette situation est la plus préoccupante sont l'Angola, la Guinée Bissau et la Guinée Equatoriale avec des taux d'expatriation de plus de 60% en 2007. Ils sont suivi d'un deuxième groupe de huit (8) pays (Congo Brazzaville, Gambie, Malawi, Zambie, Tanzanie, Sénégal, Kenya et le Kenya) où ce taux d'expatriation était de plus de 50% entre 2007 et 200940(*) Tableau 9 : Nombres de médecins subsahariens dans les autres régions du monde Source : La santé en Afrique subsaharienne : Panorama, Problématiques, Enjeux et Perspectives, page 3, 2010. Tous ces facteurs conjugués contribuent à la baisse de la densité médicale qui est très faible en Afrique subsaharienne. En 2009, elle étaitde 2 médecins pour 10 000 habitants41(*). Cela est un taux d'encadrement très en dessous de celui des autres régions du monde telles que l'Europe qui comptent 32 médecins pour 10 000 habitants. Comme pour toutes les variables déjà analysées, il faut cependant noter les disparités qui existent entre les pays. Mais, cela n'enlève pas le fait que cette situation de faiblesse du taux d'encadrement est quasi générale : seuls deux pays(Afrique du Sud, Madagascar) ont un taux d'encadrement supérieur à 5 pour 10 000. A l'intérieur des pays également, des problèmesd'inégalité de répartition géographique du personnel existent.Au Sénégal par exemple, la capitale Dakar comptait à elle 1100 médecins sur les 1543 que comptait le pays tout entier, soit plus de 70% de l'effectif global en 200842(*). S'agissant de la représentativité sur une large part de leurs territoires respectifs, la plupart les Etats subsahariens ont fait l'effort d'avoir un système de santé pyramidal organisé de manière à couvrir chaque niveau de circonscription administrative. Mais les infrastructures n'ont pas souvent des plateaux techniques efficaces. b) Les perspectives pour l'atteinte des OMD 4 et 5 La pénurie des personnels de santé et des infrastructures, ainsi que les problèmes d'inégalité de répartition des personnels de santé à l'intérieur des pays font entretenir le doute sur l'atteinte des objectifs du Millénaire pour le développementnuméros 4 et 5 relatifs à la santé, notamment la réduction de la mortalité infantile de deux tiers (OMD 4) et de la mortalité maternelle de trois quarts (OMD 5) entre 1990 et 2015. La mortalité infantile était de 89 pour 1000 en 1990 et l'objectif fixé devrait donc la ramener à au plus 30 pour 1000 d'ici 2015. Un bilan d'étape de l'ONU indique qu'entre 1990 et 2009 elle est passée à 60 pour 1000, soit une diminution de 30 points sur les deux tiers du temps d'observation (2000 à 2015). Quoique ce résultat soit encourageant, il parait difficile de diminuer ce taux de 30 autres points en 6 ans compte tenu du handicap que représente le manque de personnels et d'infrastructures, tel que souligné par l'ONU. Des ratios relatifs à l'assistance pendant l'accouchement par des professionnels sanitaires restent insatisfaisants, ainsi que le suivi néonatal des mères et des enfants. En 2011, l'on estimait à 35% les soins de santé obstétrique non dispensés par un personnel qualifié en Afrique subsaharienne43(*). Quant à la mortalité maternelle, l'atteinte de l'OMD y relatif souffre également de cette situation de pénurie. En 1990,le taux de mortalité maternelle était de 440 pour 100 00044(*). L'objectif était donc de le ramener à 110 pour 100 000 soit une diminution attendue de 330 points en 15 ans. Selon l'ONU, ce taux est passé à 290 pour 100 000 en 2008, ce qui correspond à une diminution de 150 points à mi-parcours qui bien qu'encourageante ne rassure pas quant à l'atteint du but visé à horizon 2015. III- Nécessité d'une analyse ciblée de quelques pays Tout au long des analyses précédentes, un constat peut être fait : l'Afrique subsaharienne n'est pas homogène que ce soit en ce qui concerne les avancées et niveau de développement des différents pays de cette aire géographique, que de leur croissance démographique ou encore des interactions entre les deux sous systèmes d'études. Les analyses précédentes ont mis en évidence une diversité des situations presque aussi importante que le nombre de pays constitutif de cette aire géographique. Il importe donc, pour avoir une idée moins globalisante des relations entre la croissance démographique et le développement en Afrique subsaharienne, de procéder à une études des cas spécifiques relatifs à certains pays. C'est l'objet du chapitre suivant. CHAPITRE III- CAS PRATIQUE DE DEUX PAYS :LE KENYA ET LE CAMEROUNDans cette partie, les pays qui feront l'objet de notre analyse sont le Kenya pays de l'Afrique orientale et le Cameroun à mi-chemin entre l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Ouest. Ces pays ont été choisis pour des raisons historiques et surtout de disponibilité des données d'analyse. A cet effet et pour chacun des pays, il sera successivement fait un état des lieux des deux concepts d'étude, une analyse des interactions entre eux et enfin, un point sur les perspectives relatives à l'atteinte des objectifs de développement du millénaire pour ce qui est de l'éducation et de la santé. A-LE CAS DU KENYALe Kenya est un pays de l'Afrique de l'Est qui en termes de démographie présente deux particularités, l'une à l'antipode de l'autre. Il s'agit d'une part de la croissance démographique qui s'est située à 2,7%45(*) en 2011, et qui demeure assez élevée bien qu'éloigné du record africain de 4,2% enregistré dans le cas la Zambie au cours de la même année.D'autre part, le Kenya est le premier pays en Afrique subsaharienne à mettre sur pied une politique de population dès 196746(*). VII- Etat des lieux de la démographie et du Développement Il s'agit de faire une présentation transversale et longitudinale de la démographie et du niveau de développement au Kenya. I.1- La démographie Avec une population estimée à 41 609 728 d'habitants en 2011, le pays est l'un des plus populeux d'Afrique. Graphique26: place du Kenya en fonction du nombre d'habitants en Afrique subsaharienne (données en millier d'habitants) Afin de mieux cerner le niveau actuel de la population, nous allons passer en revue les principaux éléments ayant eu une influence sur la fécondité et la mortalité de ce pays. Enfin, il sera fait une brève analyse de l'état d'avancement de sa transition démographique. I.1.1- La féconditéLe niveau de la population au Kenya est la résultante d'une croissance démographique qui a une tendance baissière depuis plus de trente ans, mais