3.5.2. Mode de gestion
A la question de savoir comment ils trouvent la
gestion actuelle de la FC de Dida, la quasi totalité des acteurs trouve
qu'elle est mauvaise. Ils sont aussi tous unanimes qu'à ce rythme, dans
une dizaine voir une quinzaine d'années, la forêt aura
complètement disparue. Quand on interroge chaque
catégorie d'acteurs sur le rôle joué par les autres
acteurs, la tendance est à la remise en cause du rôle des autres.
La position de l'administration forestière est sans
ambiguïté: «Si la forêt est mal
gérée c'est la faute des populations,
installées en toute illégalité dans une forêt
classée, et particulièrement des agriculteurs qui font des
défriches pour les champs de céréales, de
tubercules et d'anacardes ». Les communautés,
quant à elles, estiment que ce sont les forestiers qui
ont manqué à leur devoir qui devrait être de les
accompagner de sorte que leurs activités aient moins d'impacts sur la
forêt plutôt que de les verbaliser. Pour les personnes ressources,
c'est l'Etat qui a failli dans son devoir d'assurer une
gestion durable de cette forêt.
Mais à la question de savoir quel devrait
être le mode de gestion de cette forêt, les personnes
ressources penchent pour une gestion communautaire.
C'est aussi le souhait rencontrées comme le montre la
figure 18 ci-dessous :
|
des populations
|
![](Enjeux-socio-economiques-et-conservation-des-ressources-naturelles-dynamique-des-populations-et-pe26.png)
24%
Mode de gestion
53%
14%
2%
7%
AAC AC Coutumiers EAAC
Etat
Figure 18 : Mode de gestion souhaité par les
enquêtés
Cinq (05) modes de gestion au choix ont
été proposés aux enquêtés. La gestion par
l'Etat, la gestion par les coutumiers, la gestion associant les autochtones et
les coutumiers (AC), celle associant autochtones allochtones et coutumiers
(AAC) et enfin celle associant l'Etat, les coutumiers, les autochtones et les
allochtones (EAAC). Plus de la moitié (53 %) s'est
prononcé pour une gestion communautaire, contre 24 % pour une
gestion par l'Etat et 14 % pour une gestion associant
coutumiers, autochtones et allochtones. On peut en déduire que
la
58
gestion actuelle, même décriée par
l'ensemble des populations, est tout de même le mode de
gestion souhaité par 24% d'entre eux. Une
corrélation avec le statut de résidence permet de comprendre
d'avantage ce choix, tel que présenté par la figure
19:
Mode de gestion en fonction du statut
de residence
Effectifs
|
50 40 30 20 10
0
|
|
Allochtone Autochtone
|
Etat C AC AAC EAAC total
Mode de gestion
Figure 19 : Mode de gestion souhaité en fonction
du statut de résidence
Il ressort du graphique que les allochtones sont les
plus favorables à une gestion communautaire ou une gestion par les
services de l'Etat, c'est-à-dire les services de
l'environnement. En termes de proportions, 60,46% des allochtones sont
favorables à une gestion communautaire contre 33,33%
des autochtones. De même, ce sont 27,9% des allochtones qui souhaitent
une gestion par l'Etat, contre seulement 13,33% des autochtones.
26,66% des autochtones penchent pour une gestion par les
coutumiers ou par les coutumiers et les autochtones seuls. Ce
qui peut être tiré comme information de ces données, c'est
une tendance à la consolidation des acquis en termes de monopole sur la
gestion des ressources par les autochtones. Par contre, les migrants se
plaisent plus dans des schémas les intégrant davantage dans la
gestion des ressources, ou à défaut, que la gestion incombe aux
structures étatiques, ce qui apparait pour eux comme le moindre mal.
Qu'en est t-il de la corrélation entre
l'occupation principale et le mode de gestion souhaité?
Les résultats sont présentés dans le
tableau 9 :
Tableau 9 : Relation entre le mode de gestion
souhaité et occupation principale
Mode de gestion souhaitée Occupation
principale
|
AAC
|
AC
|
Coutumiers
|
EAAC
|
Etat
|
Total
|
Agriculture
|
4
|
1
|
4
|
30
|
9
|
48
|
Elevage
|
4
|
|
-
|
1
|
5
|
10
|
Total
|
8
|
1
|
4
|
31
|
14
|
58
|
59
On constate que 62,5 % des agriculteurs est pour une gestion
communautaire (soit 30 sur 48), contre seulement 10 % des éleveurs (soit
1 sur 10). La moitié des éleveurs (50 %) est pour une gestion par
les services de l'Etat, contre 18,8 % des agriculteurs. Une corrélation
semble bien établie entre le mode de gestion et l'occupation principale
des exploitants de la FC de Dida. Il apparait clairement que les
éleveurs se plaisent bien dans le schéma actuel de gestion
régie par les services des eaux et forêts car leur permettant de
trouver avec cette catégorie d'acteurs des situations de compromis.
Toutefois, quelque soit le mode de gestion souhaité par
l'ensemble des acteurs, la gestion de la FC de Dida passe par l'épineuse
question de son occupation pour laquelle il faudra bien trouver une
alternative.
|