I.4 Filières d'élimination des boues
résiduaires urbaines
S'il existe de nombreux traitements en amont pour
réduire le volume, les nuisances, la nocivité des boues,
actuellement 3 filières sont utilisées pour
évacuer les boues, selon que l'on privilégie un mode digestion
basé sur l'élimination ou sur le recyclage. Il s'agit :
- de la mise en décharge
contrôlée.
- de l'incinération.
- du retour au sol par épandage.
I.4.1 La mise en décharge
contrôlée
La mise en décharge de boues pures ou en mélange
correspond à une concentration maximale de tous les déchets. Le
carbone part dans l'atmosphère sous forme de méthane. Restent
l'azote et le phosphore (non récupérable). Le lieu de stockage
doit être confiné et on ignore quel peut être le devenir
à long terme, ni la durée du confinement malgré toutes les
précautions (El-Fadel et Khoury, 2000 ; Allen, 2001).
Les boues doivent être préalablement
stabilisées et déshydratées (humidité maximale de
70 %). Cette solution a perdu progressivement de son intérêt et se
retrouve actuellement interdite pour des raisons financières
(procédure de fermeture ...) et pour des problèmes
environnementaux tels que les odeurs nauséabondes, pullulation de
moustiques, entraînement d'éléments fertilisants (nitrates,
phosphates) et de produits toxiques par les eaux superficielles et
contamination des nappes d'eaux souterraines (Looser et al., 1999;
Kjeldsen et al., 2002; Marttinen et al., 2003).
I.4.2 L'incinération
Elle réalise la destruction de la matière
organique des déchets par combustion à haute température
(+ de 500 °C) produisant des fumées et des matières
minérales résiduelles nommées cendres. Dans l'objectif
d'une valorisation énergétique des déchets, la chaleur
produite est récupérée sous forme de vapeur ou
d'électricité pour le fonctionnement du four lui-même, pour
le chauffage urbain ou industriel (Prevot, 2000). Les résidus de
l'incinération (Mâchefer) sont utilisables pour les travaux
publics (Werther et Ogada, 1999). En France, 14 à 16 % des boues
urbaines sont incinérés. En Europe, le pourcentage varie de 0
à 55 % selon les pays. Au Maroc, un traitement par incinération
n'a pas encore été effectué. Cependant, malgré
l'intérêt de ce procédé pour une réduction
importante des volumes de déchets, il présente des contraintes
principalement liées à un investissement très
coûteux. Les boues seules ne sont pas autocombustibles, elles
nécessitent des fours spéciaux et un mélange avec d'autres
déchets tels les déchets ménagers. L'élimination
des cendres et des mâchefers exigent une décharge
contrôlée de classe 1 ou une unité d'inertage. Cette
technique reste aussi néfaste de point de vue écologique et
environnemental puisqu'elle contribue en plus du gaspillage de matières
organiques utiles pour le sol à la diffusion de gaz très toxiques
(NO, CO, SO, dioxine, etc.) (Mininni et al., 2004 ; Nammari et al., 2004) qui
ont fait l'objet de réglementations spécifiques.
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