qui demeure forte et soutenue puisqu'elle n'est jamais passée sous le seuil des 2%. Ladite croissance est à son tour sous-tendue par une fécondité qui reste élevée (4,7 enfants par femme en 2010) malgré la tendance baissière encouragée depuis la fin des années 60 par la politique de régulation démographique initiée par l'Etat. Cette régulation visait à freiner l'expansion démographique qui était alors la plus élevée en Afrique subsaharienne (34 à 36% de taux quinquennal)47(*), afin de promouvoir une éducation et une santé de qualité, et favoriser une insertion plus facile des populations dans le marché de l'emploi48(*).La durabilité de cette politique qui a certes connue un relâchement déploré par les acteurs commel'Agence Nationale de Coordination pour la Population et le Développement49(*),a certainement contribué à faire progressivement passer la fécondité à un niveau inférieur à celui de l'Afrique subsaharienne prise dans sa globalité. Graphique27: Evolution comparative de l'accroissement de la population du Kenya (C.P en %), de l'indice de fécondité du Kenya(ISF Kenya), et de l'indice de fécondité de l'Afrique subsaharienne (ISF ASA)
Source : généré avec les données de la Banque mondiale La fécondité élevée s'explique par certaines raisons déjà évoquées dans le cas de toute la région de l'Afrique subsaharienne. Il s'agit notamment de 50(*): Ø La précocité du mariage qui concerne encore un nombre élevé de femmes : en effet, la moitié des femmes au Kenya se marie au plus tard à l'âge de 20 ans dont près de 40% au plus tard à 18 ans. Pour les hommes, l'âge médian se situe autour de 25 ans. Ø La polygamie : un pourcentage de 13% des femmes mariées vivent dans des foyers polygamiques tenus par une population de 7% d'hommes. Ø L'utilisation des moyens de contraception pour la maitrise du nombre d'enfants et l'espacement des grossesses : le planning familial est freiné par des raisons religieuses ou culturelles (13% des personnes sexuellement actives) et de moins en moins pour des raisons de sensibilisation (2% des personnes environ). Si on inclut les femmes qui ne peuvent pas utilisées un quelconque moyen contraceptif pour des raisons de santé, de stérilité naturelle ou de perturbation reproductive, il ressort que moins de 50%des femmesmariées utilisent des contraceptifs. Ce chiffre qui est encore insuffisant, connait toutefois une progression soutenue car il a été multiplié par près de 7 en 35 ans. Ø Graphique 28: Evolution de l'utilisation de la contraceptionchez les femmes mariéesau Kenya Source : Enquête de Démographie et de santé, Kenya , 2008 -2009 Cette utilisation limitée des moyens contraceptifs influe certainement sur l'espacement des naissances qui est encore inférieur dans plus de 22% des cas, au minimum de 24 mois généralement recommandé pour une bonne santé de la reproduction. La contraception est également déterminante pour l'équilibre entre l'offre et la demande d'enfants s'agissant des couples qui veulent limiter numériquement leur progéniture. Ladite demande varie en fonction de l'âge et du sexe. Ainsi, les femmes désirent avoir moins d'enfants que les Hommes dont le nombre d'enfants désirés est plus proche de la fécondité effectivement enregistrée au cours des dernières années. Tableau10 : Demande d'enfants au Kenya par âge et par sexe
Source : Enquête de Démographie et de santé, Kenya , 2008 -2009 I.1.2- La mortalitéLe taux de mortalité du Kenya se situe autour de 12 pour 1000 depuis cinq, en dessous de celui de l'Afrique subsaharienne dans son ensemble (13 pour 1000 environ), même si progressivement l'écart se resserre entre les deux depuis le milieu des années des 90. Graphique29: Evolution comparée de la mortalité (en pour 1000) du Kenya et de l'Afrique subsaharienne. Source : généré avec les données de la Banque mondiale Au Kenya, la mortalité est principalement due à la morbidité du paludisme, du Sida et la pneumonie chez les moins de 5ans. Le paludisme constitue la première cause de décès (19% des décès en 2007) et de morbidité (30%)51(*). Les dépenses y relatives représentaient 1,4% du PIB national en 2009. Selon un classement du programme Roll Back Malaria de l'OMS, le Kenya fait partie des cinq premiers pays en Afrique subsaharienne où la prévalence est la plus élevée. Elle était de plus de quatre millions (11 342 000) de cas en 201152(*). Son incidence reste tout aussi forte (30 307 sur 100 000 personnes en 2008)53(*), malgré une baisse progressive due à la mise sur pied d'un plan de lutte comprenant la facilitation de l'utilisation des insecticides, la distribution des moustiquaires imprégnées, les campagnes de sensibilisation, etc.54(*)Les couches les plus vulnérables sont les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. Le SIDA est aussi l'une des premières causes de mortalité avec 80 000 décès en 200955(*), soit environ 18% de tous les cas de mortalité. Le taux de prévalence qui est de 6,3% en 2010 demeure plus élevé que celui de l'Afrique subsaharienne prise dans son ensemble (4,7%). Toutefois, il faut noter qu'à la faveur de la lutte contre cette maladie à travers la sensibilisation, la subvention des soins de traitement, l'accès facile aux moyens de protection, la maladie a reculé d'une manière notable passant d'une prévalence de 14% au milieu des années 90 à 6,3% en 2010. La pneumonie est la première cause de mortalité chez les moins de 5 ans où elle représentait 17% des causes de mortalité en 2010. Le gouvernement s'est également lancé dans la lutte contre cette maladie, avec le lancement d'une campagne de vaccination gratuite des enfants de moins d'un an depuis 2011. Graphique30: Distribution des causes de mortalité chez les enfants de moins de 5ans en 2010 (en %) Source : OMS I.1.3- Evolution comparée de la natalité et de la mortalité : niveau de la transition démographiqueGraphique 31: Niveau de la transition démographique au Kenya Source : Tableau généré sur l'interface du site de la Banque mondiale, La natalité et la mortalité du Kenya ont simultanément une tendance baissière depuis au moins 50 ans. L'on note cependant un redressement de la mortalité du début des années 90 jusqu'au début des années 2000. Sur la base du graphique ci-contre, l'on peut conclure que le Kenya a amorcé sa transition démographique qui ressemble plus à celle du modèle classique (lente). La phase décrite par le schéma ressemble plus à la deuxième phase au cours de laquelle la natalité connait aussi une tendance baissière notable. I.2.