Enracinements polynésiens d'hier et d'aujourd'hui dans l'archipel de Nouvelle Calédonie( Télécharger le fichier original )par Tomasi TAUTU'U Université de Nouvelle Calédonie - Master 2 arts, lettres et civilisations option francophonie 2012 |
E. Dans la région AjieLe témoignage d'une personne de Téouta (Nord Ouvéa) en 1996 me disait que : « quand il était petit, il entendait ses grands parents parler le ajie ». Cet homme au moment de son témoignage, avait une trentaine d'année et il disait qu'il a des liens avec les gens de Houaïlou du bord de mer (Ouraï, Nékoué, Oua, etc.). Effectivement, les gens de Téouta se disent originaires de Samoa. Près de Téouta se trouve un petit atoll : " la pléiade du sud dont un îlot ayant pour nom : " BAGAAT ». Il n'est pas étonnant non plus que le cap entre KOUAOUA et CANALA se nomme aussi : le cap BEGAT. A Kouaoua des liens traditionnels existent avec les fagauvéa de Mouli. Jean GUIART fait allusion à ces clans dont les origines sont polynésiennes. F. Dans la région XarâcùùJean MARIOTTI dans son livre « la conquête du séjour paisible », Stock, 1952. Nous raconte par une légende comment les gens de Canala contribuèrent au peuplement d'Ouvéa. S'agit-il des clans du centre de l'île dont WENEGEI est le chef ? La Lettre de Pannetrat Ministre de la marine et des colonies. Mars 1856 cité par l'auteur, dans laquelle il dit qu'à Canala les chefs sont appelés « Aliki » et que le grand chef est surnommé ALIKI KAI en 1854, (correspondance à KAI de Hienghène ?) Remarquons que « Aliki est un mot polynésien qui veut dire « chef » et le terme « kai » veut dire « manger » en polynésien occidental. Il était selon les dires réputé pour être un « anthropophage ». La tribu Ouassé du bord de mer est étroitement liée avec l'île de Lifou, nous avons vu plus haut, que les Canaléens fournissaient du bois pour la construction de Pirogue. C'est par là aussi, que la religion protestante s'est introduite à Canala. Une autre liaison traditionnelle est matérialisée par la présence de la racine de banian sur la route d'Ouassé qui, selon la légende, &certain nombre de légendes d'Ouvéa dont celle qui racontait « l'arrivée du Khong Hulup232(*). Ce lien, toute somme symbolique, ne prouve t-il pas des antécédents entre la côte Est et l'île d'Ouvéa233(*) ? D'autres régions ont sans doute étaient contractées par ces Polynésiens , mais le temps ne nous a pas permis de trouver des éléments de preuves historiques supplémentaires. Un travail d'enquête sur le terrain nous semble plus approprié. Des clans bien spécifiques dans la grande Terre dont fait allusion Jean GUIART sont d'origines polynésiennes, ces informations purement ethnologiques doivent être prises au sérieux dans notre enquête234(*). D'après nos recherches, l'implantation de personnes originaires de Polynésie identifiées comme tel sont essentiellement aux deux extrémités d'Ouvéa, au sud de Lifou, au nord Ouest de Maré, à l'île des Pins, sur toute la côte Est de la Grande Terre, un peu plus marquée à l'extrême nord. D'autres réseaux terrestres cette fois ci sont relayés sur la Grande-Terre d'est en ouest. Dominique Jouve nous interpelle notamment en tant que littéraire, quand elle écrit235(*) : « La question de la transformation opérée dans la ou les cultures kanakes au contact de leur extérieur se pose d'abord en termes historiques. S'il y a eu des ouvertures et des syncrétismes avant l'arrivée des blancs, à la suite des migrations polynésiennes aux îles Loyauté, il est difficile de les mesurer pour la littérature, en dehors de l'évidence : l'existence de la langue faga uvea à Ouvéa, enclave polynésienne en Mélanésie. D'autres apports ont été pointés par Léonard Drillë Sam, qui a trouvé dans un tâgâdé236(*) en paicï, « La Femme Tibo et son enfant », une chansonnette intraduisible et sans doute incompréhensible par l'auditoire de langue paicî par ce qu'elle est constituée d'un mélange d'autres langues kanak et même polynésiennes. Il relève ce même trait dans d'autres comptines pour les enfants, ce qui révèle le sentiment de l'unité de la poésie par delà la diversité des langues, des cultures, des peuples et l'aptitude à jouir de cette diversité ».
* 232 WAHEO Jacob, Moju bongon kau adreem, contes et légendes de Ouvéa, CTRDP, recueil 2, 1989, 168 p. pp 127-128. * 233 Selon le linguiste Hollyman, il y aurait eu des Polynésiens à Canala, nous sommes persuadés qu'il s'agit de la tribu d'Ouassé très liée avec le sud de Lifou par où s'est infiltrée la religion protestante. * 234 Jean GUIART, la chefferie en Mélanésie du Sud, Institut d'Ethnologie, 1992, pp 444-445 * 235 Dominique Jouve, Université de la Nouvelle-Calédonie, EA 3327 Transcultures : Le mythe à l'épreuve du livre : Téa Kanaké, l'homme aux cinq vies. * 236 Conte qui abolit toute frontière entre le réel et l'imaginaire, genre profondément original, d'après François Bogliolo, Paroles et Écritures, les éditions du cagou, Nouméa, 1994, note 11 page 9. |
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