CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Le taux de déforestation dans la FC de Dida est
passé de 4,57% en 1992 à 34,75% en 2002. De 2002 à nos
jours, cette tendance semble s'être poursuivie et au regard de la
disparition de la quasi-totale de la biodiversité faunique, sans risque
de se tromper, on peut dire que cette unité de conservation de la faune,
aujourd'hui, n'existe en réalité que de nom.
Premièrement, l'absence de propositions
concrètes pour une délocalisation probable des populations au
sein de cette forêt a contribué à renforcer
l'intensification et surtout l'extensification des activités agricoles
mais aussi pastorales. Ce sont désormais de grandes superficies qui sont
mises en culture dans la forêt, ce qui corrobore notre première
hypothèse de recherche. Deuxièmement, la situation conflictuelle
est fortement présente et en dehors de cadres légaux de
règlement des différends entre acteurs, chacun dorénavant
se rend justice, contribuant à rendre malsain l'environnement social.
Les conflits selon les acteurs eux-mêmes sont fréquents, et
même très fréquents, une hypothèse que nous avons
aussi émise en début de recherche. Enfin troisièmement,
l'ensemble des parties prenantes trouve la nécessité d'avoir une
approche communautaire dans une perspective de gestion durable de la
forêt, comme nous le supposions.
Il y'a nécessité absolue aujourd'hui d'agir dans
l'urgence, parce que Dida est un patrimoine en péril. La perspective de
sa gestion durable ouvre la voie à des recommandations à
l'endroit des autorités politico-administratives dont la mise en oeuvre
doit être un processus qui passe par les étapes suivantes :
- la mise en place d'un cadre permanent de concertation
impliquant l'ensemble des parties prenantes (chefs de terres, autorités
des communes riveraines, autorités politico-administratives,
coutumières et religieuses, conseillers et chefs des villages et hameaux
de cultures, etc.) en vue de rétablir le dialogue et d'entreprendre des
négociations pour une délocalisation des exploitants de la FC de
Dida ;
- le recensement de l'ensemble des exploitants de la
forêt pour avoir une réelle idée des effectifs des
exploitants de la forêt;
- la désignation des sites potentiels d'accueil des
occupants dans les communes de Mangodara, Ouo et Djigouè, en
collaboration avec les occupants de la FC ;
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- la délimitation complète et participative des
limites de la FC, comme souhaité par la plupart des
enquêtés, et l'ouverture mécanique des pistes
périmètrales ;
- le renforcement de l'accompagnement des producteurs dans
l'appropriation de nouvelles techniques agricoles et leur accompagnement dans
la mise en oeuvre d'activités génératrices de revenus;
- le renforcement de la sensibilisation et de
l'éducation environnementale pour l'ensemble des populations des
villages riverains de la FC et des populations déplacées;
- le renforcement de l'accompagnement des populations
déplacées par la réalisation d'infrastructures
socio-sanitaires (écoles, forages, CSPS) ;
- le renforcement des capacités humaines et
matérielles des SDEDD des communes riveraines de la FC (communes de Ouo,
Mangodara et de Djigouè) ;
- l'élaboration du plan d'aménagement pour la FC de
Dida.
- dans une approche de gestion intégrée,
redynamiser la concertation avec la partie ivoirienne et y intégrer les
acteurs des forêts communautaires environnantes (AGEREF/CL et
AGGEREF/BK). Cela aura pour avantage de favoriser les contacts institutionnels
entre les responsables des aires protégées des deux pays, et
fournira aussi un cadre juridique et politique qui peut déboucher sur
des initiatives communes.
De toute évidence, la mise en oeuvre de toutes ces
recommandations va nécessiter un investissement humain, matériel
et financier. C'est pourquoi, il est du ressort de l'Etat de trouver les
sources de financement pour permettre la mise en oeuvre effective du processus.
La mise en oeuvre du processus REDD+ pourrait représenter une
opportunité de financement intéressante pour ce massif forestier
dont l'importance pour le Burkina-Faso n'est plus à démontrer.
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