- Le développementIl s'agit d'indiquer les niveaux d'éducation, de santé et de niveau de vie. Mais avant, une analyse descriptive de l'évolution de l'indice de développement humain sera effectuée. I.2.1- L'indice de développement humain (IDH)Graphique 32: Evolution comparée IDH Kenya Source : généré avec les données de la Banque mondiale Depuis au moins l'année 2000, le Kenya est classé dans la catégorie des pays en développement, son IDH ayant toujours été supérieur au seuil en dessous duquel un pays fait partie de ceux les moins avancés (cf. graphique ci-dessous). Les différentes mesures prises pour améliorer le bien-être des populations semblent avoir des résultats positifs, l'IDH étant en progression régulière et notable. Il est ainsi passé de 0,420 en 2000 à 0,502 en 2011 et a toujours été au-dessus l'IDH de la région Afrique subsaharienne prise dans son ensemble. Pour une meilleure description de l'évolution du développement, l'analyse détaillée des variables de calcul de l'IDH est faite ci-dessous. I.2.2- L'index de santéIl s'agit de l'espérance de vie à la naissance. Celle-ci a connu un recul de deux ans en 30 ans. En effet après les indépendances, l'espérance vie a cru d'une manière régulière jusqu'au début des années 90. C'est en 1980 qu'elle a été la plus élevée à 60 ans. Mais avec l'épidémie du SIDA qui a connu sa prévalence la plus élevée au milieu des années 90, l'espérance de vie a commencé à décroitre pour atteindre 52 ans en 2004. Depuis 2005, elle a repris la tendance haussière et était de 56 en 2010 contre 58 ans en 1980. Elle reste supérieure à celle de l'Afrique subsaharienne considérée globalement mais largement inférieure à celle des pays les plus développées (79 ans en 2010). Graphique 33: Evolution comparée des niveaux de l'espérance de vie Kenya, AFS, OCDE Source : généré avec les données de la Banque mondiale I.2.3- L'index d'éducationLe taux d'alphabétisme est une composante essentielle.Au Kenya, il était de 87% en 2010 contre 63% pour l'Afrique subsaharienne et presque 98% pour les pays de l'OCDE. Il s'est apprécié de plus de 5% entre les années 2000 et 2010. Ces résultats proviennent d'un train de mesures prises par l'Etat et qui visent à éradiquer l'analphabétisme. Il s'agit de la construction de nouvelles écoles, du recrutement de nouveaux enseignants et de la gratuité de l'école primaire mise en application depuis 2003. Ladite gratuité a permis à environ 1,3 million d'enfants pauvres dont des enfants de la rue, de bénéficier de l'enseignement primaire pour la première fois (Note de l'Unesco sur la politique de la petite enfance, l'impact de l'enseignement primaire gratuit sur le développement de la petite enfance au Kenya, Janvier-Février 2006). I.2.4- Le bien-être économiqueAvec un RNB par habitant qui reste très en dessous des 975$ reconnu comme le seuil à franchir pour être qualifié de pays à revenu moyen (Cf. définition des groupes de revenu de la Banque mondiale http://donnees.banquemondiale.org/a-propos/classification-pays http://donnees.banquemondiale.org/a-propos/classification-pays), le Kenya reste un pays à faible revenu (RNB de 590$ en 2011). Cet indicateur laisse présager des difficultés de l'Etat à fournir aux populations des moyens leur permettant d'avoir des conditions de vie garantissant leur bien-être. Dans un tel contexte, la pauvreté reste élevée avec 46% des Kenyans vivant en dessous du seuil de pauvreté56(*), et les inégalités de revenu restent prononcées (Indice de Gini de 48% en 2005)57(*). La croissance économique qui se situe à un peu plus de 4% en moyenne au cours de dix dernières années, reste insuffisante pour faire évoluer le revenu de manière notable d'autant plus l'économie ne repose que sur trois principaux piliers : une agriculture peu diversifiée (27% du PIB) dont les rendements sont régulièrement impactés par une baisse des précipitations depuis 2004 environ, les industries manufacturières (15% du PIB environ), commerce et tourisme (12%). Graphique 34: Evolution RNB par habitant Kenya ($) III- Interaction entre croissance démographique et développement Ces interactions seront analysées à travers des modules. Parmi ceux-ci, on aura notamment les sous-systèmes : fécondité vs éducation, santé et niveau de vie ; croissance démographique vs urbanisation ; pression démographique vs environnement. II.1- Module« Fécondité vs éducation, santé et niveau de vie »Des études sur les interactions entre la fécondité et le niveau de scolarisation ont montré une influence du niveau de scolarisation sur le nombre d'enfants. Plus précisément, cette incidence s'accentue avec la scolarisation des femmes notamment quand elles atteignent le niveau du secondaire. L'influence de la scolarisation s'effectue à travers l'espacement des naissances, la baisse de la mortalité infantile, l'utilisation de la contraception, le recul de l'âge du mariage et l'association des femmes aux décisions du foyer : des critères qui dépendent tous du niveau d'étude. Le niveau de vie quant à lui a la même relation inverse avec la fécondité. Cela pourrait s'expliquer par le fait que les personnes aisées sont le plus en contact avec les pratiques et les moeurs modernes (concept de la famille moderne avec un nombre d'enfants réduits), et ont les moyens pour faire plus attention à leur santé dont celle reproductive. Tableau 11: Action de l'éducation et du niveau de vie sur la fécondité au Kenya Source : Enquête de Démographie et de Santé au Kenya, 2008-2009 Inversement, il est évident que la fécondité a un impact sur le niveau de vie. Micro économiquement, dans un contexte où plus de 45% de la population est pauvre, les ménages de cette catégorie par ailleurs les plus féconds, ont des revenus par tête faibles. Sur l'éducation et la santé, la fécondité relativement forte a de mauvais impacts sur la qualité des services de santé et d'éducation et donc sur le capital humain. En effet, les ratios d'efficacité (nombre de personnels rapporté à la population cible) sont inférieurs aux normes internationales. Pour l'éducation primaire, ce ratio tourne autour de 47 élèves pour 1 enseignant alors que la norme UNICEF pour un enseignement de qualité est de 15 à 20 élèves par enseignant. Au-delà de la quantité des enseignants, se pose également le problème de la qualité. En effet, la croissance démographiquerapide que continue de connaitre le Kenya fait que la structure par âge de la population soit marquée par un grand nombre de personnes en âge d'être scolarisées. Afin de répondre au déficit de personnels de l'éducation causé par ce contexte, il est arrivé que l'Etat recrute des enseignants non formés.A une certaine époque, ces derniers étaient plus nombreux que les enseignants formés dans certaines régions du pays (Cf. tableau ci-dessous). Cela ne garantit pas une certaine optimalité dans la qualité de l'instruction reçue et donc du capital humain formé. Tableau 12: Nombre d'école, d'élèves et d'enseignants formés et non formés Au Kenya 1999-2003 Source : Rapport initial a l'union africaine sur la mise en oeuvre de la charte africaine sur les droits et le bien-être de l'enfant - 2003 a 2007 Le secteur de la santé est aussi confronté au problème de la faiblesse du taux d'encadrement par un personnel qualifié qui était de un (1) médecin pour 10 000 habitants en 200758(*). II.2- Module « croissance démographique vs urbanisation » Les effets conjugués de la poussée démographique et de la polarisation des activités économiques et/ou administratives dans certaines localités ont fait du Kenya l'un des pays les plus urbanisés en Afrique. Son taux d'urbanisation est ainsi passé de 7% en 1960 à environ45 % en 2010. C'est aussi un pays où le taux d'urbanisation est supérieur au taux de croissance démographique. Tableau 13: évolution des indicateurs urbains du Kenya Source : e-Geopolis 2010 Cette forte urbanisation a entrainé un certain nombre de problèmes sociaux qui freinent l'évolution du bien-être. Il s'agit notamment du taux de chômage élevé (40% en 2008), de l'exercice d'emplois précaires et de l'accès limité à des installations assainies (32% seulement des personnes y avaient accès en 2010)59(*). Inversement, les villes ont un impact sur la fécondité. Des études ont démontré qu'au Kenya, les femmes vivant en milieu urbain ont un taux de fécondité moins élevé que celles qui vivent en milieu rural. Cela est une conséquence de la demande d'enfants moins élevée dans les ménages de la ville que ceux du monde rural, et l'accès plus facile des citadins aux programmes de contraception. Tableau : nombre d'enfants désirés par les ménages au Kenya en fonction du lieu de résidence Source : Enquête de Démographie et de Santé au Kenya, 2008-2009 II.3- Module «Pression démographique vs environnement » Avec la croissance démographique soutenue qu'il a connu, la densité de population du Kenya a plus que doublé en trente ans, passant de 28 à 73 habitants/km2 de 1980 à 201160(*). Cette densité qui est basse par rapport à celle de nombreux pays (en 2005, le Kenya était classé 113e pays sur 192 relativement à la densité de population)61(*), est cependant inégalement répartie. En effet, la densité d'un lieu est fonction des conditions vitales qu'il offre. Celles-ci concernent entre autre le niveau de fertilité du sol pour l'agriculture, première source de devises du pays. Les nécessités d'accroissement des ressources face à la poussée démographique ont causé une déforestation de masse, causée simultanément pour les besoins des sociétés de l'industrie agricole et ceux de subsistance des ménages. A ce jour, le Kenya aurait perdu plus de 90% de sa couverture forestière originelle62(*).Cette déforestation est avec le réchauffement climatique, l'une des causes de la vague de sécheresse qui sévit au dans le pays depuis 2004. Les réserves forestières interdites d'exploitation sont elle-même menacées par l'action des communautés riveraines qui y amènent les animaux pour paître ou y étendent leurs activités agricoles. Ainsi, 100 000 hectares de végétation auraient progressivement été défrichés de manière illégale dans la forêt Mau qui est l'une des plus importantes forêts vierges d'Afrique orientale. A cela s'ajoute la baisse des niveaux de certains cours d'eau du fait de l'élévation des températures.B- LE CAS DU CAMEROUN Le Cameroun est un pays situé en Afrique centrale avec une superficie de 475 442 km2. Il est caractérisé par sa diversité sur le plan géographique, climatique, humain et culturel. J- Etat des lieux de la démographie et du Développement Dans cette partie il est question de faire un état des lieux de la démographie et du niveau de développement du Cameroun I.1- La démographieL'un des principaux objectifs stratégiques de la politique gouvernementale de développement est la maîtrise de la croissance démographique du pays afin qu'elle soit en harmonie avec ses possibilités économiques. Le Bureau Central des Etudes de la Population (BUCREP) estime à 20 millions d'habitants la population du Cameroun (position du Cameroun par rapport en Afrique). Le niveau d'urbanisation du pays est globalement élevé, quoique présentant d'importantes inégalités régionales. Le taux d'urbanisation se situe actuellement à 43 %. La densité globale de la population est d'environ 33 habitants au Km², avec cependant des disparités importantes entre les provinces et à l'intérieur de celles-ci. Concernant sa structure par âge, la population est majoritairement jeune, avec 45% des individus âgés de moins de 15 ans et 64% âgés de moins de 25 ans. L'âge moyen de la population se situe autour de 22 ans. L'espérance de vie à la naissance est à 56,5 ans en 2003 (soit 54,5 pour les hommes et 59 ans pour les femmes). Le rapport de masculinité révèle un léger déficit en hommes, soit 97 hommes pour 100 femmes. I.1.1- La féconditéSelon les chiffres de la Banque mondiale, la fécondité est en régression au Cameroun du fait du planning familial. On est passé de 6,5 enfants en 1980 à 4,5 en 2010. Ceci a été possible par l'intensification du programme de contrôle des naissances vers les années 1988, les campagnes de sensibilisation et la réduction de la mortalité infantile. Selon l'Enquête démographique et santé (EDS MICS), l'Indice Synthétique de Fécondité (ISF) est beaucoup plus élevé en milieu rural (en moyenne, 6,4 enfants par femme) qu'en milieu urbain (4,0 enfants, en moyenne). Graphique 36: Evolution comparative de l'indice de fécondité du Cameroun, et de l'indice de fécondité de l'Afrique subsaharienne Source : Banque Mondiale Le taux moyen de natalité au niveau national connaît une baisse progressive liée à l'accentuation des programmes de réduction des naissances par la pratique du planning familial. Les campagnes de sensibilisation y relatives ont fait que le taux de natalité de ce pays passe de 41,7 %o (entre 1987 et 1992) à 39,7 %o (entre 1993 et 1997) pour se fixer à 38,2 (entre 1998 et 2002). En ce qui concerne la transition démographique, la chute progressive et substantielle de l'ISF du pays qui est par ailleurs inférieur à l'ISF de l'Afrique subsaharienne prise dans sa globalité, est une confirmation du fait que le Cameroun est à une phase relativement avancée de ce processus.ne D'après les projections des Nations-Unies, fondées sur l'analyse des différentes enquêtes de ménages disponibles, le Cameroun serait entré dans la phase de transition démographique : le taux annuel de croissance de la population totale qui était de 2,8 % à la fin des années 90 serait actuellement de 2,3 % et atteindra sans doute moins de 2 % en 2010. I.1.2- La mortalitéLe taux de mortalité est encore globalement élevé : 49 % de nos jours, notamment avec l'effet du VIH/SIDA. Quant à la mortalité infanto-juvénile (enfants de 0-4 ans), elle est passée de 126 à 151 pour 1000. Par ailleurs la mortalité maternelle demeure élevée, environ 430 décès pour 100 000 naissances. Graphique37: Evolution comparée de la mortalité (en pour 1000) du Cameroun et de l'Afrique subsaharienne. Source : Banque Mondiale Pour la période 2006-2011, selon l'EDS MICS le risque de mortalité infantile est évalué à 62 décès pour 1 000 naissances vivantes; le risque de mortalité juvénile s'établit, quant à lui, à 63%. Quant aux composantes de la mortalité infantile, elles se situent à 31 % pour la mortalité néonatale et à 31 % pour la mortalité post-néonatale. Globalement, le risque de mortalité infanto-juvénile, c'est-à-dire le risque de décès avant l'âge de cinq ans, est de 122 %. La principale cause de mortalité infantile reste l'absence des soins (paludisme, diarrhées, pneumonie...) dans les zones rurales dépourvues de centre de santé. I.2.- Le développementLe niveau de développement est évalué par les niveaux d'éducation, de santé et de niveau de vie. L'analyse de l'indice de développement humain permettra de se faire une idée approximative du développement. I.2.1- L'indice de développement humain (IDH)Le Cameroun est classé comme pays en voie de développement depuis au moins l'année 2000. Les efforts déployés dans les secteurs de l'éducation et de la santé au cours de la dernière décennie ont contribué à améliorer le niveau de vie des populations camerounaises. Il en est de même de l'accroissement du revenu national dû au redécollage progressif de l'économie après la forte crise le pays a connu dans les années 80 et 90. Ainsi, l'IDH est en progression régulière depuis le début des années 80 malgré un fléchissement notable en 1990. Cet indice est ainsi passé de 0,390 en 1980 à 0,501 en 2011 et est au dessus l'IDH du sous-continent pris dans son ensemble. Graphique 38: Evolution comparée IDH Cameroun, Afrique Subsaharienne Source : Banque mondiale Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement, la pauvreté est beaucoup plus présente dans les campagnes (70 %), tandis que la pauvreté urbaine touche près de 2 millions de personnes, essentiellement dans les deux plus grandes villes du pays (Yaoundé et Douala). I.2.2- La santéLe Cameroun a dû faire face ces dernières décennies à deux graves crises en matière de santé, qui perdurent encore : il s'agit du paludisme et du sida. - Le paludisme pose un problème de santé publique majeur pour les populations vulnérables et pauvres. Il fait partie des cinq maladies les plus importantes et les plus meurtrières au Cameroun. Il représente environ 45 % des consultations médicales, 23 % des hospitalisations, 26 % des arrêts maladie, 40 % des décès chez les enfants de moins de 5 ans, 35 % de la mortalité en hôpital et 40 % du budget annuel des ménages. 300 000 moustiquaires imprégnées ont été distribuées en 2005 pour les femmes enceintes et les jeunes enfants. - Le VIH/SIDA : le taux de prévalence de cette maladie a atteint 5,5 % chez les 15-49 ans en fin 2010. Sur les 500 000 personnes contaminées, 49 000 sont décédées en 2003. Plus de 70 % des malades ont entre 15 et 45 ans, au moins 25 % des cas vivent en zone rurale, 49 % sont des célibataires et 51 % sont mariés. La transmission du VIH se fait dans 90 % des cas par rapports sexuels non protégés, hétérosexuels surtout. La transmission sanguine et celle de la mère à l'enfant représentent environ 10 % des cas. Les populations les plus vulnérables sont les femmes (6,8 % de prévalence contre 4,1 % chez les hommes), et les jeunes de 15-24 ans. Le gouvernement subventionne les antirétroviraux et distribue des préservatifs aux populations, en partenariat avec des ONG (37 millions de préservatifs distribués en 2005). Des centres de prévention et de dépistage volontaire anonyme ont été créés dans chaque district, dans le cadre de la décentralisation de la lutte contre le fléau. II- Interaction entre croissance démographique et développement II.1- Module« Fécondité vs éducation, santé et niveau de vie »Au Cameroun, le modèle social fait qu'à un niveau élevé d'instruction, les femmes ont davantage de chances d'occuper un emploi dans le secteur moderne de l'économie, d'occuper un emploi en milieu urbain dans les bureaux, les ateliers etc. A terme, ces dernières se retrouvent peuvent se retrouver avec des ambitions de carrières qui s'opposent à une maternité nombreuse. De plus le niveau d'instruction accroit les chances de ne pas être pauvre. L'enquête EDS de 2004 a démontré qu'à tous les âges, la fécondité est négativement corrélée au niveau de vie des populations. En effet, les taux de fécondité sont plus élevés dans les ménages pauvres. Le niveau d'instruction des femmes constitue un autre facteur différentiel important en matière de contraception. La prévalence contraceptive est très fortement associée au niveau d'instruction : chez les femmes ayant un niveau d'instruction supérieur, 34 % utilisent actuellement une méthode moderne, contre 24 % chez les femmes de niveau secondaire, 13 % chez celles ayant un niveau primaire et 3 % chez celles n'ayant aucun niveau d'instruction. Par ailleurs, on relève que la prévalence de la contraception moderne varie selon le groupe d'âges de la femme. La plus forte proportion d'utilisatrices (taux variant entre 14 % à 16 %) se situe à 20-39 ans, âges correspondant à la période de fécondité maximum. Chez les femmes de moins de 20 ans et celles de 45 ans ou plus, les taux sont relativement plus faibles : 12 % dans le groupe 15-19 ans, et 9 % à 45-49 ans. On peut aussi souligner qu'au Cameroun, le niveau d'utilisation de la contraception moderne varie en fonction du nombre d'enfants vivant de la femme. L'EDS 2004 a mis en évidence le fait que les femmes sans enfant sont celles qui utilisent le plus la contraception moderne (17 %), essentiellement le préservatif (16 %). Cependant, comme dans le cas de la plupart des pays africains, les normes d'encadrement souffre de la poussée démographique vis-à-vis d'une offre de prestation dont la croissance relative est faible. A cet effet, le Cameroun fait partie des pays qui accordent moins de 5% de leurs dépenses budgétaires au secteur de la santé. La densité médicale se situe à 2 médecins pour 10 000 habitants, ce qui reste faible comparativement à celle des pays où elle est jugée satisfaisante (OCDE dont elle est de plus de 30 pour 10 000 dans certains pays). Le même problème se pose dans le domaine de l'éducation où le nombre d'élève par enseignant était de 57,5 élèves pour un enseignant en 2003. II.2- Module « croissance démographique vs urbanisation » Au Cameroun, il apparait comme dans le cas de l'Afrique subsaharienne prise dans son ensemble, que l'urbanisation est un catalyseur de la révolution socio culturelle soit par effet de mimétisme face au comportement de civilisations précurseur de la modernité, soit alors à cause des contraintes économiques. Ainsi, l'Enquête de démographie et de Santé de 2011 fait observer qu'à tous les groupes d'âges, les taux de fécondité sont plus élevés en milieu rural qu'urbain. Source : EDS MICS Cameroun 2011 Pour le groupe d'âge des 25-29 ans où les maxima de fécondité sont atteints, le taux de natalité est de 302 % en milieu rural contre 206 % en milieu urbain, soit près de 100 points d'écarts. Les données révèlent également une précocité des grossesses en milieu rural qu'urbain du fait de l'incidence de la culture encore importante surtout dans la partie septentrionale du pays. Ainsi, si dans l'ensemble, les adolescentes de 15-19 ans contribuent pour 12 % dans la fécondité totale, les pourcentages correspondant sont de 14 % en milieu rural et de 11 % en milieu urbain. En plus, la même enquête révèle qu'en 2011, c'est en milieu urbain que l'utilisation de la contraception est la plus fréquente: 21 % des femmes en union utilisent actuellement une méthode moderne. La structure de population qui est caractérisée par une forte présence de personnes en âge de fréquenter (notamment ceux qui font des études dans des écoles du niveau supérieure localisées dans un nombre limité de villes environ 6 au total) ou de travailler, fait qu'il y a un afflux massif de cette frange de population dans les villes. Il s'en suit des problèmes d'encadrement dus à l'inadaptation et à l'insuffisance des structures d'accueil. Ainsi, le problème du sous-emploi se pose avec acuité dans les grandes villes où son taux est souvent supérieur à 35%. Cela pousse plusieurs personnes à exercer dans le secteur informel qui est un véritable recours pour les chômeurs en milieu urbain. Ce contexte de précarité sociale est aussi l'une des causes de l'insécurité engendrée par les désoeuvrés et du développement du travail des enfants de la rue. La poussée démographique est également l'une des causes de l'insuffisance de l'offre d'infrastructures adéquates. Par exemple, en 2010 la moitié des ménages n'était pas raccordée au réseau électrique et le tiers n'avait pas accès à l'eau potable. Ce manque d'eau potable, combiné à d'autres problèmes d'assainissement, se traduit par des problèmes de santé publique tels que le paludisme, les maladies intestinales ou encore le choléra. CONCLUSION GENERALEAu terme de notre travail, les analyses empiriques et les études statistiques de corrélationentre la croissance démographique et le développement en Afrique subsaharienne, convergent toutes vers l'existence de relations entre les déterminants et indicateurs de chacun des deux concepts. Cette conclusion est surtout une confirmation, l'existence de relations entre les sous-systèmes démographie et développement étant reconnue par la quasi-totalité des praticiens et théoriciens des questions démoéconomiques. Par contre, les analyses relatives aux domaines controversés du sens de causalité et des effets induits, ont permis d'aboutir à des conclusions dont la prise en compte pourrait êtreplus bénéfique. L'intérêt à y accorder peut être sous-tendu par la présentation faite surl'état des lieux des questions de développement et de démographie (transition démographique notamment) dans le cas de la région d'étude. En effet, ces états des lieux ont parfois montré qu'il existait des urgences, étant entendu quepar rapport aux autres régions, le sous-continent continue d'accuser un retard généralisé et parfois abyssal dans divers domaines relatifs au bien-être des populations. En substance, le processus de transition démographique, quoique résolument enclenché est l'un des plusattardéscorrélativement à une fécondité qui demeure la plus élevée au monde. La situation dans les domaines sociaux est loin d'être reluisante. Beaucoup reste à faire : qu'il s'agisse de l'éducation et de la santé pour lesquelles l'encadrement efficient des populations demeure un objectif lointain, ou encore du niveau de vie économique qui réduit les marges de manoeuvre des gouvernements condamnant ainsi plus de deux cents millions de personnes à vivre dans l'extrême pauvreté. En ce qui concerne le sens de causalité, les principaux modules du système « croissance démographique et développement » qui ont été analysés amènent à conclure à une relation cause à effet réciproque dans tous les cas de figure en Afrique subsaharienne. L'étude des corrélations via des séries chronologiques a servi à pressentir parfois de manière univoque, des dépendances dont les caractères plurivoques ont ensuite été confirmés de manière empirique à travers les effets de chacun des systèmes sur les déterminants de l'autre. Ces déterminants ont été préalablement identifiés lors d'une étude approfondie sur les facteurs explicatifs directs et intermédiaires de chacun de nos deux concepts. Ainsi, les cas d'influence réciproques ont été identifiés pour les modules suivants : «fécondité& niveau de vie », « fécondité & éducation », « fécondité&santé », « pression démographique & environnement » et « pression démographique & urbanisation ». S'agissant des effets induits, il est globalement ressorti que jusqu'ici, la croissance démographique de l'Afrique subsaharienne a été loin de permettre au sous-continent de bénéficier pleinement des dividendes de sa croissance économique. La population croit encore à un rythme auquel les gouvernements des différents pays peinent visiblement à y ajuster l'offre des services sociaux, de travail et des niveaux de revenu adéquats. Dans la majorité des pays, les systèmes éducatifs et de santé semblent encore débordés par l'afflux des demandes de prestation, tandis que les structures économiques ne produisent pas assez pour une redistribution par tête garantissant un niveau de revenu élevé. Au cours des années passées, cela a sans aucun doute contribué à freiner les efforts de développement dans leurs volets quantitatif (niveau de revenu, taux d'alphabétisation, prévalence et incidence) et qualitatif (norme de qualité concernant notamment les densités médicale et d'enseignement). Le domaine environnemental n'est pas épargné, le cas du Kenya ayant démontré que l'augmentation des besoins nutritionnels et d'habitation dans le sous-continent, entraine une surexploitation des ressources. Celle-ci menace les réserves sécuritaires constituées et l'équilibrede l'écosystème, cela constitue une source de perte de devises (activités touristiques) et est micro économiquement un facteur aggravant de pauvreté (activités agricoles, élevage, intempéries). Cependant, au fil de nos analyses, une constance s'est incontestablement dégagée : le rôle vertueux du développement pour sa propre promotion. En effet, il ressort de notre étude que l'Afrique subsaharienne ne constitue pas une dérogation à cette règle. L'éducation, la santé et le niveau de revenu sont apparus comme des catalyseurs de la transition démographique. Par ricochet, ils constituent un moyen direct ou indirect d'ajustement progressif de la croissance démographique aux disponibilités existantes et potentielles à court et moyen termes. L'accent devrait donc être mis sur l'éducation des femmes qui est apparue comme déterminante au déclenchement du cercle vertueux ci-dessous : La promotion du développement social et économique pour un meilleur capital humain apparait donc comme un levier des plus surs pour accélérer l'infléchissement de la croissance démographique du sous-continent. Cela permettrait à la région de faire face ne serait qu'à court ou moyen termes, aux goulots d'étranglement qui ne permettent toujours pas à ses services sociaux de promouvoir le bien-être des populations. Le ralentissement de la poussée démographique ainsi accéléré donnera plus de marge aux pays sub sahariens pour que ceux-ci puissent dans un premier temps combler leur retard et ensuite assurer durablement le bien-être des générations naissantes. Cependant, deux visages moins élogieux du développement ont fait surface au cours de notre étude. L'un d'entre eux concerne l'attrait que le développement exerce sur certaines franges de la population. Ce sont principalement les jeunes en quête de modernité et la population active. Les méfaits de cet attrait ont été identifiés dans les pays étudiés spécifiquement à savoir le Cameroun et le Kenya. En effet, les personnes concernées vont chercher les bienfaits du développement là où il est plus susceptible de les trouver à savoir les villes. Compte tenu du fait que la pyramide des âges a montré que les concernés constituent d'une manière écrasante la frange de la population la plus nombreuse, les deux pays étudiés à l'instar de la région prise dans son ensemble, ont connu une augmentation rapide du taux d'urbanisation. Les structures économiques et sociales n'ont pas pu s'ajuster à cet afflux massif et accéléré des populations dans les cités. Il s'en est suivi à travers toute la région des taux de chômage et de sous-emploi urbains très élevés, la monté de l'insécurité dans les villes et la précarité des conditions de logement. L'autre aspect est l'ambivalence du développement avec les notions de développement vues en coupe transversale, qui privilégie le bien-être des populations existantes et le développement durable qui va au-delà en prenant en compte les conditions de vie des générations futures. Les problèmes auxquels sont confrontés les gouvernements subsahariens les amènent souvent, sous l'effet de la pression démographique et de la recherche des retombées politiques à court terme, à entreprendre des actions qui produisent des ressources pour résoudre des problèmes ponctuels en mettent à mal le développement durable. La déforestation qui a lieu dans bon nombre de pays du sous-continent en est une illustration. L'exemple du Kenya sur lequel ce travail a planché donne un aperçu de conséquences néfastes sur le bien-être des populations. Pour ce qui est des perspectives du sous-continent, la conclusion à laquelle nous pouvons aboutir sur la base des données des plus actualisées, est que les conditions démographiques dans lesquelles se trouve l'Afrique subsaharienne ont jusqu'ici été un obstacle pour l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Il s'agit des volets santé, éducation et lutte contre la pauvreté pour lesquelles il est presque utopique que la région atteigne les buts fixés à l'horizon 2015, compte tenu des bilans d'étape effectués dans ce travail et de l'estimation des chemins qui restent à parcourir. Mais, l'espoir est bel et bien fondé. En effet, les bilans d'étape ci-dessous évoqués dans le cadre des OMD, ont permis de montrer que le sous-continent avait fait des efforts considérables au cours de la dernière décennie. L'IDH est sans cesse à la hausse tiré en cela par de l'augmentation des taux de scolarisation et les baisses notables des taux de mortalité infantile et maternelle. Quant à la pauvreté, elle a reculé quoique de manière plus timide. Ces résultats positifs enregistrés en matière de développement devraient aller crescendo. Pour cause, les Etats subsahariens qu'accompagnent les organismes de développement, ont de toute évidence intégré dans leurs politiques socio-économiques le rôle majeur que jouent potentiellement la santé et l'éducation dans le processus de développement. Ils disposent donc là d'un vent favorable dont il faut exploiter les directions. Cependant, sur la base de notre travail, nous pouvons émettre l'avis selon lequel un opportunisme face à ce vent voudrait qu'afin de permettre à ce dernier de jouer plus efficacement son rôle, il conviendrait de poursuivre les campagnes de sensibilisation de la limitation des naissances via les outils tels que le planning familial ou autres encouragements à la baisse de la fécondité. Il est évident que cela permettrait de dégager des ressources supplémentaires pour permettre à des centaines de millions de subsahariens de se libérer avec célérité, des carcans de la pauvreté à laquelle ils font face avec impuissance et résignation. ANNEXESANNEXE 1 : Différences entre ISF et ISF désiré en Afrique subsaharienneANNEXE II : Calcul de la Population totale supplémentaire à scolariser de 2011 à 2015Population totale supplémentaire à scolariser de 2011 à 2015 : = 156 249984 + 31 000 000 = 187249984187249984
TABLEAUX, GRAPHIQUERS ET CARTESTABLEAUX
GRAPHIQUES
CARTES
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WEBOGRAPHIE http://www donnees.banquemondiale.org http://www.unesco.org http://fr.wikipedia.orgwww.populationdata.net http://perspective.usherbrooke.ca http://rbm.who.int http://www.statistiques-mondiales.com/afrique_guerres.htm http://www.insee.fr http://www.planbleu.org http://www.blogg.org http://www.rbm.who.intwww.un.org * 1 (source : Fonds Monétaire International) * 2 Goran OHLIN (1926-1996), « Régulation démographique et développement économique », page 57, Centre de Développement de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique, Paris, 1967. * 3 « Population et développement de Jacques Véron », page 14, édition Presse Universitaire de France, 1994 * 4 (Matthieu Mucherie, « La transition démographique », dans Melchior site des sciences économiques et sociales, http://www.melchior.fr/La-transition-demographique.3913.0.html, 2012.), * 5 (Malthus cité dans le livre Population et développement de Jacques Véron, page 14, édition Presse Universitaire de France, 1994) * 6 (Rapport Meadows cité dans le livre Population et développement de Jacques Véron, page 15, édition Presse Universitaire de France, 1994) * 7 (Goran OHLIN, « Régulation démographique et développement économique », Paris 1967, page 58). * 8 (Esther Boserup dans son livre Évolution agraire et pression créatrice, 1965) * 9 (Population et développement, Jacques Veron, édition P.U.F,1991, Paris). * 10 (Population et développement, Jacques Veron, édition P.U.F,1991, Paris) * 11 (« Câblage en Aluminium », Nick Gromicko, Rob London et KentonShepard, article sur www.nachi.org/aluminium-wiring-french.htm * 12 Georges KAPLAN, « Crise Pétrolière. 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Cela accentue l'appauvrissement des populations de cette aride qui y tiraient une grande partie des ressources) * 25 (Module : association deux à deux des éléments dont chacun est un facteur explicatif ou un indicateur de l'un de nos deux concepts d'étude) * 26 (Les traites négrières, Essai d'histoire globale, 2004) * 27 (J.Coale cité dans le livre L'Afrique face à ses défis démographiques, page 198) * 28 (Source : L'accès aux traitements dans les pays du sud, Dossier de synthèse documentaire et bibliographique, octobre 2005, http://crips.centredoc.fr/docs/PDF_GED/S52195.). * 29 (Jacky Mathonat, Disponibilité des ressources financières pour la santé dans les pays d'Afrique subsaharienne, AFD, 2010) * 30 (Source ONU, http://www.un.org/fr/millenniumgoals/pdf/report2011_goal1.pdf) * 31 (Source : « Analyse de la fécondité en RDC », Banque Africaine de Développement, page 15, 2010) * 32 (source« Le financement de l'éducation en Afrique subsaharienne: Relever les défis de l'expansion, de l'équité et de la qualité », PNUD, page 30, 2011) * 33 (L'Afrique face à ses défis démographiques, page 161) * 34 (Source:Unesco http://www.unesco.org). * 35(Source : « Après des années de progrès, le nombre d'enfants non scolarisés augmente, notamment en Afrique », Unesco, ww.unesco.org) * 36(Philippe Hugon, « L'Afrique face à ses défis démographiques », page 160) * 37 (Rapport mondial de suivi sur l'éducation pour tous, Aperçu régional, Afrique subsaharienne », UNESCO, page 4, 2001) * 38 (source : nos comparaisons effectuées avec les données de la banque mondiale entre l'évolution de la prévalence du VIH SIDA et l'évolution de l'espérance de vie de ces différents pays) * 39 (Source : La Santé en Afrique subsaharienne : Panorama, Problématiques, Enjeux et Perspectives, page 3) * 40 (Source : statistiques du monde http://www.statistiques-mondiales.com/medecins_afrique.htm) * 41 (Source : Statistiques sanitaires mondiales 2009, Tableau 6, OMS) * 42 (Source : Ministère de la santé du Sénégal via le rapport « La Fidélisationdes personnels de santé dans les zones difficiles du Sénégal, Octobre 2008). * 43 (Source : ONU, http://www.un.org/fr/millenniumgoals/childhealth.shtml). * 44 (Source : ONU, http://www.un.org/fr/millenniumgoals/maternal.shtml) * 45 (Données tirées du site de la Banque mondiale http://donnees.banquemondiale.org) * 46 (Population et société en Afrique au sud du Sahara, Dominique Tabutin et EliwoAkoto, page 178, éd. 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L'Harmatan, 1988). * 49 (Source : Développement-Kenya, article « Une croissance démographique rapide menace le développement », 2010, http://ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=5754) * 50 (N.B : les informations ci-dessous ont pour source : Enquête de démographie et de Santé du Kenya, 2009, http://www.measuredhs.com/pubs/pdf/fr229/fr229.pdf) * 51 (Source : KENYA NATIONAL HEALTH ACCOUNTS 2009/10, Ministère de la santé du Kenya, 2010) * 52 (Source : site du programme Roll Back Malaria ( http://www.rbm.who.int/fr/keyfacts.php) * 53 ( http://donnees.banquemondiale.org, cas déclarés de paludisme sur 100 000 personnes) * 54 (Enquête de démographie et de Santé du Kenya, 2009, http://www.measuredhs.com/pubs/pdf/fr229/fr229.pdf). * 55 (Source : site de l'Organisation Mondiale de la Santé, http://apps.who.int/ghodata/?vid=10012) * 56 (Europeaid, Développement et Coopération, http://ec.europa.eu) * 57 (Source : wikipedia, list of countries by income equality, http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_income_equality) * 58 ( http://www.statistiques-mondiales.com) * 59 (Source : données de la banque mondiale) * 60(source : Perspective monde, Université Sherbrooke, http://perspective.usherbrooke.ca) * 61(source : Wikipédia, classement des pays par densité) * 62(Source ainsi que source de toutes les informations qui suivent dans ce paragraphe: PETITJEAN Olivier, « Les modèles de développement à l'épreuve de la sécheresse et du climat. L'exemple du Kenya », Janvier 2009, http://www.partagedeseaux.info/article57.html)
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